Une histoire dans une histoire

Twilight descendit à toute allure les escaliers de son château et arriva à la bibliothèque qui y avait été récemment aménagée. Là, Spike fixait une feuille de papier, visiblement en pleine réflexion.

« Spike ! appela Twilight.

— Qu’est-ce qu’il y a, Twi ? répondit-il sans même relever les yeux. T’as trouvé des idées ?

— Yep ! On est obligés de gagner avec celle que je viens d’avoir ! » Un large sourire de satisfaction illuminait ses traits.

« Vraiment ? Dis-moi ! » Spike sautillait sur son siège, souriant à son tour.

Pour changer un peu d’air, Twilight avait décidé que Spike et elle devraient essayer d’écrire une fanfiction Power Ponies pour le concours bimensuel qu’organisait Fanfiction Today. Cependant, ce qui était censé être une distraction amusante et légère s’était changé en des heures de réflexions infructueuses et en maux de tête.

« Bon, voilà. » Twilight s’éclaircit la gorge, et Spike s’avança au bord de son siège, excité. « Ce sera une fascinante romance mêlée d’aventure dans les rues de Maretropolis. Elle tournera autour de Hum-Drum qui va sortir de sa spirale d’échecs et…

— Nope. Ça marchera pas, l’interrompit Spike qui secoua la tête et croisa les bras.

— Quoi ? Mais tu n’as même pas entendu toute l’idée !

— Pas besoin. C’est sur Hum-Drum ! répondit-il.

— Et ? demanda Twilight, confuse.

— Personne n’aime Hum-Drum ! Certains poneys ne lisent même pas une histoire si Hum-Drum est le personnage principal. Ils vont juste la regarder, dire que c’est nul et passer à la suivante. » Spike se prit la tête dans les paumes et poussa un profond soupir.

« Pff, allez, Spike… On vit dans une société évoluée. Personne n’est aussi bête de nos jours ! Ils ne peuvent pas juste… juger aveuglément et sans motif valable. » Twilight pouffa, mais son ami leva les yeux au ciel.

« Ils le peuvent, et ils le feront. On vit avec des poneys stupides, Twi. Plus vite tu l’apprendras et mieux tu te sentiras. » Spike hocha tristement la tête et retourna à son papier.

« Ok, tu suggères quoi alors, Spike ?

— Eh bien, j’ai trouvé ces quelques idées. Dis-moi ce que tu en penses. » Il tendit sa feuille à Twilight, qui la fit léviter à hauteur d’yeux.

Alors qu’elle examinait l’intrigue qu’il avait prévue, son visage se tordit progressivement en une grimace de dégoût.

« Spike ! C’est… C’est…

— Parfait ?

— Horrible ! C’est juste une histoire bateau sur Zapp et Masked Matter-Horn qui discutent dans leur repaire et commencent à s’embrasser sans aucune raison ! Personne ne voudra lire ça !

— Erreur : TOUT LE MONDE voudra lire ça ! Regarde les histoires populaires de l’édition du mois dernier. » Spike attrapa le numéro le plus récent de Fanfiction Today et tourna les pages jusqu’à trouver celle qu’il cherchait, puis le jeta au visage de Twilight. « Tu vois ? Dans le top dix des histoires élues par les lecteurs, on trouve trois histoires comme celle que j’ai planifiée. En plus, il y a deux histoires matures, et une sur Fili-Second qui mange une pomme de terre farcie. C’est une méthode que tu dois suivre, Twi ! »

Twilight grimaça alors que l’histoire qu’elle allait écrire faisait son chemin dans son esprit. « Mais, Spike, c’est si… cliché ! On le fait simplement parce que tout le monde le fait. »

— Yep. Ça me paraît bien.

— … Bon. Finissons-en. »

Tous deux passèrent la majeure partie de la demi-heure qui suivit à écrire la fiction qui, avec un peu de chance, les rendrait populaires auprès des lecteurs. Les sourcils trempés de sueur, les griffes douloureuses et le moral à zéro qui pouvait seulement résulter du fait de se vendre à la foule, ils avaient enfin terminé.

« Ok, Spike, lis donc ce qu’on a fait !

— Ahem. » Il s’éclaircit la gorge et brandit leur chef-d’œuvre commun. « Il est écrit :

C’était une nuit sombre et orageuse à Maretropolis. La ville était calme pour le moment, alors les Power Ponies en profitaient pour se relaxer et prendre un repos bien mérité.

… Sauf deux d’entre elles.

— Attends une minute, Spike. Est-ce que c’est correct d’utiliser la ponctuation comme ça pour faire une ellipse ?

— Twilight, tais-toi et laisse-moi lire.

Le repaire offrait une belle vue sur la ville entière, dont profitaient actuellement deux membres des Power Ponies.

“J’aime ces nuits détendues. Tant de beauté, tant de paix.” Zapp leva les yeux vers son amie, Masked Matter-Horn.

“Je sais. Ce genre de moment me fait réfléchir à la vie. À ceux qui comptent vraiment.” Mask rendit son regard à Zapp, un sourire aux lèvres.

“Je vois ce que tu veux dire. Ça fait penser à ceux que tu aimes vraiment.”

— Attends une minute ! l’interrompit Twilight une fois de plus. Maintenant qu’on lit à voix haute, je me rends compte à quel point elles sont out of character ! Elles ne parleraient jamais comme ça dans la BD !

— Crois-moi, Twi… ça n’a pas d’importance.

Les deux Power Ponies se regardèrent dans les yeux un court instant. Le monde sembla s’arrêter alors que leurs reflets s’estompaient dans ces deux magnifiques lacs colorés.

“Je t’aime, Zapp.

— Je t’aime aussi, Mask !”

Elles écrasèrent immédiatement leurs bouches l’une contre l’autre et roulèrent au sol. Leurs sabots caressaient le corps de l’autre de haut en bas, et elles se perdaient dans un monde de bonheur et d’amour. Leurs langues se disputaient dans une lutte aux proportions épiques.

— Une lutte de langues ? » Twilight leva les yeux au ciel.

— … Oui, Twilight.

Dès qu’elles pensaient que la situation ne pouvait plus s’améliorer, leur désir atteignait de nouveaux sommets. Malheureusement, elle durent reprendre leur respiration, alors leurs lèvres se séparèrent un bref instant.

“Je veux être avec toi… pour toujours, dit Zapp, un mince filet de salive connectant leurs lèvres.

— Je ressens la même chose ! Nous devons le concrétiser !”

La nuit de passion qui s’ensuivit surpassa tout l’amour et le désir qu’elles avaient toutes deux jamais ressentis. Et elles adorèrent ça.

FIN

— Eh bien, c’était la pire histoire que j’aie jamais eue à supporter jusqu’au bout, déclara Twilight, le dégoût bien discernable dans ses mots. Je n’arrive pas à croire que tu m’aies fait co-écrire cette atrocité ! C’est bateau, cliché, affreusement mal rythmé, et ça n’a aucun sens. C’est juste une excuse pour avoir une scène de lesbiennes !

— Parfait ! Fictions populaires, nous voilà ! »