Twilight Sparkle pouvait voir les étoiles.
Elles survolaient sa vision floue, brillant de leurs lumières chaudes, dansant comme des lucioles dans la nuit. C’est comme si elle avait un voile sur les yeux, mais les étoiles étaient clairement visibles. Elle pouvait distinguer les constellations, dont celles qui se rapprochaient de sa marque de beauté.
Perdue dans ses pensées, elle profitait de cette nuit pour se noyer dans les souvenirs de ses soirées passés à observer les étoiles.
« Tu as aimé ? »
Quelqu’un parlait. Était-ce elle ? Non. Sa bouche était sèche. Elle ne savait même pas si elle serait capable de parler, même si elle le voulait. Alors, qui était-ce ? C’était si difficile d’y voir quelque chose…
« Je t’ai posé une question, Twilight. C’est impoli de ne pas répondre. »
La même voix. Mais pas la sienne. Chaleureuse, taquine et douce. Si elle se révélait hostile, elle n’était pas en état de se battre. Elle pouvait à peine bouger. Ses jambes étaient comme de la gelée, et sa vision floue commençait à peine à se dissiper. Tout lui brûlait, et elle sentait une raideur particulière dans sa poitrine.
« Twilight ? » Le ton était différent. Interrogateur, curieux.
Les étoiles avaient disparu dans le noir, et ses yeux lui permirent de voir qui lui parlait.
Oh. C’était sa Princesse. Sa Princesse lui parlait. Bien sûr. La raideur dans sa poitrine se faisant plus insistante. C’était comme si elle lui disait de prêter attention à quelque chose.
« Twilight ? » répéta sa Princesse. L’inquiétude se faisait sentir dans sa voix.
Sa princesse s’inquiétait et fronçait les yeux. Ce n’était pas bon. Twilight pensait que sa Princesse était trop belle pour froncer les yeux. Un visage comme le sien devrait toujours être souriant. Si seulement Pinkie était là pour lui chanter une chanson…
Son expression se fit plus stricte. « Twilight », commanda-t-elle. « Respire. »
Twilight obéit. Le doux air entra dans ses poumons, pour en sortir dans une lente expiration. Puis une autre, et une autre, cherchant son souffle, la poitrine se levant et s’affaissant en faisant ainsi. Sa raideur disparaissait, puis s’en alla complètement. Seule sa respiration se faisait plus régulière, et elle était certaine qu’elle ne risquait plus de s’asphyxier. Son regard se tourna vers le poney au-dessus d’elle.
Sa Princesse lui sourit, et le monde tournait enfin rond.
« C’est mieux », dit la Princesse. « Ne me fais plus jamais peur comme ça. »
Twilight ouvrit sa bouche pour répondre, sans qu’aucun mot ne sorte. Elle reprit lentement ses esprits, si elle en avait encore un. La vue et l’ouïe d’abord ; mais parler demanderait un autre effort. Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches pour les humidifier, et tenta à nouveau sa chance. « P-princesse… » murmura-t-elle de sa faible voix.
Sa princesse baissa les yeux. Twilight avait toujours pensé qu’elle avait des yeux magnifiques. Elle n’avait jamais vu un tel ton de violet. « Nous sommes seules, Twilight », dit gentiment sa princesse. « Tu dois m’appeler par mon nom. J’ai un nom, tu sais. »
« D-désolée », bafouilla Twilight. « C… C… »
« Allez », l’encouragea sa princesse. « Tu peux le faire. »
« C… Cel… »
« Celessstia. » Le son sortit de ses lèvres dans un murmure.
« C-Celestia », répéta avec hésitation Twilight. Dire ce nom à haute voix semblait être blasphématoire.
« Bravo, dit Celestia, en baissant sa tête pour caresser le bout de son museau contre celui de Twilight. « Ce n’était pas si difficile, n’est-ce pas ? »
Twilight retourna ce geste d’affection, un petit soupir s’échappant de ses lèvres. « Je… je ne sais pas si je réussirai à m’y habituer », dit-elle.
« Tu devrais », l’avertit Celestia, avec une pointe de plaisanterie dans sa voix, « parce que si tu continues à m’appeler ‘Princesse’, alors je vais commencer à m’adresser à toi comme ‘Bibliothécaire’. » La déesse du soleil leva sa tête, et regarda Twilight de ses yeux mi-clos. « Les autres m’appellent Princesse », dit-elle. « Le conseil, les nobles, les diplomates, tout le monde… mais pas toi, d’accord ? »
Twilight avala la boule dans sa gorge et hocha lentement la tête. « O-okay », dit-elle.
« Alors, nous avons un accord », affirma Celestia. « Encore un traité négocié avec succès. » Elle leva son sabot blanc, caressant doucement la crinière de Twilight. « Tu vas bien ? J’avais peur que mon sort soit trop dur à encaisser pour toi. »
Twilight secoua sa tête de gauche à droite sur l’oreiller où elle se trouvait. Son corps n’avait pas encore récupéré du point culminant où elle avait été envoyée, mais au moins, elle était consciente. Toutes proportions gardées, elle pouvait compter cela comme une victoire. « Je vais bien », dit-elle. « C’est juste que… je… j’ai déjà… mais jamais comme ça. » Les joues de la ponette pourpre rougirent. « Jamais aussi fort. »
Celestia gloussa. « Tu avais l’air de bien t’amuser », dit-elle. « Peut-être qu’on devrait demander aux gardes ce qu’ils en ont pensé ? Ils ont sûrement dû t’entendre, après tout. »
Celestia avait dû remarquer le visage terrifié de Twilight, parce que ses lèvres s’agitèrent pour former un sourire taquin. « Relax, Twilight, je blague. Ma chambre est protégée de façon magique, dont un sort d’insonorisation. Les seuls poneys qui peuvent entendre ce qui se passe ici sont toi et moi. »
Twilight fit la moue. « Ce n’était pas très gentil », grommela-t-elle.
Celestia pencha sa tête une fois de plus, touchant doucement le museau de Twilight avec le sien. « Désolée », murmura-t-elle. « Tu me pardonnes ? »
Twilight fit de son mieux pour prendre un air indigné, mais c’était impossible pour elle de rester longtemps en colère contre son mentor. « Mais ce n’était quand même pas très gentil », marmonna-t-elle. « Comment avez-vous fait ça ? J’ai lu la plupart des livres sur la magie dans la bibliothèque royale, et j’étais toujours attentive en classe. Je n’avais jamais vu un sort comme celui-là. »
Le sourire chaleureux de Celestia tourna en une grimace que Twilight aurait décrite comme suffisante, si elle pensait la princesse capable de ça. Celestia était beaucoup de choses, mais jamais suffisante ; elle avait la réputation d’être humble.
« Tu es une très bonne élève, Twilight », dit Celestia, « et j’aime penser que je t’ai bien enseignée… mais ça ne veut pas dire que je t’ai fait tout apprendre. » Elle leva son museau et réussit à prendre un air hautain. « Une dame ne révèle jamais ses secrets. »
Twilight ne put s’empêcher de rire ; oh, oui, c’était un peu suffisant, après tout. « On dirait Rarity », dit-elle.
« C’est un compliment d’être comparée à l’élément de la générosité », dit Celestia. « Je suis sûre que Rarity serait très flattée. » Le sabot de Celestia passa de la crinière de Twilight à sa joue, caressant délicatement sa fourrure couleur lavande. Même si elles étaient seules, elle baissa sa voix, comme si quelqu’un pouvait les entendre, barrière magique ou pas. « Comment tu t’es sentie ? » demanda-t-elle.
« Mm… » Twilight étira ses sabots derrière sa tête. « Comme si j’étais en feu. » Elle fit une pause. « Non, en fait, je ne veux pas dire que j’étais en feu bien sûr, je ne me serais pas sentie bien. Mais je me suis sentie bien. Vraiment bien, mieux que jamais. » Elle frotta son sabot sous son menton. « Qu’est-ce qui serait plus approprié ? Comme si j’étais frappée par la foudre, peut-être ? Non, pas ça non plus. Je pense que je ne saurais pas le dire précisément. Ça m’a fait sentir bien et chatouilleuse, et je pense que c’est ce que l’électricité me ferait ressentir, mais être frappé par la foudre ne sonne pas mieux que de dire que j’étais en feu. Eurgh, je déteste les métaphores. Les poneys devraient juste dire- »
Les lèvres de Celestia pressées contre les siennes la firent taire. Twilight poussa un cri étouffé, et le silence se fit, laissant leurs paupières se refermer. Sa princesse embrassait très bien. Avant, la fatigue du sort et la respiration haletante avait laissé desséchées les lèvres de Twilight ; le nectar qu’elle buvait des lèvres de Celestia était plus doux que n’importe quelle fleur, plus nourrissant que l’eau de la plus pure des sources. C’était ce que lui ferait ressentir l’électricité, le fredonnement du pouvoir contre sa bouche, l’air qui remplissait ses poumons, lui intoxiquant tous ses sens.
Elle avait le goût des rayons du soleil. Twilight ne savait pas que c’était possible, mais elle s’en fichait bien maintenant.
Après une éternité – ou peut-être quelques secondes, qui savait ? – Celestia la relâcha, l’expression demeurant la même sur son visage. « Tu parles trop, Twilight », murmura-t-elle.
Twilight marmonna quelque chose à propos de quelque chose. Des sons hébétés sortirent de ses lèvres. Elle était sûre que ce n’était pas des mots. C’était trop difficile de garder l’esprit clair.
Le sourire de Celestia s’élargit. « Tu es si mignonne quand tu es déconcertée », dit-elle. « Je me sens presque coupable de te laisser comme ça.. » Elle baissa à nouveau la tête, rapprochant leurs museaux jusqu’à ce que leurs nez se touchent. « … Presque. » Les lèvres de Celestia brossaient encore celles de Twilight, de manière fugitive, puis se dirigèrent vers son menton, puis son cou.
Twilight s’abandonna sous l’affection de Celestia, profitant de la sensation du corps de l’autre alicorne contre le sien. Même si elle était plus grande que deux poneys, Celestia ne pesait rien au-dessus d’elle. Twilight s’affaissa sous les couvertures, mais le matelas ne semblait pas prêter attention à la présence de Celestia. La partie rationnelle du cerveau de Twilight – celui qui l’embêtait toujours – avait du mal à l’accepter, mais elle pensa que lorsqu’on était une princesse, les lois de la physique étaient plus… suggestives.
Le pelage de Celestia était incroyablement doux, encore plus doux que les nuages sur lesquels Twilight avait récemment pris l’habitude de marcher, et encore plus blanc. Elle n’avait rien à dire sur sa crinière. Celestia n’avait pas de crinière, et pas de cheveux. Des rubans de lumière brillante se déversaient du haut de sa tête en vagues, coulant le long de ses épaules comme une magnifique cascade qui se terminait sur la poitrine de Twilight.
Twilight Sparkle, érudite de magie, rat de bibliothèque et curieuse invétérée, ne pouvait pas décrire la sensation. Les mots lui manquaient. Toutes ces heures passées à la bibliothèque, inutiles. « J’aurais dû envoyer un poète… » murmura-t-elle.
« Mm !? » Celestia fit un son curieux, levant brièvement ses yeux vers le visage de son élève. Ne recevant aucune réponse, elle reprit son travail, toilettant la nuque et les épaules de Twilight, concentrant son attention sur l’alicorne et sa corne, léchant, embrassant, mordillant, suçant. Elle avait le goût de lilas.
Twilight frissonna sous le travail de sa princesse, allongeant sa tête contre l’oreiller et rouvrant ses yeux. La chambre de Celestia était sombre, les contours de la pièce obscurcis par les rideaux qui entouraient le lit. Il était vaste, assez grand pour deux, et même assez pour trois, ou même un quatrième poney. Elle se demanda s’il y en avait déjà eu autant. Celestia ne semblait pas du genre à garder un harem, mais tout de même, elle était la souveraine d’Equestria. Rien ne l’empêchait de faire ce qu’elle voulait, y compris des compromis moraux. Si elle passait une tête dans le couloir maintenant et demandait à un garde, un serviteur qui passait, ou n’importe qui d’autre de la rejoindre, est-ce que l’un d’eux aurait le droit de dire non ?
Est-ce quelqu’un voudrait le dire ?
Le lit en lui-même était une incarnation du luxe. Le cadre était du chêne venu de Whitetail Woods. Les oreillers et le matelas étaient fourrés de nuages. Les draps étaient faits de soie importée d’Arabie Séoulite, le même que les rideaux. Excepté le corps divin de Celestia, c’était la chose la plus douce que Twilight avait touchée. Twilight aimait beaucoup Rarity, mais le Carrousel Boutique n’avait jamais produit quelque chose d’une qualité comparable. La plus fine pièce de tissu de la licorne pouvait bien être faite de papier de verre à côté de ça.
(Twilight avait entendu Rainbow Dash conter une histoire macabre expliquant que les lits des princesses étaient faits du bois de branches-loups morts, les oreillers remplis de plumes de griffons capturés, et – bien sûr – leurs draps faits à partir des crinières de pouliches vierges. Apparemment, elle et Dash auraient besoin d’avoir une petite discussion quand elle retournerait à Poneyville. Twilight était sûre que la pauvre Luna, déjà la cible d’histoires macabres, n’apprécierait pas que ses sujets pensent qu’elle dort sur un lit fait à partir de morceaux de corps.)
Le clair de Lune ruisselait à travers la fenêtre ouverte au-dessus du lit, la seule source de lumière à part la crinière de Celestia. Les étoiles étaient bien visible – de vraies étoiles, pas des fantômes qui encombraient sa vision après sa petite mort. Elles parsemaient la toile noire du ciel, telles des balises pour les voyageurs égarés dans la nuit, autour de leur mère la Lune dans cette couronne céleste. L’air de cette nuit d’été était chaud, sans un nuage à l’horizon.
Celestia avait sans doute son regard. « C’est magnifique, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle.
« Sublime », murmura Twilight. « Splendide. »
« Luna serait heureuse de l’entendre. Elle s’est vraiment surpassée ce soir. »
« Mmm », soupira Twilight, « la Lune est pleine…
« Attendez », dit-elle. « Pourquoi la Lune est pleine ? On a déjà eu une pleine Lune il y a deux semaines. »
« J’ai demandé à Luna de le faire pour nous », répliqua Celestia. « Elle était heureuse de m’obéir. »
« Vous ne pouvez pas faire çaaaa », pleurnicha Twilight du bout des lèvres. Elle ne le voulait pas vraiment – elle était de trop bonne humeur pour ça – mais Celestia ne lui avait pas laissé le choix. « Vous ne pouvez pas redémarrer le cycle lunaire parce que vous le voulez. Ça va modifier le planning des fermiers, et les thèmes astrologiques, et on devra changer les calendriers, et- »
Twilight sentit la corne de Celestia frotter contre la sienne, et ses plaintes ne purent aller plus loin que le bout de ses lèvres. La jeune princesse frissonna sous son homologue blanc, la bouche pendante alors qu’un râle de plaisir lui échappa. Ses yeux se refermèrent. Le souffle de Celestia était chaud, aussi ardent que le soleil.
« Je suis Celestia d’Equestria », dit la princesse, dans un murmure rauque. « Je suis le feu fait de chair. Je peux faire ce que je veux. » Pour illustrer ses propos, elle avança sa tête pour capturer le bord de l’oreille de Twilight entre ses lèvres, mordillant et pinçant dessus, utilisant ses dents avant de la relâcher. Sa voix se fit plus douce. « Et maintenant, je ne veux que toi. »
Twilight se retint de gémir à voix haute. Elle n’était pas encore prête ; sa gorge était toujours endolorie de leur dernière fois. Ainsi, elle dut rassembler toutes ses forces pour réussir à murmurer. « P-pourquoi ? »
Celestia cligna des yeux. « Quoi ? », dit-elle.
Les yeux de Twilight s’ouvrirent un peu. « Pourquoi est-ce que vous me voulez ? » demanda-t-elle de sa voix faible.
Celestia semblait prise au dépourvu par la question. Elle leva sa tête, les yeux violets brillant dans la lumière de la Lune. « Twilight », dit-elle, « pourquoi est-ce que je ne voudrais pas de toi ? »
« C’est comme vous l’avez dit… vous êtes Celestia d’Equestria. Celestia, qui sait tout. Celestia, la jument blanche. Le soleil se lève et se couche littéralement sur vous. » Twilight leva son sabot, caressant la fourrure de perle du cou de Celestia. Elle était pâle, pâle comme un fantôme mais elle brillait de vie et d’amour. « On sait toutes les deux que vous pouvez avoir qui vous voulez, alors… pourquoi moi ? Qu’est-ce qui me rend si spéciale ? »
Celestia semblait penaude. Ses oreilles se baissèrent, et ses yeux s’écarquillèrent. « Twilight », murmura-t-elle, mortifiée, « tu ne penses pas que tu es spéciale ? »
Twilight sourit à peine. « Pas vraiment », admit-elle. « Je veux dire… on m’a dit ça depuis que je suis petite. Mes parents me l’ont dit. On me l’a dit quand je suis entrée dans votre école pour les licornes ‘spéciales’. Je l’entends encore plus depuis que je porte une couronne. Mais je ne me suis jamais vue comme plus qu’un autre poney. C’est tout ce que je suis. »
Celestia lui sourit en retour. Twilight reconnut ce regard ; le genre que Celestia prenait lorsqu’elle allait lui donnait une leçon.
« Twilight », dit doucement Celestia, « qu’est-ce que je suis pour toi ? »
Twilight commença. « Je… je viens de vous le dire. Vous êtes Celestia d’Equestria, celle- »
« Oui, oui, j’ai entendu », la stoppa Celestia. « Oublie qui je suis. Qu’est-ce que je suis ? »
Un sentiment de crainte commença à envahir Twilight. Comme dans ce rêve récurrent où elle était interrogée sur quelque chose qu’elle n’avait pas étudié. « Une… une princesse ? » répondit-elle.
« Non, ma chère, tu as oublié quelque chose. Ici. » La corne de Celestia s’illumina, guidant le sabot de Twilight plus haut sur son cou, juste sous son menton. « Dis-moi ce que tu ressens. »
Twilight était perdue. Cet endroit particulier sur la gorge de Celestia avait la même sensation que les autres : doux, si doux, mais indiscernable. Elle avait l’impression que si tout cela un test, elle allait échouer. « Je… je ne comprends pas. »
« Ferme tes yeux », l’exhorta la princesse. « Ne pense pas à ce que tu vois. Pense à ce que tu ressens. »
Twilight ne broncha pas et fit comme demandé. L’ignorance était un sentiment presque inconnu pour elle, et elle n’aimait pas ça. Mais elle restait dans le noir, de plusieurs façons ; perdre sa vue ne l’avait pas aidée à trouver le secret qu’espérait lui enseigner Celestia.
« Vous êtes douce », dit-elle, parlant doucement, tout en réfléchissant à haute voix. C’était une habitude depuis l’école, quelque chose qui l’aidait à surmonter les problèmes les plus difficiles. « Et chaude. Je peux sentir votre fourrure, et votre peau. »
« Quoi d’autre ? » l’encouragea Celestia.
Twilight fronça les yeux encore plus. « Votre crinière », dit-elle. Cela expliquait cette sensation… quelle qu’elle soit. Mais il y avait quelque chose d’autre, une pulsation sous son sabot. « Eh bien, votre pouls aussi, mais- »
« Oui », dit Celestia, la voix pleine d’excitation. « Tu sens les battements de mon cœur, n’est-ce pas ? »
Twilight agita son museau. C’était une drôle de question. « Bien sûr que je le peux. Vous avez un cœur, n’est-ce pas ? »
« Oui, Twilight », murmura Celestia. « J’ai un cœur. Il pompe du sang dans mes veines. J’ai aussi de la fourrure, de la peau, et une crinière, des sabots, une corne, des ailes, de la chaleur et des envies. » Ses mots étaient plus rapides. « Je respire le même air que toi. Je bois la même eau. Quand j’ai faim, je mange la même nourriture. J’aime le goût des roses, et du thé à la menthe, et j’ai un énorme faible pour le gâteau au chocolat. »
Le ton de Celestia se fit plus doux, presque rêveur. « Je ris quand je suis heureuse. Je pleure quand je suis triste. Je tremble quand j’ai peur – et contrairement à ce que tu as pu entendre, je peux avoir peur – et je dors quand je suis fatiguée. Et il y a des moments où je me sens très, très fatiguée. » Sa voix prit un ton de supplique. « Je te le demande encore, Twilight Sparkle… qu’est-ce que je suis pour toi ? »
Les yeux de Twilight s’ouvrirent, comprenant enfin ce que voulait dire Celestia. « Vous êtes un poney », murmura-t-elle.
Celestia hocha la tête. « Je suis un poney. Un poney âgé, sans doute, et un qui connaît la magie comme personne, mais toujours un poney. C’est ce que je suis. Tout ce que j’ai toujours été. » Ses yeux se plongèrent dans ceux de Twilight. « Exactement comme toi. »
Les papillons dans l’estomac de Twilight se transformèrent en boules de culpabilité qui pesaient lourds dans son estomac. « Je… je suis désolée », dit-elle, bougeant son sabot du cou de Celestia vers sa joue, qu’elle caressa tendrement. « Je pensais- »
Celestia se pencha pour mieux ressentir le toucher de Twilight. « Ne le sois pas », la rassura Celestia. « Je sais ce que tu veux dire. C’est ce que tout le monde pense. Mais je ne suis ni invincible in infaillible. Je fais des erreurs – j’en ai faites beaucoup, Twilight – mais j’essaye d’apprendre de mes échecs, pour faire mieux la prochaine fois. Je suis loin d’être parfaite. Au contraire, je suis aussi imparfaite que les autres. Ce sont nos forces et faiblesses qui nous rendent uniques, et donnent à la vie autant de variété. C’est ce qui nous rend spécial, pas une corne, ni des ailes, ou même une couronne. » Son sourire était blême. « Je ne suis pas une princesse, tu sais. »
Twilight était heureuse que la chambre soit si sombre, pour que Celestia ne puisse pas voir son visage changer aussi vite de couleur. Mais elle ne dit rien.
« Ce que je veux », continua Celestia, « n’est pas un adorateur. Pas un acolyte. Pas quelqu’un de trop aveuglé par sa foi pour ne pas voir la vérité. Pas un serviteur zélé qui ne fera que suivre mes ordres sans poser de questions. »
Celestia baissa les yeux. Quand ils se levèrent pour rencontrer ceux de Twilight, ils brillaient dans la nuit, humides.
« Je veux un ami, Twilight. Un égal. Un compagnon à qui je peux avouer mes désirs, mes rêves, mes espoirs. Quelqu’un qui me tiendra compagnie quand je serai seule. Quelqu’un avec qui je peux partager la chaleur d’un feu de cheminée quand il fait froid. Quelqu’un qui m’acceptera pour qui – et ce pour quoi je suis vraiment. »
Twilight pencha sa tête, confuse. « Je pense que je comprends, mais… et la Princesse Luna ? » dit-elle. « Vous êtes très proches toutes les deux, n’est-ce pas ? Vous n’avez jamais parlé de tout ça avec elle ? »
Celestia mit du temps à répondre, ce qui était inhabituel pour un poney aussi éloquent qu’elle. Elle prenait le temps de choisir ses mots. « Ma relation avec ma sœur est… compliquée », dit-elle. « Je l’aime beaucoup, comme tu le sais. Et j’ai une absolue confiance en elle. Nous nous sommes confié des secrets dont nous ne parlerions à personne d’autre, même pas toi. Mais, je… »
Celestia fit une pause, se mordit la lèvre, et poursuivit. « Pense-le de cette façon, Twilight. Tu aimes profondément ton frère, n’est-ce pas ? »
« Mon S.G.F ? Oui, bien sûr. »
« Eh bien… tu n’aimerais pas partager le lit avec lui, non ? »
Twilight rougit furieusement en réponse. « Bien sûr que non ! » lâcha-t-elle, plus fort que prévu. « Ça serait… bizarre. »
« Alors tu comprends mon dilemme. » Celestia posa son sabot contre la poitrine de Twilight, traçant des petits cercles sur sa peau. « Tu m’as demandé pourquoi je voulais de toi, Twilight. C’est ma réponse. Maintenant, j’ai aussi une question pour toi, et je voudrais une réponse sincère. »
Les oreilles de Twilight s’abaissèrent. « O-oui ? »
« Si tu étais encore officiellement mon étudiante, je ne penserais même pas à ça. Ça serait très… inapproprié, c’est le moins que l’on puisse dire. Un scandale, comme dirait Rarity. Mais ce que je te dis, je ne te le dis pas en tant que professeure, pas même en tant que princesse, mais d’un poney à un autre. »
Celestia s’abaissa, approchant sa tête de celle de Twilight. Ses yeux brillaient comme des améthystes dans la lumière de la Lune.
« Twilight Sparkle », murmura-t-elle, « veux-tu de moi ? »
Twilight resta silencieuse pendant un moment, regardant son ancienne tutrice avec une expression à la fois désireuse et incertaine… agitée, mais aussi heureuse et contente à la fois.
Des termes contradictoires, lui dit son cerveau.
C’est de l’amour pour toi, lui répliqua son cœur.
Puis Twilight lui sourit.
« Chère Princesse Celestia… » murmura Twilight, levant ses sabots pour les enrouler autour du cou de l’autre jument, « …taisez-vous et embrassez-moi. »
Celestia d’Equestria, celle qui savait tout, n’était pas habituée à être surprise. Ses yeux s’écarquillèrent, et sa bouche grande ouverte suite au choc ; c’était un visage dont Twilight se souviendrait longtemps. Mais elle sourit en retour vers la jeune monarque, et bougea pour lui obéir.
« Comme tu le souhaites, mon petit poney… »
Lèvres contre lèvres, bon et long et profond. Lèvres contre menton. Contre nez. Contre épaules. Contre ailes.
« Oh, Princesse… »
« Qu’est-ce que c’était, Bibliothécaire Sparkle ? J’ai peur de ne pas vous avoir entendue. Vous devez parler plus fort. »
« … Celestia… »
« Celestia ! »
« Celestia ! »
Depuis son perchoir dans le ciel nocturne, la Lune les observa, regardant en silence et écoutant les amants jouer. Elle les gardait étroitement, comme demandé, brillant parmi les étoiles, jusqu’à ce que sa maîtresse lui fasse signe d’aller se reposer, et elle glissa lentement sous l’horizon, annonçant l’aube d’un jour nouveau.
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hum étrange en même temps je lis pony war chronichles ca fait bizarre
Après que ce soit des relations hétéro, homo, avec d'autres créatures d'Equestria voir même des humains, je m'en moque bien pas mal, Je préfère juste que ce soit des intervenants extérieurs ou des persos secondaires.
Idem pour nos 2 super souveraines elles-même, j'ai rien contre de la romance pour elles aussi. Être dirigeante tout en étant si puissante, et bien après tout, cela ne les empêchent pas d'aimer que je sache. C'est comme si vous me disiez que n'importe qu'elle souverain n'a pas le droit de se marié ou d'avoir un fiancé, voir des enfants, c'est stupide.
Après, chacun pense ce qu'il veut.
Merci pour la traduction.
j'ajouterai que c'est très beau comme histoire