La rue était inondée, l’eau avait coulée toute la journée. La place de la ville qui d’ordinaire était le lieu le plus animé était devenue aussi déserte qu’un champ de bataille, l’endroit ressemblait désormais à un océan. L’eau tombait délicatement sur le sol alors que les rugissements de l’orage et du vacarme des éclairs se faisaient entendre à des kilomètres. Seuls quelques pégases tentaient en vain de déloger les nuages qui persistaient depuis l’aube. Certains à bout de forces regagnaient leur maison exténué tandis que d’autres redoublaient d’efforts dans cet enfer pour maintenir sans succès ce monstre naturel.
La soirée s’achevait et l’obscurité gagnait Ponyville, le falotier n’avait pu allumer les lumières des lampadaires et seuls les rayons des bougies à travers les fenêtres des maisons parvenaient à éclairer les ruelles submergées. Quelques gouttières, sous le poids des torrents, cédaient et s’effondraient au sol, créant de petites chutes d’eau s’ajoutant à cette mare qu’était devenue la rue.
Ce lieu semblait sans vie au moment où une silhouette sortit des ombres, un poney avait eu le courage de braver la tempête. Elle était vêtue d’une cape ruisselante. Sa capuche dégoulinante, tombant en arrière, pouvait laisser apercevoir quelques mèches de crinière roses. La jument, trempée, glacée jusqu’aux os, s’en retournait chez elle. Il était difficile au milieu de la nuit de circuler en ce lieu, la luminosité trop faible d’une Lune cachée par les nuages rendait cette ruelle encore plus impraticable et sinistre.
On ne distinguait plus le trottoir de la chaussée, l’eau lui arrivait aux genoux. Mais cela lui était égal, elle continuait de marcher, et on ne pouvait faire la différence entre la pluie et ses larmes qui perlaient sur son visage. Ce jour était l’un des plus importants de sa vie, l’un des plus durs, et l’un de ceux qu’elle redoutait le plus sans y penser.
Une autre pégase, occupée dans le ciel à dissiper les nuages, aperçut la jument au centre de la ville en train de marcher la tête baissée et descendit en piqué vers elle.
« Tu es là!? Tout le monde est déjà à l’abri chez soi, la tempête n’as pas arrêté de la journée. On t’avait dit de ne pas y aller! Tu vas bien?
-Oui, je vais bien RD. Je rentre chez moi. »
Il n’y avait presque pas d’émotions dans sa voix. Sans relever la tête, elle reprit la route et laissa son amie effarée par la situation. La pluie tombant de plus belle, la pégase bleue secoua la tête pour sortir de son étonnement puis retourna dans le ciel.
La jument à la crinière rose arriva devant son cottage au bout d’une heure. Elle ne marchait pas vite en chemin, s’arrêtant parfois, prise de sanglots et de tristesse, reprenant son périple en s’essuyant les joues. Progressant avec difficulté dans la boue et les chemins remplis d’eau, trébuchant par moments dans des trous cachés par le déluge mais continuant d’avancer malgré la saleté et la fatigue.
Elle ouvrit sa porte avec peine, et rentra doucement dans sa maison. Tous ses animaux l’attendaient, aucun ne faisait de bruits, tous la regardaient avec chagrin. Elle posa son manteau sur un siège et commença à remplir les gamelles et mangeoires. Personne ne souhaitait manger, tous lui conseillaient d’aller se reposer dans sa chambre. Elle refusait, elle voulait s’occuper et ne pas repenser à cette terrible journée, mais le flot dans ses grands yeux verts la trahissait et ne semblait vouloir s’estomper. Se sentant à bout de force, elle finit par monter dans son lit.
Elle s’allongea péniblement, tous ses souvenirs lui remontaient un à un, du jour de la naissance de son petit ami blanc, de ses premières fois à mâcher des carottes, de son caractère belliqueux, des nombreuses disputes et de son aide précieuse lors de ses aventures.
Enfin, elle se souvint de cette matinée où elle fut surprise de ne pas être réveillée par son ami ronchon. Elle descendit dans le salon et le trouva allongé dans son panier, immobile, affichant un visage apaisé. Elle s’approcha de lui pour le caresser et lui donner son petit déjeuner mais il ne réagissait pas. Elle ne voyait pas non plus son torse se gonfler et se rétracter, elle s’approcha de lui davantage pour l’examiner. Il ne respirait pas! De plus en plus inquiète, elle l’ausculta plusieurs fois pour voir s’il avait un problème, elle testa différentes méthodes pour le réanimer, en vain. Il n’avait rien, si ce n’est un âge avancé et une douce et longue vie bien menée. Il venait de quitter ce monde, ainsi que ces amis, dans le calme et la sérénité.
Elle se souvint et pleura. Pleura en se rappelant le terrible souvenir de ce matin-là où il ne se réveilla pas, pris dans un sommeil éternel, créant un immense vide dans le cœur de son amie. Elle pleura toute la matinée en tenant son ami sans vie dans les bras. Pleura de ne plus jamais pouvoir vivre avec l’être auquel elle tenait le plus. Durant la journée et la nuit elle ne put quitter du regard ce corps délaissé de son âme, de son esprit et de sa vitalité.
La jument l’annonça en larmes à ses amies le lendemain et souhaita enterrer son compagnon de toujours dignement. Tous avaient transmis leurs condoléances, et tous voulaient participer à cet événement, mais le violent orage qui s’était déclenché plus tôt ce jour-là empêcha toutes cérémonies dans la journée et les poneys ne purent sortir de chez eux. La pégase jaune insista et s’occupa des funérailles, seule, en dépit de la pluie et des conseils de ses amis.
Elle resta là des heures, sans bouger, à fixer son ami sous la tempête. Abandonnée par ses amies, et par ce lapin qui avait décidé si égoïstement de partir tout seul. Cette pensée l’affligea davantage, comment pouvait-elle penser ça? La tristesse l’avait-elle affectée à ce point? Elle pleura à nouveau, hurlant de douleurs et de chagrins. Ce n’est qu’au soir qu’elle partit, un poids au cœur. Elle ne se retourna pas, par peur de revivre ce moment une seconde fois.
La pluie dura une semaine, et durant une semaine, la jument ne quitta pas son cottage, elle resta à sa fenêtre à regarder le monde avancer, sans elle, et sans son lapin. Elle continua tout de même à nourrir ses animaux, qui la soutenaient jours et nuits. Tous savaient que cet ami serait irremplaçable, l’être cher à son cœur qu’elle aimait plus que tout venait de disparaitre. Elle possédait désormais en elle une peine considérable qui ne partira sûrement jamais.
La dépression la gagnait, elle se renfermait de plus en plus. Elle se sentait dériver et être incapable de se ressaisir. Ses amies faisaient tout pour la soulager et venaient la voir tous les jours. Elles l’aidaient dans ses tâches quotidiennes et veillaient près d’elle tard le soir pour qu’elle s’endorme. Malgré ce soutien elle passait des nuits tourmentées, rêvant de son ami perdu, se réveillant en sueur, épuisée et priant pour que tout s’arrête. Les autres ne perdaient pas espoir pour autant et continuaient de l’aider à remonter cette pente pourtant si impossible à passer pour la pégase brisée. Toutes se relayaient pour pouvoir rester et surveiller cette jument détruite.
Petit à petit, ces efforts furent payants, la jument se rétablissait de ce traumatisme. Elle finit par sortir de chez elle au bout de quelques mois, sans émotions, vidée de toutes joies. Elle reprit doucement une vie normale. Elle retrouva le goût à la vie. Tout était presque redevenu comme avant. Mais jamais elle ne parviendra à redevenir aussi radieuse et restera toujours marquée par cet événement.
Le temps passa plus lentement pour elle, les années étaient devenues plus ternes. Tout avait légèrement moins de saveurs. Elle continua néanmoins ses aventures auprès de ses amies avec autant d’ardeurs et conserva son élément de gentillesse. La seule chose en elle qui n’avait pas été affectée était sa bonté.
Mais chaque année, elle retournait à la même date au cimetière, chaque année elle se recueillait auprès de son amie, chaque année elle déposait un bouquet en sa mémoire, chaque année elle versait une larme en souvenir de ce jour si sombre et lui disait:
« Ce n’est qu’un au revoir. Angel. »
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Je te souhaite le bienvenu, et tu as de la chance que @TheFrenchGuy t'ait épargné un paragraphe sur toutes les fautes possibles et imaginables.
Bref, avis positif pour moi :)
J'ai aimé ce petit dialogue car il permet de laisser beaucoup de questions auxquelles l'histoire y répond au fil du déroulement. "c'est interdit d'être dehors dans cette pluie ?" oui et non, tous étaient à l'abri sauf elle et elle ne voulait pas rentrer. "" On t’avait dit de ne pas y aller! Tu vas bien? " Wait what ? Aller où ? Pourquoi ça ? Grosse question !" pareil on fini par savoir où elle s'est rendu. Après tant mieux que sa ai marché et que tu te sois posé des questions.
Oui la pluie c'est cliché mais j'aime beaucoup le coté drama. Désolé d'avoir un peu gâché l'histoire avec le synopsis, c'est ce que j'ai eu le plus de mal à faire. Saches que j'ai lu entièrement ton commentaire, et je t'en remercie, et je suis d'accord avec ce que tu dis, peut être pas assez de suspens, les personnages trop vite dévoilés... j'essayerai de corriger cela pour la prochaine fois. Mais je suis content d'avoir bien rendu ce coté triste.
Sinon merci de m’accueillir si chaleureusement dans le monde de la Fan-Fic.
Commençons par mon premier ressenti à la fin de cette fic : Wow, j'ai juste envie de dire : Wow.
Cette description qui nous tient en haleine est si puissante ! Cette pluie, quoique un peu clichée, rend tout de même ta scène vraiment plus profonde. La douce et lente descente de notre amie à la crinière rose nous est si bien narrée que j'ai vraiment pu ressentir sa douleur.
Quelques défauts maintenant bien sûr : 2-3 légères fautes qui font taches avec cette histoire si bien maîtrisée dans ses émotions.
Maintenant attention, c'est le moment où je ne dis (presque) que ce qui fut selon moi les mauvaises choses. Toutefois, je dirai ce qui est bon en toute fin.
Alors, commençons par le milieu hein... car c'est tout à fait normal. Donc le moment où l'on découvre qui est le défunt est selon moi bien trop évident et gâche la fin du récit : point noir ( je m'expliquerai plus tard ). On se doutait déjà de beaucoup trop de choses à cause de ton synopsis, et du coup y'avait plus vraiment de suspens. La seule chose qui nous prenait aux tripes, c’était de découvrir la source du malheur de Fluttershy bien sûr. Mais là, tu nous l'annonces au beau milieu du récit comme ça. Je dis "comme ça" puisque tu nous avais pas vraiment posé de doute sur son identité, tu étais beaucoup plus axé sur les sentiments et les descriptions ( qui sont vraiment d'une qualité exceptionnelle ) et donc, notre esprit était plus occupé à compatir plutôt qu'à chercher la raison de sa souffrance. Et puis là, pouf, on sait qui c'est alors que juste avant on était focalisé sur la jument. Et puis on le devine assez facilement en fin de compte, et je dirais bien trop rapidement aussi. Dès que tu nous as lancé l'adjectif de couleur, on avait deviné. ( Pourquoi !? Le suspens aurait était tellement prenant à ce moment là ! j'en parle à la fin )
Bon... Remontons maintenant dans le récit :
Ce moment où tu nous dis "Ce jour était l’un des plus importants" Là je commençais à me dire "Tiens ?" Mais avant que tu nous lances dans le "Pourquoi ce jour était si... ?" On rentre direct en contact avec un autre poney et ce changement de sujet ne nous laisse pas assez approfondir notre questionnement sur ce fameux "jour" dont tu nous a parlé. La seule phrase de ce poney d'ailleurs ne fut pas très impactante puisqu'elle n'a pas vraiment de description et nous envoie beaucoup trop d’inconnues dans la gueule pour qu'on se préoccupe de chacune d'entre elles.
"Tu es là!?" Pourquoi ? Elle la cherchait ? Ou encore, c'est interdit d'être dehors dans cette pluie ?
"Tout le monde est déjà à l’abri chez soi" Pourquoi ? la tempête dure depuis longtemps ? ( réponse qui fut amenée aussi vite que fut l'apparition de la question. )
" On t’avait dit de ne pas y aller! Tu vas bien? " Wait what ? Aller où ? Pourquoi ça ? Grosse question !!! Mais derrière, on ne s'en préoccupe plus. On re rentre dans la tristesse de Fluttershy lors de la poursuite de son périple...
Par contre je donne une petit plus pour la réponse de notre terrestre face à ce poney qui fut réellement impactante pour notre compréhension sur son comportement... Et pourquoi donc ? Car la paragraphe qui suivit nous à décrit un petit minimum nous laissant imaginer le tout : l’intonation de la voix, la position du corps et sa gestuelle particulière suite à cette discussion. On a pu ressentir le drama de la situation et ainsi, rentrer encore plus dans ce sentiment d'une tristesse intense.
Par la suite, tu continues avec le chemin du retour vers son foyer qui là encore fut vraiment fort en émotion. Puis vient ce moment où tu nous dévoiles le pourquoi du comment de toute ta mise en scène. Tout en douceur bien sûr, on découvre le déroulement de ce drame qui fut touchant mais pas si émouvant. Pourquoi ? On connait la fin... et on sait déjà qu'on n'a plus vraiment grand chose à découvrir.
Enfin, c'est la lente et douloureuse pente vers un désespoir immense qui prend la ponette et nous par la même occasion. Mais ce désespoir fut aussitôt stopper brutalement alors qu'il était à son paroxysme. Ce paragraphe finissant par "cette jument détruite" a été là pour moi le fond du fond de la déchéance. Mais il fut suivi par une remontée de nul part qui me fit peur dans un premier temps car j'ai cru que tout allait bien soudainement et que le monde allait continuer son train train tranquillement sans aucune conséquence. Mais encore heureux, tu nous précises que même si la page a été tourné pour notre Fluttershee, elle continue à garder en elle une impureté dans son âme, une chose qui ne pourra jamais la lâcher et qui restera constamment dans son cœur, la changeant à tout jamais. Plus rien ne pourra redonner sa véritable vigueur d'antan et rien que pour ça, pour ce passage si court mais pourtant si puissant, je dis : Bravo. De plus, la dernière phrase nous met un doute. Autant elle nous redonne espoir, autant elle nous fait de la peine. je n'en dis pas plus.
Une chose que j'aurai préféré avoir dans ce texte, c'est un doute permanent sur la cause du désespoir de notre ponette. Un doute qui n'aurait été dévoilé qu'au tout dernier mot par LE nom. Quelques indications nous permettant de nous poser la question " Est-ce que ça pourrait être une Mane6 ? Est-ce que ça pourrait être un de ses animaux ? Ou encore une amie ? ". Je dis tout ceci car sachant déjà la nature du sujet, on est pas surpris (Et oui, c'est tout écris dans le syno, là encore il y aurait un petit suspens sur le "qu'est-ce qui se passe dans cette fic", on se serait posé plus de questions, mais on sait déjà qu'il s'agit d'une perte traumatisante."
Enfin bref, je conclurai par un immense : Bienvenue dans le domaine de la fan-fiction ! Et sache que ce premier one-shot te lance loin, très loin déjà. Une telle qualité d'écriture et de description de personnages n'est que plus agréable pour la lecture de ton histoire. Je crois que je n'ai jamais lu une fic aussi intense dans ce sentiment de tristesse. Je pèse mes mots. J'ai suivi ce long et dur périple avec Fluttershy sans jamais lâcher le texte des yeux. Et je dis bien : pour réussir à me prendre autant dans une histoire, faut vraiment y aller, sinon je bute trop souvent sur de mauvaises tournures de phrases/grosses fautes/oublies de mots même.
Mais là, (presque) parfait. (même de petites fautes me gênent si je tombe dessus ^^) Et de plus, nous sommes directement jetés dans la tristesse sans jamais une petite remontée/espoir de surface. Bien sûr, tu nous emportes loin dans ce tréfonds de malheur, je dirais même jusqu'au fond. Mais là, pour creuser encore, un petit bon aurait fait l'affaire car il suffit qu'il soit suivi d'une puissante redescente provoquée par un effondrement psychologique suite à la destruction d'un espoir d’échappatoire à ce tourment qui hante Flutter. Et là, à ce stade, ça aurait été parfait niveau désespoir. ( C'est assez glauque tout ce que je dis en fait. )
Pour finir, c'est donc un upvote pour moi mais pas un favoris car trop axé sur l'émotion que sur le suspens. Je te souhaite quand même une bonne poursuite sur ce site. Et que tes prochaines fics soient aussi bonnes que celle-ci !