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Hearths Warming, Hearts Breaking

Une fiction traduite par inglobwetrust.

Chapitre 3: Le soleil brillera toujours

Sa patte et sa serre se gelèrent rapidement ; la neige gelait le bout de ses ongles, et ils piquaient. Malgré les picotements, l’Esprit ne baissa pas sa main de là où elle tenait la chaude couverture qu’il avait fait apparaître pour Fluttershy.

Il semble qu’il avait fallu des siècles pour que Fluttershy arrête de pleurer, et il avait en effet regardé la Lune commencer à se lever dans le ciel, indiquant l’heure probable alors que la souffrance, la douleur et les larmes continuèrent. Ces yeux brillants et d’habitude pleins de vie étaient maintenant minuscules – comme des lumières au bout d’un long tunnel. Elle était brisée, à peine cohérente, tremblait contre lui. La tenir commençait à devenir inconfortable, mais quand il essaya de le relâcher, la pégase instable s’évanouit dans la neige.

L’Esprit fléchit ses doigts gelés et les enfonça profondément dans la neige, afin de lever son corps. Quand il essaya de battre des ailes, il trouva des glaçons à la base. Voler n’était pas une option, et encore moins la reposer pour qu’elle marche d’elle-même. L’Esprit marcha à travers la neige avec le poney à moitié emmaillotée dans ses bras.

L’orage semblait enfin commencer à s’en aller, même si le froid glacial ne le voulait pas. Le chemin sans fin vers la maison se poursuivit, et le corps de Discord agonisait au moment où il agrippa enfin la poignée de porte gelée, et la tourna. Il était toujours sensible du fracas causé plus tôt, et les dégâts du froid rendaient le tout encore plus douloureux.

Ha, la douleur. Comme s’il avait le droit de se sentir mal pour ses bobos quand il y avait un poney en phase terminale dans leur maison. Il leva les yeux au ciel et passa une patte le long de son visage.

L’air chaud du cottage passa dans sa fourrure, faisant fondre la neige et enlevant le glaçage alors qu’il marchait d’un pas hasardeux à travers la porte du cottage et abaissa la boule colorée tremblante dans son propre lit, sans avoir la force de grimper les marches et de l’amener dans sa propre chambre.

Fluttershy ne dormait pas, malgré ses yeux fermés et la façon qu’elle avait de se rouler confortablement dans ses couvertures et oreillers. Discord resta assis là, une partie de lui voulait jeter ce stupide poney hors de son lit pour qu’il puisse se recroqueviller dessus – ce n’était pas comme si elle était la seule à avoir mal ! … Pas physiquement en tout cas – pendant qu’une autre partie de lui voulait la réveiller et lui demander ce qui était arrivé, et encore une autre partie de lui voulait s’allonger au sol et tout oublier en dormant.

Il se mit enfin au sol et regarda les traits de la respiration erratique du poney qui bougeait nerveusement dans son lit. Tout était calme et silencieux, mais ça semblait… un peu bizarre pour lui. À ce moment de la nuit, il devait entendre le bruissement des pages des livres idiots de Camellia, ou verrait au moins une pointe de lumière venant de sa porte.

Discord se leva, encore groggy, flottant dans les airs en scannant la chambre en quête d’un signe de la mère jument. Son sac de selle était parti ; comme ses vêtements d’hiver ; un morceau de papier déchiré était posé sur la table.

Sa tête se détourna du papier qu’il prit avec hésitation, les yeux fermés en amenant le morceau dans son champ de vision. Il était nerveux de ce qu’il pouvait dire. Enfin, l’Esprit craintif ouvrit un œil et scanna brièvement le papier, en souhaitant ne pas l’avoir fait.

Oui, Camellia était partie ; on dirait qu’elle était partie il y a quelques heures depuis que la bougie qu’elle avait allumée lors de son départ était éteinte, et il n’y avait même pas de fumée venant de la mèche. Elle était partie à l’hôpital pour un traitement précoce, devinant que Fluttershy avait besoin de temps.

Rien ne peut te racheter de ton effroyable mensonge, pensa Discord, déposant une couverture sur Fluttershy et s’assit sur le sol. Il jeta un œil vers la fenêtre, là où un thermomètre descendait de plus en plus bas. Oh, un temps parfait pour qu’un poney malade mette le nez dehors. Par Equestria, la stupidité est quelque chose d’héréditaire dans la famille de Fluttershy.

Soupirant, les yeux fermés, Discord s’allongea sur le sol et tomba dans un sommeil loin d’être paisible ; les gémissements de Fluttershy le hantèrent toute la nuit.

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L’Hearths Warming Eve était demain, et chaque arbre de Poneyville était décoré avec des guirlandes clinquantes qui brillaient comme si des diamants avaient été incrustés dans chaque fibre ; des ornements de cristal y étaient accrochés. Les poneys trottaient avec leurs cadeaux joliment emballés dans leurs bouches, souriant et riant avec leurs amis équidés en parlant avec impatience de l’Hearths Warming du lendemain.

La seule partie d’Equestria qui semblait complètement dépourvue de l’esprit de cette fête était l’humble et serein petit cottage près de la forêt Everfree. De façon assez surprenante, ce n’était pas un certain draconequus qui n’était pas d’humeur, mais une certaine pégase.

Discord se prélassait sur un nuage rose moelleux, ses jambes croisées en regardant de temps à autre le poney désemparé à la fenêtre. Elle était comme ça depuis un bon moment, depuis qu’il l’avait trouvé en train de pleurer dans la neige.

Quand Fluttershy lut la note de sa mère, Discord s’attendait à ce qu’elle s’effondre à nouveau, ou essaie en tout cas d’aller la chercher. Elle avait simplement glissé le long du mur avec sa croupe et restait à regarder la fenêtre depuis des heures. Elle serait restée à regarder, regarder et perdre du temps s’il ne lui avait pas rappelé de manger. Il dut non seulement prendre soin d’elle, mais dut aussi essayer de prendre soin de ses stupides animaux.

« Je ne sais pas ce que tu attends de moi », dit Discord depuis son nuage, les yeux baissés vers une petite souris avec une queue cassée. « Te faire un câlin comme elle ? Oh s’il te plaît – je ne suis pas ce genre de draconequus ; mon nom est Discord, Esprit du Chaos, et je ne fais pas de câlins. »

Le petit rongeur blessé agita ses moustaches et couina, tenant faiblement sa queue cassée dans sa patte rose.

« Un bandage ? » questionna-t-il, et il reçut un hochement de tête en signe d’approbation. Le sourire mesquin s’étala sur son visage, les yeux étincelants en claquant des doigts.

La créature poussa un couinement horrifié alors qu’un grand rouleau de bandages se resserra autour de son petit corps comme une momie, et il bascula sur le côté, frappant pathétiquement des jambes pendant que Discord riait de la situation critique de cette pauvre chose.

« Hoho, voilà, tu es guérie », ricana l’Esprit, éclatant de rire alors que la souris essayait de retourner vers sa maison. « S’il vous plait, voyez ma secrétaire au bureau pour planifier notre prochain rendez-vous. »

Toujours en train de rire, l’Esprit glissa vers Fluttershy, s’allongeant sur son dos et la regardant à l’envers. « Je ferais un charmant docteur, n’est-ce pas, ma petite ? » Son sourire le quitta alors que la pégase hocha inconsciemment la tête. De toute évidence, elle n’avait pas vu l’entièreté de la scène. Quel dommage – c’était si drôle.

Discord flotta en silence dans les airs pendant quelques minutes, réfléchissant sur la façon de faire apparaître un sourire sur son visage souffrant. Après quelques secondes à se gratter la barbe, il prit doucement les oreilles de la pégase par derrière et les fit s’agiter d’avant en arrière.

« Plop plop » Il continua ainsi pendant quelques secondes, se penchant vers son épaule pour voir s’il y avait au moins une lueur de sourire. Il n’y en avait pas. Rétractant ses mains, Discord étudia son visage, la regardant en train de fixer le mouvement des flocons de neige.

Après quelques secondes, il claqua des doigts et réapparut. Alors que la pégase continuait à regarder les flocons, l’un d’eux se retourna de chaque côté devant ses yeux. Discord était au moins content de voir que ses yeux sans vie s’écarquillèrent légèrement lorsque son visage se projetait sur l’un des flocons. Un souffle de vent l’envoya dans la fenêtre, et même si ça ne faisait pas mal, Discord s’assura de faire des bruits pour mimer la douleur, levant ses yeux au ciel et tirant la langue. Toujours aucune réponse.

Découragé, l’Esprit chaotique réapparut derrière Fluttershy et caressa à nouveau sa barbe, l’air un peu plus maussade avec ses échecs répétés. Il réalisa ce qui était le plus facile pour la faire rire : l’agacer.

Volant vers l’arbre, Discord se mit à quatre pattes et avança lentement vers l’arbre. « Oh, Fluttershyyyy », chanta-t-il en ricanant. « Je vais aller sous l’arbre et ouvrir tous les cadeaux. Tu ferais mieux de venir m’arrêter. »

Elle ne se tourna même pas, mais courageusement, il se tortilla sous l’arbre. Toujours aucune réaction même quand il savait que la pégase pouvait entendre le bruissement des branches et des ornements et… des piments.

« Oh ma chère, on dirait que j’ai trouvé et que je vais ouvrir un cadeau. Quelle honte. » Malgré sa voix enjouée, il avait un peu peur, sachant qu’il risquait probablement quelque sérieuses chatouilles d’elle (ou peut-être qu’elle le menacerait de l’attacher dehors à un arbre), mais cela en vaudrait la peine si au moins une pointe de son étincelle habituelle revenait en elle.

Il était plus qu’agacé quand Fluttershy ne se tourna toujours pas vers lui, et honnêtement, il manquait d’idées. Il y avait eu une énorme dispute la semaine dernière ; c’était vraiment sa dernière option. Il mit sa griffe sur l’emballage et commença à le déchirer. Espérant vraiment que des sabots se jettent sur lui, Discord était en colère de voir qu’elle l’ignorait toujours.

« Très bien, reste comme ça », lâcha-t-il discrètement, remettant le cadeau en place. « C’est la dernière fois que j’essaie de faire quelque chose de gentil. En fait, je crois que c’était la première. » Il essaya d’extirper son corps d’en dessous de l’arbre, juste pour voir qu’il était coincé.

Oh oh… « Très bien, Fluttershy. Je comprends que tu sois déprimée et tout, mais si tu pouvais peut-être m’aider à me sortir de l’arbre, j’apprécierais beaucoup. » Il n’avait même pas remarqué que Fluttershy n’était plus dans la pièce. « Fluttershy ?? »

Pas de réponse, à part les bruits de pas s’approchant. Trop petits pour être ceux d'Angel ou Fluttershy, la paire de pattes appartenait à la souris que Discord avait emprisonnée dans les bandages. L’un de ses frères avait mâchonné le tissu pour le libérer, et il décida de se venger de l’Esprit en mâchonnant son pied.

« Ouch ! » Discord cria de douleur alors que les petites dents rongeaient ses doigts de pied. Il grimaça et essaya de taper pour repousser cette stupide vermine, mais elle était bien accrochée avec ses dents. « Lâche ça ! » grogna-t-il, se contorsionnant et ruant, essayant de lancer un sort. Ses morsures douloureuses ruinaient sa concentration, et il ne pouvait pas se téléporter. Le draconequus devait rester allongé sous l’arbre et endurer le mâchonnement.

Quelques secondes plus tard, un bruit de fracas se fit entendre, suivi d’un bruit sourd. Discord commença à frapper et à lutter contre ce stupide arbre, espérant voir Fluttershy trébucher quelque part, en ayant fait tomber un verre et s’étant peut-être coupé avec. Un vent froid passa dans sa fourrure, et fut accompagné par un gémissement.

La stupide souris finit par relâcher son pied et Discord se téléporta hors de sa prison, incrédule du spectacle devant ses yeux.

La fenêtre était partie ; des morceaux sur le sol, d’autres dehors, et le vent criait à travers le trou qui abritait auparavant la fenêtre. À ses pieds se trouvait une pégase grise, enterré sous un tas sans fin de lettres. Elle leva sa tête, et Discord recula lentement devant ses yeux croisés.

« Je suis désolée », s’excusa Derpy, rassemblant rapidement les lettres et les remettant dans son sac de courrier bosselé. « Je ne regardais pas où j’allais, et le blizzard était très fort, et… » Elle s’arrêta pour reprendre son souffle, souriant timidement.

« Comment peux-tu voir où tu vas ? » demanda brusquement Discord, intrigué par l’état des yeux jaunes de la pégase. Sa tête se baissa pendant quelques instants, mais elle sembla hausser les épaules, cherchant dans son sac de courrier.

« Je peux payer pour la fenêtre », l’assura le poney, clignant des yeux alors que Discord venait à peine de claquer des doigts et de la remettre en place. « … ou ça aussi. » Elle sortit une petite enveloppe bleue, la tendant à lui. « Un message pour Fluttershy, de la part du docteur. »

L’Esprit put à peine ouvrir sa bouche que Fluttershy le devança, prenant à toute vitesse la lettre qui flottait dans les airs avec sa magie, et l’ouvrant de suite. Elle avait à peine lu la première phrase avant que les restes de son cœur brisé se cassent à nouveau et que les larmes se remettent à couler.

« Je suis désolée », dit doucement Derpy, laissant le draconequus et la pégase se demander si elle parlait de la fenêtre ou de la lettre. Avant que l’un des deux puisse demander, Derpy avait maladroitement volé par la fenêtre, faisant tomber quelques lettres.

Fluttershy se remit devant la fenêtre qu’elle avait passée les deux derniers jours à fixer, et elle s’essuya le visage. Chaque profonde inspiration venait avec encore plus de sanglots.

« Maman n’a plus beaucoup de temps. » L’Esprit s’assit derrière elle, prenant la lettre pour la lire. Il soupira après quelques minutes et la jeta par-dessus son épaule, regardant d’autres larmes couler le long de ses joues.

« Et c’est tout ? Tu vas rester là à te morfondre jusqu’à ce qu’elle meure ? » demanda-t-il, et le visage de la pégase se tortilla dans une tentative infructueuse pour retenir d’autres larmes.

« Qu’est-ce que je peux faire d’autre ? Elle ne voudra pas me voir, pas après que je lui ai criée dessus et mise dehors… » Un ricanement amusé fut la réponse tourna sa tête vers la sienne avec sa griffe.

« S’il te plaît, ma chère ; je suis presque sûre que si quelqu’un a le droit d’être en colère, alors c’est toi. Tu n’as pas à t’excuser. Tu t’excuses beaucoup trop pour ça. » Il leva les yeux au ciel. « Comme d’habitude. » Fluttershy ne sembla pas avoir entendu son dernier commentaire lorsqu’elle triturait en silence ses sabots, se reposant contre lui. Normalement, Discord l’aurait repoussé, mais il fit une exception pour aujourd’hui.

« J’ai tellement peur », murmura Fluttershy, ignorant le sarcastique « quelle surprise » en grimpant sur les genoux de l’Esprit et se blottissant contre sa fourrure. Une patte se déposa sur sa tête.

« J’ai tellement peur de… de la voir comme ça. Je viens juste de réaliser à quel point elle avait l’air différente, et je sais qu’elle sera dans le même état quand je la verrai à l’hôpital. » Son visage grimaça lorsqu’une terrible réalisation lui parvint encore. « Elle est en train de mourir, Discord. » L’Esprit grimaça quand le poney pleura dans sa fourrure, mais ne la repoussa pas.

« C’est pour ça qu’elle a besoin de toi », dit-il, la voix légèrement stricte en forçant la ponette à le regarder. « Je doute vraiment qu’elle repense à ta fuite dans les bois, et même si je ne crois pas au pardon, peut-être… » Il haussa les épaules. « Peut-être que vous devriez toutes les deux mettre de côté… » Il n’y avait pas vraiment de façon plus facile de le dire : « ses derniers jours. »

Fluttershy hocha la tête avec réticence, reposant sa joue trempée par les larmes contre son genou et reposant ses yeux fatigués. Il y a à peine deux jours, la jeune pégase croyait que la pégase avait un simple rhume depuis qu’elle était toute petite. On lui disait que maman tombait souvent malade, et que ‘les germes semblent l’attaquer plus que n’importe quel autre poney’.

D’une certaine façon, elle avait été assez stupide durant toute sa vie pour croire à ce mensonge. Peut-être était-ce plausible pour une pouliche qui ne voyait rien d’autre qu’un rhume, mais même en grandissant, en devenant plus mature, elle n’avait jamais compris. Pour elle, sa mère était juste différente. Elle ne voyait jamais sa mère comme malade, juste différente. Avec l’âge, la pégase avait appris toutes sortes de maladies agréables…

…. et pourtant, elle n’avait jamais réussi à mettre deux et deux ensemble pour compléter ce sombre puzzle.

« Je suis si égoïste », gémit Fluttershy, couvrant de honte son visage. « Maman a essayé de me parler de ses symptômes, et je n’ai jamais écouté. Ma maman avait besoin de moi et je n’étais jamais là parce que je voulais seulement me protéger. »

Discord ne savait pas quoi dire, pas habitué à ce genre de scénarios, surtout pour donner du réconfort. Il ne fit que s’asseoir contre le mur à attendre que Fluttershy s’effondre en larmes. Cela arriva très vite, vu à quel point la pégase était déjà en larmes.

« Bon, écoute, c’est maintenant qu’elle a le plus besoin de toi, Fluttershy. Ça pourrait être une façon de te racheter de… ce que tu penses avoir fait. » Il haussa les épaules, ne voyant pas vraiment ce que Fluttershy avait fait de mal, et il ne disait pas seulement ça pour la protéger. « C’est peut-être son dernier jour. Si tu ne vas pas la voir, tu le regretteras pour le reste de ta vie. »

Fluttershy savait qu’il avait raison ; elle savait qu’elle avait peu de temps pour exprimer les non-dits qui lui traversaient l’esprit durant ces derniers jours. Elle savait que ce n’était pas le moment d’être rancunière, de se sentir coupable, ou de juste pleurer et de se sentir désolée pour elle-même et sa mère. Non, c’était le moment d’être avec sa mère, oublier tout ce qui était arrivé et se concentrer pour que les dernières heures de sa vie se passent bien.

Ouvrant ses yeux embués, la pégase se força à prononcer d’une voix tremblante, faible et frêle :

« Je suis prête. »

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Ils marchèrent à travers les couloirs mornes de l’hôpital. Bon, l’un marchait pendant que l’autre flottait. Discord regarda les infirmières se hâter en entrant et en sortant des chambres de l’hôpital, portant des plateaux de nourriture, de médicaments, des draps de lit. Normalement et dans un tel environnement, Discord rendrait chèvre les infirmières (en ayant toutefois assez de dignité pour laisser tranquille les malades), et il transformerait les draps en papillon géant, ferait prendre vie leurs dossiers, et encore plus.

Là maintenant… il n’était pas vraiment d’humeur pour une certaine raison. Il détestait ça. Quand n’avait-il pas été dans le chaos ? Etait-ce parce qu’il était encore fatigué et malade, ou était-ce à cause des larmes de cette frêle pégase qui avait percé son cœur indifférent ? C’était peut-être ça, mais pour la plus grande partie, Discord se rassura en se disant qu’il était fatigué. Fatigué et voulant seulement dormir plus que tout au monde. On lui avait proposé cette option, mais pour des raisons qu’il ignorait, il avait décidé de venir.

« Elle est là. » La tête du draconequus se tourna vers le docteur au ton sombre ; ses sourcils touffus se froncèrent d’une façon stressée et compatissante en amenant les deux vers l’Unité de Soins Intensifs.

Fluttershy n’était pas préparée à la vision qui rencontra ses yeux dans la chambre d’un blanc immaculé. Sa mère était là, ou en tout cas, la coquille vide qui fut un jour sa mère. Par Equestria, tout cela n’avait-il vraiment duré que quelques jours ? On dirait que des années venaient de passer ; sa mère semblait avoir cinquante ans de plus, devenant déjà un quasi-squelette contre les draps blancs dans lesquels elle gisait.

Fluttershy avala lourdement et eut envie de pleurer, se tournant vers la porte, mais des mains dépareillées la bloquèrent.

Mère et fille se firent face, et c’était comme si des années avaient passées depuis leur dernière rencontre. Les vibrants yeux de Camellia semblaient dénués de vie et de l’étincelle qu’ils avaient. Ils étaient tristes, remplis de larmes, la regardant avec tendresse.

« Darling. » Elle pouvait toujours parler, et elle pouvait toujours tendre ses sabots enflés, dans lesquels Fluttershy tomba et pleura alors que les lèvres sèches de sa mère se pressèrent contre sa fille, ignorant la douleur en berçant sa seule fille.

Discord observa cette scène émouvante en silence. Les larmes et les câlins n’étaient jamais son truc, mais il n’était pas d’humour à faire des bruits de dégoûts comme ceux qu’il avait l’habitude de faire. Mère et fille avaient besoin de ce moment, et il devait refréner au fond de son esprit ses envies de créer des ennuis et des querelles. Maintenant qu’il y pensait, ces infirmières feraient de fabuleuses candidates.

« Maman, je… je suis désolée. » Fluttershy poussa un murmure douloureux, baissant sa tête et enfonçant son visage dans la crinière grisonnante de la jument malade. « J’ai été si stupide toute ma vie ; je n’ai jamais réalisée alors que j’aurais dû le faire. Je t’ai laissée… » Elle sanglota, passa un sabot dans la crinière non-coiffée. « Je t’ai laissée quand tu avais le plus besoin de moi. »

Camellia prit le sabot dans les siens et les amena tout près de son visage, les serrant, les tenant là et sentant la chaleur de sa fille contre sa joue froide. « Je suis celle qui doit m’excuser. » Elle inspira profondément et frissonna. « Je pensais que je ne faisais que te protéger durant tout ce temps. »

Fluttershy humidifia ses lèvres et joua avec le sabot de sa mère, le frottant doucement pour le réchauffer et fermant ses yeux. « A… alors… combien… combien de temps ? » murmura-t-elle d’une voix rauque, devinant qu’elle devait aller droit au but.

Les yeux bleu pâle étaient tristes, pourtant sa mère tenta piteusement de lui remonter le moral en balançant légèrement les sabots de sa fille d’avant en arrière. Elle se mordit l’intérieur de la joue avant de répondre doucement. « Nous avons encore la nuit. » Elle enleva une mèche de cheveux roses de sa fille de son visage. « Nous pourrons effectuer les traditions de l’Hearths Warming Eve, et Discord pourra participer aussi s’il veut. »

Fluttershy rit en pensant forcer Discord à participer aux traditions de cette fête, et ses rires devinrent encore plus aigus et hystériques en se rappelant que l’activité préférée de sa mère et d’elle était de se maquiller l’une l’autre.

« Je suis sûre qu’il aimera qu’on le fasse beau. » La mère et la fille partagèrent un rire, échangeant des idées différentes et mesquines sur les choses qu’elles pourraient lui faire, devenant hystériques quand l’idée de tresser sa barbe et d’y mettre un ruban rose arriva dans la conversation.

« Maman, il te transformerait en légumes », conseilla Fluttershy, incapable de se retenir de rire à l’idée de Discord portant un ruban. « Un sac de légumes congelés. Hmm, en parlant de ça, je me demande où il est parti. »

Elle n’avait pas besoin de regarder plus loin que les couloirs de l’hôpital, où des infirmières couraient, hurlant que l’hôpital était hanté alors que leurs plumes prirent inexplicablement vie et commencèrent à écrire sur leurs dossiers. Les papiers étaient étalés, volant dans les airs comme des énormes flocons pendant que les poneys couraient, abandonnant la réception et se hâtant dans les portes de sortie de l’hôpital. Au moins, il n’avait rien fait aux patients (même si certains étaient à leurs portes ou regardaient depuis leur lit).

Fluttershy se pinça les lèvres et ouvrit la porte du sabot quand elle vit son petit draconequus rouler au sol, riant à gorge déployée. La pégase referma sa mâchoire sur sa queue, délibérément plus fort que d’habitude, sortant un cri de douleur de la créature pendant qu’elle le traînait vers la chambre d’hôpital et referma la porte sur le chaos extérieur.

« Tu restes là », dit catégoriquement Fluttershy, et Discord était heureux de voir son visage chagriné et une étincelle de colère dans ses yeux bleus.

Un sourire comblé s’étala sur le visage de l’Esprit et il se remit sur le dos, tête pendue en bas, ses oreilles se plaquant sur le visage de la pégase. « Ah, j’ai gagné ! » ricana-t-il doucement.

« Excuse-moi ? » répliqua Fluttershy, clignant des yeux alors que le draconequus mit sa patte sous son menton pour amener son visage vers le sien, et elle se retrouva à fixer ces yeux joueurs, narguant sans danger, au rouge digne d’un rubis.

« Vraiment, ma petite, comment ferais-je pour enlever la tristesse de son visage si ce n’était pas avec mon chaos ? »

Fluttershy resta là pendant quelques secondes, clignant des yeux et fixant ce scintillement malicieux dans ses yeux. Avec une chaleur se dispersant sur son grand cœur, elle secoua sa tête, des larmes venues du fond du cœur débordant de ses yeux. « Tu es… impossible. »

« Accordé, ma chère, parce que ce qui est possible est horriblement ennuyeux », dit-il d’une voix traînante, se tenant à l’envers au-dessus du lit d’hôpital. Camellia sourit devant l’air idiot qu’il avait, et secoua aussi sa tête.

« Bonjour, Discord », dit la vieille pégase, « c’est bon de te revoir. » Elle grimaça alors que la créature fit apparaître un nuage rose, et elle se tendit en s’attendant à une pluie froide, mais Discord se posa dessus, sortant une paire de lunettes de soleil.

« Bonjour, Camellia », dit-il nonchalamment, essayant de ne pas montrer qu’il avait perdu un iota de courage devant l’état écœurant de la pégase. Oh, ça ne tarderait pas maintenant. Il baissa ses lunettes en entendant son commentaire suivant. « Moi de même, je suppose – c’est juste pour que votre peste de fille arrête de se morfondre. » Il feint la douleur, une serre se posant sur son cœur. « Je veux dire, vraiment, tout ce travail sur mes blagues – gâché parce qu’elle n’est pas capable de réagir. »

Camellia regarda d’un air compatissant à son chevet, là où sa fille regardait le sol et soupirait. Froissant la crinière de la jeune pégase, la mère sourit. « Elle redeviendra comme elle est très vite. »

Fluttershy n’en était pas aussi certaine ; elle n’était pas sûre de savoir si elle parvenait à nouveau à sourire, pas si elle perdait sa mère. Elle ferma ses yeux. En seulement deux jours, le rhume de sa mère était devenu une maladie mortelle, et elle allait la perdre. En seulement deux jours. Une double catastrophe.

Mais Fluttershy était déterminée pour empêcher son esprit de penser à ça. Elle ne laisserait pas son désespoir ruiner ses dernières heures avec sa mère. Toutes les larmes pourraient être versées dans un tsunami après la mort de sa mère.

« Si tu veux, je peux revenir au cottage et prendre des choses que l’on peut faire ensemble. » Elle sourit, grimpa sur le côté du lit, refrénant un frisson en voyant les tubes sortir du pelage pâle de Camellia.

« Je pourrais avoir quelques équipements pour que l’on fasse nos maquillages annuels », dit Fluttershy, qui aimait l’idée d’illuminer ce visage fantomatique avec un peu de blush, et attacher cette crinière grisonnante dans leur habituel chignon.

Camellia ne fit que rire, secouant sa tête et souriant en connaissance de cause en désignant son sac de selle. Fluttershy fut brièvement confuse, avant de chercher dans le sac et de sortir quelques épingles à cheveux, et une brosse à cheveux.

« Maman, tu as vraiment pensé à tout, n’est-ce pas ? » gloussa Fluttershy, sortant du sac les accessoires sur le lit et les ouvrants avec ses dents, avant de passer la brosse dans les cheveux fins de sa mère. Elle décida de faire une petite blague pour détendre l’atmosphère.

« Maman, tes pauvres cheveux ont l’air d’avoir attrapé une tornade. C’est un chaos absolu. » Elle gloussa lorsque les oreilles de Discord se dressaient à la mention de chaos. Camellia cligna des yeux, surprise que sa petite fille d’habitude si discrète ait le courage de dire une telle chose. Elle sourit, ramenant sa jeune fille contre elle et passant un sabot sur sa cage thoracique pendant que la pégase poussait des couinements de rire.

Discord flottait au-dessus, souriant de plaisir quand le poney finit enfin par vraiment rire après quelques jours. C’était bon de l’entendre, il devait l’admettre. « Oh, maintenant, vas-y sur ses sabots arrières – ça la tue », ricana-t-il d’un air sombre.

« Oh, je sais », ricana aussi Camellia, levant son sabot hors de sa fille pour l’enrouler autour de la poignée en bois de la brosse en la passant tendrement dans la crinière légèrement chiffonnée. « Tes cheveux ne sont pas vraiment bien coiffés, ma petite fleur. »

Sa mère tint doucement ses mèches roses dans son sabot, les caressant avec sa brosse. Fluttershy se rappela que la jument finissait toujours le maquillage avec quelques épingles à cheveux tenant légèrement ses mèches les plus longues qui tombaient sur son visage et ses yeux bleus.

La morne chambre blanche de l’hôpital commença soudain à tourbillonner devant leurs yeux, brièvement, tous comme les objets autour d’elle. Son esprit projeta l’image de sa vieille maison, et sa douce, saine et vive maman. Ses sabots n’étaient plus gonflés et ridés alors qu’elle mettait doucement une épingle à cheveux derrière ses oreilles.

Elle avait questionné sa mère alors que le fin voile rose était enlevé de sa vue, et elle pouvait maintenant voir la fenêtre devant laquelle elle était perchée, libre. Doucement, la timide pégase questionna sa mère sur ses motivations pour faire ça, et la pégase sourit, embrassa sa joue, et lui dit de regarder à la fenêtre.

Des lumières explosaient en tourbillons alors que les feux d’artifices allaient haut dans le ciel étoilé, et Fluttershy inclina sa tête, regardant admirative les lumières brillantes prendre la forme de fleur dans le ciel. Elle réalisa la raison derrière l’épinglage de cheveux de sa mère, et elle sourit vers la pégase, qui lui câlina doucement le museau.

Fluttershy retourna à la réalité du monde autour d’elle ; les visages brillants et séduisants devant ses yeux avaient disparu, remplacés avec le blanc qui s’éteignait, et ses yeux bleus désormais creux. Pourtant, son sourire restait toujours tendre, et comme elle l’avait fait il y a si longtemps, sa mère caressa le bout de son nez avec le sien.

« Maintenant, tu pourras mieux voir les feux d’artifice. »

Fluttershy résista à l’envie d’éclater en larmes.

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Le doux fredonnement céleste résonnait dans les rues de Poneyville, et les lanternes dans les dents des poneys brillaient en trottant dans la douce neige. Fluttershy laissa les douces voix des choristes passer par ses oreilles et son cœur, mais n’y trouva aucun réconfort.

Depuis le lit, il était clair que la jument souffrante vivait sa dernière heure. Alors que le jour passait, son pendule de vie avait diminué lentement ; elle et sa fille avaient passées l’après-midi à se faire des maquillages et à jouer aux cartes, mais quand vint le soir, sa tête ne pouvait plus quitter l’oreiller.

Fluttershy passa les dernières heures à essayer de parler à sa mère, recevant uniquement des murmures à peine audibles pour toute réponse. Elle avait fermé ses yeux et une certaine aile violette s’était étalée sur elle quand les tubes furent enlevés, et les docteurs avaient des regards compatissants pour elle (et d’autres plus agacés vers l’esprit qui se tenait là dans un silence absolu) en sortant de la pièce.

« Et durant les temps difficiles, notre amour nous aidera… » La douce chanson envahissait l’esprit de Discord et il grimaça intérieurement, mais pensa que dire « oh, BEURK » à cet instant était trop inapproprié, alors il s’assit et souffrit en silence.

« Et quand nous ne pourrons plus tenir… » Fluttershy leva sa tête hors de la fourrure du draconequus en entendant la voix distinctive, douce et chancelante résonner depuis le lit d’hôpital, là où la petite forme reposait sur le côté, les yeux assez ouverts pour regarder par la fenêtre où se trouvait la chorale.

Fluttershy trembla et s’extirpa de Discord pour trotter vers le lit de sa mère, terrifiée à l’idée de briser son sabot en le touchant. « Maman, garde ta force et ta voix. » Oh, pour quoi ? Pour quand elle mourra ? « Tu devrais te reposer. »

Sa mère rit tristement quand elle passa un sabot tendre et froid le long du visage de sa fille. « Mon cœur, la prochaine fois que je me reposerais… mes yeux ne se rouvriront pas. » Fluttershy sentit les larmes monter, mais pour l’amour de sa mère, elle les retint. « Oh, tu ne te souviens pas, ma chère ? On… entendait toujours les chants avant d’aller au lit. »

Fluttershy acquiesça, et enleva une mèche de cheveux du visage de sa mère. « C’est… c’était mon moment préféré de la fête. Ça et les feux d’artifice. »

Le doux chant entrant dans la pièce fut une chanson différente, et Fluttershy pouvait facilement deviner que c’était sa chanson préférée : « Le Feu de l’Amitié. »

Camellia le remarqua aussi, et le faible sourire toucha ses joues pâles. « Oh, mon cœur…. c’est notre chanson préférée. Chante avec moi… »

Et Fluttershy le fit, sa douce et angélique voix prenant de la confiance à chaque note en accordant la dernière requête de sa mère. « Le feu de l’amitié vivra dans nos cœurs… »

L’étincelle brilla dans ses yeux sages pour la dernière fois, quand sa mère ouvrit sa bouche et la rejoignit. « Tant qu’il brûle, nous ne pourrons être séparés… »

Fluttershy ouvrit ses yeux collés par les larmes. C’était terrible… Pourquoi une chanson si douce et joyeuse dans un moment si triste et douloureux ? Ça n’avait pas l’air bien, et la pégase sentit sa gorge se serrer en regardant sa mère sourire, l’air inquiète, et attendant patiemment. Oh Equestria – elle avait oublié les paroles. Ses membres tremblèrent et son cœur battait à toute vitesse, et elle était prête à s’évanouir – allait s’évanouir quand…

« … Même si les querelles surgissent… » La voix était étrange et grave, de toute évidence pas habituée à chanter, surtout une chanson si joyeuse, mais il marmonna tout de même les paroles, le visage rouge.

Fluttershy prit une grande inspiration, reprenant ses esprits après le choc initial de ce qu’elle venait juste d’entendre, et seulement concentré sur l’envie de finir leur duo final. « E-elles sont peu nombreuses… »

« Le rire et les chants resteront… »

Fluttershy plaça ses sabots avant sur le lit de sa mère. « Nous sommes un cercle d’amis… »

« Un cercle… de très bons amis… » Les yeux tendres et s’éteignant de Camellia dirent tout ce que ne pouvaient dire les mots, et les larmes glissèrent le long de son visage, se mélangeant à celles de Fluttershy, avant de mouiller le lit d’hôpital. « nous le serons… jusqu’à… la toute… »

Fluttershy attendit que sa mère termine le dernier vers, mais elle ne le fit jamais. La chaleur de la vie avait déjà quitté le corps, et pendant que la tête de sa mère glissa lentement de son côté, Fluttershy se sentit apaisé. Doucement, elle caressa le visage sans vie, et laissa les larmes couler doucement sur le museau de sa mère.

«  fin… »

***************************************************************************************

Fluttershy accueillit le soleil d’Hearths Warming avec un sourire doux ce matin, alors qu’elle mettait ses sabots sur le rebord de la fenêtre et inclinait légèrement sa tête. Elle ouvrit le volet et sourit lorsque la douce brise lui caressait la fourrure.

Bonjour, Maman. Quand elle était jeune, sa mère lui avait toujours dit que quand elle partirait, elle vivrait dans le soleil, afin qu’elle puisse se lever tous les jours pour accueillir sa fille au moment où elle se réveillerait, et qu’elle serait avec toute la journée, pour nourrir ses fleurs, pour regarder la pouliche jouer.

Un coup de vent passa derrière elle – suivi par le lourd bruissement quand Discord arriva en trombe sous l’arbre sacré, tapotant avec impatience les cadeaux que Fluttershy avait mise tout au bout de l’arbre, là où il ne pouvait pas les atteindre. La pégase rit et secoua sa tête, assez amusée devant ses adorables enfantillages.

« Très bien, très bien, j’imagine que je t’ai fait assez attendre. » Souriante, la ponette arriva vers l’arbre et sortit un paquet coloré, reculant d’un pas quand il l’arracha de son sabot et le déchira comme un animal (au sens figuré).

« Hoho, ma vie chaotique est complète », ricana Discord, sortant une longue paille, et faisant apparaître instantanément un verre de chocolat au lait. Il gloussait comme une écolière quand il remit le verre au sol et put boire, presque depuis le plafond.

Fluttershy riait, « je ne sais pas si tu en voulais, mais j’ai pensé à toi quand je l’ai vu en magasin. » Elle regarda, émerveillée par la rivière de chocolat au lait qui coulait dans la paille sans fin. « Wouah. »

Des poils de fourrure blanche brossèrent contre sa poitrine, et la pégase tourna sa tête pour voir son petit lapin. « Oh, Angel, joyeux Hearth’s Warming. » Fluttershy sourit, câlinant le doux visage blanc. Elle cligna des yeux quand le lapin lui tint un cadeau en forme de balle.

Doucement, Fluttershy le déballa, refrénant quelques rires quand elle déballa un chou. Bien sûr. Fluttershy donna un dernier câlin à son lapin qui rougissait, prenant avec gratitude le légume et le reposant. Une subtile et pourtant hésitante tape toucha à peine sa nuque, et la pégase se tourna, aveuglé par les magnifiques couleurs devant ses yeux.

L’Esprit flottait dans les airs, détournant les yeux et semblant les fixer en direction du mur, les joues rouges en tendant le paquet doré vers elle. « Euh… tiens », marmonna-t-il presque timidement. Fluttershy le prit tendrement dans ses sabots et Discord rougit encore plus quand il sentit ses yeux souriants se poser sur lui.

« Oh, Discord… tu… tu m’offres un cadeau ? … Pourquoi ? »

L’Esprit leva ses sourcils, la patte sur le menton. Après quelques instants, il sourit. « Laisse-moi reclarifier la tradition de l’Hearth’s Warming Eve, puis-je ? » Il ricana, se mettant sur son dos en l’air quand la pégase cacha sa rougeur gênante.

« Oh, oui, je sais ; je me demandais juste pourquoi… tu m’offres quelque chose. » Elle tapota doucement son coude avec son museau, et il grimaça, reculant par timidité, marmonnant un discret « c’est vraiment…. rien… » Il n‘était certainement pas habitué à ce que ses actions soient si bien reçues, malgré son intention d’avoir une bonne réaction cette fois.

Fluttershy n’était pas trop excitée en prenant le ruban rose entre ses dents. Quelque chose allait en sortir, elle le savait. Les yeux fermés en signe d’anticipation et d’inquiétude, elle enleva le ruban et ouvrit la boîte. Rien ne sortit ou la frappa en pleine tête. Enfin, elle eut assez de courage pour ouvrir les yeux, et elle poussa un cri de surprise.

Perché confortablement sur un petit coussin se tenait un petit bijou scintillant. Quand la pégase le sortit, elle réalisa que c’était un bracelet, décoré avec quelques breloques et ornements sur une chaîne dorée avec des perles roses.

« Oh, Discord », souffla-t-elle, le souffle coupé par la beauté du bracelet et le fait qu’il était celui qui venait de lui offrir. « C’est juste… » L’Esprit prit délicatement le bijou dans la palme de sa main, triturant quelques ornements.

« C’est un bracelet venu de Canterlot », commença Discord, détournant le regard du visage rayonnant de Fluttershy. Cela le rendait encore plus mal à l’aise. « Ils étaient populaires il y a longtemps à Canterlot, même si peu de poneys semblent porter ça de nos jours. Quelle honte. » Il se pencha vers elle, tenant légèrement l’un des ornements ; un papillon en diamant.

« Celui-là représente ton élément et ton amour de la nature », sourit-il. « Comme ta marque de beauté, en fait. » Il montra un cœur doré. « C’est évident que celui-là représente- » Il fit un signe de dégoût avec un doigt dans sa bouche ouverte, souriant légèrement quand Fluttershy rit, « -l’amour ».

Fluttershy le mit avec joie sur son sabot, regardant l’un des ornements bondir légèrement et tinter en face de ses yeux. C’était une petite paire de cœurs ; un rose et un noir. « Que représente celui-là ? »

Une lumière joueuse brilla dans les yeux du draconequus. « Je te laisse deviner celui-là, ma chère. »

Fluttershy reposa la boîte, se tenant sur ses pattes arrière pour lui faire un câlin – pour finir par tomber tête la première quand il recula, l’air maussade.

« Je ne pense pas », dit catégoriquement l’Esprit, s’époussetant là où ses sabots câlins l’avaient touché. « Impossible de me laisser succomber à l’indignité d’à la fois donner un cadeau à un poney et être câliné le même jour. » Il fronça les yeux vers le poney, n’aimant pas du tout la lueur dans ses yeux. « Fluttershy », l’avertit-il. Ses yeux s’écarquillèrent, et il eut à peine le temps d’esquiver quand la pégase sauta sur lui.

Fluttershy atterrit là où il se trouvait, grattant du sabot sur le sol, la queue se balançant d’avant en arrière, tout comme ses yeux. Elle se mit en tête de poursuivre l’Esprit autour du cottage jusqu’à ce qu’il ait assez de jugeote pour se téléporter, réapparaissant derrière le canapé – uniquement pour être taclé par Fluttershy qui bondit au-dessus du canapé.

Discord protesta, gémit, et pleurnicha, essayant d’avoir l’air autant en colère que possible et échouant alors que le petit poney énergique et affectueux le couvait de câlins et bisous. Ses menaces vides s’étouffèrent alors qu’il luttait pour parler à travers les cheveux roses qui continuaient à tomber dans sa bouche et sur son visage.

« Fl-Flutter – okay, je ne peux plus respirer ! » Il repoussa le petit poney, se remettant sur ses pieds et passant une griffe dans sa crinière ébouriffée. Il leva les yeux alors que la pégase riait de lui de là où elle se trouvait, les quatre fers en l’air. « Très drôle, espèce de petite peste », marmonna l’Esprit, se retrouvant à offrir un sourire exaspéré quand Fluttershy mit son sabot sur sa bouche et gloussa encore plus.

Fluttershy roula sur ses sabots, toujours en train de rire. « Nous ferions mieux d’y aller ; nous ne voulons pas être en retard pour la fête que Pinkie Pie organise chez Twilight. »

« Jamais de la vie je ne penserais à retarder notre arrivée pour passer du temps avec ces délicieuses et mécréantes pouliches », dit sarcastiquement Discord, qui cria de douleur quand Fluttershy enleva une petite plume de son aile.

« Sois gentil », lui dit-elle, regardant fermement le draconequus boudeur. « C’est l’Hearths Warming Eve, tu te souviens ? Le jour où tout le monde met de côté ses différences et se réunit comme une famille. »

« Beurk », marmonna l’Esprit, criant encore plus quand Fluttershy referma sa mâchoire sur sa queue et le tira vers la porte.

***************************************************************************************

« C’est la fêêêête ! » couina Pinkie Pie, et des confettis sortirent du plafond, décorant l’arbre enguirlandé avec une pluie arc-en-ciel, qui se collaient dans chaque crinière, et sur les longues cornes d’un certain draconequus.

Ce draconequus était allongé dans une pile de cadeaux, léchant avec joie une pomme au caramel d’Applejack, tout en buvant du chocolat au lait depuis sa paille incroyablement longue. Il regarda Rarity qui s’approchait de lui avec une élégante écharpe rayé avec un ruban dessus.

« Voilà pour toi, chien », dit-elle sèchement, en lui tendant l’écharpe. Discord la tritura quelques fois dans ses mains, l’air pensif, et puis la transforma en un long morceau de fromage, qu’il attacha avec joie autour de son cou.

« C’est beaucoup mieux. »

« Quel toupet », s’écria Rarity, se retournant et s’éloignant pour bouder. Une patte lui attrapa légèrement la queue et la pétrifia sur place.

« Oh Rarity, ma chère, tu ne sais pas que c’est impoli de s’éloigner de quelqu’un quand il va te donner aussi un cadeau ? » La licorne se retourna, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte devant l’affreux caillou gris avec un ruban dessus à côté de l’Esprit.

« Oh, Equestria – comment – comment as-tu pu faire revenir ça ?! » cria la licorne, un sabot sur son cœur en reculant de quelques pas. « Comment –non- nooon, va-t’en, espèce de monstruosité ! » hurla Rarity, les sabots sur sa tête en trébuchant en arrière, tourbillonnant et filant à toute vitesse dans le coin le plus éloigné de la bibliothèque pour trembler.

Discord rit de façon hystérique, s’allongeant dans la pile d’emballages colorés et mâchonnant sa pomme d’amour, tout en grignotant un cupcake à la barbe à papa de Pinkie Pie. Le glaçage rose recouvrait son visage, créant une adorable barbe rose autour de sa bouche, et collant à sa propre barbe.

Rainbow Dash fronça du museau en signe de dédain devant la bête sans manières qui avait maintenant plongé la tête dans son cupcake, le glaçage coulant même sur ses cornes. « Okay, je ne suis peut-être pas la plus maniérée, mais c’est pas un peu trop ? » s’exclama-t-elle, le désignant du sabot et faisant un son grotesque pendant que l’Esprit glissait sa langue de serpent sur son visage pour se nettoyer.

Fluttershy ne fit que rire, prenant une toute petite gorgée de son thé à l’herbe. « Laisse-le s’amuser, Rainbow Dash… Je lui ferais prendre un bain plus tard. » Oh, un bain, c’était toujours amusant. Ce n’était pas qu’elle ne parvenait pas à le mettre dans l’eau, mais il insistait toujours pour transformer l’eau en une sorte de liquide collant.

Twilight grimaça pendant que des éclaboussures de glaçage tombaient sur ses étagères, et elle se jura qu’elle lui ferait quelque chose d’horrible s’il ruinait ses livres avec son stupide cupcake. Son attention était portée vers une très discrète Fluttershy, dont les yeux semblaient attirés vers la fenêtre et le chaud et lumineux soleil.

« Comment tu te sens, Fluttershy ? » demanda doucement Twilight, faisant un câlin à la pégase jaune. « Désolée pour la perte de ta mère… »

Un regard étrange, calme et tranquille vint dans ses yeux bleus, et la pégase reposa son menton sur le rebord de la fenêtre. « Je n’aime pas penser à ça comme une perte », dit-elle doucement, souriant et retenant des larmes. « Je sais que maman est heureuse maintenant, et ça me rend heureuse. » Elle pencha sa joue contre le dos du cou de Twilight alors que la jument couleur lavande caressait doucement son menton.

« Si tu n’as pas envie d’être seule, on peut toutes t’accueillir chez nous. Nous sommes tes amies, Fluttershy. »

Fluttershy caressa son museau contre celui de Twilight, et regarda du coin de l’œil l’Esprit avec un regard affectueux, gloussant intérieurement quand il semblait avoir sa propre patte collée à son visage recouvert de barbe à papa. « Je ne suis pas seule, Twilight. »

« Laisse-moi reformuler », dit catégoriquement Twilight, fronçant des yeux vers Discord, « si tu ne veux pas être seule avec lui. » Elle essaya de ne pas le dire avec trop de dédain, sachant à quel point Fluttershy se souciait de l’Esprit.

La pégase ne sembla pas en tenir compte, souriant de façon absente vers le draconequus et prenant une autre gorgée de thé. « Oh Twilight, je me fiche d’être avec lui. J’aime être avec lui la plupart du temps. »

Twilight savait qu’elle ne pouvait pas vraiment répliquer devant la réponse de Fluttershy ; elle avait appris ce qui s’était passé à l’hôpital, et que c’est Discord qui avait réuni Fluttershy et sa mère ensemble durant ses derniers moments.

Selon Fluttershy, il avait été plutôt bien élevé depuis le décès de Camellia. Pas de blagues de toute la nuit, pas même un changement dans le cottage. Pas de taquineries, et durant la nuit, il était simplement resté dans son lit ou flottait au-dessus du canapé là où Fluttershy regardait la fenêtre en silence.

La petite licorne sourit, avant de se diriger vers la créature qui essayait toujours de se sortir de la pagaille à la barbe à papa qu’il avait créé. Il vit le sourire et fit apparaître un seau d’eau au-dessus d’elle, ce qui la trempa.

Fluttershy avait toujours les yeux fixés vers le soleil en avançant silencieusement vers la porte, devant Pinkie Pie et son jeu du ‘Accroche l’étoile sur l’arbre d’Hearths Warming’, et devant Applejack et Rainbow Dash qui pêchaient des pommes avec leurs bouches, et même devant une licorne assez affolée dans un coin.

Ses sabots glissaient librement dans la neige ; elle ne s’embêta même pas à mettre ses nouvelles bottes, aimant la sensation de fraîcheur sous ses sabots. Elle regarda chaque flocon de neige ; puis vers le soleil. Ses yeux se rétrécissaient, mais elle s’en fichait en regardant intensément la boule brûlante de feu, presque capable de voir les traits du beau visage de sa mère rayonnant sur elle à travers les chauds rayons du soleil.

La pégase cligna des yeux quand une paire de lunettes de soleil lui tomba dessus, et elle sourit vers l’Esprit qui était allongé au-dessus de sa tête, sa barbe tombant sur son visage.

« Tu ne veux pas te brûler les yeux, n’est-ce pas ? »

« Merci », murmura Fluttershy, ce à quoi répondit Discord avec un « Pas de souci ». Fluttershy sourit et se retourna, secouant sa tête en s’avançant vers lui. « Non, je veux dire pour les lunettes de soleil. » Elle baissa les verres, concentrant ses yeux bleus compatissants et reconnaissants sur ceux rouges confus et légèrement nerveux.

« Merci pour tous ces derniers jours, et pour être toujours là pour moi. Merci pour avoir mis un sourire sur mon visage quand j’en avais le plus besoin, et même pour avoir fait des choses pour essayer de m’agacer pour que tu ne me voies pas pleurer et que je m’évade l’esprit. » Il se tut, le visage dépourvu d’émotions pendant que son discours joyeux, déchirant et sincère se poursuivait.

Elle passa du rire aux larmes en continuant. « Merci pour la drôlerie et même le chaos que tu as mis dans ma vie, en s’assurant qu’elle ne soit jamais ennuyeuse. » Elle trotta plus près de lui, et peu importe s’il reculait à chaque pas qu’elle faisait. « Merci pour être quelqu’un à qui je peux faire confiance et que je peux aimer. »

Il se gela, stupéfait, descendant lentement au sol et ne la quittant pas des yeux. C’était tout ce qu’il pouvait faire alors qu’une chaleur inhabituelle se tortillait dans son cœur indifférent, et le revêtit d’une teinte rouge.

« Fluttershy ! » cria Pinkie Pie depuis la fenêtre ouverte de la bibliothèque. « Viens – on coupe le gâteau que j’ai préparé ! »

Fluttershy se détourna de lui sans un mot, galopant avec joie vers la bibliothèque et à travers la porte ouverte avant de la refermer en silence.

Discord se pencha contre un arbre, secouant sa tête et enlevant ces yeux bleus et ce doux visage de ses pensées. Il se força à ricaner, mais vit qu’il n’y avait plus assez de glace pour enrober son cœur. Fluttershy en avait fait fondre la majeure partie. Il soupira et laissa son corps glisser dans la neige, tenant sa poitrine et regardant au loin avec un regard incrédule.

« Tu as fait quelque chose de bien, tu sais. » Le cœur de l’Esprit bondit dans sa gorge quand Twilight lui parla doucement de son côté. Il ne la regarda pas, concentrant ses yeux sur les nuages ; évitant prudemment le soleil.

« Tu n’as pas… je ne sais pas, de la fête à faire ? » ronchonna l’Esprit, se demandant s’il allait lançait une autre tarte dans sa tête. Elle semblait imperturbable devant son ton ennuyé et agacé.

« Je suis fière de toi. » Cela le poussa à l’entarter, plus fort que d’habitude. Elle ne semblait pas du tout découragée, même lorsque la crème glissa le long de sa crinière et de sa poitrine. Elle lui fit signe d’un sabot bienvenue, ouvrant la porte pour lui et elle.

Discord regarda la porte ouverte pendant quelques secondes, puis le sourire chaleureux à travers les restes de crème à la noix de coco.

Il commença à se retourner, lui tournant le dos jusqu’à ce qu’il entende le rire de Fluttershy, tournée dans tous les sens, les yeux bandés en face du jeu ‘Accroche l’étoile sur l’arbre d’Hearths Warming’, et l’Esprit la regarda pendant quelques instants, avant de suivre la licorne en silence à travers la porte ouverte.

Les rires remplirent la librairie, flottant à travers les fenêtres et se faisant entendre dans tout Poneyville ; dans le vent, le ciel, les sons de joie rencontraient les rayons chauds à travers la fenêtre ouverte, brillant et illuminant le visage joyeux de Fluttershy et son sourire.

Fin

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Note de l'auteur

Joyeux Noël si ça n'est pas encore passé. En espérant que cette triste histoire ne vous l'aura pas trop gâché...

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AuRon
AuRon : #35403
Je ne dirais pas que c'est une histoire triste même si la mort d'un proche et l'acceptation de cet événement le sont, le dénouement laisse une douce sensation
Il y a 2 ans · Répondre
Willgethernatsu
Willgethernatsu : #17463
Ou est Spike ? D:
Il y a 3 ans · Répondre

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