Chapitre 3

Non, ce n’était pas possible. Je ne me faisais déjà pas au concept du meurtre mais de là à ce que ça se passe en plein jour, dans une rue tout à fait publique et sur une personne devant toujours être accompagnée… Je n’allais pas laisser faire ça. De plus, j’avais maintenant une alliée connaissant les techniques du tueur ! Ce n’était forcément pas elle, elle était avec moi depuis au moins deux heures et demie.

Twilight aurait su nous aider… Mais elle ne rentrait que le lendemain matin !

Les gardes de la maison du maire accoururent et dégagèrent la foule tant bien que mal. Les gens parlaient à tout va, on pouvait entendre des « Nous sommes fichus » ou encore « Qui sera le prochain ? ».

Il fallait les rassurer. Alors, je m’envolai et pris la parole pour que tout le monde puisse m’entendre :

« Ecoutez-moi tous ! Ne cédons pas à la panique ! Ça ne ferait qu’empirer les choses ! Ce que nous devons faire, c’est être prudent. Pour commencer, ne restez jamais seul, assurez-vous d’être toujours avec quelqu’un d’autre. Ensuite, ne sortez que pour des choses importantes. Considérez l’extérieur comme dangereux. Et pour finir, ne paniquez pas ! Je vous le redis : ça ne peut qu’empirer les choses. Il faut que vous restiez aussi calme que possible. Maintenant, rentrez tous chez vous. »

Je venais de me découvrir un talent d’orateur, car tout le monde partit. Il ne restait plus que moi, AppleJack, les gardes et la voyageuse.

Celle-ci nous dit :

« Pas besoin d’enquêter, ça ne vous mènerait à rien. Vous ne trouverez aucun indice, juste un cadavre sans cutie mark. J’ai un autre plan, mais il va falloir voler.

_ Hum… Je n’ai pas d’ailes… dit AppleJack

_ C’est pour ça que je le fais remarquer. Tu ne vas pas pouvoir venir, désolée.

_ Mais… Je veux aider !

_ Tu ne peux pas. Je crois que tu devrais réconforter ta petite sœur ou Pinkie Pie !

_ Comment les connaissez-vous d’abord ? Répondez !

_ Je sais beaucoup de choses.

_ Rainbow, je ne lui fais pas confiance, il ne faut pas que tu restes seule avec elle.

_ Tu as peut être raison… Mais moi, je la crois. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. Et puis, si on veut avoir une seule chance de sauver notre ville, elle est peut être notre seul espoir.

_ Très bien, c’est toi qui décides. Mais Twilight vous accompagnera tout le temps quand elle sera revenue ! »

La fermière n’attendit pas de réponse et s’en alla. Quand à moi, j’avais curieusement une confiance absolue en cette parfaite inconnue dont je ne connaissais même pas le nom. On s’éloigna de quelques mètres et elle retira sa cape. J’adorais son look. Il avait un air de… moi. Je veux dire, dynamique, cool et assez décoiffé tout en étant scrupuleusement arrangé d’une certaine manière. Et cette cutie mark… Elle me donnait des frissons à chaque fois que je la regardais.

« T’as fini de me mater ou bien ?

_ Oh heu… désolée. J’adore ton look.

_ Merci. Bon, il faut qu’on y aille mais je vais te dire quelque chose, ça n’aura probablement aucun sens précis pour toi à l’instant mais ça en aura plus tard.

_ Crache le morceau…

_ Rien n’est immortel.

_ Hein ?

_ Retiens-le et n’en parle pas.

_ T’es bizarre dans ton genre toi…

_ Suis-moi. »

Elle se retourna et s’envola droit vers la forêt Everfree. « Rien n’est immortel », qu’est ce que ça signifiait ? Bon, d’accord, que ça signifiait que rien n’était immortel mais… c’est juste étrange qu’elle ait dit ça.

Soudain, pendant que l’on volait, je sentis mes émotions cachées jusque là… remonter. Je n’avais pas encore pleuré Rarity, pas du tout. Mais évidemment, ça tombait à l’instant, pendant que je volais avec une inconnue vers un endroit quelconque pour trouver un monstre qui tuait des poneys innocents. Aucun doute, c’était LE meilleur moment pour que ça arrive.

J’essayais de me retenir de toutes mes forces mais je n’y suis pas arrivée. Les larmes ont commencé à couler. C’est ce moment que choisi la voyageuse pour se retourner, et elle me vit. Elle ralentit et commença à descendre sur la terre ferme. Quand nous y sommes arrivées, j’ai vraiment éclaté en sanglots. Elle me regardait l’air triste, sans trop savoir quoi faire. Alors, je la pris dans mes bras.

C’est formidable d’avoir une épaule sur laquelle pleurer.

Après quelques minutes, mes pleurs cessèrent. Je reculai un peu et l’inconnue me demanda si j’allais mieux. Dès que j’eus hoché la tête, elle me fit signe de reprendre la route.

Elle commença à redescendre à peu près trois kilomètres plus loin, dans la forêt. Je n’y étais jamais allée aussi profondément de toute ma vie.

Ce que je vis là n’était probablement pas la raison pour laquelle nous étions parties au départ mais c’était sûrement tout aussi surprenant, même peut être plus, que notre objectif. Ce qui se trouvait là, mes amis, c’était Pinkie Pie. Elle ne nous voyait pas, je crois même qu’elle n’était pas consciente mais… elle avait les yeux ouverts et beaucoup d’émotions de toutes sortes avaient l’air de se mélanger à l’intérieur.

J’ai avancé mon sabot pour pouvoir la toucher.

« NON ! »

J’ai aussitôt arrêté mon geste.

« Quoi ? Pourquoi je ne pourrai pas la toucher ?

_ Elle est ensorcelée, voilà pourquoi. Si tu la touches, tu le seras aussi.

_ Ensorce… quoi ? Comment ça ?

_ Je crois que ça a un rapport avec ce que l’on était venues chercher.

_ Et on était venues chercher quoi, au fait ? »

Je n’eus aucune réponse. L’alicorne souleva Pinkie grâce à sa magie et se retourna vers moi :

« Nous allons être retardées mais il faut l’emmener en lieu sûr. Si elle se réveille, elle pourra probablement nous apprendre beaucoup de choses.

_ Attends, pas si vite… Pourquoi SI elle se réveille ?

_ Et bien, je n’ai jamais vu un sort pareil et je ne sais pas dire ce qui va se passer. Nous devons l’emmener dans un endroit discret, où l’on serait les seules à pouvoir aller et là, je pourrai essayer de la réveiller.

_ Je peux créer un nuage, nous sommes assez loin de la ville pour ne pas nous faire voir.

_ Ce serait parfait. »

Et voilà que l’on s’installa sur un nuage, au dessus de la forêt Everfree avec une Pinkie ensorcelée par je ne sais qui et je ne pouvais même pas être sûre qu’elle allait se réveiller ! Super journée.

Cependant, je me posais une question essentielle. Comment cette ponette était-elle arrivée ici ? Elle ne sait pas voler, elle a donc du venir à pieds, ce que confirment les traces de griffures sur son corps, probablement des ronces. Mais c’est un long trajet et elle était avec nous hier soir ! Elle n’avait pas pu faire ça seule, quelqu’un ou quelque chose l’y avait poussé. Mais quoi ?

Je n’eus pas le temps de penser plus que l’inconnue, comme je l’appelle, me donna une liste d’objets à ramener de Ponyville. Elle ne voulait pas trop s’afficher, une nouvelle tête n’aurait eu pour effet que de faire peur aux gens vu les récents événements.

Il commençait déjà à faire sombre, les magasins allaient fermer, ce qui m’obligea à attendre le lendemain pour tout aller chercher. J’espérais de toutes mes forces que rien d’autre n’allait arriver d’ici là, même si, au fond de moi, je savais que tout allait très mal et que ça n’allait pas s’arranger si vite. Heureusement, Twilight rentrait le lendemain matin. Je lui raconterai tout et elle viendra nous aider, elle trouvera une solution et tout s’arrangera. Si seulement c’était vrai…

La nuit avait été très mauvaise, remplie d’horribles cauchemars et d’une peur sans fin.

A la fin de chaque cauchemar, je mourrais, ce qui ne me rassurait en rien. A vrai dire, ça me faisait peur. J’avais eu une vision une fois, quand j’étais petite, et elle s’était réalisée. Par Célestia, faites que ça ne se reproduise pas !

Je me suis réveillée très tôt. A vrai dire, je n’avais presque pas dormi. Je suis allée à Ponyville, armée de ma fameuse liste de courses.

Le temps d’y arriver, les magasins devaient être ouverts. La ville était calme, les gens avaient peur. A vrai dire, ça ressemblait à une ville fantôme. Après mes courses, Twilight serait sûrement arrivée et je lui expliquerai tout de A à Z.

Je jetais un coup d’œil sur la liste. J’avais besoin de sucre, facile à trouver. Je suis allée au Sugarcube Corner, chez Mr et Mme Cake. J’ai toqué, pas de réponse. J’ai recommencé. Une voix me répondit :

« Que… qui est-ce ?

_ C’est Rainbow Dash, je voudrais acheter quelque chose.

_ J’arrive. »

C’est Mme Cake qui vint m’ouvrir. Elle était méfiante et me fit entrer rapidement.

« Plus personne ne vient dans la boutique, depuis hier. Et en plus, Pinkie Pie est partie. Chez une amie, elle m’a dit. Elle avait l’air bizarre.

_ Ah…

_ Soit, de quoi as-tu besoin ?

_ Heum, de sucre. Un kilo devrait suffire. »

Elle alla me chercher un paquet de sucre, elle avait une mine étrange. A un moment, j’ai cru qu’elle allait pleurer.

« Voilà. Ca m’a fait plaisir de te voir, maintenant que je suis toute seule…

_ Quoi ? Comment ça, toute seule ?

_ Tu… tu n’es pas au courant ?

_ Au courant de quoi ?

_ Je… le tueur, il a pris mon mari et… mes deux enfants. Il s’est aussi attaqué à Vinyl Scratch. Je croyais que tu savais. »

Je n’ai pas répondu, et je me suis précipitée vers la sortie sans même un au revoir ou un je suis désolée. La situation était pire que je ne le pensais. Et j’étais le seul poney dehors. Enfin, pas le seul, à vrai dire.

Je ne l’avais pas vu, mais un poney s’est jeté sur moi. Il était venu des airs, je n’ai pas eu le temps de voir son visage, il m’a jeté au sol, je me suis cognée la tête et, comme si ce n’était pas assez, je me suis évanouie.

Le tueur aurait pu me tuer, il ne le fit pas. Mais je crois qu’il avait une bonne raison, car il n’avait épargné personne jusqu’à maintenant. Vu ce qui allait se passer, peut être que la mort était une issue préférable. J’en suis convaincue.

J’imagine que vous voulez connaître la suite, n’est-ce pas ?

Je me suis réveillée dans le noir, une douleur insupportable grandissait dans mon aile droite. Je sentais mes sabots attachés avec des chaînes froides et trop serrées. Je ne savais pas combien de temps j’étais restée inconsciente, je ne savais pas où j’étais et je ne voyais rien. La seule chose que je savais, c’est que je devais partir d’ici de quelque façon que ce soit.

Je me suis débattue, sans aucun résultat. Mon aile continuait à me faire souffrir, ce qui ne facilitait pas les choses.

Mais soudain, les lumières s’allumèrent et ce que je vis était vraiment, vraiment horrible.