J'ai longtemps hésité avant d'écrire des critiques sur les travaux de Toropicana, car c'est un auteur dont les oeuvres et le comportement ont fini par créer un clivage entre ceux qui le vénère et ceux qui le bash dès qu'il ouvre un peu la bouche. En particulier avec ses vidéos où j'ai vu que l'on s'en prenait à lui, mais pas trop sur ses arguments. Ce qui est fort dommage. Donc, j'ai en tête de critiquer trois de ses oeuvres, dans trois articles différents. Ce qui m'a fait attendre ? Je manquais de recul pour traiter du cas présent :
Master Shipping.
Et je vois déjà certains s'ébahir. C'est en effet une oeuvre qui a un statut assez particulier : c'est une oeuvre érotique, avec beaucoup de passages pornographiques, faite avant tout pour faire plaisir à ses amis et beta-lecteur.
Cependant, il a été publié en public, donc, en gardant cela en compte, c'est un récit qui reste critiquable. Donc, c'est parti. Je tiens à signaler d'avance, que cette critique sera subjective et comportera des spoilers.
Je tiens tout d'abord à préciser que je prendrai en compte toute la fiction, sauf le dernier chapitre et les spin off produits par la suite. Bien que ces quelques récits semblent prendre place dans le même univers et avec le même ton, Master Shipping, c'est avant tout ses sept chapitres principaux, traitant donc de sept histoires d'amour avec beaucoup de sexe.
Donc, au départ, on a juste l'impression de parler d'une anthologie d'histoire... oui ? Qu'est ce qu'une anthologie lecteur classieux et curieux ? Tu as bien raison de te poser cette question. Et si tu ne te la pose pas, j'y réponds quand même.
Une anthologie, c'est lorsqu'une série d'oeuvre porte le même nom, mais que chaque épisode n'a aucun lien narratif entre chacun d'entre eux.
Ce qui n'est pas du tout le cas pour Master Shipping, bien qu'il aurait été bien plus simple de le faire sous ce format, l'auteur a fait l'effort de relier chaque protagoniste masculin à un autre, ce qui donne un véritable tissage narratif. Un tissage, certes simpliste, mais plaisant, qui démontre la capacité de l'auteur à mettre en place des "shadowing", c'est à dire des éléments plus ou moins caché annonçant l'arrivé d'un évènement plus ou moins proche. La machination de Célestia elle même est une bonne idée, même si elle n'était pas justifié et qu'en terme d'Amour pure et dure, il y a Cadence. Mon problème ne vient pas du respect du show, puisque l'oeuvre est très clair là dessus dés le premier chapitre en mettant en scène l'humain de l'histoire. Non le soucis, c'est que les machinations amoureuses et sexuels de la St Galopin à Ponyville ont été provoqué pour permettre à Célestia... d'avoir... quelque chose ? De récupérer quelque chose ? Est ce qu'il y a seulement une raison ? Car l'auteur semble indiquer qu'il y en a une. Et si ça se trouve, ça fait partie de la Private Joke.
C'est là que l'on approche un peu des faiblesses de ce genre d'exercice. IL FAUT que l'on fasse partie des quelques uns connaissant ce micro-univers pour pouvoir en profiter au maximum. Or, à partir du moment où l'on publie quelque chose en public, il faut qu'il soit lisible par tous. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire de private joke, je dis que par contre, il faut que tout le monde puisse comprendre l'intrigue, sans quoi, c'est un défaut. Et un gros, car pour faire ce genre de choses un peu... grave, il vaux mieux qu'il y ai une solide justification, ou bien Célestia n'est qu'une gourgandine qui ne mérite que le couvent. Je n'ai rien contre le sexe, loin de là, mes idées pourraient même en déranger le plus grand nombre sur le sujet. Et d'ailleurs, rien ne m'a choqué dans le récit. Mais sans justification réelle, Célestia a tout de même provoqué sept histoires de fesses pour son petit plaisir personnel. Sans plus d'explications, on a la dirigeante d'Equestria qui a autorisé l'utilisation de substances pour conduire des couples à s'emboîter toute la nuit. Donc, même si les conséquences sont positives, les méthodes employées pourraient mener n'importe qui en taule, ce qui ne donne pas une note très positive à la fin de l'histoire.
Les histoires d'amour en elle même adoptent différents tons. Avec un spectre aussi large, il y en a forcément qui vont paraître génial et d'autre plus moyenne. Pour ma part, je n'aime pas du tout la romance avec Sunset, qui est très portée sur l'amour vache (que personnellement, j'appelle "maltraitance affective") et qui du coup, à la fin, est terriblement forcée, même avec de la drogue. En contrepartie, l'histoire avec Berry est géniale et fun, et celle avec les Mane 6 est hilarante. On pourrait quasiment mettre pendant toute la première partie la marche funèbre. Une grosse fausse note avec Croc... dont la plaisanterie est clairement de mauvais goût. Non, que ceux qui ont lu la fiction arrêtent de rire s'il vous plaît ah mais oh. Un peu de sérieux !
Typiquement, chaque histoire peut être scindée en deux parties : la partie romance et la partie pornographique qui arrive ensuite. Parfois, on a même des instants sexuels en plein milieu de la romance, comme ça, hop. C'est loin d'être désagréable au passage, ça permet de mettre un peu plus de piment au récit.
Le soucis est ailleurs dans ces scènes de sexes, c'est qu'elles sont très mécaniques et manquent d'énergie. A la fin de son histoire, l'auteur explique avoir eu besoin d'alcool pour écrire ce genre de chose, et je veux bien le croire. Cependant, l'alcool semble dans ce cas plus servir d'anesthésiant pour la douleur, car on sent que Toropicana s'amuse rarement de ce qu'il a fait. Concrètement, il n'y a que la scène avec Berry Punch qui est fun et celle avec les Mane 6 pour son côté "over the top". Le reste est mécanique, mou et manque de passion. Non, pas celle des personnages, vu qu'ils y mettent de la ardeur, mais celle de l'auteur est absente. Peut être parce qu'il n'apprécie pas ce genre de scène ? Parce qu'il s'est donné la peine de nous donner la plupart des détails ? Et c'est pour ça que je parle de souffrance : pour la plupart des scènes de sexe, j'ai l'impression de ne pas voir une scène de sexe, mais le tournage d'une scène pornographique. Ne vous y trompez pas, on ne fait pas tout ça en une seule prise. Les tournages durent plusieurs heures où le plus souvent, on fait une action, on coupe, on replace tout, on retourne quelques instants, on replace tout... Et c'est cette impression que j'ai eu quand j'ai lu la plupart de ces scènes.
Il y a des choses pour lesquelles on peine à faire. Moi c'est l'humour. Je n'arrive pas à faire des trucs comiques, mon humour n'est pas assez acéré. Quand j'en fais en faite, c'est très souvent par accident. Le truc c'est alors de ne pas se forcer à en faire. Il faut que ça reste un plaisir. Les métaphores de Pinkie Pie sont hilarantes et on sent que ça vient du coeur de l'auteur. Mais quand Croc et Chrysalis font ça dans la douche... C'est juste une scène avec des gros plans, un peu fastidieux.
Ca ne veut pas dire que l'on ne tire pas du plaisir à la lecture. La plupart des romances sont plaisantes à suivre. Pour des OC devant juste servir à faire plaisir à des amis, il y a eu un soin particulier à leur donner une silhouette dans le récit, quitte à faire dans le stéréotype (mais avec ce genre de format et d'histoire, on aurait pu avoir bien pire). L'effort pour mêler tout à tout le monde est tout à fait louable, en plus d'être bien exécuté. Et surtout, c'est un cadeau. Un élan de générosité puisque tout de même, Toropicana s'est donné énormément de mal (référence aux scènes de sexe) pour ses amis, et pas en petit avec un one shot vite expédié, mais avec 7 chapitres pour plus de 60 000 mots. Certes, figurer dans un récit érotique, c'est peut être pas de meilleur goût pour tout le monde, mais il y a mis du coeur. Donc, peut être que tout n'est pas bon, mais l'objectif est rempli, quelque part, c'est plus ou moins ce qui est important.
L'article a été visualisé 292 fois depuis sa publication le 24 novembre 2016. Celui-ci possède 2 commentaires.
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Nan plus sérieusement, la critique est cool. Là ou je vais juste pouvoir m'expliquer, c'est au niveau de Celestia ou plutôt Molestia, et faut savoir que rien que ce nom évoque tout le truc en fait. Molestia c'est un dérivé de la jument qui veut absolument faire en sorte qu'il y ai du sexe partout parce qu'elle kiff ça.
Après pour le reste et même tout ça je peux pas trop m'expliquer, j'étais bien déchiré à l'époque.
Voilà des images de moi en train d'écrire par ailleurs :
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Merci en tout cas :)
Ça peut sembler très développé et complexe, ce qui exclut d'emblée les hypothèses de la coïncidence et du ressort forcé pour expliquer la trame, mais Celestia – ou devrais-je dire Trollestia – n'a vraiment là qu'une place de tireuse de ficelles (même si, en fin de compte, c'est Toro qui tire les ficelles de cette dernière – mise en abyme volontaire ?).
Je sais, ça peut sembler un peu décevant comme explication, mais s'il fallait localiser la private joke, c'est bien dans cette façon qu'à eu Toro d'écrire son histoire. On connaît tous le bonhomme, on sait comment il est, on sait comment il écrit, on sait comment il agit sous l'emprise de l'alcool : pour moi, la fiction a doublement pris.
Bien content que des membres non concernés aient pu apprécier l'histoire au-delà de l'aspect intime du projet (peut-être n'était-ce que pour les parties érotiques ou le côté WTF), mais je comprends tout à fait que ça ne puisse pas prendre pour tout le monde.
Sur ce, merci d'apporter toutes ces critiques, ça donne enfin un semblant de vie au site.