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Sensation

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 2

Je n’ai pas dormi cette nuit-là, ou en tout cas, pas assez pour me faire du bien. Je roulais de tous côtés, je me mettais à l’aise, puis je commençais à m’assoupir, mais mon cerveau continuait à tourner en rond - Sapph, Fire Streak, personne. Encore et encore. Tu sais comment, quand tu peux pas faire quelque chose de simple, ton cœur se met à s’accélérer ? Tu te concentres tellement sur ton échec que tu ne peux pas réussir. Je m’entendais grogner à un moment, et je continuais à frapper ma tête contre l’oreiller, comme si ça me détendrait.

Finalement, j’ai regardé l’horloge. « Sérieusement ?! » C’était presque le lever de soleil. « Eh merde. » Je repoussais les draps en sueur, et je suis allé dans la salle de bains, prenant un petit nuage de pluie de l’armoire. En entrant dans la douche, j’ai levé le nuage au-dessus de ma tête avant d’y donner un grand coup, et l’eau glacée repousse toute chance qu’il me restait de trouver le sommeil.

Après m’être essuyé, je suis allé directement à la porte, en passant devant quelques fruits que j’ai laissés sur la table de la cuisine. Ils avaient l’air tentants, mais mon estomac se soulevait en les voyant, me hurlant que je ferais mieux de les laisser seuls. Si j’y avais pensé, j’aurais dû comprendre à quel point c’était stupide d’aller voler l’estomac vide, mais ça a fini par être l’une des plus mauvaises décisions que j’ai prises.

Personne n’était dehors à cette heure-là. J’aurais sans doute pu trouver le facteur en pleine bataille pour livrer le journal du matin, mais… tu sais.

Mes yeux s’ajustaient bien au crépuscule, et j’ai foncé vers l’Académie des Wonderbolts. Le soleil se pointait à l’horizon alors que les bâtiments bleus flottants se faisaient voir, et les statues des célèbres Wonderbolts me saluaient en planant vers elle. Je jetais un œil vers les baraquements en passant, et j’ai vu Fire Streak étalé sur un lit avec un sabot au sol. Valait mieux pas le réveiller.

Quand je suis arrivé aux terrains d’entraînement, j’ai vu une pégase verte qui faisait des tours à travers la course d’obstacle. Elle allait bien, mais certains de ses tours étaient larges. Pas trop impressionnant, mais j’admirais l’éthique de travail. Elle pourrait être dans l’équipe principale un jour.

On a gardé les équipements d’entraînement sur le plateau près de la piste d’atterrissage. Les nuages sont super, mais c’est bien d’avoir quelque chose d’un peu plus solide pour faire des exercices. Je trouvai un bel endroit d’herbe et m’étirai avec quelques pompes.

La fatigue n’a pas mis longtemps à me rattraper. Après quelques séries, je commençais à compter à haute voix pour rester concentré. « Cinquante-trois…. Cinquante-quatre… ugh…. Cinquante-cinq…. » Mes sourcils se fronçaient et mes dents se serraient alors que je regardais le lever de soleil. Je sentais une raideur tout le long du bout de mes plumes. « Soixante-sept… » Au moins, mon cerveau était occupé. « Quatre-vingt-huit… Huit…. Hui… »

Je me suis évanoui dans la douce herbe, là où une petite crête me tapait dans le ventre. Deux cents quatre-vingt pompes est un montant respectable, mais je redoutais soudain d’en avoir pour toute la journée. Je bâillai et pensai, « Peut-être que l’un des cuistots de la cafétéria a du café de prêt. »

« Tu deviens imprécis sur la fin, Soar. » Une voix ferme et assez rauque m’a grondé par derrière. Elle était grave, mais certainement féminine.

« Hé, Spitz. » Je ne levais pas ma tête du sol. Bien sûr, j’aurais dû me lever, la saluer ou un truc du genre, mais Spitfire et moi, on est cool, et je pouvais pas m’empêcher de penser que, pour une aussi grande gueule, elle vient souvent m’espionner.

Je l’entendais s’approcher plus près. « Ça marche aussi pour tes dernières performances. » La pégase jaune avec la crinière ardente s’arrêta en face de moi tandis que je boitillais. Elle était déjà en plein dans sa critique. Ça devenait énervant, mais c’était une grande partie du succès du groupe. Elle a levé un sourcil. « Si tu continues pas à suivre à la fin, tu ferais mieux de ne même pas essayer. Ça n’impressionnera pas le public, ça n’impressionnera pas tes dossiers…. » Elle grimaçait. « … et ça ne va certainement pas m’impressionner. » Spitfire a un certain talent pour la motivation, et je me sentais en train de me remettre dans une bonne position, juste à temps pour que sa voix s’adoucisse et que l’inquiétude apparaisse dans ses yeux. « Bon, qu’est-ce qui te préoccupe ? »

M’asseyant, je mettais mon sourire idiot. Elle était sans doute déçue d’autre chose. « Euh, rien ! Non, j’avais juste envie de faire la course tôt aujourd’hui et faire un peu plus d’entraînement. »

Spitfire me fixait. Je grimaçais.

Elle s’est penchée, sans aucun doute en en voulant plus. Quand elle n’a pas ce qu’elle veut, elle s’assoit, passe un sabot sur ses tempes et ferme ses yeux. Après un moment, elle a levé ses yeux. « Soarin, tu ne t’es jamais- JAMAIS- », c’est ce qu’elle m’a craché, en ponctuant sa remarque en me tapotant le nez, « levé tôt à moins que quelque chose n'aille pas, alors arrête de faire l’idiot et dis-moi ce qui te ronge. »

Je reculais de quelques pas, avec des gouttes de sueur coulant sur mon visage. Ce n’était pas à cause des pompes. « Je t’ai dit, ça va. » Je ne pouvais pas la regarder jusqu’à ce que je revienne. « En plus, depuis quand tu te soucies des sentiments des auuuuuutres ? » Je traînais sur le dernier mot, pointant un sabot sur elle et portant un sourire sarcastique.

Spitfire n’y croyait pas. « Depuis que ça a commencé à affecter tes performances ! » Elle frappait du sabot sur le doux sol. « T’as la tête dans les nuages depuis des semaines maintenant, et tout le monde compte sur toi pour être la star, mais tu ne l’es pas ! Tu te souviens d’il y a deux semaines, quand tu as percuté Fleetfoot durant l’entrée ? »

Comment aurais-je oublié ?

C’était le premier show de notre résidence à Manehatten, et on était tous excité d’être à la maison après tant de mois passés sur la route. Le stade du centre-ville était plein, le bruit grondait dans ma poitrine du moment où on a quitté les vestiaires jusqu’à la porte de derrière, et l’énergie de la foule faisait plus que compenser le fait que j’avais passé toute l’après-midi au lit avec un chanceux étalon.

La musique augmentait. Le tonnerre grondait. Les machines à nuages crachaient d’énormes nuages noirs au-dessus du stade, bloquant toute lumière venue de la cité. L’obscurité tombait sur la foule, mais ils ne faisaient qu’encourager plus fort dans leur aveuglement. Les nuages se condensaient ensemble, formant une géante masse frémissante. La plupart des membres de l’équipe s’étaient glissés dans la couverture nuageuse depuis le dessus, où ils avaient commencé à voler en rond autour des bords du stade pour converser cette nappe de brouillard. La voix grave du présentateur beuglait dans la sono. « Jummmeeeeeents et étalons ! Le moment est presque arrivé ! »

Notre signal. Je hochais la tête vers Lighting Streak et Sky Hoof. Ils avaient l’air d’être prêts à se pisser dessus à cause de l’excitation. On sautait de la plateforme d’atterrissage hors du stade, en volant droit dans le ciel de nuit. Le présentateur continuait en-dessous. « Soyez prêts pour les meilleurs acrobates aériens d’Equestria, les souverains du ciel, les conquérants des nuages… »

À des centaines de mètres au-dessus de la ville et volant de plus en plus haut, je prenais une grande inspiration et donnait le signal du sabot. On faisait une boucle parfaite en formation triangle, moi devant, et on plongeait vers le stade.

« … dans dix ! Neuf ! Huit ! »

On prenait de la vitesse. Je tendais le sabot, coupant dans le vent pour réduire le frottement pour mes partenaires.

« Sept ! Six ! »

Des petites étoiles apparaissaient devant mon sabot. L’électricité piquait dans tout mon corps, faisant se lever ma fourrure, même sous ma combinaison de vol. Le sang montait à ma tête alors que le vent nous fouettait, trop rapide pour respirer. Pile à l’heure.

« Cinq ! Quatre ! »

Le temps ralentit. Le temps ralentit toujours quand je m’apprête à faire quelque chose d’incroyable. Ça me donnait le temps de me pousser. ‘Okay, Soarin, c’est tout pour toi. Lighting et Skyhoof sont juste derrière, mais c’est tout pour toi. Tu gères.’ Les nuages noirs tourbillonnaient dans une grande cible, et on se dirigeait droit vers le centre. ‘Je suis le meilleur qui ait jamais existé.

« Trois ! »

On voyait nos coéquipiers sortir des nuages dans chaque direction, parfaitement synchronisés.

« Deux ! »

Un muscle dans mon flanc se contractait, et je manquais de m’évanouir à cause de toute l’énergie qui tourbillonne autour de nous. Les nuages sont près, trop près pour reculer.

« Merci d’accueillir… »

C’était l’instant.

« LES WONDERBOLTS ! »

Je perçais à travers le centre exact des nuages. Un craquement assourdissait sortait de mon corps en brisant le mur du son, envoyant des éclairs autour de moi. Les traînées ont l’air de vaisseaux sanguins à sang chaud, s’étalant autour des nuages confinés, et les faisant s’évaporer dans un flash de lumière brillante.

Skyhoof, Lighting, et moi brisons notre formation et nous séparons juste avant de frapper le sol, passant très bas au-dessus de la foule, laissant derrière nous une traînée crépitante. Je pouvais voir l’émerveillement, l’admiration et l’excitation sur tant de visages…. et je suis devenu trop gourmand.

J’ai brisé la formation pour faire une manœuvre supplémentaire en spirale. Ça n’a pris qu’une seconde, et j’ai pensé que je pouvais rattraper l’endroit où je devais être, mais je suis sorti désorienté de la spirale, et au moment où je me suis remis droit, j’étais en retard pour le survol réseau, mais j’y suis quand même allé et j’ai senti quelque chose de doux craquer contre mon sabot, et quand je me suis retourné pour le retour, il y avait quelqu’un qui manquait dans l’équipe.

J’étais tellement en colère contre Fleetfoot pour s’être dérobée durant l’ouverture. Par Celestia, je suis un con. Je pense que personne n’a remarqué dans le public vu que Swift Gust était en stand-by et se mettait en formation. Elle est super…

Elle est… vraiment…

Spitfire grognait, et je secouais ma tête, me ramenant à l’académie. Mes yeux trouvaient le sol. « J’étais… fatigué cette nuit-là. »

« Tu parles ! » Elle semblait peinée, quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. « Tu as failli briser sa carrière - sans parler de sa vie- en ne faisant pas attention ! Si les observateurs avaient été aussi hors du coup que toi…. »

« Écoute, je me suis déjà excusé auprès d’elle ! Je suis désolé ! » J’ai fini par plus implorer que je ne l’aurais voulu. « J’étais pas dans le coup cette nuit-là. » Je sentais mon corps rentrer en lui, comme si j’essayais de me cacher dans le grand espace. « Je ne sais pas ce qui s’est ma passé. »

Spitfire a baissé la voix en s’avançant vers moi. « Je le sais. Tu as échoué ici… » Elle me tapait entre les yeux, pas du tout gentiment. « … parce que quelque chose ne va pas là. » J’ai eu un autre coup, cette fois sur la poitrine. « T’es pas en dedans ces jours-ci. »

Je baissais les yeux vers son sabot, puis son visage, puis en bas et ailleurs. « Désolé… »

Elle a pris une grande inspiration et a regardé le soleil. Mon pelage était hérissé, s’attendant à ce qu’elle me hurle dessus, mais elle m’expliqua calmement, « Soarin. Je peux pas te faire dire ce qui ne va pas. Je ne sais même pas si tu l’as deviné. J’espère juste que tu pourras y faire face avant que tu te retrouves sans boulot. »

J’étais si soulagé qu’elle ne soit pas en colère que ses mots ne se sont pas enregistrés tout de suite. « Pas de sou… Attends, quoi ?! » Ma tête retournait vers elle, les yeux écarquillés. J’avais dû bondir de dix mètres avant d’atterrir avec mon visage à quelques centimètres du sien. « QUOI ? »

Elle n’a même pas sourcillé. « Soar, je suis ton amie, et je m’inquiète pour toi. » Elle commençait à s’en aller. « Mais je ne peux pas te laisser mettre en danger le reste de l’équipe pendant que tu es coincé dans ta propre tête, amitié ou pas. » Je ne pouvais pas bouger. « Prends les choses au jour le jour, et commence avec cinquante tours de piste. Tu as besoin de travailler ton endurance. »

Entendre un ordre fait bouger mes lèvres. « Hé, le jeudi, c’est le jour où on choisit ! On est censés faire le travail qu’on veut. »

Elle parlait par-dessus son épaule. « Et le co-capitaine des Wonderbolts est censé faire un show sans défaut chaque soir. Aujourd’hui, tu travailles ton endurance. » Elle a bondi en l’air et s’est tirée.

Spitfire m’a laissé seule sur le plateau, et je tirais la langue en pensant à travailler l’endurance. En regardant tout autour, je suis tombé sur cette pégase verte qui était toujours dans la course d’obstacle. Elle avait l’air d’être prête à s’évanouir. « Fais chier. »

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Le visage de Soarin se froisse, comme s’il avait goûté quelque chose d’aigre.

Je gratte ma barbe et incline ma tête sur le côté. « Qu’est-ce qu’il y a de mal à l’entraînement d’endurance ? J’ai vu vos shows- vous ne vacillez jamais, même durant le final. »

« Ben », il hésite et lève les yeux au ciel, comme s’il essayait de pêcher une réponse dans son cerveau. « Les shows, c’est différent. T’as la foule, t’as le rush. Tu ne remarques même pas à quel point tu es fatigué. »

« Mais quand vous faites seulement des tours… »

« Ugh », gémit-il, retombant durement sur le canapé. « C’est teeleeeeement ennuyeux ! »

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Je commençais à haleter. Spitfire avait raison, comme toujours. Son régime longue-distance me crevait, et j’en avais même pas fait la moitié. Bon, ce n’est pas comme si je m’y mettais vraiment. Voler à moins de la vitesse maximale semblait criminel, et plus vite c’est fait, mieux c’est.

À en juger par le balancement des lunettes autour de mon cou et de mes grognements à chaque fois que je passais le compteur automatique de tours, tout était silencieux. Tout le monde était ailleurs pour faire des exercices plus légers, et aucun d’entre eux ne voulait passer du temps avec moi, même pas Fire Streak, alors je ne pouvais que me parler à moi-même. « Je me demande si Spitfire leur a dit de me laisser seul. Elle a sûrement pensé que j’essayais de faire une course. » Je me marre rien que d’y penser. « Eeeeeet elle a raison. » Avec personne pour me tenir compagnie, je continue à voler en rond….

Encore….

Et encore…

« Ça craint. » La sueur trempait mon pelage, me rafraîchissait, mais me faisait aussi me gratter. Je veux dire, je peux gérer la fatigue physique- pas de souci, je passe à travers- mais entre la solitude de la piste et le bourdonnement étouffé de la brise, tous mes vieux démons préférés reviennent me faire la guerre.

Mon humeur se levait et s’abaissait avec mes ailes. « C’est quoi mon problème ? Rien ! Je suis Soarin Windsong, putain ! Je suis juste dans une mauvaise passe… peut-être ? Depuis combien de temps je me dis ça ? Eh, ça ira mais CETTE PUTAIN DE SPITFIRE A MENACÉ DE ME VIRER !!! Quelle salope. Elle n’est pas une salope. Elle fait juste son boulot. » Mon cœur battait plus vite, et ce n’était pas à cause de l’exercice. Les tabloïds deviendrait dingues sur un Wonderbolt en ruine, et je n’aurais plus d’argent ou JUMENTS OU ÉTALONS ! PLUS DE TARTES ! »

Je riais. « Nan, il y aura toujours des tartes. »

Je regardais tout autour. Personne ne m’a entendu. Je forçais mes lunettes à se remettre, et je criais, « Eh merde ! » J’ai foncé en avant, à fond, pleine vitesse ! Ma puissance d’ailes en plus a fait péter le compteur de tours en passant à toute vitesse devant, mais qu’il aille se faire foutre ! Je naviguais hors du terrain d’entraînement et plongeais vers une ouverture dans les nuages.

Je secouais ma crinière tandis que le vent me fouettait. Personne ne pouvait me ralentir. J’avais besoin d’aller plus vite.

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