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Twins Memory

Une fiction écrite par Ponycroc.

Strong

Plusieurs semaines passèrent sans que nous ne les voyions filer. Une routine s'était installée entre nous, offrant ainsi une harmonie qui nous faisait défaut à toutes deux. Aloe était souvent à mes côtés pour m'assister, notre travail se gérait incroyablement bien depuis que nous communiquions l'une l'autre. Il arrivait qu'elle perde un peu l'équilibre quand les choses allaient trop vite à son goût.

Bien évidemment, elle n'avait pas changé d'idée, j'avais eu beau lui montrer qu'elle pouvait parfaitement se relever toute seule, non. Elle voulait revoir sa sœur. Plutôt rester à terre que de l'oublier. Elle n'avait pas changé d'idée. Il était impossible pour elle de vivre sans sa sœur. J'aurais tellement voulu lui en vouloir, mais qui étais-je pour juger ce genre d'attitude ? Je donnerais tout pour revoir mes enfants.

Je me pliais sans broncher à ses exigences. Après tout, mon code d'honneur m'y obligeait, cette jument m'avait sauvé la vie. De toute façon, ce n'était pas comme si elle me chassait. Non, tout le contraire, elle m'offrait un endroit sûr où je pourrais rester caché et où je pourrais me nourrir... un peu comme dans la situation actuelle.

Les jours passaient au fur et à mesure que notre relation s'oubliait. Trop heureuse d'imaginer revoir sa sœur, elle oubliait parfois qui était sous le déguisement, et s'obstinait à m'apprendre toutes leurs habitudes.

Comment elles avaient l’habitude de se lever le matin. Comment elles avaient l'habitude de travailler ensemble. Comment elles mangeaient, à quelle heure elles allaient dormir, ce qu'elles aimaient faire, les parfums qu'elles préféraient. Et j'en passe. Il m'aurait fallu plus d'une année pour apprendre autant de choses sur une cible. Mais grâce à elle, il m'eut fallu que quelques semaines pour assimiler tous les traits de Lotus.

Nous travaillions toutes deux sur notre cliente, madame Mayor Mare. Elle avait demandé un massage traditionnel avec un masque de beauté. Lotus était la plus douée pour les massages, j'ai donc dû faire de rapides progrès dans ce domaine pour surpasser sa sœur. Un avantage pour moi, j'adorais entendre les os de ces poneys se briser sous mes sabots. Un vieux souvenir que je croyais oublier à jamais.

Aloe me jetait des coups d’œil réguliers pour savoir si je m'en sortais bien, mon air assuré la fit aussitôt sourire. Ma sœur parlait régulièrement avec notre cliente. Une habitude qui permettait de fidéliser la clientèle qu'elle disait. Mais quand la jument brun-gris se mit à parler, ma bonne humeur se volatilisa aussitôt.

« Bonne nouvelle, la demande pour la caserne a été annulée.

— Et pourquoi ça ? » Demandais-je curieuse de savoir la raison qui poussait Celestia à changer d'avis sur la menace changelin.

« Plus aucun danger. Les changelins n'ont plus montré signe de vie depuis quatre mois. Ils doivent être loin ou trop faibles pour réagir.

— Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?

— Oh ce n'est pas moi qui dis ça, ce sont les experts de Canterlot. Pour eux, il est capable de compter le nombre de changelins restant sur ses sabots. Bien sûr, la caserne peut toujours être construite si on le souhaite.

— Je vous conseille de la construire sans tarder. » dis-je sur un ton sombre. Aloe m'attrapa aussitôt le sabot pour me jeter un regard inquiet. Je la dévisageais sans rien dire, mais je sentis peu à peu son inquiétude se transformer en compassion quand elle me caressait le bras. J'oubliais aussitôt ma colère et la rassurai en lui souriant.

La fleur que je lui avais offerte était attachée à son bandeau, un simple sort l'avait figé pour ainsi laisser Aloe profiter de son cadeau indéfiniment. Son parfum était le mien, il perdurerait donc aussi longtemps que je restais à proximité.

Elle me comprenait. Elle partageait ce que je ressentais. Je n'aurais pas pu être aussi impuissante et obéissante avec une alicorne. Je le savais, cette jument m'avait hypnotisé.

« Pourquoi donc faire ça ? Les changelins ne représentent plus aucun danger maintenant. Ils sont dispersés, isolés les uns des autres. Leur reine a dû les envoyer dans un endroit plus clément pour finir leurs jours. »

Je serrais les dents à m'en faire mal à la mâchoire. Mes sabots massaient le dos de la jument en cherchant les nœuds pour lui faire pousser des cris de douleur.

« Ouille. Vous y allez pour de vrai aujourd'hui. J'aime ça, ça me fait un bien fou de sentir tous ces nœuds disparaître.

— Qui vous dit qu'ils sont si mal en point ? »

Bien que cette question me brûlât les lèvres, ce fut Aloe qui la posa.

« Ils sont peut-être encore ici, attendant le bon moment pour frapper. Ils ont peut-être déjà remplacé la moitié des habitants de ponyville et vous êtes la suivante.

— Hmm... non, les experts ont dit qu'il ne devait plus y en avoir beaucoup.

— Oh, mais est-ce que l'on connaît vraiment ces experts. Peut-être que ce sont des changelins déguisés et qu'ils mentiraient pour se couvrir.

— Euh... je ne pense pas que...

— Et qu'est-ce qui vous rend si sûr de vous ? »

Mayor Mare se mit à hésiter un instant avant de secouer la tête et de tout simplement changer de sujet. Aloe la suivit simplement. Je restais seul à ruminer dans ma tête ce que cette jument brun-gris venait de dire. Ils n'avaient jamais été aussi proches de la vérité sur les changelins qu'à partir d'aujourd'hui.

La rage ne quittait pas mon corps et à plusieurs reprises, je reportai son regard sur ma sœur. Elle me jetait toujours des petits sourires complices, ne voyant pas ce que je dissimulais au fond de moi. Voir les efforts que déployait Aloe pour m'aider à tenir le coup me rendit plus triste qu'autre chose. La respiration tremblante, je finis par arrêter mon massage qui était de toute façon fini et quittais la pièce sans dire en mot la tête baissée et les oreilles plaquées sur le crâne. Je remercierai Aloe pour m'avoir laissé partir sans dire un mot.

J'étais occupé à ranger les produits de bain dans l'étagère juste derrière le grand bassin pendant qu'Aloe raccompagnait madame Mayor Mare à la sortie. J'étais encore secoué et incapable de dire ce que je ressentais. Par moment, la colère me faisait tomber des flacons de parfum violemment au sol et à d'autres mes sabots se mettaient à trembler sans raison et ma respiration se faisait plus rapide.

Je me ressaisis rapidement quand Aloe se dirigea vers moi. Je lui tournais le dos pour me laisser le temps de remettre mes idées en place en réarrangeant des bouteilles déjà rangées à leurs places

Sans que je m'y attende, la jument posa un sabot sur mon dos avant de coller son visage contre mon encolure. Je l'entendis soupirer pendant que je restais là, à lui servir de reposoir. Je savais que la fatigue devait jouer sur son état, mais je n'arrivais pas à sentir correctement ce qu'elle éprouvait en ce moment. Je ne me sentais moi-même pas très bien.

Elle se redressa pour s'éloigner de moi. Je la sentis se rapprocher du grand bassin avant de revenir auprès de moi pour m'attraper le sabot. Je la regardais, l'air interrogateur pendant qu'elle me souriait en reculant vers l'eau. Elle savait que les changelins avaient peur de l'eau, un des secrets que je lui avais partagés. Elle descendit un sabot dans l'eau qui devait être encore chaude – nous l'avions chauffé pour deux clientes cette après-midi – et me souriait pour me rassurer. Il était vrai que je ne cachais pas une certaine crainte à avancer dans l'eau chaude, mais la jument au visage souriant me rassurait énormément.

Alors qu'il n'y avait plus que ses deux pattes antérieures et sa tête hors de l'eau, je commençais seulement à toucher la surface avec un de mes sabots ce qui me fit aussitôt perdre tous mes moyens. La surprise était telle que mon déguisement se volatilisa, je regardais Aloe d'un air gêné, mais elle ne semblait en rien choquée par ce qui venait de se passer.

L’eau ne me faisait pas peur, mais la noyade beaucoup plus.

Elle ne me brusquait pas. Au début, elle m'avait tenu fermement pour éviter que je ne parte, mais je ne l'aurais jamais fait sans son consentement. Maintenant, elle ne faisait que me tenir les sabots pendant que j'entrais lentement dans l'eau. Je ne voulais surtout pas qu'elle me lâche, sans sa présence, je n'aurais certainement pas tenté une expérience aussi suicidaire, ce n'était pas pour qu'elle me laisse tout à coup tomber. Elle était parfaitement capable de comprendre ça, et c'est toujours avec son grand sourire qu'elle m'aidait à affronter une peur naturelle pour toute mon espèce.

Je ne savais pas comment aborder la descente, je laissai donc Aloe me guider pour glisser lentement les pattes postérieures dans l'eau pendant que j'appuyais mes antérieures sur les épaules de la jument qui me retenait.

L'eau eut un drôle d'effet sur ma peau. Je retins ma respiration quand elle arriva au niveau de mon bassin, mais la relâcha petit à petit en sentant la caresse de l'eau. Je m'engouffrais encore dans le grand bassin suite aux indications de ma sœur et me retrouvai avec le corps entier immergé dans l'eau à l'exception de la tête. Je m'accrochais fermement aux épaules d'Aloe pendant que je rapprochais mon corps pour me retenir à elle. Elle sentit ma peur et m'entoura d'un de ses sabots pendant qu'elle riait. Elle m'approcha du bord du bassin ou je pus enfin avoir prise sur la terre ferme.

« Calme-toi Chrysalis, on a pied dans le bassin. »

Je me mis à réfléchir ses paroles et je me rendis tout à coup compte que mes jambes postérieures étaient en train de heurter le sol dur dans le fond de l'eau. J'eus un sourire un peu gêné pendant qu'Aloe se mit à rire de plus belle. Je me renfrognai aussitôt, ce qui la fit se répandre en excuse. Je ne lui en tins pas rigueur. Après tout, grâce à elle, j'avais combattu l'une de mes plus grandes craintes.

Elle s'éloigna du bord en me regardant, nageant jusqu'à l'autre bout en m'encourageant de faire de même. Je la regardais se déplacer sans difficulté dans l'eau pendant que je m'inquiétais de me décrocher du bord. Je pris mon courage à deux mains et posai simplement mes quatre sabots dans le fond du bassin. Ce n'était pas ce que j’appelais nager, mais me retrouver encercler d'eau qui m'arrivait jusqu'au cou avait de quoi m'inquiéter. Aloe continuait de m'encourager en me tendant un sabot. Je l'attrapai sans tarder pour qu'elle me ramène sur l'autre bord.

Elle me regardait en souriant et en me caressant le dos alors que je respirais encore de manière effrénée. Je réussis néanmoins à me calmer au fur et à mesure des caresses de la jument. Nous finîmes par nous reposer contre le rebord du bassin, laissant l'eau réduire tout trouble de sa surface pendant que nous fermions nos yeux, Aloe allongée contre moi.

« Pourquoi m'as-tu sauvée, Aloe ? » Elle ne changea pas sa position, restant collée contre moi, son souffle me chatouillant le cou et le menton.

« Euhm... Parce que Lotus le voulait. »

Je secouais la tête en fronçant les sourcils. M'appuyant contre le rebord pendant que la jument en faisait de même sur moi.

« Lotus voulait quoi ?

— Te sauver, c'était son idée. Moi... moi j'étais resté cachée parce que j'avais trop peur. » Elle s'arrêta de parler. Peut-être attendait-elle que je dise quelque chose, mais pour le moment, j'en étais incapable. Elle reprit, de son ton toujours aussi calme : « J'en suis désolé Chrysalis. Je voudrais tellement te dire que j'ai tout fait pour que tu ailles bien, que je me sois inquiétée à chaque fois que je posais mon regard sur toi, mais non, rien de tout ça. J'avais peur et tu me faisais encore plus peur. Je disais que c'était trop dangereux de rester ici, qu'il fallait partir... » Elle s'interrompit pour ne plus reprendre.

« C'est... » Je m'interrompis aussitôt, considérant comme inadéquat ce que j'allais lui répondre. Le silence s'installa naturellement entre nous pendant qu'on regardait la surface plate de l'eau. Je finis par reprendre ma phrase, quinze minutes plus tard. « C'était un geste naturel de ta part. J'en aurais sûrement fait de même. Dis-toi juste qu'à partir d'aujourd'hui, tu as fait bien plus que me sauver la vie. »

Elle resta serrée contre moi en me disant.

« C'est Lotus qui a tout fait Chrysalis. Pas moi. »

Je ne m'énervais pas, je repris simplement d'une voix douce.

« Et tu m'as offert tout autant qu'elle, et même plus. »

Elle tourna son visage vers le mien. Le mouvement m'envoya une bouffée d'émotion en pleine face. Pas besoin d'être un changelin pour voir la tristesse qui marquait son visage et surtout ses yeux devenus rouges.

« Je veux revoir ma sœur Chrysalis. » implora-t-elle au bord du déchirement. Elle ne parlait pas d'un simple déguisement, elle voulait revoir sa sœur, comme avant. Elle continuait de me dévisager, attendant bien entendu que j'accepte de lui donner enfin ce qu'elle désirait.

Je pris le temps de ranger ma colère bien au fond de moi. Ça n'était pas trop dur, la déception prenait déjà le devant sur tout. Dans un long soupir, je passais un sabot autour de la jument.

« Pourquoi Aloe, pourquoi réduire à néant tous les efforts que nous avons faits ?

— S'il te plaît Chrysalis, c'est trop dur pour moi, je n'y arrive pas. »

J'avais l'impression qu'elle ne m'écoutait pas, je resserrais donc mon emprise sur elle en la rapprochant encore de moi.

« Sais-tu pourquoi je suis restée Aloe ? »

Son silence me donna la réponse

« Avant tout, les changelins ont un code d'honneur très complexe. Mais il est possible de passer outre sur certaines conditions. Je t'avais sauvée des timberwolf donc on aurait pu dire que ma dette était payée. Mais j'ai pu voir ce que tu éprouvais pour ta sœur cette nuit-là. J'avais vu que nous partagions une même douleur. J'ai perdu ma famille Aloe, tous mes enfants. Je sais qu'il n'y a que les changelins qui peuvent sentir les émotions, mais est-ce que tu peux imaginer ce que je ressens ? »

Elle s'enfermait un peu plus dans son mutisme.

« Nous sommes identiques Aloe, nous vivons les mêmes peines. J'aimerais tellement que tu acceptes ce qui vient de se passer et que tu essayes de te relever, comme moi je suis en train de le faire.

— Mais... » Elle avait brisé son silence ce qui la surprit tout autant que moi. « Mais tu n'es toujours pas debout... Je l'ai vu quand on s'occupait de Mayor Mare... Tu es bien plus triste que je ne sois capable de le sentir.

— Bien sûr Aloe, j'ai du mal à franchir le pas, tout comme toi. Mais on est ensemble, on peut se serrer les coudes et surmonter ça... ensemble.

— Mais moi je veux retrouver ma sœur. » dit-elle la voix tremblante en se plaquant à moi.

Ça ne servait à rien. Bien sûr, nous étions dans une situation identique, mais elle avait l'opportunité de fuir cette horreur. D'oublier tous ses problèmes pour se remettre à vivre comme avant... J'aurais déjà tout donné pour ça.

« Si c'est ce que tu souhaites... » Je la mis face à moi au même moment ou ma corne se mit à briller d'une lumière verte. Je l'avais amenée de façon brusque pour la déstabiliser en la rapprochant de mon visage. J'abaissais lentement ma corne luisante vers son front. « Tu te réveilleras dans quelques heures. Tu auras tout oublié de moi. Je n'existerais plus pour toi. Tout ce qu'on a vécu ensemble, plus rien. Tu te réveilleras avec ta sœur à tes côtés.

— Attends, il faut vraiment faire ça comme ça, maintenant ?

— Pourquoi attendre, c'est ta sœur que tu veux, non ? » Je m'approchais encore, il ne restait que quelques centimètres entre ma corne et son front. Au dernier moment, quelqu'un frappa. Aloe rejeta la tête en arrière en se dérobant à mon emprise. Je la laissai quitter le bassin précipitamment pour se diriger vers la porte d'entrée. Je ne tardais pas à quitter le bassin à mon tour, incapable de rester dans l'eau toute seule.

Mon plan avait marché, ça lui avait fait peur. Bien sûr, elle ne lâchera pas l'idée, mais au moins, j'avais réussi à la faire hésiter.

Quand elle ouvrit la porte, j'entendis la voix d'une personne qui ne me disait rien qui vaille.

« Bonjour monsieur Blower, que me vaut votre visite ? » Oui, je me souvenais de ce nom. La première fois qu'Aloe eut affaire à lui, j'étais resté caché dans ma chambre, mais j'avais pu les entendre depuis la fenêtre. Aloe ne l'aimait pas, par déduction, je ne l'aimais donc pas non plus.

« Une petite mise au point sur les délais du prêt que j'avais oublié de vous communiquer la dernière fois. J'espère que je ne vous dérange pas.

— Non. Allez-y ! » dit-elle sans plus de cérémonie.

« Et bien, nous allons bientôt arriver à sa fin. D'ici six mois, il devra être payé dans son intégralité.

— Très bien, il nous reste combien à vous rembourser ?

— Trois cents bits.

— Entendu.

— Oh, mais vous oubliez les intérêts. Oui, ça fait neuf ans que le prêt existe. Sur base des trois pourcent en majoration et suite au nouveau règlement qui augmente la majoration pour la mettre à cinq pourcent et qui oblige le règlement des arriérés

— Venez-en au fait !

— Il vous reste mille deux cents bits à régler en plus des trois cents.

— Quoi ? Vous voulez me dire qu'il faut encore payer mille cinq cents bits pour dans six mois ?

— Oui, exactement. Vous êtes plutôt douée avec les chiffres. Et dire qu'il m'a fallu faire cinq ans d'étude en économie pour pouvoir en arriver à la même conclusion.

— Vous savez que c'est impossible de réunir une telle somme en un aussi bref délai.

— Mais dit donc, vous auriez dû vous spécialiser dans la compta, vous vous en seriez sûrement mieux sortie.

— Vous souhaitez vraiment nous voir partir ?

— Oh non, bien sûr que non, je veux juste mon argent.

— Espèce de sale...

— Aloe ! » Je m'approchais d'eux avec l'apparence de Lotus. Je n'étais pas encore sèche et des gouttes glissaient le long de mon corps pendant que je me déplaçais d'une démarche qui avait pour effet de faire rouler tout les parties de mon corps et principalement mon arrière train. L'étalon en costume et chapeau ne fit pas long à le remarquer et dors et déjà je disposais de toute son attention. Étalon idiot ! « Ne te comporte pas ainsi avec l'un de nos clients voyons, monsieur Blower doit être traité avec respect, n'est-ce pas très cher ? » Le ton mielleux que j'utilisais avait de quoi me retourner l'estomac, mais j'étais une manipulatrice hors pair, et jouer avec un étalon quand on avait l'apparence d'une jument était à la porté du premier venu.

« Évidemment mademoiselle Lotus. Je conçois qu'il est dur de voir autre chose que le colporteur de mauvaises nouvelles en moi. Mais pourtant, je peux me montrer très généreux quand on m'en donne une bonne raison. » Ce schéma était toujours le même. On se montre gentille avec l'étalon et il devient tout à coup plus sympathique à son tour. Je pouvais d'ores et déjà en faire ce que je voulais.

« Oh, dites-m'en plus sur votre générosité monsieur Blower.

— Je pourrais le faire, mais le soleil est en train de se coucher et dehors, il commence à faire froid.

— Je vous en prie monsieur Blower, entrez, entrez ! » J'écartai Aloe qui était sur le point de protester avant de lui faire un clin d’œil discret.

« C'est très joli ici dites-moi. C'est vrai que depuis que je vous connais, je ne suis venu qu'une fois ici pendant les travaux de rénovation.

— Ah bon ? Et bien vous allez adorer le salon privé, il est spécialement aménagé pour nos meilleurs clients. » Je n'arrêtais pas de secouer ma queue pour qu'elle touche les pattes postérieures de l'étalon au costume pendant que je lui faisais les yeux doux en battant des cils.

Je le guidais jusqu'au salon en lui ouvrant la porte à notre arrivée. Il entra à l'intérieur sans se méfier une seule seconde. Je pouvais voir Aloe qui me regardait, toujours près de la porte d'entrée. Je ne lui souris pas, je ne lui fis aucun clin d’œil. Qu'allait-elle imaginer ? Le pire ? Oui, c'était sûrement à ça que je pensais moi-même. Mon regard sombre ne l'aida pas une seule seconde à positiver. Tant mieux, car c'était ce qui allait lui arriver.

« Alors, pouvez-vous me faire l'une de vos spécialités que vous réservez à vos meilleurs clients ?

— Asseyez-vous ! » ordonnais-je fermement. J'en avais déjà fini avec lui. Dans quelques secondes, je pourrais faire ce que je veux avec ce sale type. Je m'approchais de lui en stoppant tout numéro de séduction.

« Par quoi voulez-vous commencer ma chère ? » demanda-t-il, allongé sur le dos sur la table de massage son chapeau déposé au sol. Je me renfrognais et faillis lui hurler toute la colère que j'avais emmagasinée jusqu'à maintenant, mais au dernier moment une odeur vint caresser le bout de mes naseaux.

Oui, je pouvais sans doute me laisser aller.

« Alors monsieur Blower, ma sœur me dit que vous lui faites peur. Pensez-vous qu'elle a raison ? » Je repris ce ton si mielleux pendant que je lui grimpais sur le ventre et que je le cernais de chacun de mes membres.

« Oh, il est vrai que je suis quelqu'un d’intimidant, je l'avoue. Mais je suis avant tout quelqu'un qui aime faire son travail. »

Pas aussi intimidant que moi, je pouvais lui assurer.

« Je suis bien d'accord avec vous, monsieur Blower, moi-même j'adore faire mon travail. » Je posais mes sabots contre son ventre avant de les faire glisser le long de ses côtes, une fois sa veste ouverte. « Et j'adore savoir quand mes clients sont satisfaits. » Je m'abaissais un peu, juste de quoi le faire espérer de puissantes émotions que je captais aussitôt avant de m'en servir pour me nourrir. Je m’abaissais encore sur lui pour coller mon museau contre la fourrure rousse de l'étalon, il en profita pour poser son sabot sur l'arrière de mon crâne pour caresser ma crinière rose.

Je retins un grondement.

« Et votre sœur, elle n'est pas du genre à se soucier de son travail ? » Son sabot descendit encore le long de mon ventre pour s'approcher de mon flanc. Pendant que je restais immobile, me concentrant sur ce que j'avais à faire. Il ne le ressentait pas encore, c'était bien trop fin pour qu'il le capte, mais déjà ses émotions pulsantes étaient en train de le quitter peu à peu.

« Elle n'est pas comme moi. »

Je montais lentement vers le visage du poney, ne détachant pas mon museau de sa peau et augmentant toujours la force de mon drain.

« Ah bon ? Et vous êtes quoi au juste ? »

Je continuais mon ascension pour grimper son menton et stopper mon contact juste avant sa bouche. Le drain était perceptible maintenant, je le voyais, l'étalon roux se demandait déjà ce qui était en train de lui arriver.

« Je suis juste un monstre. »

Je pressai mes lèvres contre les siennes. Mes yeux étaient redevenus verts et brillaient à force que ma magie prenait possession du poney. Je vis ses iris résister un instant avant de se remplir du même vert que les miennes. J'interrompis ce baiser insipide pour regarder mon nouveau pantin, un sabot accoudé à la table de massage pendant que j'étais toujours allongé sur l'animal.

« Imagine ce que je pourrais commencer avec toi : une nouvelle armée, un nouveau départ... ce n'est malheureusement pas le bon moment pour ça. Alors on va faire les choses simplement cette fois-ci. » Je fis voler mon déguisement pour approcher ma corne luisante près de son front et chercher au fond de lui les émotions qui retenaient des traces de souvenir. Il ne m'en fallut pas plus pour aspirer ses sentiments et ainsi bloquer ses souvenirs dans le fin fond de son subconscient.

Je me redressais pour faire face à l'étalon à l'air béa. Je pouvais effacer la mémoire sans grande difficulté, mais je ne pouvais pas cerner un événement aussi vague et étendu qu'un prêt de plusieurs années. J'avais donc simplement effacé cette entrevue particulière qu'il avait avec moi pour me contenter d'un simple contrôle mental pour le reste.

Je soupirais avant de dire :

« Bon, combien d'argent te fallait-il encore de la part de ma sœur et moi-même ?

— Mille cinq cents bits. » dit-il le regard dans le vide pendant que je restais allongé sur lui, un sabot accoudé à la table de massage.

« D'accord, marier ?

— Non.

— En relation ?

— Non. »

Je détestais ces pantins. Incapable de dire les choses par eux-mêmes, il fallait toujours chercher les réponses par soi-même.

« Déjà vécut une relation ?

— Oui.

— Veuf ?

— Non.

— Argh ! Tu vas cracher le morceau !?

— Divorcé.

— Parfait, t'aimes boire ?

— Oui.

— Beaucoup ?

— Non.

— Habituellement ?

— Non.

— Mais c'est pas possible ! » Je m'énervais, mais me ressaisis rapidement quand j’eus une idée. « Bon, on va faire autrement. À quelle fréquence bois-tu ?

— Deux verres en mangeant, un troisième le week-end. Un peu le samedi après-midi. Jamais quelque chose de fort. Uniquement du vin et toujours accompagné d'un verre d'eau.

— hop hop, doucement, je t'ai pas demandé toute ta vie ! Bon, on va faire simple. On va dire qu'on t'a donné les mille cinq cents bits il y a une semaine de ça. Mais vu que tu éprouves encore du chagrin pour le truc qui te servait de jument, tu as dépensé tout l'argent à écumer les bars pour oublier celle qui t'as fait si mal bla-bla-bla. Pigé ?

— Oui.

— Répète pour voir.

— J'ai reçu l'argent il y a une semaine et je l'ai dépensé à écumé les bars pour oublier le truc qui me servait de jument bla-bla-bla. »

Je roulais des yeux en me frappent le front du sabot.

« Ça ira comme ça. » déclarais-je en me relevant. Sa mémoire avait été effacée sur l'entièreté de cette journée. Il me suffirait de le laisser au beau milieu du village et de stopper mon emprise pour qu'il retourne tranquillement chez lui avait la seule indication qu'on lui avait donné tout son argent. « Allez, lève-toi ! »

Il obéit sans un mot et resta debout sur la table de massage.

« Où est-ce que tu te crois ? Tu sais combien ça coûte une table de massage comme ça ? Descends de là tout de suite ! »

Il sauta au sol avant de reposer son regard d'ahuri sur moi.

« Oublie pas ton chapeau ridicule. »

J'ouvris la porte du salon privé et tombai museau à museau avec Aloe.

« Qu'est-ce que tu lui as fait. » demanda-t-elle inquiète sans se soucier de savoir s'il nous entendait.

« Rien de grave, ne t'inquiète pas. »

Elle jeta un coup d’œil à Blower et dû vite comprendre.

« Mais… qu'est-ce que tu lui as fait ? Et pourquoi il me regarde comme un idiot ? » Demanda-t-elle paniqué en se mettant à se rapprocher de moi avant de s'éloigner et de recommencer. « Oh ma Celestia, mais qu'est-ce qu'on va faire, on peut pas le cacher ici… et sa famille, je ne sais même pas s'il a une famille…

-Calme-toi Aloé ! » Demandais-je en levant un sabot. « Tu devrais plutôt te réjouir, il ne te causera plus aucun problème.

-Quoi ? Mais qu'est-ce que tu essayes de dire, on ne va pas s'en débarrasser comme ça. O-on peut pas faire ça, ça marche pas comme ça ! » insista-t-elle en se prenant la tête entre les sabots. « Oh, je crois que je vais m'évanouir. »

Je la vis poser un sabot sur son front et fermer les yeux avant de chavirer sur ses sabots sans tomber.

« Tu as bientôt fini ? Je peux t'expliquer maintenant ? » Demandais-je en fronçant les sourcils. Elle se racla la gorge et reposa son sabot au sol en couchant les oreilles.

« Oui, désolé.

-Bien ! Je l'ai simplement hypnotisé… tout comme je l'avais fait avec toi. » Expliquais-je sans pouvoir expliquer la gêne qui formait une boule dans ma gorge. « Je lui ai simplement fait croire qu'on lui a payé tout ce qu'on lui devait, et il gardera toujours ça en tête à chaque fois qu'il pensera que nous devons lui rendre des comptes.

-Et… il n'a pas mal ? »

Je soupirais en remarquant l'inquiétude qu'elle portait à un être aussi répugnant que ce poney… mais peut-être étais-je mal placé pour juger son comportement toujours prêt à ignorer le pire en chacun de nous.

« Tu as eu mal quand je t'ai hypnotisé ? »

Elle eut l'air de réfléchir un moment à tout ce que je venais de lui dire, mais elle finit par étirer un sourire sur ses lèvres avant de me dire :

« Oh merci mille fois Chrysalis ! » Elle me sauta au cou en me remerciant encore et encore. Je pus goûter sa joie pendant que la jument la déversait sur moi. Je ne pouvais m'empêcher de sourire euphoniquement en réponse au parfum qui m’enivrait. Elle jeta un coup d’œil à Blower et son inquiétude se fit sentir aussitôt.

« Ce n'est rien, on va juste le reconduire dehors et on sera tranquille.

— Il nous entend ?

— En quelque sorte. C'est difficile à expliquer. Il entend parfaitement les ordres directs que je lui donne.

— Ah bon ?

— Blower, couché ! » L'étalon se mit au sol sans attendre une seconde. « Très bien Blower, fait le beau ! » Il se redressa pour se tenir sur ses deux sabots postérieurs.

« C'est... fou.

— On peut le garder si tu veux. » dis-je pour plaisanter.

« D'accord, mais il devra être propre. » répondit-elle en riant. Je l'accompagnais dans sa bonne humeur, heureuse de la voir ainsi s'amuser comme mes enfants l'auraient fait. « Non, je suis désolé, mais on ne peut pas accepter les animaux dans un spa.

— Pas grave, on va aller lui faire une petite promenade quand même. » Je lui fis un clin d’œil en l’incitant à me suivre à l'extérieur et en ordonnant au pantin de nous suivre.

Blower avait raison le vent était frisquet ce soir, celui-ci ne semblait plus du tout incommodé par la température. Son air ahuri faisait rire Aloe qui me jetait des coups d’œil complice en souriant, je lui conseillais néanmoins de rester prudente et d'être la plus discrète possible. L'étalon était encadré par moi et elle, l'évitant ainsi de se trimballer comme un demeuré n'importe où. Il se contentait de nous suivre et d'obéir aux indications que je lui chuchotais à voix basse.

Nous n'avions pas croisé beaucoup de poneys sur le trajet, quelques promeneurs qui terminaient leurs courses ou leurs travaux. La prudence était quand même de rigueur, ce n'était sûrement pas le moment de se faire prendre. Que m'arriverait-il si on me découvrait en train de posséder l'un des leurs ? Et qu'arriverait-il à Aloe ?

Elle m'accompagnait dans sa bonne humeur, pas le moins du monde inquiète des risques qu'elle encourait. J'aimais cette jument.

Une fois arrivés au centre de Ponyville indiqué par Aloe, nous nous plaçâmes devant l'étalon qui regardait toujours droit devant lui sans même cligner des yeux.

« Bon Blower, tu vas juste rester ici et tu ne bouges plus d'un sabot.

— Tu ne vas quand même pas le laisser là toute la nuit ? » demanda Aloe un sourire en coin.

« Bien sûr que non, mais nous allons prendre nos distances avant que je ne le libère.

— D'accord. » accepta-t-elle, l'air un peu déçu. Je la réprimandais en lui signalant que la situation était assez dangereuse comme ça pour encore se faire remarquer. Elle acquiesça non sans garder sa bonne humeur. Nous commençâmes à nous éloigner, mais Aloe ne semblait pas avoir fini de s'amuser, elle se retourna sur l'étalon pour dire le plus discrètement possible tout en couvrant la distance qui les séparaient.

« Blower, fais le beau ! » L'étalon se dressa à nouveau sur ses sabots arrière pour se mettre à danser debout. Aloe se mit à rire en galopant le plus loin possible de la grande place, je la suivais en riant à mon tour de la situation qui virait au ridicule.

Nous courions comme deux pouliches un jour de fête. Je rompis le lien que j'avais avec Blower et me laissai aller dans l’insouciance de l'euphorie. Aloe était heureuse, avec moi. Je venais de l'aider à garder son SPA et bien plus encore. Elle riait, depuis combien de jours elle n'avait pas ri librement ainsi ?

Je la dépassais avant qu'elle en fasse de même. Il n'y avait pas de compétition, juste de l'amusement. Les quelques passants qui traînaient encore dehors souriaient en nous voyons courir comme des idiotes en riant. La course se termina bien vite quand elle toucha la porte du SPA, essoufflé.

J'entrais à sa suite, pendant qu'elle continuait de rire, en pénétrant à l'intérieur. Elle se retourna sur moi, le souffle court et se mit à me parler de façon effrénée en tournant autour de moi.

« C'est incroyable Chrysalis. Tous mes problèmes volatilisés... »

Je laissais mon déguisement s'envoler pendant que je suivais du regard la jument qui me tournait toujours autour. Je finis par poser un sabot sur son épaule pour qu'elle arrête de me faire tourner la tête et pour la calmer.

« J'ai l'impression d'être libre comme jamais. Jamais je n'ai vécu de sensation de ce genre.

— Je connais des sensations encore plus incroyables. » répondis-je du tac au tac avant de me pencher vers son visage pour l'embrasser.

Le geste était brusque, irréfléchi. Il n'avait aucun but de victoire sur une nation. Aucun objectif de conquête d'un empire. Aucune vile manipulation pour me faire accéder au trône de maître du monde. C'était la première fois que je plaquais ainsi mes lèvres contre celle de quelqu'un d'autre pour ne chercher rien d'autre que ce que je pouvais lui offrir. Mais la première sensation qui glissa le long de mes naseaux me fit stopper aussitôt. Je la regardais se redresser peu à peu, le regard perdu. M'en voulait-elle ?

J’eus la peur de ma vie pendant plusieurs secondes où elle restait figée à me dévisager. Mon cœur voulait s'enfuir de mon thorax à chaque battement et ce fut encore plus violent quand elle se rapprocha de moi.

Le contact était comme le précédent. Une sensation nouvelle. Ça ne ressemblait en rien à la fois où j'avais embrassé Shining Armor alors que celui-ci était encore à moitié hypnotisé. Je recevais l'entièreté et la complexité des émotions de la jument qui avait fermé les yeux pendants qu'elle m'embrassait.

Je pouvais goûter toutes ses valeurs sentimentales sur ma langue, plus rien en elle n'avait de secret pour moi. Son espèce ne m'inspirait toujours que du dédain, mais elle valait mille fois plus que chacun des habitants de ce village. Je la connaissais comme si je l'avais élevé moi-même. J'avais foi en elle, elle était forte, elle se relèverait.

Sa langue s’immisça sans crainte entre mes dents pointues pour caresser mon membre fourchu. Le contact la surprit, mais elle ne s’interrompit pas pour autant. Mon organe fin s'enroula autour sans que je ne m'en rende compte, elle retira sa langue avant de glousser.

« Ça chatouille. » murmura-t-elle avant de revenir sur moi.

Nous restâmes ainsi pendant une quinzaine de minutes, je découvrais réellement ce que signifiaient ces baisers que les poneys échangeaient entre eux. Je ne voulais pas m'arrêter, en découvrir encore de cette drogue me fascinait. Bien que je m'y refusais, je ne pouvais pas m'empêcher de me nourrir. Je considérais ça toujours comme du vol même si Aloe m'offrait ces émotions de bon cœur. Et ça du cœur, elle en avait un énorme.

Elle finit par interrompre notre contact. Sans même m'en rendre compte, je m'étais rapprochée pour ne pas en finir tout de suite, mais un sourire doux et un sabot sur mon torse de la part de la jument rose me rendirent plus calme.

Elle me tira ensuite doucement vers l'espace de repos qui était près du grand bassin et où de nombreux coussins étaient installés. Les saveurs qui s'échappaient d'Aloe me faisaient tourner la tête depuis trop longtemps, sans plus me retenir, je m’effondrais dans les cousins, entraînant la terrestre avec moi.

Elle se mit à rire, allongée dans les coussins, pendant que je l'amenais à moi en lui souriant sans gêne à lui faire peur. Allongées l'une en face de l'autre, nos crinières se répandaient sur la masse des oreillers. Nos couleurs n'étaient pas identiques bien sûr. Sa crinière était d'un bleu bien plus élégant que ma crinière d'un bleu maladif.

Encouragée par mon sabot, elle parcourut les quelques centimètres qui nous séparaient pour venir se blottir contre moi en amenant ses lèvres aux miennes. Je passais mon sabot sur son visage pour éloigner ses mèches de crins qui s'étaient dérobées de son bandeau.

Son parfum m'enivrait, m’excitait. J'étais incapable de me contenir. Je forçais avec mes lèvres pour entrer ma langue en elle cette fois-ci. Elle se laissa faire pendant que j'expérimentais les plaisirs de ce contact. Son goût était partout présent, je la sentais, je la voulais en moi. Je voulais qu'elle m'appartienne, je ne souhaitais que la voir s'épanouir avec moi. Je serais sa reine, elle serait ma confidente, je lui dirais tout et elle sera heureuse d'être à mes côtés.

Comme en réponse à mon appel, elle se pressa plus fort contre moi en faisant de même avec sa bouche. Sa langue réagissait à mes caresses en s’entremêlent autour de la mienne. On ne pouvait pas s'empêcher de glousser comme des gamines. C'est ce qu'elle souhaitait au fond d'elle que je reste, que je guide sa vie.

« Nous serons reines, demain ! » proclamais-je triomphante, contre ses lèvres.

« Tu ne feras pas de mal ! » chuchota-t-elle les yeux fermés, gardant toujours le contact avec moi.

« Nous vaincrons chaque nation, les poneys, les griffons, les zèbres, les dragons. Tous seront à genoux devant toi et moi.

— Et après on ouvrira un spa.

— Oui, on passera nos journées dans nos saunas à nous faire servir et masser par nos esclaves.

— On adoptera Blower comme animal de compagnie.

— Et on lui apprendra à devenir propre.

— Et il chantera pour nous. » Nous nous mîmes à rire aux éclats. Je ne voulais pas la lâcher, et ça n'avait pas l'air de la gêner. La fatigue prit peu à peu le dessus, et c'est lentement que le silence s'installa. Il n'y avait plus que des regards, sans mots, la communication opérait toujours, passant de gentilles caresses à de nouveaux baisers tendres, mais bref cette fois-ci. Aloe était installée sur moi et avait fermé les yeux et moi de même. Entre la fatigue et les bribes d’excitation, nos rares mouvements étaient pour chercher une position plus confortable.

Elle venait de caler sa tête juste en dessous de mon menton, je pouvais sentir son souffle dans mon cou quand elle se mit à soupirer en chuchotant :

« Mais Lotus dans tout ça ? »

Je me redressais aussitôt. Le faisant basculer sur le côté pendant que je me positionnais juste au-dessus d'elle pour la surplomber de toute ma hauteur. Elle ne l'oublierait pas, elle ne tournerait jamais la page. Elle ne voulait pas de moi, elle voulait juste sa sœur. Elle venait de se moquer de moi et de mes sentiments ! Chaque mot était incroyablement dur à sortir et provoquait plus un grincement entre mes dents. Je réussis tout de même à articuler :

« Et moi Aloe ?

— E-eh bien tu... tu seras toujours avec moi. On sera ensemble.

— Enfermé avec la vérité ! » hurlais-je en frappant du sabot juste à côté de son visage. Les coussins ne furent pas suffisants pour étouffer le bruit sec de ma patte qui heurtait le sol.

« Mais... mais on avait dit qu'on ferait comme ça Chrysalis, tu m'avais dit que tu le ferais.

— Et moi je pensais que tu étais comme moi ! » Je secouais la tête en reprenant ma respiration. « Quelqu'un qui a juste besoin d'aide pour vivre. Comme une créature qu'on trouve au fond des bois et qu'on décide de sauver simplement en prenant soin d'elle. On est deux, on peut s'entraider, mais non ! Tu ne penses qu'à toi. » Je n'arrivais qu'à crier, ma raison s'en allait à la même vitesse que je crachais mes mots à la face d'Aloe. Elle me répondit sur le même ton :

« Je veux revoir ma sœur ! » pleura-t-elle. « Tu as raison, je suis comme toi, je suis incapable de vivre sans les autres, un vrai changelin. Il me faut quelqu'un à imiter, et cette personne c'est ma sœur, ça a toujours été elle depuis que je suis toute petite ! Sans elle, je ne sais rien faire ! » Ses cris de colère se muèrent en sanglot, je ne pouvais pas retenir ma rage, même face à cette jument qui pleurait.

« Tu ne veux pas de moi ? Et bien je n'ai plus qu'à partir. Au Tartare ce code et ces principes, je suis une reine faite pour conquérir, un monstre fait pour tuer. Je n'ai pas à m'occuper des créatures destinées à mourir. » Je l'entendis pleurer encore plus fort et pousser des cris inarticulés pendant que je m'éloignais.

« Tu avais dit que tu le ferais Chrysalis ! » Elle continuait de s'époumoner. La peur se mélangeait à la tristesse et aux désespoirs. Je commençais à m'éloigner pour enfin la quitter. J'aurais dû le faire depuis longtemps, je suis faite pour diriger des empires, ordonner des armées, conquérir des nations. « Ne m'abandonne pas ! » gémit-elle toujours allongée dans coussin.

De l’abattement, non, de l'accablement... ou plus du chagrin, à moins que ça ne soit une dépression. Est-ce que c'était vraiment des émotions ou des états ? De la douleur, pure. C'était la seule chose que je sentais, ça n'était pourtant pas un sentiment ? Je l'avais pourtant bien senti, et même entendu, son cœur qui se brisait. Par-dessus ses pleurs et ses cris, la douleur l'avait frappée au même moment où je l'avais attaqué...

Dégoûtée... écœurée. C'était ce que je ressentais et ce que je pensais de moi en ce moment. Mon cœur aussi me faisait atrocement mal. J'avais pourtant réussi à ouvrir la porte pour voir qu'il faisait noir, le ciel étoilé semblait pourtant m'indiquer que le monde était pourtant impatient de me revoir en son centre. Les étoiles ne brillaient pas aussi fort quand vous preniez la mauvaise décision. Ces milliers d'étoiles qui me scrutaient ressemblaient à mes enfants qui me regardaient, attendant de voir ce que j'allais faire. Les étoiles ne brillent pas quand vous preniez la mauvaise décision...

Aloe était toujours allongé en train de pleurer. Ses hurlements s'étaient arrêtés pour laisser place à un lourd déchirement. C'était fini, elle n'avait plus rien. Elle devait sûrement s'être rendue sourde à force de pousser des cris. Les yeux fermés, la jument essayait d'imaginer une seule seconde, seule.

Mon sabot toucha son épaule et elle se jeta aussitôt sur moi en pleurant à chaudes larmes. Ça avait été horrible, la pire expérience de toute sa vie. Comme le premier jour où nous nous étions rencontrés, Aloe pleurait encore, incapable de revenir de ce cauchemar qu'elle venait de vivre.

« Je suis désolée Chrysalis ! » articula-t-elle entre deux sanglots.

« Ce n'est pas grave Aloe, ce n'est rien. Tu vas revoir ta sœur, tout va revenir à la normal. »

Comme au premier jour de notre rencontre, la jument rose restait dans mes bras, à la différence que cette fois-ci, je pleurais aussi.

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Ponycroc
Ponycroc : #15954
@Vuld :
Avant de pouvoir réalisé une bonne relecture (oui, je suis si mauvais qu'il faut que je les planifie) j'ai au moins déjà remplacé la réaction d'Aloé.

Alors quand j'ai vu ton message, j'ai tout de suite été d'accord avec toi, mais lorsque j'étais en train de réécrire le passage, je me suis fait une drôle de réflexion. Au final, Aloé n'est peut-être pas si sensible avec cette pratique étant donné qu'elle a déjà subit une hypnose et que encore maintenant, c'est ce qu'elle demande à Chysalis. Enfin bref, ça me semblait trop dur à expliqué alors j'ai simplement reprit une réaction plus classique comme tu l'as demandé. Encore merci.
Il y a 3 ans · Répondre
Vuld
Vuld : #15706
Tout d'abord : "Je sais qu'il n'y a que les changelins qui peuvent sentir les émotions..." cette phrase poutre. Cette phrase est le genre d'originalité qui renouvelle l'intérêt d'un peuple.

Ensuite : "Euh... ah... d'accord, mais je ne veux plus que tu prennes ce genre d'initiative." C'est un peu court on va dire, et c'est à partir de là que j'ai conclu qu'Aloe était cliniquement folle.
Je peux le dire de deux manières.
La première : le personnage devrait m'être sympathique. Or là elle est d'accord pour brainstormer un poney. Je suis désolé mais pour moi elle est criminelle. Et folle. Si tout ce qu'elle trouve à redire c'est "tu aurais pu me demander" elle est moralement morte.
La seconde, ce texte est une romance. Je veux dire avant c'était mignon mais là on y a clairement mis les quatre sabots -- j'y arrive -- et bon, c'est difficile de faire une romance quand c'est une relation d'adoration aveugle. Mais mince, à minima ce qu'Aloe veut c'est Lotus. Est-ce que Lotus zappe les cervelles ? Non.

Enfin, quand la romance est devenue physique pour 99% des textes j'aurais arrêté là. Mais bon, c'est cohérent, c'est au bon endroit et j'ai donc passé outre. Je ne cache pas que ça fait deux choses qui me gâchent le plaisir, mais autant pour la première j'y trouve une incohérence, autant pour la seconde je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, et le texte est suffisamment bon pour que je continue.

Reste qu'une relecture ne serait pas de trop. Deux-trois répétitions notables, des oublis type "f" ou "0" dans le texte mais aussi un moment Lotus qui dit "ma soeur" pour Aloe, et bon elle agit pas trop comme une soeur avec elle.
Donc yup, une relecture pour les coquilles, une réaction un peu plus équine au brainwashing pour me faire plaisir et pour le reste, eh, l'histoire est intéressante et il y a encore bien assez de meugnon.
Il y a 3 ans · Répondre

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