Chapitre 22 : Le réconfort

« C’est pas juste, Big Mac », grogna Applejack en entrant dans la maison pendant qu’il lisait. « C’est pas juste. »

« Ton rencard ne s’est pas bien passé ? » demanda-t-il.

« Ouaip, et Fluttershy veut qu’on reste seulement amies. »

« Désolé, AJ », dit Big Mac en déposant le livre pour se lever et donner un câlin à sa sœur. Applejack l’accepta et renifla.

« Tu attendais beaucoup de ce rencard, n’est-ce pas ? » demanda Big Mac.

« J’avais une chance, Mac, et je l’ai laissée passer. » Applejack s’assit sur le canapé et posa ses sabots sur la table. Big Mac prit place à côté d’elle.

« Qu’est-ce que s’est passé ? » demanda l’étalon.

« Je n’ai pas attendu assez longtemps », répliqua Applejack, en regardant une photo d’elle et ses amies sur le mur. « Elle n’était pas très chaude pour un rencard, et je crois que j’ai précipité les choses. »

« Tu es sûre que c’est ça ? »

« Qu’est-ce que tu veux dire ? »

« Peut-être que vous deux, ce n’était pas ce qui devait se passer. »

Applejack soupira. « Tu vas vraiment la jouer comme ça ? Tu penses que moi et Fluttershy on ne ferait pas un joli couple ? »

« Parce que vous n’êtes pas faite l’une pour l’autre », expliqua-t-il. « Elle ne t’aime pas de cette façon, alors aucune autre relation avec elle ne marcherait. C’est comme essayer de cuire une tarte avec des pommes et des bananes. Elles ne vont pas ensemble. »

« Tu ne le sais pas », dit Applejack.

« Hum… tu as déjà essayé de manger une pomme et une banane en même temps ? Parce que je l’ai essayé, et crois-moi, ce n’est pas très plaisant de- »

« Je veux dire, tu ne sais pas si ça aurait pu marcher entre moi et Fluttershy », rit Applejack. « On a longuement parlé quand Dash lui a dit non, et on était bien ensemble. Ce n’est pas comme ça que ça marche une relation ? Que tu peux parler à l’autre ? »

« Ce n’est pas que ça. Il doit y avoir cette étincelle entre vous deux. »

« La quoi ? »

« Tu aimes Fluttershy, n’est-ce pas ? »

Applejack fronça les yeux. « C’est quoi cette question ? Bien sûr que oui ! »

« Et tu penses qu’elle t’aime aussi ? »

Applejack hésita, retournant la question dans tous les sens. Big Mac lui tapota le dos.

« C’est pour ça que ça n’aurait pas pu marcher entre vous deux », dit Big Mac.

« je… mais… »

« Pas de mais. Si tu n’as pas cette étincelle, tu n’as rien. »

« Mince », grogna Applejack. « Tu marques un point. Et il y a une façon de créer cette étincelle ? »

« Tu ne peux pas la provoquer », expliqua Big Mac. « Ça doit être là dès le début. »

« Et comment tu le sais ? Est-ce que deux poneys ne peuvent pas apprendre à s’aimer ? »

« Quelquefois, oui », dit Big Mac en frottant le dos de sa sœur. « Mais regarde Twilight et Rarity. J’ai parlé à Spike, qui a passé beaucoup de temps avec elle. Twilight aimait Rarity depuis longtemps, et il détestait admettre que Rarity ressentait la même chose venant d’elle. Les Cakes parlent toujours de ce sentiment excitant qu’ils ont ressenti avant même que Carrot ait le courage de demander à Cup. »

Applejack regarda le sol, reniflant de plus belle.

« Je sais que c’est dur à entendre », dit Big Mac, « mais parfois, tu ne peux rien y faire. Le mieux est d’oublier ça. »

« Déjà ? Et si je ne veux pas ? »

« Applejack », grommela Big Mac, la voix plus forte, « si tu continues à harceler cette pauvre jument, elle voudra ne plus jamais te voir. Je ne peux toujours pas parler à cette pouliche que j’ai harcelée à l’école parce que je ne savais pas prendre un non comme réponse. »

« Oh oui, je me souviens d’elle », se remémora Applejack. « Comment elle s’appelait ? »

« C’est pas important », dit Big Mac. « Tout ce que je sais est que si tu veux rester amie avec Fluttershy, tu devras oublier ça. Et qui sait ? Peut-être qu’elle voudra tenter sa chance, mais tu devras l’attendre pour ça. Quand tu trouveras celle que tu aimes, cette jument sera très chanceuse. »

« Tu dis juste ça pour me réconforter. »

« Hé, comment tu crois que je suis sorti avec Cheerilee ? Pas en me morfondant comme ça. »

« Okay, Mac. Je crois que je vais devoir y penser. »

« Ça me va. Maintenant, on devrait aller se coucher. »

« Merci encore », dit Applejack. « Peut-être qu’une part de moi savait que ça ne marcherait pas et que j’avais besoin de mon grand frère pour m’aider.»

« Peut-être, mais je serais venu te voir même si tu ne me l’avais pas demandé. »

« Ha, ha, très drôle », dit Applejack en donnant un petit coup à son frère. Big Mac sourit, et les deux grimpèrent les escaliers pour aller dans leurs chambres respectives, afin d’avoir ce sommeil tant désiré.

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Spike et Pinkie riaient en partant du restaurant. La déception de la nouvelle d’Applejack et Fluttershy derrière eux, ils se concentraient sur toutes les blagues que Pinkie avait faites ces dernières années.

« Et je t’ai déjà racontée quand j’ai caché le caillou de compagnie de Maud sous mon lit ? »

Spike arrêta de rire. « Euh… ça a l’air un peu méchant. »

« J’avais cinq ans. »

« Oh… et qu’est-ce qui est arrivé? »

« Rien. Elle avait la même tête que d’habitude.»

Les deux s’avancèrent en direction de la librairie pour Spike.

« Tu es agitée », nota Spike. « Un problème ? »

« Rien ! » cria Pinkie. « Tout va bien, c’est super. »

« Non, ça ne l’est pas », dit Spike, en se tournant pour regarder Pinkie droit dans les yeux. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« On peut en parler dans la librairie ? » demanda Pinkie, en regardant autour d’elle pour éviter les oreilles indiscrètes.

« Okay », dit Spike. « Twilight et Rarity doivent être en train de… faire des choses, mais on peut rester en bas et ça sera okay. »

« Twilight et… Rarity », soupira Pinkie. « Okay, ça marche. »

« Je t’ai déjà dit qu’une fois, j’avais remplacé l’encre de Twilight par une encre invisible ? »

« Uh-huh », dit Pinkie, qui ne le regarda même pas en continuant de marcher. Spike se tut, et les deux restèrent mal à l’aise durant tout le trajet. Quand ils entrèrent, ils entendirent des murmures à l’étage.

« Ça te dérange ? » demanda soudainement Pinkie. « On sait ce qu’elles font là-haut. Le sort anti-bruit de Twilight ne bloque pas tout. »

« Pourquoi ça me dérangerait ? » s’inquiéta Spike.

« Eh bien, c’est… » Pinkie hésita. Elle prit une grande inspiration. « C’est à propos de Rarity. »

« Rarity ? »

« Est-ce que je suis… une médaille d’argent ? »

« De quoi tu parles ? »

Pinkie regarda désespérément Spike. « Est-ce que je suis comme un trophée pour la deuxième place ? »

« Quoi ? Bien sûr que non, ne sois pas ridicule. »

« Eh bien, tu aimes clairement Rarity d’abord et moi ensuite, alors ça me fait passer à la deuxième place, non ? »

« Qu’est-ce qui te prend ? » demanda Spike, en brossant la frange de Pinkie. Il voyait la peur dans ses grands yeux bleus.

« Je sais qu’on sort ensemble depuis un bon bout de temps », dit Pinkie, « et tu es fantastique. Mais je sais combien tu l’aimes, et je me sens comme une roue de secours. »

« Oh, je vois », dit Spike. « Eh bien… j’imagine que j’étais tellement fixé sur Rarity que je ne savais même pas ce que je ressentais pour toi durant tout ce temps. Mais ça ne fait pas de toi une roue de secours. »

« Tu ne m’as jamais donné de joyaux », dit platement Pinkie.

« Quoi ? »

« Tu as donné ce magnifique rubis à Rarity, et moi, rien. »

« Pinkie, ce n’est pas à propos d’un stupide joyau », dit Spike. « Je crois que tu ne sais pas à quel point tu comptes pour moi, ou sinon tu ne me dirais pas ça. Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? »

« Non, bien sûr que non ! Tu as été si gentil avec moi. C’est juste… » Pinkie grogna. « Je suis… ah ! Je ne sais même pas quoi dire ! »

« Shh… » dit Spike, en déposant un doux baiser sur ses lèvres. Elle était tendue, mais commença à lâcher prise au contact de la bouche du dragon. Il la relâcha, et regarda ses yeux.

« Je suis désolé », murmura-t-il.

« Désolé pour quoi ? » demanda timidement Pinkie.

« Je suis désolé pour ne pas t’avoir montré à quel point je t’aime. »

« J’ai dit que ce n’était pas à propos de- »

« Non non », dit Spike en mettant un doigt sur sa bouche. « Plus de parlotte. Allons-nous asseoir et profiter de la chaleur de l’autre, et je te promets que tu iras mieux. »

Spike amena Pinkie sur le canapé et l’y déposa. Il la câlina, et les deux fermèrent leurs yeux.

« C’est venu si vite », dit Spike. « Tu ressens ça depuis quand ? »

« Depuis le début », répondit Pinkie.

« C’est inacceptable. Je ne veux plus que tu penses ça. Tu es encore mieux que la médaille d’or. »

« Mieux qu’un ruban bleu ? »

« Absolument, et ne laisse personne te dire le contraire, mon petit cupcake. »

Alors que tous deux écoutaient bien installés les cris étouffés de Rarity et Twilight venant d’en haut, ils fermèrent leurs yeux et s’allongèrent ensemble. Ils pouvaient facilement s’endormir comme ça, et c’est ce qui arriva. Spike espéra que Pinkie aille mieux le lendemain matin. Il ne savait pas ce qu’il devrait faire si elle était toujours contrariée.

Tout va bien se passer, pensa-t-il.