Toute la salle fut parcourue d'un puissant grondement sourd, faisant vibrer le sol lui-même et remontant à travers les pattes des poneys qui assistaient à la scène jusqu'à atteindre leurs entrailles. Un fort vent fouettait leur visage à mesure que la lumière disparaissait peu à peu. Beaucoup de poulains hurlaient de terreur, certains s'étaient même recroquevillés contre leurs parents, ces derniers essayant tant bien que mal de les rassurer, mais la plupart des adultes regardaient le centre de la pièce impressionnés et avec déférence.
Et comment ne pas être impressionné face à tant de majesté ? En effet, la seule véritable princesse d'Equestria trônait fièrement dans ce qui avait été jadis le cœur du pouvoir de la dyarchie, le symbole d'un système qui ne pouvait que courir à sa perte. À trop vouloir diluer le pouvoir, il en perdait toute consistance.
Nightmare Moon souriait, l'ensemble de la salle était plongé dans sa douce obscurité et tous avaient maintenant les yeux rivés sur elle, enfin presque tous, quelques jeunes poulains, trop apeurés, avaient enfoui leur visage dans le pelage de leurs parents. Cela l'amusa, elle en faisait peut-être un peu trop, mais elle savait depuis le temps que c'était le seul moyen de garder ces poneys attentifs. Elle parcourut lentement son audience du regard, le temps qu'un silence respectueux s'installe puis s'avança lentement vers eux :
« Equestriens ! »
Sa voix assourdissante avait résonné à travers tout l'édifice.
« Réjouissez-vous car en ce jour, Nous, la princesse Luna, avons mis fin au régime impotent des deux sœurs ! Par son inqualifiable inaction et son indolence abjecte, la princesse Celestia a mis en danger la souveraineté de la principauté d'Equestria, se rendant ainsi coupable de crime d'État ! C'est donc au nom du peuple tout entier que Nous, princesse Luna, destituons la princesse Celestia de toutes ses fonctions, aussi bien civiles que militaires, et la bannissons de la principauté jusqu'à ce que les étoiles même s'éteignent ! »
À ces mots, elle tourna la tête vers le trône de sa sœur qui fut immédiatement balayé par sa volonté, la bannière orangée qui le surplombait fut quant à elle dévorée par de grandes flammes bleues. En regardant se consumer les derniers morceaux de la tapisserie, elle laissa échapper ce qui sembla être un chuchotement pour son auditoire en comparaison de la voix de tonnerre qui l'avait précédée :
« Adieu ma sœur, j'aurais voulu qu'il en soit autrement mais votre obstination ne m'a pas laissé le choix. Le vent emportera votre mémoire et l'Histoire vous oubliera désormais. »
Une tristesse immense s'était lue l'espace d'un instant sur son visage mais celle-ci était morte avec les flammes, ne restait alors plus qu'une face neutre, imperturbable et absolue, qui ne réagit même pas lorsque des bruits de pas cadencés l'entourèrent.
Une dizaine de gardes solaires l'encerclaient, pointant leurs hallebardes sans trembler vers la princesse de la nuit. Elle s'en doutait, ça ne pouvait se finir aussi simplement, maudit soit son obstination, elle se retourna lentement et fut éblouie par une lumière blanche aveuglante.
Dans les tribunes, derrière l'assistance se tenait la princesse Celestia dans son armure d'or finement ouvragée. Tous les poneys de la salle tapèrent des sabots et l'acclamèrent pendant qu'elle descendait les marches qui la séparaient de Luna, là elle la regarda de longues secondes avant de parler :
« "Astre des cauchemars", c'est à nos ennemis que ce nom est censé inspirer la peur ma sœur, pas à notre propre peuple !
- Tu es bien mal placée, Celestia, pour nous dire qui effraye le plus notre peuple ici alors que ta couardise le mène tranquillement à la fosse. Tu n'es rien d'autre qu'un bourreau dans un écrin doré.
- Il n'est pas trop tard ma sœur, tu peux encore mettre fin à cette folie. Abaisse la Lune et rends-toi ! »
Nightmare Moon regarda Celestia de ses grands yeux noirs, elle portait son armure de Solar Flare, elle avait donc décidé de se battre jusqu'au bout pour cette paix stupide, quelle idiote.
« Nous ne voyons qu'une folle ici, et ce n'est certainement pas nous ! »
Elle frappa alors un sabot au sol, provoquant une immense onde de choc qui projeta les gardes qui l'entouraient contre les murs aussi facilement que des feuilles prises dans un ouragan. Celestia se protégea le visage de ses ailes mais ses sabots glissèrent sous la puissance de l'impact, elle serra les dents. Quand elle releva sa garde, Nightmare Moon était déjà en train de préparer sa prochaine attaque, nourrissant une immense sphère d’énergie magique iridescente qu'elle projeta sur la princesse de la lumière. Celestia n'eut même pas le temps de réfléchir, son corps se propulsa d'un puissant coup d'ailes hors de la trajectoire du projectile mortel qui s'écrasa dans le public, impuissant. La sphère éclata en une déflagration apocalyptique, projetant des milliers d'étincelles brillantes à travers les tribunes.
Celestia chutait, l'explosion l'avait projetée avec force vers le haut et elle retombait maintenant comme une feuille morte. Du sang s’écoulait de ses oreilles, imbibant son pelage immaculé, mais malgré ça, elle entendait la clameur des spectateurs s’élever, attisée par ce début de combat épique. Elle entrouvrit les yeux et jeta un rapide coup d’œil aux poneys qui avaient été touchés par Nightmare Moon, ils étaient encore tous stupéfaits, tout se passait à la perfection. Elle sourit, c'était à son tour de s’amuser.
D'un geste sec, elle s'élança avec célérité et produisit un rayon d'une lumière aveuglante vers sa sœur. Elle l'esquiva, marchant presque sur l'air, mais s'aperçut bien vite que le rayon la suivait, elle entreprit alors de prendre rapidement de la hauteur et disparut dans les cintres, très vite accompagnée du rayon de la fournaise et de celle qui l'alimentait. De gros débris rocheux tombèrent, puis se fut au tour des rideaux.
La princesse de la nuit se posa sur le pont de service et fut rejointe par Celestia un instant plus tard, elles avaient quelques dizaines de secondes pour souffler et se préparer pour la prochaine scène.
S'il restait un doute quant à l'avis des spectateurs, celui-ci fut balayé par la longue ovation que reçurent tous les acteurs alignés sur la scène. Ils saluèrent plusieurs fois leur public, puis ce fut au tour du metteur en scène et enfin des travailleurs de l'ombre de recevoir leur part de gloire. La salle se vida ensuite progressivement et les techniciens du spectacle commencèrent à la ranger pendant que les acteurs repartaient dans les loges pour se changer.
Fortune et Haytea allaient eux aussi repartir quand ils sentirent quelque chose taper tout doucement contre leurs pattes arrières. Ils se retournèrent et virent deux jeunes pouliches qui les regardaient timidement en tenant chacune un petit papier et un crayon dans leur bouche. Fortune fit un signe à Haytea qui comprit immédiatement ce à quoi il pensait, ce dernier releva alors la tête et baissa les yeux vers les petites, jouant sur sa taille pour paraître encore plus imposant :
« Qui ose toucher ainsi la princesse de la nuit ?
- Voyons ma sœur, calme-toi, ce ne sont que quelques poulains qui…
- Qui ont osé nous outrager en se permettant de toucher notre royal pelage ! dit-elle en se rapprochant des pouliches.
- Luna, ce sont des enfants, ils sont inoffensifs, et ils ont même l'air de t'admirer. Tu m'étonnes après que ronchonne comme tu es, les poneys me préfèrent moi à toi, dit-elle en la regardant avec un sourire en coin. »
Les pouliches rigolèrent mais se turent immédiatement en voyant Haytea pencher la tête jusqu'à elles pour planter son regard reptilien dans les leurs. Elles déglutirent, la princesse de la nuit semblait inspecter les tréfonds de leurs âmes :
« Des admiratrices ? Pour nous ? »
Les petites hochèrent la tête, le visage de Haytea s’adoucit alors instantanément et il se détendit :
« Huzzah ! » lança-t-il en sautillant, avant de se rendre compte de son excès de joie et de reprendre une attitude plus séante à son rôle.
Fortune se rapprocha. Ils discutèrent un peu avec les pouliches, leur demandèrent leur nom et leur princesse favorite en jurant qu'aucun d'entre eux ne le prendrait mal, puis ils marquèrent chacun leur tour un petit quelque chose de personnel pour elles sur leur papier avant de les signer. Elles repartirent en courant pour montrer fièrement leurs autographes à leurs parents qui attendaient patiemment à quelques mètres de là. Ces derniers les remercièrent de loin, les félicitant encore pour leur performance puis sortirent de la salle.
Les deux acteurs étaient dans des loges spacieuses, et c'était vraiment agréable, la dernière fois qu'ils étaient venus à Manehattan, ils avaient joué dans un minuscule théâtre au croisement de la 42ème et de la 80ème, les loges y étaient si petites qu'elles tenaient plus de la cabine d'essayage que d'une réelle pièce pour se préparer.
La fausse alicorne blanche s'étira sur son coussin en souriant, il s'en rappelait comme si c'était hier, lui et Haytea, pour gagner du temps, avaient essayé de se préparer en même temps dans l'une de ces loges, et ça avait été une vraie catastrophe. C'était Littera Inkwell qui, ne les voyant pas arriver au bout de quelques minutes, était partie les chercher. Elle les avait retrouvés si emmêlés l'un à l'autre qu'on se serait cru à un spectacle improbable de contorsion ! Il fallut bien cinq minutes avant qu'elle ne puisse se relever de son fou rire et qu'elle ne les aide à se démêler. D'ailleurs elle ne se gênait pas depuis pour leur rappeler à chaque occasion la mésaventure du « placard », elle les surnommait même les deux amants depuis pour les taquiner.
Fortune se regarda dans le miroir, ils en avaient fait du chemin depuis cette époque. La bonne personne s'était trouvée au bon endroit ce soir-là, cette personne avait remarqué le talent de Littera Inkwell pour l'écriture, la mise en scène et l'adaptation, puis tout s'était très vite enchaîné pour la troupe pendant plus d'un an, jusqu'à ce qu'ils incarnent Celestia et Luna dans l'un des plus prestigieux théâtres de la Grosse Pomme.
Toujours déguisé en Celestia, il fixait son reflet, être l'alicorne solaire encore un peu plus longtemps lui permettait de se rendre compte de l'impossible rêve qu'ils étaient en train de vivre. Derrière lui par contre, Hay était déjà en train de se changer derrière un fin paravent qui ne laissait paraître que sa mince silhouette. Fortune le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu'il faisait plus ça par timidité que par pudeur, mais là, ils étaient seuls… Le poney soupira, c'en était presque désespérant, mais c'était le but qu'il s'était fixé en tant que son meilleur ami, l'aider à vaincre sa timidité, et il avait à moitié réussi, enfin quand ils sont déguisés sur scène.
Fortune regarda l'horloge, la soirée était déjà bien avancée et ils ne devaient pas trop tarder s'ils voulaient profiter de la surprise qu'il avait préparée pour Haytea :
« Hey princesse, ton chevalier se languit de toi, ne voudrais-tu pas presser un peu le pas, je sais que tu veux te faire coquette pour moi mais quand même, lança-t-il à moitié en riant.
- Moi au moins j'ai commencé à me changer, rétorqua-t-il.
- Mais moi je ne mets pas trois plombes à le faire. Ils vont vraiment croire qu'on couche ensemble si ça continue. »
Haytea repoussa le paravent et le fixa de ses grands yeux bleus :
« Tu n'es pas si pressé d'habitude, dit-il calmement.
- C'est parce que nous sortons ce soir, lui répondit-il avec un regard plein de malice.
- J'aurai préféré qu'on rentre, la journée a été très fatigante.
- Raison de plus de s'offrir un petit remontant, puis ce n'est pas tous les jours qu'on fait sa première à Trotway !
- Mais… mais… t'es même pas prêt », bredouilla-t-il.
Fortune se changea en un éclair.
« On peut y aller du coup maintenant. »
« Oh non non non, je ne pourrai jamais rentrer là-dedans. »
Haytea semblait fondre à vue d’œil depuis que Fortune lui avait pointé du sabot la devanture de leur destination. Elle était pourtant assez sobre, quelques néons rosés la parcouraient en diagonale et s'enroulaient autour de deux grandes affiches qui encadraient la porte d'entrée, ces dernières faisant l'apanage des talents d'un magnifique étalon et d'une sublime jument qui cachaient avec grâce leurs attributs respectifs. Au-dessus de l'entrée, une autre jument voluptueuse, faite de lumière, était couchée sur le nom de l'établissement, lequel annonçait en lettres de néon « The Mare does well ».
« Tu vas voir, c'est un endroit génial, parfait pour nous même, dit-il d'un ton assuré.
- Je… je ne crois pas, je n'ai… je n'ai jamais fait ça en public, tu sais , bégaya-t-il vraiment peu rassuré. Puis, que vont penser les autres ?
- Roh, tu le fais déjà avec moi, et on est loin d'être discret, le regarda-t-il, souriant, en haussant les sourcils. »
Haytea s’empourpra :
«C'est pas pareil !
- Puis toi je sais pas, mais moi ça va faire presque trois jours que je l'ai pas fait, et je commence sérieusement à être en manque. Ah, je peux t'assurer que ce soir il va falloir plus d'un poney pour me satisfaire, lança-t-il fièrement. »
Il s'arrêta, il avait réussi à faire un peu rire son ami, mais ce dernier était toujours anxieux et il savait pourquoi. Fortune se rapprocha alors de lui, prenant un ton plus confident et sérieux :
« Eh, je sais à quoi tu penses, Épi. »
Haytea leva ses grands yeux bleus vers son ami :
« C'était il n'y a encore pas si longtemps...
- Les gens changent, les extrémistes d'hier sont devenus la minorité persécutée d'aujourd'hui. »
Il passa son sabot dans le dos de Haytea :
« Puis, tu sais, tu n'as pas forcement besoin d'en profiter, tu peux juste regarder, en buvant un coup, dit-il doucement. »
Hay releva la tête et lui sourit, Fortune prit ça comme un acquiescement. Il se retourna alors vers le “Mare does well” :
« Rentrons alors, comme on dit à Canterlot : c'est l'heure d'aller allumer la fontaine. »
Haytea pouffa intérieurement, ils n'étaient jamais allés à Canterlot et c'était d'ailleurs l'un des derniers endroits où les poneys comme eux sont acceptés. L'entendre utiliser leurs expressions avait quelque chose d'assez ironique.
Le vigile, un immense étalon blanc à la crinière blonde coupée à ras, les inspecta de haut en bas avant de les laisser passer d'un hochement de tête. Ils entrèrent dans un petit sas puis ouvrirent la porte d'entrée. Une vague de chaleur percuta leur visage quand ils pénétrèrent à l'intérieur de l'établissement, suivie de la douce caresse d'une jument bleutée qui effleura leur museau du crin de la queue avant de s'éloigner. Elle leur lança une œillade lascive, en montant sur une petite estrade circulaire, puis commença à enchaîner harmonieusement souplesses, équilibres et pivots. La valse du long crin roux de sa queue autour d'elle était en parfaite symbiose avec sa danse sensuelle et hypnotisait les étalons amassés autour de l'estrade. Haytea jetait de rapides coups d’œil à la scène, mais les regards que la jument azurée lui adressait le troublaient, faisant affluer le sang à ses joues, et à chaque fois il se retrouvait à fixer ses sabots, penaud. Fortune souriait, on aurait cru l'innocence même qui le suivait en le collant presque au flanc.
Fortune repéra un cercle libre et fit signe à une des soubrettes qu'ils le prenaient. Celle-ci réarrangea rapidement ses vêtements et se dirigea vers le bar le temps que les deux amis s'installent. Fortune se vautra dans le canapé, étirant ses ailes et ses pattes en les faisant craquer, d'ici il pouvait facilement savourer les représentations de la scène principale. Haytea quant à lui s'était assis de manière plus conventionnelle, il était complètement crispé et regardait son ami, un peu perdu.
La soubrette arriva peu de temps après avec un plateau, elle salua avec déférence ses deux maîtres pour la soirée puis déposa devant chacun d'eux un shot rempli d'un liquide bleuté et un gros comprimé, elle s'assura ensuite de leur confort, prit mentalement note des deux pintes de cidre que Fortune lui commanda, se retourna en leur promettant qu'elle ferait tout pour réaliser le moindre de leurs désirs et repartit, laissant ses fesses dépasser de sa courte jupe noire à leur appétit concupiscent.
Haytea examinait, circonspect, ce qu'on venait de leur servir :
« Je comprends pas, nous n'avions encore rien commandé.
- C'est offert par la maison, lui répondit son ami en prenant les siens dans ses sabots. Prends-les, ça va t'aider à apprécier la soirée.
- Oh… je ne savais pas que c'était autorisé maintenant.
- C'était devenu un enjeu majeur de santé publique en même temps. En fin de compte, les princesses préfèrent largement qu'on fasse ça ici dans un milieu contrôlé que dehors. »
Il regarda Haytea en souriant :
« Par contre, du coup, c'est beaucoup plus fort que ce qu'on a l'habitude de consommer. »
Il lui tira la langue malicieusement, puis avala d'une traite le comprimé et le shooter avant de laisser échapper un soupir de satisfaction. Haytea hésita un peu mais fit de même. C'était infect, le liquide le brûla tout le long de sa gorge jusqu'à son estomac et le goût de la pilule lui donnait juste la nausée, c'était comme si son corps essayait de rejeter ce qu'il venait d'avaler. Cette sensation ne le quitta pas pendant de longues minutes, puis peu à peu une chaleur agréable venant de son ventre se répandit dans tout son corps, le détendant immédiatement. Ses membres ne pesaient plus rien, sa tête flottait et le reste de son corps ne semblait soutenu que par un nuage des plus duveteux. Son anxiété avait disparu, il appréciait désormais les lumières rosées qui baignaient l'endroit, la voix mélodieuse et suave de la jument sur la scène qui se séparait un à un de ses atours de soie violacée, laissant briller sa marque de beauté, et ce parfum envoûtant qui l'entourait et réveillait ses plus profonds instincts, un vrai délice.
La soubrette revint avec les deux pintes et les tendit aux deux amis, Fortune en saisit une et invita Hay à en prendre une pour qu'ils puissent trinquer. La serveuse attendit quelques secondes qu'ils en prennent une rasade, puis prit un ton plus sensuel :
« Mes maîtres ont-ils choisi ce qui leur plairait ce soir ? »
Fortune reposa sa chope, il la regardait avec un immense sourire carnassier :
« Oh que oui, apportez-moi la burgerqueen, mais avant ça... »
Il se rapprocha d'elle jusqu'à ne plus être qu'à quelques centimètres de son oreille :
« … je compte bien faire de toi mon amuse-gueule. »
Sa langue claqua contre son palais à l'idée de ce qui l'attendait, il en avait presque du mal à se retenir. La soubrette prit un air faussement surpris et décontenancé pendant qu'il se rasseyait, puis elle se tourna vers Haytea :
« Et, pour vous, maître ? »
Haytea n'avait aucune idée de quoi répondre, il eut à peine le temps de se sentir dans l’embarras que Fortune répondit :
« Hum, mettez-lui une formule K.F.C., avec supplément corne. Accompagnez-le et faites lui bonne impression, c'est sa première fois. »
La jument se mordit la lèvre inférieure, le regardant avec appétit :
« Il en sera fait selon vos désirs », dit-elle en repartant.
Haytea ne sut dire combien temps s'était écoulé, peut-être dix secondes ou dix minutes, il avait du mal à réfléchir ou à avoir des pensées plus complexes que le désir de combler ses besoins primaires, et cette jument qui venait d'arriver - il comprit bien plus tard qu'il s'agissait de la soubrette… Fortune frottait délicatement son museau contre le pelage blanc crème de son cou et sa patte caressant doucement sa crinière avait fait tomber sa barrette fleurie.
Son ami les regardait avec envie, sentant leur passion exsuder autour d'eux. Il allait les rejoindre quand des sabots glissant sur son encolure attirèrent son attention :
« Quelqu'un a désespérément besoin qu'on l'aime ici », chuchota la voix d'un étalon derrière lui.
Haytea bascula la tête et vit le visage d'un zèbre aux yeux tendres et au sourire affectueux qui le fixait au-dessus de lui. Ce dernier remonta ses boulets le long de son cou et déposa lentement un baiser sur ses lèvres. Haytea, surpris, se laissa faire, fermant les yeux pour mieux ressentir cette sensation de chaleur qui s'écoulait en lui. Le zèbre se releva et passa le bout de sa langue sur ses lèvres, Haytea l'imita instinctivement, elles avaient un goût de miel maintenant.
Il rougissait, il gloussait nerveusement, et il remarqua à peine la jument qui d'une démarche féline et prédatrice grimpait sur lui. Elle pesait le poids d'une plume et la dizaine de bandes de soie lâches qui l'habillaient glissaient agréablement entre ses jambes, sur son ventre et son poitrail. La pince de son sabot accompagnait ce mouvement, remontant le long de son flanc et l'effleurant en le faisant frissonner. Elle était proche de son oreille, elle aussi chuchotait :
« Nous serons tout pour toi et tu seras tout pour nous... » susurra-t-elle avant d'attraper son oreille entre ses lèvres et de commencer à la mordiller.
Haytea gémit, regardant la jument du coin de l’œil.
« … Car ce soir nous allons t'aimer, te chérir, plus qu'aucun autre… souffla le zèbre avant de mordiller son autre oreille. »
Le cœur de Haytea, tout comme sa respiration, s'emballèrent. Ses pattes se faufilèrent sous les vêtements de la jument, il l'enlaçait, caressant le pelage soyeux de son dos. Elle relâcha l'oreille de sa proie mais il n'eut pas le temps de souffler qu'elle s'attaquait déjà à son cou, le léchant et le couvrant de longs baisers. Le zèbre relâcha lui aussi l'oreille avec laquelle il jouait, quelques instants plus tard Haytea sentit son souffle chaud contre sa corne, puis sa langue qui l'arpentait comme gravissant un pic, et enfin ses lèvres qui en embrassèrent la pointe. Haytea haletait mais il fit de son mieux pour contrôler sa respiration saccadée. Il prit une grande inspiration, et le zèbre aussi…
Coco Pommel rentra complètement essoufflée dans les loges du “Mare does well” où une douzaine de juments et d'étalons se pomponnaient, se changeaient et se préparaient pour les clients de l'établissement. Ils se turent tous en la voyant arriver, avant de se mettre à rire de bon cœur, et pour cause, on aurait cru que la pauvre avait vu le timberwolf. La soubrette était exténuée, son pelage blanc crème était complètement trempé de sueur, ses pattes encore tremblantes la soutenaient à peine, elle n'avait même pas remarqué que sa barrette fleurie si distinctive était tombée dans la salle.
Orchard Blossom, s'en allant, lui proposa son coussin mais elle déclina, elle était encore trop sensible pour s'asseoir, et à part le salir elle n'aurait pas fait grand chose d'autre de toute façon. On ne lui avait pas menti en tout cas quand elle s'était proposée ici il y a trois semaines, travailler au “Mare does well” c'était du sport et les employés étaient tous de véritables athlètes, et après son « baptême » elle comprenait pourquoi. Avant, elle s'était contentée de faire le service, de faire la jument fontaine lors de spectacle de pole dance ou d'effeuillage dont elle avait même conçu quelques tenues et accessoires, elle faisait même partie des menus soft.
Elle tenta de ralentir sa respiration et son cœur puis commença à se déshabiller. Elle aurait préféré faire comme d'habitude et servir le Kiss For Changeling de son autre client, surtout qu'il était beaucoup moins fougueux, lui. Là, elle était sûre d'avoir des courbatures demain matin, mais bon il fallait bien qu'elle y passe un jour.
Elle avait à peine commencé à passer un gant de toilette sur sa fourrure que Orchard l'interpella depuis l'entrée :
« Eh bien, Coco ma chérie je ne sais pas ce que tu as fait à tes clients mais ils n'arrêtent pas de demander après toi, dit-elle en gloussant. »
Et en effet, quand Orchard ressortit des coulisses, Haytea lui faisait déjà signe, agitant énergiquement la barrette de Coco. Il venait de finir son plat, le zèbre et la terrestre étaient repartis en emportant sa timidité pour la soirée, et il regardait avidement son ami qui buvait la passion de sa reine de cœur. Attendre sous l'effet de l'élixir et des comprimés était un véritable supplice pour lui, car autant ce cocktail affaiblissait le corps des changelings pour leur permettre d'absorber des sentiments d'amour factice, autant il avait pour effet secondaire de leur donner une endurance et une faim insatiable. Et à l'instant, sa faim était la seule chose qui obsédait son esprit, cette faim attisée par cette barrette imprégnée d'humeur, cette faim pour cette jument à qui elle appartenait, cette faim que ne pouvait combler le mince filet d'émotions dans lequel il baignait en permanence, tout juste l'enivrait-il assez pour qu'il ne se jette pas en satyre sur le premier poney venu.
Et enfin elle arriva, magnifique, radieuse, délicieuse, appétissante, toute de plumes vêtue. Son regard était ancré en lui et il sentait d'ici ses désirs ardents l'exciter. Ses ailes frémissaient alors qu'il dévoilait ses nombreuses dents pointues et il arrivait à peine à tenir en place. Le repas était servi.
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