ACTE UNIQUE - SCÈNE UN
Ali Corn – sa femme – Princesse Célestia – une de ses filles – Abu Hassan – Princesse Luna
Le rideau s’ouvre sur une pièce sobrement meublée. Une porte d’entrée, un porte-manteau, une table en bois sur laquelle est posé un journal, quelques coussins par terre. Au fond, un escalier monte à l’étage. Des portes mènent à d’autres pièces de l’appartement. On entend le bruit d’ustensiles de cuisine.
Ali Corn entre en souriant. Il referme la porte derrière lui, ôte son costume, le suspend au porte-manteau. Il vérifie la présence de sa corne et de ses ailes.
Ali Corn (fort) : Chérie, je suis rentré ! Où es-tu ?
Sa femme (depuis la cuisine) : Ici, je prépare le couscous !
Ali Corn (il hume l’air, paraît satisfait) : Parfait ! Où sont les enfants ?
Sa femme : Pas encore rentrées. Je crois qu’elles ont eu une dure journée !
Ali Corn grommelle. Il marche vers la table, s’empare du journal qui s’y trouve. On lit le titre : « Le trésor à nouveau vide ! Le sou équestrien s’effondre de 30% en une journée ! ».
Ali Corn (pour lui-même) : Par Célestia, quand cesserons-nous de vivre au jour le jour ?
Il se couche sur un coussin, mais s’aperçoit que sa corne tombe légèrement. Il pose son journal à côté de lui, puis essaie de la redresser, mais elle s’obstine à plier. Il cherche alors dans son pelage le fil qui la maintient en place sur son front, le trouve, et enlève la corne en la faisant glisser par le haut de sa tête.
Ali Corn (soupire) : Est-ce que j’ai vraiment besoin de tous ces accessoires ?
Il secoue ses flancs jusqu’à ce que les deux ailes tombent.
Ali Corn : Ouf ! Ça va mieux !
Il reprend son journal, commence à lire un article.
On frappe à la porte.
Ali Corn (soupire de nouveau) : On ne peut vraiment pas être tranquille deux minutes ici !
Il se lève, se dirige vers la porte et ouvre. La princesse Célestia apparaît dans l’embrasure, l’air vaguement embarrassée.
Ali Corn (grogne) : Ah ben quand même !
Il ouvre en grand et s’incline quand la princesse passe, puis referme prestement la porte derrière elle.
Ali Corn : Tu es en retard. Il est sept heures et quart. Je t’avais dit, ce matin : pas après sept heures. Où as-tu été traîner ? Ma patience a des limites !
Célestia (impassible) : Je n’arrive plus à allumer la corne. C’est chiant.
Ali Corn : Merde ! L’ampoule a dû griller encore une fois. Nom de toi, même le matériel déconne maintenant.
Il s’éloigne vers une autre pièce. On entend des tintements d’objets métalliques, comme s’il cherchait quelque chose dans une boîte à outils. Il revient avec une clef anglaise.
Ali Corn : Baisse la tête ! (La princesse s’exécute.) Je vais dévisser la corne et vérifier.
Il ajuste la clef autour de la corne et tourne. La corne se dévisse en grinçant un peu. Elle finit par se détacher complètement du front de Célestia. Ali Corn la pose sur la table, puis revient vers la princesse et regarde dans le trou laissé par la corne.
Ali Corn : Gagné ! Il va falloir la changer, mais je ne sais pas si j’en ai encore une de rechange. (Il recule de quelques pas.) Pourquoi tu ne l’éteins pas ? Tu veux rester là-dedans toute la soirée ?
Célestia redresse la tête, puis ses jambes se tendent en une pose rigide, en même temps qu’un claquement métallique retentit. Une trappe s’ouvre dans le flanc de la princesse : à l’intérieur, une sorte de cagibi obscur et minuscule, bourré de leviers et de boutons, où se trouve une jeune pouliche.
La fille d’Ali Corn : Papa, pourrais-tu apporter un tabouret ? C’est très haut, je n’ose pas sauter.
Ali Corn : Bien sûr ! Une minute !
Il se dirige vers la cuisine, disparaît quelques secondes et revient avec un tabouret en bois un peu usagé. Il le pose sous la trappe. La pouliche saute sur le tabouret, puis sur le plancher.
La fille d’Ali Corn : Merci !
Ali Corn : Ça te plaît toujours autant de jouer aux princesses quand elles sont parties ?
La fille d’Ali Corn : Oh oui ! C’est tellement drôle !
Ali Corn : Où est ta sœur au fait ? Vous ne deviez pas rentrer ensemble ?
La fille d’Ali Corn : Elle doit être bloquée avec Hoity-Toity et sa crétine de femelle. Tu sais, cette espèce de prétentieuse de –
Au moment où elle finit sa phrase, le bruit d’une multitude de sabots monte dans le couloir derrière la porte d’entrée.
La fille d’Ali Corn (étonnée) : Qu’est-ce qui se passe ?
Ali Corn (perplexe) : Aucune idée !
Le bruit augmente encore. Tout à coup, on frappe à la porte.
Ali Corn soupire, se traîne vers la porte et ouvre. Un poney gris, sale et ébouriffé se tient sur le seuil. Derrière lui, une foule de poneys multicolores conversent bruyamment. Ils portent des pancartes sur lesquelles on peut lire : « Rendez-nous nos sous volés ! » ; « Les nobles sont des filous ! » ; « À nous le Trésor ! »
Ali Corn (excédé, au poney gris) : Qui êtes-vous ? (Aux autres poneys) FERMEZ-LA BON SANG !
Un certain silence se fait.
Abu Hassan : Je m’appelle Abu Hassan et (il fait un geste vers la foule) voici les quarante voleurs.
Ali Corn (réfléchit une seconde ou deux) : Mais, vous ne devriez pas être en train de cambrioler la banque royale en ce moment ?
Abu Hassan : Si, mais le code d’accès a été changé, et on ne nous a pas prévenus.
Ali Corn (porte un sabot devant ses yeux) : Je suis désolé ! Je ne peux pas vous aider. Je ne connais pas la nouvelle combinaison et Célestia est partie trois jours en vacances : elle ne reviendra qu’après-demain. Essayez de passer à mon bureau demain matin, on trouvera bien une solution.
Abu Hassan : Mais –
Ali Corn lui claque la porte au nez, se détourne puis revient au milieu de la pièce en levant les yeux. Dans le couloir, on entend des sifflets et des huées.
Ali Corn : Pourra-t-on un jour me débarrasser de ces crétins ?
La femme d’Ali Corn (depuis la cuisine) : Qu’est-ce que c’était, chéri ?
Ali Corn : Rien rien, la piétaille habituelle. Retourne à ton couscous !
L’agitation s’estompe, s’éloigne puis le silence revient.
La fille d’Ali Corn : Papa, est-ce que je peux aller dans ma chambre pour étudier l’agenda de Célestia ? J’aimerais bien savoir qui je dois rencontrer demain.
Ali Corn : Bien sûr ma puce. Je t’appellerai quand le dîner sera prêt.
La pouliche trotte dans la pièce jusqu’au bas de l’escalier. Elle le gravit et disparaît à l’étage.
Ali Corn : Ouf ! Un peu de calme, enfin !
Il regarde pensivement son journal posé par terre, puis tourne la tête vers la Célestia mécanique avec sa corne manquante.
On frappe à la porte.
Ali Corn tressaille, puis se dirige vers l’entrée en claquant ses sabots de colère. Il ouvre la porte violemment.
Ali Corn (en colère) : FOUTEZ-NOUS LA –!
Il s’interrompt brutalement, ouvre la porte en grand et s’incline, laissant le passage à Célestia suivie de sa sœur qui entrent dans l’appartement. Célestia semble elle aussi de mauvaise humeur. Après quelques pas, elle s’arrête et examine son double mécanique d’un regard désapprobateur.
Célestia : C’est quoi ce souk ? Où est la corne ?
Ali Corn (bafouille) : Je… Je suis navré votre altesse, la lampe a encore grillé et… je… je m’apprêtais à aller en chercher une neuve aux magasins.
Célestia (toujours aussi sévèrement) : Ça ne sera pas nécessaire, nous sommes revenues.
Ali Corn (étonné) : Mais, je pensais que vous deviez rester à Manaco encore deux jours !
Célestia (fait un signe de tête en direction de Luna) : C’est de sa faute !
Luna (sur la défensive) : Eh ! Oh ! C’est toi qui a décidé d’emmener Nightmare Moon avec nous.
Célestia : Ce n’est quand même pas ma faute si ton autre moitié ne sait pas se tenir !
Ali Corn (décontenancé) : Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Célestia : Nous sommes allées au casino hier soir, histoire de « s’amuser ». Nightmare Moon – déjà un peu beurrée après trois ou quatre bouteilles de Calva – a voulu jouer à la roulette. Elle a perdu, s’est engueulée avec le croupier, s’est énervée et a quasiment rasé le bâtiment. Je n’ai eu que le temps de téléporter le personnel et les joueurs en sécurité. Évidemment, j’ai dû faire des excuses officielles et écourter la visite. Maintenant, il va falloir que je vide ce qui reste des réserves du Trésor pour payer les réparations. (Elle se tourne vers sa sœur et la fusille du regard.)
Luna (soutient le regard de sa sœur, puis se met à arpenter la pièce) : Tu n’as tout de même pas le culot de m’accuser de ruiner le royaume, j’espère ! Qui reçoit tous les mois des factures d’électricité exorbitantes, rien que pour chauffer et allumer sa précieuse fournaise volante ? Pourquoi crois-tu que la Compagnie électrique équestrienne a décidé de construire une nouvelle centrale au charbon presqu’en centre-ville ? Et qui doit se farcir ces crétins d’écolos qui déboulent dans la salle du trône et cassent les sabots de tout le monde avec leur soi-disant effet de serre ? (Elle s’interrompt quelques secondes, s’arrête et se tourne pour faire face à Célestia.) Qui a failli faire sauter tous les plombs dernièrement, parce qu’elle avait décidé de pousser la puissance à fond, après que de sombres crétins se soient plaints du printemps pourri ? Hein ? En comparaison, la Lune est cent pour-cent verte !
Célestia (impassible) : Verte ? Il doit y avoir erreur sur la personne là. Tu t’es regardée dans un miroir ? Tu n’es pas verte, tu es bleue. À moins que tu n’aies attrapé la jaunisse dernièrement.
Luna : Très drôle. Au moins, j’ai une couleur, moi. Tu ne peux pas en dire autant. Toi, tu es juste… fadasse.
Ali Corn (embarrassé) : Euh, vos altesses, je ne sais pas s’il est bien raisonnable de –
À ce moment le décor change. On s’aperçoit que toute la scène se déroulait dans un écran de télévision. L’image se distord, puis disparaît, remplacée par de la neige. Le son faiblit, et laisse la place à un souffle aigu.
ACTE UNIQUE - SCÈNE DEUX
Cutie Mark Crusaders – Spike – Twilight – Cadence – Célestia – Luna – Shining Armour – Sombra – Derpy Hooves
Dans la bibliothèque de Twilight. Les Cutie Mark Crusaders et Spike sont assis dans le canapé et regardent la télévision dont l’image vient de disparaître. Par terre, couchées sur des coussins et disposées au quatre coins d’un carré parfait, les quatre princesses.
CMC (crient) : NOOOON !
Spike : Mer… credi ! (Il cherche la télécommande sur le canapé.) Je pensais que c’était réparé !
Twilight (tourne la tête vers la télévision) : Qu’est-ce qui se passe ? Le relais a lâché ?
Spike (coupe le son avec la télécommande) : Non, je ne sais pas. Ça fait ça régulièrement depuis que Rainbow Dash a atterri sur l’antenne, l’autre jour.
Twilight : Tu peux faire quelque chose ?
Spike : Je ne sais pas, je vais essayer. (Il tape sur différentes touches de la télécommande.)
Twilight se retourne pour faire face aux autres princesses. Elle prend un jeu de cartes.
Twilight : Bon, passons aux choses sérieuses. Bridge ?
Cadence : Qu’est-ce qu’on offre à la gagnante ?
Twilight : Pourquoi pas mon bouquin sur les jeux de cartes au Paléoponien ?
Luna : Tu rigoles ? Et pourquoi pas mon exemplaire dédicacé du Guide touristique du millénaire sur la Lune ? (Twilight sourit maladroitement.) Strip poker !
Les trois autres princesses ouvrent de grands yeux.
Célestia : Qu’est-ce que c’est que ça ?
Luna : Un jeu que m’a appris Lyra. C’est du poker, mais à chaque coup, la perdante doit enlever une de ses affaires. Le jeu se termine quand une des joueuses est totalement nue. Marrant, non ?
La voix d’Applejack : Euh… Excuse-moi Rarity mais euh… On ne porte pas de vêtements habituellement.
Les princesses sursautent et se tournent vers le poste de télévision.
La voix de Rarity (grogne) : Désolé Spike. Certaines ici savent se conduire.
Spike (fait un sourire gêné) : Oops. J’ai dû remettre le son sans le vouloir. Au moins, Poulains – Pouliches fonctionne.
Twilight (un sabot devant les yeux) : Je ne peux pas croire qu’ils repassent cet épisode une énième fois. Il est tellement éculé !
La voix d’Applejack (en fond) : Nous allons être un peu occupées.
Cadence (pliée de rire, imite l’accent d’Applejack) : Yiha ! Boudiou ma carriole ! (D’une voix normale.) Elle avait vraiment cet accent à l’époque ? (Les trois autres princesses opinent.) Quand l’a-t-elle perdu ?
Twilight : Le jour où elle est finalement sortie avec Rarity. La pauvre ne supportait plus que ses amis de Manehattan appellent sa copine ‘la rustique’.
Cadence (sourit) : L’amour fait des miracles.
Luna (se tourne vers Cadence) : Tu sais ce qui ne va pas chez toi, ma grosse framboise ? Les clichés dégoulinants de bons sentiments.
La voix de Twilight (dans le poste) : Je ne peux pas croire que nous y sommes… Après tout ce que nous avons imaginé, cette soirée ne pourra être que… La meilleure soirée du monde !
Twilight (grimace) : La meilleure soirée du monde, mon c—
Célestia : Chuut! Pense aux pouliches, voyons ! Au moins, le tournage était marrant.
Twilight : Éclatant même ! Parfois je crois encore sentir la poignée de sabots de ce crétin d’Orion qui m’a valu quinze jours dans le plâtre. (Prend une voix moqueuse.) Mais c’était la meilleure soirée du monde !
Célestia : Essaie de positiver. Rainbow Dash jonglant avec les fausses statues devant le réalisateur pétrifié d’angoisse ; tout le monde tapant sur les tambours et les cymbales pour tâcher d’empêcher les oiseaux de se poser sur Fluttershy pendant sa scène du Pony Pokey ; le chef op’ se goinfrant de chaussons aux pommes pendant qu’Applejack était occupée au maquillage. Rarity se pavanant devant Blueblood…
Twilight : Ouais, et le plateau envahi de figurants incontrôlables demandant des autographes toutes les cinq minutes ? Et la chorégraphie stupide de la première chanson qu’il a fallu répéter vingt fois… À part le début de Princess Twilight’s kingdom, je n’ai jamais rien tourné de pire.
Luna : Ah ? Et pourquoi ?
Twilight : Les acrobaties aériennes, c’est pas mon truc.
Célestia : Tiens ? Je croyais que tu avais fait un sans faute au simulateur de vol ?
Twilight (gênée) : J’ai rajouté une routine dans le code… Tu ne m’en voudras pas, hein ?
Célestia (rigole) : Non, ne t’inquiète pas ! Au moins, à cette époque, c’était du vrai, du bon. J’ai entendu dire que la majorité de la saison cinq sera tournée sur fond vert, puis totalement transformée pendant la post-production. Plus besoin de plateaux ni de décors élaborés.
Twilight : Lamentable ! Je crois que si j’arrivais à boucler mes fins de mois avec le reste, je laisserais tomber la série.
Célestia : Eh oui, les restrictions budgétaires…
Voix (dans le poste, chantent) : Je le trouverai ; Mon Prince Parfait ; Gallant et élégant ; Je serai comme son diamant ; Ce soir au gala !
Twilight (excédée) : ÇA SUFFIT ! (À Spike) Passe-moi cette télécommande. (Il la lui donne précipitamment.) Voyons voir ce qu’il y a sur Equestriarte. (Elle tape sur la télécommande. Le visage de Chrysalis apparaît à l’écran.) Ben merde ! Qu’est-ce que c’est que ça ? Je n’ai pas demandé Canal ruche !
Voix du téléviseur : Pendant la journée, les ouvrières explorent les environs de la colonie à la recherche de nourriture à ramener le soir pour la reine et les larves. Elles restent en contact télépathique permanent, de sorte que, dès qu’une découvre quelque chose, toutes les autres sont immédiatement prévenues. Le soir…
Twilight : Ah, ça doit être une sorte de documentaire. Au moins, vous allez apprendre quelque chose.
CMC (protestent) : NOOOON ! (Scootaloo seul) Twilight, s’il te plaît, ça a l’air rasoir.
Twilight (grommelle) : Vous n’êtes jamais contentes. (Elle éteint la télévision.) Filez donc dans la chambre de Spike jouer à quelque chose.
CMC (les oreilles basses) : Okay, okay.
Elles traversent la pièce en traînant des pieds, montent lentement l’escalier et disparaissent au premier étage.
Twilight (une fois que les CMC sont hors de vue) : Alors, nous disions donc : poker. Qu’est-ce qu’on offre à la gagnante ?
Cadence : Je propose une nuit avec Shining Armour.
Twilight (estomaquée) : QUOI ? Tu plaisantes ?
Cadence : Je m’emmerde au lit avec lui. C’est à croire qu’il ne connaît qu’une position…
Shining Armour (depuis la cuisine) : Qu’est-ce qui se passe ?
Cadence : Rien, rien, mon amour !
Twilight : Occupe-toi du couscous !
Luna (hilare) : L’amour fait des miracles.
Un silence gêné s’installe. Mis à part Luna qui se tord de rire, les autres princesses se regardent silencieusement.
Twilight (d’une voix lasse) : Enfin, ça ne peut pas être pire qu’avec Blueblood.
Les autres princesses (ensemble) : HEIN ?!
Célestia (ahurie) : Tu… tu as fait ça avec Blueblood ? Je n’arrive pas à y croire !
Twilight (soupire) : C’était une soirée d’amère solitude…
Luna (redouble de rire) : Et ? Des détails ! Des détails !
Twilight : C’était la pire soirée du monde ! J’aurais dû m’auto-ensorceler pour l’oublier, mais –
On frappe à la porte.
Twilight (soulagée de ne pas avoir à poursuivre) : Qui donc cela peut-il bien être à une telle heure ?
Elle se lève, et va ouvrir. Sur le seuil, la forme menaçante de Sombra. Cadence l’aperçoit.
Cadence : Iiiik ! (Elle se précipite vers la porte, puis s’adresse à Sombra à voix basse.) Mais enfin, mon chou, je t’avais bien dit de ne jamais te montrer quand Shiny était dans les parages ; il pourrait se douter de quelque chose !
Sombra : Désolé ma petite puce, mais on est dans la mouise et ton portable est éteint.
Cadence : Qu’est-ce qu’il se passe ?
Sombra : Le générateur principal a grillé : tout le système de réfrigération est en panne. Le château a déjà commencé à fondre, et la chaleur gagne du terrain rapidement.
Cadence (soudain préoccupée) : Merde ! Dégâts ?
Sombra : Les ponts deux et cinq sont un peu perturbés. Tous les autres ponts nominaux. L’infirmerie a pris en charge quelques blessés légers. Heureusement, le générateur auxiliaire devrait fonctionner d’ici à quelques minutes, pour parer au plus urgent.
Cadence : Il va falloir qu’on se téléporte immédiatement. Merci beaucoup ! Retourne à la passerelle, on arrive de suite. Tu as la barre en attendant. Exécution !
Sombra : Bien chef ! (Il disparaît dans un éclair.)
Cadence (se retourne, se dirige vers le porte-manteau tout proche où elle prend une laisse. Elle siffle bruyamment) : Sussucre !
Shining Armour déboule de la cuisine, traverse la salle au galop et s’immobilise aux sabots de Cadence. Il ouvre la boucle, haletant, et tire la langue.
Shining Armour : Ouaf !
Cadence (s’adresse à Twilight) : N’est-il pas obéissant ? Un vrai petit amour. (À Shining Armour) Alerte au château, on part tout de suite !
Shining Armour : Ouaf !
Cadence : Bonne fin de soirée, Twilight ! Désolé de devoir filer à l’anglaise. (Elle salue les autres princesses.) Parfois, hélas, nécessité fait loi.
Twilight : Aucun problème ! Bonne chance ! À la semaine prochaine !
Cadence attache la laisse au collier de Shining Armour. Tous deux disparaissent dans la nuit. Twilight reste immobile quelques secondes sur le seuil, se retourne, ferme la porte et se réinstalle près de Luna et Célestia.
Luna : N’est-ce pas pratique d’avoir un bon chien de garde ?
Célestia : Je te rappelle que des gardes, il y en a plein le château.
Luna : Soit, mais tu ne les appelles pas « sussucre » et il ne viennent pas quand tu les siffles.
Célestia : D’un autre côté, tu n’as pas besoin de les emmener se promener chaque fois qu’ils ont envie de pisser.
Twilight : Bon, on joue à quoi maintenant ? À la queue du poney ?
Luna : Pfff… Est-ce que j’ai l’air d’une saucisse à sabots rose coiffée d’une tonne de barbapapa ?
[« Saucisse à sabots rose coiffée d’une tonne de barbapapa ?! s’exclama Pinkie. Ce n’est pas très gentil pour moi ». « Chut ! répondis-je. Laisse-moi terminer, garde tes récriminations pour la fin ! »]
Célestia : Une partie de tarot ? On peut y jouer à trois.
Twilight : C’est un peu barbant et long à trois ; et puis on a plein de cartes dans les sabots. Je préfère à cinq, c’est beaucoup plus rythmé.
Luna : Tu veux qu’on se dédouble ?
Twilight (rigole) : Non, merci, ce ne sera pas nécess –
On frappe à la porte.
Twilight claque des mâchoires. Elle se lève à contre-cœur, se traîne jusqu’à la porte et ouvre. Derpy apparaît sur le perron.
Derpy : Excusez-moi de vous déranger, j’ai un télégramme urgent pour la princesse Célestia, et on m’a dit que je pourrai la trouver ici.
Célestia (se lève et trotte jusqu’à la porte) : Exact !
Derpy farfouille dans son sac postal, en extrait une petite enveloppe qu’elle remet à Célestia. Elle fait une révérence et s’envole. Célestia déchire le haut de l’enveloppe, en tire une feuille qu’elle se met à lire. Son visage se décompose au fur et à mesure qu’elle progresse.
Twilight : Qu’est-ce qu’il se passe ?
Célestia : Les radars du service météo indiquent de fortes averses de muffins —
Derpy (au loin) : QUOI !? (On entend un choc.) Aïe ! (Un bruit de chute.) Ouille ! Ouille !
Célestia (reprend) : …de fortes averses de muffins se dirigeant vers Canterlot. Je pense qu’un de nos vieux amis a profité de notre absence pour s’en donner à cœur joie ! Luna ! Je vais avoir besoin de toi pour remettre de l’ordre !
Luna (se lève et se dirige vers la porte) : Désolée Twilight, je crois que ce soir, le destin est contre nous.
Twilight : Bah, on fera mieux la prochaine fois.
Célestia (rit) : Ce ne sera pas bien difficile ! Bonne nuit, Twilight !
Célestia et Luna embrassent Twilight, puis elles avancent sur le seuil et s’envolent. Twilight soupire, se retourne vers l’intérieur de la bibliothèque.
Twilight (fort) : LES FILLES !
Sweetie Belle : Oui, Twilight ?!
Twilight : Il est tard, tout le monde est rentré chez lui, vous devriez en faire autant !
Sweetie Belle : On arrive !
Les Cutie Mark Crusaders descendent tranquillement les escaliers et traversent la pièce jusqu’à la porte. Elles s’arrêtent devant Twilight qui les regarde avancer.
Twilight : Bonne nuit les filles ! Vous ne voulez pas que je vous accompagne ?
Scootaloo : Non, c’est gentil, mais on n’est plus des bébés. On peut se débrouiller. Merci pour la soirée !
Twilight (pensivement) : Ce n’était pas une réussite, n’est-ce pas ?
Apple Bloom (avec un grand sourire) : Ce n’est pas grave. On s’est bien amusées quand même !
Twilight : Merci les filles, vous êtes adorables. Rentrez bien, à bientôt !
CMC (ensemble) : Bonne nuit, Twilight !
Elles disparaissent à leur tour dans le noir. Twilight soupire, ferme la porte. Elle se retourne, se dirige nonchalamment vers le canapé. Arrivé près de celui-ci, elle aperçoit un livre ouvert par terre. Elle le ramasse, le tourne et le regarde.
Twilight (lit le titre du livre) : « Bien réussir vos soirées entre amis ». Quelles conneries !
Elle balance négligemment le livre dans un coin, puis arpente lentement la pièce en chantonnant, ramassant les quelques miettes qui traînent par terre, tapotant les coussins pour les remettre en forme et soufflant les bougies les unes après les autres.
Twilight : Spike ?!
Spike (depuis le haut) : Oui Twilight ?
Twilight : Prêt à aller te coucher ?
Spike : Je suis déjà couché, Twilight ! Difficile de faire pire que ce soir, hein ?
Twilight : Bah ! Imagine ce que ça aurait pu être si Trixie avait débarqué.
On frappe à la porte.
Twilight se fige, hésite.
Twilight (hurle) : DÉGAGEZ, QUI QUE VOUS SOYEZ ! C’EST FERMÉ ! PERSONNE N’HABITE PLUS ICI ! ALLEZ VOUS FAIRE VOIR AU FIN FOND DU TARTARE ET RESTEZ-Y !
Elle saisit rageusement la dernière bougie allumée, la glisse dans un bougeoir qu’elle emporte avec elle et monte se coucher. Le rideau tombe.
FIN
« C’est terminé? demanda Pinkie, se penchant sur l’écran du portable.
— Eh bien oui, répondis-je, tu vois bien, j’ai écrit “FIN”.
— Pauvre Twilight ! soupira-t-elle. Tu l’as bien malmenée.
— Des soirées ratées, ça arrive parfois…
— Et Ali Corn là-dedans, au fait, il devient quoi ?
— Euh… hésitai-je. Je ne sais pas. Tu demanderas au producteur quand tu seras rentrée.
— C’est qui celui là ?
— Comment le saurais-je ? Tu trouveras bien, tu es maline ! Bon, alors, tu en penses quoi ?
— Rien, fit-elle.
— Comment ça ? répliquai-je, surpris.
— Tu m’as traitée de “saucisse à sabots rose coiffée d’une tonne de barbapapa”. Pour la peine, je ne te dirai rien !
— C’était pour rire, ne soit pas vache ! protestai-je.
— Non mais n’en rajoute pas en plus ! Tu m’as bien regardée ? Est-ce que j’ai l’air d’une vache ? s’offusqua-t-elle.
— Non effectivement, concédai-je, je n’ai jamais vu de vaches rose bonbon. »
Elle rit aux éclats, de ce rire pur qui nait d’une source cristalline et vous rafraîchit le cœur. « Bon , je dois y aller, déclara-t-elle une fois redevenue sérieuse. Rendez-vous à ta prochaine histoire ! »
Elle m’embrassa, s’avança vers la télévision. « Ciao ! » fit-elle, avant de sauter dans l’écran et de disparaître.
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Le scénario est bien, What the fuck sans aller trop loin, c'est un pari réussi, et je m'incline devant toi pour avoir remporté cette épreuve
Franchement, je suis pas fan de Scriptfiction pour des raisons évidentes (Bon, comme je suis neuneu, je vais en citer quelques-unes)
-Comme c'est du script, les actions sont moins biens décrites qu'avec une "vraie" narration
-Bha scriptfiction quoi !
-Quand on lit une scriptfiction, on lit plus vraiment une histoire, on lit un script. C'est bête dit comme ça, hein ? On le perçoit plus comme une histoire, c'est plus une mise en scène qu'autre chose. On le lit pas pour ressentir l'histoire. On le lit juste pour voir le déroulement de l'histoire.
Merci à tous ! Ça fait plaisir ! Je ne me hasarde pas souvent dans ce registre… donc, c’est d’autant plus apprécié !
Ça n’a pas eu beaucoup de succès chez les Américains. Je suppose que c’est tout simplement trop “random” pour leur goût ! :)
Que pensez-vous de la forme “pièce de théâtre” ? Ça ne nuit pas à la lecture ?
Le seul souci, c'est que le centrage ne passe pas. L’éditeur a été modifié récemment ?
rainbownuit: #13523*rentre dans ta fic mode gingn avec l’arsenal qui va avec*
Pinkie: ciel mon marie
Ah!
Je crois que mes neurone sont déconnecté.