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Le Fruit de la Vengeance

Une fiction écrite par Usui.

Chapitre 12 : Mensonges et non-dits

Le son sec d'un sabot toquant à la porte extirpa Applejack de son sommeil. Cela faisait longtemps que quelqu'un avait pris la peine de la réveiller, cela remontait au moins à son départ d'Appleloosa. Mais ce n'était pas la manière dont la fermière aurait voulu se lever. Elle regrettait le son des casseroles que cognait Granny Smith à l'approche de la récolte de pommes zap...

Comme le sabot semblait insister, Applejack se leva de mauvaise grâce avant d'ouvrir la porte. Sur le pas de cette dernière se trouvait Rarity, coiffée de manière impeccable comme à son habitude, là où son amie avait la crinière toute ébouriffée.

« Il est déjà dix heures du matin, Applejack ! Fit remarquer la licorne. Ça fait une heure maintenant que ton oncle et ta tante sont partis travailler ! Allez hop, on se bouge !

-Ca va, pas la peine de m'crier d'ssus... Se plaignit Applejack »

A présent qu'elle était assurée que son amie était sur ses quatre pattes, Rarity partit en direction de la salle à manger, pendant qu'Applejack s'occupait de changer les draps. Une fois qu'elle eut fait cela, elle alla se doucher dans la salle de bain, située à gauche de sa chambre. Le jet d'eau chaude permit à sa crinière de retrouver son uniformité tout en nettoyant la robe orange de la ponette. Elle se sécha, puis attacha sa crinière et sa queue avant de récupérer son chapeau dans la chambre. Ce n'est qu'une fois qu'elle eut accompli tous ces petits gestes qu'elle s'installa à table, où lui fit servi par Rarity une fournée de crêpes qu'elle commença à dévorer avec entrain, accompagné d'une confiture aux écorces d'oranges amères.

Cela faisait déjà une semaine qu'elles étaient arrivées à Manehattan, et ce genre de scènes matinales était devenu récurrent. En effet, suite à la décision d'Applejack, elle et Rarity s'étaient rendues à la cité la plus cosmopolite d'Equestria. A peine arrivées, elles eurent un dilemme sur l'endroit où elles logeraient. La jeune fermière connaissait les membres composant deux branches de sa famille : les Orange d'une part, un couple de bourgeois chez qui elle avait déjà demandé asile par le passé quand elle cherchait encore sa voie, et les Seed d'autre part, famille aux revenus plus modestes qui tenait une petite boutique de jardinage. Même si AJ appréciait beaucoup les Seed, en particulier ses cousines Wet et Babs, son choix s'était porté sur les Orange pour trois raisons : ils avaient suffisamment de place chez eux pour recevoir deux ponettes, ils fréquentaient les hautes-sphères Manehattaniennes, ce qui pourrait lui apporter des informations sur la localisation de Fancypants, et surtout par égard pour Rarity, qui rêvait nuit et jour de fréquenter les grandes classes sociales.

Par conséquent, une semaine auparavant, les deux amies avaient frappé au domicile des Orange afin de leur demander s'ils pouvaient les héberger durant une période indéterminée. D'abord réticents à cette idée, même s'il s'agissait d'aider leur nièce, les Orange acceptèrent en contemplant les talents de couturières de Rarity, qui en l'espace de quelques jours, avaient confectionné deux robes pour Mme Orange. De plus, Applejack payait les frais d'hébergement grâce à ce qui lui restait de la vente de son rubis.

Deux jours après leur arrivée, elles avaient demandé aux Orange s'ils connaissaient Fancypants. Leur espoir d'en savoir plus fut balayé d'un coup de vent en apprenant que ces derniers savaient simplement ce qui était à la portée du commun des mortels. Applejack avait néanmoins décidé de rester cinq jours de plus, le temps de réfléchir à la suite des événements. Rarity lui avait alors conseillé de revenir à Ponyville, mais celle-ci se heurta à un mur d'obstination chez la fermière qui avait déclaré : « J'retournerai pas à Ponyville sans avoir tenu ma promesse ! ». La licorne n'insista pas plus, car elle considérait que c'était déjà un miracle qu'AJ avait accepté sa compagnie sans rechigner. Elle ne voulait pas perdre la confiance de son amie, même si elle voulait avertir Twilight et les autres de la situation. Une fois sa tête reposée, elle trouvait pour le moins gênant d'être parti sans rien dire et imagina toutes sortes de scénarios catastrophes.

Ainsi était constitué le quotidien des deux amies depuis quelques jours. En poussant un soupir, Rarity se mit également à table en saisissant une des crêpes qu'elle posa dans une assiette avant de saisir les couverts pour la découper en fines tranches.

« On part toujours demain ? demanda-t-elle

-Si y a pas d'imprévus, ouaip. répondit du tac au tac AJ

-Où on va ?

-J'en sais fich'trement rien, avoua la fermière. Ma tête est un foutoir complet...

-Pourquoi ne pas aller voir la princesse Celestia à Canterlot ? proposa la licorne »

La fermière tapa brusquement sur la table avec son sabot, faisant alors sursauter la licorne, avant de dire d'un ton ferme, ne laissant aucune place au doute :

« Aller la voir, ça signifie être repérées par Twi et co. Et ces dernières vont bouger leurs popotins pour que j'rentre à Ponyville. Et ça, c'est niet ! Si c'était pour m'dire des trucs de c'genre, t'avais qu'à rester avec les autres !

-Du calme, je ne voulais pas te contrarier, fit Rarity en caressant le sabot de son amie. Je sais très bien que tu as ta promesse à tenir, j'ai suggéré cette idée comme ça... »

Le petit-déjeuner se poursuivit en silence. Une fois qu'elle eut fini sa part, Applejack se leva en portant son assiette jusqu'à l'évier et fit d'un ton plus serein :

« J'ai besoin de sortir un peu...

-J'espère que tu n'as pas l'intention de me fausser compagnie, fit avec méfiance la licorne.

-L'argent est dans la chambre, annonça AJ. Vérifie si tu veux.

-Ça va, je te fais confiance. Essaye de rentrer pour le déjeuner. »

En se dirigeant vers la porte, la fermière fit un geste du sabot pour signaler qu'elle avait compris le message. Lorsqu'elle entendit la porte claquer, Rarity poursuivit son repas, avant de nettoyer la vaisselle. Une fois cette corvée ménagère achevée, elle alla en direction de la chambre de son amie et fouilla son armoire. En s'apercevant que l'argent était à sa place, elle émit un « ouf... » de soulagement.

Elle avait beau avoir réussi à se faire accepter d'Applejack, une part de Rarity demeurait quand même sur le qui-vive. Elle avait trouvé en effet que son amie s'était laissée facilement convaincre. Trop facilement, si l'on comparaît cela à son obstination. C'était pourquoi Rarity n'avait jamais l'esprit tranquille en la laissant se balader toute seule. Elle craignait qu'Applejack en profite pour s'enfuir une nouvelle fois. La licorne avait le sentiment qu'Applejack ne lui faisait pas entièrement confiance, qu'elle pensait que sa présence à ses côtés pouvaient très bien être une partie d'un plan de Twilight pour la ramener au bercail. La licorne avait imaginé que les choses s'arrangeraient peu à peu, mais plus le temps s'écoulait, plus un climat de tensions s'installait entre elle et la fille Apple...


Une fois rassurée, elle referma la porte de l'armoire avant de débuter l'entretien du domicile des Orange. Elle s'occupait méticuleusement de toutes les poussières, passait le balai dans les moindres recoins, y compris les plus difficiles d'accès. Elle termina le ménage en passant la serpillière sur le sol et en nettoyant les carreaux. Elle y passa le restant de la matinée.


Le ménage achevé, Rarity tomba sur le canapé, épuisée. Elle avait un peu perdu l'habitude du nettoyage depuis le temps qu'elle avait laissé le Carrousel aux bons soins de Sweetie Belle. Dans le même temps, elle se demandait ce que faisait Twilight et les autres. A force d'y repenser, elle avait fini par comprendre ce qui aurait pu amener son amie dans cet état : le surmenage. Elle en avait trop fait, comme son bébé dragon. Excepté que cette fatigue a littéralement éclaté aux yeux de de tous. Rarity se dit alors qu'elle était probablement celle qui avait le plus de mal à cacher ses sentiments profonds. Contrairement à Applejack, qui était devenue de plus en plus douée dans ce domaine...


Elle remarqua ensuite le journal du jour posé sur la table basse du salon. Entre la préparation du déjeuner et l'entretien de la maison, elle n'avait pas eu le temps de le lire. Rarity lisait toujours le journal depuis son arrivée à Manehattan, par opposition à Applejack, qui n'y portait qu'un intérêt très modéré. La licorne lisait l'intégralité du quotidien à la recherche d'éventuelles informations qui pourrait les guider dans leurs voyages, tout en se délectant des ragots destinés à la haute-société. C'était toujours amusant de constater toutes les intrigues et manipulations qui étaient les mots d'ordre dans cette classe sociale. C'était dans ce genre de moments qu'elle prenait conscience du bonheur et de la chance qu'elle avait d'avoir une vie si simple. Elle entama tranquillement sa lecture en s'allongeant à son aise dans le canapé et arriva à la page des spectacles...



Pendant ce temps, Applejack prenait la direction du port. Elle n'en avait pas soufflé mot à Rarity, mais elle s'était trouvée un emploi à temps partiel sur les docks. Elle se chargeait de manutentions diverses. Des fois, elle déchargeait les navires de marchandises qui débarquaient, d'autres fois, c'était l'inverse. C'était un job simple qui demandait juste un peu de force physique et de la prudence, ce dont Applejack était parfaitement capable.



La fermière avait décidé de travailler là-bas une journée après son arrivée dans la cité. Elle commençait déjà à s'ennuyer de ne rien faire et cela l'énervait de réfléchir constamment à la situation. L'emploi qu'elle avait déniché lui permettait de palier à ses deux soucis : elle dépensait son trop plein d'énergie et en restant rivée sur ce qu'elle faisait, elle ne pouvait pas penser à autre chose. Et ce faisant, elle rendait service aux marins et aux marchands.


Applejack avait un long chemin à parcourir pour arriver aux docks, vu que ces derniers étaient situés à l'opposé complet du quartier bourgeois où habitaient son oncle et sa tante. En traversant ainsi toute la ville, elle constatait de façon flagrante les inégalités qui la régissaient. En effet, si la partie ouest de la ville se montrait chaleureuse et accueillante, avec ses arbres en fleurs jonchant les allés pavées et ses résidents vêtus de façon élégante, ce n'était pas le cas de certains quartiers plus défavorisés, où les passants marchaient encore sur une terre parfois très boueuse. Les choses revenaient un peu plus à la normale au fur et à mesure que l'on parvenait au quartier commerçant, centre névralgique de Manehattan, offrant malheureusement un contraste saisissant. Une fois la zone des boutiques dépassée, on arrivait au port, probablement l'endroit le plus animé de Manehattan.

Certains bateaux ne cessaient d'aller et venir, tandis que d'autres restaient amarrés à quai. Les marins et les dockers faisaient chacun leur part d'un travail harassant et pourtant indispensable au bon fonctionnement des affaires du pays. La plupart d'entre eux se rendaient presque aussitôt dans le bars afin d'évacuer le stress accumulé au cours de la journée, bien que le jus de pommes servi dans ces derniers étaient de bien moindre qualité que celui que la famille d'Applejack produisait à Sweet Apple Acres, selon cette dernière, qui était passée dans l'un d'entre eux une fois sa première journée de labeur terminée.


Applejack ne flâna pas très longtemps dans les rues des docks et se rendit rapidement au hangar où elle travaillait. Elle salua au passage quelques collègues, des étalons bien bâtis par leurs activités quotidienne. Ces derniers avaient été un peu brusques à son égard lors des deux premiers jours, car ils voyaient mal comment une jeune fille pouvait se lancer dans ce type de carrière. AJ était cependant parvenue à les bluffer, non seulement en se chargeant du travail, mais également en abattant une masse de tâches supérieures aux autres ouvriers, qui loin d'être mauvais perdants, respectèrent la fermière. Elle songea dans ces moments que Granny Smith l'avait bien formé à Sweet Apple Acres...


Elle frappa au bureau de son employeur afin de lui présenter ses respects, et aussi pour pointer. En entrant dans la petite pièce aménagée à l'étage afin d'avoir une vue d'ensemble de l'entrepôt (et ainsi surveiller les éventuels tires au flanc), la jeune ponette vit son patron, Cardbox, un étalon terrestre assez corpulent à la robe acajou et à la crinière blonde arborant un carton en guise de Cutie Mark. Ce dernier se contentait pour l'instant d'admirer le fruit de son œuvre en fumant sa pipe en ébène. Il se retourna en entendant Applejack poster sa carte d'employée temporaire. Un grand sourire éclaira alors son visage, et il fit avec ses yeux turquoises pétillant :


« Ah, Applejack ! Notre ouvrière modèle !

-Vous m'flattez, M. Cardbox... fit la fermière d'un ton embarassé.

-Mais c'est que vous les méritez ces éloges ! fit constater Cardbox. Quel dommage qu'il s'agisse de votre dernière journée ici ! »


L'étalon eut une mine déconfite. En laissant partir cette fille, il s'asseyait sur une augmentation des bénéfices. Même s'il faisait ce métier avant tout par vocation, il devait s'assurer un minimum que son entreprise soit rentable. Applejack tenta alors de soulager sa peine :


« Toutes les bonnes choses ont une fin, M. Cardbox. C'est triste, mais c'est comme ça.»


Les mots qu'elle prononça eurent le don de serrer le cœur de la fermière. Oui, toutes les bonnes choses avaient une fin, pensait-elle. L'époque où elle travaillait dans les champs avec sa petite sœur tout en s'amusant était bel et bien révolue à ses yeux. Depuis le temps qu'elle arpentait Equestria, elle commençait peu à peu à se résigner. C'était à peine si elle se souvenait du but initial de sa folle escapade : Sortir sa famille du coma ? Retrouver la pourriture qui leur avait fait subir ce sort peu enviable ? S'il y avait une chose dont elle était certaine au moins grâce aux informations de Rarity, c'est qu'il y avait un responsable à ses souffrances. Et elle lui ferait payer lorsqu'elle l'aurait acculé...


« Hmm, Applejack ? »


Le ton interrogatif de Cardbox extirpa la ponette de ses pensées et celle-ci répondit qu'elle allait se mettre immédiatement au travail. Son employeur l'assigna alors à s'occuper du chargement du navire Plume noire en binôme avec Anchor Sail. La fermière se réjouit alors du fait d'être avec ce dernier qui lui avait servi de partenaire durant la majeure partie de son séjour. Elle sortit de l'entrepôt et se dirigea vers le navire qu'elle devait décharger. Son partenaire l'attendait avec une impatience non dissimulé.


Anchor Sail était un étalon qui commençait déjà à se faire vieux, même s'il était tacitement admis par tous qu'il était interdit de lui en faire part, sous peine de s'exposer à son courroux. Et c'est qu'il était impressionnant le poney, avec sa fière robe bleu marine, ses pattes musclées, son regard de braise qui imposait instantanément le respect à ceux à qui ils s'adressaient, et sa cutie mark symbolisant une ancre de fer massive. En dépit de cette allure imposante, il s'agissait d'un poney très sympathique, et il n'avait pas fallu beaucoup de temps à Applejack pour l'apprécier. Et ce sentiment était réciproque, comme en témoigna leur coup de sabot simultané.

« Salut, p'tite pouliche ! fit Anchor Sail d'un ton solennel, qui contrastait grandement avec la familliarité de son language.

-Yo, le matelot ! Répondit la fermière »


Ce simple salut montrait le respect mutuel que les deux se portaient. Applejack l'avait surnommé « le matelot » en raison de son expérience passée sur les mers. En effet, Anchor Sail travaillait auparavant sur un navire marchand, comme celui qu'ils devaient décharger aujourd'hui, ainsi que sa cutie mark le mettait en évidence. Toutefois, il avait tout abandonné il y a cinq ans et s'était reconverti dans la manutention aux docks, ce qui lui permettait de demeurer auprès de la mer sur laquelle il avait tant navigué. Lorsque le binôme profitait d'une pause bien méritée après de longues heures de travail, Anchor Sail faisait le récit de ses aventures en mer, bravant les tempêtes aux côté de ses amis marins. Applejack écoutait attentivement ses paroles, avant de lui poser diverses questions sur la navigation, étant donné son ignorance en la matière. Questions auxquelles l'ex-matelot se faisait une joie de répondre, ravi d'avoir trouvé une auditrice aussi passionnée.


Le duo se mit immédiatement au travail en commençant à décharger les caisses entreposées dans la soute du bâteau. Certains membres d'équipage proposèrent leur aide, mais les deux poneys refusèrent poliment et Anchor Sail leur suggéra même d'aller fêter leur retour sur la terre ferme au troquet du coin. Il y avait une bonne dizaine de caisses en tout et ces dernières s'avéraient lourdes. En général, Applejack et Anchor Sail pouvaient sans problèmes s'occuper d'une moitiée du chargement en solitaire, mais cette fois, il faudrait davantage travailler en équipe. La fermière alla récupérer des cordes avant de s'harnacher avec Anchor Sail. Le reste reposeraiit sur leurs forces cumulées.


Le binôme rencontra quelques obstacles sur sa route, notamment lorsqu'il s'agissait de faire passer les caisses sur la passerelle. Anchor Sail commençait à vociférer sur le fait que Cardbox avait été trop radin pour installer une grue pour ce genre de cas. Cela amusa beaucoup AJ, qui ne fit rien pour tenter de le calmer. La colère de l'ancien marin comptait pour deux.


Parvenu à transporter en sûreté jusqu'au hangar un peu plus de la moitiée des caisses, le duo décida d'un commun accord qu'il était grand temps de souffler un peu. Ils s'adossèrent contre les caisses déjà acheminées à bon port. L'étalon bleu marine commençait à fatiguer tandis qu'AJ semblait seulement un peu essoufflée. C'était sans doute ce qui distinguait la jeunesse des anciennes générations.


Applejack profita de la pause pour finalement demander à Anchor Sail la raison se cachant derrière son retrait de la vie marine. L'ancien matelot fut très surpris de la question de sa collègue, mais il accepta sans sourciller. Après tout, c'était sans doute la dernière fois qu'ils se parleraient de la sorte :

« C'est une histoire somme toute banale. J'ai lâché ma carrière au moment où j'ai appris que ma femme était enceinte de ma fille. »

La fermière était bien entendu au courant de la vie familiale de l'étalon, composée de sa femme Salt Water et de sa jeune fille Bubbles. Mais elle n'aurait jamais pensé qu'elles puissent être la raison. Elle lui demanda alors :


« Mais pourquoi avoir fait ça ? J'croyais que la mer était ta passion...

-Elle l'est toujours, clama avec fierté Anchor. Seulement, il y a des moments dans une vie où l'on doit faire des choix. Dans mon cas, j'avais à choisir entre la mer et fonder une famille. J'ai choisi. Choisi de vivre une vie remplie de bonheur aux côtés d'une femme et d'une enfant adorable, plutôt que de repartir en mer et de ne peut-être jamais revenir, risquant d'enlever le sourire de ma fille. »

Applejack regarda le sol d'un air pensif. C'était donc ça... Il avait sacrifié le domaine dans lequel il se sentait vivant au profit du bonheur de sa famille. Quel étalon ! Il avait vraiment un cœur et une âme hors du commun. Ce dernier perçut le malaise dans lequel il avait mis son amie et ajouta alors :


« Je n'ai pas sacrifié la mer. Je l'ai seulement troqué contre une autre sorte de bonheur, que je peux partager, en plus ! C'est comme lors des échanges commerciaux : t'as toujours un gagnant et un perdant, en vérité. Et là, je crois que c'est moi qu'ai gagné dans l'affaire ! »


En prononçant ces mots, il avait cogné son sabot contre sa poitrine, qu'il bombait d'un air fier. Il se sentait tel un héros vaillant, qui avait dû faire face à un terrible dilemme et qui était parvenu à revenir triomphant. Son attitude eut le don de revigorer Applejack, qui se disait en l'écoutant que la famille valait la peine que l'on se batte pour elle. Au bout du chemin épineux qu'elle parcourait actuellement, elle trouverait le bonheur, elle en était persuadée...


« Allez, p'tite pouliche ! fit d'une voix tonitruante Anchor Sail. La séquence « émotion » est finie pour aujourd'hui ! On a encore cinq bon gros caissons qui ne vont pas se déplacer tout seul !

-Je vais t'en montrer des pouliches, moi ! s'insurgea joyeusement la fermière. »


Les deux se levèrent et se remirent au travail. Maintenant qu'ils étaient reposés et échauffés, les caisses furent déplacées à une grande vitesse, tant et si bien que le navire fut totalement déchargé au milieu de l'après-midi. Le binôme pouvait à présent profiter d'un repos bien mérité. Ils se serrèrent les sabots pour faire leurs adieux (même si Applejack se promit de revenir le voir lorsqu'elle en aurait fini avec tout ça), et tandis qu'Anchor partit se changer dans les vestiaires de l'entrepôt, AJ fila au bureau pointer et récupérer sa paie. Cardbox l'attendait déjà, avec le salaire de la jeune fille posée sur son bureau. Avant de récupérer son dû, Applejack, le chapeau baissé, attendit que son employeur élève la voix :


« Je vous regretterais, miss. Vous étiez vraiment une bosseuse. Si jamais vous avez à nouveau besoin d'un travail ou d'argent, vous savez à qui parler.

-Je m'en souviendrais, annonça-t-elle d'un ton plein de reconnaissance »


Elle récupéra les sous posés sur la table et s'en alla en inclinant respectueusement la tête avant de remettre son chapeau. Elle quitta ainsi finalement l'entrepôt qui lui avait permis de s'évader un peu de ses soucis le temps d'une semaine. Qu'est-ce qu'elle avait pu passer vite... pensa Applejack.


Elle ne se sentait toujours pas d'humeur à rentrer au domicile des Orange, le soleil étant encore haut dans le ciel. Elle se promènerait un peu dans tout Manehattan avant de revenir. Seul souci, elle ne savait pas trop quoi faire. Au fil de sa marche paisible dans les rues bondés de passants, elle se souvenait d'un endroit où elle avait aimé passer du temps lorsqu'elle vivait chez les Orange. Il s'agissait d'un gigantesque parc naturel, situé en plein centre de la ville. C'était comme si on avait arraché un bout de la région de Ponyville afin de l'emmener à Manehattan. Ou alors, comme si on avait fait exprès de préserver un morceau de nature au sein de cette grande métropole qu'était Manehattan. C'était le genre d'endroits qui avait un goût inexplicable de nostalgie pour la fermière. Déjà, lors de son mal du pays...


Elle se décida finalement à y retourner, espérant que ce parc existait encore. Il ne fallait pas grand chose pour bouleverser les souvenirs. Applejack mit un certain temps à se rappeler du chemin qu'il lui fallait parcourir. Elle fut même un peu anxieuse en se rendant compte qu'elle n'y était toujours pas, alors qu'elle se souvenait que l'entrée était à cet endroit. Ses inquiétudes furent cependant balayées d'un coup de vent, lorsqu'elle vit enfin le grand parc se dresser devant elle.


Il semblerait que celui-ci avait juste vu ses dimensions réduites, ou bien les perceptions d'AJ étaient fausses. Qui pouvait le dire ? L'important était qu'il existait toujours. Applejack suivit alors le sentier marqué par les graviers, contemplant les forêts qui s'étendaient de chaque côté. Elle sentit durant son avancée les animaux comme les écureuils ou les lapins l'épier d'un air à la fois effrayé et fasciné. Lorsqu'elle arriva en vue d'un étang, elle décida pour elle-même qu'il était temps de se poser.


Elle s'allongea dans l'herbe fraîche qui plia sous son poids et se mit à contempler un ciel sans nuages. Elle avait la sensation d'être aspirée dans le vide, sensation renforcée par la brise du vent. C'était une sensation difficile à expliquer pour elle, mais si agréable. Elle commençait à se détendre un peu, à ne plus penser à rien...


« Ben alors, on lit quoi, la flanc-vierge ?! »


Applejack fut tirée de son repos par une voix moqueuse. Elle chercha son origine en regardant à droite et à gauche. Elle vit alors à une petite cinquantaine de mètres, au bord de l'étang, un groupe de cinq poulains, constitués de deux licornes, deux pégases et un terrestre qui entourait une petite jument en train de lire sur le banc en bois. Cette dernière, à la robe café, arborait une crinière et une queue pourpre drôlement courte. Visiblement, elle se faisait embêter par des camarades de classe qui arboraient tous une Cutie Mark, là où la pouliche n'en avait pas. La fermière assista à la scène sans intervenir, se demandant comment la petite allait réagir.


Cette dernière poursuivit sa lecture, faisant mine d'ignorer les quolibets autour d'elle.


« Tu te crois maligne ?! fit le poulain qui paraissait mener le groupe. Je vais t'apprendre à regarder les poneys qui te causent ! Hop ! »


Il arracha en prononçant ces paroles le livre des sabots de la pouliche, avant de le jeter dans l'étang. Elle n'intervint même pas et resta figée comme une statue. De l'endroit où elle se tenait, Applejack pouvait à peine le voir, mais la petite créature tremblait de tout ses membres. La fermière ne tenait plus et décida d'agir. Elle pensait que la pouliche ne disait rien pour se défendre, mais en la voyant ainsi, elle comprit que c'était surtout qu'elle était trop terrifiée pour tenir tête à ses opposants.


« Z'avez rien de mieux à faire ?! tonna Applejack. »


Les voyous en herbe se retournèrent et voyant la silhouette d'Applejack, s'enfuyèrent au triple galot. La fermière s'approcha ensuite de la jeune jument qui était en pleurs. Lorsqu'elle put enfin voir le visage de la petiote, Applejack comprit à cet instant à qui elle avait à faire juste en regardant ses yeux vert pommes.


Il s'agissait de sa petite cousine, Babs Seed. Elle ne l'avait pas reconnu au premier regard, car elle avait souvenir que sa cousine avait une crinière et une queue bien plus longue. Toutefois, en dépit de son jeune âge, Babs avait immédiatement reconnu Applejack et s'était jetée entre ses sabots, pleurant à chaudes larmes.


« Ça faisait un bail, Babs, se contenta de dire AJ. »

La petite sécha quelques minutes plus tard ses larmes et ses yeux se tournèrent vers l'étang. Applejack n'eut aucun mal à comprendre le fond de sa pensée et lui proposa alors :


« Viens, je vais t'en racheter un exemplaire. »

Surprise, Babs baissa sa tête, murmurant des remerciements maladroits, avant de suivre la fermière qui commençait à chercher une librairie pour aider sa cousine. Les deux ponettes marchaient silencieusement au sein d'une foule bruyante. Au bout de quelques minutes, Applejack se décida à lui poser la question qui trottait dans son esprit :


« Ca fait longtemps que tu te coupes la queue et la crinière ? »


Babs fut très gênée en entendant la question de sa cousine et n'osa plus affronter son regard, avant de lui répondre d'un ton faible :


« J'avais... Envie de changer de look... »


Mais Applejack n'était pas dupe : au vu de la réaction de sa jeune cousine, elle comprit que Babs avait menti. La vérité était sûrement tout autre. Elle n'avait sans doute pas choisi de raccourcir sa crinière et sa queue. On l'y avait contrainte, ou pire encore, on l'avait fait à sa place. Applejack aurait mis son sabot à couper que c'était le groupe qui la chahutait quelques instants plus tôt. Ils devaient lui avoir coupé la queue et la crinière pour l'empêcher de masquer son flanc vierge. AJ en était tout simplement révoltée, même les deux pestes qui se moquaient de sa petite sœur et de ses amies sans interruption n'auraient jamais été aussi loin. Cependant, elle savait que Babs ne révélerait rien, qu'elle avait trop peur des conséquences...


La fermière pensa alors qu'il était inutile de la mettre davantage plus mal à l'aise et préféra aborder les sujets familiaux. Babs se montra alors plus loquace et raconta à sa cousine que sa famille se portait bien, surtout Wet, sa grande sœur, qui aidait désormais ses parents en recevant les clients dans la boutique de jardinage. Elle se détendait peu à peu, rassurée par la présence d'Applejack. Cette dernière se demanda ce qu'elle pourrait faire d'autre pour l'aider. C'était vraiment dommage qu'une pouliche aussi agréable qu'elle se fasse ainsi brimer par d'autres poulains.


Elles finirent par trouver une petite librairie dans une allée commerçante de Manehattan et y entrèrent. Applejack lui demanda alors quel était le livre qu'elle lisait. Babs lui répondit alors avec un petit sourire :


« Daring Do et l'Ile de la Sorcière d'or ! »


Applejack eut alors un petit rire. Ça lui faisait plaisir de voir que les plus jeunes lisaient encore les aventures de Daring Do. Qui sait, sa cousine travaillerait peut-être un jour dans une bibliothèque ou écrirait-t-elle également des romans d'aventures ? Elle avait encore un grand éventail de possibilités devant elle. AJ dût cependant admettre qu'elle ne connaissait pas ce tome des aventures de la pégase.


Elles fouillèrent à deux le rayon consacré au genre aventure et finirent par mettre leurs sabots sur le volume concerné. Applejack examina la couverture qui lui sembla bien différente des autres livres de l'aventurière. En effet, Daring Do ne portait sa tenue d'archéologue habituelle, mais au contraire une élégante robe rouge sang. A ses côtés demeuraient un étalon jaune à la crinière rouge portant un costume blanc pour le moins classieux. Les deux personnages étaient posés sur le sabot d'une autre jument, à la crinière blonde et bouclée, qui souriait d'un air narquois.


Cette couverture eut le don d'éveiller la curiosité d'AJ qui se permit de poser une question à sa cousine :


« T'es sûre que c'est bien du Daring Do ? Ça change de d'habitude. »


La pouliche opina du chef :


« Ouais, mais c'est toujours aussi sympa à lire ! »


Applejack frotta avec douceur la tête de Babs de ses sabots, avant de récupérer un second exemplaire de Daring Do et l'Ile de la Sorcière d'or. Ça lui ferait un peu de lecture dans le train, même si elle ne s'était pas toujours décidé sur sa destination. La fermière passa à la caisse et paya les bits que coûtaient les deux livres, avant d'en donner un à Babs Seed :


« Voilà pour toi, sucre d'orge. fit-elle avec un sourire »


Babs ne savait plus quoi dire. Applejack lui dit alors que ce n'était rien et que cela lui faisait plaisir. La petite jument la remercia alors.


« Bon, maint'nant, j'te ramène chez toi, annonça Applejack.

-J'peux rentrer toute seule. Affirma Babs.

-J'insiste. J'ai envie de passer le bonjour à Wet, ainsi qu'à Tonton et Tata Seed. »


Elle commença à marcher, mais s'aperçut que Babs ne la suivait pas. Elle se retourna et vit qu'elle restait planté comme un arbre :


« Tu vas en parler à Wet ? demanda-t-elle, angoissée. De ce qui s'est passé tout à l'heure ? »


Applejack comprit le trouble résidant chez sa cousine. Elle soupira avant de répondre à l'interrogation de cette dernière :


« C'était dans mes intention, j'l'avoue. Mais si ça t’conviens pas, j’dirais rien. Mais crois-moi, Wet et tes parents sont sans doute les seules personnes qui peuvent régler tes problèmes. Tu penses certainement que si tu en parles, il ne se passera rien, ou pire, que la situation empirera, mais c'est la seule solution. Ton idée du courage est fausse : ce n'est pas en supportant les brimades de tes camarades d'écoles que tu feras preuve de courage, mais en n'hésitant pas à en parler aux adultes. C'est pourquoi j’dirais rien... »


Babs resta muette. Sentant qu'elle avait refroidi l'ambiance avec son discours, Applejack ajouta ensuite :


« Mais si la situation devenait vraiment incontrôlable, ça ne me dérangerais pas de t'héberger à Sweet Apple Acres lors de tes prochaines vacances scolaires. Il me semble que t'as jamais rencontré ma petite sœur, Applebloom. Elle a le même âge que toi, vous devriez vous entendre à merveille ! »


Penser à Applebloom lui était douloureux. Elle la revoyait encore inconsciente dans son lit, avec sa demi-pomme en train de pourrir. C'était aussi pour cette raison qu'AJ avait conseillé à Babs Seed d'aller se confier à sa famille. Elle l'avait toujours auprès d'elle, alors qu'Applejack n'avait plus personne pour le moment. Elle voulait faire prendre conscience à la pouliche de la chance qu'elle avait. Après, c'était à elle de voir ce qu'elle devait faire. Mais la fermière n'avait aucun doute sur ce sujet : Babs était forte. Elle révélerait ce qu'elle avait sur le cœur lorsqu'elle se sentirait prête.


La pouliche suivit enfin AJ qui se chargea de la reconduire avec zèle à son domicile, une petite maisonnette d'apparence vétuste, mais robuste. La fermière frappa à la porte, qui s'ouvrit quelques secondes plus tard sur la silhouette d'une ponette de l'âge d'Applejack, à la robe vert pomme avec une crinière aux couleurs de la châtaigne, une Cutie Mark représentant un bourgeon et de beaux yeux turquoises qui se dilatèrent de surprise en voyant la ponette


« AJ ? Qu'est-ce tu fais ici ?

-C'est une façon d'accueillir sa cousine, Wet Seed ? remontra Applejack.

-Oups... Désolée... s'excusa Wet. Bienvenue à toi, AJ. Mes parents sont partis faire les courses. Tiens, tu étais là, frangine ?

-J'suis invisible, maintenant ? ironisa Babs Seed.

-Mais non, je plaisante, Babs ! expliqua en riant Wet. Tu crois que je pourrais oublier ma p'tite sœur chérie ?

-J'ai des devoirs à faire, annonça Babs avant de monter dans sa chambre. »


Sa sœur l'observa d'un air soucieux qui ne passa pas inaperçu aux yeux d'Applejack. Wet invita alors sa cousine à entrer et la conduisit dans la cuisine. Alors seulement Wet entreprit une véritable conversation avec Applejack :


« Tu l'as croisé sur le chemin ?

-Pas franchement. Répondit la fermière. »


La mine de Wet s'assombrit en entendant les propos de sa cousine. Elle se risqua à demander :

« C'est ces cinq-là, pas vrai ?

-T'es au courant ? fit une Applejack étonnée. Pourquoi t'as pas encore agi ?

-J'attends que Babs m'en parle, expliqua Wet. Ça servirait à rien, sinon. Elle doit grandir un peu dans sa tête, et comprendre qu'elle est pas seule.

-C'est bien, déclara AJ. Mais tu as pensé qu'ils pourraient lui faire du mal ? Ils ont quand même balancé son livre à la flotte ! »


Wet parut furieuse et sur le point d'exploser. Par respect pour Babs, elle se retint d'aller casser la figure aux poulains. AJ lui raconta ensuite comment elle lui avait payé un autre exemplaire. Sa cousine voulut alors la rembourser, mais Applejack refusa de toutes ses forces et Wet abandonna bien vite avant de changer le sujet de la conversation :


« Comment vont les autres à Sweet Apple Acres ?

-Très bien, mentit Applejack. Granny Smith a toujours autant la pêche, Big Mac est toujours aussi serein et Applebloom toujours aussi active.

-Au fait, tu n'as pas répondu à ma question, repensa Wet. Qu'est-ce tu fais à Manehattan ? »


Applejack décida de continuer sur sa lancée, même si elle n'aimait guère mentir à sa propre famille :


« J'accompagne mon amie Rarity. Elle vient honorer une grosse commande et je me suis proposée de l'aider à transporter ses vêtements jusqu'ici.

-Toujours aussi serviable à ce que je vois. Constata Wet.

-Et toi, toujours aussi effrontée ! Rétorqua AJ. »


Les deux cousines éclatèrent de rire avant de poursuivre leurs discussions pendant de longues minutes. Toutefois, Applejack jeta un coup d'oeil à la pendule fixée au mur de la cuisine et se rendit compte qu'il était déjà tard. Elle se leva et s'excusa auprès de Wet de n'être pas resté longtemps. Ce à quoi la jument répondit :


« T'en fais pas pour ça. Je passerais le bonjour à papa et maman quand ils reviendront. Tu veux que je dise à Babs de descendre pour te dire au revoir ?

-Pas la peine, fit AJ. Laisse-là un peu tranquille, la pauvre, elle a eu une rude journée. J'compte sur toi pour qu'elle se sente mieux dans sa peau !

-T'inquiètes, je gère, déclara Wet, sûre d'elle. »


Les deux cousines se prirent entre leurs sabots avant de se séparer. Applejack rentra alors chez les Orange en pensant qu'elle aussi avait eu une journée bien chargée. Elle fut reçue par une Rarity colérique :


« C'est à cette heure que tu rentres ?! Je me suis fait du mouron !

-J'm'excuse Rarity. Oncle et tante Orange sont rentrés ?

-Ils sont à table. On n'attendait plus que toi pour commencer à manger. »


Les deux amies s'installèrent ensuite à table aux côtés du couple Orange. Le repas se poursuivit tranquillement jusqu'à ce que son oncle fit d'une voix paisible :


« Rarity nous a informé que vous comptiez rester encore trois semaines à Manehattan. Je dois avouer que j'en suis ravi, ça rajoute un peu de vie dans la maison. »


Applejack fut si surprise des propos tenus par son oncle qu'elle en laissa tomber sa fourchette. Une fois, celle-ci ramassée, elle regarda la licorne d'un air mauvais qu'elle soutint sans la moindre hésitation. La fermière prit sur elle et tenta de reprendre sa contenance. Elle aurait une discussion avec son amie une fois le repas terminé. Inutile de déclencher une guerre à table.


Une fois que tout le monde eut fini de ranger, Applejack déservit la table et déposa la vaisselle dans l'évier tandis que Rarity se chargea de laver celle-ci, avant de la ranger. Pendant ce temps, la fermière partit faire sa toilette du soir avant de s'allonger sur son lit, dans le noir, fixant comme de coutume sa demi-pomme.


Aussi étrange que cela puisse paraître, le fruit n'avait plus poursuivi sa décomposition depuis l'incident de Las Pegasus. C'était comme si le temps s'était arrêté pour lui. Applejack commençait à trouver cela vraiment effrayant, car elle avait le sentiment que ce fruit perdait sa symbolique originelle. C'était censée être une moitiée qui devait retrouver sa jumelle avant qu'elle ne soit totalement décomposée, pour rappeler à AJ qu'elle devait agir dans l'urgence. Et là, elle ne sentait plus la sensation d'urgence. Pourquoi ce fruit était-il aussi bizarre ?


Applejack fut interrompue dans sa réflexion par l'arrivée de son amie. Elle se redressa immédiatement en fixant d'un œil sévère la licorne, mais attendit que cette dernière ferme la porte avant de prendre la parole d'un ton froid :


« J'ose espérer que t'as une excellente raison d'avoir retardé notre départ, sucre d'orge...

-J'en ai une, en effet, affirma Rarity avec fierté. Dans trois semaines se tiendra au Carmanegie Hall la première représentation de l'opéra adapté de la tragédie Manelet de Shakeshooves. »


AJ se leva en sursaut avant de s'exclamer :


« Tu m'forces à rester à Manehattan pour un opéra !? Mais ça va pas la tête ?! T'as un drôle de sens des priorités !!

-Chut... murmura la licorne. Tu ne comprends pas : un opéra tiré de cette pièce est inédit dans l'histoire du pays. Devine qui sera obligé de venir à la grande première : Fancypants. »

Rarity venait de brillamment couper l'herbe sous les sabots d'Applejack. Cette dernière pensa qu'elle avait eu une bonne idée au final de laisser son amie venir avec elle. Ces trois semaines seraient longues, mais elle trouverait de quoi s'occuper en attendant. Elle aurait plus de temps pour entendre les histoires d'Anchor Sail et voir les Seed.


Mieux valait attendre patiemment que l'objet de ses désirs vienne à elle, plutôt que de le poursuivre sans avoir la moindre chance de succès...


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Note de l'auteur

Le passage sur les docks, même si je 'ne m'en suis aperçu qu'après écriture, a quand même un fort air de ressemblance avec l'un des petits boulots qu'effectue Ryo dans Shenmue II sur Dreamcast et X-Box.. Comme c'est une histoire (inachevée) traitant le thème de la vengeance, on peut dire que la boucle est- bouclée ^^

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