En entendant le bruit de l’ouverture de la porte de la salle où ils se trouvaient, Twilight leva lentement la tête, veillant à ne pas réveiller Frons qui dormait près d’elle. Elle vit alors entrer Kalt qui demanda au garde l’accompagnant de le laisser seul.
Le Chancelier prit ensuite le temps d’observer les deux prisonniers, remarquant le sang et les marques de coups sur le changelin, ainsi que le regard plein de colère de Twilight vers lui.
‘‘Qu’est-ce que vous voulez ? Vous venez admirer votre travail ?’’ Lui demanda-t-elle énervée, mais sans trop hausser la voix pour son ami.
‘‘Non, et je tiens à m’excuser de ce que le soldat Soldier a pu vous faire. Je vais d’ailleurs demander à ce qu’on soigne les blessures de votre ami sur le champ. Mais comprenez que je ne peux me permettre de ne pas utiliser tous les moyens à disposition quand il s’agit de la sécurité de Minotauria, bien qu’en l’occurrence cela s’est avéré inefficace.’’
‘‘N’espérez pas que je vous le pardonne un jour, même si j’imagine n’avoir plus beaucoup de temps à vivre.’’ Lui lança Twilight sans décolérer, alors que Frons se réveillait avec des douleurs sur l’ensemble du corps.
‘‘Sur ce point, je viens vous informer de quelques chose. Le Sénat a convenu de vous faire un procès, au bout duquel il sera alors décidé de vous laisser la vie sauve, ou non.’’
‘‘De quoi ? Un procès ?’’ S’étonna Twilight devant les paroles du Chancelier.
‘‘Oui, de par votre rang de princesse, les sénateurs ont estimé que vous aviez droit à un traitement spécial, d’autant que vous venez d’une époque lointaine et que vous avez abattu un des nôtres.’’
‘‘Entendu… Mais qu’adviendra-t-il de mon ami ?’’ Demanda de suite après l’alicorne en se tournant vers Frons.
‘‘Il sera avec vous. Bien que beaucoup l’aient mal pris, je leur ai dit après le vote qui a entériné l’idée d’un procès, que vous avez été capturée avec un poney sauvage que vous avez apprivoisé. Et je vous conseille à ce que dorénavant, il prenne et conserve l’apparence d’un terrestre, et surtout, qu’il évite de parler. J’ai par ailleurs envoyé les militaires au courant de sa vraie nature hors de la ville, il en sera de même pour le médecin qui va venir vous soigner, une fois sa tâche accomplie.’’
‘‘Pourquoi leur avoir menti sur sa vrai nature ?’’ S’empressa de demander Twilight qui avait de plus en plus de mal à comprendre ce Chancelier.
‘‘La raison est pourtant simple. Imaginez leur réaction si je leur disais qu’un peuple de changeling vit caché quelque part, car je suis persuadé qu’il y en a un et que je le trouverais un jour. Comment réagiraient les sénateurs et la population ? Ce serait la folie et la porte ouverte à la paranoïa. Et je n’ose imaginer ce qu’il arriverait aux poneys se trouvant dans cette ville et ailleurs. C’est aussi pour éviter une panique générale que j’ai pris soin d’éviter de révéler la présence de votre dragon à vos côtés. ’’ S’expliqua calmement Kalt en marchant lentement le long de la grille, sous le regard curieux de l’alicorne, qui devait admettre qu’il avait juste. ‘‘Ah, et une dernière chose, les sénateurs sont au courant du… hum… ‘‘traitement’’ que vous avez reçu. Et si ça peut vous réconforter, je n’ai pas reçu une approbation unanime pour avoir agit ainsi. Ils savent aussi que vous avez pu sauver ce poulain licorne, et m’ont autorisé à mener des recherches dans les plaines. Car que vous le compreniez ou non, il reste une menace pour nous en offrant la possibilité de voir renaître des licornes, voir des pégases.’’
‘‘Vous semblez beaucoup vous préoccuper de votre peuple à ce que je vois… Dommage que vous n’ayez pas autant de cœur pour les poneys.’’ Commenta Twilight sans le quitter des yeux.
‘‘J'imagine que je peux le prendre comme un compliment, mais sachez que je ne fais que veiller à la prospérité et à la sécurité de mes concitoyens, tout en n’oubliant pas les autres peuples autour de nous. S’occuper aveuglement du bien-être des miens, reviendrait alors à agir comme de votre temps, sous la princesse Célestia, qui maintenant reconnait ses tords.’’
‘‘Comment ça ?! La princesse Célestia est la dirigeante la plus attentionnée que j’ai jamais connue et… Attendez… Est-ce que vous savez où elle est ?!’’
Se rendant compte trop tard de son erreur, Kalt lâcha un soupir puis se décida à lui en dire plus. ‘‘Comme vous avez dû le deviner, c’est en effet grâce à elle que les astres poursuivent leur déplacement. Elle le fait depuis le palais où je vis, dans le secret le plus total, pour les mêmes raisons que ce qui m’a amené à ne pas divulguer la persistance de l’existence des changelins.’’ Répondit Kalt en allant dans l’autre direction le long de la grille.
‘‘Pou… Pourrais-je la voir ?’’ Demanda fébrilement Twilight, de nouvelles larmes s’écoulant de ses yeux en se rendant compte qu’elle était tout près de sa princesse.
‘‘Hum… Peut-être, j’y réfléchirai.’’ Répondit le Chancelier hésitant. ‘‘Bien je vais vous laisser vous reposer et être soignée, d’autant que le procès ne commencera qu’une fois que vous pourrez vous déplacer tous les deux.’’ Sur ses mots, le Chancelier prit le chemin de la sortie, laissant Twilight pleine de questions et sans lui donner le temps de les poser.
Je me demande pourquoi il a critiqué la façon de gouverner de la princesse Célestia… Elle n’a commis aucun acte de cruauté pourtant… Se dit-elle en se mettant un sabot au menton.
*****
‘‘Bien, je pense que cette écurie devrait faire l’affaire.’’
Sur ces mots, Protective se dirigea vers l’établissement isolé dans la rue, tenant derrière lui par son harnais sa nouvelle jument, qui continuait à regarder les alentours. Depuis qu’il avait quitté le Sénat, Protective, bien que tourmenté à cette idée d’un procès contre une jument venant d’une autre époque, s’était occupé à faire quelques achats qu’il faisait transporter par sa jument avec une selle. Mais après avoir terminé cela et ramené ses courses chez lui, il s’était mis en recherche d’une écurie où installer cette dernière, ce qu’il finit par trouver alors que les clochers de la ville sonnaient cinq heure de l’après-midi.
En arrivant devant le grand bâtiment en pierre en forme rectangulaire, Protective accrocha le bout du harnais à un poteau et entra pour trouver le gérant des lieux, laissant la jument à l’extérieur. Celle-ci, bien que fatiguée d’avoir servi de porte bagage et d’être traînée comme un animal de compagnie, continua d’observer les environs ainsi que les passants dans la rue.
A un moment, une minotauresse arriva dans le coin de la rue, tenant un panier de course, avec ce qui devait être sa fille à ses côtés. Elle s’arrêta peu après, visiblement pour parler avec une connaissance. L’enfant, encore dépourvu de corne, regarda alors autour d’elle et croisa le regard de la jument.
Attirée par l’animal et profitant de l’occupation de sa mère, l’enfant commença à s’approcher joyeusement, rendant la jument mal à l’aise et regardant en arrière pour voir si son maître avait finit de discuter.
‘‘Dada… ah ah.’’ Lança amusée la petite fille en arrivant devant la jument, tendant les bras vers elle.
Regardant autour pour être sûre que c’était bien à elle qu’on parlait, la jument se résolue, après un soupir, à baisser la tête vers l’enfant avant de le renifler, n’ayant encore jamais vu d'enfant minotaure.
Surprise mais également amusée par les reniflements, la fille ne put résister et se saisit des deux narines de l’animal qui releva de suite la tête énervée, montrant des dents étrangement plus aiguisées que chez ses semblables au niveau des canines.
Alors qu’elle venait de tomber par terre et qu’elle voyait la réaction de la jument, des larmes commencèrent à sortir des yeux de l’enfant. N’y prêtant au départ aucune attention et tournant la tête pour le montrer, la jument finit pourtant visiblement par s’émouvoir peu à peu et, après un léger soupir, rebaissa la tête. Elle caressa alors du museau les joues moulliées de la petite, qui cessa ses pleurs devant ce nouveau contact.
L’aidant à se relever en la laissant se tenir à son museau, la jument continua ensuite ses caresses du museau pour essuyer les larmes, affichant un petit sourire réconfortant, pendant que l’enfant retrouvait aussi le sourire.
A cet instant, sa mère avait fini sa discussion et, en cherchant sa fille, vit ce charmant spectacle. Elle s’approcha sans crainte et vit le reste des larmes sur le visage heureux de sa fille.
‘‘J'imagine que tu as déjà été mère, pour agir ainsi.’’ Lança-t-elle à la jument qui releva la tête, lui permettant de la caresser un peu, sa fille se contentant de s’accrocher aux pattes avant de l’animal. ‘‘Allez, tiens, tu l’as bien mérité.’’ Reprit-elle en plongeant sa patte dans son panier de courses, pour en ressortir un grain de sucre qu’elle tendit à la jument.
Surprise, cette dernière renifla d’abord prudemment l’aliment, puis se décida à le prendre en bouche. Et tout en le mâchant, elle afficha un air montrant qu’elle semblait apprécier ce qu’elle mangeait.
Puis après lui avoir fait une dernière caresse, la minotauresse prit la patte de sa fille et reprit sa route.
‘‘Au revoir, dada.’’ Lança une dernière fois l’enfant en se retournant et en agitant une patte, sous le regard amusé de sa mère et de la jument qui, une fois qu’elle les vit disparaître de l’autre côté de la rue, recracha aussitôt ce qu’elle avait en bouche en tirant la langue. Peu après, son maître revenait, visiblement satisfait.
‘‘Voilà ma belle, tu pourras passer tes nuits ici en toute tranquillité.’’ Affirma Protective en sortant de l’écurie, avant de prendre la corde du harnais pour amener sa jument dans le bâtiment.
A l'intérieur, se trouvaient deux rangées parallèles de box de même grandeur. Certains avec leur occupant, qui avaient pour la plupart leur tête au dessus des portes de leur compartiment, et qui remarquèrent la nouvelle venue. Cette dernière observait cet étrange lieu, inconnu pour elle, tout en ne prêtant pas d’attention aux étalons qui hennissaient vers elle.
Protective finit par la faire entrer dans un box déjà aménagé, assez large pour qu’elle s’y sente à l’aise et puisse se coucher, et lui retira son harnais. Comme les autres, il se composait de trois murs en pierres avec une porte en bois, où un poney pouvait passer la tête par dessus, et était couverte de paille au sol avec une mangeoire accrochée dans un coin et un abreuvoire dans l’autre. De plus, une petite pierre à sel à proximité de la mangeoire était accrochée au mur. Enfin, au fond du box, se trouvait en hauteur une fenêtre barreaudée, laissant la lumière du jour éclairer l’ensemble.
‘‘Voilà, elle est installée comme une reine.’’ Déclara satisfait le minotaure responsable du lieu en refermant la porte du box derrière l’animal, puis en y ajoutant une botte de foin avec une fourche.
‘‘Merci, j’espère malgré tout qu’elle s’habituera à cette nouvelle vie.’’ Lança en réponse Protective en observant sa jument qui observait le lieu où elle se trouvait. ‘‘Au fait, vous changez régulièrement la paille ?’’
‘‘Bien sûr, soyez rassuré. En plus des remplissages quotidiens des mangeoires et abreuvoires, on nettoie les box environ tout les deux jours. D’autant que les agriculteurs environnant nous achètent le fumier pour leur culture. Ainsi, tout le monde est gagnant.’’ Répondit avec assurance le gérant en désignant les charrettes au fond du bâtiment, qui bien que non attelées, avaient commencé à être remplies de fumier.
‘‘Très bien, je pense que tout est bon alors. Reposes-toi bien ma belle.’’ Commenta Protective tout en caressant le bout du museau de sa jument alors à proximité. Cette dernière se laissant faire bien qu’à contre cœur.
‘‘Par contre monsieur, si je peux me permettre, vous êtes sénateur il me semble.’’ Lança le minotaure en regardant les vêtements de Protective qui s'apprêtait à partir. Ce dernier confirmant alors son statut et demandant pourquoi cette question. ‘‘Est-ce que c’est vrai cette histoire de procès à cette bête équine et son poney qu’elle a domestiqué ?’’
S’ensuivit, après la confirmation de Protective, un échange un peu plus tendu entre les deux minotaures pour défendre ou contester ce projet, tandis que la jument s’approchait de la porte de son box et tendait légèrement l’oreille.
Une fois les deux minotaures partis en mettant fin à leur discussion, elle poussa un soupir et se gratta énergiquement la tête d’un sabot, suite aux démangeaisons provoquées par le harnais, avant d’examiner de nouveau cet habitat désormais sien. En plus des hennissements lancés par moments par les poneys présents dans le bâtiment, elle put entendre en s’approchant de la fenêtre les bruits de la rue voisine, tandis que la lumière du soleil l’éclairait.
Puis entendant son estomac réclamer de quoi se remplir, elle se retourna pour observer sa botte de foin, avant de finalement s’approcher lentement de sa mangeoire, prise de curiosité. Celle-ci était remplie d’avoine, d’orge et de maïs. Des aliments que la jument semblait connaitre depuis longtemps mais qu’elle hésitait à manger, comme étant gênée de le faire.
Mais la faim se faisant sentir et après un regard vers l'extérieur de son box, elle se décida à pencher la tête et se nourrir. C’était un moment assez étrange pour la jument. Elle qui avait pris l’habitude de se nourrir d’herbe en cherchant elle-même ses coins de pâturage, et qui maintenant se nourrissait d’aliments certes assez bons, mais cultivés et donnés par ses « propriétaires » minotaures. Elle vérifiait d'ailleurs toujours d’un œil que personne ne la regardait depuis la porte de son box.
En relevant la tête tout en terminant de mâcher, elle remarqua la pierre à sel à proximité. Curieuse, elle tendit la langue pour la lécher, avant de renouveler l’experience, visiblement satisfaite.
‘‘Allez les mettre dans les box après celui de la jument nouvellement arrivée. Ils sont déjà aménagés.’’ Lança une voix au loin mais assez fortement pour que la jument l’entende. Après s’être décidée à passer la tête par-dessus la porte de son box, elle vit avec satisfaction des minotaures amener deux des poneys en vente avec elle ce matin. En la voyant à leur tour, ces derniers semblaient rassurés et entrèrent calmement dans leurs boxes respectifs, où on leur retira aussi leur harnais.
Une fois installés et laissés seuls, les nouveaux arrivants passèrent à leur tour la tête par-dessus la porte de leurs boxes, pour voir le visage de la jument. Chacun des équidés gardant un regard neutre mais tout en étant intérieurement rassurés de se revoir, encore plus pour les étalons.
Puis après un dernier regard intense de sa part, auxquels les étalons répondirent en hochant à peine la tête, la jument se retira à l'intérieur de son box, sentant la fatigue la gagner. Après s’être abreuvée et malgré un peu d’hésitation, elle se coucha sur la paille contre le mur mitoyen avec le box du premier étalon et se laissa lentement tomber dans le sommeil.
Elle ne pouvait pas alors voir que les etalons avaient fait de même, en se couchant contre le mur les rapprochant le plus du box de la jument, alors qu’un timide sourire s’affichait au visage de chacun.
*****
‘‘Ah ! Une bonne journée de travail qui se termine, sept poney vendus en une seule journée.’’
Pendant que le soleil débutait sa descente, le trio de griffon se dirigeait vers leur maison située à proximité de la place du marché, le cœur léger. Notamment pour Trade qui pesait pour la énième fois le sac de leur recette.
‘‘Mais dites-moi patron, vous n’avez pas trouvé étrange cette solidarité entre ces poneys ?’’ Demanda Fangel derrière lui, pensif.
‘‘C’est vrai qu’à chaque fois qu’on en vendait un, notamment la femelle, les autres le regardaient, certains d’un air inquiet, voire attristé.’’ Ajouta Beroe en marchant à côté de son jumeau, revoyant les différentes scènes de vente de ces poneys pour servir dans des attelages, ou comme simples animaux de compagnie.
‘‘En temps normal je t’aurais dit de te taire, Imbécile, mais bon… le passé est le passé… et l’avenir s’annonce dorééée.’’ Se contenta de répondre Trade en terminant sur une note se voulant musicale, sans prêter plus d’attention à la remarque de ses partenaires.
‘‘Et maintenant on fait quoi ?’’ Demanda alors Fangel.
‘‘Bah, maintenant que les minotaures ont leur jument, l’interdit d’aller dans les plaines devrait bientôt être levé, permettant aux diamond dogs de nous refournir en troupeau plus important. Bref, la routine va reprendre, en sachant qu’on pourra prendre une retraite anticipée quand on jugera avoir assez d’argent.’’ Répondit simplement avec joie Trade, recevant un léger soupir derrière lui alors qu’ils arrivaient devant leur maison.
En entrant, ils trouvèrent au sol une lettre cachetée, envoyée depuis la petite ouverture dans la porte.
‘‘Heu… Qu’est-ce que c’est que ça ?’’ Se demanda à lui-même Trade en se tournant vers les jumeaux qui haussèrent les épaules.
Préférant être à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes, les griffons veillèrent à refermer la porte de leur maison, puis s’assirent à la table du salon, non sans en retirer les bouteilles d’alcool et en mettant la recette de la journée dans leur précieux coffre. Mais maintenant qu’ils étaient installés, Trade tenant la lettre et entourée des jumeaux sur les côtés, l’hésitation se lisait sur leurs visages, sans qu’un mot ne sorte de leur bec, laissant la pièce dans un grand silence.
‘‘A votre avis, c’est pour quoi ?’’ Se décida à demander Fangel en fixant l’enveloppe.
‘‘Honnêtement je n’en sais rien. On n’a plus rien à voir avec ces minotaures maintenant… Et on a tenu notre bec concernant cette alicorne et l’autre bête. Mais le sceau indique bien que c’est le Chancelier qui nous écrit.’’ Répondit Trade avant de se décider d’ouvrir l’enveloppe et de lire le message.
*****
Depuis quelques heures le ciel s’était paré de ses milliers de tâches lumineuses, et la ville était plongée dans un sommeil profond, ses habitants rassurés de savoir le danger de l’alicorne maîtrisé et aussi curieux d’assister prochainement à ce procès.
Néanmoins, le calme apparent des rues était rythmé par les patrouilles de soldats, éclairant les coins sombres de leurs torches et vérifiant la non présence de voleurs et autre marauds.
Alors que l’une de ces patrouilles venait de passer près d’une écurie, la porte en bois du bâtiment s’ouvrit lentement en coulissant, laissant une tête en sortir pour observer les alentours.
Voyant que la voie était libre, une silhouette sortit prudemment du bâtiment laissant deux autres suivre derrière elle, avant de refermer la porte derrière eux. Après avoir regardé autour d’eux, elles s'avancèrent prudemment à travers les rues, vérifiant à chaque croisement que la voie était libre, et profitant de la pénombre amplifiée par la lune cachée par les nuages.
Mais en apercevant une lumière se diriger vers eux, les trois silhouettes se stoppèrent net, laissant la lumière de la torche les atteindre.
‘‘Halte, qui va là ?’’ S’empressa de demander le garde en tête de la patrouille après avoir vu du mouvement devant lui. Mais en s’approchant, les minotaures ne virent rien d’autre que trois poneys.
‘‘Ce ne sont que trois poneys sergent. Ils ont dû sortir de leur écurie.’’ Commenta un des gardes.
‘‘Qu’est ce qu’on fait chef ? On les emmène au centre d’enregistrement pour les identifier et les ramener à leurs propriétaires ?’’ Demanda un autre à son supérieur.
‘‘Parce que tu crois que le centre d’enregistrement est ouvert à cette heure ? Et je ne suis pas assez payé pour jouer les nounous de poneys qui sont allés faire l’école buissonnière.’’ Répondit ce dernier avant de lâcher un bâillement. ‘‘Vous n’avez qu’à les attacher à un poteau pour éviter qu’ils ne fassent des bêtises. La prochaine patrouille tombera dessus et s’en occupera.’’ Ordonna-t-il par la suite avant de reprendre la marche avec la patrouille une fois la tâche accomplie, ne voulant pas perdre son temps avec ces animaux.
Une fois qu’ils virent la lumière de la torche disparaître au bout de la rue, les trois équidés se concertèrent du regard et brisèrent leurs cordes par un coup de mâchoire, avant de se remettre en route, veillant à éviter les autres patrouilles.
Après plusieurs minutes de marche, ils finirent par atteindre la place du marché. Là, ils avancèrent prudemment vers l’enclos où ils avaient été vendus et attendirent, vérifiant les alentours.
Au bout de quelques minutes d’attente, des bruits de pas attirèrent leur regard, et ils virent un autre poney s’avancer vers eux. Par la suite, d’autre semblables sortirent des coins de rues et les rejoignirent.
Au final, six étalons et une jument se trouvaient là. Cette dernière après les avoir regardé et observé les alentours, laissa apparaître un cercle de flammes vertes autour d’elle.
‘‘Ouf… C’est quand-même mieux d’être dans sa forme naturelle.’’ Déclara à voix basse Chrysalis une fois sa transformation terminée, suivit de celle des autres changelins. ‘‘Content de tous vous retrouver mes petits changelins.’’ Leur dit-elle, du soulagement se faisant légèrement sentir dans sa voix. ‘‘Par contre comment tu as fait pour échapper à ce griffon cuisinier, Abdomen ?’’ Demanda-t-elle ensuite en se tournant vers l'intéressé.
‘‘Ce serait trop long à vous raconter ma reine, mais ne vous en faites pas, je ne lui ai pas laissé le temps de me faire quoi que ce soit.’’ Lui répondit calmement Abdomen. ‘‘Cependant, à défaut de pouvoir régler ce problème sans éveiller les gardes, il va falloir que je change de « maître » avant qu’il n’arrive à faire ce qu’il avait prévu pour moi.’’ Ajouta-t-il en baissant la tête, navré de poser un problème supplémentaire à sa souveraine.
‘‘Hum… Nous trouverons une solution.’’ Se contenta de répondre Chrysalis, voulant d’abord se concentrer sur l’objectif de leur mission. ‘‘Bon, pour l’instant, dites-moi si vous avez trouvé des indices sur l’endroit où se trouvent Twilight et Frons. Ils sont forcément vivants, vu qu’on n’a pas trouvé de traces de leur corps sur le lieu de l’attaque. Par ailleurs, j’ai entendu le minotaure qui m’a acheté… beurk, j’ai honte de dire un tel mot… parler avec un autre d’un procès concernant une alicorne et un poney. Il ne peut s’agir que d’eux.’’
Mais la seule réponse qu’elle eut à sa question fut une négation générale de la part de ses semblables, avant que l’un d’eux ne prenne la parole.
‘‘Pardonnez-moi ma reine, mais même si nous savions où ils sont, comment allons-nous pouvoir les faire sortir ? Nous sommes trop peu nombreux pour faire un sauvetage avec un passage en force.’’ Fit-il remarquer.
‘‘Hum… Tu n’as pas tord…’’ Concéda Chrysalis, pensive. ‘‘Nous devrions peut-être rester discrets et attendre d’abord où va conduire ce procès… Même si les chances sont minimes, ils pourraient peut-être avoir la vie sauve à son issue… Voire être conduits dans un lieu hors de cette ville.’’ Ajouta-t-elle, avant de lâcher un soupir. ‘‘Mais cela implique, et croyez-moi mes petits j’ai mal au cœur de dire ça, que nous devons continuer à vivre comme… des poneys domestiqués… Jusqu’à ce qu’on sache ce qu’il advient de nos amis, là on avisera de ce qu’on fera.’’ Termina-t-elle, faisant tilter certains changelings sur sa dernière phrase.
‘‘Excusez-moi ma reine, mais est-ce que vous considérez vraiment cette princesse comme une amie ? Je me permets de rappeler qu’on a perdu trois des nôtres par sa faute ?’’ Lui fit remarquer l’un d’eux, encore affecté par la perte des siens.
‘‘Aucun de nous ne pouvait prévoir cette embuscade… Et nous savions à quoi on s’exposait en la rejoignant.’’ Se justifia la changeline en fermant les yeux, tentant de chasser d’horribles images de son esprit. ‘‘Mais je m’excuse de ce malentendu, je ne voulais pas dire amie concernant Twilight. Ce n’est qu’une… partenaire... Mais une partenaire envers qui j’ai une dette de vie.’’ Poursuivit-elle ensuite en tournant la tête, sous le regard amusé de certains changelins, avant de remarquer ces regards sur elle. ‘‘Bref, passons. Donc on est d’accord. On continue notre dissimulation tout en continuant de chercher l’endroit où ces minotaures les retiennent, au cas où on devrait intervenir. Et comme convenu avant de se laisser faire prendre, on se retrouvera ici tous les soirs, pour être sûr que tout va bien pour chacun. Mais si jamais un grand danger se présente pour l’un de vous, alors transformez-vous et quittez la ville.’’
‘‘Entendu ma reine.’’ Répondirent presque simultanément les changelins.
‘‘Bien… Surtout soyez prudents mes enfants… nous sommes en territoire ennemi, et je ne veux pas en perdre d’autre parmi vous.’’ Conclut Chrysalis en cachant tant bien que mal son appréhension, laissant par la suite ses changelings repartir après qu’ils se soient transformés à nouveau en poney.
‘‘Et pour moi ma reine, que dois-je faire ?’’ Demanda Abdomen qui, bien que transformé, était resté auprès de la changeline.
‘‘Hum… J’ai peut-être une idée…’’ Répondit Chrysalis en regardant le changeling dans son camouflage, un sabot sur le menton. ‘‘Mais il va falloir que tu me fasse confiance Abdomen. Et surtout, que tu oublies un moment mon rang de reine. Viens avec moi, je t’expliquerai en route.’’ Ajouta-t-elle en reprenant aussi sa forme poney, indiquant aux deux changelings présents à l’écurie de partir sans elle, prenant une autre direction.
Surpris durant un bref instant, le changeling finit par rejoindre Chrysalis qui avait déjà entamé sa marche. Puis en se plaçant à ses côtés, alors que les nuages laissaient la lune éclairer la ville, il remarqua quelque chose sur la tête de sa souveraine.
‘‘Heu… Pardonnez-moi ma reine, mais qu’est-il arrivé à votre si belle crinière ?’’ Questionna-t-il avec hésitation, remarquant les crins raccourcis de Chrysalis.
‘‘Je préfère ne pas en parler.’’ Se contenta de répondre rapidement cette dernière en accélérant le pas, pendant qu’une autre question venait à l’esprit d’Abdomen.
‘‘Mais dites-moi, vous ne craignez pas pour notre maison ? Peut-être que Frons ou Twilight ont révélé le lieu de notre cachette.’’ Redemanda-t-il inquiet, pensant à tous ceux qu’il avait laissés là-bas.
‘‘Je ne pense pas qu’il faille s'inquiéter pour eux. Durant sept siècles, tes semblables se sont débrouillé sans moi pour ne pas se faire remarquer tout en survivant. De plus, jamais Frons ne trahirait sa propre famille et sa reine, et je ne pense pas que Twilight le ferait aussi. Même si ça pouvait lui sauver la vie, elle a trop de cœur pour le faire et ne pourrait ensuite vivre avec cela en mémoire.’’ S’expliqua calmement Chrysalis en marchant, vérifiant à chaque croisement que la voie était dégagée, avant de reprendre avec un petit air narquois accompagné de quelques petits gloussements. ‘‘Bien que dans le doute… Je l’ai amené à ce qu’elle laisse d’elle même son dragon Skype dans notre repaire, afin d’être sûre qu’elle ne nous trahisse pas. C’est aussi pour ça que j’ai accepté d’amener et de laisser son troupeau de poneys sauvages vivre dans la vallée, non par compassion pour elle, mais parce qu'elle n’osera pas les livrer aux minotaures. Tiens, maintenant que j’y pense… après son frère et elle… c’est à croire que sa famille est facilement influençable…’’
*****
Si toutes les maisons de la ville avaient leurs lumières éteintes, le palais lui, avait encore une lumière qui sortait depuis une fenêtre. Éclairé par la cheminée de la pièce et des chandeliers à son bureau, le Chancelier Kalt lisait avec attention un livre, prenant par moment des notes sur un papier. A côté de lui se trouvaient d’autres livres et des fiches de notes, toutes traitant du même sujet.
Depuis qu’il avait quitté la caserne, Kalt n’avait cessé de relire les livres de sa bibliothèque, étudiant avec attention tout ce qu’il était écrit sur l’histoire de Twilight et de Célestia. Car comme il se le disait par moment, afin de mieux combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître. Tel était l’objectif de ces lectures, pour être prêt le jour du procès et pouvoir intervenir si nécessaire en prenant la parole.
Par ailleurs, une autre pile se trouvait sur son bureau, constituée de lettres lui étant adressées et provenant des habitants de la ville. Si d’ordinaire, ce genre de courrier était réduit, depuis l’annonce de la présence de l’alicorne en ville ce matin, les lettres réclamant sa mise à mort pour la sécurité du pays avaient afflué. Mais d’autres réclamaient sa grâce, voir sa remise en liberté, au nom des principes de la République.
C’était d’ailleurs un autre problème se posant devant Kalt, qui était la désignation du juge devant gérer le procès. Car bien que des organismes de l’Etat étaient prévus pour ce genre de cas, la situation très exceptionnelle avait amené ces derniers à se tourner vers le Chancelier pour qu’il arbitre.
Une lourde tâche, tant la désignation de la personne pouvait être interprétée différemment selon les bords de chacun et provoquer des contestations.
Mais après avoir lâché un bâillement et estimant qu’il en avait assez fait pour ce soir, le Chancelier se leva et se dirigea vers le mur où était accrochée une carte. Celle-ci représentait le territoire de l’ancienne Équestria avec un trait de démarcation pour délimiter Minotauria du reste des terres devenues strictement sauvages, soit l’ensemble de la zone à l’Ouest de la capitale.
‘‘Je suis sûr qu’elle les a laissés quelque part par là…’’ Se disait-il à haute voix, observant un cercle rouge dessiné sur la carte. ‘‘Espérons que ces griffons auront autant de chance pour les trouver que pour cette alicorne. Et si c’est le cas, alors le sergent Soldier et les siens seront prêts à intervenir. Car bien que ce qu’il a fait à ces deux équidés me rebute, il n’en reste pas moins un soldat efficace, et le fait qu’il ait amené avec lui tous ceux connaissant la vraie nature du changeling accompagnant cette princesse, m’évite d’en informer le Sénat. Il faudra aussi que je pense à prendre réellement des directives concernant le retour de cet Empire de Cristal, sans pour autant éveiller les soupçons... Qui sait ce que serait la réaction du peuple s’il apprenait toute la vérité.’’
Puis ayant fini son monologue, comme il le faisait par moment pour réfléchir et se convaincre de la justesse de ses choix, Kalt se dirigea vers ses appartements privés, ayant besoin d’une nuit de sommeil réparateur.
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Finalement je l'aime bien ce chancelier et pour chrysalis bah... c'est pas une surprise, les réactions de la jument étaient trop civiliser pour passer inaperçu :p
Bon... Je crois avoir fait le tour... Ou pas ! On se revoit au prochain chapitre ;)
Mais si la vérité sur des siècles de mensonges à propos de Celestia éclatait, là les poneys n'y seraient pour rien entre guillemet et c'est le gouvernement qui prendrait. Quand le scandale de l'irangate a éclaté, c'est pas iraniens que les américains ont honnis mais leur président, Nixon, qui leur avait mentis.
Quand à Sunset ou Starglimmer je les vois bien jouer à la dégonfle à propos de cette histoire de changelin avec le chancelier, après c'est mon opinion.
Mais je ne pense pas qu'on puisse dire que Twilight a un moyen de pression sur le chancelier, car comme ce dernier la fait remarquer, si la vérité venait à éclater sur les changelings ou Célestia, les poneys sauvages seront les premières victimes des habitants atteint par la paranoia, donc il n'y a aucun intérêt pour Twilight à tout révéler, de même je ne crois pas que Sunset ou Starlight le ferait aussi.
Pour la langue, on a pu remarquer avec les flash back de Twilight dans le début de la S4 et les histoires sur les compagnions de Starwirl dans la S7, que la langue n'a pas changé en mile ans.
Sinon merci de ton com et de voir que ça te plaît toujours :)
Autre point, le chancelier sous des dehors de pro de la politique laisse de large ouverture, annoncer ainsi à sa prisonnière qu'elle va avoir un projet publique et dans la même conversation lui faire part de sa crainte de la panique à propos des changelin ou le fait que Célestia est toujours vivante et prisonnière, c'est donner à sa captive des moyens de chantage et de pression bien facile. Elle peu à présent menacer de révéler au publique ses petits secrets. C'est pas très adroit de sa part.
Alors certes Twilight ne le fera jamais mais le sait-il? En tout cas Sunset ou Stralight Glimmer n'auraient pas hésité, enfin je pense.
Bref je trouve le chancelier trop "gentil" pour le vieux briscard de la politique qu'il est censé être.
Sinon toujours aussi sympa à lire.
mode Martin Luther King et en mode Malcom X.
Pour Chrysalis, j'avais vu juste! Nyaha! (Et j'ai encore trouvé la réf à Spirit, vraiment trop facile ^^)
Enfin, j'adore le fait que, finalement, Chrysalis ai pas changé, même si elle est nettement plus sympa mais bon, je l'adore comme ça, en moitié sympa, moitié méchante x)
Hâte de voir la suite :3