Je me souviens

Je me souviens

Les forêts ténébreuses masquant les collines,

L’arche éternelle des nuages gris,

Les eaux des lacs et des rivières troublées par la pluie,

Et les vents froids balayant la toundra gelée.

Au cœur de cette terre livrée aux caprices de l’hiver,

Au-delà des pics déchiquetés, blanchis par la neige,

S’étendait la citée aux tours luisantes et aux flèches scintillantes,

Véritables joyaux de beautés et de joies,

Au cœur de cette terre de ténèbres et de pierres acérées.

On l’appelait l’Empire de Cristal, ville de sagesse, de culture et de savoir,

Ilot de civilisation au milieu d’un océan de barbarie,

Un peuple de protecteurs et de bâtisseurs,

Un esprit de foi, d’amour et de bonté,

Et un monarque forgé dans le feu de la justice et l’acier de la vaillance.

C’était en des temps et des lieux si reculés,

J’ai oublié la saveur du bon pain et du bon vin,

La chaleur d’une amante et l’amour d’un fils sont comme un songe,

Les délices de la cour et des fêtes ne sont que chimères,

La fierté et le bonheur ont quittés mon cœur.

Je me rappelle des bannières noires, bleues et blanches claquants sous la pluie,

Le son des cris des vainqueurs mêlés aux râles des mourants,

Le choc de la lance contre le bouclier et la douleur de l’épée contre la chair,

La vision des cadavres empilés,

Le sang dans la bouche,

Et l’odeur de la mort.

Oh, sur mon âme, née dans ces contrées obscures du Nord,

A la mémoire de ceux que je chérissais,

Par mon nom traîné dans la boue et l’infamie,

Je galoperai jusqu’au Sud Exotique,

A l’Orient Mystérieux,

Ainsi qu’à l’Occident Fabuleux,

Tant que je porterai la cape pourpre sur mes épaules.

Pour briser le tourment de la vengeance qui me ronge.