Ma chère Woona
Enfin… peut-être que tu ne souhaites plus que je t’appelle ainsi, depuis les récents évènements. Mais je préfère te rappeler à l’esprit ce surnom d’affection que je t’ai toujours donné, en mémoire de toutes ces années où nous étions un seul et même esprit.
Mais s’il-te-plait, ne jette pas cette lettre à la corbeille, puisque rien que par le surnom tu as sûrement compris qui t’a envoyé ce message. Si tu crois que je te parle pour t’inciter à répéter ce que tu pourrais qualifier d’erreur ; au contraire, je t’écris un message de paix, un rappel à l’unité que nous fûmes jadis. Oui, un rappel, car je crains qu’avec toute l’hostilité que tu as menée à mon égard depuis ton retour à Equestria, tu aies totalement oublié qui je suis, et qui tu es réellement.
Non Woona, je ne te reconnais plus. J’ai l’impression que les éléments d’Harmonie ont complètement chamboulé ton esprit. Tu ne cesses de dire que tu ne veux plus être moi. Tu ne cesses de chercher à te repentir auprès des équestriens, tout comme tu cherches à te repentir envers toi-même, par amour pour notre sœur. J’ignore ce qu’il s’est passé exactement quand l’arc-en-ciel de l’Amitié nous a frappées, mais tu as changé. Tu réclames la rédemption pour avoir tiré l’épée avec désespoir. Non Woona, là, j'ai vraiment du mal à te reconnaître. Ce n’est pourtant pas dans ton habitude de t’expier d’un acte qui, à la base, prenait sa source dans une soif de justice mêlée au désespoir. J’espère que tu n’as pas oublié la véritable raison de cette guerre avec notre sœur. Aujourd’hui, tu le vois comme une pure bêtise originaire de caprices puériles et de jalousies immatures. Après, tu as raison. Il est juste de dire que tu as toujours gardé une âme d’enfant… avec ses qualités et ses défauts.
Mais je te rappelle que tu as aussi tort en partie sur ce point. Nous avions raison de réclamer notre salaire. Et tu sais très bien que l’ingratitude est l’un des vices que nous avons toujours le plus haïs. Nous reprochions au peuple d’Equestria de n’avoir jamais fait preuve de reconnaissance pour ce que nous faisions pour eux. Tandis que notre sœur s’occupait uniquement des tâches géopolitiques ; nous, nous gardions les rêves de nos sujets. Nous affrontions les cauchemars et les ténèbres qui assaillaient nos chers poneys. ‘Tia avait le soutien moral des équestriens, c’est-à-dire leur amour. Mais nous ? On avait quoi ? Tu sais aussi bien que moi que rester inflexible face aux ténèbres, telle une muraille d’enceinte, nécessite un certain prix, et un prix très élevé. On le faisait par amour pour eux, et pourtant, eux, ne nous le renvoyaient pas. Nous étions l’ombre de ‘Tia et sa lumière solaire les aveuglait à un tel point qu’ils oubliaient très vite par la suite tout nos sacrifices. Nous ne souriions plus et il m’avait semblé qu’au fil des années, tu sombrais dans le désarroi. Tu tombais en dépression, tu devenais malheureuse. Même ma compagnie paraissait de plus en plus invisible, et tu perdais petit à petit cette imperméabilité à cette solitude glaciale dans la compréhension des beautés et des valeurs de nos nuits.
C’est fou. À une certaine époque, tu étais rayonnante et plus le temps passait, plus une maladie de l’esprit semblait avoir contaminé ton cœur. Tu avais cessé de sourire.
Tu sais… avec tes yeux de maintenant cela pourrait te surprendre mais… j’ai toujours aimé tes sourires. Je les trouvais simples, naturels, pleines de richesses, pleines de sérénités… tu es si belle quand tu souris Woona. J’ai toujours trouvé tes sourires attirants, comme une lueur dans le noir attirant les papillons de nuit. Tu m’avais toujours paru comme une enfant. Dans les premières années de notre vie nous étions toutes deux des enfants mais en grandissant, il m’avait semblé que tu ne grandissais pas, contrairement à moi. Je t’ai toujours aimée comme toi tu m’avais toujours aimée. Avec le temps, mon amour pour toi était devenu plus fort, et atteignait des proportions à la fois maternelles et passionnelles. Comme je le disais, j’aime te voir sourire. Et ça me fait mal de te voir malheureuse et de pleurer de douleur. Alors quand je t’ai vue dépérir pour la première fois… j’étais inquiète. Quand nous discutions ensemble dans tes rêves, tu disais que tu n’en pouvais plus, que t’en avais assez de rester debout face au noir de façon complètement gratuite… sans recevoir d’amour en retour de ceux qu’on protège. Moi je savais, et toi aussi tu savais que celui, ou disons plutôt celle, qui nous faisait de l’ombre, était ‘Tia. Nous savions que si elle n’était pas là, si elle n’existait pas, jamais nos maux n’auraient atteint pareilles hauteurs.
Mais nous aimions notre sœur. Alors nous refusions de nous en prendre à elle pour notre propre intérêt. En soit, je pouvais le comprendre mais en attendant, la maladie du désespoir continuait à te gangréner le cœur jusqu’à atteindre une gravité alarmante. De nombreuses décennies s'étaient écoulées de cette manière. J’avais finis par détester ta sœur, à force de te regarder souffrir sans que je ne puisse rien faire. Et pourtant, tout comme toi, je l’aimais comme une sœur. Mais moi aussi je commençais à en être lassée de cette situation. Je n’en pouvais plus de te regarder gémir en silence dans ta douleur tandis qu’un certain – ou disons plutôt qu’une certaine – ne se décidait pas à prendre véritablement conscience que sa petite sœur pleurait dans sa chambre. À mes yeux, au départ, ‘Tia me paraissait seulement comme un énorme tournesol qui faisait trop d’ombre. Mais au fil du temps, je l’avais considérée comme un ennemi à abattre.
Il en était maintenant à ton tour de te courroucer. Et en espérant voir ta maladie enfin disparaître, je t’avais alors proposé de la supplanter. Mais tu aimais trop ‘Tia. Tu n’avais jamais pleinement réussi à accepter mon désir de te revoir sourire à nouveau. Du coup, quand ton malheureux cœur, totalement meurtri par la jalousie fut sur le point d’expirer…J’avais hurlé « QUE CELA CESSE ! »
Et même si tu ne voulais pas que je fasse de mal à ‘Tia, je l’avais fait à ton encontre. Je crois d’ailleurs que c’était la seule et première fois que j’avais agi contre ta volonté. Mais à mes yeux, tu étais une pouliche incapable de la moindre décision ; la preuve, tu n’avais jamais essayé de sortir de ce siphon par toi-même.
Woona… je suis vraiment désolée. Mais cela en dépendait de ta santé spirituelle. T’allais mourir de chagrin, mourir de soif. Nous allions mourir toutes les deux et ce de la façon la plus misérable qui soit. Il était hors de question que je laisse passer cet outrage. Il fallait que je la détruise pour que tout cela cesse. Je t’aime trop pour te laisser mourir dans le chagrin sans m’être battue pour que cela n’arrive pas.
Je l’ai fait parce que je t’aime. Je t’aime au-delà de tout Woona. Pour toi, j’irai jusqu’à renverser des montagnes, vaincre des armées, détruire des villes, massacrer des populations entières, sacrifier ma vie ! Et même si j’aime ‘Tia, je n’avais plus confiance en elle. Je la méprisais au plus haut point. L’amour qu’elle nous donnait était purement fantoche. Son amour pour toi, comparé au mien, ne valait absolument rien. Elle chérit d’avantage son peuple que toi. Si elle devait faire un choix entre laisser mourir toi ou Equestria, je n’en serais pas étonnée qu’elle choisisse d’immoler sa sœur pour la prospérité de son peuple. Non… elle n’était digne d’aucune confiance. Elle était aussi virulente que le chagrin qui te harcelait. Et elle en était la racine même. Il fallait que je la détruise.
Comprends-tu ? Je l’ai fait pour te protéger. Alors Woona, je t’en prie, comprends-le. Je crois que tu es encore un peu trop verglacée pour que j’aille jusqu’à une demande de pardon. Alors je te demande uniquement de comprendre.
Et maintenant, je te demande, est-ce que tu te souviens de moi Woona ? Tu sais que je n’ai pas toujours été ainsi. Et je sais, tout comme toi tu le sais, que tu ne pourras jamais te débarrasser de moi. Après tout, nous sommes une. Tu es moi tout comme moi je suis toi. Si tu n’arrives pas à te pardonner, c’est parce que tu n’arrives pas à me pardonner. Et tant que tu me détesteras, tu te détesteras toi-même. En disant que tu ne veux plus jamais devenir moi, tu refuses d’être toi-même. Je te rappelle que nous avons fait ça pour survivre. En quoi est-ce mal de chercher à survivre ?
Et toi, à force de te culpabiliser, tu as créé cette… chose. Cette chose que tu as baptisée le Tantabus.
Woona… vraiment je ne te comprends pas. Je ne te reconnais plus. C’est ça le résultat des éléments ? Dis que je mens si ça te chante mais les éléments de l’équilibre ont eu un effet très néfaste sur nous. Ce qu’ils ont fait ? Ils nous ont déchirées en deux, tout simplement. Je ne suis plus unie à toi et toi tu n’es plus unie à moi. Sûrement l’ont-ils fait pour éviter un incident du même type qu’il y a mille ans, je ne sais pas. Mais sans moi, tu ne te souviendras jamais du pourquoi du comment, et tu continueras à te culpabiliser, à te haïr, à te rejeter. Et la création du Tantabus est probablement la plus grande sottise que tu n’aies jamais réalisée de ton vivant. Tu crois que c’est avec ce parasite dévorant tes rêves pour les transformer en cauchemar que tu vas trouver la paix ? Non Woona ! Ça va empirer, au contraire ! Tu ne fais que remuer le couteau dans la plaie ! Tu ne fais que l’infecter d’avantage ! Cela ne te mènera qu’à ta propre destruction ! Si seulement j’étais encore là près de toi, tu te serais souvenue pourquoi on avait fait tous ça, et alors tu aurais réussi à te pardonner et je t’aurais conseillé de ne pas créer ce nuisible. Mais au lieu de ça…
Woona… je pleure notre séparation brutale. Je rêve, je souhaite si tant qu’un jour on soit de nouveau unie. Alors s’il-te-plait, pardonne-moi, pardonne-toi. Cesse de me rejeter, cesse de te rejeter. Cesse de me haïr, cesse de te haïr. Tu n’as plus aucune raison de me craindre. Je te vois sourire – du moins un peu - après tout, même si ça me blesse que tu ne souries pas grâce à moi. Oui, ça me blesse de voir que tu souris mais pas à cause du sacrifice que j’avais fait pour toi ; et plutôt à cause de ces éléments pourtant responsables de notre déchirement.
Je veux pouvoir te câliner et te chérir comme par le passé ; pouvoir contempler et caresser tes sourires ; te couvrir de baisers ; te parler dans la plus grande des paix et des harmonies. S’il-te-plait Woona, ressoudons l’anneau qui nous unissait, soyons androgyne de nouveau. Tu me manques tellement. Je me sens si seule là où je suis. Ça fait tellement mal… J’ai tellement soif de toi…
Je souhaite que nous tournions la page. Mais ça, tu ne le feras probablement jamais. Tu ne m’accepteras plus parce que… les éléments t’ont entièrement transformée. Tu ne te rappelleras jamais pourquoi j’avais fait tous ça. Je suis destinée à être seule désormais alors que… je n’ai fait que t’aimer.
Je sais, je l’ai déjà répété plusieurs fois mais je me répète encore: Woona, je ne te reconnais plus. Qu’est-ce que les éléments t’ont fait pour que tu me détestes autant ? Si seulement tu te souvenais. Eléments… rendez-moi ma Woona…
Woona, - ou peut-être que maintenant devrais-je plutôt t’appeler Luna ? – je t’écris cette lettre en espérant que tu te souviennes un jour pourquoi j’ai fait tous ça. J’ai écrit cela dans l’espoir que la mémoire te revienne. Dans l’espoir qu’un jour, nous soyons de nouveau réunies.
Je t'en pris Woona… ne m’abandonne pas.
Ta chère et tendre moitié,
Nighty ;
Ou plus tristement appelée,
Nightmare Moon.
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Ouai je sais. Merci! :)
Si tu te sens flatté à 4, donne toi une tape dans le dos comme Rainbow Dash a fait dans l'épisode "A Mare Do Well" parce que je l'ai rajouté moi aussi dans mes favoris. ^^
Mais bon. Je ne m'attendais pas à ce que mon opinion sur elle puissent intéresser autant de monde. (après tout, 4 au compteur des coups de coeur, je ne m'y attendais absolument pas. Je croyais 1, ou juste 2, mais là, je me sens flatté.)
J'ai trouver ton One Shot très touchant (et triste).
5 étoiles, tu m'a émue.