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Doctor Whooves

Une fiction écrite par MisterX.

Saison 1 Episode 7 : Possession partie 2

Précédemment, dans Doctor Whooves :

Le Docteur a emmené Applejack, Rarity et Rainbow Dash, dans un voyage à travers le temps.

« Nous sommes en Arabie Sellouite, aux alentours de… l'an 635 du règne de Celestia… normalement. »

Charmés par l'ambiance du marché, le quatuor a décidé de faire du tourisme, inconscient de ce qui allait bientôt arriver.

« Il était vêtu de blanc, la tête couverte par un chèche rouge sang, qui lui couvrait le visage, ne laissant paraître que ses yeux dorés. Le poney contourna un étalage, et pénétra dans une autre impasse, où il retrouva cinq autre poneys. Quatre étaient vêtus exactement de la même manière, le dernier était entièrement rouge.

- Tu es en retard, gronda ce dernier, le fixant sévèrement de ses deux yeux verts.

- Toutes mes plus plates excuses, patient seigneur. Le marché est plus agité qu'à l'ordinaire aujourd'hui.

- Peu importe. Tout le monde est en place ?

- Ils n'attendent plus que votre signal, seigneur. Nous sommes tous prêts.

- Bien, les choses se déroulent comme prévu. Préparez-vous. A midi, le Calife passera dans la rue principale. Alors, nous attaquerons. »

C'est ce qui arriva : alors qu'un cortège escortait le Calife au palais du Sultan de la ville, le groupe de poneys masqués lança l'assaut. Le Docteur, témoins de la scène, compris tout-de-suite que quelque chose n'allait pas.

« Ces rayons ne sont pas d'origine magique. Ce sont des tirs de plasma ! Ce genre de technologie ne devrait pas se trouver ici ! »

N'écoutant que leur courage, les voyageurs du temps ont décidé d'intervenir pour empêcher l'attaque d'être menée à bien. Une démonstration de force et d'adresse de Rainbow Dash permit de renverser la situation, sauvant ainsi le Calife.

« - Vous les connaissez ?

- Non. Mais on se fait inévitablement des ennemis en étant Calife. Ils seront jugés sans tarder.

- Ça, j'en doute ! S'écria le plus proche.

Il releva sa manche, dévoilant différents dispositifs cachés, et appuya sur un des boutons qui s'y trouvait. Ses compagnons l'imitèrent, avant même que les gardes ne puissent réagir.

- Non !

Il y eu un flash lumineux, puis le son d'une déflagration. A la seconde suivante, les poneys masqués avaient tous disparus. »

Les assaillants se sont enfuis en utilisant une téléportation courte portée. Mais cela n’a pas empêché pas le Calife de manifester sa gratitude.

« Que diriez vous de profiter quelque temps du palais et de mes serviteurs ? Je pense que le sultan n'en sera pas offusqué. »

Ils ont volontiers accepté l'invitation. Le Sultan n’appréciait visiblement pas le Calife, mais il respecta les directives de ce dernier. En se promenant dans le palais, Applejack et Rarity ont rencontré par hasard le harem du Calife, qui avait fait le déplacement avec lui.

« - Au fait, comment est-ce que vous vous appelez ?

- Applejack. Et elle, c'est Rarity.

- On peut dire que vous avez des noms peu courants. Moi, c'est Najma. Et voici Aniqa, Raqisa, Tarmina et Qithara. »

Au même moment, les poneys masqués tentaient une nouvelle attaque, cette fois cherchant à s'infiltrer dans le palais.

« Les deux groupes se séparèrent, prenant chacun une direction différente. Aucun d'eux ne savait où il allait, mais tous s'aventurèrent dans les entrailles du palais, prêt à en découdre si les choses tournaient mal. Du moins, pour la plupart. »

L'un des deux groupes a retrouvé le Docteur, en compagnie du Calife. Mais s'est fait repérer avant de pouvoir passer à l'action. Le second groupe avait retrouvé Applejack et Rarity, mais l'alarme donnée, ils se sont à leur tour fait pourchasser par les gardes. Dans un ultime geste de défense, le plus jeune, un novice, a pris la favorite du Calife, Jamila, en otage.

« - Que personne ne bouge ou je la découpe en petits morceaux ! Cria-t-il, se voulant menaçant.

Tous marquèrent un temps d'hésitation. Était-il sérieux ? Avec le morceau de tissu qui lui couvrait le visage, impossible de voir son expression complète. Ses complices marquèrent également un temps d’arrêt, étonnés. Mais ils revinrent rapidement à la réalité. Oui, le novice avait réussit à capturer un otage, mais comment s'enfuir avec ? Elle les ralentirait forcément. Non, ce n'était vraiment pas une bonne idée. »

***

Doctor

Whooves

Possession

Partie 2

***

- Ne les écoutez pas ! Arrêtez-les ! Cria désespérément la jument captive.

- Toi, tu te tais !

Dans le couloir, plusieurs gardes cherchèrent à approcher. Les attaquants, eux, reculaient à petit pas. Applejack, Rarity et les autres juments du harem du Calife, qui s'étaient approchées de la porte menant aux chambres, étaient figées, Ne sachant pas quoi faire pour aider la malheureuse. Un des gardes s'avança. Lui, semblait savoir ce qu'il faisait.

- Inutile de vous fatiguer, dit-il. Quoi que vous fassiez, vous ne ressortirez jamais de ce palais.

- Vous voulez vraiment prendre le risque ?

Le novice pressa un peu plus sa lame contre le cou de la jument pour appuyer ses dires. Chacun s'immobilisa, défiant le groupe adverse du regard. Pétrifié par la peur, la captive n'arrivait plus à articuler quoi que ce soit. La situation dans ce couloir était comparable à une cocote minute, prête à exploser à la moindre faiblesse. Mais personne ne semblait vouloir être le premier à en manifester une.

***

Au même moment, l'autre groupe d'assaillant se jetait d'une fenêtre au premier étage pour aller retomber dans les fourrés du jardin du palais. L’atterrissage était rude pour les terrestres, mais pas assez pour les arrêter. Ils reprirent leur fuite, galopant à travers la jungle artificielle qui entourait la demeure du sultan, espérant que leurs complices arrivent à faire de même. Derrière eux, les gardes continuaient de les poursuivre, ceux du rez-de-chaussée prenant le relais de ceux de l'étage. Mais si leurs poursuivants peinaient à progresser dans la végétation dense, eux, la traversaient tel des félins, forçant l’allure pour rejoindre le mur défensif.

Les soldats, cependant, n'étaient pas décidés à les laisser s'échapper. Du bâtiment principal, le son d'un cor retentit. Un signal d'alarme. Les gardes du mur savaient à présent qu'ils allaient recevoir de la visite.

Ils ne passeront pas.

Les assaillants atteignirent le mur, mais des dizaines de gardes chevaux s'étaient déjà massés dessus. Prudents, les poneys masqués préférèrent s’arrêter, et s'abriter dans un bosquet, pour contempler le dangereux manège.

- Ils nous bloquent le passage, souffla le seul pégase du groupe. Je ne pourrais pas tous vous porter de l'autre côté. Pas en un seul voyage. Et chaque passage sera une chance de plus de se faire prendre.

- Alors on est coincé, compris le leader. On ne peut pas utiliser la téléportation d'ici. Il n'y a pas d'autres moyens de sortir.

- Sauf peut-être en détruisant le mur, intervint un des deux terrestres.

Tous se tournèrent dans sa direction, lui jetant un regard interrogateur. Lui, regardait le bracelet qu'il avait au sabot.

- Je vais le faire.

- Tu veux vraiment ? L'interrogea le pégase.

- C'est son choix, répondit le leader. Tu te sens prêt pour ça ?

- Oui. Allez vous mettre à couvert. Et ne sortez qu'une fois que ce sera fait.

Ils obéirent. Le groupe lui jeta un dernier regard, avant de s'éloigner dans les broussailles. Lui, sans hésitation, partit au galop en direction de la fortification. Il surgit dans une allée du jardin, juste sous les yeux des soldats.

- Hey ! Toi ! Arrête !

Le terrestre ignora leurs avertissements et continua sur sa route. En quelques instants, il avait atteint le pied du mur. Les gardes se massaient au-dessus de lui, et commençaient à l'encercler au sol.

- Fait pas l'idiot ! Rends-toi sans faire d'histoire !

Aucune réaction. Avec un calme surprenant, le terrestre tira sur sa manche, dévoilant le bracelet qu'il colla contre le mur. Il ouvrit un clapet de protection, qui couvrait un levier…

- J'ai dit rends-toi sans faire d'histoire !

Les soldats se rapprochèrent encore. Le terrestre déclencha le levier.

***

KABOUM !

Dans le couloir, le groupe de soldats se retourna vivement, surpris par la détonation. Juste la distraction dont avaient besoin les trois étalons masqués face à eux. Le licorne fut le premier à réagir. D'une puissante poussée magique, il repoussa les poneys autour d'eux. L'ensemble fit un bond de plusieurs mètres en arrière avant de retomber les uns sur les autres. Le licorne n'attendit pas davantage. Il attrapa Jamila par magie, et l'arracha de l'étreinte de Mudhean.

- Venez ! Il est temps de partir !

Les deux acolytes approuvèrent la décision. Ils firent volte face, et s'enfuirent au galop dans le couloir. Avec un peu de chance, l'explosion attirerait assez longtemps l'attention des gardes pour leur permettre de franchir les fortifications.

***

Trois silhouettes traversèrent les décombres pour aller s'abriter dans les ombres de la ville. L'explosion avait emporté un énorme pan de mur, avec tous les soldats qui s'étaient trouvés à proximité. Là où se dressait une solide fortification, il ne restait plus qu'un amas de cendres et de gravats. Et autour, les restes calcinés des plantes et autres matières biologiques, qui vivaient encore quelques minutes auparavant.

Il ne fallut pas longtemps pour voir arriver les premiers témoins à la scène. Rainbow Dash se posa en catastrophe à proximité, contemplant avec horreur le désastre qui se trouvait sous ses yeux.

La zone avait entièrement été ravagée.

Et elle n'avait rien pu faire pour empêcher cela.

En planant au-dessus du jardin luxuriant, elle avait essayé de suivre le mouvement des gardes, pour comprendre d'où venait cette étrange agitation. Elle n'avait pas vu arriver l'explosion. Le souffle l'avait déstabilisée, et manqué de la faire s'écraser au sol. Le temps qu'elle reprenne ses esprits, et il était déjà trop tard.

De nombreux soldats gisaient encore à terre, parmi les gravats, blessés, inconscient, ou pire. Rainbow Dash regarda autour d'elle, et se dirigea vers un cheval, tombé à proximité. Il était couvert de poussière, mais ne présentait pas de blessures visibles. Il respirait difficilement, relevant péniblement la tête à l'approche de la jument.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda rapidement la pégase en s'agenouillant près de lui.

- Ils… Ils étaient quatre. Trois sont sortis, le quatrième a fait ça…

- Où est-il ?

- Disparu avec le mur… Il s'est lui-même réduit en cendres…

Des kamikazes. Ils avaient affaire à une bande de kamikazes. Des fous dangereux avec des bombes surpuissantes, sans doute le plus dangereux type de terroriste connu. Plus loin sur le chemin, d'autres soldats accouraient pour sécuriser la zone. Rainbow Dash se tourna dans leur direction.

- Venez vite ! Il y a des blessés !

***

- Comment cela a-t-il pu se produire ?!

- Nous n'en savons rien Sultan. Mais ils s'en sont pris à nos gardes, les uns après les autres. Aucun d'eux n'avait l'air de l'avoir vu venir. Il semble que leurs assassins soient entrés par la porte ouest…

- Quelle importance qu'ils aient choisi la porte ouest ? Ils ont réussi à pénétrer dans l’enceinte du palais et à se rapprocher de moi et du Calife. C'est intolérable !

Le Sultan s’emporta alors que ses soldats lui faisaient un rapport de la situation. Il s'était levé de ses énormes coussins qui lui servaient de trône pour se rapprocher d'eux. Le Calife, aussi concerné par la situation, se tenait à sa droite. Le Docteur, Applejack, Rarity et Rainbow Dash, également présents, se tenaient sur sa gauche. Les trois juments, si elles s'étaient découvertes la tête, n'avaient toujours pas quitté leur tenue depuis la veille, où ils étaient arrivés. La pièce était assez spacieuse, décorée par un carrelage somptueux et de grandes colonnes blanches et or qui encadraient l'allée centrale, où se trouvaient alors le capitaine de la garde et trois de ses subordonnés. Le capitaine était un cheval, un étalon d'un orange particulièrement prononcé, la crinière dissimulée dans son turban, le reste du corps couvert par sa tenue de garde. Debout, il aurait pu faire deux fois la taille du Sultan. Mais il était à ce moment-là agenouillé, tentant, sans y arriver, de s'expliquer auprès de son seigneur et maître.

- Sultan, si je puis me permettre, nous manquions d'effectif afin de couvrir tout le jardin…

- Qu'essayez vous d'insinuer ? Que vous n'étiez pas capables de vous en occuper alors que vous étiez déjà cent cinquante en service ?

- Cent cinquante, c'est trop peu pour un palais comme le vôtre, fit remarquer amèrement le Calife. Vous auriez dû en recruter cinquante de plus. Vous avez les moyens pour.

- Sauf votre respect, Calife, l'argent qui se trouve dans mes caisses est utilisé de manière la plus judicieuse qui soit. Mes autres dépenses ne me permettaient pas d'en engager davantage.

- Oui, comme celles pour te remplir la panse, marmonna Rainbow Dash.

- Rainbow…

Le Docteur lui jeta un regard désapprobateur. Ce n'était pas le moment d'insulter le maître des lieux, même si c'était probablement assez proche de la vérité. Le Sultan se tourna vers la pégase cyan, peu sûr de ce qu'il venait d'entendre, mais certain que c'était une insulte.

- Qu'est-ce que tu viens de dire, jument ?

- J'ai un nom ! Je m'appel Rainbow Dash !

- Eh bien, Rainbow Dash, tu apprendras que…

- … Qu'elle ne vous doit rien n’étant pas à votre service, l'interrompit le Calife. Sultan, laissez Rainbow Dash en paix. La priorité, c'est de retrouver ces poneys, et de libérer leur otage, Jamila.

- Calife, ce n'est qu'une simple jument parmi les quinze de votre harem…

- Je vous interdis de la qualifier de simple jument !

La tension était en train de monter à une vitesse vertigineuse. Déjà, Le Calife semblait furieux contre le Sultan, qui, lui, détestait visiblement qu'on lui parle de cette manière. S'ils continuaient comme ça, ils ne tarderaient sûrement pas à vouloir en venir aux sabots. Le Docteur essaya d'intervenir.

- Stop ! On arrête tout !

- Soit, mais je doute que vous ne la revoyez un jour. Reprit le Sultan sans prêter attention à l'étalon marron.

- Expliquez-vous, demanda le Calife.

- Si vous les attaquez, ils la tueront. Si vous tentez de la secourir, si vous refusez de vous plier à leurs directives, ils la tueront, voir la tortureront. Et ne comptez pas sur eux pour vous la restituer. Ils ont emporté cinquante de mes gardes, le tiers de ceux qui étaient postés dans mon palais. Vous savez qu'ils en sont capables.

- Et vous voudriez que je l'abandonne à son sort ?

- Elle est perdue, quoi qu'il arrive. Tout ce que vous pouvez encore faire, c'est en acheter une autre…

- Jamila n'est pas une jument qu'on remplace ! S'emporta à nouveau le Calife. Ni aucune autre !

- METTEZ TOUS UN SABOT SUR LA BOUCHE !

Tous se tournèrent vers le Docteur, intrigués. Ce dernier avait placé son sabot sur ses lèvres fermées, les invitant d'un regard à l'imiter. Les poneys et chevaux présents se regardèrent, sans comprendre. Applejack dévisagea le Seigneur du Temps. Si elle lui reprochait beaucoup les risques auxquels il les avait exposés, elle ne pouvait pas nier la sagesse du Docteur. Ils étaient tous extrêmement tendus, et un peu de silence serait bien utile pour clarifier les choses. Elle se mit à son tour un sabot sur la bouche. Rarity ne comprenait pas vraiment l'utilité de ce geste, mais voyant la fermière s'exécuter, elle se décida à l'imiter. Rainbow Dash était beaucoup plus réticente. L'envie de remettre le Sultan à sa place était puissante, mais le Seigneur du Temps semblait avoir une idée derrière la tête. Elle s'exécuta donc à son tour. Le suivant à obéir fut le Calife. Quelque-soit ce que le Docteur essayait de faire, il préférait éviter de prolonger la dispute. Le capitaine de la garde obéit à son tour… Mais marqua un temps d'hésitation quand le Sultan le foudroya du regard. Le Calife lui jeta un regard insistant. Ce n'était pas le moment de laisser son orgueil le guider. Frustré, le Sultan finit par obéir. Le voyant faire, les gardes firent de même. La salle était maintenant complètement silencieuse. Ils pouvaient reprendre. Le Docteur retira son sabot et le leva, signalant qu'il avait quelque chose à dire, avant de s'exprimer :

- Résumons : Hier, des poneys masqués ont tenté de vous capturer, mais ont échoués grâce à notre intervention. Cette nuit, ils ont essayé de renouveler l'expérience, et l'un d'eux n'a pas hésité pas à se faire exploser pour vous empêcher de retrouver ses complices. Non seulement ils sont bien équipés, mais ils sont aussi obstinés. Ils sont probablement convaincus d'agir pour quelque chose… Quelque chose qui doit les dépasser complètement… Je crois que je commence à comprendre. Leurs équipements sont extra terrestres. Ils obéissent probablement à celui ou ceux qui le leur ont fournis. Et qui ou quoi que ce soit, il semble beaucoup s'intéresser à vous Calife. La véritable question est pourquoi ?

- Et où est-ce qu'ils se cachent, Ajouta rapidement Rainbow Dash.

Tous se tournèrent vers la pégase cyan, qui remit rapidement un sabot devant sa bouche. Trop spontanée, elle n'avait pas pu s’empêcher de rajouter un commentaire. Il fallait cependant admettre qu'elle avait raison. Le Docteur approuva d'un signe de tête, permettant à la jument de se détendre. A proximité, Rarity leva à son tour le sabot pour s'exprimer. Le Seigneur du Temps l'y invita d'un mouvement.

- Personnellement, je ne vois que trois raisons possibles. Soit ils veulent lui soutirer des informations, soit ils veulent demander une rançon en échange, soit encore ils veulent simplement un moyen de pression politique.

- Pour ma part, je ne vois pas quel genre d'information ils pourraient bien vouloir, dit alors le Calife. Et je ne vois pas non plus quel genre de rançon ils pourraient demander. Je ne pense pas qu'un être venu d'un autre monde soit intéressé par de l'argent.

- Vous devez avoir raison, approuva le Docteur.

- C'est bien ce que je disais au départ, commenta le Sultan. Un groupe d'anarchiste qui cherche à s'approprier le pouvoir du Calife. Il y en a toujours eu, et il y en aura toujours.

- Je ne pense pas que ce soit aussi simple.

- Dites… Excusez-moi, mais est-ce qu'on pourrait revenir au problème principal ? Intervint alors Rainbow Dash. Ils se cachent quelque part en ville, et ils ont un otage. On devrait peut-être commencer par les chercher et lancer une mission de sauvetage, non ?

- Je l'ai déjà dit, essayer de la sauver ne servirait à rien, repris le Sultan. Le mieux serait simplement de lancer des recherches pour trouver leur repère et les capturer, avant qu'ils ne fassent plus de dégâts.

- Donc pour vous, Jamila est déjà morte, compris Rarity.

- Ça doit être dur à admettre pour vous, mais oui. Elle n'est importante ni pour eux, ni pour l’Arabie.

- Elle l'est pour moi, murmura le Calife.

- Sauf le respect que je vous dois, Calife, je vous trouve bien trop sentimental.

L'étalon ouvrit la bouche pour répliquer, mais ne trouva rien à opposer aux arguments du poney enveloppé qui se tenait face à lui. Il soupira et détourna le regard, vaincu.

- Bon, alors nous sommes décidés, comprit le Sultan. Je vais faire recruter de nouveaux gardes et…

- Vous ne savez pas à quoi vous allez vous attaquer, intervint le Docteur. Un bataillon armé ne sera peut-être pas suffisant. Et s’ils utilisent d'autres bombes, les dégâts pourraient être considérables. Les attaquer de front pourrait être bien plus dangereux que vous ne le pensez.

- Qu'est-ce que vous proposez alors ? Ils ne sortiront pas de leur repère sans qu'on ne les déloge.

- Alors laissez-moi les chercher. Je pourrais essayer de trouver une solution…

- Ce n'est pas le moment pour plaisanter, Docteur.

- Je ne plaisante pas.

- Docteur, vous êtes fou ! Intervint à son tour Rarity. Ce sont de véritables tueurs ! Ils vous attaqueront à vue dès que vous les aurez trouvés !

- J'suis d'accord, approuva Applejack.

- Même moi, j'hésiterais à les affronter tous en même temps, ajouta Rainbow Dash.

- Je n'ai jamais parlé de les affronter. Mais peut-être que je peux raisonner avec eux.

- Comme vous avez fait pour les extraterrestres de l'école et les astéroïdes ?

- Il faut au moins que j'essaye.

- Et si ils refusent ?

- Alors je devrais trouver une autre solution.

- Vous ne pensez pas qu'on devrait laisser les soldats s'en occuper ? Demanda Rarity.

- Non, le Docteur a raison, répondit le Calife. Attaquer de front risque de causer plus de problème qu'autre chose. Docteur, pensez vous être vraiment qualifié pour ce genre de situation ?

- J'ai vécu cela des milliers de fois, Calife, et j'en ai observé bien plus se produire. Vous pouvez me faire confiance.

- Moi, je ne vous fais pas confiance, intervint le Sultan. Je ne sais ni qui vous êtes, ni d'où vous venez, ni comment vous êtes venu. Je ne sais ni ce que vous possédez, ni ce que vous savez faire. Nous ne savons rien de vous. Vous débarquez au milieu du conflit, prétendant pouvoir le résoudre, alors que vous n'y avez tout simplement pas votre place ! Qui êtes vous pour vous interposer de cette manière ?

L'étalon resta silencieux quelques instants, cherchant une réponse. Clamer sa nature de Seigneur du Temps risquerait d'énerver davantage les figures monarchiques présentes. Comment leur expliquer ? Ils étaient entrés dans une logique de conflit, où la confiance ne s’obtenait pas aussi facilement. Comment inspirer confiance en étant un inconnu ou un extraterrestre ? Applejack se tourna vers le Docteur. Il avait vu tellement de chose… Elle se souvint que son amie Twilight lui avait affirmé qu'il avait vécu plus de neuf cents ans. Elle ne doutait pas qu'il avait vécu énormément de choses, mais avait toujours tant de mal à croire que cela s'étendait sur autant de temps… Elle voyait le Docteur hésiter à présent, chercher un moyen d'exprimer cet étrange phénomène, passant de plus un plus pour un intrus ou simplement un fou. Un fou avec une boite, qui peut l'amener n'importe où, mais qui arrive toujours là ou des problèmes apparaissent, à croire que le vaisseau voulait toujours l'amener là où il y avait des gens à aider ou à soigner…

Ce fut comme un choc quand la fermière réalisa. Quand elle réalisa ce qu'était véritablement le Docteur. L'étalon au sablier, toujours face au Calife et au Sultan se mit à balbutier, comme si les phrases refusaient de se former dans sa bouche. Elle devait faire quelque chose. Applejack prit la parole pour lui.

- C'est le Docteur. Voilà qui il est, juste le Docteur. Celui qui apparaît quand il y a des problèmes, celui sur qui on peut compter, en temps de crise, et surtout, c'est celui qui cherchera toujours à aider, qui que ce soit, et où que ce soit. Peu importe qui est dans le besoin. Et là, je le pense sincèrement, vous avez besoin d'un Docteur.

Il y eu soudain un terrible silence dans la salle. Le Calife et le Sultan se regardèrent, tout comme Rainbow Dash et Rarity. Le Docteur, lui, se tourna vers Applejack. L'élément de l’honnêteté. Il y avait tellement de sincérité dans ses phrases… Quelques heures plus tôt encore, elle l'aurait simplement qualifié de porte-malheur et de fou à lier. Qu'est-ce qui avait pu lui faire changer d'avis de cette manière ?

- Très bien, « Docteur », repris alors le Calife. Si vous pensez pouvoir régler cette affaire, alors vous avez carte blanche. Mais si vous échouez, nous n'aurons d'autre choix que d'envoyer les troupes.

- Je ferais en sorte que ça n'arrive pas. Vous venez ?

Le Docteur fit signe à ses compagnes de voyage. Applejack, Rarity et Rainbow Dash s'engagèrent à sa suite, pour se diriger vers la porte.

- Docteur, êtes vous sûr que ce soit une bonne idée d'y aller avec vos juments ? Demanda alors le Sultan. Elles risquent de vous embarrasser plutôt qu'autre chose.

- Elles ont de la ressource, Sultan. Bien plus que vous ne le pensez, croyez-moi.

- Ouais, on est capable de faire des trucs nous aussi, ajouta Rainbow Dash. Avouez que ça vous épate !

Deux gardes se chargèrent d'ouvrir les portes de la salle, pour laisser sortir les quatre poneys. La pégase adressa un dernier regard moqueur au Sultan avant de disparaître. Ce dernier, outré, se tourna vers le Calife.

- Non, mais vous l'avez vu ? Elle s'est encore moquée de moi !

- Vous savez, vous lui donnez des raisons pour.

Le Sultan se retourna vivement et foudroya du regard le capitaine de la garde. Le cheval n'avait pas bougé, et était resté silencieux pendant presque toute la conversation.

- Qui vous a demandé votre avis, à vous ?

- Pardonnez-moi, je croyais que le droit de parole était encore…

- Taisez-vous. Nous ne somme plus en débat, et encore même, ces remarques seraient déplacées.

- Je suis désolé Sultan.

- Bon, bon. Disposez.

Le cheval s'exécuta. Il se redressa, et se dirigea à son tour vers la sortie. Le Calife le regarda s'éloigner. En temps normal, il aurait volontiers ri de la situation. Mais les événements étaient bien trop graves pour lui en donner l'envie.

***

Quelques heures plus tard, le Docteur, Rainbow Dash, Applejack et Rarity étaient de retour dans les ruelles ombragées de la ville. Il était tôt dans la matinée, et le soleil commençait tout juste à réchauffer l'air froid laissé par la nuit. C'était une fraîche brise matinale qui soufflait alors entre les bâtiments. Une fois de plus, les trois juments ne pouvaient qu’apprécier leurs vêtements du désert, qui protégeaient du chaud comme du froid. Le Docteur, lui, ne se contentait encore que de sa cravate verte, à croire qu'il pouvait supporter n'importe quelle température.

- Bon, c'est dans cette rue que nous avons rencontré le Calife, expliqua-t-il. Nos mystérieux ravisseurs se dirigeaient dans cette direction quand Rainbow Dash a réussi à les intercepter. Ils devaient chercher une cachette quelque part dans les environs. C'est notre première piste.

- Docteur, est-ce que vous vous êtes dit qu'ils auraient très bien pu déplacer leur cachette depuis la dernière attaque ? Fit remarquer Rarity. Quand on ne veut pas être trouvé, en général, on change de repère assez régulièrement.

- Si on parle d'un avant-poste, oui. Mais ceux que nous cherchons ont un arsenal très complet, une fabrique d'explosif à charge plasmatique, un système de téléportation courte portée, ce qui implique un récepteur micro-particulaire et un ré-assembleur nano-biologique, sans oublier un système de calcul métabolique, plus un réacteur capable de produire l'énergie nécessaire. Autant dire qu'en surface, ça ne passerait pas inaperçu.

- Et… si ce n'est pas en surface ?

- Ils ont été capables de se téléporter d'ici, mais pas depuis le palais. Il devait être hors de leur portée. A moins d'utiliser un camouflage assez puissant, je dirais qu'ils se cachent quelque part sous nos pieds.

- Pieds ?

- Euh… sabots.

Tout en parlant, le Docteur sortit son tournevis de son col à cravate. Les trois juments le regardèrent faire, intrigués.

- Et qu'est-ce que vous comptez faire avec ça Docteur ? L'interrogea Applejack. Vous allez faire comme avec les cyberponies et essayer de trouver leur équipement avec ça ?

- C'est grâce au signal que le cybermat a émis que j'ai réussi à le retrouver. Mon tournevis ne peut pas directement localiser les technologies extra terrestres. Cette option n'est pas disponible sur le modèle standard. Pas à cause de sa constitution. Par contre, je peux essayer de retrouver la fréquence du téléporteur pour nous donner la direction à suivre, et ensuite scanner l’environnement pour trouver l'entrée.

Le Seigneur du Temps s'exécuta. Il porta son tournevis à sa bouche, et l’alluma, tournant sur lui-même pour couvrir toute la zone aux alentours. Applejack, elle, était plutôt sceptique.

- Mais Docteur, vous êtes sûr qu'on trouvera quelque chose dans les environs ? Ils sont peut-être hors de la ville.

- Quelque-choge me dit qu'il y a un lien direct entre ches batiments et l'inchtalation princhipale. Faire chortir quelqu'un de la ville chan pacher devant les gardes cherait achez compliqué autrement.

- Si loin de la sortie de la ville ? Vous pensez ?

- Vous ne pouvez pas arrêter de blablater ? S'emporta alors Rainbow Dash. On est censé sauver des poneys, vous vous souvenez ? Alors on y va, on fait notre truc, et on rentre ! Pas de temps à perdre !

- Wow… euh… d'accord.

Légèrement intimidé, le Docteur commença à s'éloigner le long de la ruelle, cherchant à capter les signaux que son tournevis reconnaissait. La pégase cyan poussa un soupir frustré, impatiente de passer à l'étape suivante. Applejack aussi, était visiblement embêtée. Mais pour une autre raison. Le Docteur était pour le moment le seul poney actif du groupe. Elle et les deux autres juments se contentaient seulement de le suivre pour le moment. C'est vrai, il était un des plus qualifiés pour cette mission, mais elle, en quoi allait-elle pouvoir se rendre utile ? En y repensant, la fermière commençait à avoir l'impression de se trouver dans la situation que semblait vouloir le sultan : des juments qui suivent docilement un unique étalon, le seul capable de résoudre les affaires politique… Plus elle y pensait, plus cela la frustrait. Peut-être qu'elle se faisait des idées, mais elle avait de plus en plus l'impression de n'être là que pour faire bonne mesure.

Le Docteur continuait de longer les ruelles presque désertes de la ville basse, agitant son tournevis devant lui, les trois juments à sa suite. Mais Applejack, de plus en plus frustrée, finit par se rapprocher de l'étalon. Elle avait besoin de faire quelque chose.

- Docteur, simple curiosité, c'est l'seul tournevis que vous possédez ? J'me disais, vous pourriez nous en donner un chacune, et on pourrait couvrir plus de surface.

- Je n'ai que chelui là pour le moment. Je pourrais peut-être un bricoler d'autres… Mais on dirait que cha ne chera pas néchechaire.

Le Docteur tourna brusquement pour se diriger dans une impasse, en partie occupée par de vieilles caisses, qui semblaient avoir été abandonnées là depuis quelque temps. L'étalon agita l'outil entre ses dents, puis leva les sabots avant pour les poser sur la première venue. D'un mouvement d'épaule, il la fit basculer sur le côté. Il dévoila ainsi une forme encastrée dans le sol. Un carré de métal foncé, qui contenait une autre forme arrondie. Une trappe, qui, de loin, ressemblait aux bouches d’égout que l'on pouvait trouver dans les grandes villes, à quelques détails près.

- Et voila, lâcha triomphalement le Docteur.

- On dirait que vous aviez raison, avoua Applejack. Je n'aurais jamais cru pouvoir trouver ça ici.

- Mais pourquoi faut-il toujours que les malfrats se terrent dans des égouts ou d'autres lieux aussi insalubres ? Se plaignit Rarity. Pourquoi pas dans une villa en bord de mer pour changer ?

- Che cherait plus le genre de la mafia, répondit l'étalon. Mais cha, che ne chont pas des égouts. Cha n'exichte pas encore par ichi.

- Je ne vois pas de poignée, nota Rainbow Dash. Comment on fait pour ouvrir ?

Le Docteur ralluma brièvement son tournevis, mais l'éteignit rapidement pour le ranger.

- Immunisé au sonique. J’aurais dû m'en douter. On ne pourra pas entrer sans connaître le mot de passe.

- Génial, grogna Applejack.

- Bah, on est en Arabie, intervint Rainbow Dash. Ça doit être « sésame ouvre-toi », ou un truc du genre.

- Oh, ils n'ont quand-même pas choisi quelque chose d'aussi trivial ! Répondit l'étalon.

Pourtant, un déclic se fit entendre, et la trappe se mit à pivoter lentement, dévoilant l'entrée d'une galerie. Le Docteur regarda le mécanisme se mettre en action, les yeux gros comme des soucoupes.

- Eh bien… on dirait que si.

Applejack se pencha au-dessus du conduit. Les parois étaient lisses, probablement creusées avec une machine, et renforcées par des structures métalliques. Des barreaux d'échelle permettaient de descendre quelques mètres, pour rejoindre une galerie horizontale.Un éclairage grossier projetait une lumière faible et maladive sur la roche, qui prenait une couleur proche de celle du charbon. Le chemin semblait s’enfoncer dans les entrailles de la terre, tout droit vers le Tartare… Mais il leur fallait descendre malgré tout.

-J'passe devant, prévint Applejack. On n'sait pas sur quoi on va tomber là-dedans.

- Euh… Applejack, ce ne serait pas justement une raison de laisser le Docteur passer devant ?

- Rarity, on est pas sans défense, nous non plus. Nous aussi, nous pouvons affronter des dangers. Nous l'avons d'jà fait.

- Et Twilight a fait bien pire avec lui.

- S'il vous plaît, pas de dispute ! Prévint le Docteur. Et Applejack, je préférerais aussi que vous restiez derrière moi.

- Docteur, laissez-nous nous rendre utile. Vous l'avez dit vous-même, nous en sommes capables.

- Je n'en doute pas. Mais vous avez beaucoup insisté sur le problème de la sécurité, même depuis avant notre départ. Et c'est une promesse que je me fais à chaque fois que je prends de nouveaux compagnons avec moi. Celle de vous ramener chez vous en toute sécurité si les choses tournent mal.

- Oui, maintenant que j'y repense, intervint Rarity. On est en train de prendre de plus en plus de risques, alors que toi même, Applejack, tu refusais catégoriquement cette situation.

Applejack se figea. Rarity avait raison. Avec les récents événements, les deux attaques qui s'étaient déroulées sous ses yeux, elle avait commencé à perdre de vue la raison de sa présence parmi eux. Empêcher ses amies de faire des bêtises. Á présent, c'est elle qui était en train de prendre des risques inconsidérés, emportée par un élan indescriptible. Elle se sentait tiraillée par deux pensées différentes, deux pensées complètement opposées… Incapable de s'expliquer, la fermière baissa la tête, honteuse.

- Désolée, je… J'crois qu'je m'suis laissée emporter.

- C'est compréhensible, avec tout ce qui s'est passé depuis qu'on est arrivé, assura le Docteur.

- C'est aussi mon cas, admis Rarity. Quand on voyage avec vous Docteur, on finit par en perdre le sens des proportions.

La fermière soupira. Le calme de Sweetie Apple Acre commençait vraiment à lui maquer.

- J'ai fait cette promesse, reprit l'étalon. De vous ramener toutes saines et sauves à Ponyville. Alors si les choses devaient mal tourner, je veux que vous retourniez au TARDIS, sans vous retourner, ne vous occupez pas de moi, prenez le DVD qui se trouve sous la console…

- Le quoi ?

- ça ressemble à un disque, c'est dans une boite en plastique noir. Prenez-le, et insérez le dans le lecteur de la console. Cela activera un protocole d'urgence qui vous ramènera à Ponyville, à votre époque.

- Mais… vous seriez coincé ici ! Comprit Rarity. Vous ne pourrez pas récupérer le TARDIS, on ne sait pas le piloter !

- Je sais.

- Vous seriez prêt à faire ça ?

- Oui, si ça peut vous garder en sécurité.

- Docteur… là, j'vous avoue qu'je n'sais plus quoi penser, avoua Applejack. Pendant un instant, J'commençais à croire qu'vous marchez toujours d'vant parce qu'on est des juments…

- Non, non non non, ça 'a rien à voir. Je le fais parce que vous, vous avez une maison, une famille et des amis qui vous attendent toujours quelque part, et aussi parce que… vous aviez raison Applejack. Je ne devrais pas emmener d'autres poneys dans mes délires.

Applejack était sans voix, comme ses deux amies. Depuis qu'elle l'avait rencontré, elle n'avait jamais cessé de changer d'opinion à son sujet.

Cet étalon était impossible.

- Bon alors, on descend ?

- Euh… J'vais quand-même passer devant, répondit Applejack. Vous êtes peut-être un Seigneur du Temps, mais je suis toujours plus robuste que vous.

La fermière s'approcha de la trappe, et se glissa à l'intérieur. Le Docteur s'enfila à sa suite, puis Rainbow Dash, qui, si elle n'aimait pas vraiment penser au problème de la sécurité, était malgré tout obligée de prendre en compte les inquiétudes de l'étalon. Rarity fut la dernière à y poser le sabot, peu sûre de savoir dans quoi elle était en train d'entrer.

***

Applejack atteignit finalement le bas du conduit vertical, là où commençait un tunnel qui descendait en pente douce, sombre malgré la présence des lampes réparties sur la partie supérieure. Le passage, arrondi, était tout juste assez large pour permettre à deux poneys de se croiser.

La fermière cligna des yeux plusieurs fois, pour essayer de s'habituer à l'obscurité, attendant que les autres aient également fini de descendre.

- J'n'y vois presque rien.

- Ils ont dû installer ça assez rapidement, expliqua le Docteur qui venait d'arriver. Ils n'ont pas pris le temps de faire dans les détails.

- On ne peut pas dire que ce soit très accueillant, commenta Rarity en arrivant à son tour. Qu'est-ce qu'on fait s’ils nous tombent dessus ?

- Nous n'avons aucune arme. Ils ne se sentiront peut-être pas obligés de nous supprimer.

- Et… S’ils se sentent obligés ?

- Bah, j'ai mes sabots, s'exclama Rainbow Dash. Moi, ça me suffit… Mais j'aurais bien aimé un peu plus d'espace.

- Assez bavardé, intervint Applejack. Allez, on y va.

La jument orange se tourna vers le sombre tunnel… Mais ne put s’empêcher d'avaler sa salive. Cet endroit… et cette situation étaient loin de lui inspirer confiance.

Ils se mirent en marche, parcourant lentement cet endroit en proie aux ténèbres, tous les sens en alerte. Ils progressaient, dans une atmosphère oppressante, entre des murs qui semblaient vouloir se refermer sur eux, pour les dévorer. Il était déjà arrivé à Applejack de faire des sorties avec sa colonie de vacances pour découvrir les bases de la spéléologie. Mais ces tunnels… Ils étaient tout sauf naturels. Et va savoir ce qu'ils allaient découvrir au fond. Nerveusement, elle n’arrêtait pas de faire bouger ses oreilles. Vers l'avant, attentive a ce qui pouvait arriver face à eux, puis vers l'arrière, sous l'effet de l'inquiétude. Rarity, de son côté, les gardait plaquées en arrière, incapable de rester calme. Rainbow Dash et le Docteur, eux, semblaient relativement confiants, et gardaient leurs oreilles bien droites. Mais la tension pouvait toujours se faire sentir dans leurs mouvements.

Ils arrivèrent à une intersection. Deux tunnels s'entre-croisaient, pour partir dans trois nouvelles directions, toutes aussi mal éclairées, toutes aussi noires les unes que les autres. Seule l'inclinaison changeait : deux voies montaient en pente douce, une autre descendait dans les entrailles de la terre.

- Qu'est-ce qu'on fait Docteur ? On descend ?

Le Docteur porta son sabot à son tournevis, le faisant dépasser de son col pour l’allumer. Il le pointa vers les différentes sorties, avant de le ranger.

- Oui, on continue de descendre. Si ce réseau est conçu pour se déplacer en ville et pour espionner, le repaire doit se trouver au point le plus bas.

Ils reprirent leur route par la direction indiquée, descendant de plus en plus profondément sous la ville. L'air se faisait de plus en plus lourd, à mesure qu'ils s'enfonçaient dans la roche, et l'humidité de plus en plus élevée…

- Docteur, il y a de l'eau, fit remarquer Rarity en évitant une flaque à ses sabots.

- Oui, on doit être à proximité d'une nappe phréatique, ou d'une rivière souterraine. La ville n'aurait jamais pu s'installer au milieu du désert autrement.

- J'espère pour eux qu'ils ont une bonne assurance contre les inondations.

- Attendez… Je crois qu'on y est.

Effectivement, quelques mètres plus loin, à une autre intersection, se trouvait une ouverture, d'où leur parvenait le bruit caractéristique d'une foule, en pleine cérémonie. À petit pas, ils se rapprochèrent de l'entrée. Ils se penchèrent dans l'ouverture, pour voir ce qu'il se passait…

L'espace était assez grand, creusé dans la roche comme la plupart des tunnels qu'ils venaient de parcourir. La grotte artificielle avait des allures de cathédrale, haute et longue. Au plafond et sur certains murs, des équipements argentés avaient été installés, aux lignes épurées, contrastant avec le reste de l'endroit, et dégageant d'étranges lueurs, comme venues d'un autre monde. À l'extrémité opposée, un espace surélevé, cubique, entièrement habillé de cet étrange revêtement, accueillait ce qui devait être un autel. Toute la salle était occupée par des dizaines, peut-être une centaine de poneys, tous vêtus de blanc, la tête couverte de rouge, alignés de part et d'autre de la salle face à la structure. Sur cet autel était allongé un des leurs, entouré par quatre poneys, tous rouges, et un cinquième, le visage couvert par un chèche noir, probablement le maître de cérémonie. Aucun d'eux n'avait remarqué la présence des nouveaux venus, galvanisés par ce qui se trouvait de l'autre côté de la salle. L'assemblée poussait des acclamations, en rythme, tandis que les poneys face à eux se mettaient en mouvement. À côté de l'autel, un de ceux vêtu de rouge tendit un coffret métallique à celui au chèche noir. Ce dernier l'ouvrit, et, avec ses sabots, en sortit délicatement une forme verdâtre, allongée, ressemblant à un énorme mille-pattes. Ce dernier bougeait, s’enroulant autour des sabots qui le manipulaient tandis que l'officiant se tournait vers la tête du fidèle allongé. D'une voix forte, il déclara :

- Prenez votre hôte, et marchez avec nous, seigneur Karlof !

Il déposa cette sorte d'arthropode, qui s'empressa d'écarter le morceau de tissus qui se trouvait sur le visage de l'hôte, pour atteindre sa bouche et s'y engouffrer. Le poney fut pris de convulsion, alors que la créature s'enfonçait dans son organisme. Elle disparut en quelques instants, et le poney continuait ses soubresauts pendant plusieurs secondes, avant de s'immobiliser, comme mort.

Puis, il se remit subitement à respirer. Péniblement, il se redressa. Ses mouvements étaient raides, comme s’il avait perdu une partie de ses fonctions motrices… Ou comme s’il était en train de redécouvrir son physique.

- Bienvenue, seigneur Karlof !

La foule reprit ses acclamations. De l'autre côté de la porte, les quatre intrus essayaient de comprendre ce qu'il venait de se passer.

- Je crois que je vais vomir… se plaignit Rarity.

- C'est répugnant… Mais qu'est-ce qu'y z'y on fait ? Interrogea Applejack.

- Je crois… Je crois que ce sont leurs « grands êtres », répondit le Docteur. Des parasites, qui prennent le contrôle de l'organisme dans lequel ils se trouvent. Je crois que ce malheureux est mort dés l'instant où cette chose est rentrée dans son corps.

- C'est vraiment atroce… Et y's acclament ce genre d'chose ?

- Ils n'ont peut-être pas conscience de ce qui leur arrive réellement. Pour eux, cela doit être un honneur de se sacrifier pour leurs divinités… Les scénaristes de Stargate étaient bien inspirés.

- De quoi ?

- Oh, vous ne pouvez pas connaître.

- En tout cas, j'espère que vous savez ce que vous faites Docteur, intervint Rarity.

- Moi aussi. On aurait peut-être dû emporter un drapeau blanc avant de descendre.

- C'n'est plus le moment de reculer ! intervint Rainbow Dash. Là, il faut vraiment qu'on fasse quelque chose !

- D'accord, dans ce cas, suivez-moi.

Le Docteur se déplaça à côté d'Applejack, l'invitant à le suivre d'un signe de tête encourageant. Les trois juments le suivirent, hésitantes, tandis que l'étalon essayait de prendre un air confiant.

- Bonjour tout le monde ! Désolé de débarquer ici à l'improviste…

Tous les poneys présents se retournèrent, surpris, en voyant apparaître ces quatre intrus. En particulier le Docteur, qui marchait dans l'allée centrale d'un air nonchalant, comme s’il se trouvait simplement au milieu de la rue. Voyant faire le Seigneur du Temps, les trois juments prirent à leur tour un air aussi assuré que possible. L'assemblée autour d'eux eut un mouvement de recul, tandis que le Grand Maître se déplaçait pour voir qui venait d'entrer.

- Des intrus dans notre repaire ? Cria-t-il.

- C'est le poney au sablier ! Cria quelqu'un dans la foule.

- Qu'êtes vous venu faire parmi nous ?

- Oh, juste faire un peu connaissance, repris l'étalon. Nous ne sommes que quatre et non armés si cela vous rassure.

- Comment avez vous découvert comment rentrer ?

- En cherchant. Mais si vous voulez un conseil, changez de mot de passe. Bref, allons à l'essentiel. Je souhaite parler au maître des lieux. Aurions-nous l'honneur de nous trouver en sa présence ?

- Vous vous trouvez en sa présence. Je suis le grand maître Artalof, dirigeant du culte des grands êtres.

- Oui, les grands êtres… Un nom un peu prétentieux, si vous voulez mon avis. Quel est votre nom d'origine ?

- Nous n'avons pas besoin d'autre nom.

- Pas d'autre nom ? Et votre planète d'origine ?

Un murmure d'incompréhension commença à circuler parmi l'assemblée. Chacun gardait un sabot à son bracelet, ou une arme à portée de bouche, par prudence. Le grand maître fixa le Docteur, qui s'approchait toujours de l'autel en marchant. Il reprit la parole, sa voix trahissant une certaine méfiance.

- Le nom de notre planète s'est perdu au fil des ages. Il n'y a plus que les grands êtres. Mais, vous, étalon au sablier, qui êtes vous ? Ami, ou ennemi ?

- Docteur. Je suis docteur.

- Vous ne répondez pas à ma question.

- La suite dépendra de vous. Je demande à parlementer.

- Au nom de qui êtes vous venu parlementer ?

- Au nom de la paix.

- Vous m'intriguez, Docteur. Soit. Quelle est votre requête ?

- Vous avez capturé un otage, lors de l'attaque contre le palais.

- Et vous voulez la récupérer ? Nous n'y sommes pas opposé. La manière dépendra de la décision du Calife.

- Mais… Vous avez prévu de la relâcher, avec, ou sans cet horrible mille patte ? Intervint Rarity, suspicieuse.

- Comme je l'ai dit, cela dépendra de sa décision.

- Très bien, reprit le Docteur. Alors je suppose qu'il est le seul à pouvoir y changer quelque chose. Mais j'aimerais bien savoir : vous avez essayé de vous en prendre à lui, deux fois en moins de vingt-quatre heures. Et il s'agissait d'un enlèvement, pas d'un assassinat. Mais pourquoi exactement ? Qu'est-ce qu'il pourrait vous apporter ?

- Il n'est pas assez méritant pour devenir un hôte, mais sa position peut nous apporter des bénéfices.

- Comme le contrôle de l'Arabie Sellouite ? Devina le Docteur. Et alors, qu'est-ce que vous aurez ? Des ressources ? De quoi vous développer, vous reproduire et vous étendre ?

- Vous comprenez vite, Docteur. Il aurait été plaisant d'avoir un étalon tel que vous dans nos rang.

- Oh, je ne pense pas, répondit amèrement le Seigneur du Temps.

- Et après avoir détruit l'Arabie, qu'est-ce que vous f'rez ? Intervint Applejack. Vous allez infester toute une civilisation, et vous voudrez ensuite contrôler celle d'à côté ! Où est-ces que vous vous arrêterez ?

- Nous ne nous arrêterons pas.

- Nous sommes nés pour cela, clama un des poneys de l'assemblée. C'est notre destinée, de participer à la marche des grands êtres !

- Non mais vous êtes complètement malade ! S'écria Rainbow Dash ! Ces choses ont l'intention de vous dévorer de l'intérieur, et vous, vous les laissez faire comme ça ? En les acclamant ?

- Silence infidèle ! S'écria un des poneys vêtu de rouge. Nous avons sauvé chacun de ces poneys ! Avant notre arrivée, ils n'étaient que des pauvres, des parias refoulés par la société. Grâce à nous, ils ont eu l'occasion de participer à des dessins bien plus grands !

- Vous les avez utilisés ! Cria à son tour Rarity. Vous les avez endoctrinés afin de les utiliser !

- C'est faux ! Intervint un poney de l'assemblée. Nous avons choisi de les suivre. Ils sont supérieurs, mais démunis ! Ils avaient besoin de nous ! Comme nous avons besoin d'eux pour rétablir l'équilibre dans ce monde ! Ces gens, que vous avez côtoyé, ils ont tout, mais nous, nous n'avons rien !

- SILENCE, hurla le grand maître. Aucun de nos poneys ne souhaite entendre votre opinion.

- C'est ainsi que vous vivez, reprit le Docteur. Vous poussez les peuples que vous rencontrez à travailler pour vous, à mourir pour vous, vous les exploitez, jusqu'à pouvoir quitter la planète et recommencer ailleurs, quitte à la détruire. Qu'est-ce que ce sera, la prochaine fois ?

- Vous êtes intelligent, Docteur. Vos connaissances auraient pu nous êtres d'une grande utilité, si la technologie de ce monde était plus avancée.

Les poneys environnants se jetèrent de plus en plus de regard interrogateur. Ils ne suivaient plus du tout la conversation. Ils avaient peut-être décidé d'entrer au service des grands êtres, mais plus le débat avançait, plus nombreux étaient ceux à se poser des questions. Ce poney au sablier et ses trois juments tenaient des propos étranges, voir choquants, mais ils semblaient s'y retrouver avec leur souverain. Ils comprenaient des choses, et visiblement, désapprouvaient. Plusieurs gardaient le regard braqué vers le grand maître, espérant que celui-ci leur apporte des réponses, des raisons de ne pas s'inquiéter.

- Je ne peux pas vous laisser faire ça, affirma le Docteur.

- Si vous décidez de vous opposer à nous, sachez qu'il n'y a pas grand-chose que vous puissiez faire pour empêcher l'inévitable.

- Bah, c'est très évitable, si vous voulez mon avis, intervint Rainbow Dash. On a vu le futur, on sait que vous n'y arriverez pas. N'est-ce pas Docteur ?

Confiante, la pégase se tourna vers l'étalon terrestre. Mais celui-ci refusait de croiser son regard, continuant de fixer le grand maître. Rainbow baissa rapidement les oreilles, inquiété par l'attitude de L'étalon.

- Docteur ?

- Le temps peut parfois être réécrit, Rainbow. Il suffit d'une action pour changer le cours de l'histoire.

- Alors vous voulez dire…

La pégase se tut subitement. Est-ce qu'elles pouvaient… Disparaître ? Elle et chacune de ses amies ? Comme si elles n'avaient jamais existé ? Un frisson parcouru sa colonne vertébrale quand elle réalisa.

- Vos espoirs sont futiles, reprit le grand maître.

- Je pourrais trouver une autre solution.

- Il suffit ! Il n'y aura jamais d'autres solution. Et étant donné que vous avez manifesté de l'hostilité envers nous, il est hors de question de vous laisser repartir vivant !

- Mais… Pas du tout ! Je peux vous aider ! D'une autre manière…

- Nous n'avons pas besoin d'un docteur.

- Dites, ce n'est pas là qu'on est sensé se mettre à courir pour sauver nos vies ? Demanda alors Rainbow Dash.

- Ce serais une bonne idée, admit l'étalon.

- Attrapez-les !

Le quatuor se retourna, et se précipita vers la sortie. Plusieurs poneys cherchèrent à leur barrer la route, mais seulement pour se faire renverser ou se prendre les sabots d'Applejack et Rainbow Dash. Bien d'autres les regardèrent simplement passer. Leur brève intervention avait suffit à faire naître le doute dans leur esprit. Et parmi ces derniers, plusieurs d'entre eux n’obéirent que trop tard à leur grand maître, pour leur courir après.

Sitôt sorti de la salle, les quatre fuyards remontèrent le couloir qu'ils avaient emprunté, remontant vers la surface. Pendant ce temps, à l'intérieur de la grande salle, c'était l'effervescence. Tous les disciples des grands êtres étaient en train de marcher dans tous les sens, se demandant quoi faire ou quoi penser, comme des vaches affolées prises au piège dans un canyon. Étant donné la taille des tunnels, il était inutile que tous se lancent à leur poursuite. À côté de l'autel, le grand maître, d'un calme surprenant, se tourna vers un de ses seigneurs extra-terrestres, caractérisé par sa tenue rouge.

- Seigneur Ordan, prenez votre équipe de fidèles, et remontez en surface pour les intercepter. Le Docteur pourrait ralentir notre progression s’il devait rester en vie.

- Ce sera fait, mon seigneur.

Le seigneur Ordan fit un signe au groupe de poney qui se trouvait aux premiers rangs. Avec le novice, ils étaient à nouveau six. Tous s'engagèrent à la suite de leur seigneur pour sortir par une porte voisine. Dans le même temps, un autre poney vêtu de rouge s'approcha du grand maître :

- Grand maître, j'ai l'impression que ce Docteur a semé le doute dans l'esprit de nos sujets. Nous ne sommes pas présents depuis assez longtemps, et ils peuvent encore revoir leur opinion extrêmement rapidement. Si on laisse l'idée se propager, ils peuvent se retourner contre nous. Il faut mettre fin au phénomène avant qu'il ne prenne de l'ampleur.

L'étalon masqué de noir se détourna brièvement de son « congénère », pensif. En effet, pour ancrer leur idéologie dans l'esprit d'une autre civilisation, ils devaient s'y prendre sur plusieurs siècles, même si la première impression était aussi efficace qu'elle ne l'avait été avec le peuple local. Mais là, ils étaient en train de perdre leurs premiers fidèles, à cause d'un étalon trop curieux et trop intelligent. Le doute allait se propager comme une mauvaise herbe. Il n'y avait qu'une solution : endiguer le mouvement avant qu'il ne se retourne contre eux, et reprendre avec de nouveaux adeptes. Les équipements de leur vaisseau spatial seraient amplement suffisant pour reprendre le processus.

- Vous avez raison, seigneur Clorto. Pensez-vous que nous serons assez nombreux ?

- Tout juste le nombre.

- Bien. Fermez les portes d'accès.

- Oui, grand maître.

Le poney s'exécuta. Il s'éloigna de l'autel pour se diriger vers une des parois, qui comportait ce qui ressemblait à un interrupteur. Il l'actionna. À cet instant, des panneaux métalliques apparurent dans les différentes ouvertures de la grotte, bloquant l'accès à l'extérieur. Cet événement soudain surprit les poneys présents.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- On est enfermé ?

- Fidèles des grands êtres, commença le poney au chèche noir, vous nous avez bien servi, jusqu'à présent, vous vous êtes montré dignes. Et a présent, vous allez recevoir votre ultime récompense.

Ce n'était plus du doute, qui se manifestait alors chez les poneys. Mais un début de panique. Ils venaient de se faire enfermer, pour recevoir leur « récompense ». Une récompense qu'ils ne semblaient pas mériter, mais qu'ils devaient malgré tout être obligés de recevoir.

Ils étaient piégés.

- Vous allez avoir l'honneur de tous devenir les hôtes des grands êtres !

Artalof toucha l'autel, qui s'avéra être en réalité un coffre. Le panneau qui formait le couvercle pivota, réveillant des dizaines de mille-pattes géants, qui s'en extirpèrent pour ramper vers les poneys.

- Marchez avec nous, mes seigneurs !

Avec une vivacité dont on ne les aurait pas crus capables, les extra-terrestres bondirent vers les premiers poneys venus.

Des hurlements retentirent dans la salle. Mais ils furent les seuls à les entendre.

***

Le Docteur sortit en trombe de la bouche d'égout qui servait d'entrée, rapidement suivi par ses compagnes de voyage. Sitôt à l'extérieur, L'étalon leur cria :

- Venez ! Il faut qu'on retourne au TARDIS ! On y sera en sécurité !

Sans chercher à argumenter, il reprit sa course folle en compagnie des trois juments, se précipitant vers les rues marchandes de la ville. Le vaisseau spatial se trouvait à plusieurs pâtés de maison de leur position. S'ils pouvaient perdre leurs poursuivants dans la foule de commerçants qui étaient stationnés sur le chemin, ils bénéficieraient d'un avantage certain.

Rapidement, le quatuor s'engouffra dans une allée proche, occupée par plusieurs vendeurs, de fruits, de parures et de textiles, s'excusant en frôlant les quelques clients qui se trouvaient devant les étalages.

- Excusez-nous !

- Dégagez !

- Pardon, on est pressé !

- Excusez-moi… Oh, prenez plutôt le bleu, il ira mieux avec votre teint.

- On a pas le temps Rarity ! Cours !

Applejack attrapa entre ses dents la tenue de Rarity pour la pousser à continuer d'avancer, tandis que Rainbow Dash survolait de près ses trois complices, peu désireuse de se séparer de ces derniers. Derrière eux, un petit groupe de poneys, vêtus de blanc, la tête entourée par un chèche rouge, déboula dans la ruelle.

- Revenez ici, criaient-ils.

Ailleurs, une autre trappe en forme de bouche d'égout s'ouvrit, permettant au seigneur Ordan de sortir avec ses six poneys d'arme. Au fur et à mesure qu'ils apparaissaient à la lumière du jour, leur supérieur leur donnait des directives :

- Toi, de ce côté. Toi, par là. Vous deux, envolez-vous et essayez de les repérer depuis les hauteurs. Toi, avec moi. On va essayer de les prendre en tenaille.

- Oui, mon seigneur !

Ils se séparèrent dans les directions indiquées. Le novice, toujours vêtu de gris, suivit docilement son maître. Mais tandis qu'ils galopaient dans les ruelles, le jeune poney se posait de plus en plus de questions, au sujet des grands êtres. Certes, ils l'avaient accueilli parmi eux alors que personne d'autre ne voulait voir traîner un gamin des rues à proximité, mais étais-ce vraiment de la générosité ? Ou profitaient-ils simplement d'eux, de leur crédulité et de leur situation pour les asservir ? Il n'avait écouté le discours du Docteur que quelques minutes, et pourtant, son discours lui avait déjà enflammé l'esprit. Ces créatures leur demandaient d'être des tueurs… Quelque chose de complètement contre nature pour des Poneys. Mais s’il refusait de leur obéir… qu'adviendrait-il de lui ?

Dans une ruelle voisine, Le quatuor du Docteur fuyait toujours. Rainbow Dash sursauta quand elle sentit un gros courant d'air au-dessus d'elle. Elle glapit en comprenant qu'il s'agissait de leurs poursuivants, et fit un tonneau pour baisser brutalement son altitude, évitant de justesse la lame d'une dague. Impossible de remonter, les guerriers volants lui barrant la route. Ils étaient à leur merci.

- Ils sont sur nous ! S'écria la jument.

- Vite par là !

Le Docteur tourna brusquement, pour s'engager dans une étroite ruelle. Presque trop pour permettre à des pégases de les suivre à l'intérieur. Leurs deux poursuivants montèrent en altitude pour passer au-dessus, tandis que Rainbow Dash se faufilait péniblement entre les deux bâtiments, contrainte de rejoindre le sol pour pouvoir passer. L'équipe traversa rapidement le passage, et déboucha dans une rue animée, ou d'autres commerçants vendaient leurs fruits et leurs épices. Le TARDIS n'était plus qu'à une centaine de mètres. Le Docteur tourna, pour rejoindre le lieu de leur atterrissage...

Horreur. Leurs poursuivants étaient déjà là. Deux terrestres et un licorne leur bloquaient la route. L'étalon fit demi-tour, pour se retrouver nez à nez avec le seigneur Ordan, accompagné par son novice vêtu de gris. Derrière eux, deux autres de leurs poursuivants bloquaient la ruelle par laquelle ils étaient arrivés. Et au-dessus d'eux, les deux pégases volaient en rond, prêts à intercepter n'importe quelle tentative d'évasion. Aucun soldat n'était présent, étant tous revenus au palais pour renforcer les défenses.

Ils étaient pris au piège.

Autour d'eux, les commerçants regardaient avec curiosité la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Un groupe de poneys masqués encerclait un étrange groupe, semblant avoir la ferme intention d'en découdre avec eux. L'étalon au sablier fit face à celui vêtu de rouge, l'air visiblement perdu.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant Docteur ? Demanda Rarity, qui regardait nerveusement les poneys se trouvant entre eux et le TARDIS.

- Amusante course poursuite, dit le Seigneur Ordan, sarcastique. Mais cette petite escapade s'arrête ici.

- Et je suppose que vous avez prévu de nous tuer sur place, répondit le Docteur.

- C'est la meilleure solution qui s'offre à nous, et la plus sûre. Donc oui, c'est ici que vous allez mourir.

- On ne se rendra pas sans se battre !

Le Docteur se tourna vers Rainbow Dash, surpris. Cette dernière se précipita vers l'un des étalages proches, et d'un coup de sabot, envoya le composé poudreux qui s'y trouvait au visage de son interlocuteur. La poudre jauneâtre entra en contact avec les yeux du poney possédé, qui poussa immédiatement un épouvantable cri de douleur. Il porta un sabot à ses muqueuses alors que celles-ci se mettaient à fumer abondamment. Surpris, le novice fit un pas en arrière, ne s'attendant pas à une réaction de ce genre. D'autres regardèrent, sans comprendre, leur seigneur hurler en essayant de se débarrasser de la substance nocive. Qu'est-ce qu'il était en train de lui arriver ?

- Vite ! On a une ouverture ! S'écria la pégase cyan.

Le Docteur réagit au quart de tour, et se précipita dans cette direction, s'éloignant ainsi du TARDIS. Il contourna le novice, qui se trouvait trop tétanisé pour réagir. Les trois juments s'engagèrent à sa suite, ignorant le marchand qui protestait pour la perte de ses épices hors de prix.

Dés qu'ils comprirent que le groupe était en train de leur échapper, les deux pégases fondirent dans leur direction. Commettant ainsi l'erreur de se placer derrière une fermière habituée à frapper sur des pommiers pour faire des récoltes. La jument rua, et plaça un sabot arrière dans le visage de chacun. Ils s'écrasèrent au sol tandis que leurs cibles poursuivaient leur course folle. Derrière eux, trois terrestres, plus le jeune novice, enjambaient leurs compagnons pour continuer la poursuite, tandis que les autres restaient pour s'assurer de la santé de leurs coéquipiers.

- Ils sont toujours sur nous, prévint Rainbow Dash.

- Je ne pourrais plus galoper très longtemps, prévint Rarity. La chaleur... Je m’essouffle...

- Y faut éviter d'faire durer la poursuite, prévint Applejack. On n's'en sortira jamais autrement !

- On va rejoindre le palais ! Nous y serons en sécurité !

- Ça fait quand même une bonne distance, Docteur !

- Alors espérons que nous arriverons à les semer avant !

L'étalon prit une série de virages, essayant de dérouter leurs poursuivants, mais pas sûr que cela soit utile. Ils en avaient déjà réchappé une fois, la seconde n'était pas encore garantie. Progressivement, ils se rapprochaient de l'allée principale, qui conduisait au palais. Derrière eux, l'un après l'autre, leurs poursuivants finirent par les perdre de vue…

- Vite ! C'est le dernier virage !

- Je n'en peux plus Docteur... Je n'en peux plus...

- Courage Rarity, on y est presque !

Ils arrivaient en vue de la grande rue. Mais alors qu'ils croyaient en avoir enfin réchappé, un poney masqué apparu sur leur route, leur bloquant la sortie. C'était le novice, sa tenue grise dénotant avec celle blanche et rouge de ses complices, mais malgré tout reconnaissable. Le Docteur marqua un temps d'hésitation en l’apercevant, puis ralentit brutalement quand ce dernier releva sa manche, et de son autre sabot, ouvrit un clapet qui protégeait un levier. Les quatre fuyards eurent chacun un très mauvais pressentiment sur la fonction de ce dernier.

- Ne bougez plus, s'écria le jeune terrestre. Sinon… Je nous fais tous sauter !

Le groupe s'arrêta à une dizaine de mètre du kamikaze, presque bloqués par la stupeur de se retrouver face à cela. Fuir était inutile, ils se trouvaient dans la portée d'action de l'explosif. Mais… quelque chose n'allait pas chez ce poney. Il ne leur fallut que quelques secondes pour le comprendre : ce jeune étalon en face d'eux, presque un poulain, avait le sabot posé sur l'interrupteur, mais il tremblait. Il tremblait de tout son corps, alors qu'il se tenait là, prêt à appuyer sur la détente. Ils étaient assez près pour le regarder dans les yeux, deux yeux marrons dans lesquels ils ne voyaient ni rage, ni agressivité, ni la moindre part de confiance, mais une terreur, qui semblait lui donner des ordres contradictoires. Fuir, ou rester. Peut-être avaient-ils encore une chance de le convaincre.

- Tu es des leurs, n'est-ce pas, commença le Docteur. Tu fais partie du culte des grands êtres. Tu as l'air de les avoir rejoints récemment.

- N'approchez pas !

- Je ne m'approche pas. Je reste là où je suis, tu vois ? Je ne veux pas te faire de mal.

- Vous… Vous êtes un ennemi des grands êtres !

- Seulement s'ils le décident. Mais je ne suis pas le tien pour autant. La couleur de ta tenue est différente de la leur, tu dois encore être un apprenti, ou un novice. Tu peux encore rebrousser chemin.

- Non ! Je… Je ne peux pas revenir en arrière ! Je suis des leurs ! Ce sont les miens !

- Et ils sont aux grands êtres, ils sont sous leur emprise. Mais toi, tu ne l'es pas encore. Tu ne veux pas faire ce qu'ils te demandent. Est-ce que je me trompe ?

- Euh… Non… Oui ! Vous vous trompez ! Ils nous ont accueillis, comme une famille, une confrérie. J'en fais partie, et je dois accomplir leur volonté.

Pourtant, il n'appuyait toujours pas sur le levier, et continuait de fixer les quatre poneys. Le Docteur voulut reprendre la conversation, pour au moins gagner du temps, mais un sabot posé sur son épaule l'interrompit. C'était Applejack. Si Rainbow Dash et Rarity ne savaient comment réagir, ce n'était le cas de la terrestre orange. Elle, plus que chacun de ses compagnons, avait le sens de la famille. Elle adressa un regard confiant au Docteur, lui demandant silencieusement de lui laisser la place. L'étalon s'exécuta, réticent. Brièvement, la jument se remémora les souvenirs qu'elle avait de Fluttershy, quand elle devait s'occuper d'animaux effrayés, quand elle lui avait appris à s’occuper de lapins, pour éviter de leur faire peur. Elle devait autant faire preuve de tact que de douceur. Lentement, elle fit un pas en avant.

- N'approchez pas !

- Tu les considères vraiment comme ta famille ? J'vais t'dire quelque chose : dans une vrai famille, on s' soutiens les uns les autres, on s'protège, et on prend soin de chaque membre, même si on n's'apprécie pas forcément. Dis-moi, est-ce que ces poneys ressemblent à une famille à tes yeux ?

- Nous… Nous nous protégeons, nous protégeons les grands êtres…

- Mais eux, vous protègent-ils ? Veulent-ils vot'bonheur ?

Imperceptiblement, Applejack se rapprochait du jeune étalon, sans que ce dernier ne s'en rende compte, continuant de lui parler, calmement. Le novice voulait la croire, il ne voulait pas être comme ça. Mais… Il ne le pouvait pas

- Ils… C'est la seule famille que j'ai… Personne d'autre n’aurait voulu d'un pauvre petit poulain des rues…

- Et pour cela, t'es prêt à nous tuer, et à te tuer avec nous ?

- Je ne veux pas mourir seul, pas seul au monde…

- Si t'appuie sur ce bouton, tu mourras seul.

Le novice resta silencieux, tremblant de plus en plus. Applejack ne se trouvait plus qu'à un mètre de lui. Elle fit un pas supplémentaire, il ne réagit pas. Elle en fit un autre, et leva lentement un sabot avant. Le novice, au bord des larmes, semblait avoir perdu sa force mentale. Aussi tendrement qu'elle le pouvait, la fermière poussa le sabot suspendu au-dessus du levier, le décala, et de l'autre, ferma le clapet de sécurité.

C'est à ce moment-là que les nerf du poney masqué lâchèrent. Il fondit en larmes, et manqua de s'effondrer au sol. Applejack le rattrapa, et le jeune terrestre, presque un poulain, se mit à sangloter contre son poitrail. La fermière lui passa un sabot sur la tête, ne voyant quoi faire d'autre. Même sa petite sœur, Apple Bloom, n'avait jamais eu de crise comme celle-là.

- J'sais plus quoi faire...

- Tout va bien petit. Tout va bien.

L'expression qu'avait Rarity à ce moment-là était indescriptible, partagée entre la surprise et la pitié. Lui aussi, c'était fait utiliser, et il s'en était bien rendu compte. Mais il était perdu, et n'avait eu aucune autre possibilité. Cela, chacun pouvait le voir alors qu'il se tenait entre les sabots d'Applejack. Le Docteur contemplait la scène, ses yeux trahissant les sentiments qui se bousculaient alors en lui. Des sentiments qu'il avait souvent connus. Rainbow Dash, cependant, semblait moins prêter attention à la scène, et regarda autour d'elle avant de se tourner vers le Seigneur du Temps.

- Docteur, les autres sont sûrement encore en train de nous chercher. Il faut qu'on se cache avant qu'ils n'arrivent.

- Euh... Oui. Bien sûr.

L'étalon sortit alors de sa rêverie. Il regarda rapidement autour de lui, et s'approcha d'une vieille porte en bois, qui s'ouvrait sur un des bâtiments de la ruelle. Il frappa et attendit quelques secondes. N'entendant aucune réponse, il se risqua à ouvrir la porte pour jeter un coup d’œil à l'intérieur. L'intérieur sentait la poussière, et la demi-obscurité régnait dans une petite pièce vide. Probablement un grenier, qui, pour le moment, ne servait à personne. C'était un coup de chance. Il se retourna vers les poneys présents.

- Venez. Ils cherchent dans les rues, mais ils ne fouillent peut-être pas les maisons. Si nous restons ici, on pourra peut-être leur échapper.

- On arrive Docteur.

Rarity se précipita à l'intérieur, suivie par Rainbow Dash. Voyant ses amis entrer, Applejack encouragea le jeune terrestre à se relever.

- Allons, viens. Ce s'ra toujours mieux que d'rester là dans la rue.

Le poulain regarda la fermière, sans comprendre. Il venait d'essayer de les tuer, tous, pourtant... ils n'en avaient pas après lui. C'était... étrange.

Mais que pouvait-il faire de plus ? Il obéit à la fermière, essuya une larme d'un revers de sabot, et la suivit à l'intérieur. Que pouvait-il faire d'autre, de toute façon ? Entre rester dans la rue et retourner avec cette fausse famille... son choix était fait.

Ils refermèrent la porte derrière eux. Au bout de la rue, un poney masqué apparut et regarda l'espace qu'ils occupaient précédemment. L'endroit était désert.

***

Par un trou dans la porte, le Docteur regarda passer leurs poursuivants. Comme prévu, ils ne faisaient pas attention aux bâtiments eux-mêmes. Ils étaient en trop petit nombre pour lancer efficacement ce genre de fouille. Derrière lui, Rainbow Dash tournait nerveusement en rond, incapable de rester en place dans un espace aussi réduit alors que des terroristes étaient à leur recherche à l'extérieur. Contre les murs, Rarity et Applejack étaient assises, attendant que cela se passe et qu'ils puissent à nouveau sortir, ignorant comme elles le pouvaient la pégase cyan. Seul Rarity s'en sortait réellement à cette pratique, plutôt inquiète pour la poussière et la saleté qui s'était déposée sur son abaya pendant leur course folle. Dans un coin se tenait le novice qu'ils avaient rencontré plus tôt, recroquevillé sur lui-même. Il s'était débarrassé de son chèche, dévoilant son visage, avec son nez couleur crème, et sa crinière brune. Il ne pleurait plus, mais semblait toujours complètement perdu, immobile, le regard dans le vague. Applejack gardait discrètement un œil sur lui, se demandant ce qu'ils pouvaient faire.

- Je pense qu'on est en sécurité, dit le Docteur après un moment. Il faut juste qu'on attende qu'ils s'éloignent, et on pourra retourner au palais.

- Et qu'est-ce qu'on fera après ? Interrogea Rainbow Dash. On ne peut pas les laisser aller et venir comme ça ! Il faut trouver un moyen de leur mettre la pâtée !

- Ou trouver des arguments qu'ils seront prêts à entendre.

- Bah, vous avez vu ce que ça a donné. Ils ne nous écouteront jamais.

Rainbow Dash arrêta de marcher, pour s’asseoir à son tour, aux côtés de Rarity. A présent qu'ils en étaient là, ils ne pouvaient plus revenir en arrière. Ils devaient faire quelque chose. Mais quoi ?

- C'est peine perdue, Docteur.

- Je tiens à leur laisser une chance.

La pégase cyan soupira. Même dans cette situation, le Docteur continuait à vouloir utiliser la négociation, alors qu'elle était clairement inefficace. Dans ce sens, elle avait du mal à comprendre l'étalon. Applejack, à côté, ne prêtait pas vraiment attention à la conversation, et la reportait plutôt sur le jeune novice. Il n'avait pas prononcé un mot depuis qu'il était entré. Il avait essayé de les tuer… Pourtant, elle ne lui en voulait pas. Elle ressentait de la pitié pour ce poulain, imaginant ce que ce dernier avait dû endurer avant d'en arriver là… mais ne sachant pas ce qu'il en était précisément

Elle en était sûr, cependant : ce n'est pas lui qui était à blâmer. Après quelques instants, elle se décala dans sa direction, pour essayer de lui parler.

- On dirait qu't'a pas eu la vie facile, dit-t-elle. Depuis combien de temps est-ce que tu les a rejoint ?

- Je ne sais plus… Je n'ai pas compté les jours depuis qu'ils m'ont… Accueillis.

- Ca d'vait être assez récent quand-même. Le Docteur dit qu'y sont là depuis plusieurs mois.

- Peut-être. Ils disaient qu'ils voulaient réparer les injustices dans notre monde, qu'il n'y ait plus de riches, ni de pauvres. Et qu'on aurait plus à vivre dans les rues… Mais après, j'ai vu que certains devaient se sacrifier affin de participer à leurs dessins.

- Et cela t'a fait peur.

- J'ai vu ce qu'ils faisaient aux hôtes. J'ai vu comment ils voulaient rétablir l'équilibre… Et ça m'a fait peur. Je ne voulais pas tuer d'autres poneys. Je ne voulais pas mourir. Même si c'était pour le bien du monde, je ne voulais pas.

- Tu as senti que quelque chose n'allait pas.

- Les autres avaient une confiance aveugle en les grands êtres… Mais ils me faisaient peur. Ils étaient tellement puissants, et ils étaient prêts à tous nous emmener à la mort pour arriver à contrôler les grandes forces de notre monde… Ils me terrifient.

Peu à peu, les larmes commençaient à lui revenir. Ce culte était un espoir pour tous les pauvres de leur monde, et il avait renoncé à en faire partie. Son choix était-il bon ou mauvais ? Si ces grands êtres avaient le pouvoir de rendre leur vie meilleure, peu importe la raison première, avait-il mal fait d'aller à l'encontre de leur volonté ? Excédé, il enfouit son visage humide dans ses sabots.

- Je n'ai pas eu le courage de défendre nos opinions… Je suis indigne…

- Non, crois-moi, tu es tout sauf indigne.

C'était le Docteur qui venait de se rapprocher, ayant suivi l'échange d'une oreille. Il s'assit face au novice, alors que celui-ci redressait la tête.

- Tu ne t'es pas laissé avoir par ces extra-terrestres qui se prennent pour des dieux, tu as continué d'y voir clair, même si tu as pu te retrouver coincé.

- Et si j'avais été capable de sauver des gens en donnant ma vie, aurais-je bien fait de m'y opposer ? Si c'était la seule solution pour un monde meilleur, même s’il n'était pas pour moi, si ma mort leur avait permis de transformer ce monde comme il devrait être ? S'il s'était agi de mon destin ?

- J'ai toujours cherché à être juste dans mes actions, et moi aussi, j'ai toujours voulu faire de mon mieux pour rendre l'univers meilleur. Mais je sais d'expérience que ce n'est pas par des morts que l'on peut résoudre ce genre de problème.

- C'est pour ça que vous vous opposez aux grands êtres ?

- Entre autre. Mais dis-moi plutôt : comment est-ce que tu t'appelles ?

- Mudhean.

- Est-ce que c'est bien ton nom ?

- Eh bien… C'est comme ça que le grand maître Artalof m'a appelé.

- Comment est-ce que tu t'appelais avant ?

- En quoi est-ce important ? C'est un nom comme un autre.

- Les noms ont tout à voir. Si quelqu'un se permet de nommer une chose, une personne, ou… Un poney, alors il se permet d'exercer un contrôle dessus. Les noms ont beaucoup de pouvoir. Le tout est de savoir ce qu'il doit advenir de ce que l'on nomme, quand on décide de lui attribuer un mot.

Le poulain réfléchit quelques instants à ce que venait de dire l'étalon au sablier. Il n'imaginait pas que les noms pouvaient avoir autant d'importance. Après une courte pause, il reprit :

- Eh bien… Ma mère m'a appelé Eadil. Mais je ne sais pas ce qu'elle voulait que je devienne quand elle me l'a donné.

- Et pour toi, qu'est-ce que ce nom signifie ?

- Je… Euh… Je ne sais pas.

- Dans ce cas, tu es le seul à pouvoir lui donner une signification. Moi, j'ai décidé de m'appeler le Docteur. Parce que je voulais aider les gens que je rencontrais. Tous. Parce que c'est ce que je voulais être, et que c'est ce que je faisais de mieux. Tu peux garder ton nom, et l'associer à ce que tu veux, ou tu peux trouver ton propre nom. Cela, c'est à toi de décider.

Le Docteur se redressa, et retourna vers la porte, laissant Eadil dans une profonde réflexion. Un silence s’installa, quelques minutes, avant que Rarity ne brise le silence.

- Docteur, si on arrivait à retourner au TARDIS, on pourrait peut-être retrouver Twilight, Pinkie Pie et Fluttershy. Si on les ramenait ici avec les éléments de l'harmonie, peut-être qu'on pourrait renverser la balance.

- Cela ne marchera pas. Si nous partons maintenant, l'histoire poursuivra son cours sans notre intervention, et ces créatures auront gagné. L'Equestria que vous retrouverez ne sera pas celui que vous avez connus. Nous devons régler le problème ici et maintenant.

- Mais qu'est-ce qui vous fait dire qu'on est si important dans cette histoire ?

- Je le ressens, c'est tout.

- Comment ça ?

- Je suis un Seigneur du Temps. Je peux en partie sentir l'écoulement du temps. Ce qui peut être, ce qui doit être, ce qui pourrait être, ce qui ne peut pas être et ce qui ne doit pas être. Quand je vous regarde, toutes les trois… Tous les quatre, je sens qu'on est impliqués dans ces événements. C'est le temps qui a besoin de nous. Si nous ne faisons rien, alors tout sera perdu.

Il y eut un autre silence pesant, où chacun des voyageurs du temps méditait à une possible solution. C'est à nouveau Rarity qui brisa le silence :

- Dit moi, euh… Eadil, ceux de votre… ordre, qui sont habillés complètement en rouge… qu'est-ce qu'ils ont de spécial ?

- Ce sont les hôtes. Chacun d'eux est habité par un grand être. Artalof est leur chef suprême.

- Je vois. Celui de tout-à-l'heure a réagi assez bizarrement quand Rainbow Dash lui a envoyé ces épices.

- Oui, maintenant que vous en parlez, c'est assez curieux, repris le Docteur. Je me demande… Oh… OOOOOOOOOHH ! Rarity ! Vous êtes brillante !

L'expression du Docteur s'illumina soudainement alors qu'il poussait ce cri de victoire. Tous se retournèrent dans sa direction, intrigués.

- J'ai dit quelque chose d'important ? Demanda Rarity.

- N'importe qui se serait brûlé en recevant des épices dans les yeux, mais la réaction de cet hôte a été extrêmement violente ! Et vous savez pourquoi ? Justement parce que c'est un hôte ! Les grands êtres doivent modifier la biologie de ces derniers pour l'adapter à leurs besoins ! Cette substance est probablement nocive pour ces milles pattes, d'où la réaction !

Surexcité, le Docteur commençait à ressembler à Pinkie Pie dans son état normal. Rainbow Dash se redressa, soudainement intéressée.

- Ca veut dire qu'on a un avantage sur eux ?

- Oh oui ! Il n'y a plus qu'à espérer qu'ils soient prêts à entendre raison.

- Docteur, je ne suis pas contre de leur mettre une raclée, intervint Applejack. Si c'est nocif pour eux… En utiliser ne risquerait pas… De les tuer ?

- J'espère ne pas avoir à aller jusque-là, mais ça sera déjà un bon moyen de pression. Mais avant toute chose, il nous faut un plan d'action. Rainbow, qu'est-ce que tu lui a lancé au visage tout-à-l'heure ?

- Euh… Je ne sais pas…

Rapidement, Le Docteur s'approcha de la pégase cyan, et lui attrapa le sabot qui était entré en contact avec la substance poudreuse. Il le renifla.

- C'est du curcuma. C'est assez courant dans les environs. Avec de la chance, on devrait pouvoir en trouver suffisamment chez les marchands du coin. Mais pour que ce soit réellement efficace, il faut trouver le moyen de les disperser. Voyons, qu'est-ce qui pourrait transporter des poudres d'épice ? Oui… Oui ! Il y avait des infiltrations d'eau dans leur repère, vous vous souvenez ? Ils l'ont creusé dans une couche de roche, à proximité d'une poche d'eau ! C'est là que les habitants de la ville doivent puiser leur eau. Il suffit de trouver un puits pour y verser les épices, de créer une brèche, et le tour sera joué ! Le temps que le repère se remplisse entièrement, les poneys auront le temps de s'évacuer sans rester coincés. Ils seront protégés.

L'étalon retourna vers la porte. Son sourire disparut subitement.

- Mais… à seulement quatre… ou cinq… On mettra trop de temps à mettre cela en pratique. Ils auront le temps de nous voir venir. Il va nous falloir de l'aide.

- Et le Calife ? Demanda soudainement Rainbow Dash. Il ne pourrait pas nous aider ?

- Si, sans doute… Mais il faudrait pouvoir le prévenir…

- Je pourrais y aller. Souvenez-vous que je suis le pégase le plus rapide de tout Ponyville. Ils n'auront même pas le temps de me voir passer.

- En espérant qu'ils ne décident pas de concentrer leurs forces pour attaquer le palais. Il est vulnérable à cause des événements d'hier.

- Bah, on trouvera bien une solution. Au moins, on sait à peu près de quoi ils sont capables.

Le Docteur réfléchit un instant, pesant le pour et le contre, puis se retourna vers la pégase cyan.

- D'accord. Allez au palais et expliquez leur la situation. Si on ne perd pas de temps, on devrait pouvoir y arriver.

- C'est comme si c'était fait !

- Sois prudente Rainbow Dash.

- Allons Rarity, tu me connais !

- Oui, justement.

Sans attendre une seconde de plus, Rainbow Dash passa la porte, et décolla en trombe, pour rejoindre sa destination.

***

Au palais, les gardes et le Sultan n'étaient pas les seuls à s'inquiéter des récents événements. Dans les chambres du palais, le harem du Calife était encore en pleine ébullition. Toutes s'étaient installées dans le salon principal, débattant bruyamment de c e qui allait arriver par la suite.

- Non, mais est-ce que vous vous rendez compte ? S'écriait Raqisa, la pégase verte menthe. Ils ont supprimé la moitié des gardes du palais, ont capturé Jamila, et maintenant, qu'est-ce qu'ils vont faire ? Ils peuvent revenir pour faire encore pire !

- En fait, c'était seulement un tiers, corrigea Najma. Et je ne pense pas…

- C'est pareil.

- Pas vraiment. Mais de toute façon, je ne pense pas que ce soit de simples pillards. C'était les mêmes que ceux qui ont voulu capturer le Calife hier. C'est lui qui les intéresse, pas nous.

- Peut-être, mais ce n'est pas ce qui me fait le plus peur. Nous ne sommes pas en sécurité dans ce palais.

- Je suis d'accord, approuva Aniqa, la licorne grise sable. Nous n'aurions jamais dû nous retrouver ici.

Najma, Aniqa, Raqisa, Tamira et Qitara - le cercle de jument avec qui Applejack et Rarity avaient fait connaissance, - s'étaient placées debout au centre de la pièce, écoutées par plusieurs autres poneys du harem. Raqisa, tendue, était en train de tourner nerveusement en rond, tandis que Najma tentait de calmer l'ambiance. Tamira et Qitara, comme à leur habitude, étaient collées l'une à l'autre, essayant de se rassurer mutuellement, malheureusement chose assez difficile dans la situation présente.

- Ce n'est qu'une affreuse coïncidence, repris Najma. On s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

- Peut-être, repris Raqisa, mais qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Qu'est-ce qui va arriver à Jamila ? Et surtout qu'est-ce qui va NOUS arriver si jamais le Calife devait disparaître ?

- Nous allons probablement revenir au nouveau Calife, une fois qu'il y en aura un. Mais pour Jamila…

- Elle va se faire tuer ? C'est ça ? Sugéra Aniqa.

- C'est… Probable.

- Elle ne méritait pas ça, murmura Tamira.

- Il y avait vingt gardes face à quatre kidnappeurs, et ils n'ont rien pu faire ? S'écria une autre jument.

- Avec nous, ça faisait quarante, corrigea Raqisa.

- Et on a rien pu faire pour arrêter ça, se lamenta Qitara. C'est tellement…

- Qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse ? Renchérit une autre. Ils l'avaient déjà capturée avant qu'on ne puisse faire quoi que ce soit !

- Maman ? Pourquoi est-ce que tout le monde crie ? Je n'aime pas ça.

Najma baissa la tête. Sa jeune pouliche se tenait face à elle, lui jetant un regard plein d'inquiétude. Oui, elles étaient toutes en train de s'énerver, et elles en oubliaient que leurs propres enfants se trouvaient parmi eux, seulement spectateurs de la situation. Najma se baissa pour se mettre à sa hauteur, se voulant rassurante.

- Ne t'en fais pas Bara. Tout le monde est juste un peu énervé parce que Jamila est partie.

- Mais elle va revenir, non ?

- En fait, on ne sait pas. Mais on espère que oui.

- Moi aussi, j'espère.

- Pourquoi tu ne vas pas plutôt jouer avec les autres pouliches ?

- Elles se cachent. Je crois qu'elles n'ont pas envie de jouer.

Najma regarda autour d'elle. Plusieurs autres pouliches s'étaient mises en retrait, espérant que la dispute se termine rapidement. Celle d'Aniqa avait essayée d'attirer l’attention de sa mère, sans grand succès. Son regard se tourna finalement vers Wasi, le cheval qui gardait leur porte la veille. Par miracle, il n'était pas mort. Il s'était seulement fait assommer. Mais ce traitement le laissait toujours légèrement patraque. Il contemplait le débat, n'ayant visiblement aucune idée de ce qu'il pouvait faire. Lui-même en avait réchappé de peu. Najma fit quelques pas pour le rejoindre.

- Wasi, est-ce que tu pourrais rassembler les poulains dans une autre salle ? Je ne pense pas qu'ils aient besoin de voir ça.

- Hum ? Euh… Oui, tu as sans doute raison. Je m'en occupe.

Le cheval commença à s'exécuter. Najma retourna au centre pour reprendre le débat, mais n'eut pas le temps de s'y replonger. Un étalon venait d'entrer dans la salle. Marron clair, avec un grand turban couvrant sa crinière noire

Le Calife.

Il marcha calmement vers le centre de la pièce. Toutes les juments firent silence en le voyant arriver, peu sûr de savoir quoi faire. En principe, au harem, il n'est pas convenable de hausser la voix de cette manière. Et en présence du Calife, elles étaient supposées user de leur charme sur lui. Mais la situation ne s'y prêtait pas vraiment. Ce dernier, cependant, ne semblait pas réagir face à ce chaos inhabituel. Il se contentait de regarder tour à tour les juments présentes.

Nerveusement, Najma s'avança, essayant d'apporter une explication.

- Pardonnez-nous, Calife, nous sommes un peu…

- Ce n'est rien, je comprends. Le contraire n’aurait pas été normal.

- Ah… Bien. Nous sommes désolées si vous êtes venu vous détendre…

- Ce n'est pas ce genre de détente que je suis venu chercher.

- Vraiment ?

Najma lui jeta un regard d'incompréhension. L'étalon, lui, se contenta de s'installer sur un cousin proche.

« Pas aujourd'hui. J'avais simplement besoin de vous voir. Mais vous n'étiez pas obligées de vous interrompre. »

La jument dressa une oreille, surprise. Le Calife était un étalon qu'elle connaissait pour sa force de caractère. Mais le poney qui se trouvait en face d'elle semblait… Vide. Comme si quelque chose s'était éteint en lui. Quelque chose n'allait pas. Certes, elle savait qu'il pouvait se montrer indulgent face à ce genre de chose, mais dans sa façon de faire… Quelque chose avait changé. Autour d'eux, les autres juments commençaient à se poser des questions, conversant à voix basse. Inquiète, Najma s'approcha, et s'assit à côté de l'étalon.

- Calife, vous semblez peiné… Est-ce la disparition de Jamila ?

- C'est donc si facile à deviner ? Répondit-il avec un sourire sans joie.

- Vous passiez beaucoup de temps ensemble. On pouvait voir que vous étiez très proches.

- Bien plus qu'avec n'importe qui d'autre.

- Vous savez… Nous soufrons aussi de sa disparition. Elle était une de nos amies.

- Elle était bien plus à mes yeux. Et j'ai été incapable de la protéger.

Najma se tourna brièvement vers les autres juments, cherchant de l'aide. Elle ne s'était pas vraiment attendu à ce genre de discours. Elle savait que l'amour existait pour l'avoir déjà vu, mais de la part du Calife, cela lui paraissait tellement peu probable…

- Vous n'avez pas à vous blâmer pour ça, intervint Tamira. Il n'y a rien que vous auriez pu faire.

- Peut-être… Mais Il n'y a pas que ça. C'est aussi… Je n’arrête pas de penser à elle, et pourtant, cela aurait pu arriver à n'importe laquelle d'entre vous. Vous êtes toutes mes juments, autant qu'elle.

- Au moins, vous ne nous avez pas oublié, commenta Raqisa, sarcastique.

- Je me suis aussi inquiété pour vous. Quoi qu'en dise le Sultan, pour moi, chacune d'entre vous est quelqu'un d'irremplaçable. Comme... Toi, Raqisa, avec ton caractère inimitable, vous, Tamira et Qitara, le premier couple de juments de mon harem... Ne faites pas cette tête. Ça fait un moment que je l'ai compris. Et toi, Najma, la jument la plus intelligente que je connaisse...

- Hum, en fait Calife, je suis cultivée. C'est un peu différent.

- Si tu préfères. Mais ce que je voulais dire, c'est que je tiens à vous, à chacune d'entre vous. Et bien sûr… Tiens, où sont les poulains ? Je ne les ai pas vus.

- Dans une autre salle. J'ai pensé qu'il valait mieux qu'ils n'assistent pas au débat.

- Je comprends… Bara va bien ? Et les autres ?

- Ils vont tous très bien. Juste un peu secoués je pense.

- Il faudrait que je vienne les voir plus souvent. Enfin, je voulais aussi vous dire que... Je suis désolé. De vous avoir mis dans une situation aussi périlleuse.

- Calife, vous n'êtes pas responsable. Personne ne pouvait prévoir ce qui allait arriver, insista Najma.

Le Calife soupira, peu convaincu. Najma avait peut-être raison, mais lui, avait du mal à l'admettre. Il était responsable de ses juments, et il avait échoué à son devoir. Les impôts que le Sultan lui devaient n'étaient pas vitaux, et son arrivée remarquée en ville, loin d'être essentielle. Il en avait trop fait.

Soudain, un étrange bruit d'agitation parvint à ses oreilles, depuis le couloir d'entrée. Intrigué, il se tourna dans cette direction.

- Mais qu'est-ce qui se passe là bas ?

- Halte, arrêtez ! Cria un garde.

- Laissez passer ! Je dois voir le Calife !

- Personne ne peut entrer…

- Affaire urgente !

Avant que quiconque ne puisse réagir, Rainbow Dash déboula dans le salon, cherchant le Calife du regard. Dés qu'elle l'eut remarqué, elle se dirigea dans sa direction.

- Toi ? S'étonna l'étalon. Que fais-tu ici ? Où est le Docteur ?

- Il a eu… un empêchement. Calife, nous avons besoin de vous !

- Explique-toi. Avez vous trouvé leur repère ?

- Oui, et les négociations n'ont pas marché. Mais nous avons un plan pour faire pencher la balance.

Rainbow Dash mit quelques minutes pour décrire la situation. Le Calife l'écouta avec intérêt, tout comme ses juments. Rapidement, elle exposa le plan du Docteur.

- C'est le seul plan que nous ayons, ajouta-t-elle lorsqu'elle eut fini. Mais si nous voulons avoir une chance d'en finir, il faut le suivre, et rapidement.

- L'approvisionnement en eau de la ville risque d'être interrompu, si le plan est mis en action. Est-ce que le Docteur sait ce qu'il fait ?

- Oui, il sait très bien ce qu'il fait.

- Mais… Aura-t-il le temps de faire sortir Jamila avant que la grotte ne soit entièrement inondée ? Je ne sais pas si elle a appris à nager.

- Selon lui, tous ceux qui n'ont pas été infectés pourront sortir à temps. Les autres seront piégés par l'eau.

- Ça a l'air bien conçu, comme plan, commenta Najma. Enfin… Dit comme ça.

- Ça me parait aussi cohérent, repris le Calife.

- Mais on a besoin de vous pour que cela fonctionne. Si on est trop long à récupérer ces épices, ils pourraient nous voir venir.

- Mais s'ils voient mes serviteurs ou ceux du Sultan s'affairer en ville, ils pourraient également soupçonner quelque chose. Peut-être que si on leur fournissait des déguisements…

- Oui, ça pourrait le faire. Mais faudrait se dépêcher

- J'espère que ça va nous aider à retrouver Jamila, commenta à son tour Raqisa. Je ne sais pas vous, mais je commence à trouver ça frustrant de rester là sans pouvoir faire quoi que ce soit. C'est toujours notre amie quand-même.

Rainbow Dash se tourna en direction de la jument vert-menthe, intriguée.

- Comment ça vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit ?

- Que veux-tu qu'on fasse exactement, répondit Aniqa, sarcastique. Se battre et faire de la politique, ce sont des trucs d'étalon !

- Des trucs d'étalon ? Répondit froidement Rainbow Dash.

- Nous n'avons pas la force pour nous battre. Et pour faire de la politique, il nous faudrait… Des connaissances, savoir gérer des finances et ce genre de chose !

- Ce serait peut-être plus simple si tu voulais bien apprendre à compter, Aniqa, répondit amèrement Najma.

Aniqa resta bouche bée. Elle fixa Najma quelques instants, avant de détourner le regard. Mais la terrestre pie n'en avait pas encore terminé.

- Tu refuses toujours l'idée d'en apprendre davantage, ou celle de sortir. La réalité, Aniqa, c'est que tu as peur. Tu as peur de toucher à quelque chose qui te dépasse.

Aniqa tourna la tête, évitant soigneusement de croiser le regard de Najma. Elle se tourna finalement vers le Calife. Peut-être aurait-il quelque-chose à dire…

- Cela te terrifie vraiment à ce point ? Tu sais, Rainbow Dash a raison. C'est à la portée de n'importe qui.

- Vous approuvez Calife ? S'étonna Najma.

- J'ai toujours approuvé.

Aniqa frissonna. Il était d'accord ? Nerveusement, elle regarda autour d'elle, cherchant du soutien. Mais aucune des autres juments ne semblait vouloir lui venir en aide. Certaines la regardaient fixement, d'autres détournaient nerveusement le regard.

- Je… Je ne suis pas la seule ! Bafouilla-t-elle.

- Je sais, répondit calmement Najma.

- Calife… Ce n'est quand-même pas notre rôle. Ce n'est pas ce qu'on est censé faire…

- Et c'est pour ça que tu te sens obligée de t'enfermer dans un palais pour te tripoter la crinière ? S'emporta Rainbow Dash.

- C'est ce que les traditions veulent, mais ce n'est pas une raison pour rendre les efforts de Najma inutiles, répondit l'étalon.

- Vous avez raison, mais… concrètement, vous les séquestrez toujours, vos juments. Okay, vous êtes plus cool que le Sultan, mais il y a toujours le même problème !

- Ca veut dire quoi « séquestrer » ? Demanda alors Tamira.

- Maintenir prisonnier, expliqua Najma.

- Oh… Mais on est pas vraiment prisonnière !

- Un peu quand-même, intervint Raqisa. Nous passons nos journées enfermées dans la même partie du palais, et il n'y a que le Calife pour en décider autrement.

- Je suis conscient de ce que vous pouvez penser de cette situation, repris l'étalon. Mais la tradition ne peut être changée d'un simple claquement de langue. Je perdrais en crédibilité, si je décidais de vous laisser aller et venir à votre guise. Cela risquerait de nous apporter plus de problème qu'autre chose.

- Quoi ?

Dans un sursaut d'humeur, Rainbow Dash déplia ses ailes et décolla pour toiser le Calife d'un bon mètre de plus. Elle n'en croyait pas ses oreilles.

- C'est vous le boss ici que je sache ! Et vous ne pouvez pas prendre vos propres décisions ?

- Pas quand cela relève des traditions. J'ai une autorité, mais si mon pouvoir est contesté, alors je n'aurais plus aucune influence sur mes sujets. Je pourrais facilement me faire remplacer dans ces conditions.

- Vous n'allez pas me faire croire que vous êtes vous-même prisonnier de votre rôle !

- Si, justement. Être et me comporter en Calife est plus une affaire de symbole qu'autre chose. Je suis obligé de faire cela. Alors je te prierais de te calmer et de revenir au sol. Comme chacun, je déteste être regardé de haut.

Rainbow Dash ouvrit la bouche, cherchant quelque chose pour répliquer, mais ne trouva rien à rajouter. Elle poussa donc un soupir frustré avant de se poser face à l'étalon. Najma en profita pour reprendre la parole.

- Nous sommes tous contraints d'une certaine manière. Ce n'est pas en voulant faire une révolution qu'on s'en sortira. Cela risquerait d'éclater en d'énormes conflits.

- Alors qu'est-ce que tu proposes ? Demanda Raqisa.

- Eh bien… Des petits changements réguliers, pour éviter que cela soit trop brutal. Ce serait la meilleur méthode à mon avis.

- Najma… tu aurais pu faire une vrai politicienne, commenta le Calife. Je suis tout-a-fait de cet avis.

- Mais qu'est-ce qu'on attend pour s'y mettre alors ? Repris la pégase verte menthe. Moi je dis : le changement, c'est maintenant !

- Ne va pas trop vite en besogne Raqisa. Il nous manque encore la manière.

- Pardonnez-moi… Mais plus on parle, et plus je suis frustrée de voir qu'on est encore coincées ici alors qu'on a besoin d'aide à l'extérieur.

- Je dois admettre que c'est aussi mon cas, commenta Qitara. Mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

- Eh bien… Je ne sais pas, ils ont besoin d'épice. On pourrait essayer d'en récupérer pour eux, en ville. On devrait bien en être capables.

- Ce serait un bon début, encouragea Rainbow Dash.

- Euh… Avec les terroristes, tu penses que c'est une bonne idée ? Intervint alors Tamira.

- Je me pose aussi la question, repris le Calife. Ils s'en sont déjà pris à Jamila, ils pourraient décider de récupérer d'autres otages.

- Comment pourraient-ils savoir d'où nous venons si nous sommes supposées rester ici ? demanda Tamira. Avec des tenues pour se fondre dans la foule, nous passerons complètement inaperçues.

- Effectivement… Et le Sultan nous doit de l'argent. Nous pourrions en profiter pour acheter ces épices. Cela résoudrait pas mal de problèmes.

- Qu'est-ce qu'on attend alors ? S'écria Rainbow Dash. On a tout ce qu'il faut, il n'y a plus que se lancer !

La pégase s'approcha de la porte, enthousiaste. Raqisa et plusieurs autres juments, emportées par le discours, en firent de même, gardant un œil sur le Calife, qui se leva de son coussin pour les rejoindre.

- Vous avez raison. Il faut commencer, d'une manière ou d'une autre.

- Bien dit !

- Vous êtes toutes complètement folles… Murmura Aniqa.

- Et voila un parfait exemple de contestation du changement, commenta Najma. Mais je m'attendais plus à ce que les étalons soient les premiers à protester.

Aniqa n'était pas la seule à être restée en retrait. Une demi-douzaine de jument était restée au fond de la salle, peu encline à quitter la protection du palais.

- Vous êtes complètement coincées ou quoi ? S'emporta Raqisa. On a pas besoin d'être protégé de cette manière ! Regardez Rarity et Applejack par exemple ! Le Docteur n'est ni leur mari, ni leur gardien, mais juste leur ami. Elles sont complètement... C'est quoi l'expression Najma ? Quand elles n'ont pas besoin de son aide...

- Indépendantes ?

- Oui, voilà ! Elles sont indépendantes, et même leur princesse, à Equa... Machin, ce sont des juments ! Des juments au pouvoir ! Nous en sommes capable, nous aussi ! Il suffit juste de se lancer !

- Ce n'est pas pareil Raqisa…

- En quoi ?

Aniqa ouvrit la bouche pour essayer de trouver une réponse… Mais se rendit compte qu'elle n'avait aucune excuse valable à lui opposer. Le fait qu'une jument puisse se comporter de cette manière lui était complètement étrangère, mais elle s'en rendait compte, rien ne pouvait vraiment justifier le contraire.

- … Vous m'énervez, finit-elle par lâcher en les rejoignant.

Voyant leur porte-parole les quitter, les dernières juments n'eurent d'autre choix que de les suivre à leur tour. Au moins, elles resteraient ensemble, c'était le principal. Rainbow Dash, de son côté, s'approchait du Calife.

- Au moins, vous êtes assez sympa par rapport aux autres étalons du coin. Bon, qu'est-ce qu'on fait alors ?

- Pour commencer, il faut qu'on aille trouver le Sultan. Il a quelque chose dont nous avons besoin.

***

Les gardes ouvrirent la porte pour permettre au Calife d'entrer dans la salle du trône, en compagnie de chacune de ses juments. Cette entrée soudaine fit sursauter le Sultan, affalé sur sa pile d'énorme coussin, alors en train de profiter de deux de ses meilleures danseuses. Ces dernières s'interrompirent dans leur pratique pour voir qui venait d'entrer, et s'écartèrent de l'allée centrale tandis que la musique s’arrêtait. Brutalement.

- Sultan, nous avons à parler.

- Calife, que me vaut l'honneur…

- Vous nous devez toujours une grosse somme d'argent, et nous en avons besoin, immédiatement.

- Immédiatement ? Avez vous prévu d'écourter votre séjour ?

- Non, nous allons venir en aide au Docteur.

- Cet étalon ? De quoi a-t-il besoin de si important?

- Du curcuma.

- Des épices ? Pour quoi faire ?

- Nos agresseurs sont dirigés par des créatures pour qui cette substance est nocive. Le Docteur va essayer de se servir de cette faiblesse.

- Mais… Calife, vous savez que je peine à rassembler les sommes que vous exigez en impôt. Si vous décidez d'utiliser la totalité, je pourrais avoir du mal à compenser pour reconstruire mon mur d'enceinte et engager de nouveaux gardes.

- Cessez ces excuses ridicules ! Nous savons l'un comme l'autre que vous essayez de minimiser vos dépenses. A moins que vous n'utilisiez vos économies pour financer des banquets, j'exige de savoir ce que vous faites de ces économies.

- Euh… Sultan, je les utilise aux mieux, vous pouvez en être assuré…

Le gros étalon était certes nerveux face à son supérieur, mais essayait cependant de garder la face devant lui. Hors de question de le laisser le dépouiller. Comprenant qu'il ne tirerait rien de lui, le Calife se tourna vers les serviteurs présents dans la pièce.

- Certains d'entre vous ont sans doutes été témoins de quelque chose dans ce palais. Si certains savent quelque chose sur les activités financières du Sultan, qu'il prenne la parole.

- Ils ne savent rien, repris le Sultan, visiblement inquiet.

Il y eut un silence de quelques instants. Les uns ne voyaient pas de quoi était en train de parler l'étalon, les autres étaient trop craintifs pour oser prendre la parole. Finalement, c'est une des danseuses qui lui répondit, une jument brune à crinière noire, sa marque, qui devait représenter une étoffe en mouvement, en partie cachée par une tenue à moitié transparente.

- Il cache une partie de ses économies personnelles sous son coussin. Un de ses conseillers a dit que c'était une mauvaise idée de vous cacher ces richesses ainsi.

Le Calife jeta un regard noir au Sultan, qui se mit à transpirer abondamment, les oreilles plaquées en arrière par la nervosité.

- Je… Je comptais vous en parler…

- Là n'est pas la question. Faites sortir cet argent. Nous avons à faire, et c'est urgent.

Toujours nerveux, le Sultan n'eut d'autre choix que d’obéir. D'un geste du sabot, il fit approcher deux de ses serviteurs pour vider le coffre secret, maudissant intérieurement le Calife, et cette danseuse qui n'a pas voulu tenir sa langue.

***

Le Docteur se pencha au-dessus du puits, un modeste trou dans le sol entouré d'un muret, le tournevis en bouche afin d'analyser la forme de la cavité et l'écoulement de l'eau en contrebas. Par souci de sécurité, l'étalon s'était couvert d'une djellaba brune, avec une capuche rabattue sur sa tête. Il était à présent ciblé, et passer inaperçu était le meilleur moyen de ne pas s'attirer d'ennuis. Curieux, Eadil, se pencha à son tour pour regarder ce que faisait le Seigneur du Temps.

- Vous pensez que ça peut convenir ?

- Oui, la forme correchpond, répondit l'étalon en se redressant. Il y a une faibleche dans la roche, il chuffirait de trouver quelque choge pour la faire chéder… Tes brachelets contiennent des explosifs, non ? Est-ce que che peux les voir ?

- Si vous pouvez m'en débarrasser.

Il tendit ses sabots, retroussant une de ses manches pour dévoiler le dispositif. Le Docteur pointa son tournevis dessus, le décrocha pour le récupérer, et continua de le scanner.

- Charge plachmatique. Ch'est che que che penchais. Chi je rends une partie inactive, l'impulchion de la détonachion chera achez fort pour ouvrir la brèche chans dénaturer les épiches dans l'eau… Voilà.

Le Docteur acheva son travail, et jeta le bracelet dans le puis avant de ranger son outil.

- Molto biene.

- Vous pensez que ça peut marcher ?

- On verra bien. C'est bon, vous pouvez y aller.

Il se tourna vers un groupe de trois juments, également vêtues de djellaba, qui attendaient à proximité. Aussitôt, elles prirent le gros sac qu'elles avaient apporté, et en vidèrent le contenu dans le puits. Elles furent imitées par un autre groupe, qui fit de même. Toutes les juments du harem du Calife, à la grande surprise du Docteur, étaient sorties du palais pour participer. Réparties en petits groupes, celles qui savaient compter avec celles qui avaient le sens de l'orientation, elles avaient sillonné le marché, pour acheter tous les stocks de curcuma de chaque marchand qu'elles pouvaient trouver. En moins d'une heure, elles avaient rassemblé plusieurs énormes sacs à proximité du puits principal de la ville. Autour d'eux, des passants les regardaient opérer avec curiosité. Qu'étaient-ils en train de faire si précipitamment ? Certains, plus inquiets que d'autres, s'approchaient, essayant de savoir quelle était cette substance qu'elles déversaient dans l'eau de la ville. Des épices ? Pour quoi faire ?

Le Docteur observait la scène, un sourire en coin. Il ne savait pas comment avait fait Rainbow Dash pour les convaincre de sortir, et surtout pour convaincre le Calife de les laisser sortir, mais il était heureux de voir qu'elles pouvaient profiter d'une plus grande liberté de mouvement. Lui-même préférait souvent une compagnie féminine, pour bien des raisons… un autre étalon s'approcha de lui. C'était le Calife. Lui aussi s'était déguisé, et avait troqué son turban et ses autres vêtements contre une vieille djellaba défranchie. Sans ces accessoires, il était presque méconnaissable. Seul sa barbe noire restait caractéristique de sa personne.

- Vous savez, je ne peux pas m’empêcher de m'inquiéter quant à ce qu'il pourrait arriver, avoua ce dernier. Elles ont peut-être des capacités, mais c'est aussi la première fois qu'elles se retrouvent comme ça à l'extérieur, pour la plupart.

- C'est comme ça à chaque fois, au début. Mais vous verrez, tout se passera bien. Je vous le promets.

Un dernier groupe de trois juments arriva sur la place, transportant ensemble un dernier gros sac d'épice. Deux terrestres le portaient sur leur dos, tandis qu'une pégase essayait de l'alléger en volant au-dessus d'eux.

- Allez, on y est presque, encouragea Raqisa.

- Ce truc est en train de me casser le dos, se plaignit Aniqa.

- Arrête de râler, protesta à son tour Najma. Tu es plus forte que ça !

- C'est toi qui le dit ! Et si jamais ça tourne mal avec les terroristes…

- On te l'a déjà dit, ça n'arrivera pas. Ils ne peuvent pas nous reconnaître.

- J'ai une fille Najma. Je préférerais rester en vie pour elle…

- J'ai aussi une fille, je te signale. Mais moi, je préfère être forte pour elle. Maintenant que je peux me battre, à ma manière, je veux le faire autant que possible.

- Je n'ai peut-être pas d'enfant, argumenta Raqisa, mais je suis tout à fait d'accord avec ça.

Elles amenèrent le sac à côté du puis, et à leur tour, y déversèrent son contenu. C'est alors que le Docteur s'approcha :

- On devrait en avoir assez. Vous pouvez vous arrêter.

- Ouf, pas trop tôt, dit Aniqa en s'étirant.

- Et maintenant ? Qu'est-ce qui va se passer ? Demanda Najma.

- Je vais descendre dans leur repère. S’ils acceptent ma proposition, alors tout le monde pourra s'en sortir. Restez avec le Calife, et ne tentez rien de dangereux. Je reviendrai bientôt. Eadil…

- Je vais rester dans le coin, l'interrompit le jeune étalon. Si je vois d'autres membres du culte, je fais diversion.

- D'accord, mais ne prends pas de risques, toi non plus.

- Docteur, si vous le pouvez, ramenez Jamila. S'il vous plaît…

- Je vous le promets Calife.

Le Seigneur du Temps se retourna, et commença à s'éloigner au trot, dans la direction de la seule entrée qu'il connaissait vers la cachette souterraine. C'était bientôt l'heure de vérité. Il entra dans une ruelle, prit le premier tournant, continua…

- Vous n'pensez pas y aller tout seul !

Le Docteur sursauta en se retournant. Applejack se trouvait là, dissimulée au coin du virage qu'il venait de passer. Le regard qu'elle lui lançait voulait tout dire.

- Applejack… Ce n'est vraiment pas une bonne idée.

- D'y aller seul ?

- De m'accompagner. Je ne peux pas garantir ce qui va se passer là au fond. Il vaut mieux que vous restiez là.

- Docteur, C'matin, vous nous avez expliqué qu'vous vouliez nous protéger pour nous ramener en sécurité à Ponyville. Mais vous… Vous passez vot'temps à foncer tête baissée, sans vous soucier d'savoir si vous allez vous en sortir ou pas !

- Applejack, trop de gens se sont déjà mis en danger à cause de moi.

- Et vous savez pourquoi ? Parce qu'à chaque fois qu'vous vous mettez en danger, quelqu'un vient pour essayer d'vous protéger vous ! Ce n'est pas comme ça qu'ça marche la solidarité !

Le Docteur fit un pas en arrière, face à la fermière, qui continuait de le regarder d'un air dur. Ses propos étaient implacables.

- Qu'ce soit dans une famille ou une équipe, on s'soutient les uns les autres. Quand j'ai décidé d'embarquer avec vous, c'était pour vous empêcher, vous, Rainbow et Rarity, d'faire des bêtises en voyageant dans le temps. Vous n'y échapperez pas, Docteur !

Elle lui lança un regard qui ne laissait aucune place à la discussion. Le Docteur ne s'était pas du tout attendu à cette situation, Applejack pestant régulièrement à propos de leur sécurité.

- Laissez-moi vous accompagner, au moins pour assurer vos arrières. Z'avez raison sur un truc : vous n'pouvez pas prévoir c'qui va arriver.

L'étalon réfléchit un instant, repensant brièvement à ses anciens compagnons de route. Beaucoup avaient souffert à cause de lui… Mais beaucoup d'autres l'avaient également sauvé, quand il avait le plus besoin d'aide. Et c'était arrivé à de nombreuses reprises à la plupart d'entre eux, sans qu'ils n'aient à subir de problème majeur. Alors…

- Ne vous éloignez pas trop.

- C'est pas prévu.

Ils prirent ensemble le chemin qui conduisait au repère des extra-terrestres. Peu importe s’ils allaient se faire prendre en embuscade ou si on allait les attaquer à vue une fois au fond, ils n'étaient pas seuls.

***

C'est au petit trop que les deux poneys s’engouffraient dans les étroits conduits qui menaient à la grotte principale. Dans cet environnement si peu éclairé, cette démarche était la plus sûre. Si ni l'un, ni l'autre, n'avait envie de s'approcher aussi près du groupe de terroristes, y retourner aussi rapidement que possible était primordial, s’ils voulaient conserver leur avantage tactique. Applejack marchait à nouveau devant, prête à accueillir le moindre obstacle qui pouvait se dresser sur son chemin. Si elle n'avait pas de regret à menacer ces créatures, l'idée de leur faire volontairement du mal la dérangeait quelque peu. Quant au Docteur, si la tension se lisait également sur son visage, il était en revanche dépourvu de colère. Cette scène… Il l'avait déjà vécu bien des fois, et ces souvenirs continuaient de le hanter à chaque fois que l'histoire se répétait. Mais peut-être que cette fois ci, ce serait différent.

Ils passèrent le dernier virage, et s'approchèrent de la porte qu'ils avaient utilisés en arrivant. Mais… Devant cette dernière, deux terrestres, vêtus entièrement de rouge, montaient la garde. Des hôtes. Sans sommation, Applejack se retourna, et envoya un grand coup de sabot dans la tête du premier. Le second en reçut un à son tour avant même de comprendre ce qu'il se passait.

- Hors de mon chemin, les aliens.

Sans un regard, elle enjamba les poneys possédés à terre, suivie du Docteur. Ils entrèrent dans la salle… Interrompant une nouvelle cérémonie. Jamila, la jument captive, se trouvait sur l'autel, maintenue par quatre hôtes afin d'éviter qu'elle ne bouge. Un cinquième apportait au grand maître, également présent, le coffret contenant le mille patte supposé en prendre le contrôle. Mais ce n'est pas ce qui interpella le Docteur et Applejack en premier : tous les poneys qui assistaient à l'opération, sans exception, étaient vêtus de tenues rouges. En l'espace de quelques heures, la quasi-totalité du culte des grands êtres avait été massacré, afin de servir de pantin à ces créatures. Le duo eut un frisson à ce moment-là…

- Oh, non…

- Je suis désolé. Vraiment désolé…

- Vous !

Le Grand Maître venait de s'interrompre, reconnaissant les deux intrus. Cette fois ci, il semblait décidé à ne pas les laisser ressortir vivants. La jument jaune pâle cessa de se débattre quelques instants pour voir ce qu'il était en train de se passer.

- Nous sommes venus vous faire une proposition, commença le Docteur.

- Nous ne voulons pas l'entendre ! En joue !

Plusieurs poneys prirent maladroitement leurs armes à plasma, et tentèrent de viser le duo. Heureusement, ils avaient peu de chance de toucher ne serait-ce qu'un des deux poneys : Aucun de ceux qui les menaçaient ne savait encore contrôler ces organismes équins. Il leur était encore impossible de viser correctement. Applejack baissa subitement les oreilles, peu rassurée. Le Docteur semblait savoir ce qu'il faisait… Mais ce qu'il formula ensuite était sur un ton qui ne se voulait pas menaçant.

- Grands êtres, je vous offre une dernière chance : Je peux vous aider à trouver une nouvelle planète, où vous pourrez vivre, sans crainte. Acceptez mon offre, et venez avec moi.

- Qu'adviendra-t-il dans le cas contraire ? demanda le grand maître d'un air moqueur.

- Alors ce qui arrivera sera de votre faute.

Applejack regarda faire le Docteur, en partie intrigué par sa démarche. Pourquoi ne leur expliquait-il pas qu'ils étaient directement menacés pour les obliger à se rendre ? Voulait-il les faire tomber dans le panneau ? Volontairement ?

- Docteur, si vous n'leur dites pas, y'n'vous croirons jamais.

- S'ils apprennent ce qu'on leur a réservé, ils trouveront le moyen de l'éviter et reviendrons à la charge. Il faut garder une longueur d'avance.

- Y a-t-il quelque chose que nous ne savons pas Docteur ? Demanda le grand maître soudainement suspicieux.

- Oui. Les poneys là haut ont de quoi se défendre, si vous décidez de vous en prendre à eux. Ils connaissent vos faiblesses. Mais vous pouvez éviter ça.

- Vous voudriez qu'on vous fasse confiance, alors que vous êtes peut-être en train de nous tendre une embuscade ?

- Il n'y aura aucun piège si vous décidez de m'écouter.

- Vous n'êtes pas digne de notre confiance, Docteur. Nous n’accepterons jamais rien de votre part !

- C'est décidé alors.

- non ! Attendez ! S'écria Applejack.

- En joue ! Cria le Grand Maître.

- Y'vous offre une chance d'vous en tirer à bon compte ! Utilisez-la !

- Nous ne tomberons dans aucun de vos pièges.

- Cela ne sert à rien Applejack, ils ont pris leur décision.

- Mais Docteur… On n'peut quand-même pas…

La fermière regarda impuissante, l'étalon prendre son tournevis sonique dans sa bouche, et le pointer sur une paroi, particulièrement humide…

- Docteur !

- Qu'est-ce que vous faites ? Arrêtez !

Le Docteur alluma son tournevis sonique, envoyant le signal…

BOUM !

Il y eu un fracas effroyable, et la paroi explosa, déversant un véritable torrent d'eau colorée à l'intérieur de la grotte. En quelques secondes, elle avait recouvert le sol de la caverne. Les sabots des hôtes au contact de cette substance se mirent à fumer, et leurs propriétaires à pousser des hurlements de douleur. Paniqués, les poneys qui se trouvaient sur l'estrade regardaient autour d'eux, cherchant une échappatoire… toutes les issues par lesquelles ils pouvaient passer étaient déjà occupées par l'eau. Ils étaient prisonniers, et il n'y avait plus rien pour leur permettre de s'échapper. Ils lâchèrent Jamila, mais cette dernière ne bougea pas de l'autel, visiblement aussi effrayée que ses geôliers.

- Elle est bloquée, elle aussi, s'écria le Docteur. Applejack ! Venez !

Sans attendre de réponse, le Docteur s'élança dans la salle, pataugeant dans l'eau, dont le niveau était en train d'augmenter à une vitesse alarmante, et était déjà pratiquement au niveau de leurs boulets (l'équivalent du poignet pour un équin). Applejack le suivit, passant entre les poneys agonisants, devenus incapables de réagir dans leur état.

Qu'avaient-ils fait ? Ils étaient tous en train de mourir, dans d’atroces souffrances.

Le Docteur monta sur l'estrade, éclaboussant autour de lui. Les hôtes encore secs qui se trouvaient là s'écartèrent comme s'il s'était agit d'un produit corrosif. Le Grand Maître restait devant eux, ses yeux exprimant quelque chose entre l’effroi et la furie.

- Vous nous avez piégés !

- Je vous avais prévenus : C'est votre faute.

- Vous… Vous ne ressortirez pas vivant !

Le poney sortit un poignard de sa manche, le serrant entre ses dents à travers le foulard qui lui couvrait le visage, et se jeta sur le Seigneur du Temps. Ce dernier fit un simple mouvement de sabot, envoyant des gouttes de cette eau contaminée dans les yeux de son agresseur. Ce dernier lâcha son arme en poussant un hurlement de douleur, portant immédiatement ses sabots à la partie brûlée. En une fraction de seconde, le puissant Maitre avait été mis en échec. Ses complices reculèrent dans l'instant, paniqués. Applejack était sans voix face aux événements qui se déroulaient sous ses yeux. Ces poneys… Ou plutôt ces extra-terrestres mourraient, coincés comme des rats.. Et pourtant, le Docteur, grand architecte de leur défaite, restait parfaitement stoïque. Il se tourna vers Jamila, qui n'avait toujours pas quitté l'autel. Elle eut un mouvement de recul quand le terrible étalon s'approcha.

- Nous sommes venus vous aider ! Venez avec nous avant que l'eau n'inonde la caverne !

- Mais… Qu'est-ce qu'il y a dedans ?

- Des épices, vous ne risquez rien ! Venez, vite !

- Je ne sais pas nager…

- L'eau n'est pas encore trop profonde ! Vous pouvez encore traverser !

- Mais je… Je ne peux pas…

La pauvre jument n'avait probablement jamais vu autant d'eau, dans sa vie, et encore moins essayé de traverser alors que le niveau montait. Pas le temps d'attendre qu'elle accepte, il fallait la transporter jusqu'à la sortie.

- Applejack, vous pouvez la porter jusqu'au tunnel ?

- Euh… Je devrais pouvoir, si elle reste calme.

- Vous avez entendu ? Nous allons vous faire sortir !

Le Docteur tendit un sabot, pour l'inviter à descendre. Elle était terrorisée, et regardait tour à tour le Docteur, les hôtes, qui cherchaient désespérément un moyen d'échapper au raz de marée dévastateur, et Applejack. Elle faisait tellement penser à Fluttershy… Applejack la regarda droit dans les yeux, usant d'un atout que le Docteur ne semblait pas avoir : l'honnêteté.

- Fais-nous confiance. On va te faire sortir d'ici.

La jument jaune tremblait comme une feuille… Mais se décida finalement à rejoindre le duo. Instinctivement, elle s'approcha d'Applejack.

- Grimpe sur mon dos !

La jument obéit, et d'un mouvement rapide, glissa sur le dos de la fermière, se cramponnant à son cou.

- Har… Tu m'étrangles !

- Pardon.

- Venez ! Il est temps de partir !

Applejack suivit à nouveau l'étalon dans l'eau, qui lui arrivait à présent au niveau des genoux. Marcher rapidement devenait extrêmement compliqué, surtout avec cette charge supplémentaire sur le dos, mais elle tint bon. En quelques instants, ils avaient à nouveau rejoint le tunnel de sortie. Ils le longèrent, sortant progressivement de l'eau. Derrière eux, la grotte continuait de se remplir, tandis que la nappe phréatique se vidait.

Applejack regarda droit devant elle, refusant de voir les corps qui commençaient à flotter autour d'eux…

***

- Vous nous avez rendu à tous un grand service. Mais entre nous, je vous avoue que je ne m'attendais pas à ce que vous mettiez votre plan à exécution.

- J'y ai été contraint, malheureusement.

D'un œil, le Docteur observa l'activité dans la ruelle où il se trouvait. L'eau était toujours à portée des habitants, mais les étroits conduits qui composaient l’installation des extra-terrestres jusque-là, étaient devenus le seul passage possible vers l'eau de la ville, rendant son accès beaucoup plus difficile. Sous ordre du Calife, également présent sous son déguisement, des gardes du Sultan s'étaient placés en file à l'intérieur, faisant circuler des sceaux affins d'en faciliter la distribution. De crainte qu'elle ne soit plus propre à la consommation, à cause des corps qui s'y trouvaient, il avait également été demandé à des licornes de la purifier. L'eau était potable, mais pas débarrassée du curcuma qui y était encore en suspension. Peu importe, les habitants s'en contentaient. Cela ne semblait pas les déranger de toute façon, bien au contraire.

Applejack, Rarity et Rainbow Dash observent la scène d'un côté de la rue. Depuis qu'elles s'étaient retrouvées, elles avaient préféré garder leur distances avec le Seigneur du Temps. De l'autre, quelques juments du Calife, observaient également d'un oeil l'échange entre ce dernier et le Docteur. La grande majorité était retournée au palais, mais Najma et son groupe était restés en arrière, préférant éviter de s'éloigner. Cependant, leur attention était principalement tournée vers Jamila, visiblement soulagée d'être revenue à la surface, et Eadil, très gêné du fait qu'il l'avait lui-même enlevée. Si la plupart des juments exprimaient des doutes à son égard, aucune d'elles ne pouvait nier sa franchise et les remords qu'il exprimait. Jamila lui pardonna malgré tout, comprenant la détresse dans laquelle il s'était trouvé auparavant.

- Je vous avoue que je ne sais plus quoi penser de tout ça, reprit le Calife. Ils étaient des tueurs, certes, mais ils étaient toujours des poneys, dans un sens… Des poneys que vous avez exterminés.

- Croyez-moi, les créatures que j'ai affrontées là en bas n'avaient plus rien de poneys.

- Peut-être… Mais je trouve toujours votre manière d'agir… Étrangement agressive, pour un Docteur.

- Il y a des jours où on est obligé… Enfin, ils ne poseront plus de problème. Nous avons réussi à sauver Jamila, et Eadil. C'est le principal.

Le Calife regarda brièvement sa jument, toujours en conversation avec le jeune étalon. Deux rescapés d'une effroyable catastrophe… Oui, ils étaient sauf. Beaucoup étaient mort… Mais eux, au moins, avaient survécu. Dans un sens, c'était un soulagement.

- Il n'a plus rien, dit le Seigneur du Temps. Ni argent, ni maison. Il va redevenir un enfant des rues, maintenant que tout est terminé.

- Je ne pense pas qu'il le mérite. Je vais l’accueillir dans mon palais. Je veillerais à ce qu'il ne manque de rien.

- Et… Qu'est-ce que vous envisagez pour vos juments ?

- L'arabie Sellouite n'est pas encore prête à voir des juments se mêler à des affaires d'étalon. Mais je pense que les choses peuvent évoluer. Il faut simplement commencer quelque part.

Le Docteur eut un sourire en coin. Les choses étaient bien parties pour évoluer dans ce sens. L'arrivée des quatre voyageurs du temps ayant sans doute contribué à cette mise en marche.

- Je ne sais pas qui vous êtes, ni d'où vous venez, Docteur… Mais je pense qu'il est temps pour vous de partir. Vous nous avez aidé, mais il est préférable que cette affaire soit oubliée, pour le bien de tous. Il y a eu trop d'horreur ces derniers jours, et je ne sais pas comment le peuple réagirait s’il connaissait plus de la moitié de l'histoire.

- Je comprends ce que vous voulez dire. Nous n'allions pas nous attarder, de toute façon. Il nous reste bien d'autres choses à voir et à découvrir.

- Très bien. Je vous souhaite un bon voyage, Docteur. Vous transmettrez nos amitiés aux juments qui vous accompagnent. Rainbow Dash, Applejack et Rarity. Ce sont vraiment des juments admirables.

- Je n'y manquerai pas.

Le Docteur lui adressa un dernier signe de tête, puis s'éloigna pour rejoindre ses compagnes de voyages.

***

Le Docteur referma la porte du TARDIS derrière lui. Les quatre voyageurs du temps ne s'étaient pas échangés un seul mot de tout le trajet qui les avait ramenés au vaisseau spatial. Á l'intérieur de la salle de contrôle régnait le silence le plus pesant. Sans dire un mot, l'étalon s'approcha de la console de commande.

- Pourquoi vous avez fait ça ?

C'est Applejack qui brisa le silence la première. Elle s'avança vers le Seigneur du Temps, le regard dur et plein de reproches. Le Docteur ne bougea pas, cependant, s'attendant à cette réaction de la part de la fermière. Il la regarda tristement, attendant qu'elle termine.

- Nous étions là pour négocier, pour leur proposer une au't solution ! Vous, qu'est-ce que vous avez fait ? Vous les avez piégés !

- Je leur ai laissé une chance.

- Une chance ? Vous n'leur avez rien dit sur le plan, comment vouliez vous qu'ils vous prennent au sérieux ? Elle est bien belle, vo't chance !

- Si je leur avais expliqué, ils auraient probablement trouvé le moyen de contourner le problème. Ils auraient sûrement obéi, avec de belles promesses, avant de revenir et de reprendre leurs activités. Je ne pouvais pas les laisser faire ça.

- Mais vous… vous auriez pu… Vous deviez… Arh !

Applejack se détourna, frustrée. Elle avait commencé à croire que le Docteur était un sauveur, quelqu'un qui aidait toujours son entourage, qui trouvait des solutions à tous les problèmes… Mais cette fois, il avait tué ses adversaires, froidement, sans manifester le moindre remord pour les vies qu'il avait prises. Des vies de meurtriers, certes, mais toujours des vies. Quelque chose ne collait pas… ça ne pouvait pas être le Docteur.

- Il n'y avait rien d'autre à faire, dit calmement l'étalon.

- Vous vous sentiez obligé de vous rabaisser à leur niveau ? Demanda Rarity.

- J'étais d'accord pour leur mettre une raclée, intervint alors Rainbow Dash, visiblement embarrassée, mais je dois dire que ce que vous avez fait…

- Ils ne m'ont pas laissé le choix…

- Est-ce que vous, leur avez laissé l'choix ? Quand ils n'avaient rien pour croire à vo't histoire ?

- Applejack, si épargner une planète avait fait partie de leurs objectifs, ils m'auraient demandé comment je comptais faire pour les aider. Mais vous l'avez vu, ils nous ont considéré comme des ennemis.

- Alors vous vous êt'comporté comme un ennemi, et vous les avez éradiqués. Quel genre de poney êt'vous, Docteur ?

- Je ne suis pas un poney.

Applejack le foudroya du regard une nouvelle fois, et se détourna à nouveau, ne sachant plus quoi penser. Le silence retomba dans la salle.

L'air à l'intérieur du TARDIS était frais, bien plus frais que dans la ville désertique, mais sans être glacial pour autant. La fermière se dirigea vers le porte manteau à côté de l'entrée, et retira son vêtement inutile pour l'y accrocher. Elle serait plus à l'aise sans ces épaisseurs de textile. La voyant faire, Rainbow Dash, puis Rarity décidèrent de l'imiter. Personne ne dit rien pendant plusieurs minutes. Le Docteur, lui, restait penché sur la console centrale, refusant de regarder autre chose.

Plusieurs longues minutes plus tard, Applejack revint vers le Docteur, l'expression menaçante, signifiant que l'étalon n'aurait pas droit à l'erreur.

- A quoi pensiez vous, Docteur ? A quoi pensiez vous, quand vous avez utilisé vot'tournevis, et qu'vous avez fait exploser l'mur de la grotte ? Qu'est-ce que vous avez ressenti, lorsque vous les avez tous tués ?

- De la tristesse. De la peine. Pour eux. Je voulais les aider, mais ils se sont montrés complètement aveugles. Ils ne connaissaient que la rivalité, le mensonge, et la destruction. Recevoir de l'aide était inconcevable pour eux. Je ne peux pas aider quelqu'un qui refuse d'être aidé. Et sachant qu'ils allaient détruire votre planète… Je ne pouvais pas laisser faire ça. Je ne voulais pas en arriver là… mais c'était la seule chose que je pouvais faire.

- Alors… Si vous aviez eu une aut'solution… Vous l'auriez fait ? Pour sauver tout l'monde ?

- Oui, je l'aurais fait.

Applejack semblait se calmer, tandis que le Seigneur du Temps se confessait. Ils s'étaient tous trouvé dans une impasse, et leur ami avait utilisé la seule solution qui lui était disponible. Elle avait commencé à le prendre pour un dieu… et avait fini par oublier qu'il n'était qu'un être vivant. Il avait peut-être plus de connaissance et d'expérience qu'aucun poney ne pouvait imaginer, mais physiquement, il ne restait physiquement qu'un être équin, pas plus capable qu'eux. Rainbow Dash et Rarity regardaient le duo, attendant de voir comment évoluait la conversation. Applejack ne dit plus rien pendant plusieurs interminables secondes… Puis releva la tête, apaisée.

- Vous avez fait c'que vous avez pu.

Elle esquissa un sourire sans joie. Il lui sourit en retour. Enfin, la tension retombait.

- Repartons, nous n'avons plus rien à faire là. Et… quoi qu'il arrive, restez un Docteur.

- C'est promis.

Le Docteur se déplaça, commençant à tourner autour de la console pour préparer le décollage imminent.

- Je vous ramène à Ponyville ?

- Eh bien… c'est vrai qu'dans cet'situation, Sweetie Apple Acre commence un peu à m'manquer…

- On a été bien servi pour le moment, repris Rarity.

- Moi, je ne sais pas trop, avoua Rainbow Dash.

- Rainbow, après c'qui s'est passé, tu penses qu'ça vaut encore l'coup d'prendre des risques pour voyager dans l'temps ?

- Je… Je ne sais pas. On s'en est plutôt tiré à bon compte pour cette fois.

- Oui, pour cette fois. Mais qu'en s'ra-t-il d'la suivante ?

Rainbow Dash réfléchit quelques instants, avant de reprendre :

- La première fois, avec les Cyberponies, on s'en est aussi bien tiré. Mais c'est parce qu'on était là pour aider le Docteur. L'autre fois, avec le faux prof, c'est aussi grâce à nous qu'il a réussi à sauver tous les poulains de Ponyville. Et oubliez pas ce que nous a raconté Twilight ! Le Docteur peut faire des truc dingues… Mais il ne peut pas les faire seul.

- Rainbow, Ce n'est pas un poulain dont il faut s'occuper à longueur de temps, fit remarquer Rarity. N'est-ce pas ?

- Maintenant qu'tu l'dis, j'me pose la question.

- Vous n'êtes pas obligés de rester pour moi, rappela le Docteur.

- Peut-être, repris la pégase cyan. Mais y va falloir nous le montrer dans ce cas.

Elle jeta un regard à Rarity, voulant sans doute obtenir un avis de cette dernière. La licorne blanche lui rendit son regard quelques instants. Elle était montée dans le TARDIS pour une raison : pour rappeler au Docteur que quoi qu'il advienne, il ne serait jamais complètement seul. La même raison qui avait également poussé Rainbow Dash à embarquer, en plus de vouloir visiter l'univers. Mais… A présent il y avait quelque chose d'autre.

Le Docteur était leur ami. Mais pouvaient-elles se permettre de le laisser seul ?

- C'est vrai, finit par dire Rarity. Montrez-nous que vous pouvez vous prendre en charge, sans l'aide de qui que ce soit. Je vous jure, on dirait un poulain irresponsable qui ne sait jamais quand il doit s'arrêter.

Le Docteur sourit nerveusement. Il ne se faisait pas sermonner tous les jours de cette manière.

Un souvenir lui traversa soudainement l'esprit…

- Promettez moi une chose : trouvez quelqu'un.

- Je n'ai besoin de personne.

- Oh si, au contraire. Parce que parfois, je crois que vous avez besoin que quelqu'un vous arrête.

Donna…

- Montrez nous qu'on peut vous faire confiance, Docteur, reprit Applejack. Montrez-moi qu'vous n'avez pas besoin d'moi pour vous empécher d'faire des bêtises.

Le Docteur se tourna vers la fermière… C'est vrai, seul, il lui arrivait souvent de se mettre dans des situation impossibles… Mais ce comportement avait également poussé de trop nombreuses personnes à se mettre en danger pour lui.

La situation était étrange. Mais il n'y avait aucune solution à ce problème : le vieux Seigneur du Temps qu'il était devait grandir un peu.

- C'est promis Applejack.

Ils échangèrent un dernier sourire, puis l'étalon retourna aux commandes du vaisseau. Ils étaient prêts.

- La prochaine fois qu'vous irez quelque part, on sera du voyage, assura Applejack.

- On pourrait y aller maintenant, proposa Rainbow Dash. A mon avis, rien ne pourra être pire qu'ici.

- Peut-être, mais un peu de calme ne nous fera pas de mal, avoua Rarity.

- Vous avez le temps, répondit le Docteur. Vous avez le temps.

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Note de l'auteur

ENFIN, j'en suis venu à bout ! Je vais pouvoir passer à autre chose ! ^^

Après relecture, il m'a été conseillé d'apporter quelques modifications mineurs à l'épisode précédent. Mais globalement, le scénario ne changera pas.

La suite des événements est déjà prévu. Je ne sais pas dans combien je pourrais la poster, mais croyez moi, elle est bien en marche. ^^

A bientôt pour de nouvelles aventures dans Doctor Whooves !

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AuRon
AuRon : #41177
Le fait que Rainbow perd un max de temps à débattre de la place de la jument dans la société m'a un peu fait grincer des dents ainsi que le personnage du sultan. Mais on retrouve bien l'esprit de Dr Who et c'est ce qu'on veut ^^. Hate de voir la suite.
Il y a 1 an · Répondre
AuRon
AuRon : #41176
Le fait que Rainbow perd un max de temps à débattre de la place de la jument dans la société m'a un peu fait grincer des dents ainsi que le personnage du sultan. Mais on retrouve bien l'esprit de Dr Who et c'est ce qu'on veut ^^. Hate de voir la suite.
Il y a 1 an · Répondre
Br0hoof
Br0hoof : #41157
Alors votre voyage a vous?

Ho pas grand chose juste un génocide

On reconnaît bien la le docteur avec son napalme anti alien a base d épice et autre folie du genre :D
Il y a 1 an · Répondre

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