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Je me perds...

Une fiction écrite par IGIBAB.

Basculement de mondes : Chapitre 6 - Au Fond du Trou

Je tombais. Une falaise de plus de trente mètres. Mes ailes ne répondaient plus. J'entendais mon ami hurler en haut de la falaise. J'avais encore la tête levée vers le ciel et je voyais le sommet s'éloigner de plus en plus vite. Le sol se rapprochait. D'ici quelques instants, j'allais le heurter et, sans aucun doute possible, mourir en même temps.

Est-ce que cela faisait mal de mourir d'une chute? Je veux dire, est-ce que j'aurais le temps de m'en rendre compte? Allais-je mourir sur le coup ou bien sentir la douleur un instant avant de passer de l'autre côté? La réponse allait bientôt arriver. D'ailleurs, aurais-je le temps de réaliser que j'ai obtenu ma réponse?

Et comment avais-je le temps de penser à tout ça? Ainsi donc, ces histoires de temps qui passe plus lentement dans certaines situations étaient vrai? Être proche de la mort avait décuplé ma vitesse de réflexion? La belle affaire!

Le souffle de l'air était fort, je ne sais pas à quelle vitesse j'allais, mais bien trop vite pour m'en sortir.

J'allais mourir. Je me répétais cette phrase comme si j'essayais d'appréhender quelque chose qui m'avais toujours semblé lointain. Je n'avais, certes, pas hésité à confier ma vie à Twilight, mais la certitude de mourir n'était pas aussi grande. Là, je n'avais quasiment aucune chance de m'en sortir, et si par miracle je survivais, je serais sûrement handicapé à vie. Pas le genre de chose dont je rêvais en somme.

Je n'avais pas vraiment peur de la mort. Après tout, ce n'est qu'une étape, et des milliards de personnes l'ont franchie avant moi, et plus la franchiront après. Bon, ça m'embêtait de n'avoir passé que deux mois à Ponyville. Et ça me faisait chier pour mon ami, qui allait sans doute avoir du mal à s'en remettre.

C'était vraiment si long trente mètres? Si cette chute continuait davantage, j'allais finir par avoir des regrets!


Une fraction de seconde, je sentis un contact sur mon postérieur. Enfin, le sol. Le moment de tirer ma révérence, la fin de Ground Writer le pégase. J'ai fermé les yeux. J'ai entendu un bruit de déchirement. Sans doute ma propre enveloppe corporelle que j'entendais s'éclater sous l'impact.

Pourtant rien ne vint, pas de douleur, et je sentais toujours le vent me fouetter le visage. Ma chute n'était pas finie? Mais... Et ce contact?

J'ai ouvert les yeux. Je chutais dans un endroit sombre. La tête levée vers le ciel, je distinguais de la lumière émanant du plafond, à travers une sorte de déchirure.

Qu'est-ce qu'il se passait? J'avais glissé dans une autre dimension au moment de ma mort ou bien?

J'ai regardé en dessous de moi. Quelque chose de gros et blanc se rapprochait, ou plutôt c'est moi qui chutais dessus.

J'ai atterri dessus. C'était extrêmement moelleux et ma chute fût complètement absorbée sans aucune once de douleur.

Les yeux grand ouvert, allongé sur ce gros truc blanc, n'y croyant pas vraiment, je me suis mis sur mes pattes tremblantes. Je me suis pincé un sabot, histoire de vérifier la réalité de l'instant. J'ai eu mal. J'étais vivant, en un seul morceau, et sans même une égratignure. Je me suis évanouis. C'est étrange, j'ai été plus choqué d'être en vie que de risquer de mourir. Ou alors c'était le contre-coup...


Je me suis fais réveiller par une silhouette bleue que je connaissais bien.

"Hé mon vieux! Réveille-toi!"

J'ai ouvert les yeux. Blue me regardait, les larmes aux yeux.

"Me fait plus une peur comme ça, espèce de débile!" fit-il en essayant de rire, s'essuyant rapidement les yeux.

J'ai regardé autour de moi. J'étais toujours sur le gros truc blanc qui avait amortis ma chute. J'ai compris que c'était un nuage, mais alors pourquoi mon ami pouvait tenir dessus lui aussi? Seul les pégases en étaient capables normalement.

Nous étions dans une sorte de caverne, les archéologues aussi étaient là, inspectant les alentours sans se soucier de nous. Les gardes également étaient présents.

"Mais... On est où là?" ais-je demandé à mon ami.

"Dans une grotte visiblement. Tu es tombé dedans. Apparemment, quelqu'un avait dissimulé l'entrée à l'aide d'une bâche où je ne sais quoi." répondit-il en indiquant le plafond.

Effectivement, le plafond était un trou béant vers l'extérieur. La lumière filtrait à travers, et je distinguais même la corde qui avait dû servir à mes compagnons pour descendre. La grotte semblait naturelle dans sa partie supérieur, mais le bas était trop lisse pour que ce soit l'érosion qui l'ait provoqué. Elle avait été taillée.

"Et ce truc, c'est bien un nuage? Qu'est-ce qu'il fait ici?" fis-je en tapotant légèrement cette espèce de marshmallow géant sur lequel je me tenais.

"C'est bien un nuage, une catégorie spéciale d'après Guildaria. On en trouve très peu, et ce sont les seuls nuages qui peuvent êtres foulés par n'importe quel type de poney. Leur inconvénient est de ne pas pouvoir rester en l'air. Je pense que celui qui a crée ça savait que cacher l'entrée pouvait être dangereux, et il a voulu éviter les accidents en mettant ce nuage ici."

"Celui qui a crée ça... Tu veux dire?"

"Le scientifique, Gontran Dashung, bien évidemment!"

"Mais... L'énigme disait... L'horizon..."

Mon ami sourit.

"Si tu réfléchis bien, le texte disait de se servir de la réponse à l'énigme, l'horizon n'est pas mentionné précisément."

Le déclic se fit alors dans ma tête. La réponse à l'énigme n'était pas l'horizon, mais plus précisément la jointure du ciel et de la terre.

"Donc..." fis-je, alors que la lumière se faisait dans mon esprit. "La falaise c'était la jointure entre le vide et la roche, entre le ciel et la terre. C'est ça?"

"Exactement! Je pense qu'on aurait pu chercher longtemps si ta bêtise ne nous avait pas aidée!"


Je me suis relevé. Mes ailes ne répondaient toujours pas. Elles étaient complètement raides. J'aurais pu avoir deux planches greffées à la place que le résultat aurait été le même. Néanmoins, je ne me démontais pas pour autant.

"Alors, on va les chercher ces réponses!?" fis-je avec un grand sourire.

"Évidemment! Mais plus de bêtises!"

Leaf nous interpella sur un ton sérieux:

"Je tiens à vous signaler que nous avons trouvé deux inscriptions sur les murs."

"On arrive!" fit mon ami.

Nous nous sommes approchés du mur, il n'avait à première vu rien de particulier, il était presque parfaitement lisse, à l'exception de ces étranges sigles. Leaf pointait du sabot une gravure sur le mur. Nous avons déchiffré l'inscription.


Qui se lève le matin avec quatre jambes, en possède deux le midi, et trois le soir?


Nous nous sommes regardés avec Blue. Le texte trouvé à Canterlot précisait bien que seul un humain pourrait résoudre l'énigme, et effectivement, cette énigme me semblait un peu insoluble pour des poney n'ayant jamais vus d'humains.

En dessous de l'énigme se trouvait 26 plaques, avec sur chacune une lettre. Tout l'alphabet était là.

Nous avons appuyés sur les lettres nécessaire, pour former le mot Human, humain en anglais, car l'énigme était en anglais.

Un bruit sourd se fit entendre, et le mur bascula vers l'intérieur. Devant nous se trouvait, posée sur un piédestal, une note.

Blue la saisie par magie, mais au moment ou il la retira de son socle, un cliquetis se fit entendre, et une boule de lumière dorée s'éleva du piédestal.

Nous avons tout deux reculés, redoutant d'avoir activer un piège. La lumière flotta devant nous quelques instants, puis elle fila à toute allure devant nous, et s'envola à travers la grotte, pour finalement disparaitre à l'extérieur.

"C'était quoi ça?" fîmes en chœur mon ami et moi.

Nous n'avions absolument aucune idée de ce que cela pouvait être.

Après un haussement d'épaules, Blue amena la note à notre hauteur, et nous avons lu.


Je rédige ceci à la va-vite. Il faut mieux protéger ce secret que ce qui a été fait. J'ai changé la cache. Votre déplacement n'aura pas été vain. Je vous contacterais.


Nous nous sommes regardés avec mon ami.

"C'était donc ça la lumière? Elle est partie l'avertir?" comprit mon ami.

"La rédaction du livre date d'avant la construction du château de Canterlot, soit pas loin de mille ans. Comment pourrait-il encore être en vie?"

"Il était scientifique, peut-être à t-il trouvé un moyen d'être immortel? Ou bien il est arrivé dans ce monde avec le même don que Celestia et Luna."

Du coin de l'œil, je vis les gardes nous faire un regard noir pour avoir appelés les princesses par leur nom sans utiliser de formule de noblesse. Je restais pour ma part sceptique quand à ces deux possibilités. Je craignais que cette lumière ne soit partie chercher un poney mort depuis des lustres.

"Au pire, il y a la deuxième inscription à déchiffrer. On ne peut rien faire d'autre en attendant." remarqua mon ami.

"C'est juste."

Guildaria nous attendait sans mot dire depuis tout à l'heure, devant l'autre inscription située sur un mur adjacent. Le mur était exactement le même que l'autre, il y avait également les inscriptions. Nous avons une fois de plus déchiffrés. Étonnamment, cette énigme ci était en français.


Mon premier vis dans la terre.

Mon second indique le temps un coup sur deux.

Mon troisième n'est pas là, mais son inverse.

Mon tout peut mener aux enfers comme au paradis.


Une charade! Ben voyons! J'exécrais ce domaine. J'ai cherché. Voyons, dans la terre... Une fourmi? Une termite? Une taupe? Non... La plupart du temps, une charade se composait syllabe par syllabe. Et je ne connaissais rien qui commence par termite, taupe, ou fourmi, si on excepte le four-micro-ondes et les topinambours... Et cela m'étonnerait que ce soit la réponse.

Il fallait quelque chose de plus court...

"Pourquoi il y a une faute?" fit mon ami.

"Comment ça?"

Il pointa du doigts le mot "vis". En effet, si quelque chose vivait dans la terre, c'était "vie", et pas "vis", qui ici se rapportait plus au fait de visser.

"Il était anglais à la base. Une erreur sans doute." ais-je répondu.

"Une erreur, ou bien un indice..." fit-il en fronçant les sourcils, suspicieux.

La phrase de mon ami résonna dans ma tête. Quelque chose qui "vis" dans la terre... Donc le fait de creuser en tournant.

"Un ver?" ais-je proposé.

"Ça se tient." acquiesça mon ami qui semblait être arrivé à la même conclusion.

Nos regards se sont portés sur la deuxième strophe. Étrangement, nous ne pensions même pas à demander de l'aide aux autres présents. Les gardes ne bougeait pas, et les archéologues étaient occupées à regarder les pierres qui se trouvaient là, ou à inspecter les murs.

"Quelque chose qui indique le temps un coup sur deux..." ais-je murmuré.

"Comme le bruit des cloches."

"Comment ça?"

"Une cloche, ça fait *ding* *dong*, donc un coup sur deux on entend un ding, et un autre on entend un dong. Et une cloche sonne pour indiquer l'heure."

Ça se tenait. Je n'avais pas mieux.

"Va pour ding ou dong."

"Mon troisième n'est pas là, mais son inverse." continua mon ami, sur sa lancé. "On est dans une grotte. Ce qui n'est pas ici, c'est la lumière je pense. Par contre, on a beaucoup de l'inverse, c'est à dire le noir ou l'obscurité, ou bien les ténèbres."

"C'est bizarre... Je vois pas de solutions là dedans. Aucun des trucs qu'on peut former avec ces mots ne conviennent à la description du tout."

Mon ami sembla un peu déçu en le réalisant, mais il ne se laissa pas démonter pour autant.

"On manque aussi d'air ici, non? De chaleur aussi. Ça peut être n'importe quoi pour le coup."

"Non... Non, y a un truc pas net dans la formulation..." fis-je.

"Comment ça?"

J'ai retourné la phrase dans ma tête plusieurs fois. Quelque chose n'allait pas. Nous faisions fausse route.

"Si la phrase faisait référence à l'inverse de cette chose dont on manque ici, la phrase serait plus complète. On aurait un truc du genre Mon troisième n'est pas là, mais son inverse est présent ou bien Mon troisième n'est pas là, mais son inverse n'est pas ici non plus. Ici, la phrase se finit dans le vide. À moins que..."

J'ai complètement démonté la ligne dans ma tête. Mon troisième n'est pas là, mais son inverse. Mon troisième n'est pas là. Mais son inverse... Déclic.

"Mon troisième n'est pas là, mais son inverse!" criais-je, heureux d'avoir trouvé.

Mon ami me regarda d'un air surpris, sans comprendre.

"Qu'est-ce qu'il y a?"

J'ai répété:

"Mon troisième n'est pas LÀ, mais son inverse! Al! L'inverse de là, c'est al!"

Blue réfléchis un instant, puis son regard s'éclaira. Il voulu se réjouir, mais il fronça soudain les sourcils et replongea dans ses réflexions, murmurant:

"Oui... Mais la réponse n'est toujours pas évidente... Ver-dong-al... À moins que...!"

J'étais parvenu à la même conclusion que lui dans mon esprit. Nous avons dis en même temps, plein d'entrain et souriant:

"Tic!"

Le tic, qui sonne un coup sur deux, une fois tic, une fois tac. Ensemble cela formait le mot "vertical"! Si on descend à la verticale, on descend aux enfers, si on monte à la verticale, on monte au paradis!

Nous avons chacun appuyé sans attendre sur les lettres qui étaient à notre disposition sur le mur, formant le mot vertical. Une fois toutes les lettres poussées, un nouveau bruit sourd se fit entendre, sonnant comme un bruit de victoire pour nous. Le mur bascula, et, de nouveau posé sur un piédestal devant nous, se trouvait cette fois-ci un livre.


Blue a une fois de plus fait léviter le livre vers nous. Il était vieux, poussiéreux, mais semblait avoir été gardé précieusement par son possesseur car il n'était pas corné et la couverture n'avait aucune éraflure.

Nous avons lu le titre, en français. Nous nous attendions à un livre de mystère, ou bien quelque chose de très compliqué, venant de la part d'un scientifique.

"Les plus beau paysages et climats du monde" lu mon ami d'un air désabusé.

Nous sommes restés choqués. Tout ça pour ça? Un livre de photos? Blue ouvrit une page, comme pour vérifier que le livre ne dissimulait rien d'autre, et une note tomba de la deuxième de couverture. Je l'ai ramassé avant de la lire, elle était en anglais.


Voici le livre qui m'est le plus précieux. Il m'a aidé à apprendre le français, la langue parlée ici. Sans lui, je n'aurais pu m'intégrer. Il rendait déjà mes jours radieux quand je prenais le temps de le lire, me transportant loin de mes soucis.

Je sais que vous devez être déçu, mais ce livre peut vous apporter beaucoup également.

J'espère que vous en prendrez soin.

Bravo à vous pour être venus jusqu'ici, et bonne chance à vous dans ce monde.


C'était vraiment tout. Rien de plus. Un livre de photos et une lumière partie vers un poney probablement mort. Même pas une explication sur pourquoi il s'était retrouvé ici, ni si cela risquait de se reproduire dans le futur.

Derrière nous nous avons entendus un soupir. Nous nous sommes retournés, pour apercevoir Guildaria et Leaf qui lisaient par dessus nos épaules.

"Alors c'est tout?" conclue Leaf, visiblement peu surprise.

"Il semblerait" fit mon ami qui n'en revenait toujours pas.

Guildaria tendis un sabot vers un coin de la grotte.

"Les escaliers pour remonter sont par là."

"Bon..." ais-je conclu. "Hé bien, en avant..."

"On n'attend pas qu'il nous contacte?" hésita mon ami, ayant perdu de son assurance.

Je l'ai regardé, un peu navré.

"Il vivait il y a longtemps, plus maintenant. Cette lumière est partie dans le vide. Et si il est encore vivant aujourd'hui et a le pouvoir de faire ce genre de sort millénaire, il pourra nous contacter sans problème, même si nous repartons."

Mon ami me regarda, légèrement désespéré. On attendait tout deux beaucoup de ce mystérieux humain arrivé ici. Qu'il nous parle de son monde, pourquoi avait-il voyagé ici. Savoir qu'un autre humain avait pu se trouver ici avant nous était intriguant.

Finalement, mon ami ami abdiqua, rangeant le livre dans son sac, baissant la tête et emboitant le pas aux archéologues déjà dans l'escalier taillé à même la pierre dans un coin de la grotte.


Nous sommes repartis sans un mot. Remontant les escaliers. Nous avons débouché un peu plus loin du trou d'entrée, toujours en bordure de la falaise. La sortie était également dissimulée par une bâche.

Le soleil était à son zénith, j'en déduisis qu'il était midi. J'ai regardé en direction de la falaise, elle paraissait encore plus grande vue d'en bas. Un frissons parcourus mon corps. Si je n'avais pas eu la chance de tomber pile au bon endroit, je n'aurais plus été pour en parler.

"Et maintenant, comment on remonte?" demanda Blue.

Effectivement, la montagne continuait sans fin, aucun moyen pour remonter ne semblait visible.

"Il y a un chemin à l'ouest." répondit Leaf, semblant connaitre la région par cœur. "À moins que notre cher pégase ne puisse tous nous remmener en haut?" ajouta t-elle en tournant son regard vers moi.

Ce n'était pas de l'ironie qu'elle faisait, mais plus une question sincère. J'ai fais la moue, mes ailes étaient toujours crispées.

"Je ne pense pas pouvoir, désolé." répondis-je navré.

"Alors inutile de tergiverser plus longtemps. Allons-y, le retour sera long." enchaina Guildaria, dont le ton semblait moins froid qu'à l'aller.

"L'ouest... Ça nous rapproche de la forêt d'EverFree, non?" fis-je.

"Oui." confirma Guildaria. "On doit passer dedans, et j'aimerais ne pas avoir à la traverser de nuit."

Blue et moi avons ravalés notre salive. Nous connaissions bien les dangers de la forêt d'EverFree.

Nous nous sommes mis en route. Partant, comme dit, à l'ouest. La rocaille faisait petit à petit place à la verdure en même temps que nous avancions.

Après la plaine arriva un petit bois, pas une grande forêt, mais suffisamment d'arbres pour emplir l'air d'un parfum de sève et de fraicheur humide. Notre ordre de marche était plus désorganisé qu'à l'aller, mon ami avançait derrière moi, le nez dans le livre trouvé, lisant en silence. Les gardes ne tenaient plus leur rythme de marche militaire, et les archéologues se tenaient devant nous en discutant. Étrangement, alors que le danger de la forêt d'EverFree s'approchait, tout le monde se relâchait parce que la mission était terminée, comme si le côté sérieux de l'affaire s'était évaporé.

"Et à part parler une langue que même les meilleurs décodeurs ont mit des mois à comprendre, vous faites quoi dans la vie?" me demanda alors Leaf, se plaçant à mon niveau.

Son ton était léger, presque familier. Un tel revirement me surpris, mais je finis par répondre:

"Heu... Pas grand chose, nous sommes justes deux poneys habitants Ponyville, nous n'avons même pas de travail précis."

Leaf sembla surprise.

"Étonnant! Je pensais au moins que vous aviez un travail dans les langues anciennes, ou bien la mythologie. Vous ne pensez pas que vos connaissances pourraient être utiles?"

"Heu..." fis-je en me tournant vers mon ami, qui levait justement les yeux de son livres pour s'intéresser à la conversation.

"Nous n'y avons jamais pensé. Nous ne pensions pas que cette langue pouvait se révéler utile." fit-il pour me venir en aide.

"Comment connaissez-vous cette langue si elle est si inutile que cela?" demanda Guildaria, se joignant à la conversation, intriguée.

Elles ne savaient pas que nous étions humains. Mon cerveau réfléchissait à tout allure pour improviser une explication. L'histoire de la langue apprise dans un autre pays risquait d'entrainer des questions sur nos origines, il valait mieux éviter le sujet. Finalement, j'ai lancé:

"On avait trouvé un vieux livre qui en parlait quand nous étions jeunes. Pour s'amuser, nous l'avons apprise, et commencés à parler avec régulièrement, c'était un peu notre langage secret. Nous avons perdu le livre il y a bien longtemps, mais nous nous souvenons toujours de la langue."

Du coin de l'œil, je vis Blue se frapper la tête avec le sabot. Je pense qu'il devait se dire "Invente une histoire encore plus improbable tant que tu y es!" ou quelque chose du genre.

Pourtant, Guildaria semblait loin d'être soupçonneuse, mais plutôt impressionnée.

"Vous avez appris une langue tout seuls, juste avec l'aide d'un livre? Vous devez avoir un vrai talent concernant l'apprentissage des langues!"

"Pas vraiment..." répondis-je gêné. "Et vous, en quoi consiste le travail d'archéologue à Equestria? Comment l'êtes vous devenues?"

"En faisant des études bien sur." répondit Leaf. "Notre travail consiste à répertorier le passé, découvrir ce que l'histoire aurait pu avoir oublier. Equestria est un pays remplis d'histoires, de légendes, de mythes. À nous de les transmettre aux autres générations, en essayant de vérifier si elles étaient vraies."

"Vous arrivez à faire des découvertes que les princesses n'ont pas faites en plusieurs milliers d'années d'existence?" fis-je un brin intrigué.

"Elles ne peuvent pas être partout, immortelles ou non." expliqua Guildaria. "Et parfois, elles se souviennent de vieux éléments, qu'elles nous transmettent alors, afin de les consignés. Il n'y a pas si longtemps par exemple, l'histoire précise de la fabrication du premier flocon de neige par une petite pégase aveugle à été entièrement classée. La légende était connue, un vitrail lui était même dédié dans l'ancien château, mais rien ne la racontait précisément. Récemment, dans un de ses rêves, la princesse Luna s'en est souvenue en détail, et elle s'est empressée de la raconter."

Je me suis arrêté de marcher. Mon ami a fait de même. Les autres se sont à leur tour arrêtés, les archéologues nous regardant en fronçant les sourcils, les gardes bayant.

"Un problème?" demanda Leaf.

Un échange de regard avec mon ami. La coïncidence allait trop loin pour ce coup. Un nouvel élément du fandom brony venait de nous rattraper! Guildaria venait de citer l'histoire précise de Snowdrop comme exemple. Une pégase aveugle qui taille un flocon, pensant créer une de ces fameuses étoile dont elle entend parler sans pouvoir les voir, même si elle finit par les entendre scintiller dans la nuit.

"Ça va?" insista Leaf devant notre mutisme.

"Oui... Oui..." répondis-je d'une voix un peu absente, reprenant la marche, et me jurant d'en parler avec mon ami plus tard.

J'ai tenté de reprendre contenance, pour ne pas accentuer leur soupçons, et une explication me vint en tête:

"Cette histoire est juste magnifique. Ça me rappelle quand ma mère me la racontait, quand j'étais jeune."

"Ah... Je vois, les souvenirs." fit Leaf, compréhensive. "On peut vivre énormément d'émotions à travers une histoire, c'est pour cela que je me suis lancé dans l'archéologie, je comprends votre sentiment."

Sauvés!


La marche a reprise. Nous avons un peu discutés en chemin, avant d'arriver à un endroit plus sombre du bois, où un des garde, Protect White il me semble, nous signala:

"Nous entrons dans la zone de la forêt d'EverFree. Il ne faut pas que nous nous séparions."

Nous avons tous approuvés en silence.

"Combien de temps prend la traversé?" a risqué mon ami.

"Une heure, tout au plus. Deux si on doit s'écarter du chemin." répondit l'autre garde.

Nous nous sommes enfoncés dans la forêt. Tout était sombre. Pour une raison que j'ignore, à ce moment précis, une vieille phrase m'est revenue en tête: "Si quelque chose peut mal tourner, cela tournera mal.", la loi de Murphy. J'ai prié pour que cette phrase reste dans le monde des humains, qu'elle ne s'applique pas ici.

Nous étions silencieux, guettant le moindre bruit suspect, sursautant à chaque fois que quelqu'un marchait sur une branche, voyant des monstres dans chaque ombre. Tout nous semblait menaçant, y compris les arbres eux-mêmes avec leurs branches acérées et leurs feuilles cachant le soleil.

Les deux gardes étaient sur le qui-vive. Les archéologues semblaient elles aussi tendues. Mon ami avait rangé le livre et jetais d'incessants coups d'œils à droite et à gauche.

Au bout d'une quarantaine de minutes, temps qui me sembla une éternité, nous avions tous les nerfs à vif à cause de cette pression constante. Notre formation s'était resserrée d'elle-même. Un garde s'immobilisa soudain et tendit un sabot pour nous faire signe de s'arrêter.

Nous avons tous cherchés du regard d'où venait le danger. Les gardes semblaient communiquer par simples regards et mouvements d'oreilles. Je compris qu'ils n'avaient pas vus la menace quand ils commencèrent à regarder dans des directions différentes. Ou alors nous étions encerclés, ce qui ne me rassura pas.

Un grognement rauque nous fit tous se tourner vers la droite. Des yeux jaunes perçaient l'obscurité entre deux arbres. Les gardes se mirent en position pour nous défendre, face à la chose qui nous fixait. Les yeux restèrent braqués sur nous un instant, passant sur chacun d'entre nous. Puis ils reculèrent dans l'obscurité sans aucun bruit, disparaissant.

Les gardes restèrent un moment le regard fixé sur l'endroit où avaient étés aperçus les yeux pour la dernière fois. Ils finirent par se remettre en position normale, restant toujours en alerte.

J'ai soupiré de soulagement. Blue a fait de même.

Un craquement de branche.

"Attention!" hurla Leaf en se jetant sur moi.

Une fraction de seconde plus tard, un immense TimberWolf surgissait de l'avant de notre groupe, et c'était moi qui était en première ligne puisque les gardes étaient sur la droite. Leaf m'avait sauvé la vie en m'emportant sur le côté. Je n'eus cependant pas l'occasion de la remercier.

Le monstre continua tout droit sans se préoccuper de nous et fondit sur la suivante dans la file: Guildaria. Cependant un garde eut le temps de s'interposer et il arrêta le TimberWolf en bloquant sa gueule avec ses sabots.

"Courrez! Mais restez groupés!" nous cria le second garde, se précipitant sur le monstre pour aider son compère.

Une ruade bien placée et le monstre cria de douleur. Mais cela l'avait à peine déplacé sur le côté, et il tenait toujours tête au premier garde, qui commençait à flancher sous la puissance de la créature.

Les archéologues, Blue et moi n'avons pas cherchés à réfléchir et appliqués les ordres à la lettre. Nous nous sommes mis à courir, Leaf en tête, nous montrant le chemin. J'ai jeté un coup d'œil en arrière, le TimberWolf ne semblait pas avoir de mal à tenir tête aux deux gardes.

Ma conscience me disait de ne pas fuir, d'aller les aider. Mais je ne connaissais rien du combat, je risquais d'être plus un fardeau qu'autre chose. Avec un pincement au cœur, j'ai détourné les yeux, me concentrant sur ma fuite, essayant de ne pas penser à l'issue que pouvait prendre le combat, là-bas.

J'ai suivi la licorne rouge qui éclairait le chemin. Nous avons couru ainsi durant une bonne dizaine de minutes, pour finalement déboucher dans une partie du bois plus éclairée. Nous étions visiblement sortis de la forêt d'EverFree.

Haletants, nous avons tentés de reprendre nos esprits. Nos regards étaient tournés vers là d'où nous venions, comme si nous nous attendions à soudain voir surgir les gardes victorieux, ou bien un autre monstre.

"Attendons-les." proposa Guildaria. "C'est le chemin le plus court, si ils viennent, ce sera par là. À condition qu'ils connaissent le chemin."

Sans geste ni paroles, nous avons tous approuvés l'idée. Il fallait aussi que nous récupérions de nos émotions. J'ai par ailleurs constaté que mes ailes répondaient de nouveau, elles me faisaient mal, mais je pouvais les bouger. Par contre, comme je n'avais pas pu les contrôler lors de la fuite, elles avaient été trimbalées dans tout les sens et s'étaient donc égratignées sur tout ce qui passait.

Nous avions tous plus ou moins d'éraflures, la plupart due aux branches. Leaf était en train d'enlever des branches prises dans sa crinière mauve et Guildaria époussetait ses habits salis lors de la course. Blue portait désormais une petite estafilade sur le front, ce qui lui donnait des airs de Harry Potter.

Une demi-heure. Qu'est-ce que l'attente peut être longue dans ce genre de situations. D'autant qu'aucun de nous n'avait envie de lancer la conversation, ou de trouver une occupation.

Finalement, un tressaillement de feuilles se fit entendre sur le côté, et les deux gardes apparurent à notre gauche, l'un portait des entailles, et l'autre boitait, une attèle de fortune sur la patte avant droite.

"Enfin on vous retrouve!" souffla le garde. "À cause du combat, nous nous sommes perdus! Je craignais que nous n'ayons à errer une éternité dans cette forêt!"

"Vous allez bien?" demanda Leaf.

"Ça pourrait être mieux, mais nous avons eu de la chance. Il vaudrait mieux que nous retournions à Canterlot au plus vite."

"Alors en route!" fit Guildaria.

Une fois de plus, nous avons repris la route. Le garde blessé nous ralentit un peu, mais nous sommes parvenus à la sortie de la forêt en une vingtaines de minutes, et Canterlot était en vu.


Une fois revenus au palais, les gardes prirent congés pour aller se faire soigner. Nous les avons tous remercier d'avoir risqués leur vies pour nous avant de leur dire au revoir.

Luna et Celestia furent légèrement surprise de nous voir de retour si tôt.

"Que s'est-il passé? Tout va bien?" s'inquiéta Luna devant nos états.

"Tout va... bien." répondit mon ami, la mine légèrement déconfite.

"Nous avons trouvé un livre de photos, et une note de l'humain disant qu'il avait caché ses explications autre part et qu'il nous contacterait. Mais il doit être mort maintenant." expliquais-je devant le regard interrogateur de Celestia.

"Bref, nous avons pris de grands risques pour pas grand chose au final." conclus Leaf.

"Je comprends." fit Celestia en fermant les yeux.

Elle les rouvrit et nous regarda.

"Merci de vous êtes portés volontaire. Désolée que cela n'ait pas abouti. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez-nous."

"Je n'ai besoin de rien." répondit Guildaria. "Ce fût un plaisir de participer à cette excursion, ça change un peu de travailler avec d'autres personnes plutôt qu'en solitaire."

"Pour ma part, il faut absolument que je note l'emplacement de cette grotte sur ma carte!" répondit Leaf.

"Moi j'ai hâte de regagner mon lit!" fis-je en m'étirant, alors qu'il était à peine plus de 16 heures.

"Et moi j'ai un livre à lire." répondit Blue.

Celestia sourit.

"Bien. Dans ce cas nous vous laissons partir. Bonne journée, et encore merci à vous."

Nous avons saluer les princesses comme il se devait, puis nous sommes sortis du palais. Une fois dehors Guildaria se tourna vers nous.

"Bon, hé bien, c'était sympa. Je vous laisse ici. Si vous avez besoin de moi un jour, cherchez-moi au musée de Canterlot."

Elle nous serra le sabot à chacun, puis s'éloigna vers un quartier de Canterlot.

Blue et moi nous sommes dirigés vers la gare. Leaf nous suivie. Une fois sur le quai, elle nous serra le sabot.

"J'ai bien aimé ce voyage. Bonne continuation."

"Merci, toi de même." répondit Blue.

Elle s'éloigna alors que nous nous apprêtions à monter dans le train. Puis elle s'arrêta, se retourna et nous cria:

"Au fait, vous devriez franchement penser à intégrer un domaine spécifique comme les langues ou les sciences, je pense que vous pourriez être très bons!"

C'est vrai qu'en langue, Blue était plutôt doué. Pour ma part, javais fait des études de maths. Pourquoi ne pas me trouver un travail dans le domaine où j'avais cherché dans mon monde?

"Merci de la suggestion!" remercia Blue alors que le train commençais à souffler derrière nous.

"Et merci de m'avoir sauver Leaf!" fis-je en la saluant.

"Pas de problèmes! Au plaisir de te revoir, Ground!" ajouta t-elle avec un clin d'œil, avant de s'éloigner et de disparaitre.

Je fus surpris du fait qu'elle connaisse mon nom, mais après tout je m'étais levé après les préparatifs, mon nom avait dût être évoqué. Par contre, j'ai rougis, mais ça c'était pour une autre raison. Quelque chose en moi était perturbé, Leaf venait de m'ouvrir les yeux sur quelque chose. L'espace d'un instant, je crois bien qu'elle m'avait parue séduisante. J'étais désormais un poney, et je me suis rendu compte à ce moment que cela impliquait que je pouvais trouver une ponette avec qui faire ma vie. C'était bizarre comme sensation. J'avais été transformé, certes, mais j'étais toujours humain au fond de moi en quelque sorte... Tomber amoureux d'une ponette? Sortir, embrasser, vivre et peut-être même avoir des enfants, le tout avec un personnage de dessin animé? Une sorte d'animal? Un nouveau champ de possibilités venait d'apparaitre dans mon esprit, mais je ne pensais pas être prêt à le découvrir, encore moins à entrer dedans, c'était trop... étrange. La voix de Blue me tira de mes pensées:

"Aller mon vieux! Le train ne va pas nous attendre! Retour à Ponyville!"

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