Cela faisait presque une demi-heure que j’attendais dans cette rue couverte. J'étais arrivé en avance je l'admets, mais maintenant c'était eux qui étaient en retard. Les horloges de la ville indiquaient bien la nuit, le grand soir était enfin là, celui où nous pourrons nous lâcher et faire ce qui nous chante. J'avais hâte d'y aller, mais comme cet événement se passait sous un bar du quartier des licornes, nous, cornus, devions justement jouer avec la vigilance des gardes. Mais avant, je devais attendre un couple de pégases.
Même dans cette ruelle sombre j'étais facilement reconnaissable : un crin rouge comme le ciel qui dominait les cieux depuis plus d'un mois, et un pelage noir, autant que la crinière de Sombra sauf que contrairement à lui, mon poil reflétait la lumière. Je n'avais pas sa taille aussi, j'étais même plus petit que la plupart des étalons. Si je n'avais pas le museau carré comme un mâle, on me confondrait facilement avec une jument. Il y avait ma cutie mark aussi, une paire de cerises dont la forme faisait penser à deux notes de musiques. Ce n'était pas par hasard bien entendu, tout le monde à Appleloosa savait qui j'étais : la rare licorne du village qui récoltait des cerises tout en musique, en chantant, apportant un peu d'animation et une vague de motivation sous le soleil cuisant du village.
« Cherry Wave ? » me fit-on dans le dos.
Lorsque je me retournai, deux pégases cachés sous d'épais chaperons étaient face à moi. La ponette qui m'avait appelé avait une voix tremblante, ne sachant pas si elle s'adressait à la bonne personne, peur de se faire alerter par sa présence. L'étalon qui l'accompagnait n'était pas mieux, il avait souvent le regard tourné derrière lui. Je ne répondis pas tout de suite, moins on faisait de bruit et mieux c'était. Par contre je hochai de la tête pour les rassurer, puis je me dirigeai vers la fin de la rue couverte pour scruter le ciel. Personne, une chance après ce qui s'était passé il y a quelques heures. Je n'y étais pas, mais l’événement avait résonné dans tout le secteur. Chaque fois, on me parlait d'un étalon rouge aussi grand que Sombra qui avait tenté de lui tenir tête. Une petit intuition me disait qu'un mâle de cette couleur et grand, ça ne m'était presque pas inconnu.
« Suivez-moi, et si vous voyez un Blackbolt dans le ciel se rapprocher, cachez-vous rapidement. »
Ils acquiescèrent en silence, ils savaient tout autant que moi que le bruit pouvait tout faire échouer. Après de longues minutes de marche, nous arrivâmes au bar... ou presque. Il était à un croisement de nous, un carrefour de quatre rues gardées par un garde qui s'endormait contre sa lance. C'était un quartier ancien, pas construit lorsque le Roi a pris le pouvoir, ce qui voulait dire que nous étions tout près du château. Les risques étaient plus grands que jamais. Encore une fois, ça serait à moi de jouer.
« Très bien, je vais aller lui parler pour ne pas qu'il vous voit passer, mais faites-le en silence et rapidement, expliquai-je en chuchotant.
-Et toi tu ne viens pas ? demanda le pégase.
-Je vous rejoindrai dans dix minutes. Si jamais on voit trop de poneys entrer d'un coup, on pourrait se douter de quelque chose. Bon j'y vais, fis-je en avançant vers le croisement.
-Bonne chance ! » me souhaitèrent-ils en chœur.
Je ravalai ma salive, puis m'avançai vivement vers le soldat qui me remarqua sans tarder. Son regard était fumant, sévère, oppressant. Je n'en n'avais jamais approché d'aussi près. Avant de commencer à ouvrir la bouche, j'avais un peu réfléchi à ce que je dirais pour faire diversion. Il fallait que ce soit surprenant, suffisamment pour faire tomber sa vigilance.
« Halte ! ordonna-t-il en me repoussant avec l'un de ses sabots pour ne pas que je sois collé à lui. Que veux-tu ?
-Bah... en fait je me demandais euh... comment on fait pour devenir garde ? »
Il écarquilla des yeux, le bec cloué, il n'arrivait pas à répondre. Ça avait marché, surtout que j'avais posé la question maladroitement pour l'intriguer encore plus. Déjà parce que des poneys voulant rejoindre la garde du Roi ça ne galopait pas les rues, puis qu'un gringalet comme moi le veuille était encore plus rare. Enfin, il me répondit, avec un ton grave, comme s'il lisait un manuel.
« Pour toute information concernant la garde de notre seigneur, veuillez vous référer au général.
-Ah oui oui oui mais... il est à Manehattan donc du coup bah je peux pas lui demander alors...
-Veuillez attendre son retour.
-D'accord... fis-je en faisant mine de soupirer. Mais en attendant je voulais vous demander aussi. Vous... vous pensez que j'ai mes chances ?
-Aucune ! dit-il rapidement en rigolant à moitié. Une demi-portion comme toi ne servirait à rien dans les rangs de sa majesté.
-Quoi !? m'offusquai-je. Mais c'est pas juste ! C'est de la discrimination !
-Continue à me déranger et je n'en ferai aucune pour te jeter au cachot ! »
C'est à partir de ce moment-là qu'il était temps pour moi d'arrêter de jouer la comédie. M'écartant de lui, je me dirigeai dans une autre direction autre que celle du bar. J'avais eu chaud, si j'avais insisté encore plus il m'aurait sûrement arrêté. C'était cependant la seule chose à faire pour que des poneys puissent profiter de la soirée, la seule depuis le début de la tyrannie, et peut-être la dernière.
Avec cette tentative de renversement du pouvoir, toute la garde était en état d'alerte. Il y avait donc de fortes chances pour qu'une escouade débarque et nous arrête tous. Mais peu importe ! Cette soirée était la seule où nous pourrions nous lâcher, faire ce que nous voudrons, dire ce que nous voudrons. Aussi, mon groupe préféré de musique allait y jouer ce soir, donc pour ce qui était des risques, j'étais prêt à tout.
Après avoir fait le tour du pâté de maisons, j’atteignis enfin le bar mais de l'autre côté, là où le garde ne me voyait pas. Le bâtiment était désertique, sombre et poussiéreux. Il n'avait pas servi depuis le début du règne de Sombra. Qui oserait se saouler quand on nous obligeait à se tenir droit sous peine de finir au cachot ? Pourtant il y avait bien un barcolt, debout sur ses quatre fers, derrière son comptoir en train d'astiquer son verre avec sa magie. Il n'était pas poussiéreux comme le reste des lieux, surtout avec son pelage vert pomme, c'était comme s'il ne faisait pas partie du décor. Mais c'était aussi le plus courageux d'entre nous tous.
« Bonsoir mon cher, me fit-il alors que je m'étais approché du comptoir. Vous m'avez l'air assoiffé.
-C'est parce que j'ai soif de liberté », répondis-je en le regardant bien dans les yeux.
Son sourire me confirma quelque chose. Ce fut encore mieux quand il se dirigea vers le côté pour ouvrir le bar et m'inviter à entrer. Un mot de passe. Aucun garde de Sombra ni même un Blackbolt ne connaissait ce mot, et seuls des privilégiés comme moi avions eu l'honneur de pouvoir participer à cet événement.
C'était grâce à mes connaissances en musique je dois avouer, je connaissais un poney chargé de préparer les instruments qui m'en avait parlé et proposé d'en être. Il fallait tout de même faire sa part des choses aussi, comme faire diversion près d'un garde pour laisser une chance à d'autres.
Le barcolt m'ouvrit une trappe donnant sur la cave, il m'indiqua d'aller tout droit et nulle part ailleurs. Grâce à ma corne je parvins à m'éclairer la route, mais le tunnel était si profond que d'en voir le bout était impossible. De plus le chemin était en pente, qui sait jusqu'à quelle profondeur j'allais me retrouver. Pendant la marche, je me suis mis à douter, si je ne m'étais pas trompé de bar ou si tout ça était un piège pour attraper les « révolutionnaires ».
Mais après quelques minutes, je commençai à distinguer une porte avec de la lumière derrière. Il y avait aussi un léger brouhaha qui s'intensifiait au fur et à mesure que je m'en approchais : des cris de joies, des rires, de la musique joyeuse. Non, je ne m'étais pas trompé d'endroit. J'y étais presque, mais quand je frappai à la porte, une fente s'ouvrit, dévoilant une paire d'yeux.
« Tu cherches quelques chose ? me fit une jument d'un ton grave.
-Je cherche un vent de liberté ! »
Un mot de passe qui ressemblait beaucoup à l'autre, mais qui dans un sens était peu utilisé ici car si des gardes arrivaient là, ils n'hésiteraient pas à enfoncer la porte. Sans attendre plus longtemps, on m'ouvrit le chemin. C'est alors qu'une sensation que je ne n'avais plus ressentie depuis longtemps éveilla tous mes sens.
Une odeur humide et chaude de transpiration me parvint aux naseaux, une cacophonie de rire et de musique jouée maladroitement par des amateurs retentissait partout, seules quelques gemmes alimentées en magie et des lucioles dans des pots de confitures éclairaient les lieux. Pour résumé : ça puait, c'était assourdissant et on y voyait rien. Pourtant, je trouvais l'endroit génial.
C'était une véritable fête. Beaucoup ici se saoulaient sans s'arrêter jusqu'à ne plus marcher droit, mais malgré ça ils continuaient à rire. Ils s'égosillaient, se retrouvaient après ne pas s'être vus depuis plus d'un mois, se consolaient et oubliaient ce que Sombra leurs avait fait là-haut. Certain groupes chantaient à s'en casser la voix, comme si c'était la dernière fois qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient. Cet endroit était le dernier lieu de liberté d'Equestria.
À peine entré, des poneys vinrent me serrer la patte dont le couple qui me remercia d'avoir fait diversion. Puis je cherchai du regard quelque chose sur la scène qui se trouvait tout au fond, mais ne parvenant pas à trouver, je choisis alors de patienter près d'un bar. Une fois accoudé, une jument faisant office de barmare me proposa un verre.
« Désolé mais je n'ai pas un seul bit avec moi.
-Oh mais ne vous en faites pas, rassura la ponette couleur lis-de-vin avec en cutie mark une grappe de raisin, c'est gratuit pour tout le monde. Un verre de cidre ça vous va ?
-Attends Berry, coupa une autre jument qui était à côté de moi. Il devrait le savoir normalement. »
Et ce n'était pas n'importe qui, j'étais assez renseigné dans le monde de la musique pour savoir que c'était Vinyl Scratch, actuellement en train de me regarder droit dans les yeux. Elle avait ôté ses lunettes pour le faire, mais pas son épais manteau avec de la fourrure sur la capuche. Derrière elle, je reconnus également Octavia qui sirotait une coupe de vin, elle aussi portait de quoi se couvrir, plus discret par contre.
« Comment ça se fait que tu saches pas que tout est gratuit ici ? T'es avec eux c'est ça ? grogna-t-elle fortement.
-Quoi ? Ça va pas la tête ! fis-je vivement pour lui montrer qu'elle avait tort.
-Alors prouve-le ! insista-t-elle en collant son museau contre le mien.
-Laisse-le tranquille Vinyl, intervint la contrebassiste en posant un sabot sur l'épaule de son amie. Moi non plus je savais pas que c'était gratuit quand je suis arrivée... »
Cela eut de l'effet, la DJ se détendit à vue d'œil jusqu'à prendre un air désolée en tournant son regard vers le mien.
« Désolée. C'est juste que... on a eu tellement de mal à organiser ça que... on en est presque paranoïaques, pardonna-t-elle en pouffant de rire.
-Wow, donc c'est toi qui a fait tout ça ?
-Pas que moi, beaucoup de poneys ! corrigea-t-elle. On a même les membres du groupe Hoovetones qui nous ont aidés, et qui...
-Vont jouer ce soir ! Je sais ! Je suis là pour ça ! Je suis un très grand fan ! m’exclamai-je en brandissant une chope de cidre. Je suis un peu dans le milieu de la musique aussi. Je suis bassiste... en amateur bien sûr.
-Je crois que c'est ce qui nous manque un peu à tous : la musique, fit Octavia d'un air triste. Ce qui est étrange, c'est que je dois être celle qui en joue le plus ici, mais qui ne veut plus en entendre venant de moi. »
J’eus un peu de mal à comprendre où elle voulait en venir, jusqu'à ce que Vinyl me chuchote qu'elle était forcée de jouer pour le Roi. Tout le monde ici le savait apparemment, mais personne n'abordait le sujet. Mieux : aucun poney ne l'accusait de quoi que ce soit, ils savaient tous qu'elle faisait ça contre son gré.
Je m'étais rendu compte trop tard que je m'étais excité comme une puce devant elles. Oui, si j'étais là ce n'était pas seulement pour à nouveau faire ce que je voulais, c'était pour voir les Hoovetones. J'étais LE plus grand fan, je connaissais leurs musiques par cœur et même les jouer à la basse. Oui, je voulais être comme Soban-Jet et devenir le bassiste le plus classe du pays. Tant pis si je passais pour une sorte de monstre à les prôner sans arrêt, après tout ici je pouvais faire ce qui me chantait.
En parlant de ça, les poneys qui étaient sur scène s'arrêtèrent enfin de jouer ivre pour libérer la scène. Je vis la foule commencer à se rapprocher et s'arrêter de parler quand le rideau se ferma. Pas de doute, ça allait être leur tour. Je voulus aller près de la scène aussi mais le public était si dense qu'il n'y avait aucun moyen de se frayer un chemin. J'allais donc assister au retour du meilleur groupe de rock du royaume... de l'empire plutôt, au plus loin que possible. Mais j'allais les voir, ça me suffisait.
***
Dans une pièce située à côté de la scène, les loges, une ponette blanche faisait les cent pas sous les yeux d'un étalon cornu et orange à la crinière verte. À en voir le maquillage de la jument, des éclairs noirs sous ses yeux avec un peu de laque rose, il s'agissait bien de Pink Maggit qui attendait l'heure de monter sur scène. Mais vu son expression, quelque chose n'allait pas. Pourtant, tout était pratiquement prêt : son apparence de scène, les instruments mis en place, la liste des morceaux joués. Il ne manquait plus qu'une chose dans tout ça, Soban-Jet.
« Bon sang mais il est où ? s'impatienta la guitariste. Je lui ai pourtant envoyé sa cigogne avec les instructions mais il est toujours pas là !
-Une cigogne ? fit Chino en haussant très haut un sourcil.
-Oui c'est euh... sa façon d'envoyer des messages. Me pose pas de question moi non plus je sais pas comment il fait. »
C'est alors qu'un autre poney entra en trombe dans la loge, haletant avec une mine désespérée. Ils le reconnurent tout de suite, c'était l'un des organisateurs de ce concert interdit. Sans attendre une seconde de plus, Pink Maggit alla à sa rencontre, la peur au ventre d'entendre ce qu'il avait à dire.
« On a un problème, un énorme problème ! répéta sans cesse ce terrestre jaune. La licorne qui a voulu renverser Sombra et qui s'est fait massacrer ensuite... c'était lui ! C'était Soban ! »
Pink Maggit eut le souffle coupé de terreur en entendant cette nouvelle. Comment les choses avaient-elles pu tourner ainsi en si peu de temps ? Elle ne savait pas si c'était de la rage ou de la tristesse qu'elle devait montrer, si Soban-Jet avait été courageux ou totalement idiot.
« Il fallait que dans un seul moment de sa vie il arrête de crier sur une autorité, mais non ! s'indigna la ponette blanche d'une voix tremblante. Faut toujours qu'il ouvre sa grande bouche !
-Faire taire Soban c'est encore plus dur que de se mesurer face au Roi, fit Chino toujours assis sur sa chaise.
-Sauf que maintenant on ne le reverra peut-être plus jamais ! »
Elle ne résista pas une seconde de plus. Assis sur le plancher, Pink Maggit s'effondra en larmes, pas parce que le public ne verrait pas le groupe jouer mais parce que les Hoovetones venaient de perdre leur fondateur, leur ami. Le batteur se leva de sa chaise pour aller la consoler en posant un sabot sur son épaule, toutefois il ne versa pas une goutte d'eau même si derrière sa barbe il était facile de voir que la tristesse l'avait gagné aussi.
« Je... je vais annoncer la nouvelle au public ou... ? » bégaya l'organisateur qui était désemparé devant la scène.
Aucun des artistes ne répondit, seule la guitariste avait relevé la tête et cessé de pleurer, bien que son pelage avait été souillé par les larmes – contrairement à son maquillage waterproof. Elle avait le regard vide, dénué d'émotion, montrant bien que son esprit devait être submergé de questions. Qu'allait-elle faire ? Annoncer au public que le groupe ne jouerait pas allait probablement mettre fin à cette soirée. Dire simplement que le bassiste était en prison allait le rendre triste, en revanche s'ils jouaient quand même cela n'aurait que peu d'impact.
Mais jouer comment ? Sans bassiste c'était impossible, ça allait être moche. Même si Pink Maggit savait chanter, sans bassiste, leurs musiques n'avaient aucune saveur. Il restait néanmoins une solution. Des musiciens, il y en avait plein la salle, dont une avec qui elle partageait sa maison. Peut-être qu'aucun d'entre eux ne savait jouer un de leurs morceaux, mais ils pourraient tout de même improviser, balancer des sons classiques et connus.
Sans un mot, la jument d’ivoire se leva et commença à marcher vers la scène, regardant l'organisateur pour lui dire de lever le rideau. À la seconde où le public la vit, des cris et des applaudissements se firent entendre. Oui, il allait être très difficile d'annoncer la mauvaise nouvelle.
« Bon-Bonsoir tout le monde je... nous sommes très heureux de vous voir autant en forme ! Ça fait vraiment chaud au cœur ! »
Il y eut une nouvelle vague d'applaudissements, endurcissant la difficulté du moment. Après un dernier déglutit, Pink Maggit se força à parler sous les ovations, sans s'arrêter cette fois, en allant jusqu'au bout.
« Malheureusement, les choses risquent d'être difficiles pour ce soir. Notre dévoué Soban-Jet est tombé entre les sabots métalliques du Roi, et ne pourra être présent ce soir. »
Le silence tomba, une tristesse bien visible sur tous les visages apparut. Comme elle, ils étaient abasourdis par l'annonce, sans voix. Une bonne chose d'un côté pour la ponette blanche qui avait peur de se prendre des reproches. Quand le Roi y était pour quelque chose de toute façon, on ne pouvait pas remettre la faute sur qui que ce soit au risque de passer pour un idiot.
« Cela nous bouleverse, mais ça ne nous arrêtera pas pour autant ! cria-t-elle pour reprendre l'attention du public triste. Soban-Jet aurait voulu que l'on joue ce soir, pour montrer que nous somme libres ! C'est pourquoi, si un bassiste est présent dans la salle, qu'il n'hésite pas à lui faire honneur. »
Pendant plusieurs instant, il n'y eut aucune réaction mis a part des têtes regardant les autres et des chuchotements. Dont celui de Vinyl sur Octavia qui la poussait à aller jouer, sauf que celle-ci ne savait pas tenir une « basse » contrairement à une contrebasse, ça n'avait rien de semblable. Plus le silence durait, plus l'espoir de pouvoir jouer baissait, plus le visage de Pink Maggit s'affaissait, jusqu'à ce qu'un sabot noir se leva.
***
Je venais de faire la chose la plus stupide de toute ma vie. Juste après avoir levé ma patte, je vis tous les regards du public se tourner vers moi, ainsi que celui de Pink Maggit. C'est à cette instant que je compris l'erreur de mon acte, sentant chaque morceau de mon esprit s'éparpiller partout. Elle me regardait.... Elle me regardait ! Je crois que c'était ça qui me déstabilisait le plus, avoir le regard d'une star pour qui on était fan.
« Génial ! dit-elle dans le micro en pointant son sabot sur moi. Approche-toi donc. »
Ce qui se passa ensuite faillit me faire tourner de l'œil. Tour le public devant moi s’écarta, traçant pour moi un joli chemin jusqu'à la scène. Après avoir dégluti, je commençai donc à marcher jusqu'à elle, le cœur explosant à chaque battement, essayant d'éviter tous les regards des poneys me regardant passer. Au moins, ils souriaient tous. Mais ça, c'est parce qu'ils pensaient que j'allais leur donner ce qu'ils voulaient. Bon... je savais jouer des morceaux du groupe, probablement tous. Mais le stress était en train d’effacer tout ça, si bien que je focalisai mes yeux et mes pensées sur ceux de la jument blanche pour trouver du courage.
Mais c'était encore pire, j'allais devoir jouer à ses côtés, une professionnelle. Moi je n'étais qu'un amateur qui n'avais encore jamais joué avec qui que ce soit. Lorsqu'elle m'aida à monter sur les planches, là encore mon esprit tressauta. Je l'avais touchée, elle ! Mince, je devais me calmer. Ok, je l'avais touchée, la star de ce soir, mais ici on était tous pareils. C'était une personne connue que j'admirais, mais je devais absolument prendre sur moi pour ne pas perdre la boule.
« Tu sais jouer de la basse ? me demanda-t-elle avant que je hoche de la tête pour confirmer. Très bien ! C'est tout ce que nous voulions. On va jouer des morceaux classiques que tout le monde connais histoire de...
-Je... je sais jouer tous vos morceaux ! » m'écriai-je avant de me promettre de me taire à tout jamais.
Mais qu'est-ce qui m'a pris ? J'allais faire des musiques faciles, mais le gros nul que j'étais n'avais pas pu s'empêcher de dire ça. Non seulement j'allais encore plus passer pour un attardé, mais en plus, cela éveilla la curiosité de Pink Maggit qui s'approcha de moi, son regard rempli d’espoir de refaire vivre pleinement son groupe.
« C'est vrai ? Comment ça se fait ?
-Je... eh bien je... je suis fan... vo... voilà, bégayai-je comme un idiot en me passant une patte derrière la tête.
-C'est génial ! On ne pouvait pas mieux espérer. »
Puis avant de faire quoi que ce soit, on me mit devant le museau un instrument que je rattrapai de justesse par télékinésie. C'était une basse... LA basse. Le corps était rouge et orangé sur les bords, le manche couleur noir et verni. Elle avait une forme parfaite pour y poser le creux du sabot tout en pouvant y mettre le bout sur les cordes. Je pouvais voir aussi les accrocs et les rayures sur l'instrument, les moments où Soban-Jet s'était énervé dessus lorsqu'il jouait un morceau violent au point de le rayer.
« Tout va bien ? me demanda une voix féminine que je reconnaîtrais entre mille.
-C'est la vrai ? fis-je avec le regard planté dans la basse que je portais maintenant autour du cou. C'est la sienne ?
-Oui, si quelque chose ne va pas dis-le nous on...
-Non c'est parfait ! Elle est très bien comme ça. »
Dans un grand sourire, elle acquiesça puis se tourna vers Chino qui était assis derrière sa batterie. Sa corne se mit à luire, entourant l'enceinte de Pink Maggit reliée à sa guitare blanche d'une aura orange. On allait commencer à jouer. À mon tour je remplis mon ampli avec ma magie.
« On commence avec « Back to School », fit-elle à Chino en se retournant.
-Ça marche. »
Elle me regarda, mon seul signe de tête lui suffit de comprendre que c'était bon. Ce morceau était l'un des plus connus du groupe, celui que je connaissais le plus aussi. Je pouvais le jouer les yeux fermés, mais sur scène avec le groupe lui-même ? Pendant un instant je paniquai intérieurement de me retrouver dans une situation pareille. Puis prenant sur moi, je commençai à me mettre sur mes deux sabots postérieurs, la guitare-basse entre les sabots, et prit une profonde inspiration pour me détendre.
J'avais l'instrument de mon idole, jouer avec ma guitariste préférée, tout comme l'un des batteurs les plus doués de l'Empire, devant un public qui n'attendait plus que ça. Ce n'était plus de la peur au final qui me vint à l'esprit, mais de l'enthousiasme, et de la concentration.
Car dès qu'elle commença à jouer les premières notes, je pris mes repères sur les premières cordes que j'allais faire trembler. Heureusement, c'était un morceau simple, mais je n'aurais pas cru à autant d'effet lorsque la batterie se mit à gronder dans mon dos, tout comme la guitare qui s'énerva, ainsi qu'à chaque note que je jouais qui soulevait le cœur de chacune des personnes qui pouvait entendre et même sentir dans leurs ventres.
Le public était en délire, se bousculait joyeusement, criait et chantait en même temps que Pink Maggit qui sortait les premières rimes. D'habitude c'était Soban-Jet qui les chantait... ou criait plutôt. Elle aussi le faisait, à s'en casser la voix jusqu'à jouer des mauvaises notes sur sa guitare. La ponette blanche n'avait pas l'habitude de chanter et jouer en même temps, lui faisant faire des erreurs. Mais personne dans la salle ne lui en voulait, tout ce qu'ils voulaient eux, c'était s'amuser.
Mais quand le refrain arriva, tout changea.
« Repoussez votre place !
Ne vous noyez pas sous les palaces !
Vous n'avez pas à l'acheter !
C'est à nous qu’appartient la liberté ! »
Cette fois, elle arrivait à bien accorder sa voix avec la chanson, comme sa guitare qu'elle avait maintenant en sabot. Et quand Pink Maggit devait allonger les phrases, sa voix était plus douce, hypnotisante, se mélangeant bien avec la mélodie en distorsion à cause des amplis à ampoule chauffant avec notre magie.
Quant à moi, j'arrivais vraiment à jouer tout en regardant autour de moi, comme si mes sabots ne m'appartenaient plus. Lorsqu'elle fit un passage sans parole, elle me regarda et me lança un sourire qui par contre faillit me déconcentrer. Mais au moins, elle m'avait montré que tout était bon. Oui, la guitariste du groupe des Hoovetones était satisfaite de moi. J'avais envie de sauter partout en criant ma joie, mais pour le moment, nous devions continuer à faire monter d'un cran la musique qui crachait de plus en plus fort.
J'étais en train de vivre le meilleur moment de ma vie, presque comme si on faisait l'amour pour la première fois. Voir ce public en délire, arriver à jouer en harmonie la musique que l'on a toujours aimée, être aux côtés des poneys qui nous ont tant fait rêver. Je devais être le poney le plus heureux d'Equestria.
Et enfin, nous avons arrêté la musique, d'un seul coup, comme la musique le voulait tout en laissant la guitare gronder pendant que nous recevions une ovation des poneys dans la salle. Je reconnus même Octavia au fond qui applaudissait avec Vinyl qui elle sifflait carrément.
« Tu joues pratiquement comme lui, me fit une voix féminine me sortant de mes pensées.
-Oh c'est... c'est vrai ?
-T’as géré p’tit, me lança le batteur. Moi je dirais même qu'on pourrait pas faire de différence avec Soban, et j'hésiterais pas à le dire devant lui même si ça le rendait jaloux. »
Si un jour le groupe de vos rêves vous disait que vous jouiez aussi bien que son chef, il est certain que beaucoup n'auraient pas tenu en place. Je sentis mon visage devenir cramoisi, même avec mon pelage noir, puis dit un simple « merci », alors qu'en vrai, j'aurais sauté au cou de Pink Maggit comme à celui de Chino.
« Et comment tu t’appelles ? demanda-t-elle.
-Cherry Wave, je viens d'Appleloosa, répondis-je la gorge nouée.
-Dans ce cas Cherry Waves, que dirais-tu de continuer à jouer jusqu'à ne plus avoir de corne sur les sabots.
-Auras-tu assez de voix jusque-là ? »
Quel fou ! Je me serais donné à moi-même un énorme coup dans la tête pour oser lui dire ça. Heureusement cela la fit pouffer de rire. Je me sentais à l'aise au final, surtout qu'elle était là pour me rassurer. Je ne sais pas si c'était un don venant d'elle ou justement parce que c'était elle, néanmoins, à ses côtés pour jouer je me sentais bien.
Puis lorsqu'elle annonça un nouveau morceau, le public s'arrêta s'applaudir et de faire voler les choppes de cidres. Tous sauf un.
***
« Bravo ! Bravo ! cria un étalon assis au bar dont personne n’apercevait pleinement la silhouette. Vraiment, vous êtes épatants, tous ! Même vous, le public ! »
Bien qu'il était encore impossible de le voir, sa voix à elle seule glaça le sang de beaucoup de poneys. Il se remit sur ses quatre sabots et commença à marcher vers la foule qui s'écartait, laissant une vision d'horreur à tous ceux qui le reconnurent enfin.
« Je me suis toujours demandé... comment vous faites pour arriver à mettre autant de bazar partout où vous passez ? Maintenant je sais enfin ! » s'exclama-t-il en brandissant un sabot gris.
C'est à partir de ce moment-là que Vinyl Scratch comprit de qui il s'agissait, la faisant réagir vivement. Le groupe sur scène quant à eux, ne comprenait toujours pas. Mais à voir les interpellations virulentes, ils comprirent que c'était peut-être la fin du concert, et se remirent sur leurs quatre pattes tout comme Chino qui s'était levé de sa batterie pour aller rejoindre les deux autres membres, et ainsi voir ce qui se passait.
« Comment il a fait pour entrer ici !? » s'écria la DJ en se dirigeant vers l'entrée.
Sauf qu'avant de s'en approcher, la ponette recula immédiatement pour se remettre à la hauteur de son amie au niveau du bar. Une dizaine de gardes étaient postés devant l'entrée, tenant fermement entre leurs sabots celle qui demandait les mots de passe. Avec le boucan que devait faire le groupe et le public, personne n'avait remarqué qu'une escouade était entrée.
« Toute cette violence dans la musique et le chant, dit-il derrière son monocle en regardant Pink Maggit qui se décomposa. Toutes ces cymbales et ces tambours qui se font violer, continua l'étalon à la crinière verte le regard planté dans celui de Chino qui fronça des sourcils. Toutes ces vibrations et ces octaves qui vous font trembler l'estomac à vous rendre nauséeux », insista Sully Corpse devant la scène en dévisageant Cherry Wave qui fit mine de rester indifférent.
Tout le public resta muet en voyant que le second de Sombra se trouvait ici, ils se voyaient tous déjà croupir en prison. Pourtant, le nombre de poneys normaux par rapport au nombre de gardes étaient bien différents, mais les soldats étaient armés de lances, personne ne voulait que tout ça se finisse dans un bain de sang.
« Enfin ! cria-t-il. J'ai enfin une occasion de vous donner ce que vous méritez ! Et juste à vous bien sûr, car vous cher public, contrairement à ces rookies, je ne vais pas vous mettre dans le même sac. Ainsi, déclara-t-il, je donne une seconde chance à tous les poneys de cette salle. »
Les gardes en rang laissèrent le chemin de la sortie ouvert. Néanmoins, personne ne bougeait d'un crin. Partir c'était comme se rallier à Sombra, et cracher sur la liberté qui se trouvait ici jusqu'à ce que ce cornu vienne tout gâcher. Mais ce n'était pas la tasse de thé de Pink Maggit de voir tous ces poneys se sacrifier pour le groupe, les Hoovetones n'en valaient pas la peine.
« Faites ce qu'il dit, nous ne vous en voudrons pas de partir au contraire, dit-elle dans le micro. Nous sommes très heureux d'avoir partagé ce dernier concert avec vous, et vous savoir en sécurité ne pourra que nous laisser conscience tranquille. »
Sa voix avait un ton las mais rassurant. D'un air désolé, la foule commença à se retirer, avec quand même en tête qu'ils allaient laisser des poneys innocents se faire arrêter. La même jument sur scène regarda alors le nouveau bassiste qui n'avait pas l'air de vouloir partir.
« Tu devrais t'en aller aussi...
-Non ! dit-il d'un ton sec. Je suis venu ici pour vous voir et c'est pas maintenant que je vais vous laisser partir comme ça. Et puis de toute façon... y'a plus rien qui m'attend dehors.
-C'est stupide. Tu vas te faire arrêter alors que tu n'as rien fait.
-Vous avez rien fait à ce que je sache non ? contra-t-il aussi tôt. Je suis aussi coupable que vous, et avec la basse de Soban-Jet en sabot c'est moi le plus responsable ici. »
Pink Maggit se dit d'abord qu'il était fan à en être fou et idiot, mais d'un côté, c'était toujours plaisant d'avoir un poney avec du cran à ses côtés. Au fond de la salle près du bar, un autre couple se disputait pour ce qui était de partir ou non. C'était également avec plus de virulence cependant, et entre deux juments.
« Pourquoi tu ne pars pas !? hurla Octavia en tirant avec ses maigres forces sur le blouson de Vinyl qui était toujours assise à son bar comme si de rien était.
-Je te répète que dehors il n'y a plus rien pour moi, répondit-elle normalement. Et calme-toi, tu vas tout faire rater.
-Mais pour l'amour de Celestia de quoi tu parles !? »
Soudain, la licorne se retourna et fit une étreinte à la terrestre. Elle la serrait fortement et chaudement, comme si c'était la toute dernière fois qu'elles se voyaient. Cependant, on pouvait voir la bouche de la licorne bouger dans le creux de l'oreille grise de la contrebassiste. Cette dernière se recula, avec un visage en larmes, mais un léger sourire.
« Et contente-toi de faire diversion, tu y arriveras j'en suis sûre », conclut-elle avec elle aussi une expression larmoyante.
Octavia ne répondit rien, juste un dernier regard avant de s'engouffrer dans le troupeau puis disparaître. Après cela, la DJ se retourna vers la scène, essuya ses larmes, et se mit debout face à la scène, attendant le moment venu pour se faire arrêter. Enfin ça c'est que pensait tout le monde.
À la fin, il ne restait plus que trois poneys sur scène, et cette jument cornue au bar. Même Berry s'en était allée, autrement dit la note allait être lourde pour elle après avoir distribué de l'alcool gratuit. Mais de tout ceux qui allaient être les plus sévèrement punis, c'était les musiciens de ce soir. Il n'avait fait que d'en jouer, mais les événements passés de Canterlot avec Celestia avaient tellement marqué le secrétaire que lorsqu'il entendit parler d'un groupe de musique sauvage du nom des Hoovetones jouer en cachette, les moyens mis en place pour s'en débarrasser avaient été au maximum.
C'était purement personnel, mais quand on avait derrière soi le Roi en personne, on pouvait se permettre de passer certaines règles.
« C'est très honorable de votre part d'avoir épargné le public. Vous auriez pu vous en servir comme la dernière fois et vous défendre, dit Sully Corpse en faisant signe à tous ses gardes d'encercler la scène. Mais quoi qu'il se serait passé, votre destination finale aurait été la prison !
-Finissez-en ! » cracha la ponette blanche qui était en larmes.
Chino s'était précipité sur elle pour la prendre dans ses bras. Ils avaient perdu leur chef, et maintenant, dans quelques secondes, tout allait se finir pour eux aussi. Cherry Wave assistait à tout ça, les yeux grands ouverts sans se rendre vraiment compte que lui aussi, il subirait la vengeance de la licorne grise. Le regard de l'étalon noir n'était pas focalisé sur ses assaillants, mais plutôt sur la DJ qui s'était réfugiée derrière le bar. Elle avait échappé à la vigilance des soldats, elle pouvait s'enfuir comme bon lui semblait. Et pourtant, ce qu'elle fit étonna tout le monde.
« Eh le lèche-croupe ! cria-t-elle faisant retourner le secrétaire ainsi que tous ceux dans la salle. Oh oh il se reconnaît en plus. Bouffe ça ! »
La jument à la crinière électrique brandit un sabot pour l'écraser derrière le comptoir. Sully Corpse crut entendre un mécanisme se déclencher, mais la déflagration qui surgit derrière la scène le prit par surprise. Tout comme Chino, Pink Maggit et Cherry Wave, ils virent que derrière eux, le mur de la scène s'était effondré dans un grand nuage de poussière. Ils entendirent ensuite des cris, des ombres se jeter vers les gardes à une vitesse si ahurissante qu'aucun d'entre eux ne put faire quoi que ce soit. Le dernier debout était le second du Roi, qui commençait à prendre la tangente vers la sortie.
Mais un énorme poids tomba violemment sur son dos, le forçant à se coucher par terre. Et quand il se retourna, un visage terrifiant lui faisait face. Une batpony avait son regard borgne planté dans le sien, les crocs sortis, grognant. Avant même qu'il ait pu crier, Sully Corpse se fit tirer vers le haut par la crinière avant de se faire fracasser l'arrière de la tête contre le sol, et tomber dans les limbes.
Lorsque la poussière se dissipa, les Hoovetones virent que tous les autres gardes avaient subi le même sort. Une dizaine de poneys aux ailes de chauve-souris, cuirassés avec des armures lunaires, étaient sur chaque garde de Sombra assommés après un bon coup de sabot ou en leur cognant la tête contre le sol.
« Parfait ! s'écria toujours la ponette blanche. 'Faut pas qu'on traîne !
-On ne se débarrasse pas de lui une bonne fois pour toutes ? fit la batpony qui portait un bandeau pour cacher une énorme cicatrice à son œil meurtri. Tout serait plus facile...
-Non ! somma un autre garde lunaire. Tu as entendu ce qu'a dit sa majesté ? Pas de victime ! Même lui. »
Pendant que les batponys se parlaient, le groupe, toujours sur scène, essayait de comprendre ce qui s'était passé. Tout avait été si vite, tout se passait encore trop vite même. Et de quoi parlait-il ?
« Et vous ? Vous nous suivez ? demanda la femelle qui était toujours sur le secrétaire.
-On aura besoin de monde vous savez... »
Ni Pink Maggit, ni les autres ne savaient pas à quoi ils faisaient allusion. Mais à coup sûr, ce devait être un groupe de résistants, du moins quelque chose dans le genre. Sans réfléchir une seconde de plus, ils acquiescèrent tous avec un hochement de tête, puis descendirent de la scène pour suivre la troupe qui prirent le chemin par lequel les gardes étaient entrés.
Devant eux, il régnait une épaisse obscurité. Même la corne luisante de Vinyl Scratch ne parvenait qu'à éclairer les soldats nocturnes qui eux par contre, voyaient parfaitement bien où ils marchaient. Par réflexe, les deux autres licornes du groupe de musique firent briller leurs appendices. Pink Maggit n'avait d'autre choix que de les suivre. Tous les Hoovestones dont le nouveau avaient un tas de questions en tête : qui était-il ? Comment avait-il fait ? Où allait-il ?
Personne n'osait dire quoi que ce soit, ils étaient trop occupés à prendre la fuite avant que l'un des gardes de l'Empire ne se réveille et sonne l'alerte. De plus, le groupe de batponys se mit à tourner vers un autre tunnel. Tiens donc ! Il semblait pourtant bien que Cherry Wave n'avait pas vu d'autre chemin que celui menant jusqu'à la salle.
Mais tout s'expliqua quand la jument à l'iris fendu indiqua aux autres d'attendre. Tous les gardes de Luna se mirent ensemble pour faire rouler une énorme pierre servant à boucher le passage. Ainsi, lorsque les poneys de Sombra reprendraient leurs esprits et feraient demi-tour, ils n'y verraient que du feu.
Ce fut en marchant qu'ils continuèrent leur route, cette fois dans l’inconnu. Le sol était constamment en pente, jonché de pierres et de temps en temps, de morceaux de rail. Il s'agissait de l'ancienne mine de gemmes de Canterlot, bien plus vieille que la citadelle. Et cette descente dura plusieurs dizaines de minutes sans qu'aucun poney ne dise le moindre mot, car avant d'aller plus loin, la licorne blanche au crin bleu prévint de ne pas faire le moindre bruit. Même si tout n'était que pierre, cette endroit n'en restait pas moins qu'un énorme gruyère. Un mot de trop, et tout serait fichu à cause d'un écho.
Puis enfin, alors le chemin s'élargissait sur les côtés comme au plafond, parsemé de plusieurs chemins de fer, ils arrivèrent devant une énorme porte de bois. Pourtant, ce fut à une simple ouverture pour qu'un chariot puisse passer, que les batponys se dirigèrent. La capitaine à l'œil meurtri donna trois coups, et sans tarder, un petit trou avec beaucoup de lumière derrière apparut. Mais là, on ne posa pas de question. Ce qui était une petite trappe s'ouvrit avec de la magie couleur cyan.
« Tout s'est bien passé ? demanda Lyra.
-Presque, répondit la batpony. Ce maudit Sully Corpse est arrivé pour tout faire tomber mais on a réussi à les neutraliser et prendre quelques poneys avec nous. »
La jument se pencha pour regarder qui étaient les nouveaux venus. Pendant quelques secondes, elle resta fixe jusqu'à ouvrir la trappe à son maximum afin que tout le monde puisse entrer. C'est alors que tout le groupe de musique purent voir un tout autre décor : des murs en cristal constamment alimentés en magie pour que la lumière soit claire, beaucoup plus que dans la salle de concert ; un grand nombre de chemins se séparaient, étroits mais nombreux ; beaucoup de poneys étaient présents, marchaient et portaient toutes sortes d'objets, allant et venant de toutes parts.
Tandis que les gardes lunaires étaient partis vers l'un de ces chemins, la ponette possédant encore juste un œil valide fit signe aux trois poneys du groupe et à Vinyl Scratch de la suivre. En passant, ils purent voir qu'un grand nombre de salles étaient à disposition : des petites cavernes pour dormir, une grande salle avec des lits pour les blessés, une armurerie, une cuisine avec sa réserve de nourriture. En clair, il ne manquait de rien ici.
C'est alors qu'ils s'arrêtèrent à l'ouverture d'une autre salle, beaucoup plus grande que les autres. La batpony fit signe à Vinyl de s'approcher pour lui toucher quelques mots.
« Tu penses qu'on peut leur faire confiance ?
-Évidemment, répondit la DJ tout haut. Je les connais et crois-moi, ce sont probablement les derniers en qui on peut donner foi. Ils tombent même bien, on avait besoin de poneys pour le plan de demain soir.
-Bon sang mais de quoi parlez-vous ? s'exprima enfin la terrestre blanche. On ne nous a rien dit depuis que nous sommes ici et nous aimerions avoir des explications ! »
Elle avait presque crié fort, faisant stopper certains passants. Mais elle n'était pas en tort, Pink Maggit et les autres voulaient savoir ce qui se passait, où ils étaient, et enfin savoir de quoi il parlait dès qu'on leur tournait le dos.
« Suivez-moi, fit la garde lunaire. J'ai beaucoup mieux que des explications. »
Ils pénétrèrent tous dans la grande pièce, si haute que le plafond était à peine visible. Une rangée de gardes se trouvait ici, tous en train de dormir ou de discuter dans des chariots de la mine abandonnée. Mais il y avait une ombre au fond, qui soudainement, scintilla pour alimenter des cristaux qui se trouvait tout autour. La lumière révéla alors une alicorne qui mit bouche bée les trois musiciens.
Elle était assise sur quelques coussins rouges mais usagés, portant une longue crinière rose qui lui cachait la moitié du visage et tombant en cascade jusqu'au sol. Pink Maggit dut se concentrer pour la reconnaître, car cette longe corne blanche et ce visage au grand museau, tout comme son corps qui était majestueux, ne lui était pas inconnu.
« Princesse... Celestia !? » s'écria soudainement Chino.
Peut-être était-il en erreur, mais sa position et son espèce ne laissaient pas d'autre choix au groupe de se mettre sur leurs quatre genoux.
« Non, dit la grande jument pour les couper dans leurs descentes. Je n'ai plus ce statut désormais. »
Elle leva pour se mettre sur ses quatre sabots, s'avança jusqu'au groupe de musique qui eux, reconnurent maintenant l'ancienne déesse solaire. Son crin n'ondulait plus comme du gaz, et sa démarche était lente, comme si elle était faible. Son visage était un peu creusé par endroits, et pourtant, le fait de voir des nouveaux poneys avec elle avait l'air de la faire sourire. Son regard n'échappa pas à celui de Pink Maggit et Chino, ils s'étaient déjà vu dans des circonstances certes moins heureuses mais sous un régime qui n'en était pas tant.
« Mes petits poneys, commença-t-elle au milieux du groupe, êtes-vous prêts à tout faire pour retrouver le royaume qui était vôtre ?
-Qu'allons-nous faire Princesse, et quel est cette endroit ?
-Cet endroit est notre dernier refuge, il nous protège du régime malfaisant de Sombra et de sa magie grâce à ces murs de cristaux, de nous cacher en attendant d'être en mesure de le contrer. Mes chers amis, enchérit-elle sans utiliser les anciens attributs, je vais devoir vous demander d'accomplir des actions périlleuses, risquer vos vies, mais qui seront nécessaires si nous voulons retrouver ce que nous avons perdu. Vous n'êtes pas obligés d'accepter, beaucoup sont ici dans le seul but de se cacher et de rendre service comme ils peuvent. »
En disant cela, Celestia pointa du sabot un cuisinier portant dans sa bouche un plateau de muffins, puis un autre qui se contentait juste d'astiquer des lances.
« J'accepterai votre refus, reprit-elle. Après tout, je n'ai pas été en mesure de vous protéger face à lui... »
Les trois musiciens comprirent où elle voulait en venir, qu'elle attendait des volontaires courageux pour permettre à cette dernière de revenir avec des moyens pouvant battre Sombra. Sa défaite contre le Seigneur l'avait affectée psychologiquement plus que physiquement, prenant ça comme une preuve qu'elle n'était plus apte à prendre le pouvoir. Ils réfléchirent quelques instants, mais il en fallut peu pour Cherry Wave qui se rapprocha de l'alicorne déchue et ainsi lui donner sa réponse dans un ton presque théâtral.
« Vous avez échoué face à la toute puissance du Roi, ce devrait être à lui que nous devrions prêter allégeance. Mais... le peuple lui en donne plus, beaucoup trop, sans en rendre la moindre estime contrairement à vous, votre majesté, souligna-t-il en la saluant de la tête. Ce n'était pas par votre puissance que nous acceptions votre gouvernance mais par la façon dont vous avez gouverné. »
Il regarda un instant les deux autres membres du groupe, pensant une seconde qu'il avait ses musiciens préférés dans son dos, et devant lui une légende vivante qui demandait de l'aide. Lui, il n'était rien, juste un poney comme un autre qui ramassait des cerises. Cela ne l'empêcha pas de dire haut et fort ses intentions, bien qu'à chaque seconde, son cœur vacillait en regardant les yeux de Celestia qui était si près.
« Nous sommes prêts à vous venir en aide majesté, dit-il. Quels que soient les risques, en ce qui me concerne, je veux moi aussi arrêter Sombra, retrouver mon royaume, et vivre avec ceux que j'aime qu'ils soit terrestres ou pégases !
-Ça marche pour moi aussi », ajouta le batteur en souriant au nouveau bassiste.
Pink Maggit ne répondit pas, mais elle sourit à ses deux camarades pour leur montrer toute sa gratitude. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour le moment, apporter son soutien, sa gorge était trop nouée pour tenter de se proposer aussi, peu importe ce qui allait se passer. Elle avait encore du mal à encaisser le fait que Soban-Jet soit en prison, tout comme Chino qui lui par contre voulait se venger.
L'assurance de Cherry Wave était due au fait qu'il était en compagnie de grandes personnalités, puis des ressentes aventures. Depuis que Sombra était venu au pouvoir, il avait presque tout perdu. Maintenant il n’avait plus rien à perdre.
Celestia leur rendit un sourire chaleureux, même un salut de la tête. Puis elle se retourna pour se remettre sur ses coussins pour avoir tout le monde sur les yeux. Les ailes dépliées pour se faire remarquer, un grand nombre de poneys arriva sans la salle. L'expression de l'alicorne était dure, mais réveillée, assez pour en étonner certains qui avaient fait leurs entrées dans cette salle du trône.
« À présent il est temps pour nous tous de prendre un peu de repos, car dès demain, nous allons enfin passer aux choses sérieuses. L'heure de la revanche a enfin sonné ! »
Fin de la deuxième partie.
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Désolé, je voulais dire violonCElliste c:
Mais c'est vrai qu'il y a un problème (j'ai un violoncelle chez moi et il m'arrive à l'épaule) par contre dans EG RR elle a bien un violoncelle . . . .
Mise à part ça, voir que ma fic plaise autant ne peux que me faire plaisir :)
Juste un truc qui me dérange atrocement, (je parle en tant qu'Octavia-fan)
Octavia est une violonniste et non une contrebassiste !!!!!!!!!!!!!
Grrrr,
Mais sinon je trouve cette fic vraiment extra !!! c:
Je comprends aussi la raison de tous ces détours avec Soban Jet, même si je trouve que le résultat est assez maigre par rapport à tout ce que tu as construit autour de lui depuis le début. Mais je suis quand même satisfait de voir que ça débouche enfin sur quelque chose.
À part ça, il était bien goupillé, ce chapitre. Pour la première fois depuis un petit temps, je me suis vraiment pris au jeu, et j'ai aimé. La fin n'a été qu'une demi-surprise (dès que les bat-ponies ont débarqué, j'ai su que Célestia allait suivre), mais pas de quoi gâcher la chose.
Nb: Je vois VRAIMENT, mais VRAIMENT pas ce qu'il peuvent ou veulent faire. Même libéré le mane 6 ne peut pas les aider car pour eux RD est une ennemie...et vu l'état de shining armor et cadance...
ps: Donc en faite le casse pied d'anarchiste n'a aucune rôle à par se faire tabasser, je note :P