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Guide de traduction Aller aux commentaires
23 septembre 2014

            Les fictions en anglais sont bien plus nombreuses et variées que les fictions françaises. Si nous voulons accéder à cette variété, nous avons donc deux choix : les lire directement en version originale, ce qui requiert quelques bases d'anglais, ou alors en trouver une traduction. Devant la demande, ou pour des raisons qui leur sont propres, beaucoup de gens s'essaient à cet exercice, avec des résultats souvent mitigés. Fautes diverses, contresens, voire abandon pur et simple guettent les traducteurs, débutants comme confirmés.

            Ce guide, sans prétendre être autre chose qu’un regroupement de conseils généralistes, tentera de faciliter la tâche à ceux qui veulent se lancer et de rappeler quelques bases toujours utiles aux autres.


 Première partie : avant de traduire

  • La motivation
  • Le choix du texte
  • Mais aussi...

Deuxième partie : la traduction et les relectures

Première étape : la traduction

  • L'importance du sens
  • (Re)formulation française
  • Quelques erreurs fréquentes
  • Corriger l'auteur ?
  • L'univers My Little Pony
  • Traduire les dialogues

Deuxième étape : la relecture

  • Orthographe et conjugaison
  • Typographie

Troisième partie : et après ?


Première partie : avant de traduire

            C’est bien de parler de traduction mais, souvent, on ne sait pas par où commencer. Ou bien, au contraire, on est si enthousiaste que l’on veut se lancer de suite sans s’assurer des bases au préalable.

 

La motivation

            C’est la première question à se poser. Pourquoi, aujourd'hui, a-t-on envie de traduire, alors qu'hier encore cela pouvait paraître au-dessus de nos forces ou sans aucun intérêt ? Les raisons peuvent être nombreuses :

  • envie de faire plaisir, en donnant accès à un texte que des gens désiraient lire ;
  • envie de rendre un service pour lequel personne d'autre ne s'est proposé ;
  • envie de reconnaissance pour le travail que l’on effectue bénévolement ;
  • envie de partager un texte qui nous a particulièrement ému ;
  • envie de s'occuper soi-même d'un texte qui nous a beaucoup plu ;
  • envie de progresser en anglais ;
  • envie de jouer avec les langues anglaise et française ;
  • envie de s'occuper de manière utile ;
  • envie de faire ses preuves, de (se) montrer que l’on en est capable ;
  • etc.

            Il est à noter qu'aucune des motivations citées ci-dessus n'est mauvaise, même si certaines peuvent sembler vaines ou très « perso ». Chacun a ses raisons de traduire et, tant que c’est efficace, il ne faut pas s’en vouloir de les ressentir.

            On peut également vouloir faire un bilan inverse, celui de ce qui peut nous freiner dans ce désir de traduction. Là aussi, les raisons sont multiples :

  • manque de compréhension de l'anglais ;
  • absence d'attrait pour les langues et leur rigueur ;
  • absence d'attrait pour un texte en particulier ;
  • peur de ne pas être à la hauteur du texte originel ;
  • manque de temps à y consacrer ;
  • etc.

            Une fois que l'on est au clair sur tout ça, on peut peser le pour et le contre. Avec nos motivations et nos freins personnels, sera-t-on capable d'arriver au bout d'une traduction ou va-t-on l’abandonner, à la première difficulté ou au profit d'une autre tâche qui paraîtra d’un coup plus attrayante ? Il faut vraiment être honnête avec soi-même.

            À partir de là, si l’on pense ne pas avoir assez de motivation, il vaut mieux renoncer avant plutôt qu’en cours de route, quitte à se lancer plus tard après un nouveau bilan. Si l’on hésite encore, que l’on a l’envie de traduire sans savoir si l’on ira au bout, pourquoi ne pas essayer dans des conditions déterminées décrites plus bas, pour voir ce que cela donne ? Mais si l’on est persuadé d’être assez motivé pour le faire, alors en avant pour l’étape suivante !

 

Le choix du texte

            En général, on choisit de traduire une fiction parce que des personnes demandent sa traduction, ou bien parce qu’on l’a particulièrement aimée quand on l’a lue. Et, dans les deux cas, ce ne sont pas forcément les textes les plus adaptés à la traduction débutante.

            En effet, les requêtes sont souvent des histoires longues, qui vont demander un investissement à (très) long terme. Si l’on s’y lance sans trop savoir ce que l’on fait, il y a de gros risques d’abandonner à mi-chemin, ce qui est frustrant pour soi-même et pour les lecteurs. De même pour les fictions longues choisies sur un goût personnel : si on commence à en publier la traduction, les lecteurs vont vouloir la suite.

            Si l’on est certain de ses motivations, on peut se lancer directement dans ce genre de traductions. Mais si l’on n'est pas trop sûr de soi, ou que l’on veut faire un essai avant pour se faire la main, il vaut mieux essayer un texte court, qui nous plaît et que personne n’attend. Suivant la manière dont on aura réussi cette première traduction, on pourra s’en contenter, continuer avec ce genre de fictions ou passer à des projets plus ambitieux.

            Pour entrer plus dans les détails, un texte court fera moins de 6 000 mots, et de préférence moins de 3 000, cela pour ne pas se décourager lors de cet essai. Si l’on a déjà lu de tels textes qui nous ont plu, très bien, sinon, il va falloir les rechercher avec nos propres critères : un genre, un thème, un personnage, un auteur… les moteurs de recherche de FIMFiction, de FanFiction ou d’ArchiveOfOurOwn sont très utiles pour ça.

            Une fois que l’on a trouvé le texte idéal, on peut songer à se lancer dans la traduction à proprement parler… même s’il est conseillé de lire le texte au préalable, ou du moins le survoler, notamment dans le cas d’une requête. Ainsi, on s’assure que le vocabulaire nous est abordable et que l’histoire nous plaît un minimum, ou encore qu’il n’y a pas de jeu de mots intraduisible dans les dernières phrases.

 

Mais aussi…

            D’autres questions peuvent se poser avant de démarrer une traduction. Même si les délais sont souvent durs à tenir, on peut toujours tenter d’estimer le temps qu’elle prendra, en guise de motivation. Prévenir l’auteur que l’on traduit sa fiction est également une marque de politesse et, suivant son enthousiasme, permet de jauger s’il serait prêt à aider en cas de confusion en cours de route. En cas d’absence de réponse de sa part (désintérêt pour la question ou désertion du fandom), on peut tout de même se permettre de se lancer.

            Dans le cas d’une fiction à chapitres, il faut également se demander si on la publiera au fur et à mesure, ou dans son intégralité à la fin de la traduction. La deuxième méthode peut permettre de prendre son temps sans susciter l’impatience des lecteurs, mais privera le traducteur des encouragements et conseils qu’il aura en choisissant la première. Il faut toutefois noter que l’équipe de MLPFictions aura du mal à tout modérer d’un coup si la deuxième technique est choisie : en ce cas, il vaut peut-être mieux publier chapitre par chapitre une fois la traduction achevée.

            Enfin, il faut parler des collaborateurs : cotraducteurs et relecteurs. Il n’est bien sûr pas obligatoire de se lancer dans l’aventure à plusieurs, mais cela peut aider, notamment lorsque l’on n'est pas tout à fait sûr de sa motivation ou de la justesse de sa langue.

            Travailler en groupe est généralement stimulant et permet de se répartir les tâches pour obtenir un travail plus soigné, plus rapidement. Cependant, il n’est pas rare d’y trouver des désagréments : méthodes différentes, nécessité d’harmonisation… C’est à chacun de faire la part des choses et de choisir ce qui lui convient le mieux.


 Deuxième partie : la traduction et les relectures

            Pour débuter une traduction, une organisation efficace est de copier l’intégralité du chapitre en cours sur un utilitaire de traitement de texte – qu’il soit en ligne, type Google Docs, ou hors-ligne, type Word. Cela permet de ne pas faire d’allers-retours constants entre texte original et traduction. À mesure que le traducteur avance, chaque paragraphe anglais sera suivi de sa version française, sans être supprimé : cela facilitera la relecture à venir, notamment si le projet est collectif.

            Il est impératif d’avoir accès à de bons dictionnaires en ligne, comme WordReference ou Linguee, qui permettront de traduire mots et expressions spécifiques. Les moteurs de recherches et tout autre site utile ne sont pas à négliger.

            Certains aiment traduire de manière « propre », en faisant directement attention aux tournures de phrase et à l’orthographe, tandis que d’autres préfèrent travailler rapidement et laisser cela au moment de la relecture. Dans la suite de ce guide, les étapes spécifiques à la traduction et celles qui tiennent plutôt de la finition seront séparées.

 

Première étape : la traduction

            Une fois que l’on est bien installé, on peut se lancer dans la traduction à proprement parler. Et pour cela, il y a plusieurs règles à respecter.

 

L’importance du sens

            Lorsque l’on traduit, il faut toujours s’assurer que l’on a compris le sens de l’expression ou de la phrase que l’on s’apprête à transcrire. Un contresens est la pire erreur que puisse faire un traducteur. Dans le doute, on peut demander conseil à l’un de nos cotraducteurs ou à un autre traducteur en qui on a confiance. On peut aussi poser la question sur le forum du groupe traduction, ou sur un forum spécialisé comme celui de WordReference. Enfin, si l’auteur s’était montré amical lors du premier contact, on peut lui demander de nous expliquer ce qui nous pose problème.

            De plus, il arrive souvent que le sens d’un mot paraisse si évident que l’on ne cherche même pas sa traduction dans un dictionnaire. Pourtant, il faut faire attention aux faux-amis, fréquents quand on traduit de l’anglais. Par exemple, « concerned » ne veut généralement pas dire « concerné » mais « inquiet », tout comme « comfortable » ne signifie pas « confortable » lorsque l’on parle d’une personne mais « à l’aise ». Dans un registre plus relatif à la série, « library » signifie « bibliothèque » et non « librairie », qui se traduit « book shop » ; il en est ainsi pour tous les mots de cette famille. Ces faux-amis sont trop nombreux pour être retenus, c’est pourquoi il ne faut jamais hésiter à vérifier le sens des mots qui semblent un peu étranges dans un contexte donné.

            Pour finir, si une suite de mots paraît incohérente ou qu’ils n’ont aucun rapport les uns avec les autres, il faut se demander s’il ne s’agit pas d’une expression idiomatique. Par exemple, « it was fun while it lasted » ne veut pas dire « c’était bien tant que ça durait » mais « les meilleures choses ont une fin ». Pour s’en assurer : les dictionnaires cités précédemment, Urban Dictionary, The Free Dictionary et les moteurs de recherche.

 

(Re)formulation française

            Une fois que l’on est sûr d’avoir saisi ce qu’entendait l’auteur, il faut le formuler en français. Il est conseillé de respecter un minimum la construction originelle, évidemment, mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut pas prendre quelques libertés. En fait, il faut prendre des libertés. Le français et l’anglais n’utilisent pas toujours les mêmes structures ou expressions donc, malgré le respect que les traducteurs doivent au texte de base, il faut souvent s’en éloigner pour obtenir une histoire agréable à lire. C’est le deuxième point le plus important de la traduction après le respect du sens, puisqu’une histoire aux tournures anglo-françaises pourrait rebuter les lecteurs.

            Par exemple, on trouve fréquemment « elle roula des yeux » pour retranscrire « she rolled her eyes ». Pourtant, l’expression correcte est : « elle leva les yeux au ciel ». Une autre erreur commune est de traduire « as » dans « she cried a little as she spoke » par « comme ». Cela indique la simultanéité, donc en français : « elle pleurait un peu tout en parlant », ou tout autre construction utilisant « tandis que », « alors que », etc.

            Il faut citer le cas des jeux de mots, mises en forme particulières et autres originalités de l’auteur. Ainsi, dans le cas d’un calligramme, ce n’est pas tant le vocabulaire utilisé qui importe, mais plutôt le respect de la forme initiale. Dans le cas d’un jeu de mots, il est préférable de changer les termes plutôt que de supprimer entièrement l’effet de style. Si leur traduction n’est pas possible, même en prenant ces libertés, on peut alors le signaler par une note de bas de page pour dissiper l’incompréhension des lecteurs.

 

Quelques erreurs fréquentes

            Un problème rencontré lorsque l’on traduit de l’anglais est celui de « his », « her(s) » et « it(s) », qui signifient tous « son/sa/ses » ou « le sien/… » suivant le contexte et ne distinguent donc plus les genres. Une phrase comme « his strenght was even more impressive than hers » devient donc « sa force était encore plus impressionnante que la sienne », ce qui n’a strictement aucun sens. Il faut donc faire des aménagements (« il était encore plus fort qu’elle ») ou désigner l’un des poneys par son nom ou une périphrase (« sa force était encore plus impressionnante que celle de la fermière »).

            Toujours avec « his » et compagnie, on trouve ce genre d’expressions en anglais : « she closed her eyes », « he put his hoof on the bar », « she shook her head »… souvent traduits « elle ferma ses yeux », « il posa son sabot sur le comptoir », « elle secoua sa tête ». Cependant, en français, il faut changer l’adjectif possessif en article défini (ou indéfini) : « elle ferma les yeux », « il posa le (un) sabot sur le comptoir », « elle secoua la tête ». Il est à noter que si la partie du corps est caractérisée, il faut alors conserver l’adjectif possessif : « elle ferma ses yeux violets », « il posa son sabot puissant sur le comptoir », etc.

            « It » est l’un des termes les plus vagues que l’on puisse trouver en anglais ; bien qu’il signifie dans la majorité des cas « ça/cela », il faut parfois le traduire différemment suivant le contexte. Lorsque « it » est un complément d’objet direct, il peut être traduit par ça/cela/le/la, alors que quand c’est un sujet, il peut être traduit par ça/cela/il/elle. Ainsi, dans ce dialogue : « Kiss her. — No, I just can’t… — Do it ! », « it » renvoie à l’action de « to kiss », il faut donc le transcrire : « Fais-le ! ». Également : « The tree was huge ; it was green. » ; dans ce cas, « it » ne fait que remplacer le mot « tree », ce qui doit donner en français : « L’arbre était grand ; il était vert. » et non « c’était vert. » qui porte à confusion.

            Certaines interjections anglaises ont également du sens en tant que mots, c’est pourquoi il n’est pas rare de voir « Why, thank you » traduit à tort « Pourquoi, merci » au lieu de « Oh, merci », ou encore « I can’t do this, now can I? » traduit à tort « Je ne peux pas le faire maintenant, si ? » au lieu de « Je ne peux pas le faire, si ? ». Ce qu’il faut retenir, c’est que « now » et « why », tout comme d'autres mots, peuvent être trompeurs, et qu’il faut se méfier lorsque leur utilisation paraît douteuse.

            D’autre part, les questions tags sont les petites questions accolées à une phrase : « isn’t it? », « am I? ». Il faut alors les traduire « n’est-ce pas ? », « pas vrai ? », « hein ? », « si/non ? » (suivant le contexte), etc. ; de la même façon que l’on traduirait « right? ». Par contre, il ne faut pas essayer d’être trop littéral et écrire « suis-je ? » ou « n’est-il pas ? ».

            De même, les anglophones insistent souvent quand ils répondent à une question (admettons : « Are you scared? »). La réponse « No, I’m not » est donc équivalente à un simple « No ». On ne le traduit jamais « Non, je ne suis pas » mais simplement « Non », ou alors éventuellement « Non, c’est faux » pour insister sur le déni.

 

Corriger l’auteur ?

            Les fanfictions anglaises ont tendance à regorger de participes présents et d’adverbes, assez hideux ou lourds en français lorsqu’ils sont tous traduits littéralement. En reformulant un peu, on peut faire disparaître un participe présent en conjuguant le verbe, ou alors en utilisant « tandis que » ou une structure similaire. Concernant les adverbes, il s’agit encore une fois de reformulation. Par exemple, « he spoke gently » peut être traduit « il parlait doucement », mais aussi « avec douceur », ou encore « à mi-voix », « à voix basse », etc.

            Un autre problème que rencontrent beaucoup de fictions anglaises est le nombre impressionnant de répétitions, que cela soit au niveau des noms des personnages, des verbes de paroles… Face à ce problème, le traducteur peut vouloir garder les expressions de l’auteur, ou essayer de rectifier les choses dans la mesure du possible.

            Par exemple, un nom peut facilement être remplacé par une périphrase qui désignera le personnage : « la ponette jaune », « la gentille jument », « l’amie des animaux », « la timide pégase » pourront désigner Fluttershy. Le mieux est de choisir des expressions qu’utilise déjà l’auteur dans d’autres passages, pour conserver son style. Il faut toutefois faire attention à ce que l’on ne confonde pas les personnages : si, dans un dialogue entre Rarity et Twilight, on utilise « la licorne » pour les désigner toutes les deux, cela peut induire une confusion. De plus, il vaut parfois mieux employer les pronoms personnels (il, elle…) plutôt que de mettre une périphrase différente à chaque fois que le personnage apparaît ou fait un geste.

            D’autre part, il existe des centaines de verbes de parole, qui viendront préciser un peu la situation. Par exemple, « he said quietly » peut devenir « murmura-t-il » pour remplacer « dit-il doucement », si le verbe « dire » est déjà répété avant – ce qui permet aussi de supprimer un adverbe.

            Lorsque les répétitions concernent d’autres types de mots, il ne faut pas hésiter à aller chercher des synonymes : cela ne peut qu’enrichir la traduction.

 

L’univers My Little Pony

            Il faut toujours faire attention au fait que c’est une fanfiction My Little Pony : à moins qu’il ne s’agisse d’une histoire humanisée ou anthro, les poneys n’ont pas de bras, de mains, de doigts… Il ne faut donc pas traduire une expression anglaise par « il la serra dans ses bras » ou « ils étaient passés à un cheveu de la catastrophe ». On peut choisir d’utiliser une autre expression, ou bien de « ponyfier » les expressions : « il la serra contre lui », « ils étaient passés à un crin de la catastrophe ».

            Dans un autre registre, il faut être attentif aux mentions religieuses. Les poneys n’ont pas de « Dieu » ; on peut par contre considérer Celestia et Luna comme leurs déesses. Ainsi, on pourra traduire les expressions « oh my go(o)dness », « oh God »… en mentionnant les princesses (douce Celestia, ô déesses). Les auteurs qui font jurer les princesses utilisent parfois la mention de « Faust », en référence à la créatrice de cette génération de la série. En poussant la réflexion un peu plus loin, on peut assimiler l’enfer au Tartare, etc.

            D’autre part, il peut être tentant d’utiliser des mots grossiers pour traduire certaines expressions anglaises qui le sont également. Cependant, cela détonne fortement avec la série. À moins que ce choc ne soit justement la volonté de l’auteur ou qu’il ne s’agisse d’un univers alternatif, il est donc recommandé d’édulcorer les termes vulgaires.

            Pour finir, les fictions contiennent des noms propres et expressions spécifiques liées à l’univers My Little Pony, venant de la série ou inventés par l’auteur. À chacun de choisir ce qu’il traduira ou non : « cutie mark », « Hearts and Hooves Day », « Everfree Forest », « Twilight Sparkle » ? Ces traductions peuvent venir de la version française de la série, ou se baser sur un jugement personnel, mais il faudra respecter une certaine cohérence tout le long de la traduction. Ainsi, il ne faut pas qu’une expression soit traduite une fois puis conservée en version originale dès le chapitre suivant.

 

Traduire les dialogues

            Au-delà de leurs spécificités typographiques qui seront détaillées par la suite, les dialogues doivent bénéficier d’une attention toute particulière. En effet, c’est là que la personnalité et les habitudes propres à chaque personnage se font le plus sentir. Ainsi, chacun a des expressions caractéristiques, un registre de langue qui lui est propre, voire un accent suivant sa provenance. Ce sont donc en grande partie les dialogues qui permettent de rendre les poneys réalistes et vivants, et c’est pour cela que leur traduction est très importante.

            Il faut faire attention de toujours traduire les expressions récurrentes (le « sugarcube » d’Applejack, le « mmkay » de Suri Polomare, etc.) de la même manière, pour donner de la cohérence aux répliques. Ainsi, Applejack appellera ses amies « petit sucre » ou « sucre d’orge », selon la préférence du traducteur, mais n’alternera pas entre les deux formes.

            D’autre part, les registres de langue à employer diffèrent selon les poneys : Octavia s’exprimera en langage courant (voire soutenu), tandis que Vinyl Scratch utilisera plutôt des formes familières. Parmi les héroïnes, Rarity, Twilight Sparkle et Fluttershy emploieront des termes et des tournures plus élaborés que leurs amies Rainbow Dash, Applejack et Pinkie Pie, qui parleront de façon plus négligée. Quoi qu’il en soit, il faut veiller à conserver des expressions crédibles à l’oral en n’allant pas dans les extrêmes.

            Pour rappel, le langage familier ne se constitue pas uniquement de mots populaires, mais forme un ensemble. Les personnages tendront à utiliser « on » au lieu de « nous », à oublier le « ne » de la négation (Tu vas pas faire ça !), à ne pas faire l’inversion sujet-verbe (Comment tu vas ?) dans les questions, à tutoyer les inconnus, etc.

            Il arrive aussi que les auteurs utilisent de l’anglais archaïque, lorsque les fictions se déroulent dans un passé lointain ou concernent une Luna tout juste échappée de la lune. Ces formes particulières sont assez complexes à traduire, puisque peu de personnes connaissent encore le vieux français. Une façon de le retranscrire est d’utiliser un langage soutenu et des mots littéraires. « Thou dost not understand » pourra alors donner « Vous ne comprenez donc point ».

            De l’autre côté du spectre, on peut trouver des termes d’argot. Le dictionnaire spécifique Urban Dictionary est alors très utile pour comprendre ces mots qui n’apparaissent dans aucun autre ouvrage. Une traduction littérale est déconseillée : il vaut mieux se préoccuper du sens des répliques en français plutôt que de chercher à conserver des expressions qui n’ont de sens qu’en anglais.

            Enfin, les auteurs anglais aiment bien retranscrire les accents des personnages à l’écrit, ce qui est parfois difficile à traduire. L’accent campagnard d’Applejack, par exemple, se caractérise par des « ya » remplaçant « you », des lettres ôtées et remplacées par des apostrophes… Une solution peut être de la faire parler de manière familière, comme décrit plus haut. On peut également ajouter des apostrophes au texte français : « J’suis une fermière », tout en faisant attention à ne pas en faire trop, ce qui deviendrait impossible à prononcer : « Est-c’qu’ça va ? ».

            D’autres accents se rencontrent également : l’accent new-yorkais des poneys de Manehattan, par exemple. Comme le français n’a pas vraiment d’équivalent, on peut notamment le traduire en employant quelques mots d’argot.

 

Deuxième étape : la relecture

            Une fois chaque phrase traduite en français, le travail n’est pas terminé pour autant. Il faut maintenant s’attaquer à la (aux) relecture(s). Il est conseillé de ne pas relire directement après avoir traduit : à chaud, les erreurs sautent moins aux yeux que quelques heures plus tard ou, mieux, le lendemain. Une technique peut être de lire son texte à voix haute, pour prendre son temps et mieux repérer les coquilles et autres erreurs. Lorsqu’un texte est d’une longueur conséquente, il est plus sage de découper sa relecture en plusieurs fois, afin de ne pas se lasser et laisser passer des fautes récurrentes.

            La relecture se compose plus ou moins des mêmes étapes que la traduction : dernière vérification du sens des mots, expressions et phrases, reformulations, corrections diverses. Si l’on a adopté la méthode décrite plus haut, on peut alors supprimer les paragraphes anglais pour ne garder que le texte traduit. Cela peut permettre, une fois le sens clarifié, de prendre plus de libertés pour reformuler en un français agréable à lire.

            Une fois que les phrases originelles ont été traduites et éventuellement reformulées, il faut s’assurer qu’elles sont correctes dans notre langue. Les points à surveiller sont bien sûr l’orthographe des mots et la conjugaison des verbes, mais aussi la typographie.

 

Orthographe et conjugaison

            En ce qui concerne ces deux points, certains logiciels de traitement de texte comme Word permettent de corriger des fautes d’orthographe et de grammaire. Cependant, rien ne vaut un relecteur si jamais vous savez que vous avez tendance à accumuler les fautes. De plus, l’usage de dictionnaires et de sites spécialisés en conjugaison durant la traduction et la relecture est conseillé pour tous.

            Des erreurs de conjugaison fréquentes concernent le passé simple. Les verbes (sou)rire, ouvrir… sont souvent conjugués, à tort, comme des verbes du premier groupe (elle souria, ils ouvrèrent). Ils font en réalité partie du troisième : elle sourit, ils ouvrirent. Toujours au passé simple, les verbes du premier groupe se terminent en -ai à la première personne : « je m’écriai » et surtout pas « m’écria ».

            Pour rester sur le sujet des verbes, une faute courante de traduction est de confondre imparfait et passé simple, tous deux équivalents du prétérit anglais. Si, dans certains cas, les deux temps sont valables, il faut garder à l’esprit que l’imparfait vaut pour les descriptions et les actions habituelles, répétitives, qui durent dans le temps ou sont en arrière-plan. Le passé simple annonce, lui, un fait unique, court, sur lequel on se focalise.

            Par exemple, les structures « tandis que », « alors que », « pendant que » sont toujours suivies d’un imparfait, puisque l’action décrite est secondaire. « Elle continua à lire son livre tandis qu’elle s’asseyait », et non « tandis qu’elle s’assit ». Le ou les verbes de la principale (« Elle continua à lire son livre ») sont, eux, au passé simple.

            D’autre part, il faut faire attention à toujours conserver le même système de temps, à moins que l’auteur n’en change lui aussi. En général, une histoire est au passé, et il faut alors utiliser uniquement les temps du passé : passé simple, imparfait, plus-que-parfait, passé antérieur, conditionnel présent, conditionnel passé (et jamais, jamais passé composé). Si l’histoire se déroule au présent, il faudra alors utiliser présent, passé composé, imparfait, futur.

            De plus, il faut mettre du subjonctif après certaines structures spécifiques (par exemple, après « préférer que » ou « bien que »). Il est à noter que, dans le système passé, le subjonctif imparfait devrait être utilisé : « elle préférait que les poulains fussent sages », mais le subjonctif présent, moins soutenu, est toléré (et bien plus courant) : « elle préférait que les poulains soient sages ».

            Enfin, il faut faire attention à conjuguer les actions se situant au « passé dans le passé » au plus-que-parfait, et non à l’imparfait, à bien accorder les participes passés, etc.

 

Typographie

            Souvent négligé, le volet « typographie » fait pourtant partie intégrante de la mise en forme d’une fiction. Évidemment, le choix entre une règle française et une règle anglaise reste à l’appréciation du traducteur, mais il est rarement agréable de lire un texte français sans les codes qui lui sont associés.

            Il y a de grosses différences entre les systèmes anglais et français. Voici quelques règles à appliquer dans notre langue :

  • Mettre des espaces avant et après les symboles « » : ; ! ? – — %
  • Mettre une espace seulement avant les symboles ( “
  • Mettre une espace seulement après les symboles ) ” , . …
  • Ne pas mettre d’espace pour les symboles / -
  • Introduire les dialogues par les deux-points et jamais par une virgule.
  • Utiliser les règles du dialogue à la française, avec les symboles « » — et l’usage d’incises. C’est le point qui est le plus à l’appréciation du traducteur, mais qui reste fortement conseillé.
  • Utiliser les majuscules avec parcimonie : les anglais ont tendance à en employer bien plus que les français.

            Pour plus de détails, se référer à l'article de System.

            Il faut aussi faire attention au placement des virgules. Elles encadrent surtout des propositions indépendantes et il ne faut jamais les placer entre sujet et verbe. Il est par contre conseillé d’encadrer de virgules le nom d’un personnage lorsqu’on s’adresse à lui. Par exemple : « Tu vas bien, Fluttershy ? ». Les anglais ont tendance à abuser des virgules, c’est pourquoi il peut être nécessaire de les remanier lors de la traduction lorsqu’elles sont incompatibles avec une bonne compréhension de la phrase.

            Pour exprimer une interruption, il faut employer des tirets demi-cadratins et les encadrer d’espaces (sauf si une virgule suit le second tiret). Si la proposition termine la phrase, il ne faut pas mettre de second tiret. Par exemple : « Elle s’avança vers son amie – qui était toujours aussi bien coiffée – et la salua. », « Elle s’avança vers son amie – qui était toujours aussi bien coiffée –, et la salua. », « Elle s’avança vers son amie – qui était toujours aussi bien coiffée. ».

            En ce qui concerne l’élision – c’est-à-dire l’utilisation de l’apostrophe – des noms étrangers, il est majoritairement admis d’appliquer les règles françaises et donc d’élider. Ainsi, on écrira : « Vinyl comprenait ce qu’Octavia vivait. » plutôt que « Vinyl comprenait ce que Octavia vivait », bien que cette dernière version reste correcte pour un nom à consonance étrangère. Ne pas oublier cependant que, devant un nom français comme étranger, on n’élide pas devant la voyelle « y ».

            D’autre part, lorsque l’on emploie un terme d’origine étrangère (qu’il s’agisse d’une expression latine comme « a priori », propre à MLP comme « cutie mark », etc.), la règle veut que ce mot soit mis en italique. Si la phrase est déjà en italique (pour insister sur l’importance ou la prononciation, ou alors parce que c’est une pensée), le mot d’origine étrangère ne doit subir aucune mise en forme, donc surtout pas de « gras italique ». Par exemple : « On n’aura jamais nos cutie marks, c’est fini, pensa Sweetie Belle. »


Troisième partie : et après ? 

            Une fois la fiction traduite et relue, seul ou à plusieurs, on peut s’atteler à la tâche de la faire publier. Souvent, l’image utilisée sur la fiction originelle ne correspond pas au format désiré sur MLPFictions : il faut alors rogner, ou partir en quête d’autres images pour éviter un redimensionnement trop laid.

            Il faut également veiller aux tags que l’on applique à la fiction : les tags originels, bien sûr, mais aussi le tag « traduction ». De plus, si l’histoire est classée « mature », il faudra alors faire de même ; s’il s’agit d’un one-shot, il faudra l’indiquer ; si elle est taguée « sex », il faudra mettre « NSFW ».

            Enfin, il va falloir faire un dernier choix : veut-on traduire le titre de la fiction (du chapitre) ou non ? Ceci reste à l’appréciation de chacun. Cependant, si on le traduit, il est conseillé de donner le titre original dans la description de la fiction : cela permet aux utilisateurs le tapant dans la barre de recherche de la trouver même avec le titre anglais.

            Une fois passée par l’étape de la modération, voilà la traduction révélée aux lecteurs. Mais il ne faut pas croire que son travail s’arrête là et que l’on peut passer à la traduction suivante sans plus jamais regarder celle-ci.

            Certains lecteurs auront des questions : il faut pouvoir y répondre sans trop spoiler, si l’histoire n’est pas terminée. D’autres auront des corrections ou des améliorations à suggérer. Et même si cela peut être embêtant de se faire critiquer sur sa traduction, il faut bien sûr écouter les conseils constructifs : c’est ainsi que l’on s’améliore au fur et à mesure. 


             Comme dit en introduction, ce guide est un simple rassemblement de conseils sur la traduction de fanfictions, basé sur les erreurs fréquentes que nous constatons (et sur nos chevaux de bataille personnels). Le contenu n’engage donc que nous, et il se peut très bien que certains ne soient pas d’accord, emploient d’autres méthodes ou aient des suggestions. Tout ceci est bienvenu dans les commentaires !

Les auteurs,

Little Parrot et System

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CompteSupprimé
CompteSupprimé : #4508
Et un guide, un !
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Il y a 4 ans · Répondre
Vuld
Vuld : #4435
Je n'ai pas lu la partie "relecture", pas mon problème.
Rien à dire, c'est du tout bon.
Il y a 4 ans · Répondre
System
Il y a 4 ans · Répondre

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