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Memories

Une fiction traduite par Maxentirunos.

Memories

"Je suis désolé, nous ne pouvons plus rien faire."

La phrase collait à mon esprit, comme un aimant au métal. Ces mots se répétaient en boucle dans mes oreilles, me faisant trembler du plus profond de mon être. J'étais jetée de mon monde et chutais dans un univers de noirceur. Un mélange de confusion et de colère se mélangeait en moi, prêt à éclater n'importe quand.

"Princesse, vous comprenez ?"

Bien sûr que je comprenais. Les pensées trottaient sans arrêt dans ma tête ! Je voulais oublier et lui hurler dessus, lui dire qu'il avait tort. Que c'était une erreur. Que ça devait en être une. J'ouvris ma bouche, mais les mots me manquèrent. Je ne pouvais le dire, autant que je le voulais. Le docteur Bridlecure était un des meilleurs médecins d'Equestria, spécialisé dans les espèces "exotiques", comme les hydres... ou les dragons. Je finis par hocher la tête.

Le docteur plaça gentiment son sabot sur mon épaule et me répéta qu'il était désolé. J’enterrai ma colère et lui donnai mes remerciements. Je n'avais aucune raison de diriger ma colère contre lui, il n'avait fait que son travail, après tout. Cependant, c'était injuste... injuste pour moi, pour nos amis et particulièrement pour lui.

Je repris un visage courageux et me forçai à sourire avant d'entrer dans la chambre.

Le soleil éclairait la pièce au travers des minces rideaux aux fenêtres, rendant le bleu des murs un peu plus clair. La fenêtre était suffisamment ouverte pour permettre à l'air frais d'aérer la chambre renfermée. Le chant des oiseaux était une musique de bonheur insouciant.

La beauté de l'extérieur semblait définitivement incapable d'atteindre cet espace confiné. Ici, la principale source de lumière était le terne et mort blanc du plafonnier, et le chant des oiseaux était remplacé par le bourdonnement magique des machines. Le seul réconfort dans ce bourdonnement était la preuve que ces machines étaient toujours en fonctionnement.

Au centre de la chambre, entouré par le bourdonnant équipement médical, se trouvait un lit, dont la vue me brisa le cœur. Spike était allongé là découvert, avec de nombreux câbles reliés à lui et un chiffon humide sur le front. Un seau d'eau glacé était placé sur la chaise à ses cotés, je déplaçai le seau et pris le siège.

"Hey, Spike... Comment te sens-tu ?" balbutiai je. Je ne sais pas pourquoi j'avais posé cette question, je connaissais la réponse et savais que Spike ne pouvait répondre. Il avait perdu la capacité de parler des semaines auparavant, un simple pas dans le processus débilitant.

Les larmes trouvèrent la voie vers la surface, ignorant ma volonté d'arrêter. Je m’étais promise de ne pas pleurer. Je devais être forte, pour moi-même et pour Spike. Ça ne m'empêcha pas de pleurer jusqu'à l'épuisement. La situation était seulement injuste. Spike n'avait jamais demandé ça, j'avais rien fait pour ça, alors pourquoi ça devait lui arriver.

Je déchirai ces images de Spike hors de ma vue, fermant mes yeux et invoquant de plus joyeux souvenirs de lui. Rien ne vint, mon esprit est resté noir comme cette pièce sombre, avec le bourdonnement du matériel médical à l'état brut, la respiration bruyante de Spike pénétrant mon esprit. Des flots coulaient lorsque j'ai ouvert mes yeux. Ça ne servait à rien, je ne pouvais échapper à la réalité.

Chaque visite était la même : je m'asseyais, parlais à Spike comme s'il allait me répondre joyeusement, réalisais qu'il ne le pouvait pas, et me mettais à pleurer. Et à chaque fois, je voulais recourir à ma dernière option : partir. Je me sentais horrible chaque fois mais ne pouvais y résister.

La porte s'ouvrit et des bruits de sabots retentirent sur le carrelage. Je ne pris même pas la peine de regarder.

"Princesse ?"

"Oui ?" murmurai je.

"Je suis désolée, mais je dois changer les vêtements de notre patient..."

"Son nom est Spike," dis-je en regardant la ponette droit dans les yeux. Elle semblait nerveuse, sans doute nouvelle dans la profession. Ça ou alors mon regard parlait bien plus durement que mes mots. Je soupirai. "Pardon."

L'infirmière sourit prudemment. "Ce n'est rien, mais je dois changer le tissu sur la tête de Spike. Ça ne prendra qu'un court instant si vous voulez rester plus longtemps."

Beaucoup en moi voulait rester aux cotés de Spike. Il avait besoin de moi plus que jamais, et c'était mon devoir en tant qu'amie que de rester à ses cotés. Un regard à Spike, cependant, ratatina ma résolution. À chaque fois que je le regardais, je ne ressentais que du regret face à mon impuissance. Je devais fuir. "J-Je dois y aller."

L'infirmière eut l'air perplexe, jugeant mon manque de fermeté et de loyauté. Je la haïs pour ça. Elle ne pouvait pas savoir ce que je traversais.

Je ravalai ma colère et passai par la porte. Un dernier regard à Spike adoucit mon attitude. "S'il vous plaît, aidez Spike..."

Je refermai la porte. Je n'avais pas besoin d'entendre de réconfortants mensonges qu'elle m'aurait inévitablement servis.

~

Le soleil flamboyait à l'horizon lorsque j’atteignis ma maison. La vue était à couper le souffle, et ce n’était pas différent cette fois-ci. Normalement, le château offrait un chaleureux et accueillant éclat dans le soleil du soir. Cette fois, cependant, la structure cristalline reflétait des flammes.

L'intérieur offrait un frais bouclier contre l'air d'été extérieur. Je relâchai ma respiration que j'avais oubliée et offris un petit sourire au confort intérieur. Même si ça ne faisait tout au plus que quelques heures, j'avais l'impression que cela faisait des années que je n'avais pas fait un pas dans les couloirs de cette maison, et c'était merveilleux d'être de retour dans son étreinte, mais quelque chose semblait mauvais au sujet de ce confort.

L’écho vide de mes sabots sur le sol rappela la vérité sur l'isolation de cet endroit. À part Owlowiscious, qui préférait l'extérieur depuis la destruction de la bibliothèque, Spike était le seul à vivre là avec moi. Souvent les autres venaient pour passer le temps, et, plus récemment, voir comment j'allais, mais il repartaient aussitôt la nuit tombée.

Je devais me vider l'esprit de tout ça, ça n'aiderait sûrement pas Spike que je m'inquiète à ce point... et je sais qu'il ne voudrait pas ça. Il voudrait me dire de me relaxer et d'arrêter de m’inquiéter autant. Si seulement c'était aussi facile.

Je sortis de mes pensées en présence d'étagères garnies de pots et de casseroles suspendues, une cuisine dont n'importe quel chef serait fier. Le grognement de mon estomac plaidait pour un bon souper, que j'avais espoir de cuisiner. J'ai toujours été une jument aux nombreuses connaissances et aux multiples talents, mais la cuisine n'en faisait pas partie. À Canterlot, l'équipe de cuisine du château préparait tous mes repas, et depuis que j'avais déménagé à Ponyville, Spike avait pris le rôle de chef. Je n'ai jamais vraiment demandé à ce qu'il cuisine, il le faisait juste instinctivement. Quand je le lui demandais, un éclat brillait dans ses yeux et il partait en un instant, prêt à cuisiner quelque chose de délicieux. Spike aimait cuisiner, c'était un autre moyen pour lui de m'aider.

J'étudiai les ustensiles de cuisine et ouvris les portes de l'armoire. Il devait bien y avoir quelques plats faciles et rapides à cuisiner entre les pots parfaitement étanches. Frites, pâtes et différentes sortes de noix semblaient les repas les plus simples de ma recherche évasive. Je n'aimais pas trop les amuse-gueules et optai pour de simples spaghettis. Je remplis une casserole d'eau et la mis à bouillir. Cuire des pâtes n'était pas la chose la plus difficile que j'avais eu à faire au cours de ma vie.

Après quelques pensées vagabondes et autres boules de gommes, les pâtes furent trop cuites et je renonçai à l'idée d'un repas cuisiné. Je savais que si je m'étais un peu plus appliquée, j'aurais pu faire un plat décent, mais je n'avais juste pas la volonté d'y payer attention. Je versai un mélange d'avoine et de noix dans un bol et le ramenai dans ma chambre.

La douce chaleur du soleil était partie lorsque j’atteignis ma chambre. La lune n'était pas visible depuis l'ouverture de mon balcon mais sa lumière argentée brillait sur le sol. Je posai mon bol sur ma table de chevet et suivis l'attrait de la froide lumière.

Il faisait étonnamment froid lorsque je marchai dehors, la chaleur de l'air d'été étant partie avec le jour. Le son de la ville active se réduisait maintenant au chant des grillons et au sifflement de la douce brise sur l’écorce lisse de la maison. Je devais sûrement être restée plus longtemps que prévu dans mes pensées car la lune était déjà presque à son sommet. Le ciel était vide de nuages et les étoiles parsemaient le ciel comme des paillettes sur une toile noire. C'était une parfaite soirée.

Et je détestais ça.

Je me retournai pour échapper à la fraîcheur de la nuit et fermai les rideaux derrière moi. Je ne pouvais plus le supporter. La vie de chacun continuait. Ils dormaient bruyamment chez eux, profitant de ces instants avec leurs familles et leurs amis. J'aurais dû être heureuse pour eux, mais je ne le pouvais pas. J'étais jalouse, furieuse même, qu'ils aient encore la chance d'avoir leurs proches, alors que je devais faire face au fait que Spike n'en ait plus pour très longtemps.

Pour ce qui semblait être la douzième fois aujourd'hui, je sentis mes yeux trembler alors que les larmes échappaient à leur captivité, chutant librement de mon visage. Je n'avais aucun droit de haïr les autres pour leur bonheur. En toute honnêteté, j'étais heureuse qu'ils n'aient pas à subir une situation comme la mienne avec Spike. Cependant, j’espérai toujours échapper à ma solitude.

J'essuyai mes yeux et les habituai à la nouvelle obscurité de la chambre. Ils semblaient lourds avec tout le poids de mon anxiété et prêts à se refermer sous la pression. Le lit au centre de la pièce m'appelait, voulant me débarrasser de ma douleur. Vu le temps qu'avait duré la journée, j'étais plus qu'heureuse de m'y obliger.

Le confort de la douce couverture matelassé, un cadeau de Rarity, agrippa ma tristesse et la repoussa loin de moi. Peut-être était ce tout ce dont j'avais besoin, une bonne nuit de repos. Demain, je me sentirais sans doute bien mieux. Je me tournai sur le coté et fermai mes yeux, accueillant le sommeil.

Une lumière éclata d'existence, au travers de mes paupières closes. Je fermai davantage mes paupières et me retournai pour échapper à cette nuisance. La lumière était toujours là, autant que la chaleur du lit douillet l'était moins. J'ouvris légèrement les yeux, puis entièrement.

Un projecteur ? Et le lit avait disparu, remplacé par un rude sol de roche. Je me suis relevée et me tournai lentement vers la zone éclairée. Quel était cet endroit ? Rêvais-je ? J'atteignis l'endroit et fus baignée de lumière. Un vide noir m'entourait, sauf pour la lune, qui était au centre d'un ciel sans étoiles.

Cet endroit... semblait si isolé... et si familier, comme si j'en connaissais tout, mais étais incapable de reconnaître quoi que ce soit. À chaque fois que je fermai les yeux, je voulais le voir, le sentir, le vivre. C'était presque comme si c'était mon esprit.

Le vent souffla autour de moi, repoussant le brouillard au loin et me laissant intacte. Ces caractéristiques familières commencèrent finalement à se préciser. D'abord le plancher en bois, puis la table au centre suivie par les étagères aux murs avec des livres... La bibliothèque du Golden Oaks.

J'étais en train de rêver !

"Spike, tu n'as rien à craindre !"

Mes yeux s'ouvrirent complètement. Je connaissais cette voix... c'était la mienne.

"Je ne sais pas, Twilight..."

Je me retournai et trouvai une projection de moi-même discutant avec Spike. Ils brillait, avec des traînées de lumière s’évaporant et disparaissant dans les airs.

"Pourquoi tu ne veux pas les voir ?"

Spike frotta ses griffes ensemble, ses yeux reflétant son appréhension. "Mais... Ce sont d'énormes dragons, avec d'énormes ailes et d'énormes dents ! Et regarde-moi... Je suis juste un petit dragon..."

"Mais la grande migration des dragons n'a lieu qu'une fois par génération. Pourquoi manquer cette chance de la voir ?"

"Je la verrai à la prochaine génération, quand... tu sais, je serai un grand et fantastique dragon, et pas aussi... Petit."

Je serrai les paupières.

"Oh, Spike... Je doute qu'un seul d'entre eux remarque notre présence. Il n'y a rien de honteux à être un bébé dragon. Un jour, tu seras aussi grand qu'eux ! En plus, tu es déjà fantastique ! Ne laisse pas ta taille te dire le contraire."

Mon corps tremblait sous la menace des larmes. Je faisais de mon mieux pour me secouer et regardai les apparitions disparaître. Sa chance de revoir la grande migration lui avait été volée. Au moins, il avait pu la voir une fois, et j'étais heureuse qu'il l'ait appréciée.

"Aujourd'hui est le grand jour !"

Un autre souvenir de moi dansante et sautillante autour de Spike surgit à ma droite. On lisait clairement la confusion de Spike. "Quoi, quel jour ?"

Mon image ignora Spike. "Oh, où est ma robe ? Et mes souliers ? Et à propos de..."

"Twilight !"

"Huh, qu'y a-t-il, Spike ?"

"Quel jour ?"

Finalement, l'autre Twilight arrêta de courir. "Comment as-tu pu oublier ? Ce soir c'est le Grand Galloping Gala !"

Je m'en souvenais, J'étais tellement excitée par le gala que j'en étais moins organisée que d'habitude. Heureusement, tout fut trouvé là où je le cherchai.

"Whoa, aujourd'hui ?"

"Bien sûr ! Maintenant, peux-tu m'aider à trouver tout ce dont j'ai besoin ?" Avec fierté dans ses pas et un sourire déterminé, elle monta à l'étage, Spike sur ses talons traversant un nuage vert. Spike était comme ça, quel que soit la situation, il était toujours prêt à m'aider, qu'il en soit heureux ou pas.

J'entendis le bruit familier de pages que l'on tourne. Je me tournai pour voir Spike allongé sur son ventre au sol, feuilletant un livre avec moi.

Je reconnaissais ce moment... Spike n'avait jamais trop compris le concept de lire juste pour le plaisir de la lecture. Il ne faisait que m'aider dans mes recherches quand nous étions encore à Canterlot. Un jour, j'ai voulu changer ça et lui ai acheté une douzaine de livres d'aventures. À ma grande surprise, il ne s’intéressa pas à l'évident Daring Doo, mais choisit à la place Nancy Nearsight's Adventures Through the Badlands, une collection de courtes histoires suivant le héros éponyme. Ça faisait sens, maintenant, pourquoi il avait choisi ce livre. Nancy avait une très mauvaise vue et avait réussi à devenir amie avec un dragon des Badlands, qui lui venait en aide chaque fois qu'elle en avait besoin. Il avait choisi ce livre car il pouvait s'y identifier.

Mon image se tourna vers Spike et lui offrit un sincère sourire. Il le lui rendit et tous deux retournèrent à la lecture avant d'être engloutis par le brouillard de mon esprit, comme tout le reste.

Je me détournai et fut accueillie par une grande ouverture dans le mur. Je sortis vers un terrain ouvert, seulement éclairé par le soleil loin sous l'horizon et une pléthore d'étoiles dispersées. Une brume verte se matérialisa au-dessus de moi, se dirigeant vers le sol. Elle ralentit et disparut, révélant une autre image de moi-même, avec Spike sur mon dos. Je ne pouvais replacer ce souvenir, mais c'était un autre moment de bonheur. Aussi rapidement qu'ils étaient apparus, ils disparurent dans le ciel nocturne.

Je fermai mes yeux, passant par le chant des insectes dans les hautes herbes. Les sons assourdis comme si on avait refermé une fenêtre et que je n'étais plus vraiment là. J'ai ouvert les yeux en voyant des arbres pousser à travers le sol et me retournai.

Une fois de plus, les visages familiers de ce rêve apparurent, sortant de derrière les arbres dans un jeu de cache-cache, pour disparaître une fois de plus comme chaque souvenir tendait à le faire.

J'étais sur un piédestal en rotation, suffisamment haute pour être hors de portée. Dans ces souvenirs se trouvaient d'autres moments heureux que nous avions eus : un combat de boules de neige ayant commencé par une attaque-surprise de Spike, une balade à travers Ponyville avec Spike, un arrêt au Sugarcube Corner pour un en-cas avec Spike. Les souvenirs m'entourèrent à une vitesse vertigineuse, me poussant à me lover en boule et à me cacher.

Les souvenirs disparurent dans le feu du soleil couchant, un peu comme celui qui m'avait accueillie en rentrant à la maison.

C'était silencieux. Je n'étais pas sûre d'être capable d'entendre, mais lentement un son fit écho autour de moi. Devant moi se tenait un grand champ aux hautes herbes infinies. Coupant au travers se trouvait un chemin de terre, et la source du bruit.

Une autre image fantomatique de moi-même galopait sur ce chemin, dans ma direction. Ce souvenir était différent. Il y avait une urgence dans sa démarche et Spike n'était nulle part.

"Twilight ?"

Mon souffle fut coupé alors que je regardai plus bas. Juste en face de moi sur le chemin se tenait Spike. Un tremblement de peur me traversa. "Non..."

Alors que mon double se rapprochait, Spike eut une vague de faiblesse avant de la rejoindre et de l'étreindre. Je la regardai, un mélange de tristesse et de colère s'emparant de moi.

L'autre Twilight souriait, mais je voyais qu'il ne s'agissait que d'une façade. "Dis-lui !" ordonnai-je.

Ses oreilles plièrent comme si elle m'avait entendue. Je répétai : "Dis-lui !"

"Qu'a-t-il dit ? Le docteur, je veux dire..." murmura Spike.

Je grognai sur l'autre Twilight. Son sourire s'était réduit à un ruban et je pus voir de nouvelles larmes se former dans ses yeux rouges. Je hurlai : "Il a le droit de savoir ! Dis-lui !"

Elle prit une respiration pour se redonner contenance et refit un faux sourire. "Le docteur... Il a dit que tout allait bien. Qu'il n'y avait rien d’inquiétant."

Je me forçai à fermer les yeux, espérant que les images s'en iraient. C'était lui, le pire mensonge de ma vie. Pourquoi n'avais-je pas eu le courage de lui dire ? Je l'ai nourri de tellement de faux espoir ! Si au moins, je le lui avais dit. Si je lui avais dit qu'il souffrait d'une maladie dégénérative, alors peut-être aurait-il au moins su à quoi s'attendre. Lui aurais-je rendu service ? Aurait-il mit ses intérêt en avant si je lui avais dit qu'il était destiné à mourir ? Et s'il m'avait demandé s'il existait un remède, aurais-je choisi de lui mentir ou de lui dire la triste vérité ?

J'ai choisi le mensonge, pour lui donner une chance d'être heureux et insouciant jusqu'à ce que la maladie vienne l'en empêcher. Quand il a réalisé ce qu'il se passait, je sus qu'il me détesterait jusqu'au jour où il mourrait. J'ai décidé de mentir, de toute façon, avec le mince espoir qu'un remède miracle puisse le sauver. Je l'avais trompé, et il ne me le pardonnerait jamais.

Et je ne voulais pas me pardonner.

Le monde autour de moi s’assombrit, et mes yeux s’alourdirent. Le poids que je portais me mit finalement au sol. Ma tête s'illuminait à mesure que je sentais la vie m'échapper comme l'air de mes poumons sous la pression. Mes larmes coulaient sur mon visage au travers de mes yeux fermés, ruisselantes sur la terre battue.

"Je suis tellement désolée, Spike... S'il te plaît, pardonne-moi."

~

Je me redressai violemment sur mon lit, haletante, et aspirai tout l'air que je pus. Mon corps tremblait pendant que je me débattais pour reprendre mon souffle.

Une fois que je réussis à me calmer, je m'assis sur l'oreiller et étudiai l'obscurité de la chambre. Je pouvais voir de pâles silhouettes dispersées autour de moi. Je fixai l'une d'entre elles, étudiant les courbes complexes de la forme. Soudain, une brume fantomatique se tissa autour de celle ci qui commença à tourner pour me faire face. Je secouai ma tête et regardai de nouveau, elles avaient disparu. Juste mon esprit qui me jouait des tours.

Le rêve était toujours clair dans mon esprit. Souvenir après souvenir, le bonheur entre moi et Spike était apparent, sauf dans le dernier. Spike avait peur et espérait des réponses. Il m'a fait confiance, et je l'avais trahi.

Une des choses qui était commune à tous ces souvenirs était la présence de Spike. Il a toujours été là pour moi quand j'avais besoin de lui. Alors pourquoi, dans ces instants, n'étais-je pas à ses cotés ?

Je jetai les couvertures, les laissant tomber au pied du lit, et ouvris les rideaux à l'air nocturne. La lune se couchait à l'horizon, attendant le soleil pour prendre sa place. J'avais dormi pendant presque toute la nuit, après tout.

Je ne pris même pas la peine d'attendre le soleil. En prenant un peu de recul, je sautai du bord du balcon, laissant mes ailes déployées attraper la brise. J'ai accéléré et passai dans un passage étroit au travers des arbres et m'écorchant lorsque l’hôpital était en vue.

Je réfléchis à passer par la fenêtre de la chambre de Spike mais décidai finalement que non. Au lieu de cela, j’atterris devant la porte d'entrée et passai celle-ci au trot. Tout mon être voulait courir vers la chambre de Spike, pour être à ses cotés et le réconforter. Je me battis contre ces pulsions. Je n'allais pas faire une scène ici.

Je sillonnai les couloirs et les escaliers, passant au travers de plusieurs salles, sans tenir compte des commentaires des poneys, jusqu'à ce que j'arrive finalement à la porte de la chambre de Spike. Je m'arrêtai, recoiffai ma crinière, et pris une longue inspiration avant d'ouvrir la porte.

Spike était toujours allongé sur son lit, mais quelque chose était différent. Le tissu avait été retiré de sa tête, et les machines étaient silencieuses. Une dernière chose me fit trembler, sa respiration rauque était devenue silencieuse.

"Non," me suis-je entendue murmurer. L'incrédulité me submergea, me noya. Je me sentis me rapprocher de Spike, mais sans emprise sur mes pas.

"Non," me suis-je entendue répéter. Je m'étais préparée depuis les nouvelles du docteur Bridlecure, mais aucune préparation ne pouvait suffire à la perte d'un être cher.

"Non, Spike... Pitié, réveille-toi..." J'ai cligné des yeux plusieurs fois, en espérant que la prochaine fois que je les ouvrirait, je serais de retour à la maison, me réveillant d'un autre cauchemar. Je ne me réveillai jamais cependant, car j'étais déjà éveillée, et c'était la réalité. Spike était parti.

Je sentis mes pattes se dérober sous moi et suis tombée au sol, regardant toujours le visage de Spike. Mes joues s'humidifièrent alors que les larmes se battaient pour s'échapper. Je me fichais de savoir que je pleurais à nouveau. Je ne voulais plus me battre. J'enfonçai ma tête dans le coté du lit et relâchai la pression.

À travers chaque sanglot et chaque larme, je vis de nouveau ces souvenirs. Cet heureux, insouciant visage, parfois curieux, parfois espiègle, toujours aimable. Chaque sourire, chaque rire, chaque réponse ravie, tout... disparut.

Disparut.

Je levai la tête, essuyant les larmes du mieux que je pouvais. Je lui devais tout, mais ne pouvais rien en échange. "Spike, je suis tellement désolée pour tout ça... J'ai essayé de mon mieux, mais ce n'était jamais assez. J'ai regardé dans tous les livres, suivi toutes les pistes, et tout a échoué. J'ai échoué."

"Tu as toujours été là pour moi, Spike. Toujours. Tu m'as aidée à travers vents et marées, et je ne pourrai jamais en faire autant. Mais, s'il te plaît... Aide-moi une fois de plus, Spike. Fais une chose pour moi... S'il te plaît, réveille-toi."

Spike m'avait tant donné dans sa vie : de mon premier ami à mon partenaire d'étude pour les tests. Il était là avec de la soupe, quand j'étais malade dans mon lit, et il était toujours là quand j'avais besoin qu'on me remonte le moral. Il m'a toujours conseillé pour rester sur le droit chemin, et me prêtait son oreille quand j'avais besoin de quelqu'un à qui parler. Et il y a une dernière chose qu'il me donna : un miracle.

Il ouvrit les yeux.

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Note de l'auteur

C'est mon premier essai d'écriture à la première personne. Pour la majorité du texte, j'étais vraiment heureux de comment ça tournait

L'histoire est basée sur une vidéo du même nom par Nutrafin. J'espère avoir fait justice à cette vidéo car elle m'est vraiment incroyable.

Voici le lien de la video : [lien]

Corrigé par Jurassicdl3 et Watermelonpizza

Dessin par Bait 09.

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Maxentirunos
Maxentirunos : #4464
rebelda20 septembre 2014 - #4305
J'ai pas tous compris Spike est mort ou pas??
Ce n'est pas dit précisément dans la fiction, alors tu peux croire ce que tu veux, que la maladie de Spike a miraculeusement disparue ou qu'il ouvre ses yeux par reflex dans les derniers moments de sa vie.
Il y a 4 ans · Répondre
rebelda
rebelda : #4305
J'ai pas tous compris Spike est mort ou pas??
Il y a 4 ans · Répondre
Pinkie007
Pinkie007 : #3861
Tellement tristeeeeeeeeeeeeeeeeee !!!!!!
Il y a 4 ans · Répondre

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