Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Necroponycon

Une fiction écrite par Ptifland.

Nuages rouges

Tranquillement assis sur une caisse de bois de matériel, FastBrain terminait son repas du midi. Dans cinq minutes la pause se finirait, et il devrait repartir au forage du boyau principal. C'était pile le temps pour savourer le seul plaisir culinaire autorisé dans le complexe industriel où il travaillait, le plus grand d'Equestria, où il travaillait depuis cinq ans.

Adossé au mur de l'usine de transformation de minerai, le licorne rajusta son casque de chantier et ses lunettes de protection et regarda le ciel. Il était rouge. Les fumées créées par les cheminées à combustion magique le couvraient et de grandes quantités de particules volaient et frappaient les quelques pégases travaillant dans le nettoyage des nuages écarlates. La compagnie avait créé ce poste il y avait longtemps de cela suite de plaintes de la part des habitants alentours. Les habitants avaient quitté les lieux depuis longtemps, l’air devenant insoutenable sans masque, et ceux qui n’avaient pas pu partir faute de moyens étaient morts de maladies étranges, sûrement liées à l’inhalation prolongée mais ils étaient plus là pour la figuration que pour véritablement chasser les masses de fumées. De tous les travailleurs, c'étaient eux qui subissaient le travail le plus dur, les fumées brûlantes les rongeant intérieurement petit à petit, et les particules les frappant inlassablement, trouant leurs combinaisons de protection et les laissant exposés au plus fort du nuage. À ce moment, les pégases devaient revenir à terre le plus vite possible pour être traités et soignés. Mais, bien souvent, l’opacité du nuage les empêchait de se retrouver, ce qui faisait que tous les deux-trois jours, des pégases disparaissaient dans la brume écarlate pour ne jamais être retrouvés. De plus, comble de l’ironie, leur travail ne servait à rien, l'usine rejetant constamment plus de fumée, renouvelant le couvercle couleur sang. Les pégases étaient donc aux yeux de tous les martyrs de la compagnie.

En se levant de la caisse, FastBrain respira un grand coup. L’air avait un goût de cuivre. Le licorne mit son masque, et se dirigea vers l’entrée de la mine.

***

Après quelques heures de forage, FastBrain se fit appeler par un des membres de son équipe. Ils avaient, disait-on, trouvé quelque chose d'étrange sur une paroi adjacente. Assez étrange pour que l'on arrête la foreuse et fasse perdre du temps précieux à toute l'équipe.

« Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi vous avez stoppé le forage ?

- Regardez, Boss, dans le mur.

- Eh ben, c'est un trou, ça arrive qu’la paroi se fissure à cause des tremblements provoqués par la foreuse !

- Peut-être, mais il y a de la lumière de l'autre côté. »

FastBrain s’arrêta dans son mouvement, et resta sur place pendant une ou deux secondes avant de se précipiter pour regarder à travers la fissure. En effet, on pouvait voir de la lumière venant d’un tunnel dont on ne pouvait pas voir le fond. Et c’était plus qu’étrange qu’il y ait un tunnel ici, car le filon dans lequel FastBrain travaillait était le plus profond creusé à ce jour par la compagnie. De plus, cela signifiait quelque chose d’impensable : il y avait des poneys qui vivaient quelque part sous terre, et ce à l’insu de la compagnie. FastBrain se mit alors à réfléchir sur ce qu’il devait faire. Et puis, il se dit : des poneys vivant sous terre ? C'était tout bonnement impossible ! Et il n'y avait aucune tribu de chien à diamants dans la région, donc qu'est-ce que ça pouvait être ? Pendant que FastBrain se posait ces questions, les autres mineurs commençaient à amener des pioches et des mini-foreuses pour ouvrir le passage. Les voyants soudain agir, le licorne se saisit immédiatement des outils et se mit à crier :

« Mais qu’est-ce que vous foutez ? Vous êtes malades ?

- Pourquoi, répondit un des mineurs tenant la foreuse, 'faut bien aller voir ce que c'est ? Et si c'était des poneys coincés là que la compagnie aurait laissés crever plutôt que de les secourir ? Les dirigeants seraient tout à fait capables de l’faire si ça pouvait leur faire économiser du fric ! »

Sur ce point, le poney n'avait pas tort. La compagnie se fichait bien des pertes. Mais si toute une équipe avait été laissée pour morte suite à un éboulement, il en aurait entendu parler plus tôt. Et il savait que la princesse Celestia n’approuvait pas vraiment les méthodes de la compagnie, alors, si jamais de pauvres poneys avaient été volontairement laissés coincés jusqu’à ce qu’ils meurent, elle aurait immédiatement fait fermer le site !

Mais le mineur avait quand même raison. Il fallait bien aller voir ce que c’était, car le tunnel était bien là, c’était même étonnant qu’il n’ait pas été repéré jusque-là. Et comme ils l’avaient trouvé, c’était à eux d’aller voir ce qu’il abritait. FastBrain redistribua alors les outils, et tous se mirent alors à creuser

Après quelques minutes, le trou avait été assez agrandi pour laisser passer un poney à la fois. Il fut décidé de n'y envoyer que trois poneys, pour ne pas avoir à évacuer une trop grande quantité de personnes s'il fallait sortir rapidement, quelle qu’en soit la raison. FastBrain faisait évidemment partie de ceux-là.

Arrivé de l’autre côté, FastBrain s’aperçut alors que le trou donnait en fait vue sur une salle circulaire qui avait abrité un ancien campement : des planches de bois étaient posées contre le mur, et les restes d'un feu de camp reposait. Se tournant vers le tunnel, l’étalon vit qu’il était fait de deux chemins : un premier remontant à la surface, et un second continuant à descendre plus en profondeur. La lumière provenant de ce dernier, FastBrain et les deux autres mineurs qui l’accompagnaient le prirent.

Au bout de quelques minutes à avancer dans la pénombre, la petite équipe remarqua un autre fait étrange : la lumière bougeait, et elle était d’ailleurs plutôt rapide. Le groupe se mit alors à accélérer le pas, bien décidé à rattraper le ou les habitants du tunnel avant qu’ils n’aillent trop profondément.

***

Au bout d’un certain temps, alors que le groupe s’était rapproché de la source de lumière, tout en tâchant de toujours rester hors de vue des possibles personnes tenant cette lumière, les bruits de pas desdites personnes s’arrêtèrent. Ayant peur qu’ils se soient fait repérés, FastBrain et les deux autres mineurs stoppèrent leurs avancer et se baissèrent, par réflexe. Soudain, une voix se fit entendre :

« Le nouvel arrivant est-il prêt ? dit une voix étrangement étouffée.

- Oui, répondit une autre avec le même étouffement. Celui-là est précoce, il a commencé à bouger avant même le lancement complet du processus.

- Tant mieux. Plus tôt nous commencerons, plus tôt nous aurons fini, mieux ce sera. Il faudrait pas traîner, les autres attendent et-

- Tais-toi ! interrompit la première voix. Tu ne sens pas une présence ?

- Pas plus que d'habitude. Les "creuseurs" font tellement de boucan avec leurs nouvelles foreuses que je les entends même du fond de "l'abri".

- Non, cette fois, c'est nouveau. Plus proche. »

Les voix se turent. Puis, les bruits de pas reprirent, mais cette fois il allait dans la direction inverse, droit vers FastBrain et son groupe.

Voyant qu'ils avaient été repérés, FastBrain se leva et alla se présenter devant les deux êtres aux voix étouffées. Après tout, ces derniers étaient visiblement intelligents, et n’étaient là que par infortune. Et, s’ils étaient civilisés, FastBrain ne voyait pas pourquoi ils l’attaqueraient. Après tout, il voulait juste voir qui ils étaient, et potentiellement les aider. Et si la gentillesse était devenue une raison d’attaquer les poneys, alors mineur était un travail bon pour le corps et fortifiant !

FastBrain arriva donc devant « les voix ». Il eut du mal à en croire ses yeux.

Les voix provenaient de deux pégases en combinaisons de protection contre le nuage rouge. Cependant, elles dataient des premières générations, ce qui remontait au tout début de la création des postes de nettoyeur, ce qui remontait avant même l’arrivée de FastBrain au complexe minier. Les pégases portaient aussi des masques à gaz, tout aussi vieux que les protections. Cependant, le verre du masque était brisé, ce qui laissait apparaître un spectacle troublant : il ne laissait pas voir un œil, mais le vide. Partout où les costumes étaient troués, il y avait pas de chair où de trace de la présence des pégases dans leurs combinaisons, comme si les costumes étaient vides. L'un des deux pégases-fantômes soutenait un poney visiblement inconscient, bien qu'il semblait victime de spasme. Ce pégase avait l'air plus jeune que les autres, vu qu'il portait une des combinaisons récentes censées « régler les problèmes de conception des précédentes ». Cependant, le côté de cette dernière était troué, et de la fumée rouge s’en échappait alors continuant d'agrandir le trou, tout en dévorant en même temps le poney à l’intérieur. FastBrain comprit alors qui étaient les pégases, et ce qu'il leur était arrivés. Le pégase au verre cassé reprit alors la parole :

« Donc, nous aurions été découverts. Je suis étonné que personne ne nous ait trouvé plus tôt. Dis-moi, creuseur, que viens-tu faire ici tout seul ? Tu as été envoyé par la compagnie pour voir que renfermait ce tunnel ? Eh bien voilà ce que tu vas leur dire : le tunnel est sans importance, et le mieux serait de réorienter le creusage pour éviter de le croiser à nouveau.

- Hein ? Moi, envoyé par la compagnie ? Ben sûr que non ! La foreuse a juste créé une fissure dans le mur du filon, et moi et mes hommes, on a vu de la lumière à travers cette fissure, et, comme on pensait qu’ladite lumière venait de poneys coincés ici, on est venus vous aider.

- Eh bien non, nous n’avons pas besoin d’aide. Nous voulons juste que vous nous laissiez en paix, votre fumée seule nous a déjà tués une fois, nous n’avons pas besoin d’une deuxième. Et si la compagnie venait à apprendre notre existence, elle n’hésiterait à le faire. Tu vas donc repartir dans la direction opposée, et faire fermer tout accès à cette grotte. C’était déjà bien imprudent de la part de toi et tes amis de venir ici, et tu as de la chance que l’on te laisse ressortir, toi.

- Mais vous parlez de quoi, dit FastBrain en se retournant, vous avez fait quoi aux aut- »

Le licorne s’immobilisa et se tut, n’arrivant à ne prononcer ne serait-ce qu’un mot, paralysé par le spectacle qui s’affichait devant lui.

Un autre pégase vide, à ce que laissait transparaître le trou béant à la place de ce qui avait été sa CutieMark, se tenait debout derrière lui, le regard fixé sur les deux autres mineurs qui l’accompagnaient. Ceux-ci se tenaient allongés sur le sol, comme pris de convulsion alors que la fumée écarlate les dévorant de l’intérieur. Le pégase mit ses sabots sur leurs têtes, avant d’en laisser s’échapper une nouvelle dose de particules. Les têtes se mirent alors à fondre petit à petit et quand ce fut fini, il ne restait plus rien d’eux.

« Voilà ce qui a la plupart des pégases qui travaillent ici, reprit le poney vide portant le pégase inconscient : ils disparaissent, dévorés par la fumée, celle-ci ne laissant aucune trace. Seulement, ce n’est pas le cas pour tous. D’autres, comme nous… s’adaptent, changent, et se transforment. On ne sait comment, bien qu’ayant perdu tout ce qui faisait de nous des poneys, nous restons « vivants » et gardons notre conscience. À partir de ce moment, nous pouvons résister au nuage, et, parfois, certains apprennent à le contrôler, comme StrongWings, que tu viens de voir en action.

- Mais, pourquoi vous les avez tués ? répondit FastBrain en tremblant. Ils n’avaient rien fait, ne vous avaient pas attaqués, et vous les avez tués sans raison ! POURQUOI ?!

- Oh, tais-toi, ce n’est pas comme s'ils comptaient pour toi ! Est-ce que tu connaissais seulement leurs noms ? »

FastBrain allait se mettre à répondre, mais s’arrêta, ne sachant que dire. Le pégase avait raison, il ne connaissait pas leurs noms. Il l’avait sans doute su, un jour, quand ils avaient été intégrés et qu’il avait lu leurs fiches de travailleur. Mais il ne s’en souvenait plus. Ils faisaient partie de sa propre équipe, et pourtant il ne savait rien sur eux, ne leur avait jamais parlé en dehors du moment pour leur donner les instructions. Comment le pégase avait deviné ? Il ne l’avait même pas vu leur parler. De toute façon, se dit FastBrain, il n’aurait pas pu le voir leur parler à aucun moment, puisqu’il ne le faisait jamais !

- Quoi qu'il en soit, reprit la combinaison fantôme, Maintenant, tu vas faire ce que je t’ai dit, où je me verrais obligé de demander à StrongWings de refaire son office.

- Comment vous voulez que je remonte si les deux autres sont morts ? Comment je vais expliquer qu’ils ne sont pas avec moi ? Vous y avez pensé à ça, au juste ? «

Le pégase ne répondit eu un moment de pause. Visiblement, non, il n’y avait pas pensé, à ça. Un point pour FastBrain.

« Alors, nous allons nous voir obligés de te tuer aussi. »

Oh. Un point pour les pégases.

FastBrain chercha par où fuir, mais il était cerné par tous côtés. Il se retourna alors par réflexe, mais au même moment, StrongWings mit ses deux sabots sur sa tête. Le regardant de ses yeux de verre, il demanda :

« Une dernière volonté ? dit ce dernier.

- Vivre, répondit FastBrain.

- Mauvaise réponse. »

Le pégase relâcha la fumée, Et FastBrain sentit une douleur atroce envahir son crâne, son cou, puis petit à petit tout le reste de son corps. Il se laissa tomber, et, commença à devenir aveugle. Ses yeux venaient de disparaître, et bientôt le nuage atteindrait ses organes vitaux, pour le laisser mourir dans d’atroces souffrances. Il entendit les pégases s’éloigner, puis n’entendit plus rien. Les oreilles y étaient passées. Il tenta tout de même de se relever, mais ne pouvait pas. Les pattes aussi. Il prit une dernière bouffée d’air, avant que son museau et sa bouche disparaissent, puis plus rien. Il était mort.

Cependant, avant de sombrer, FastBrain put se souvenir.

EarthBones et SmartHooves. Les deux poneys qui l’accompagnait s’appellaient EarthBones et SmartHooves.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Note de l'auteur

J'ai eu plus de mal à faire cette nouvelle que les autres, donc j'espère que le résultat en sera satisfaisant. :)

PS : pari tenu, les ennemis ne sont pas des enfants !

Chapitre précédent

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

Aucun commentaire n'a été publié. Sois le premier à donner ton avis !

Nouveau message privé