Spike regardait la fenêtre, alors que le paysage sombre était flou. Il souffla, fit de la buée sur la vitre et dessina de petits cercles. Il y eut un coup à la porte de sa cabine. Spike se leva, et sortit un ticket de train hors de son sac sur le chemin, et il ouvrit la porte au contrôleur. Celui-ci contrôla le ticket, passa une tête pour voir s'il y avait d’autres passagers, et le perfora avec une pointe de son chapeau avant de se diriger vers la cabine suivante.
Spike remit le ticket dans son sac et le referma. Il fronça alors que l’image du contrôleur la tête au-dessus de lui se rejouait dans son esprit. Il grimpa sur l’un des sièges qui composaient la première classe et fixa son propre reflet. La personne qui le regardait n’était pas si différente de celle qui était arrivée à Poneyville avec Twilight. Ses épines étaient un peu plus grandes, et son ventre de bébé avait bien disparu, mais sa face avait toujours ce museau enfantin aux grands yeux ronds. Un dragon adulte devrait avoir l’air beaucoup plus anguleux et vicieux. Et bien sûr sa taille était un sujet sensible pour lui ; il avait eu sa première poussée de croissance quand il avait trois ans et avait à peine grandi de deux pouces depuis des décennies.
Son froncement tourna en une grimace. Au moins, il avait gagné un peu de muscles. Pas beaucoup, mais quand il fléchissait juste assez…
« Tu es beau, Spike », s’encouragea-t-il en prenant quelques poses, admirant les petites boursouflures dans ses bras lorsqu’il gonflait ses biceps.
Spike était si ravi de son physique qu’il n’avait pas entendu le discret coulissement de la cabine.
« Oh ! Je suis désolée ! » cria quelqu’un derrière lui.
« Eek ! » crissa Spike… d’une façon très masculine. Il couvrit son torse avec ses bras. « Je veux dire : ahh ! »
« Vraiment désolée », s’excusa la jument à la porte en se cachant les yeux avec sa patte. « Euh, je pensais que cette cabine était vide. »
La colère de Spike d’avoir été surpris ainsi s’évapora dans un soupir. « Non, non, ça va. »
« Je… je peux regarder maintenant ? » demanda-t-elle timidement.
« Ben je ne fais plus de poses maintenant si c’est ce que vous vous demandez », répondit Spike en roulant des yeux.
Elle se découvrit le visage.
« Je suis vraiment, vraiment désolée pour ça », s’excusa-t-elle une nouvelle fois. « Toutes les autres cabines sont pleines ou fermées. Et je ne voudrais pas aller en classe éco alors que j’ai payé pour un ticket en première classe… »
« Ah, dans ce cas, joignez-vous à moi », dit Spike en agitant sa griffe.
La jument au pelage gris et à la crinière couleur charbon le remercia et déposa sa valise sur le siège opposé à Spike. Elle s’assit et regarda son reflet, ajustant son nœud papillon avant de retourner à Spike.
« Encore une fois, désolée », sourit-elle.
« N’en parlez plus », sourit à son tour Spike. « Vraiment. »
La jument couvrit sa bouche délicatement et ricana doucement. « Honnêtement, ne soyez pas trop embarrassé à propos de ça. On fait tous des choses bizarres quand on se croit seul. »
« Oh ? » Spike leva un sourcil. « Quel genre de choses, miss… »
« Oh, mon nom est Octavia Melody, mais juste Octavia je préfère », dit-elle en hochant la tête. « Et un gentleman ne demande pas ce genre de choses, monsieur… »
« Spike », répondit-il en inclinant respectueusement sa tête. « Et c’est tout sauf juste. Vous m’avez vu faire quelque chose d’embarrassant et vous ne m’en dites pas plus ? Quelle impolitesse. »
Octavia secoua la tête avec un sourire narquois. « Hé bien, je suis désolée, mais une dame ne parle pas de ce genre de choses. Si vous voulez savoir ce que je fais d’embarrassant lorsque je suis seule, vous devez faire comme j’ai fait avec vous. »
Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’elle comprit ce qu’elle venait de dire.
Spike rit fortement. « En fait, ne vous inquiétez pas pour ça : c’était assez embarrassant. Je pense que nous sommes à égalité. »
« Heureux que vous vous amusiez », gloussa-t-elle en déplaçant son regard vers la fenêtre pour arrêter de taquiner le dragon.
Spike retint son rire et se mit dos au mur. « Vous me semblez familière », dit Spike en jetant un œil à sa marque de beauté ; une clé de sol.
« Je l’espérais bien », répondit-elle. « Je vis à quelques rues en bas de la bibliothèque. Je vous ai déjà vu, ce n’est pas comme si vous étiez difficile à manquer. »
« Ah, c’est vrai ! » dit Spike en claquant ses griffes. « Je vous ai aussi vue quelques fois. Vous êtes une musicienne, si je me souviens bien. Vous avez joué à quelques fêtes où j’ai été, aussi. »
« C’est vrai », acquiesça-t-elle. « Je suis violoncelliste. »
« Ooh, c’est un instrument difficile à jouer pour un poney terrestre », commenta-t-il.
« Oui, mais je l’adore, alors je travaille dur pour bien en jouer. »
« Oh, bien sûr », Spike hocha la tête. « Je comprends ça. Je dois quand même dire, puisque vous vivez si près, je me demande pourquoi on ne s’est jamais rencontrés comme ça avant. »
Octavia haussa les épaules. « Je passe beaucoup de temps à voyager avec l’orchestre. Et j’imagine que la princesse vous occupe beaucoup aussi. Vous êtes son assistant, non ? »
« Oui, ou plutôt je l’étais… » soupira Spike.
« Oh, euh… » murmura Octavia, se demandant si elle avait amené un sujet sensible. « Vous êtes… parti… ? »
Spike secoua sa tête. « Pas vraiment, non. J’ai été… en quelque sorte… réaffecté. Twilight a été plus ou moins ma sœur toute ma vie ; c’est grâce à elle que j’ai éclos. J’ai fait ce que j’avais à faire, la soutenir dans ses choix, j’imagine. Elle ne peut pas vraiment me virer d’un travail que j’ai fait par amour. Depuis qu’elle est devenue une princesse, son emploi du temps est devenu assez fou. »
« À quel point ? », demanda Octavia.
« Plein de truc royaux : voyages, rencontres… » expliqua-t-il. « Elle m’a dit qu’elle voulait que j’aie plus de temps pour moi, alors elle a pris une équipe pour faire mon travail. J’imagine que c’est flatteur : elle a besoin d’une équipe entière de poneys pour faire le travail d’un seul Spike. »
« Il y a de quoi être fier. Qu’est-ce que vous faites maintenant ? »
« J’ai plus ou moins repris son ancien travail à la librairie de Poneyville, parce que personne d’autre n’était là pour le faire et parce que je connaissais le job. »
« Ça ne semble pas si mal », sourit-elle.
« Ouais, je suppose », soupira-t-il. « J’ai grandi dans des librairies, et j’adore lire… mais je ne vois plus beaucoup ma sœur maintenant… au moins je l’aidais on était ensemble… »
« Oh, je n’avais pas pensé à ça », murmura Octavia avec un regard abattu.
Spike nota le changement dans son ton, comme si ses mots avaient touché un point sensible en elle. Il ne voulait certainement pas gâcher sa bonne humeur, surtout depuis que sa compagnie lui avait redonné le moral. Il toussa doucement pour attirer son attention afin qu’elle ne se morfonde pas.
« Alors, vous êtes de Jumanhattan ? » demanda-t-il.
« Hm ? » fredonna-t-elle en levant les yeux. « Oh, mon accent… Non, je suis originaire de Salt Lick City, mais je suis partie étudier au conservatoire de Jumanhattan quand j’étais une pouliche. J’ai grandi là-bas. La plupart des étudiants étaient issus de familles cultivées de la ville, alors je me suis adaptée à eux. Maintenant, c’est comme ça que je parle normalement. »
« Quel conservatoire ? »
« Mulelliard. »
« Vous êtes allée à Mulelliard ? » questionna Spike. « C’est impressionnant. Ce n’est pas facile d’y entrer ? »
« Vous connaissez ? »
« Je connais, oui », acquiesça Spike. « Twilight a eu une correspondance avec un professeur quand elle faisait des recherches sur les harmonies magiques. C’est un endroit de très haut niveau, d’après ce que j’ai pu en voir. »
Octavia sourit et se tourna vers la fenêtre. « C’était très dur, oui, mais j’aimais ça. Etre entouré de poneys qui aimaient la musique… c’était un rêve devenu réalité… »
Spike sourit, heureux d’avoir retourné la conversation vers un chemin plus joyeux.
« C’est votre premier voyage à Lunar Bay ? » demanda Spike.
« Oui, mais j’ai toujours voulu y aller », répondit-elle.
« C’est un peu bizarre pour ce genre de rêve », gloussa Spike. « Lunar Bay n’est pas aussi populaire que des endroits comme Rainbow Falls ou Le Grand Gouffre. »
Octavia rougit un peu. « Eh bien, je ne parlerais pas de rêve, mais… il y avait cette chanson que j’ai entendue dans mon enfance, par Chubby Cheetah, appelé Gentle Shores… Peu de poneys savent qu’il y a écrit ça en pensant à un lagon là-bas. C’est une de mes préférés, donc… »
« Je connais cette chanson », dit Spike en levant une griffe. « C’est un morceau pour piano. »
« Maintenant, c’est moi qui suis impressionnée », compléta-t-elle dans un sourire. « Ce n’est pas un de ses singles les plus connus. »
« Je suis aussi fan de musique », répliqua Spike en polissant sa griffe contre son torse.
« Je vois ça. Et vous ? Premier voyage ? »
« Oui, j’ai eu un prospectus dans ma boîte aux lettres pour un voyage tout-compris très abordable, alors je me suis lancé. J’y suis allé comme ça, mais c’est venu au bon moment. Je voulais quitter Poneyville pour un moment ; m’aérer l’esprit, vous voyez ? »
« Je vois exactement ce que vous voulez dire », sourit-elle. « J’ai eu le même prospectus. »
« Vraiment ? » gloussa Spike. « Alors on est compagnons de voyage, alors. »
Octavia gloussa elle aussi. « J’imagine que oui. »
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Spike se jeta sur le grand lit de sa suite et roula dessus de contentement. Quand il avait réservé à l’agence de voyages, il avait demandé le plus grand lit possible : il ne l’avait pas déçu.
Spike avait passé beaucoup de temps dans un panier à l’étroit comme un chat. Quand il avait hérité de la librairie et du grand lit, il comprit tout ce qu’il avait manqué pendant ces années.
Il s’étira en baillant, tenté de faire une longue sieste, quand il remarqua l’horloge sur sa table de nuit. Il était presque l’heure du coucher de soleil et il avait promis de voir Octavia pour dîner.
Il sourit en pensant la jument. Ils avaient passé la nuit entière à parler pendant que le train les amenait vers leur destination. Ils avaient surtout parlé de livres ou de musique. Spike était agréablement surpris de découvrir que, malgré qu’il ne l’avait jamais vue à la librairie, Octavia était une lectrice assidue. Elle appartenait à un club de lecture lui permettant de recevoir des livres par la poste et avait des amies avec qui elle discutait régulièrement de littérature.
Quand ils furent exténués de leur discussion, Celestia avait déjà fait lever le soleil. Ils avaient dormi presque toute la matinée, se levant pour un petit-déjeuner très tardif et prolongeant leur précédente nuit afin de savoir si Trotstoyevsky était sous-estimé ou pas.
Ils arrivèrent à Lunar Bay deux heures plus tôt, et pendant que Spike était parti s’enregistrer à l’hôtel, Octavia était restée surveiller le débarquement de son violoncelle. Elle pensait jouer pour elle seule, mais Spike lui avait fait promettre de jouer un concert privé pour lui.
Il roula sur son lit avec réticence, en profitant au mieux pour soulager ses écailles ; les sièges du lit étaient confortables mais rien à voir avec un vrai lit.
« Je reviendrai plus tard, bébé », dit-il au lit en le frappant.
Il jeta un dernier regard vers la pièce, s’émerveillant pour la seconde fois de la journée de voir combien ses pièces avaient été bien dépensées. Il logeait dans ce que l’hôtel avait appelé la « Chambre avec vue sur la mer ». La chambre à coucher était séparée du living room avec une petite cheminée, une table et un balcon spacieux qui donnait sur l’océan. Il y avait même un petit bouton à l’entrée qui faisait sonner une cloche dans le hall pour demander à un groom de prendre les ordres du room service.
Il avait cassé sa tirelire, piochant dans ses économies, pour réserver la chambre, mais celle-ci pouvait bien coûter trois fois plus que ce qu’il l’avait payée. Il ne faisait jamais de folies, mais cette fois, il était fier d’avoir fait une exception.
Spike mit un petit sac sur son épaule et y déposa ce dont il avait besoin : quelques pièces, quelques gemmes, du chewing-gum, une plume, de l’encre, du papier et les clés de sa chambre.
Il quitta la chambre et se dirigea vers l’ascenseur. Les enceintes de l’hôtel résonnaient d’une boucle de saxophone qui sonnait comme si le musicien essayait de faire avouer un crime à son instrument. Il grimaça en entendant ce bruit et frappa sur le bouton pour faire accélérer l’ascenseur.
Les portes s’ouvrirent vers l’entrée spacieuse de l’hôtel, et il put enfin se délivrer des gémissements du saxophone. Son soulagement fit long feu lorsqu’il remarqua l’agitation à l’accueil.
« Je suis désolée, m’dame », disait le concierge, un étalon bleu, « mais ces choses peuvent arriver, surtout quand vous prenez du tout-compris à ce prix. »
Spike fronça devant le ton condescendant de l’étalon. Il marcha vers le bureau d’accueil et tapota sa nouvelle amie sur l’épaule.
« Il y a un problème, Octavia ? » demanda-t-il.
« Spike, bonjour », dit-elle laconiquement. « Ce monsieur dit que ma chambre a été surbookée. Ils l’ont donné à quelqu’un d’autre avant que j’arrive. »
Spike regarda sèchement le concierge. « Alors ? »
Le concierge leva un sourcil, de façon encore condescendante. « Nous avons pour sûr donné la chambre de cette jeune fille, ce pour quoi je me suis excusé, mais c’est notre politique de surbooker en cas de réservations. »
« Et il y a une raison pour laquelle vous ne pouvez pas lui donner une chambre équivalente ? »
« Parce que nous n’avons aucune chambre équivalente, je vous l’assure. Cela arrive rarement, mais aucune de nos réservations n’a été annulée ce week-end, alors nous sommes complet. »
Le froncement de Spike s’épaissit. « Eh bien, pouvez-vous la rembourser pour qu’elle puisse réserver ailleurs ? »
« J’ai bien peur que vu sa réservation, nous ne pouvons pas la rembourser avant lundi », l’informa l’étalon. « Nous devons vérifier avec l’agence, et j’ai bien peur que la personne qui a négocié ce genre de… remise… soit absente pour le week-end. Mais dès lundi, vous pouvez espérer que tout rentre dans l’ordre. »
« Lundi, ça sera trop tard ! » le coupa Octavia. « Je n’ai pas assez sur moi pour payer une réservation à la dernière minute ailleurs. »
« Navré, mais il n’y a rien que je puisse faire », répliqua-t-il en s’inclinant.
Octavia s’assit lourdement et s’affala, défaite. « J’imagine que je dormirai sur la plage ce week-end… »
« Donnez-lui la clé de la 403 », ordonna Spike au concierge. « C’est ma chambre. Ma réservation est pour deux personnes de toute façon, ajoutez là simplement comme invitée. »
Octavia leva les yeux. « Quoi ? Spike, non, je ne peux pas. »
Spike lui agrippa gentiment l’épaule. « Hé, c’est une très grande chambre, et c’est pour ça que sont faits les amis. »
Elle sourit, un peu forcée, et acquiesça en direction du concierge qui lui ajoutait déjà son nom sur le registre et lui donnait une seconde clé. Il appela le groom, une ado licorne à l’air ennuyé, et lui ordonna de monter ses bagages dans sa suite.
« Toujours d’accord pour le dîner ? »
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Spike et Octavia se trouvaient sur une route faiblement éclairée vers l’hôtel. Ils débâtaient sur l’endroit où manger quand Spike tomba sur un panneau de publicité pour de la musique en live. Le restaurant n’était pas très emballant pour dîner, mais cela leur convenait. La musique live se trouvait être un grand piano au centre du restaurant, surélevé sur une petite scène. Malheureusement, le pianiste n’avait joué que quelques chansons avant de partir en pause.
Octavia piochait dans sa salade tandis que Spike farfouillait dans son sax, sa soupe intacte.
« Aha », proclama-t-il silencieusement. « Je vous ai trouvés, mes petits délices. »
Octavia regarda alors qu’il déversait quelque chose dans sa soupe. Elle resta bouche bée en découvrant que ce qu’elle croyait être des croûtons se révélait être des gemmes de différentes types, tailles et qualités.
« Pourquoi tu fais ça ? » demanda-t-elle.
« Pour rendre cette mise en bouche appétissante », répondit-il. Il prit une cuillère et commença à creuser dans sa soupe de patates et de gemmes. Il mâcha vigoureusement, croquant les gemmes comme des glaçons.
« Wow », murmura Octavia. « Je ne savais pas que les dragons mangeaient des joyaux. »
« C’est un de mes plats préférés », l’informa-t-il. Il ouvrit sa bouche et lui fit profiter de sa dentition. Ce n’était pas les larges dents plates d’un poney ; c’étaient des pointes. « Dents de dragon. Elles ne seront pas aussi acérées que celles d’un dragon adulte mais elles sont faites pour briser des roches. Je peux mâcher les diamants comme des bonbons. »
Octavia cligna des yeux en entendant cela. Elle savait que les dragons pouvaient être très grands, et que Spike était jeune pour un dragon, mais elle comprit qu’elle ne savait pas quel était son vrai âge.
Spike sirota un verre de vin qu’il avait choisi pour le dîner et remarqua qu’Octavia le regardait bizarrement.
« Je connais ce regard », dit-il en soupirant. Il leva le verre et le remua. « Tu te demandes si je suis assez vieux pour boire ça. »
Octavia se racla la gorge, comme démasquée. « Je… je me demandais… oui… »
« Eh bien, je le suis », répondit patiemment Spike. « Twilight m’a fait éclore à six ans, et elle est à un jet de pierre de ses vingt ans maintenant, alors je te laisse faire le calcul. »
« Mais pour un dragon, tu es… ? » hésita-t-elle, en prenant une gorgée de son propre verre.
« Un adolescent », expliqua-t-il tout aussi patiemment. « Mais vraiment, la taille ne veut rien dire en terme d’âge pour les dragons. La taille d’un dragon est déterminée par la taille de son trésor. Je n’en ai pas, et donc je grandis à… un rythme organique, plus que magique. Je n’aurai probablement pas d’autre poussée de croissance avant vingt ou trente ans, et elle ne sera pas énorme non plus. »
« Mais si tu te crées un trésor… ? »
« Je serai sûrement aussi grand que l’hôtel », dit-il. « Pour d’autres, je suis un adulte. Et laisse-moi te dire une chose, j’ai rencontré d’autres dragons ; je suis plus mature que certains qui ont cinq fois mon âge. »
Spike hocha la tête au sommelier qui venait remplir son verre. « Ou ce qu’on m’a dit. Personnellement, je pense qu’un peu d’immaturité est une part importante d’un adulte bien équilibré. »
Octavia se détendit et sourit. « Je pense que tu es très mature. Désolée si je t’ai offensé. »
« Absolument pas », dit Spike en agitant sa cuillère. « Ce n’est pas comme s'il y avait beaucoup d’autres dragons à Equestria. Tu étais juste curieuse. Quel genre de libraire serais-je si je m’énervais contre quelqu’un qui veut satisfaire sa curiosité ? »
« De même », dit-elle. « Ça doit être fatigant de devoir expliquer tout le temps ça aux poneys. »
« J’y suis habitué », répondit-il avec un haussement d’épaules. « Comme d’être un dragon bizarre qui préfère vivre avec les poneys plutôt qu’avec d’autres dragons. »
« Tu n’es pas bizarre, tu es… unique. »
Le sourire de Spike revint pendant un instant, mais assez pour qu’Octavia manque de le rater.
« Tu es le second poney qui m’appelle comme ça… » confessa-t-il en dessinant des petits cercles dans sa soupe.
« Qui était le premier ? »
Leur conversation fut interrompue par un gros bruit venant de la cuisine. Chaque paire d’yeux se tourna vers les portes de la cuisine, quand le pianiste en sortit, claquant les portes d’entrée et s’en allant dans la nuit avec un grognement.
« J’imagine qu’il n’y aura plus de musique », soupira tristement Octavia.
Spike grimaça. Il prit d’un coup son bol de soupe et l’avala sans perdre de temps avant de s’essuyer poliment la bouche, déposant une serviette propre sur son verre de vin pour indiquer qu’il reviendrait vite.
« Où vas-tu ? » demanda Octavia alors que Spike passa les portes de la cuisine, et en ressortit une minute plus tard, sa grimace devenant un grand sourire.
Spike s’assit sur le siège du piano. Il craqua ses doigts, agita exagérément ses griffes et joua une longue version d’un morceau pour piano de Chubby Cheetah appelé Gentle Shores.
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Octavia rit alors qu’elle penchait dangereusement vers Spike. Son visage était rougi par l’alcool et son nœud papillon à moitié défait.
« Je peux pas croire que tu savais comment jouer cette chanson », dit-elle pour la dixième fois de la soirée.
« Je ne peux pas croire que tu m’aies demandé de la jouer six fois », rit Spike. Il se mit derrière elle pour fermer la porte et allumer les lumières, privant son amie saoule de tout soutien pendant moins d’une seconde.
Dans cette seconde, Octavia zigzagua dangereusement de chaque côté. L’une de ses pattes frappa quelque chose et elle faillit tomber sur Spike. Elle gloussa lourdement tandis que le petit dragon essayait de la relever.
« Allez, laisse-moi t’amener dans ton lit », soupira Spike lorsqu’il se remit sur pieds. Il enroula ses bras autour des épaules d’Octavia et la mit sur son dos, ses pattes arrière traînant sur le tapis alors qu’il l’amenait vers la chambre noire.
« Oh, tu vas vite, hein ? » rit-elle. « Mais je ne plains pas. »
Spike faillit trébucher lorsqu’elle fourra son nez dans sa nuque.
Il se racla la gorge et lui dit : « Ouais, inquiétons-nous d’abord de te laisser dormir, okay ? »
Il parvint finalement à déposer la jument dans son lit. Il se mit aussi sur le lit, enleva son nœud papillon, et la borda. Il soupira en la regardant se mettre en boule sous les couvertures, prenant une petite partie du lit.
Il se retourna et commença à marcher vers le living room lorsqu’il sentit quelque chose le retenir. Une paire de bras l’entouraient et le serraient.
« Où tu vas ? Tu ne vas pas dormir dans le lit avec moi ? » roucoula-t-elle.
« Je vais dormir sur le canapé cette nuit », l’informa-t-il.
« Pourquoi dormir sur le canapé quand tu peux dormir avec moi ? » ronronna-t-elle.
Spike rougit comme une tomate et tenta de se défaire de son étreinte. Il tourna pour regarder la jument saoule et lui dire ce qu’il en pensait, mais la vue de son visage lui fit perdre ses nerfs.
Elle gloussait et ronronnait durant tout son voyage jusqu’au lit, mais son visage ne montrait rien de ça. Ses yeux étaient brillants de larmes et ses lèvres formaient un sourire brisé.
« S’il te plaît… ne me laisse pas seule… On n’a pas besoin de faire quelque chose, s’il te plaît, ne me laisse pas dormir seule… » supplia-t-elle discrètement.
Spike s’assit contre le dosseret du lit et la prit à son tour dans ses bras alors qu’il caressait sa crinière.
« Essaye de dormir, okay ? » murmura-t-il. « Je reste avec toi jusqu’à ce que tu t’endormes. »
Elle renifla et s’essuya le nez contre son consolateur.
« Tu penses que je suis dégoûtante, hein ? » soupira-t-elle. « Prends quelques verres avec la vieille Octavia et elle est dans le lit de n’importe qui. »
« Tu es seulement saoule », l’apaisa Spike. « Ce n’est pas la vraie toi. »
« Comment tu le sais ? »
Spike haussa les épaules. « Je le sais, c’est tout… »
« Je suis vraiment stupide… »
Spike caressa doucement sa crinière jusqu’à ce que sa respiration se fasse plus douce. Il leva sa tête et la remit dans le lit, en prenant soin de ne pas faire de mouvement brusque. Il marcha jusqu’à la porte du living room et referma doucement la porte, laissant un petit crin.
Avec un grognement de fatigue, il bondit dans le canapé, enfonça sa tête dans les coussins afin de ne pas avoir à se lever pour éteindre les lumières.
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Spike était assis sur le balcon avec un journal et une tasse de café, le reste de son petit-déjeuner sur un chariot du room service à ses côtés. La douce brise de la mer froissait son journal, mais il ne le lisait pas vraiment. Il pensait à la jument qui était passée directement de la chambre à la douche sans dire un mot.
Ça devait faire une heure maintenant.
Elle semblait… affolée à l’idée de dormir seule. Spike savait que l’alcool pouvait être un révélateur pour certains poneys. Elle devait cacher toutes sortes de douleurs depuis tout ce temps, il en avait eu un bref aperçu durant leur voyage en train lorsqu’ils parlaient de Twilight, et une partie de ça avait refait surface avec l’aide de la boisson.
Spike ne pouvait s’empêcher de se demander si les raisons pour lesquelles elle avait quitté précipitamment Poneyville étaient les mêmes que les siennes.
« B-bonjour », bégaya Octavia en le rejoignant sur le balcon. Ses cheveux étaient mouillés et touffus à cause de sa douche. Le peignoir de l’hôtel était enroulé autour d’elle.
« Salut », sourit Spike en désignant le siège à côté de lui. « Je pensais que t’étais noyée. Le petit-déjeuner refroidit. J’ai pris la liberté de te commander des flocons d’avoine et des œufs brouillés. »
Octavia trotta vers son siège et se mit à table. « C’est bon », murmura-t-elle.
Spike but un grand verre d’eau. « De l’eau, aussi. Beaucoup d’eau. Ça aidera pour ta gueule de bois. »
Octavia acquiesça. « Une… une amie à moi avait l’habitude de boire comme ça parfois… elle prenait une grande assiette de pommes de terres rissolées. »
« Ça ne marche que si tu le fais avant de sortir », l’informa-t-il. En se servant une autre tasse de café. « Ton taux de sucre dans le sang est bas et tu es déshydratée. Vas-y doucement. »
« Je me sens déjà mieux », dit-elle en prenant un morceau d’œuf. « Tu sembles bien gérer ta gueule de bois. »
« Parce que je n’en ai pas », expliqua-t-il. « La tolérance des dragons est légendaire. Il y a plus d’alcool dans le lait maternel que les dragons tètent que dans un baril de whisky. »
Octavia toussa quelques flocons d’avoine qui avaient pris une mauvaise route. « Quoi, du lait maternel de dragons ? C’est pas un truc de mammifères ? Je pensais que les dragons étaient des reptiles et… tu te fiches de moi, c’est ça ? »
« Peut-être. Ou peut-être que les dragons sont bizarres. » Il agita sa griffe devant son visage comme un magicien amusant les enfants. « Peut-être que tu ne le sauras jamais, ooooo---- »
« C’est ça… » dit-elle. « Mais tu n’es vraiment pas un peu… ? »
« Je n’étais jamais saoul », admit Spike.
« C’est incroyable… » commenta-t-elle.
Spike regarda l’océan tandis qu’Octavia finissait son petit-déjeuner.
« Est-ce… j’ai fait des choses… embarrassantes… ? » hésita-t-elle après un petit moment.
Spike se retourna et prit un sourire narquois. Elle était penchée près de son bol de flocons d’avoine, le visage à moitié caché par ses cheveux, qui étaient en train de sécher et de s’ébouriffer grâce à la douce brise.
« Tu étais bien », mentit-il. « Je t’ai mise au lit et tu t’es endormie de suite… tu ne ronfles mêmes pas. »
Elle soupira, soulagée. « Je ne peux pas croire que j’aie bu autant… je n’ai jamais bu comme ça. »
« Tu es en vacances, ne t’inquiètes pas. »
« Tu es trop gentil », sourit-elle. « En parlant de ça… tu aurais dû me laisser prendre le canapé. C’est ta chambre, et je ne pense pas que le canapé était plus confortable que le lit. »
Spike sirota son café pour cacher un sourire aussi amer que sa boisson. « Un gentleman ne ferait jamais une chose pareille, milady. »
« Gentleman, tu dis ? » se moqua-t-elle. « Ce soir, on échange : je prends le canapé. »
« Ouch », grinça exagérément Spike. « Tu as frappé en plein dans ma fierté draconique. »
Elle fronça. « Laisse-moi au moins payer la moitié du prix de ta chambre quand je me ferai rembourser », insista-t-elle en agitant sa cuillère. « Je voulais te le dire demain, mais tu m’as distraite. »
Spike leva un sourcil.
« Je voulais dire », reprit-elle. « Tu es peut-être un gentleman, mais je ne suis du genre à profiter. J’ai moi aussi ma fierté. »
« Okay, okay », l’apaisa Spike avec ses griffes tendues. « Tu me tords le bras, mais je ne vais me battre pour ça si tu ne te bats pas par rapport au lit. »
« Deal », répondit-elle en souriant d’un air narquois.
Lorsqu’ils finirent, Octavia s’excusa quelques instants pour se préparer à affronter la journée.
« Alors, tu as des choses en tête ? » demanda Spike après quelques minutes. Il leva la voix pour qu’elle puisse l’entendre de derrière la porte.
« Je pensais faire un tour sur la digue », répondit-elle. « Et toi ? »
« Je pensais juste paresser à la plage. »
Octavia sortit de la pièce avec une robe jaune lumineuse et une ceinture verte au milieu. Ses cheveux étaient attachés en une longue tresse. « Eh bien, j’aimerais un peu de compagnie, si tu es d’accord. »
Spike regarda jusqu’à ce que la rougeur d’Octavia lui fasse comprendre qu’il regardait depuis un peu trop longtemps.
« Oh, euh, sûr, j’adorerais », bafouilla-t-il. « Tu es très belle, par ailleurs. Pas de nœud papillon aujourd’hui ? »
« Je suis en vacances alors je relâche mes cheveux », dit-elle.
Spike leva une griffe et pointa vers le bas de sa tête, où la crinière d’Octavia était tressée.
« Relâché métaphoriquement, peut-être », dit-elle en roulant des yeux. « J’ai acheté un truc pour les tresser il y a quelques années mais je l’utilise jamais. Je pensais que ce voyage était une bonne occasion. »
« Un de ces trucs inutiles ? » demanda Spike.
« Ouais, bon », répondit-elle. « Je ne peux pas tresser ma crinière avec mes seuls sabots. Nous les poneys terrestres n’avons ni magie ou ailes aguerries, mais on sait y faire. »
« C’est vrai », gloussa Spike. « Allons voir si ce lagon vaut le coup. »
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Le concierge les avait bien aidés, pour une fois, en leur indiquant la direction du petit lagon quand ils lui avaient décrit ce qu’ils cherchaient. La plage principale de Lunar Bay était à un jet de pierre de l’hôtel, mais pour atteindre le lagon, ils devaient prendre un chemin escarpé hors de la route et prendre un chemin non balisé.
Ils trouvèrent la route caché derrière une boutique de vente de bijoux à partir de coquillages. Le chemin conduisait dans les bois, et était fait pour les emmener dans un long tout vers leur destination finale.
« C’est magnifique », commenta Octavia alors qu’ils marchèrent dans la forêt verdoyante.
Spike prit une grande inspiration. L’air était un joli mélange d’air marin et d’écorce d’arbre.
« Sérieusement », dit-il. « J’adore l’odeur des pins. Je ne pensais pas faire un trek dans les bois en prenant des vacances à la mer. »
Il s’arrêta pour prendre une pomme de pin tombée à terre. « Tu penses que si j’en ramène une avec nous, ça poussera dans la forêt Everfree ? »
« Je suis sûre que ta sœur adorera ça, surtout qu’on n’est pas censé ramener des fruits », gloussa Octavia. « Ramener une espèce d’arbre étrangère à Poneyville… Elle t’enverrait sur la lune pour éco-terrorisme. »
« Tu ris mais elle pourrait faire ça ! »
Octavia fit une pause devant sa réaction. « V-vraiment ? »
« Nope », sourit-il en jetant la pomme de pin dans des buissons. « Au moins pas pour très longtemps. »
Leur promenade dans la forêt ne dura pas très longtemps. La ligne d’arbres s’arrêta alors que le chemin de terre dévia vers un champ de fleurs sauvages qui allaient jusqu’au bord d’une falaise. Le sentier se terminait dans des marches abruptes menant droit à la plage.
Spike jeta un œil vers les marches et secoua sa tête. « Il y a au moins cinq mètres de descente. Tu croyais qu’il aurait au moins mis une rambarde pour ne pas tomber ? »
« Oublie les marches », dit Octavia. « Regarde la vue ! »
La falaise donnait sur une petite crique, qui s’enfonçait parfaitement dans un demi-cercle, comme si un géant y avait appuyé son sabot. Une barrière de pierres s’y étendait d’un bout à l’autre, brisant les vagues contre elle, laissant l’eau s’infiltrer doucement pour former un lagon artificiel.
« Allons-y, Spike ! » s’écria joyeusement Octavia en commençant à descendre les marches.
« Hé, fais attention ! » l’avertit Spike en la suivant. « J’ai pas confiance dans ces marches. »
Octavia se mit à courir dès qu’elle posa le sabot sur la plage. Elle courut droit au bord de l’eau et laissa les vagues lécher ses sabots. Elle émit un cri de surprise en découvrant les petits poissons de toutes les couleurs qui nageaient dans le lagon.
« Il y a des poissons ici ! » cria-t-elle d’excitation vers Spike, qui arriva enfin à sa hauteur.
« Il doit y avoir des tunnels sous la barrière de pierre qui laisse passer les petits poissons et bloque les gros », présuma Spike. « C’est très joli. Ça doit être un super endroit pour amener des enfants s’il n’y avait pas ces escaliers. C’est sûrement pour ça qu’il n’y a personne d’autre ici. »
Octavia sourit d’une façon lumineuse et recula de quelques pas du bord de l’eau. Elle enleva sa robe, la plia, et sortit de son sac un autre petit sac de pièces dessus pour l’empêcher de s’envoler.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Spike.
Octavia l’ignora et courut dans l’eau, lançant de grandes vagues en bondissant dedans.
« Fais attention », l’avertit Spike. « Il y a peut-être quelque chose de dangereux là-dedans. »
« Oh, s’il te plaît », se moqua-t-elle en frappant l’eau avec son sabot. « Tu es une poule mouillée depuis qu’on est là. Et c’est comme une grande pataugeoire. Quoi, tu as peur de l’océan ? »
« Pas du tout ! » déclara-t-il. « C’est juste que… il pourrait y avoir des trucs dangereux… »
« Comme quoi ? » ricana Octavia en baissant les yeux vers ses sabots où des petits poissons s’étaient regroupés pour découvrir qui était cet intrus.
« Comme… comme des crabes… et des homards ! »
« Tu manges des diamants et crache du feu », railla-t-elle, « et tu as peur de te faire pincer ? »
« J’ai pas peur, je suis juste prudent ! »
Les yeux d’Octavia s’écarquillèrent. « Oh, tu ne rigoles pas ! Tu as pris des vacances à la mer avec aucune intention de te mouiller, n’est-ce pas ? »
« J’aime la plage, okay ? » admit-il. « Mais pas trop l’océan… »
Spike regarda ailleurs et fourra un de ses pieds dans le sable. Il leva les yeux en entendant les éclaboussures d’Octavia qui se rapprochaient. Elle s’arrêta à quelques pas de lui et portait un sourire démoniaque sur son visage.
« Quoi que tu penses, tu arrêtes d’y penser maintenant », avertit-il.
Elle leva un sabot et le frappa contre l’eau, en tentant d‘éclabousser le dragon. « Quoi ? Est-ce que je pense à quelque chose ? Je ne le crois pas. »
« Il vaut mieux pour toi que non… » Spike fronça les yeux.
« Quoi ? » demanda-t-elle, en l’éclaboussant plus fort.
« Tu ne devrais pas m’éclabousser. Tu sais combien l’eau de mer est sale ? »
Elle leva encore son sabot et regarda l’eau couler sur son pelage dans un flux régulier. « Ça m’a l’air propre. »
« Octavia. »
« Spiiiiiikkke », chanta-t-elle.
Spike tenta de s’échapper mais la course d’Octavia était trop rapide pour lui. Elle enroula ses bras autour de lui et le força à frapper, crier puis tomber dans l’eau.
Spike ressortit de l’eau en fronçant les yeux. « Et si je ne savais pas nager ?! »
« L’eau n’est même pas à ta taille », pointa-t-elle. « Je parie que la partie la plus profonde de ce lagon ne t’arrive même pas au cou. »
« Même », murmura-t-il.
« Oh, tu aimes ça », rit-elle. « Je sais que tu aurais pu t’échapper de mon emprise quand tu voulais. »
Spike rougit. Il aurait pu, mais il ne voulait pas.
Ils se regardèrent pendant un long et silencieux moment avant que Spike frappe l’eau avec sa griffe, envoyant de l’eau au visage d’Octavia. Elle gloussa et fit de même en retour. Leur jeu dura un long moment, avant qu’ils ne retournent vers des terres plus sèches.
Spike et Octavia s’allongèrent sur le sable, respirant difficilement mais incapable de s’arrêter de rire. Spike se mit sur le dos et profita de la chaleur du soleil. En tant que dragon, il l’adorait, et prendre un bain de soleil était ce qu’il voulait le plus durant son voyage.
À côté de lui, Octavia était dos au sable.
Ils bronzèrent ensemble en silence, profitant du son des vagues se brisant contre la barrière de pierres.
« Merci, Spike », murmura nerveusement Octavia.
« Hein ? » répondit un Spike assoupi. Le doux soleil et le sable chaud commençait à l’endormir. « Pour quoi ? »
« Pour… » dit-elle, cherchant ses mots. Elle se releva et prit une pile de sable avec ses sabots. « Pour être mon ami, je suppose… Je ne savais pas vraiment ce que j’allais faire en venant ici, je n’étais même pas sûre de m’amuser, mais j’ai adoré partagé ça avec mon super nouvel ami. »
Spike soupira en se levant et se gratta la nuque. « Je vois ce que tu veux dire. Je ne savais pas quoi faire en venant ici. Je voulais juste sortir de Poneyville. »
« À cause de Rarity ? »
Spike cligna des yeux. « Quoi ? »
Octavia regarda l’eau tristement.
« Désolée si tu ne voulais pas que je sache, mais… » Elle se mordit la lèvre. « Tu parlais dans ton sommeil dans le train. Tu as dit son nom, et j’ai entendu des rumeurs à propos de vous deux… que vous vous voyez… et tu as dit vouloir t’en aller de la ville. »
Elle se tourna vers lui avec un sourire réconfortant. « J’ai mis les pièces ensemble », murmura-t-elle en espérant se faire pardonner.
Spike fronça les yeux. Il n’avait pas réalisé qu’il en avait dit autant, mais choisit de dire la vérité puisque le sujet était ouvert.
« On l’était, et ouais, c’est à cause d’elle que j’ai eu besoin de quitter la ville et de m’aérer l’esprit », admit-il. « J’avais un faible pour elle depuis, longtemps, depuis que je suis arrivé à Poneyville pour tout dire. J’ai couru après elle pendant des années. Il y a un an à peu près, elle m’a laissé une chance. »
Octavia s’approcha de lui et se pencha vers lui pour le soutenir tandis qu’il racontait son histoire.
« Puis elle m’a dit… que c’était fini », dit-il, peiné.
Octavia regarda son visage et faillit sangloter : il y avait de la tristesse, mais pas celle qui fait pleurer quand elle est fraîche. La tristesse de Spike était une cicatrice qui faisait mal quand le temps a tourné.
« Je l’ai vu venir », dit-il en se penchant vers ses griffes. « Je savais qu’elle n’était pas heureuse depuis des mois. Je l’aimais tellement que j’ai voulu en faire plus… Mais elle est juste venue me dire qu’elle ne m’aimait pas de la façon dont je l’aimais. Et je pense qu’elle ne l’a jamais été. »
La voix d’Octavia resta coincée dans sa gorge mais elle parvint à demander : « Alors pourquoi tu es resté aussi longtemps avec elle ? »
« Je lui ai demandé. Elle a dit qu’elle avait essayé de nous laisser une chance, de m’en donner une, mais ça n’a jamais marché. Elle a pleuré et s’est excusée, et elle m’a supplié de lui pardonner, mais ça n’a mené qu’à une chose : elle m’a dit qu’elle m’aimait, mais pas ‘comme ça’. »
« Qu’est-ce que tu as fait… ?
« Qu’est-ce que je pouvais faire ? » demanda Spike. « J’ai tout essayé pour qu’elle ressente la même chose pour moi ; il n’y avait plus rien à faire. Je l’aimais trop pour la forcer à rester avec moi, alors je l’ai laissée partir. J’en avais assez et je n’étais pas assez bon pour la garder. »
Le cœur d’Octavia se brisa un peu en entendant cette confession. « Non, Spike, ne dis pas que tu n’étais pas assez bon… »
« Ça va », dit-il. « Comme je l’ai dit, je l’ai vu venir. C’était il y a quelques semaines. Je me suis enfermé dans la librairie et j’ai lu. Mes amis sont venus me voir pour me remonter le moral, mais je leur ai dit que tout allait bien. Twilight est même venu de temps en temps, je pense que Pinkie Pie lui avait sûrement dit, alors c’était sympa. »
« Est-ce que Rarity est venue te voir ? »
« Non. Et je ne suis pas allé la voir non plus. Je ne lui ai même pas dit que je quittais la ville. »
Octavia se pencha un peu plus vers Spike.
« Tu penses que vous pourrez toujours être amis ? » demanda-t-elle nerveusement, même si elle craignait la réponse.
Spike nota le ton de sa voix et la regarda du coin des yeux. « Bien sûr… mais pas maintenant. Peut-être bientôt, mais je ne sais pas encore. »
Spike la laissa digérer ce qu’il dit avant de lui demander la question qui trainait dans son esprit.
« Et toi ? Qui a brisé ton cœur ? » demanda-t-il crûment.
Octavia fut un peu surprise mais se remit les idées en place rapidement. « J’imagine que je ne suis la seule à avoir mis les pièces ensemble. »
« Ouais, et je savais que tes raisons pour venir ici n’étaient pas très différentes des miennes », expliqua Spike avec un léger coup de coude.
« La raison pour laquelle je suis ici est une licorne appelée Vinyl Scratch… »
Spike leva un sourcil. « DJ Pon-3 ? La fameuse DJ ? »
Octavia gloussa. « Oui. Même ce n’est que récemment qu’elle a, ‘tout fait péter’, comme elle dit. Elle fit des guillemets avec ses sabots en prononçant cette phrase.
« Elle est entrée à Mulelliard avec moi, si tu veux bien y croire. C’est une fantastique joueuse de saxophone, mais honnêtement, elle peut jouer de tout. Je ne comprendrai jamais ce qu’elle trouve dans ces machins électroniques, mais beaucoup de poneys ont l’air d’aimer ça, et sa popularité le prouve. »
Spike la fit revenir à son sujet en reposant sa griffe sur son épaule.
« Oui… bon… quand nous avons quitté le conservatoire, j’ai trouvé un travail très rapidement dans un orchestre, ce qui était super, mais Vinyl voulait tenter sa chance en tant que DJ. Elle luttait sur tous les plans : artistiquement et surtout financièrement. Je l’ai laissée partager ma chambre, et souvent on passait des heures à discuter. Mais elle était ma meilleure amie et j’étais heureuse de l’aider… Et à un moment, j’ai commencé à prendre soin d’elle plus fortement… »
Octavia s’arrêta pour essuyer quelques larmes de ses yeux tandis que Spike enroula un bras autour d’elle.
« Il y a quelques mois, elle a commencé à avoir du succès. Sa popularité grandissait et elle devenait célèbre. Elle a commencé à faire de longs voyages hors de la ville… J’avais l’impression qu’elle me laissait tomber. »
« C’est pour ça que tu étais si contrariée pour moi et Twilight ? » demanda Spike.
« Oui, et ça reflétait trop ma propre histoire : utiliser autant de temps et d’énergie pour soutenir quelqu’un et finir par voir qu’ils sont allés plus loin que toi en te laissant derrière… »
« Elle ne serait jamais là où elle est maintenant sans toi », dit Spike, espérant qu’elle le croie.
« Peu importe », continua-t-elle. « J’avais peur de la perdre. Alors, il y a à peu près un mois, j’ai forcé les choses. Elle revenait d’un concert et je l’attendais dans le salon. Je l’ai faite s’asseoir et j’ai avoué mes sentiments… et j’ai essayé de l’embrasser. »
Ses larmes coulèrent plus fort, mais elle était fière de la façon dont elle se comportait. Raconter son histoire il y a à peine une semaine l’aurait conduite vers une crise de pleurs incontrôlable.
« Elle m’a repoussée gentiment, et a brisé mon cœur. Elle m’a dit qu’elle voyait quelqu’un d’autre, un autre DJ, et attendait de voir comment les choses iraient avec lui avant de me le présenter. Elle a dit qu’elle chérissait trop notre amitié pour risquer de la perdre si notre histoire d’amour raterait. Je savais que c’était juste des belles paroles pour dire ‘je ne t’aime pas comme ça’. J’étais en colère, bien sûr ; la douleur derrière les mots. Mais, ça ne m’a pas empêchée de lui en placer quelques-unes bien senties…
« Après ça, elle a passé de plus en plus temps hors de la petite maison que l’on partageait. Les choses étaient bizarres et même inconfortables. Je savais que c’était de ma faute, et je me suis excusée. Elle les a acceptées, mais une semaine plus tard elle m’a dit qu’elle avait trouvé un appartement à Jumanhatthan. Elle est partie en quelques jours… et j’étais seule. »
Octavia reposa sa tête contre celle de Spike.
« Et c’est pour ça que j’ai sauté sur l’occasion de quitter cette maison vide. C’est pour ça que je suis heureuse d’être avec toi ici. C’est pour ça que je te remercie d’être mon ami. »
Elle leva sa tête et regarda Spike. « Merci d’être seul avec moi, Spike. »
Spike se leva et enroula ses bras en silence autour de la jument, qui retourna l’étreinte avec deux fois plus de férocité. Ils s’enlacèrent en silence, heureux de voir leur amitié plus forte que jamais pour se réconforter l’un l’autre.
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Le feu de cheminée donnait une couleur orangée à la pièce tandis qu’Octavia jouait de son violoncelle. Spike était dans le canapé, les yeux fermés, un verre de vin dans sa main. Ils avaient passé toute la journée sur la plage, bâtissant des châteaux de sable et chassant les poissons autour du lagon. Ils étaient retournés dans la chambre lorsque le soleil commença à se coucher, affamés et assez exténués.
Chacun avait pris une douche, et Spike avait commandé un room service comme surprise. Après avoir mangé, Spike avait rappelé à Octavia sa promesse de jouer uniquement pour lui. C’était juste, dit-il, qu’elle jouait pour lui depuis qu’il avait joué pour elle la nuit précédente.
Spike ouvrit ses yeux alors qu’Octavia déroulait toute sa maîtrise de l’instrument. C’était envoûtant, la façon dont elle faisait danser ses sabots sur les cordes, jouant sans peine un morceau complexe qui aurait été difficile même pour une créature avec des griffes.
Le concert toucha à sa fin. Spike posa son verre et applaudit vigoureusement.
« Bravo ! Bravo ! » applaudit-il.
Octavia fit une révérence, comme elle l’aurait fait après avoir joué devant une salle de concert à Canterlot. Elle envoya des baisers et saluait une foule imaginaire tandis que Spike grimpait sur le canapé pour hurler ses louanges.
« Tu es très bonne », complimenta Spike alors qu’elle remit le violoncelle dans son étui.
« Tu as l’air surpris », rit-elle. « Tu as toi-même dit que tu m’avais déjà vue jouer. »
« Oui mais c’est un peu dur de choisir un excellent joueur dans l’orchestre », dit-il.
« C’est vrai », acquiesça la jument. « Et en plus, tu n’es pas un manche sur un piano, monsieur. »
« Je suis juste un amateur. Sûr que je joue depuis que je suis un bébé, mais c’est juste un hobby. »
« Tu as vraiment du talent, quand même », contra-t-elle en s’asseyant sur le canapé à côté de lui pour se servir un verre. « Si tu t’y mettais vraiment, je suis certaine de tu serais un grand musicien. »
« Je triche. » Spike leva ses griffes et les remua. « Ça m’aide beaucoup. »
Octavia s’approcha et prit une de ses griffes dans ses sabots. Elle joua avec, s’émerveillant de leur flexibilité et de la façon dont ils se courbaient.
« Je n’ai jamais envié les licornes ou les pégases pour leur motricité », murmura-t-elle, « mais j’aimerais certainement pouvoir essayer de jouer avec ce genre de choses… »
Spike retira avec réticence ses griffes. « On devrait aller dormir maintenant », suggéra-t-il.
Octavia regarda l’horloge et découvrit qu’il était largement passé minuit.
« J’imagine qu’il est l’heure de se dire bonne nuit », dit-elle simplement. « On se voit demain. »
« Bonne nuit. »
Elle finit son verre dans une dernière gorgée et marcha vers la chambre afin de se blottir sous les draps.
Spike prit une couverture en bas du canapé et s’enroula avec. Le feu tenait la pièce chaude, mais il savait qu’il allait s’éteindre et que la pièce deviendrait froide.
« Spike ? » appela Octavia depuis la chambre. « Tu peux venir un instant ? »
Spike se leva hors de son cocon. Il marcha vers la pièce et jeta un œil, la seule source de lumière étant le feu derrière lui.
« Qu’est-ce qu’il y a, Octavia ? » demanda-t-il. « Tu veux un verre d’eau ? »
Spike regarda l’ombre d’Octavia en train de s’ajuster sous les couvertures pour se relever.
« Tu n’as pas besoin de dormir là-bas, tu sais », l’informa-t-elle. « Ce lit est certainement assez grand… et bien plus confortable que le canapé. »
« Je… je ne sais pas, Octavia… » répondit Spike. Le souvenir d’une jument alcoolisée essayant de séduire revint dans son esprit.
« C’est juste deux amis qui partagent un lit, Spike », expliqua-t-elle doucement. « Je te fais confiance. »
Spike se mordit la lèvre et fixa le large et vide espace de l’autre côté du lit. Octavia en prenant pour sûr une toute petite place. Son dos lui rappelait la douleur d’avoir dormi plusieurs jours de suite dans des canapés, et prit clairement position sur le sujet.
Il grimpa dans le lit sans dire, dos à la jument, et rapprocha les couvertures. Son inconfort disparut dans la douce étreinte du matelas.
« Bonne nuit, Spike. »
« Bonne nuit, Octavia. »
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« Spike ! Spike ! Réveille-toi ! »
Spike ouvrit ses yeux et tomba sur une Octavia souriante à quelques centimètres de son visage. Il recula d’un bon, frappant sa tête contre le dosseret.
« Quoi ? » Spike secoua sa tête alors que des étoiles remplirent sa vision. « Il est bien trop tôt pour se réjouir de quoi que ce soit. »
« Il est presque neuf heures ! » réprimanda Octavia. « Lève-toi, paresseux, et sois prêt ! »
Spike frotta ses yeux mais finit par se lever du lit pour traîner la patte jusqu’à la salle de bain.
« Pour quoi dois-je me préparer ? » demanda-t-il.
« C’est notre dernier jour ici alors quand j’ai commandé le petit-déjeuner j’ai demandé au groom ce qu’il y avait à faire dans le coin. Il m’a dit qu’il y avait un tram qui amène les passagers sur la promenade chaque dimanche ! » s’exclama-t-elle joyeusement. Elle farfouillait déjà son sac pour trouver quelque chose à porter.
L’esprit encore groggy de Spike ne comprenait pas pourquoi Octavia était si excitée, mais cela sonnait comme si elle avait une bonne raison de l’être, alors il accepta son destin et alla se rafraîchir. Quand il eut terminé, il se sécha et marcha jusqu’au living juste à temps pour voir Octavia donner un pourboire au groom qui leur avait amené leur repas.
Elle portait une robe orange avec des pois blancs, et avait refait ses tresses dans ses cheveux lorsqu’il prenait sa douche.
« Alors, tu peux me redire où tu nous emmènes ? » demanda Spike en poussant le chariot contenant le petit déjeuner.
« C’est une jetée à quelques kilomètres », expliqua-t-elle. « C’est supposé être une sorte de foire ou ce genre de trucs. Alors dépêche-toi ou nous serons en retard. »
« Une foire ? Avec des manèges ? J’adore les manèges. »
« Je n’en ai jamais fait », admit Octavia entre deux bouchées de toast.
« Vraiment ? Même pas dans des tasses qui tournent ou un truc dans le genre ? »
« Je n’en ai fait que quelques-unes, et c’était avec Vinyl. Elle avait toujours peur des manèges trop rapides ; un truc à propos d’être malade. Mais j’ai toujours voulu en faire un, alors ça sera amusant ! »
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Spike frotta gentiment le dos d’Octavia alors qu’elle était tête la première dans la poubelle, vidant son estomac du petit-déjeuner qu’elle avait pris il y a à peine une heure.
« Les manèges, c’est pas drôle… » gémit-elle entre deux vomissements.
Ocatvia avait trouvé sa première destination : une montagne russe en bois avant même que le tram ne soit arrivé sur la jetée. Quand l’étalon tirant le tram sur les rails s’était arrêté, Octavia avait déjà bondi hors de son siège et commença à tirer Spike vers la billetterie.
Le manège s’était bien passé avec des montées, des descentes, Octavia avait aimé ça. Quand ils atteignirent la grande chute, cependant, son excitation avait, elle aussi, chuté. Elle perdit des couleurs à chaque fois que le wagon grimpait dans le ciel, et quand la chute arriva, Spike dut se couvrir les oreilles pour réduire le sifflement perçant de ses cris.
Elle était peut-être violoncelliste, mais elle n’avait pas de mauvaises capacités vocales.
« Désolée d’avoir été malade », dit-elle depuis la poubelle, sa voix revenant avec une réverbération robotique. « Tu peux continuer à en faire si tu veux. »
« Ce ne sera pas drôle si tu n’es pas avec moi », expliqua Spike. « Il y a plein d’autres choses à faire, tu sais. »
Elle sortit la tête de la poubelle et s’essuya la bouche avec son sabot. Spike grimaça et sortit un foulard de son sac pour elle.
« Vraiment ? Tu es sûr ? »
« Bien sûr que je le suis », sourit-il. « Tant qu’on le fait ensemble, ça me va. »
Spike menait le train à travers la jetée peuplée. C’était vraiment comme une foire. Il y avait des manèges, une maison hantée, des danseurs, des jeux d’adresse et de chance, et des vendeurs de nourriture à chaque coin.
Ils essayèrent un peu de tout, sauf les manèges, au moins une fois. La maison hantée avait fait si peur à Octavia qu’à la fin, Spike dut la porter dans ses bras. Sa peur l’avait mise en boule rigide, plus facile à porter que lorsqu’elle était saoule, et Spike était très fort pour sa taille.
Quand Octavia reprit ses esprits, Spike avait acheté à manger à un vendeur dans la rue pour remplir leurs estomacs. Il revint avec un carrot dog pour elle et quelque chose de similaire dans un petit pain pour lui.
« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t-elle en prenant un morceau de son déjeuner.
« C’est un fish dog », expliqua Spike. Il prit un sachet de sauce tartare et l’étala sur le poisson grillé.
« Oh, tu manges du poisson ? », demanda-t-elle, surprise.
« Oui, le poisson est bon parfois », expliqua le dragon. « Beaucoup de poneys n’arrivent pas à le digérer, alors c’est dur d’en trouver dans les terres. Mais dans des zones côtières comme ici, on peut en trouver presque partout. Je pensais en prendre avant de partir. »
« Est-ce que les dragons ne sont pas censés manger de la… viande ? »
« Je ne suis pas vraiment un dragon normal », Spike haussa les épaules en mangeant son fish dog. « À part les gemmes, je ne mange pas ce qu’un poney ne mangerait pas. Je n’ai pas été élevé comme ça. »
Octavia mâcha, pensive, avant de creuser plus loin dans ce qu’elle sentait être un sujet sensible.
« Tu te demandes parfois… comment c’est ? La viande, je veux dire. »
« Parfois », répondit-il. « Mais… je ne fais pas de trésor, alors pourquoi devrais-je céder à mes autres instincts de dragon ? J’aime penser que je suis assez évolué pour agir comme je le souhaite. »
« C’est admirable. »
« Ça n’a rien de spécial », contra-t-il. Il finit la dernière part de son repas et frotta son ventre. « J’ai encore faim… tu veux du popcorn ? »
Octavia se lécha les lèvres en finissant son carrot dog.
« Oui », dit-elle simplement. « Oui, j’aimerais beaucoup du popcorn. »
Ils marchèrent sur la jetée, cherchant un vendeur de popcorn, quand Octavia bondit joyeusement vers des stands de jeux. Spike la retrouva dans la foule devant un stand avec un grand nombre de peluches familières.
« Oh non non non non », dit Spike en secouant la tête vers la jument souriante. « On peut jouer à autre chose. »
« Non, ça ! » pleurnicha Octavia. Elle pointa du sabot une peluche en particulier et continuait de bondir sur ses pattes. « Je veux celle-là ! »
Spike soupira, défait.
Il y a quelques années, un fabricant de jouets avait décidé de créer des peluches pour commémorer les héros d’Equestria ; cela incluait les éléments d’équilibre et leur ami Spike. Spike avait était présent dans nombre de leurs aventures et dans assez de journaux pour être lui aussi assez connu, lui permettant d’avoir sa propre ligne de jouets.
Il adorait l’idée de figurines de lui-même, et en eut quelques-unes, mais il n’était pas vraiment fan du genre de contrefaçon que l’on trouvait dans ce genre d’endroits. Et cet endroit en était rempli : les vrais jouets Spike n’auraient pas un ventre orange et des tâches vertes dans le dos.
La peluche que voulait Octavia était l’un de ces Spike décolorés habillé en chevalier avec une épée et un bouclier.
Le jeu avait l’air simple : lancer une balle pour faire tomber des bouteilles.
Il mit la main en grommelant et déposa des pièces sur le comptoir.
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Il faisait presque nuit lorsque le tram les ramena en ville. Aucun d’eux n’avait faim, remplis de nourriture de foire et de snacks des vendeurs de la jetée. Le sac de Spike faillit exploser avec les souvenirs et cadeaux qu’Octavia voulait.
En échange des cadeaux, Spike l’avait convaincue d’essayer la grande roue. Elle était un peu réticente, mais avait apprécié le lent mouvement du manège ; elle avait même demandé de le refaire deux fois.
Les deux amis prirent place sur le balcon de leur chambre, regardant la lune se refléter sur les vagues.
« Cet endroit est vraiment magnifique », murmura Spike. « Je suis heureux d’être venu ici. »
« Moi aussi », acquiesça Octavia. Elle se pencha vers Spike et prit une de ses griffes dans ses sabots comme elle l’avait la nuit d’avant. « Je sais que je l’ai dit hier, mais merci d’avoir partagé ça avec moi. Je sais que ça n’aurait pas été aussi drôle si j’avais été seule. »
« Je suis sûr que tu aurais trouvé quelque chose à faire », répondit Spike en s’approchant d’elle. Il la laissa examiner ses griffes afin de satisfaire quelque curiosité.
« Mais ça n’aurait pas été aussi drôle, ça aurait été juste quelque chose à faire », soupira-t-elle.
Spike referma sa griffe sur un de ses sabots et se tourna vers elle.
« Octavia… » murmura-t-il. « Je… je voulais te le dire depuis un moment, je… je pense que tu es très belle. »
« Je pense que tu es très beau », le complimenta-t-elle avec un sourire.
« C’est plus que ça, en fait », continua-t-il. « Tu es si compliquée. Comme… un air sophistiquée et gracieux, mais tu parles la bouche pleine et tu ronfles comme un ours quand tu as trop bu. »
Les joues d’Octavia rougirent instantanément.
« Tu as dit que je ne ronflais pas ! »
Spike haussa les épaules avec une grimace. « Eh, c’était mignon. »
« Oh, donc tu as été gentil avec moi juste parce que j’étais mignonne ? » demanda-t-elle avec une voix suave.
« Quoi ?! Non ! Je l’aurais fait pour tous ceux qui auraient eu besoin de parler et… tu te fiches de moi ! »
Octavia grimaça, satisfaite de sa revanche.
« Je sais que tu l’aurais fait », gloussa-t-elle. « C’est ça que j’ai trouvé… mignon chez toi. Tu sais que j’étais un peu nerveuse de te rencontrer. Je veux dire, un dragon qui vit à Poneyville ? C’est aussi pour ça que je n’ai jamais été à la librairie. »
« Je vis là depuis longtemps, et je n’ai perdu le contrôle qu’une seule fois, et personne n’a été blessé. » Spike frissonna en se rappelant le jour de son anniversaire il y a quelques années. Ils l’avaient expliqué à tout le monde et réparé les dégâts, pour que personne ne soit en colère contre lui. « Pourquoi t’aurais-je rendue nerveuse ? »
« C’est stupide, je sais », rougit-elle. « Mais je l’étais. »
« Qu’est-ce qui t’a fait changer ? »
« Tu deviendrais furieux si je te le disais », murmura-t-elle.
« Non, je te le promets », l’assura-t-il.
« … c’est lorsque je t’ai trouvé en train de poser devant ton reflet dans le train… »
« Okay, je ne suis pas le genre à briser des promesses, mais je suis un peu furieux », dit-il, joueur.
Elle lui donna un petit coup avec son épaule. « Tais-toi. Mais vraiment, tu avais l’air vraiment idiot, mais comment pouvais-je y résister ? Tu es une grande boule de contradictions, et c’est ce que j’aime chez toi. Et tu es intelligent. Laisse-moi te dire, l’intellect est très attirant. »
Elle se pencha et l’embrassa sur le front sans y réfléchir.
Le temps s’arrêta.
La jument et le dragon se regardèrent, le souffle coupé, le monde se décomposant, les vagues au loin devenues soudainement muettes. Tous deux se penchèrent et leurs lèvres se rencontrèrent.
Le cœur de Spike voulait sortir de sa poitrine. Son corps fut secoué de décharges électriques à chaque endroit où il rencontrait le sien. Sa douce fourrure brossait contre ses écailles alors qu’ils modifiaient leurs positions afin d’avoir un meilleur accès à la bouche de l’autre. Spike sentit la chaleur gagner son estomac, comme lorsque qu’il allait cracher du feu.
Octavia recula pour reprendre son souffle. « C’est un peu fou. »
« Et alors ? » dit-il. « On est en vacances, on peut être un peu fou. »
Il se pencha pour l’embrasser à nouveau quand il sentit son sabot sur son épaule pour le repousser.
« Qu’est-ce qui ne va pas ? » dit-il alors qu’elle se levait et marchait vers le bord du balcon.
« On est en vacances… » murmura-t-elle. Elle se tourna vers lui, les yeux écarquillés. « On a dit tout ça tout le week-end. Est-ce que c’est ça ? Une aventure de vacances ? »
Spike se leva et s’approcha d’elle. « Bien sûr que non. On était peut-être plus prêts à prendre le risque car on est en voyage, mais ça ne change nos sentiments l’un pour l’autre. On reprend le même train, vers la même ville. Tu vas à une rue en bas de chez moi. Ce n’est pas comme si on était chacun à l’opposé d’Equestria. »
« Mais est-ce réel ? » demanda-t-elle désespérément. « On est venus ici pour laisser nos problèmes relationnels à la maison, et ils nous attendent quand on sera de retour. Est-ce que c’était une partie du plan d’évasion ? »
« Je ne peux pas y croire », dit-il simplement. « Ça me semble bien et je ne veux pas que ça s’arrête. »
Elle secoua la tête tristement.
« On est tous les deux sur le rebond », murmura-t-elle. « On ne saurait pas à quel point c’est réel jusqu’à ce que nos têtes soient claires… Je pense que j’ai besoin de temps. Le temps de comprendre… » Elle posa son sabot contre sa poitrine et l’autre contre la sienne. « … ce que c’est. »
Spike regarda son sabot pressé contre son torse et se mordit l’intérieur de sa joue pour retenir sa frustration.
« Okay », répondit-il finalement, retirant doucement son sabot de son torse. « Si tu as besoin de temps, je t’en donne et je vais aussi y penser, si c’est ce que tu veux. »
« Oui, c’est pour le mieux. »
Spike se tourna et se dirigea vers la porte.
« Où tu vas ? » demanda-t-elle avec une pointe de panique dans sa voix.
« Je vais marcher pour penser à tout ça », répondit-il calmement. « Ne m’attends pas, je ne sais pas combien de temps je vais dehors. »
Il prit son sac, en déversa le contenu entier, sauf sa clé, et referma doucement la porte.
Octavia tomba contre la rambarde du balcon lorsque ses émotions reprirent finalement le dessus.
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Spike se réveilla avec le son du réveil qui sonnait furieusement. Il roula hors du canapé et trouva le réveil sur une table à quelques pas. Il ne se souvenait pas l’avoir posé là.
La nuit précédente, il était sorti marcher comme il l’avait dit à Octavia, mais il avait passé des heures à errer sur la plage. Quand il rentra, Octavia était dans son lit ; les couvertures de son côté mises comme si elle l’attendait. Il se sentait mal à l’aise à l’idée de dormir dans le même lit qu’elle maintenant, et il choisit le canapé, seulement pour voir qu’Octavia avait aussi pensé à cela en laissant un oreiller et une couverture dessus.
Elle lui avait apparemment laissé le choix.
Spike éteignit le réveil et marcha jusqu’à la chambre pour voir Octavia. Le lit était vide et défait, et ses valises, tout comme son violoncelle, étaient partis. Elle était partie avant qu’il se réveille et avait programmé son réveil pour qu’il ne manque pas son train.
Il soupira et rassembla ses affaires, vérifiant tout une seconde fois pour être sûr que lui et Octavia n’avaient rien oublié. Il prit quelques-uns des petits savons dans son sac avant de descendre pour signifier son départ.
« Votre amie l’a fait pour vous ce matin, monsieur », l’informa le concierge. « Elle a aussi demandé que je vous donne ceci. »
L’étalon se pencha derrière son compteur et en sortit un paquet de pièces. Spike les accepta sans mot et partit pour la gare.
La politique de la compagnie du rail était que tout train faisant plus d’une journée de trajet devait arriver au moins trente minutes avant pour laisser les passagers s’installer. Spike avait traîné du pied tout du long, et était arrivé avant le dernier appel.
À bord du train, il se dirigea vers la première classe. Il regarda la porte de la cabine qu’il avait partagée avec Octavia à l’aller. Il essaya de l’ouvrir mais se retrouva face à une serrure fermée.
Il avala la boule dans sa gorge et donna un coup.
« Octavia ? Tu es là-dedans ? » demanda-t-il. « Je peux entrer et venir te parler ? »
Il n’y eut pas de réponse.
Spike resta devant la porte, certain que quelqu’un se trouvait là-dedans mais refusait de lui répondre. S’il était un étranger, on lui aurait tout simplement dit qu’il se trouvait dans la mauvaise cabine et on lui aurait ensuite demandé de partir, alors ce devait être Octavia dedans et qui l’ignorait.
Avec un soupir il marcha vers la cabine suivante et donna un coup avant d’essayer d’ouvrir. La porte s’ouvrit vers une pièce vide. Il déposa son sac dans le coin et s’affaissa sur le siège. Un moment plus tard, un coup se fit entendre et il ouvrit la porte pour que le conducteur tamponne son ticket.
Spike referma la porte mais ne retourna pas à son siège. Il tendit l’oreille et écouta le conducteur contrôler la cabine suivante. Il cogna deux fois, s’annonçant lui-même, et fut autorisé à entrer avec le léger grincement d’une porte qui s’ouvre.
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« Il est cinq heures du matin ! » cria Vinyl en ouvrant la porte. « Qu’est-ce que tu veux ?! »
Sa colère retomba en découvrant la jument qui se trouvait devant sa porte.
« Tavi », murmura-t-elle. « Oh, désolée. C’est que… je ne t’attendais pas, tout va bien ? »
Octavia sourit d’un air triste et serra plus fort son violoncelle.
« Oui, tout va bien… » répondit-elle prudemment. « Et toi ? »
« Ouais, plutôt bien, j’imagine », dit Vinyl en se grattant la nuque. « Qu’est-ce que tu fais là ? Ça fait un bail que je ne t’ai pas vue. »
« Je peux entrer et te parler ? » espéra Octavia.
Vinyl hocha la tête et retira le fardeau du violoncelle en utilisant sa magie. Octavia déposa ses sacoches près du violoncelle à côté de la porte.
« Alors, tu veux quelque chose à boire ? Peut-être un de ces thés que tu adores ? J’en ai un tas », expliqua Vinyl nerveusement. Elle se dirigeait déjà vers la cuisine quand Octavia l’arrêta en toussant.
« Non, merci, Vinyl. Je ne vais pas te déranger longtemps », expliqua-t-elle. « Ça se passe comment avec ton petit ami, Neon Lights ? »
« On… a rompu. On reste quand même amis. »
« Désolée de l’entendre. »
Octavia regarda le magnifique appartement qu’occupait Vinyl. Cette jument y vivait depuis à peine un mois et avait déjà des piles de vêtements dispersés partout, de même que de la nourriture à moitié mangée et des canettes vides.
« Désolée pour le bazar », s’excusa Vinyl. Elle commença à pousser les piles hors de sa vue, dans un placard tout proche. « J’imagine que je ne suis pas encore faite pour m’occuper de moi-même seule… »
« Vinyl… »
« Je veux dire, je sais tu me bassinais toujours sur la propreté, et j’étais genre ‘oh, si c’est un peu le bazar, je suis sûre que je le nettoierai avant que ça devienne grave’, mais regarde ça, j’ai tout foiré. »
« Vinyl… »
« Je veux dire même si j’ai un peu honte de ce à quoi cet endroit ressemble, je ne peux pas imaginer comment ça serait avec une dingue du ménage comme toi. »
« Vinyl Scratch ! » cria Octavia en tapant du sabot.
Vinyl se retourna et arrêta son ménage improvisé.
« S’il te plaît, laisse-moi dire ce pourquoi je suis venue », supplia Octavia en s’approchant de l’autre jument.
Vinyl avala lourdement et hocha la tête. Elle enleva quelques vieux t-shirts du sofa et s’assit, et désigna l’autre côté pour son amie.
« Je voulais te dire que j’étais désolée de m’être mise en colère contre toi », dit Octavia. « Je n’ai pas le droit de t’obliger à avoir les mêmes sentiments pour moi, ton cœur t’appartient, et j’étais stupide de mettre mes sentiments entre nous deux. »
« Je t’ai déjà pardonnée pour ça », dit Vinyl.
« Vraiment ? » demanda Octavia. « Tu es partie, Vinyl. Si tu m’as pardonné, pourquoi es-tu partie ? »
« Parce que tu étais si triste », expliqua Vinyl. « Qu’est-ce que j’aurais dû faire ? Rester là en sachant que je t’avais fait mal ? Ça aurait été tellement plus simple de te dire que je ressentais la même chose, parce que pour tout te dire… ça m’a fait mal de te blesser comme ça. Mais ça aurait été encore pire de te mentir. »
Octavia se rappela ce que lui avait dit Spike à propos de la fin de son histoire avec Rarity. Est-ce que Rarity avait aussi été confrontée au même choix et avait pris la route opposée ?
« Tu n’as pas vu que ce qui me faisait le plus peur c’était que tu partes ? » demanda Octavia. « C’est pour ça que j’ai tenu ma langue pendant des années. C’est pour ça que j’avais peur que tu dises non. »
« Je suis désolée, Tavi. Je ne pouvais tout simplement pas rester et voir ce regard dans tes yeux, celui qui disait ‘tu es la jument qui m’a fait du mal’… »
Octavia prit une grande inspiration.
« Non, c’est moi qui suis désolée ; ce n’est pas pour ça que je suis venue », expliqua Octavia. « Je suis venue ici pour te dire que ma réaction à ton rejet était immature, et j’ai honte de ce qui s’est passé. Et je veux juste te dire que peu importe ce qui arrive maintenant, je serai toujours ton amie, je serai toujours là pour toi si tu as besoin de moi alors s’il te plaît, ne te sens pas obligée de te cacher de moi. »
Octavia se leva et commença à marcher vers la porte.
« Si tu as besoin de me parler, même s’il est cinq heures du matin », expliqua Octavia. « Ma porte te sera toujours ouverte. »
« Attends, Tavi, ne pars pas ! » plaida Vinyl ? « Je… ma meilleure amie me manque… tu peux au moins rester pour la journée ? »
« Vinyl Scratch, est-ce que tu essaies de me faire rester pour que je nettoie ta maison ? » ricana Octavia.
« Quoi ? Non ! » cracha Vinyl. « Écoute, je… je veux que les choses se passent bien… reste juste un jour, ou peut-être deux ? »
Octavia sourit. « Okay. »
« Cool ! J’ai une chambre prête pour toi et tout et tout ! La seule chambre propre ici, c’est promis ! Et j’ai ton thé préféré et ces savons bizarres que tu aimes », dit Vinyl toute excitée.
« Tu as déjà préparé une chambre ? »
« Eh bien, tu en avais toujours une pour moi chez toi, alors… ça aurait été dommage si la réciproque n’avait pas été vraie… » expliqua Vinyl en rougissant.
Octavia trotta et serra affectueusement son amie. « Il y aura toujours une chambre de prête chez moi pour toi tu sais », expliqua-t-elle. « Elle n’a pas changé, en fait, toujours pleine de déchets. »
Vinyl sourit et serra son amie avec des larmes dans les yeux. Elle renifla lourdement et désigna les sacs près de la porte.
« C’est quoi ça ? »
« Je reviens de vacances », expliqua Octavia. « Le train s’arrêtait à Poneyville mais j’ai payé pour poursuivre le voyage jusqu’ici. Je voulais parler de ça avec toi. »
« Génial, où tu as été ? »
« Lunar Bay. »
« Cet endroit où le gars a écrit cette chanson que tu adores. »
« Le même », acquiesça Octavia.
« Cool, tu t’es amusée ? »
« Eh bien… » Octavia fredonna et pensa à parler de Spike à son amie. « Et si on en parlait plus tard ? Je veux tout savoir de la vie excitante de la sensationnelle DJ Pon-3. »
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La petite cloche au-dessus de la porte de chez Rarity tinta, signe de l’entrée d’un client. Elle prit son plus beau sourire, parce que le sourire fait vendre, et quitta la vitrine qu’elle confectionnait pour accueillir son invité.
« Bonjour, venez par ici, mon cher, et dites-moi ce que peut faire Rarity pour vous aider. »
« Bonjour, Rarity », dit Spike en la saluant depuis la porte d’entrée. « Je peux entrer ? »
Le cœur de Rarity s’arrêta. « N-non, pas du tout, tu es toujours le bienvenu ici, Spike. » Elle prit soin de l’appeler par son vrai nom, pas par un de ses surnoms qu’elle utilisait par réflexe.
Spike entra dans la pièce et s’approcha de la vitrine qu’elle aménageait.
« Tes nouveaux designs sont magnifiques », commenta-t-il. « Je suis sûr qu’ils feront un carton. Je vois que les paillettes sont de nouveau à la mode. »
« Les paillettes ne sont jamais démodées, Spike », gloussa-t-elle. « Mais… tu es vraiment venu ici pour parler de vêtements… ? Ça fait… longtemps. »
« Ouais, c’est vrai », répondit-il, le visage impassible.
« Alors… comment s’est passé ton voyage ? » demanda la licorne, essayant de ne pas avoir l’air contrariée.
« C’était génial. Je crois avoir trouvé un peu de cette paix que j’avais été chercher. »
Rarity cligna des yeux. Elle ne s’attendait pas à cette réponse. « C’est magnifique. »
« Il y a une chose, toutefois. » Spike se tourna vers elle et la regarda droit dans les yeux. « Je dois te poser une question, et je veux que tu sois honnête envers moi. »
Rarity s’affaissa devant son intense regard. Sa propre douleur suite à leur séparation la tourmentait toujours, et elle appréhendait ce qu’amènerait sa question. Mais elle savait aussi que s’il avait besoin d’elle pour une réponse honnête, elle le ferait. Elle lui devait bien ça.
« Bien sûr », répondit-elle en hochant la tête. Elle prit son courage à deux mains.
« Je veux que tu me dises comment c’était lorsqu’on s’embrassait. »
Rarity se sentit coincée par sa question. Elle n’avait aucune idée ce qu’il allait lui demander, mais elle n’avait pas imaginé quelque chose d’aussi intime.
« S’il te plaît », ajouta-t-il. « C’est important. »
« Eh-eh bien, tu étais là donc tu sais comment c’était. »
Spike secoua sa tête. « Non, je veux que tu me dises comment c’était pour toi. Décris-le-moi. »
« Oh, Spike, tu sais que je ne suis pas bonne avec les mots, comment te décrire ça ? »
« Je n’ai pas besoin de jolies phrases, seulement de la vérité », pressa-t-il.
« C’était… bien… tu embrasses très bien. C’était… bien, oui, c’est ça. J’aimais beaucoup la sensation de tes douces lèvres, et ta langue rugueuse était assez excitante. »
Spike soupira.
« Quand je crache du feu », explique-t-il, « je peux le sentir dans mon estomac. C’est cette chaleur qui parcourt tout mon corps et sort de moi, et même après que les flammes sont sorties, je sens un picotement sur mes lèvres là où la magie, celle de mon feu de dragon, m’a quittée.
« Tu vois ce que je veux dire, n’est-ce pas ? » demanda Spike. « Twilight m’a dit qu’elle ressentait la même chose lorsqu’elle utilisait sa magie de licorne. Tu sais quelle sensation la magie te donne. Nos baisers étaient-ils magiques pour toi ? »
« Je connais la sensation que tu décris », répondit-elle, les yeux détournés de lui par la gêne et la honte. « Je suis désolée de te dire que non, je n’ai jamais ressenti ça quand on s’embrassait. »
« C’est tout ce que j’avais besoin d’entendre. »
Il se dirigea vers les robes et passa ses griffes dans le tissu, admirant la technique de couture experte de Rarity.
« Spike, pourquoi tout cela ? » demanda-t-elle, anxieuse. « Tu es vraiment très mystérieux. Quelque chose est arrivé ? »
« Je pense que oui, mais je n’en suis pas encore sûr… mais je te le promets, dès que j’en serai certain, tu seras la première à le savoir. »
Il s’éloigna des robes et prit le chemin de la sortie. En atteignant la poignée, il s’arrêta et se retourna pour parler à nouveau à Rarity.
« J’ai rencontré Applejack en venant ici », expliqua-t-il. « Elle a dit qu’elle a eu du maïs dans une foire il y a quelques jours et m’a demandé si je voulais l’aider à le faire griller. On allait inviter le reste de nos amies. J’espère que je te verrai là-bas. »
« Spikey », souffla-t-elle. « Ça veut dire… qu’on est toujours… amis ? »
« Tu es ma meilleure amie, Rarity, bien sûr que nous le sommes toujours. » Il sourit devant son soulagement. « Mais, peut-être pourrais-tu attendre un peu avant de revenir à Spikey-chou ? »
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Spike grimpa sur l’échelle de la librairie et s’arrêta devant la section consacrée aux romances. Celle-ci devenait de plus en plus grande chaque semaine. Tous les jeunes de la ville adoraient cette nouvelle série avec des vampires sexys, et il les gardait très peu de temps en rayon à cause des emprunts.
Il avait agrandi cette section pour augmenter les emprunts d’autres titres moins populaires du même genre, espérant ouvrir les horizons de la jeunesse de Poneyville pour quelque chose d’autre que des vampires dans des histoires à l’eau de rose.
Spike était rentré de son voyage depuis deux semaines. Ses amies l’avait harcelé non-stop afin d’avoir plus de détails, et il avait fait de son mieux pour ne pas parler d’Octavia. Malgré ses efforts, elles semblaient avoir toutes compris qu’il cachait quelque chose. Rainbow Dash avait été très agressive dans son interrogatoire.
Par chance, Rarity venait souvent à sa rescousse, leur expliquant qu’il leur dirait tout lorsqu’il sera prêt. Elle lui glissait toujours un petit clin d’œil lorsqu’elle faisait ça.
La cloche à la porte sonna deux fois.
Spike attrapa les barreaux de l’échelle et glissa aisément, grâce à des années de pratique.
« Bienvenue à la librairie, comment puis-je vous aider ? »
Octavia se tenait au comptoir, le sourire pudique. « J’espérais que vous pouviez m’aider à trouver un livre de la série des ‘Comment’ ».
Spike grimaça. « Ça dépend de ce que vous voulez apprendre. »
« Comment sortir avec un dragon ? » demanda-t-elle.
Spike se gratta le menton, pensif.
« J’ai bien peur que nous n’avons pas ça dans ce rayon. Quelque chose d’autre en tête ? »
« Une romance ? »
« Vous avez un titre en tête ? »
« Comment sortir avec un dragon ? » espéra-t-elle.
« Oh, nous avons cela ! » répondit-il avec enthousiasme en grimpant sur l’échelle.
« Quoi, vraiment ? »
Spike redescendit de l’échelle. « Non, pas vraiment. »
Octavia gloussa. « Tu es si taquin, Spike. »
« Tu aimes ça. »
« Oui, c’est vrai. »
Son visage rougit devant cette confession. « Alors… tu as eu le temps d’y réfléchir… ? »
« Oui. Et j’ai beaucoup discuté avec Vinyl », l’informa-t-elle. « Et toi ? Tu as pensé à… moi ? »
« Je n’ai pas arrêté de penser à toi depuis cette nuit dans le train », répondit Spike avec honnêteté. « J’attendais juste que tu comprennes. »
« Oui, oui, tu es très intelligent. » Octavia roula des yeux. « Tu es si sage quand on parle d’amour. »
Il s’approcha d’elle et prit son visage entre ses griffes. « Pas sage, juste confiant. »
Il se pencha et l’embrassa ardemment. Elle retourna le baiser, gémissant de bonheur dans sa bouche. Ils se séparèrent en se tenant l’un l’autre.
« C’était magique », murmura Octavia.
« Oui, c’est vrai… »
Un gros claquement à la fenêtre attira leur attention vers une Rainbow Dash ahurie.
« Je le savais ! » cria-t-elle, triomphale. « Je savais que tu cachais un truc ! »
Elle sortit des buissons et vola en laissant une trainée arc-en-ciel derrière elle.
« Super, maintenant tout le monde va savoir… »
« S’ils deviennent trop gênants, on pourra toujours aller en voyage. » Octavia sourit et se pencha pour un nouveau baiser.
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j'ai envie d'en trouver d'autres avec Octavia , je trouve ça classe ;)
les mots ne suffisent pas a décrire le bonheur de lire cette fanfic
continue et vive l'amour :')