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Croissant

Une fiction écrite par BroNie.

Croissant

Twilight Sparkle maniait avec précaution la fiole au dessus du bec bunsen. C'était une opération délicate. La virole était quasiment ouverte, et une flamme à l'extrémité violette montait de l'appareil. Le précipité dans la fiole chauffait rapidement. Twilight devait rester concentrée. La préparation devenait très instable quand on l'exposait à la chaleur, et une seconde de trop ruinerait tous ses efforts. Elle avait trop travaillé pour saboter tout maintenant.
Elle effectuait le décompte dans sa tête. Plus que quelques secondes, et ce serait réussi.
Alors qu'elle sentait une goutte de sueur partir de la racine de sa crinière, pour venir couler le long des poils de son museau, un son qu'elle ne connaissait que trop bien résonna dans toute la pièce. L'appel à la prière.
Twilight tiqua. Non. Non, elle n'avait pas pu être aussi bête !


Se mordant l'intérieur des joues, elle tourna la tête vers l'horloge murale de son laboratoire. On était déjà au milieu de la nuit.


Elle jura, alors que l'Orateur continuait à psalmodier. Elle savait très bien qu'elle devait tout laisser en plan quand résonnait l'appel. C'était le devoir sacré de tout fidèle d'y répondre, et tout contrevenant allait au devant de graves ennuis, tant terrestres que spirituels. Mais son regard revenait inexorablement vers le précipité qui commençait juste à prendre sa bonne couleur. Des consensus se bousculaient dans son esprit. Si elle se dépêchait d'ajouter l'oxyde de cuivre, le précipité serait sûrement assez stable pour que...


Elle déglutit, reconnaissant d'oreille la fin de l'appel. Elle n'aurait jamais le temps de rajouter le cuivre.
Elle laissa tout tomber, au sens propre comme au figuré, relâchant sa magie et se jetant au sol. Les yeux clos, elle entendit distinctement le bruit du verre qui se brisait, et le contenu de la fiole se répandre sur la paillasse. Mais elle chassa aussitôt ces pensées terrestres pour se concentrer sur le Très-Haut.


L'Eternel était un Dieu de colère. Il n'aimait pas qu'on bafoue les principes de sa loi, et Twilight se garderait bien de les violer. Elle effectua parfaitement la prière, corps tourné vers la lune, psalmodiant à voix basse les louanges du Très-Haut, et combien elle, elle n'était rien.


Les versets sacrés récités, Twilight se releva et rouvrit les yeux. Le spectacle de sa paillasse ravagée lui fit mal au coeur. Mais elle se reprit. C'était elle la fautive, à ne pas avoir fait attention à l'heure. Elle aurait été plus prudente, moins obsédée par son expérience, elle n'aurait pas tout gâché. Le Très-Haut était sage de lui avoir infligé cette juste punition, pour lui rappeler ses devoirs de bonne croyante. Remerciant l'Eternel pour sa bienveillance, Twilight entreprit de couper le bec bunzen, et de nettoyer son plan de travail.


***


Twilight s'enroula dans sa grande mante couleur terre, prenant garde à ce que le moindre poil soit bien couvert, et que sa crinière ne dépasse pas du foulard qu'elle avait autour de la tête. Parfaitement préparée, elle poussa la porte du laboratoire et sortit dans la rue.Il était trois heures après Minuit. Ponyville bruissait de son habituelle activité nocturne, avec ses étals de marchands, et ses promeneurs qui profitaient du clair de lune.
Twilight aimait sa petite ville. Elle vivait à Canterlot, quelques années auparavant, et avait été ravie de quitter l'ambiance oppressante de la cité pour la vie de village.


Il n'y avait pas beaucoup de juments dans les rues. Rien d'étonnant à cela : il était plutôt mal vu pour les ponettes de quitter leur foyer, et quand elles le faisaient, pour faire les courses par exemple, elles devaient limiter leur temps de sortie au maximum, raser les murs et regarder vers le sol.


Twilight faisait exception, sachant très bien à quel point il était facile de trébucher sur les pans de sa propre mante si on faisait plus attention à baisser la tête qu'à faire attention où on allait. Elle prenait néanmoins garde à ne pas marcher au milieu de la rue, et à trotter d'un pas rapide.

Si elle avait eu un étalon de sa famille à côté d'elle, elle n'aurait pas eu à trotter pour se dépécher de traverser le village, mais son frère et son père n'étaient que rarement à Ponyville. Et pour ce qui était d'avoir un mari...Twilight n'aurait sûrement pas dû penser cela, mais elle n'aimait pas trop l'idée de devoir trouver un époux. Plus tard peut-être, mais elle était encore jeune. Elle savait pertinemment qu'il était du devoir de toute bonne pratiquante de trouver un mari le plus tôt possible, et d'enfanter de jeunes et vigoureux poulains, mais Twilight avait du mal à se persuader du bien fondé de ce précepte. Elle estimait mieux servir le Très-Haut par son travail et ses expériences, qu'en étant la gardienne de son propre foyer.


La licorne arriva à destination : une grande maison ronde, dont la forme rappelait un peu celle d'un carroussel. Elle frappa à la porte et attendit qu'on lui ouvre.


_La Paix de l'Eternel soit sur toi, Hoity Toity, lança Twilight à l'étalon gris qui venait d'entrouvrir la porte. Ta femme est là ?


Hoity hocha simplement la tête - il était recommandé de parler le moins possible à une jument qui ne soit pas la sienne - et fit un pas de côté pour laisser passer la licorne.
La boutique comme à son habitude, était dans un joyeux capharnaüm. Les tuniques, gilets et mantes étaient dispersés un peu partout dans l'atelier, recouverts d'épingles, de poids de maintien, et de mètres rubans. Hoity Toity était un couturier de génie, connu dans tout Equestria pour la qualité de ses créations. Twilight avait même entendu dire que Hoity avait un jour cousu l'habit cérémonial que Luna, Paix et Bénédiction sur elle, portait lors de l'un des pèlerinages.
Twilight gravit les marches de l'escalier intérieur, quittant la partie publique du bâtiment pour les quartiers privés. Parvenue devant un rideau de gaze jaune derrière lequel elle percevait quelques rires, elle passa la tête pour découvrir son amie affairée avec son fils, jeune poulain de quelques années.


_La paix sur toi, Rarity, dit la licorne à l'encontre de sa soeur de race, passant le rideau.


_Twilight ! s'exclama la jument blanche en quittant sa position couchée pour accueillir son amie.


La ponette avait à peine eu le temps de retirer son foulard et de libérer sa crinière que la licorne aux yeux saphir la serrait dans ses pattes.


_Laisse moi te débarrasser de ça, dit Rarity, prenant un pan de la mante de Twilight en gueule pour l'accrocher à un crochet du mur.


Twilight se laissa faire, un peu gênée. Bien qu'elles ne contrevenaient à aucune règle - on était pas obligées de se couvrir entre juments, ou devant des enfants non pubères - la licorne se sentait toujours un peu mal à l'aise sans voile, ni mante, devant une autre personne. Fut-ce son amie.Elle avait toujours en mémoire les châtiments qui frappaient les inconscientes qui sortaient sans foulard, et priait le Très-Haut pour ne jamais commettre une telle faute elle-même.


_Je te sers du thé ? demanda la licorne blanche, invitant sa sœur de race à prendre place sur les coussins moelleux devant la table basse, sur laquelle un samovar chauffait déjà.


Twilight accepta avec joie. Au laboratoire, elle courait toujours dans tous les sens pour ses expériences, et n'avait jamais un moment pour souffler. Les moments de repos avec ses amies, comme les thés de Rarity, n'en étaient que plus appréciés.


La jument blanche fit basculer la partie supérieure du samovar, versant un concentré de thé dans la tasse de son amie, qu'elle allongea aussitôt d'eau bouillante venant de la partie inférieure. Plus petite, Twilight se rappelait avoir voulu boire directement le concentré de thé. Elle n'avait jamais eu en bouche un goût si amer.
Rarity se servit une tasse à elle aussi, et désigna une assiette, à moitié remplie de pâtisserie.


_Knot en a déjà mangé pas mal, dit la ponette avec un haussement d'épaule un peu fataliste, mais il en reste bien assez pour les invitées.


A l'annonce de son nom, le poulain se tourna vers sa mère avec les yeux ronds, comme s'il craignait d'être grondé. Rarity l'apaisa en lui tapotant la tête du sabot.
Twilight ne se fit pas prier pour engloutir une première bouchée de pâtisserie au miel, qu'elle fit descendre d'une rasade de thé. Elle laissa aller sa tête en arrière et fit claquer sa langue de contentement. Pendant quelques secondes, le silence de la pièce ne fut troublé que par le bruit des mâchoires de Knot, et par celui de Rarity qui savourait discrètement sa boisson.


_Tu as eu des nouvelles d'Applejack ?


La voix de la licorne ivoire brisa la bulle de quiétude de son amie. Twilight n'aimait pas être arrachée à ses moments de calme. Mais elle ne pouvait pas venir prendre le thé chez Rarity et refuser de faire la conversation quand même.


_Juste quelques bruits que j'ai entendu au palais. Mais je ne t'apprends rien en te disant que la distillation d'alcool est sévèrement punie. Si encore, elle s'était bornée à en consommer, peut-être que les juges seraient cléments. Mais fabriquer de l'eau-de-vie, et la vendre...


Twilight fit une grimace.


_Après, les Apple ont toujours été en règle par rapport à nos lois, ils ont toujours payé l'aumône rubis sur le paturon...je ne sais pas, honnêtement. J'espère que ça se passera bien pour elle.


_J'irais au temple prier le Très-Haut pour elle, promit Rarity en se signant.


Applejack était une amie commune des deux juments. En fait, elles avaient toutes les trois fait connaissance pendant le pèlerinage à Neighdine, et si Rarity et Twilight étaient restées proches depuis lors, leurs liens avec Applejack s'étaient un peu distendus avec le temps.Twilight ne pouvait pas vraiment dire qu'Applejack et elle s'estimaient beaucoup, mais il lui été arrivé de passer à l'occasion au verger de la terrestre, pour boire une limonade ou un jus de pomme. Les Apple lui avaient toujours semblé être d'honnêtes fermiers, et de bons croyants. La licorne qui les assistait à la plantation, pour faire pousser les récoltes avait toujours loué leur probité.

Les propres parents d'Applejack n'avaient-ils pas été rappelés à l’Éternel pendant le mois sacré du jeûne, signe de leur grande piété ? Alors comment expliquer que les Apple se livrent au commerce du vice et de l'ivrognerie ? A bien y réfléchir, un signe aurait dû mettre la puce à l'oreille de tout le monde. L'an dernier, quand Applebloom, la jeune sœur d'Applejack avait brisé le jeûne en pleine nuit, en grignotant un peu de compote. Les coups de fouet qu'elle avait reçus en place publique auraient dû servir d'exemple à tous les siens. Si la petite Applebloom avait pris part à leur commerce d'alcool, alors elle encourrait une peine bien plus grave. Le sabre n'était jamais posé loin du fouet, disait le proverbe.


Knot éternua soudainement trois fois, arrachant les deux amies à leurs réflexions. La scène était si inattendue que les deux juments éclatèrent de rire. Rarity fit léviter un mouchoir jusqu'au museau de son fils, et l'encouragea à se moucher. La conversation glissa naturellement sur un sujet plus léger : Twilight parla longuement des résultats de ses dernières travaux, tandis que Rarity elle, mettant son amie au courant des derniers potins du village.

Elles parlèrent tant et tant que si Twilight, échaudée par son expérience de la minuit, n'avait pas régulièrement regardé l'heure, la licorne violette aurait laissé passer l'aube, et aurait été obligée de passer toute la journée chez Rarity.Estimant de tête le temps nécessaire pour rentrer et ne pas rester coincée dehors, Twilight renfila rapidement mante et foulard, serra la licorne blanche dans ses pattes, déposa un baiser sur le front de Knot, et fila chez elle au petit trot. Au dehors, les premières lueurs de l'aube pointaient à l'horizon.


***


Twilight poussa la porte en trombes, claquant le bois de merisier derrière elle. Elle était rentrée juste à temps. Déjà au dehors, le soleil se levait, et ses premiers rayons caressaient la terre. Sentant la sueur dégouliner le long de ses tempes, la licorne se jeta à terre pour la prière de l'aube. Réciter les paroles rituelles lui permirent de calmer les battements de son coeur, et de recouvrer son calme.


On ne trouverait aucun equestrien qui s'exposerait à la lumière du jour sans une raison de force majeure. Il s'agissait d'une loi tacite, respectée par tous. Equestria vivait la nuit, et dormait le jour. La nuit, le Très-Haut veillait sur ses enfants, depuis l'Oeil-Qui-Voit-Tout. Quand la lune n'était pas là...les poneys préféraient éviter de sortir. C'était plus sage.
Twilight se releva, percevant un furetement dans les rayonnages. Elle appela d'une voix forte :

_Nymph ? Tu as bien fermé les fenêtres et tiré les rideaux ?


Une petite voix, à peine plus forte qu'un murmure lui répondit par l'affirmative. Twilight savait qu'il ne servirait à rien de s'avancer dans les travées pour parler en face à face avec la jument : la terrestre n'aimait rien tant que l'ombre des rayonnages, et y restait terrée la plupart du temps. On ne la voyait que rarement en pleine lumière.
Nymph avait pourtant été jolie.

Gamine native d'Hayraklion, avec sa robe chocolat et sa crinière cyan, elle n'avait pas les couleurs les plus harmonieuses du monde, mais savait se montrer coquette quand elle recevait des amies. Son charme n'avait pas laissé insensible l'ainé d'une famille de marchands de la cité. Après avoir été la victime d'une cour assidue, poussée par sa famille, Nymph lui avait accordé son sabot.


Hayraklion avait fait la fête jusqu'au bout du jour. Mais le bonheur avait été de courte durée, les deux époux découvrant lors de la nuit de noces, l'impuissance sexuelle du mari.


Comme la loi le lui permettait, Nymph avait pu immédiatement faire annuler une union qu'elle n'avait jamais accepté qu'à contrecœur. Quelques jours plus tard, son ex-mari lui avait jeté une fiole d'acide en plein visage pour venger son honneur et sa virilité. Le liquide avait ravagé le visage de Nymph, le mettant à vif, le crevassant, n'épargnant par miracle que ses yeux. Le pelage chocolat avait viré au charbon, et les crins cyans, au bleu pétrole.


Portant sur son visage les marques de l'infamie, devenue une paria dans tout Hayraklion, molestée par la foule dès qu'on la reconnaissait, Nymph n'avait trouvé son salut que dans l'exil. Le hasard - ou la volonté du Très-Haut - avait conduit ses pas jusqu'à Ponyville.Les gens n'étaient pas plus spécialement accueillants qu'ailleurs, mais Twilight venait de s'installer dans le village sur ordre de Luna - Paix et Bénédiction sur elle - et avait besoin d'aide à la bibliothèque. Nymph s'était révélée être idéale, calme et discrète. Depuis bientôt huit mois qu'elle l'avait engagée, Twilight ne tarissait pas d'éloges sur celle qui était devenue son assistante numéro un.


_Parfait, répondit Twilight en verrouillant la porte à double tour derrière elle. Quelque chose de spécial cette nuit ?


_Quelques étudiants en théologie sont venus consulter les codex religieux. Et un professeur de Manehattan est venu prendre des notes pour ses cours.


La licorne hocha sommairement la tête. Cela correspondait à une journée normale à la bibliothèque universitaire et théologique de Ponyville. Elle n'était pas aussi imposante que celle de Canterlot, ni aussi variée que celle de Stalliongrad, mais c'était quand même la seule bibliothèque à des kilomètres à la ronde.


Twilight défit sa mante et enleva son foulard, appréciant le contact de l'air sur son corps.


_Parfait. Je te propose que je te lise quelques contes avant de manger et...


_Il y a autre chose, interrompit l'assistante.


Une feuille de parchemin vola depuis une travée jusqu'aux sabots de Twilight. Elle portait le sceau du palais de Canterlot.


_Un page est venu apporter ce pli un peu avant la prière de minuit, précisa Nymph. Je crois qu'il est pour toi.


Twilight fronça les sourcils, et se pencha sur la missive.


_Tu as réussi à lire ce qu'il y avait marqué dessus ?


La jument émit un petit bruit de dépit, avant de répondre qu'elle pensait reconnaître le nom de Twilight en entête.


_Ce n'est pas grave, Nymph, la tranquillisa Twilight. Tu y arriveras un jour, ne t'en fais pas. C'est déjà bien que tu comprennes des mots.


Nymph qui peinait à lire des phrases complètes, connaissait au moins l'alphabet, ce qui était suffisant pour ranger les codex à leur place dans la bibliothèque. Cela dit, sous l'égide de Twilight, la terrestre avait fait de gros progrès et si le Très-Haut le voulait, il se pouvait très bien qu'elle fasse partie des quelques ponettes lettrées du village dans un an ou deux.


Twilight parcourut rapidement le parchemin. C'était une convocation au palais, pour demain, à la première heure. Twilight se mordilla la lèvre inférieure, un tic qui ne la lâchait pas quand elle réfléchissait. Il n'était pas exceptionnel qu'elle doive se rendre à Canterlot de temps à autres, C'était à Luna, Paix et Bénédiction sur elle, qu'elle devait la bourse qui lui permettait de mener ses études à Ponyville. L'Envoyée du Très-Haut s’entretenait donc régulièrement avec la licorne, pour faire le point sur ses études, ou voir si elle tenait bien la bibliothèque. Twilight connaissait sa chance : de nombreux poneys dans tout Equestria n'avaient jamais que rêvé de voir un jour la Championne de l'Eternel, et la jument violette avait l'honneur de la rencontrer plusieurs fois par an.


Cela dit, normalement, les convocations de l'alicorne parvenaient plusieurs nuits à l'avance, pour laisser le temps à ses sujets de s'organiser. Ca ne ressemblait pas à l'Envoyée de faire venir quelqu'un au dernier moment. Twilight se demanda si elle avait fait quelque chose de grave. Il y avait bien cette fois, le mois dernier où plongée dans ses lectures, elle avait raté la prière du crépuscule de trois minutes. Elle s'était faite pardonner en pélerinant à genoux jusqu'au temple, et en payant une forte amende. Le prêtre l'avait sermonnée, avant de la signer et de la laisser repartir, en paix avec l'Eternel. Sorti de cet événement, Twilight ne voyait pas. Enfin, ce n'était pas comme si elle pouvait deviner, n'est-ce pas ?


Circonspecte, Twilight plia la feuille et la déposa sur une table proche. Elle sourit à Nymph, quand elle se rendit compte que la terrestre la scrutait avec des yeux inquiets, avant de faire venir à elle un des livres profanes de la bibliothèque, un recueil de contes pour pouliches et poulains. Les illustrations aidaient l'assistance à associer texte et images, et il n'était pas si rare, les nuits où elle se sentait en forme, que Nymph aille jusqu'à lire une page à haute voix.
Twilight écarta pour le moment la pensée du parchemin canterlotien. Elle aurait tout le temps de s'en préoccuper à la tombée de la nuit. Pour le moment, c'était Nymph qui avait besoin d'elle.


A petits pas, les deux juments s'avancèrent toutes deux jusque dans la salle de lecture.


***
Le bureau du gouverneur n'était pas richement décoré. Une table en bois clair, sans ornements, ni bibelots.

La pièce était austère, assez petite même, et si ce n'était sa présence dans l'aile ouest du palais, et la présence de gardes en armes à son entrée, la salle faisait plus penser au cabinet de travail d'un secrétaire que du haut responsable de la province.

Twilight avait été introduite assez vite, passant devant la file de poneys et de ponettes en mantes qui patientaient depuis le crépuscule aux portes du palais. Ils étaient nombreux à espérer une audience avec un fonctionnaire de l'Envoyée qui réglerait d'un coup de plume leurs tracas du quotidien. Quelques irréductibles zélotes se flagellaient à une dizaine de mètres de là, priant pour que l'alicorne les remarque, et attire sur eux les bénédictions du Très-Haut.

Twilight trouvait cette façon de faire un peu idiote. Aussi exceptionnelle que soit Luna, Paix et Bénédiction sur elle, elle n'était jamais que le lieutenant de l'Eternel sur cette terre. Et bien qu'elle ait pourfendu le mal en son nom, et apporté la Vraie Foi aux equestriens, elle n'en était que la messagère. C'était le Très Haut lui-même dans son infinie sagesse qui décidait qui était digne de recevoir ses grâces, et quel pécheur méritait ses foudres.


La porte pivota sur ses gonds, laissant entrer le gouverneur dans un froissement de soie. Twilight s'inclina respectueusement, jusqu'à ce que son museau frôle le sol.

_La paix de l'Eternel soit sur toi, gouverneur Wâli.

Le pégase ne répondit pas avant de prendre place sur le coussin en face de Twilight et de l'autoriser à relever la tête. L'étalon, âgé, avait un physique maladif, couleur vert d'eau, à la peau tirée sur les os. Ses crins étaient d'un blanc sale, et de lourdes cernes violettes encadraient un regard de glace. A n'en pas douter, s'il ne portait pas la tunique qui l’identifiait comme gouverneur de la province, on aurait immédiatement placé Wali dans un dispensaire. Ou à la morgue, auraient dit ses adversaires politiques.


_Et sur toi, Twilight Sparkle.


La voix du gouverneur était étonnement éloignée de son physique. Là où on aurait attendu une voix frêle ou chevrotante, Wali parlait avec force et conviction.


_Ta mèche, fit-il remarquer.


Twilight se rendit soudainement compte qu'une mèche de crinière s'était échappée de son foulard quand elle avait baissé la tête. Elle se confondit en excuses, et s'apprêta à dissimuler la coupable sous le tissu. Avant qu'elle n'eusse le temps de le faire, le pégase lui fit signe de parler.


_J'ai reçu cette convocation, expliqua Twilight en déposant le parchemin sur le bureau du gouverneur. Mais j'ignore à quel propos l'Envoyée veut me voir.


_Oui, répondit le pégase en faisant glisser la feuille sur le bureau jusqu'à lui, c'est exact. Et je te remercie d'avoir pu te déplacer aussi vite.


Wâli se redressa sur son coussin, ses os saillant sous son habit.


_La princesse Luna, Paix et Bénédiction sur elle, n'est pas à Canterlot en ce moment. Elle est partie au nord, un problème au pays de cristal requiert son attention. C'est moi qui t'ai fait venir, jeune Sparkle.


Le gouverneur joignit ses sabots et y posa le menton.


_Je t'observe depuis longtemps, tu sais ? Tu as attiré mon attention quand tu as réussi tes examens. C'était déjà très rare qu'une jument continue ses études après le lycée, mais avec de telles notes ? Je comprends pourquoi l'Envoyée t'a autorisée à tenir la bibliothèque de Ponyville.

Twilight, qui ne goûtait guère les compliments, se borna à hocher la tête.


_Mais il faut être réaliste. Tu es une personne intelligente, tu connais la réalité de ce monde. On a jamais vu une jument avoir un poste à responsabilité. Etre médecin, avocat ou enseignant, ce n'est pas leur place.


La licorne le savait bien. Elle espérait pourtant - pointe d’orgueil, que le Très Haut lui pardonne - être la première ponette à changer la donne, et à ouvrir la voie aux autres juments.


_De la même façon que l'Envoyée veille sur nous tous, les juments sont les gardiennes de leur foyer, poursuivit Wâli. C'est un rôle important. La famille, c'est la base de notre société. Le sang et la foi, récita t-il avec un mince sourire qui dévoila des dents abîmées par le temps.

Le gouverneur quitta son coussin pour observer la vie nocturne par la fenêtre.

_Tu sais sans doute que ma deuxième femme a été sévèrement punie pour ses péchés ?

Même Twilight qui ne s’intéressait guère à la vie des autres, avait entendu parler de cette histoire. Difficile de l'ignorer tant elle avait fait de bruit. Une épouse de gouverneur condamnée pour avoir joué de la musique profane, et pour gestes contre-nature avec une autre jument, pensez donc ! Twilight se souvenait d'avoir vu la photo des pendues en pleine page du journal. Elle se rappelait également que Rarity avait mentionné quelque chose sur les robes des deux condamnées, sur leurs cuties marks en note de musique, et ces pelages gris et blanc qui se mariaient bien côte à côte au gibet. Rarity avait toujours eu cette fascination pour le beau, même quand le sujet ne s'y prêtait pas.

Wâli eut un soupir fataliste.

_Je me retrouve donc avec une seule épouse, ce qui n'est pas acceptable pour quelqu'un de mon rang.

La loi autorisait jusqu'à quatre femmes par étalon, mais bien peu étaient en mesure de le faire, par manque de moyens. Twilight, qui avait oublié d'être bête, pouvait prédire les paroles qui sortiraient de la bouche du gouverneur avant que ces derniers ne soient formulés.


_Veux-tu m'épouser, Twilight Sparkle ?


Elle avait beau s'attendre à la question, Twilight ne put empêcher son coeur de se serrer. Elle qui avait toujours repoussé loin l'idée du mariage, elle ne s'était jamais attendue à ce que la proposition vienne d'un poney septuagénaire, à l'aspect repoussant, dans l'intimité douteuse d'un bureau de fonctionnaire.


_Nous aurions tout à y gagner, poursuivit le gouverneur qui s'était déplacé de la fenêtre jusqu'à la licorne. Je lave l'affront de la traînée qui m'a servie de deuxième épouse, et l'on arrête enfin de rire de moi dans tout le pays. Toi, je t'offre mon nom, la sécurité, et un douaire confortable.


Une partie du cerveau de Twilight, celle qui aimait les mathématiques et la logique, ce monde où tout était quantifiable, clair, ordonné, se mit à approuver. Effectivement, d'un point de vue parfaitement rationnel, accepter l'offre de Wâli était la meilleure chose à faire. Une bonne situation n'était pas quelque chose à négliger. Sans compter qu'en tant que femme du gouverneur, elle pourrait peut-être, dans une certaine mesure poursuivre ses expériences.


_Et je peux t'assurer, dit-il d'une voix doucereuse en effleurant de ses plumes la mèche de crinière de la licorne, la remettant à sa place sous son voile, que je saurais bien m'occuper de toi.


Twilight sentit une sueur glacée empoisser sa mante. Son instinct prenait le dessus, se collait au pavillon de son oreille, et lui hurlait de fuir, de courir à s'en déboiter les articulations. Et pour une fois, tout écrasé qu'il était par les pulsions animales, son esprit rationnel lui chuchotait aussi de cavaler au loin.


_Je suis très flattée, noble gouverneur, articula Twilight, avec l'impression d'avoir des pierres dans la bouche.
Elle laissa filer un blanc, déglutit, reprit contenance.


_Mais je ne peux pas accepter, finit-elle par lâcher, esquissant un mouvement de recul.


Wâli ne dit rien, tournant légèrement la tête. Twilight aurait été prête à jurer que ses yeux glace viraient au bleu électrique. Elle se hâta d'enchaîner :

_Je ne serais pas une bonne épouse, ni une bonne mère. Quelqu'un de ton rang mérite mieux qu'une jument aussi barbante que moi.


Elle commença à reculer à petits pas, sans perdre le gouverneur des yeux.


_Mais je suis certaine que celle qui acceptera ton offre sera la ponette la plus heureuse de tout Equestria.


Wâli se rassit sur son coussin, ses yeux toujours flamboyants. Les coins de sa bouche se soulevèrent en un mauvais rictus, dévoilant sa mauvaise dentition.


_Je comprends, jeune Sparkle. Nous sommes dans un pays libre, et il est hors de question que je te force à contracter un mariage que tu ne veux pas. Cela dit...


Il tapa dans ses sabots. Les deux gardes pénétrèrent immédiatement dans la pièce, encerclant Twilight.


_Je pense que je peux quand même te persuader que c'est dans ton intérêt, dit Wâli.


Le sourire du gouverneur sembla s'étendre à l'infini, dévoilant tant de dents que seul l'Eternel lui-même aurait pu les compter.

***

Le soleil était implacable. Twilight avait déjà eu l'impression de mourir de chaleur dans le train plombé qui filait sans s'arrêter, plein sud, vers les terres les plus désolées d'Equestria. Pour une ponette accoutumée à vivre la nuit, comme 99% de la population, la lumière était sa pire ennemie. Elle se souvenait encore de sa frayeur quand elle s'était rendu compte que le jour se levait, et que le train ne s'arrêterait pas. Tout juste avait t-on tiré les rideaux pour ne pas aveugler les voyageurs.Twilight se reprit. Non, pas voyageurs. Quand on était la seule personne présente dans un train, conduite de force au delà de la civilisation, sous la garde de soldats en armes.


D'un ton très calme, le gouverneur avait expliqué à la licorne qu'il lui laissait une semaine de réflexion. On l'avait ensuite jetée dans un wagon, et on lui offrait ce voyage grand luxe.Elle avait essayé de se défendre pourtant, de mordre, de ruer, de se battre. Mais elle n'avait jamais été très bonne en sport, et les gardes avaient visiblement l'habitude de prisonniers encore plus remuants,


Le train s'était arrêté en bout de ligne, et on l'avait fait descendre dans un décor de fin du monde : du sable, rien que du sable à perte de vue, aussi loin que portait le regard. Le cerveau de Twilight ne fut pas long à identifier le désert le plus aride, et le plus vide que le Très Haut n'ait jamais crée. Sa mâchoire manqua de se décrocher quand les soldats jetèrent à ses pattes un petit sac de toile, qui ne contenait que quelques légumes secs et une minuscule gourde d'eau.


_Comment je suis censée tenir une semaine avec ça ? avait fulminé la ponette, crachant sa colère aux gardes.


_Le gouverneur prétend que tu es une jument intelligente, lança l'un deux sur un ton ironique, comme s'il racontait une bonne blague. Tu n'as qu'à le prouver. On revient dans sept jours. Si tu es toujours en vie, je pense que tu seras prête à rentrer à Canterlot avec nous pour accepter l'offre de Son Éminence.


Ils avaient laissé échapper un rire narquois avant de refermer la porte du train et de faire machine arrière. Twilight se souvenait d'être restée de longues minutes, assise sur les fesses, à regarder la seule autre présence ponette dans ce désert s'en aller dans un panache de fumée.

Elle était anéantie. Qu'est-ce qu'elle avait été bête ! Qu'est-ce qu'elle avait été idiote ! Qu'est-ce qu'il lui avait pris de refuser l'offre du gouverneur ? Maintenant, au mieux, elle deviendrait quand même sa femme, avec en prime, une expérience de survie en milieu hostile à ajouter à ses souvenirs !Elle avait été arrogante. Elle s'était crue au dessus des liens du mariage, qu'elle pourrait remettre ce moment à plus tard, voire s'en passer. Elle s'était longuement inclinée sous le disque lunaire, suppliant le Très-Haut de pardonner à l'imbécile qu'elle était.


C'était le froid qui l'avait décidée à bouger. Elle n'aurait pas cru que dans un désert, il puisse faire aussi froid. Mais ce n'était rien en prévision de ce qui se passerait à l'aube. Le jour s'était levé, et Twilight n'avait nul endroit où s'abriter. Tremblante de peur, terrifiée à l'idée de ne plus être sous la protection de la nuit de l'Eternel, la licorne s'était recroquevillée, attendant que les démons viennent l'emporter.


Mais il ne s'était rien passer. Elle avait senti quelque chose sur son pelage, un peu comme une caresse, et une sensation de chaleur. Elle allait même jusqu'à trouver ce sentiment...agréable. Elle releva les yeux de ses pattes pour être éblouie par une lumière crue, qui nimbait le paysage de jaune. Le ciel n'était plus noir mais bleu, et le soleil, cette boule de feu maléfique semblait gagner en puissance et en force chaque seconde.

Twilight se serait laissée mourir si elle n'avait pas entraperçue la lune, petit disque blanc dans l'immensité bleutée du ciel. Elle se mit à battre des sabots comme une pouliche. Le Très Haut était encore là ! Depuis l'Oeil Qui Voit Tout, il veillait encore sur elle ! Hourra !


Twilight s'était remise en route, plus confiante qu'auparavant. Mais son enthousiasme avait très vite était douché par la fatigue. Elle se prenait les pattes dans sa mante, son voile collait aux poils de sa nuque, et elle avait soif, soif, soif.
Elle se refusait à toucher au contenu de sa gourde, sachant qu'elle en aurait besoin pour plus tard. Mais encore fallait-il que ce plus tard existe. Sa tête lui faisait mal. Ses yeux lui brûlaient. En bouche, sa langue lui donnait l'impression de gonfler comme un gros crapaud. Elle comprenait maintenant. Elle comprenait pourquoi tout le monde vivait la nuit. Le poney n'était pas fait pour la vie diurne. Le soleil, la chaleur, c'était insupportable.
Elle avait essayé de se distraire, de s'occuper l'esprit en chantonnant les comptines grhayques que Nymph lui avait apprises.


_Balance, ma belle. La petite est tombée. Son genou est blessé. Grand-mère se met à crier.


La voix de Twilight n'était plus qu'un murmure, un filet dans une gorge faite de bois. N'en tenant plus, elle prit la gourde et la vida en quelques lampées. L'eau avait beau être tiède, Twilight la sentit fraîche, aussi froide que si elle s'était abreuvée dans un torrent. La tête lui tournait encore, et ses oreilles bourdonnaient en continu. Sa respiration s'accélérait doucement, et elle avait l'impression que tout son corps devenait sec.


Twilight serra les dents, et se força à avancer. Allons ! Un peu de cran ! La nuit serait bientôt là. Il ferait plus frais, et l'Eternel, dans sa bonté, lui offrirait bien une planche de salut.


Oh ! Là, juste là ! Twilight n'en croyait pas ses yeux : un trou d'eau, de taille modeste, encadré de palmiers. Elle ne perdit pas une seconde pour se précipiter dans cette direction, dévalant la dune comme une pouliche sur une luge. Son esprit rationnel lui chuchotait déjà qu'elle n'aurait qu'à installer son camp ici, que s'il y avait de l'eau, il y aurait sûrement des plantes comestibles, qu'elle allait survivre, qu'elle avait tenir ces sept jours, qu'elle allait revoir Equestria, qu'elle retrouverait Rarity, Rarity et ses thés, ses gâteaux si délicieux, et le petit Knot qui...


Twilight s'interrompit, interdite. L'oasis venait de s'évaporer sous ses yeux. Elle resta bloquée quelques secondes, sans bien comprendre avant qu'un mot ne se forme dans son esprit. Mirage. Elle avait été victime d'un jeu de lumière. Le désespoir la terrassa. Si elle avait encore eu des larmes à pleurer, elle les aurait versées à grandes gouttes.
Le mal de tête revint, plus fort, plus puissant que jamais, alors qu'elle avait l'impression qu'un djinn lui enserrait la poitrine. Et tout tournait, tout était si flou, si blanc, si blanc.


Elle se souvint d'avoir vomi le contenu du maigre repas qu'elle avait pris dans le train avant que ses pattes ne se dérobent sous elle, et qu'elle ne plonge au néant.


***


Le blanc avait laissé place au noir. Cela surprit Twilight. On lui avait toujours affirmé que l'Enfer était rouge, rouge de feu, rouge de sang. Se pouvait-il que les savants de la Vraie Foi se soient tous trompés ? Petit à petit, d'autres couleurs se détachèrent du fond noir. Des lignes d'argent. Des motifs colorés. Et avant que Twilight ne puisse réellement comprendre, le bourdonnement de ses oreilles s'était arrêté. Elle percevait quelque chose. Des bribes de conversation. Des voix masculines. Se pouvait-il que les soldats aient eu ordre depuis le début de la laisser s'évanouir dans le désert pour lui donner une bonne leçon ?


Elle tourna la tête sur côté, se rendant compte qu'elle était allongée sur un amas chatoyant de coussins.

Quelque chose glissa de sa tête. Une serviette ? Les voix s'interrompirent, et Twilight vit une ombre brune s'approcher d'elle. On ôta la serviette au loin, avant de poser un autre linge humide juste sous sa corne. La jument manqua de frémir de plaisir devant ce soulagement. Elle voulut dire quelque chose, mais n'avait même pas la force d'articuler. Elle sentit sa tête repartir en arrière, et s'évanouit une nouvelle fois.


Son second réveil fut moins douloureux. Elle se sentait toujours nauséeuse, mais avait l'impression d'avoir moins chaud. Elle parvenait même à identifier l'endroit où elle était - l'intérieur d'une tente semblait-il - et à avaler quelque chose qui ressemblait à du lait.Elle avait beau être épuisée, elle sentait très doucement son énergie revenir.


Au troisième réveil, elle fut capable d'apercevoir qui s'occupait d'elle. Une jolie jument rose, au profil élancé, un foulard bleu nuit enroulé autour de la tête. Twilight se sentit rassurée. la ponette avait l'air gentille, et son esprit rationnel lui martelait que si l''autre lui avait voulu du mal, elle n'aurait eu qu'à la laisser mourir dans le désert.
Pendant quelques jours, Twilight ne put faire guère mieux que dormir, manger quelques dattes, et essayer de communiquer avec la jument rose. Sans grand succès tant parler lui demandait du mal.
Ce fut plus tard qu'elle vit d'autres personnes que la ponette. Un étalon, au corps chocolat, et à la crinière blonde comme les blés.


_Ma sœur m'a dit que vous vous sentez mieux ? demanda t-il en pénétrant sous la tente. Je suis content de voir que vous avez bien réagi aux soins. Une insolation est vite mortelle par chez nous.


Twilight ne répondit pas. Moins parce qu'elle n'en avait pas la force que par qu'elle trouvait inconvenant de parler en tête à tête avec un étalon.Ce dernier ne parut pas s'en formaliser. Il poursuivit, exactement comme si Twilight et lui étaient en pleine conversation.


_Vous avez eu de la chance. D'habitude, nous ne passons pas par cette région du désert. Quand nous vous avons trouvée, vous étiez mal en point. Nous serions arrivés rien qu'une heure plus tard, il ne nous restait plus qu'à vous enterrer.


Le mot fit dresser l'oreille de Twilight. "Enterrer" ? A sa connaissance, des traités ethnologiques qu'elle avait pu lire, il n'y avait que les peuples primitifs qui mettaient en terre les cadavres. Les peuples civilisés, comme Equestria, brûlaient les défunts, pour que leur âme aille rejoindre le Très Haut sur l'Oeil Qui Voit Tout. Sans compter les applications pratiques, pour éviter les maladies, ou couper l'herbe sous le sabot des voleurs de tombes. "Enterrer", non mais vraiment. Elle était tombée chez des païens. C'était bien sa veine.


_Votre voile vous a bien aidée, poursuivit le mâle, désignant d'un coup de menton le foulard qui reposait sur des coussins non loin de Twilight. Il a empêché le soleil d'attaquer tout de suite votre tête.


La licorne sursauta, réalisant soudain qu'on lui avait ôté son voile et sa mante, qu'elle était en crinière face à un étalon qu'elle ne connaissait pas. Elle se conduisait comme une prostituée ! Elle bondit, son sabot s'abattant sur son foulard avec la vivacité d'un animal sauvage, et couvrit ses cheveux en un tournesabot.
L'étalon observa la scène sans dire rien, un éclat particulier dans les yeux, que la licorne avait du mal à identifier. Puis, il dit en souriant :

_Je vais vous laisser vous reposer. Vous avez encore besoin de repos. Si vous voulez sortir de la tente pour visiter notre campement, n'hésitez pas à me demander ou à faire chercher ma sœur Amira si vous êtes plus à l'aise avec les juments. Nous ne sommes pas loin.

Il s'inclina un instant, dans une pose un peu théâtrale, laissant Twilight seule, assaillie de pensées.


C'était...étrange. Depuis toute petite, on lui avait martelé de ne s'approcher que de ceux connaissant la Vraie Foi, que tous les hérétiques étaient des sauvages, qu'ils clouaient les missionnaires aux arbres, qu'ils violaient les juments et mangeaient les poulains des fidèles. Pourtant, cette tribu du désert lui avait sauvé la vie. Et même si une partie de Twilight se sentait souillée qu'on lui ait retiré ses vêtements, elle était contente qu'ils ne l'aient pas laissée mourir dans le sable.


***
Appuyée contre la patte d'Amira, Twilight progressait à petits pas dans le campement.

Ce dernier n'était pas très étendu : quelques dizaines d'âmes, rassemblées autour d'un point d'eau. Il y avait là des étalons, des juments et quelques poulains, qui couraient gaiement entre les tentes, jouant à chat ou au ballon. Ce qui surprenait Twilight, outre le fait que ces poneys vivaient le jour, et dormaient la nuit, concernait les ponettes.

Elles portaient des mantes et des voiles, comme toute jument de bonne société, mais leurs habits étaient beaucoup moins sobres que ceux des equestriennes. Les tissus étaient vifs, bariolés, lumineux. Elles différaient aussi par leur attitude. Ici, elles ne s'écartaient pas du chemin pour laisser passer un mâle, ou s'efforçaient de tenir leur langue en public. Au contraire, elles riaient, elles parlaient fort. Twilight était partagée entre un sentiment de répulsion bien naturel devant ce qui lui apparaissait comme un étalage de vulgarité, et une pointe d"intérêt quand elle s'apercevait que ces juments n'avaient absolument pas l'air malheureuses.

La licorne était même passé devant un petit groupe d'adolescents, regroupés autour d'un narguilé et d'une bouteille incolore. Un mâle pinçait du paturon un luth, jouant un air gai. Une telle chose était inconcevable en Equestria : les instruments de musique étaient strictement réservés à la musique sacrée.


Twilight était cependant trop maligne pour se laisser duper. On lui avait bien assez de fois enseigné que le mal était séduisant, et que la pente vers les abysses était recouverte de miel. Que ces païens se comportent donc comme des porcs si c'était leur vœu : au jour du Jugement, le Très Haut rira d'eux, et les jettera loin de sa divine grâce.


La jument violette laissa couler son regard sur celle qui l'aidait à marcher. Amira était vraiment grande et élancée, dessinée d'un seul trait de fusain. Twilight ne pouvait pas s'empêcher de se trouver minuscule en comparaison.

Contrairement à la licorne, qui portait une coupe courte, pour la dissimuler facilement sous son foulard, Amira avait la crinière longue, et ondulée. Seul le sommet de sa tête était couvert par son voile, le reste de ses cheveux ondulant à son côté. Personne ici ne semblait n'en être choqué, mais Twilight savait bien que ce genre de coupe attirait le regard lubrique des étalons. Cela dit, Twilight devait bien avouer que la selloudienne - puisque tel était le nom de sa tribu - était gentille. Elle prenait le temps de marcher doucement, suivant beaucoup plus la licorne qu'elle ne lui imposait de rythme. Elle parlait peu, mais quand elle le faisait, c'était d'une voix douce et chaleureuse.

Sa voix était bien plus marquée par un accent local que celle de son frère, mais elle s'efforçait d'articuler pour être bien comprise de son invitée. Amira était curieuse comme une chatte, mais semblait respecter la volonté de Twilight de se taire. Quand ses premières questions ne rencontrèrent que du silence en guise de réponse, elle ne s'en formalisa pas, et se calqua sur le mutisme de la licorne.


Twilight ne l'aurait jamais cru, mais au final, dans de bonnes conditions, la vie au soleil était assez agréable. Le lait des nomades avait un goût différent de celui d'Equestria. plus riche, un peu écoeurant si l'on en abusait, mais délicieux. Sa tête la lançait encore par moments, mais ses autres malaises avaient presque tous disparus. Elle se sentait presque remise d'applomb.


Les deux juments marchèrent jusqu'à la tente la plus large du campement, une grande toile soutenue par de nombreux poteaux. Le sol avait été recouvert de tapis, et un petit nombre de poneys devisaient joyeusement autour d'une tasse de thé. Quand Twilight entra la première, le frère d'Amira - Haakim - se leva pour acceuillir la licorne.


_Entrez, entrez, assez-vous je vous en prie. Vous prendrez bien du thé ? demanda t-il, désignant l'imposante théière argentée qui trônait autour des poneys rassemblés en demi-cercle.


Twilight, toujours assoiffée sous ces lattitudes, hocha la tête alors qu'on lui versait une généreuse rasade de thé à la menthe. Alors qu'Amira s'installait elle aussi dans le cercle, la licorne haussa les sourcils, et chercha des yeux le coin des femelles, surprise de ne pas voir de gynécée ou de rideau de séparation. Haakim répondit à sa question avant même qu'elle ne la pose.


_Chez nous, les juments et les étalons ne mangent pas séparément, dit-il après un moment de silence. Quelques tribus de la côte le font encore, mais il n'y a plus grand monde qui pratique cette coutume.


"Coutume", le mot était lâché. La stricte séparation de sexes était un des piliers de la civilisation equestrienne, et il était mal vu qu'ils mangent, ou fasse n'importe quelle activité de groupe ensemble. Les prêtres dans leur sagesse, limitaient au maximum les contacts, dans le but de combattre la concupiscence et les pensées lubriques. Ces païens étaient décidément surprenants, à ne rien faire comme tout le monde.


Haakim porta sa tasse à ses lèvres, but un peu, et émit un claquement de langue approbateur.


_Si vous vous posiez la question, nous ne mangeons pas non plus les enfants, dit-il d'un ton pince-sans-rire. Du moins, pas sans les cuire avant.


Amira gloussa à la plaisanterie de son frère. Twilight, ne sachant comment réagir, se concentra sur les volutes de fumée de sa tasse de thé.Ses pensées furent interrompues par un couple qui portait à l'intérieur du cercle, une énorme assiette, remplie de semoule, tandis que d'autres poneys suivaient, portant eux des légumes et des petits bols qu'ils déposèrent aux sabots des selloudiens et de la licorne. Le ventre de Twilight émit un grondement approbateur devant une nourriture plus consistante que quelques dates arrosées de lait. La jument allait se précipiter sur son bol, mais s'interrompit, voyant Haakim joindre les sabots devant son plat, imité par les membres de sa tribu. Sûrement encore un de leurs rituels païe...


_Très Haut, toi qui veilles sur nous depuis notre naissance jusqu'à notre mort, sois remercié des bienfaits terrestres que tu nous offres, et qui nous permettent de nourrir notre famille. Que ton nom soit loué pour des siècles et des siècles. Et que ta paix soit encore sur nous aujourd'hui.


La mâchoire de Twilight manqua de se déboiter tant elle s'ouvrit grande. Elle venait d'entendre les selloudiens prier le Très Haut. L'Eternel. L'Unique. C'était impossible. Inconcevable. Ils ne pouvaient pas être des fidèles. Pas eux, pas les habitants du désert !


_Vous êtes...vous connaissez la Vraie Foi ?


La gorge de Twilight eut l'impression de lui faire mal. Sa voix était encore cassée, comme endormie par ses jours de mutisme, absolument pas prête à travailler maintenant.


Amira lui jeta un regard un peu amusé, se servant une large portion de semoule.


_Ce n'est pas comme ça que nous l'appelons, mais oui.


_Ca vous surprend ? demanda son frère, versant de la sauce sur ses légumes, alors que les autres selloudiens se mettaient à parler entre eux.


_Vous vivez le jour. Vous enterrez vos morts. Vous jouez de la musique. Vous...


_Oui, n'avons pas les mêmes coutumes que les equestriens. Ne me dites pas que vous êtes étonnée que différents peuples n'aient pas la même culture ?


La confusion régnait en maître dans l'esprit de la jument violette.


_J'ai vu des jeunes en arrivant ici. Ils fumaient, ils buvaient ! Comment est-ce que vous pouvez vous dire soumis à la Vraie Foi, et vivre en état de pêché ?


Pour la première fois, le regard aimable d'Amira se teinta de noir. Twilight réalisa soudainement que traiter des gens de pêcheurs n'était peut-être pas la plus sage des choses à faire, surtout quand il s'agissait de vos hôtes. L'étalon brun, quand à lui, semblait moins se formaliser.


_Qu'est-ce qui vous fait dire que nous sommes des pêcheurs ? Vous avez vus des démons rôder dans le camp pour s'emparer de nos âmes ?


Non, et c'était bien ça le problème. Les selloudiens étaient gentils, et leur mode de vie était plaisant. Mais Twilight avait toujours errigé une barrière, se martelant qu'ils étaient hérétiques et elle, gardienne de la Vraie Foi. Si cette barrière n'existait plus...


_Vous buvez de l'alcool ! répéta Twilight, presque dans un sanglot.


_L'ivrognerie est défendue, pas l'usage de l'alcool, répondit Amira entre deux gorgées de thé.


_Pouvez vous me décrire à quoi ressemble le paradis ? questionna Haakim à l'intention de la licorne de plus en plus perdue.


_C'est un jardin magnifique, répliqua Twilight derechef, se mettant à réciter une leçon apprise par coeur depuis qu'elle était enfant. Sur l'Oeil Qui Voit Tout, si près du Très Haut qu'on peut le toucher. Il y a des rivères de miel, de lait, des arbres fruitiers toujours gorgés de présents, des fontaines de vin...


La licorne s'interrompit dans son énumération, voyant très bien où le selloudien allait frapper.


_Si l'alcool est formellement interdit, pourquoi y en a t-il au paradis ? N'est-ce pas parce que celui du Très Haut ne conduit jamais à l'état d'ivresse ? Et que c'est donc le fait d'être saoul, qui est interdit ?


_Justement parce que l'Eternel nous accorde dans l'Autre Monde ce qu'il nous défend ici !


La voix de Twilight reprenait de l'assurance. Elle n'allait pas se laisser dicter sa foi par des nomades quand même !


_Admettons, concéda Haakim en haussant les épaules. Une autre question, alors. Pourquoi le foulard ?


_Le voile est le symbole de la pudeur, récita Twilight d'un ton scolaire. Les crinières des juments dégagent un rayonnement magique qui envoûte les étalons, et qui les rend lubriques. En se couvrant, nous restons dignes, et modestes. C'est un péché que de se montrer en cheveux à des tiers.


_Ah oui ? demanda Amira.


D'un geste, la jument défit son foulard bleu brodé d'argent. Une longue crinière couleur nuit fut libérée faisant cascader des boucles aux reflets ébènes sur ses épaules roses.Twilight se mordit la lèvre, choquée devant ce soudain exhibitionnisme.


Amira passa un sabot dans sa crinière, la lissant du paturon. Autour d'elle, les selloudiens continuaient de manger comme si de rien n'était.


_Le Très Haut ne m'a pas pétrifiée dans l'instant. Et je n'ai pas l'impression de rendre les étalons du dîner complètement lubriques.


Twilight chercha des yeux une preuve de l'erreur de son hôte, un regard concupiscient d'un mâle, quelque chose ! Mais rien.


Le reste du dîner fut une longue suite de chocs. Elle apprit que chez les selloudiens, les prières ne se faisaient pas à heure fixe selon son activité, que le jeune n'était pas obligatoire pour les jeunes enfants et les malades, que l'aumône devait se faire dans la mesure de ses moyens tout comme le pélerinage des lieux saints.


Twilight n'en revenait pas. On l'avait toujours éduquée dans la rigueur, dans la pureté de la foi. Voilà qu'elle découvrait qu'on pouvait avoir le même dieu qu'elle, lui rendre les mêmes hommages, mais d'une manière bien moins fondamentaliste.La licorne avait l'impression de chuter dans un puits sans fond. Puis, quand elle crut que rien ne pouvait empirer, Haakim, finissant son bol, lui asséna le coup de grâce :


_Ce que vous appelez Vraie Foi est en fait né dans nos contrées. Vous vous souvenez ce que je vous ai dit sur les tribus de la côte ? Ce sont ceux qui vivent encore selon les anciennes règles de la religion, comme en Equestria. _C'est impossible, répondit la jument violette, luttant pour rassembler ce qu'il restait de sa volonté. C'est le Très Haut qui nous a apporté la Vraie Foi, par Luna, par l'Envoyée. La religion s'est forcément diffusée ici après, et vous l'avez modifiée.

Haakim secoua la tête d'un air négatif :


_La religion que vous pratiquez est une religion du désert. Vous croyez vraiment que le foulard à quelque chose à voir avec la pudeur ? Il servait - et sert - avant tout à se protéger du soleil.


Il s'interrompit pour boire du thé avant de reprendre :

_Les règles religieuses, elles, avaient pour but d'éviter les conflits, et à permettre aux clans de vivre sans se sauter à la gorge. Mais il n'a jamais été question de musique, ou de prière à heure fixe obligatoire ! Quel dieu vous empêcherait de jouer d'un instrument, enfin ? En fait, nos aïeux expliquaient qu'on pouvait contenir tous nos préceptes en un seul : "aime ton prochain comme toi même, et garde toi du mal".


Twilight n'arrivait plus à enchaîner deux idées. Toutes ses croyances venaient d'être battues en brèche. Non, c'était même pire que ça. C'était comme si une tempête venait de lessiver sa foi, de la laver de tout ce qu'il n'allait pas, de tout ce qui avait été modifié par les equestriens. Pour ne laisser place qu'à la simple phrase que venait de citer Haakim.
Elle était devant deux systèmes de croyance antagoniste. Et devant le doute, Twilight Sparkle la scientifique savait ce qu'il advenait de faire. Réaliser une expérience.


Elle se leva et marcha à petits pas jusqu'à l'entrée de la tente. Le soleil tapait fort et l'éblouissait toujours, mais sa caresse était plus appaisante qu'agressive.D'une patte un peu tremblante, elle approcha son sabot de son foulard, et l'arracha d'un coup sec, comme si elle craignait de souffrir physiquement de ce geste.

Elle ferma les yeux, murmurant à voix basse au Très Haut de la pardonner, et de la foudroyer sur place si elle commettait un crime sacré.


Rien ne se passa. Exactement comme pour Amira, personne ne semblait se soucier qu'elle ait enlevé son voile. Deux enfants passèrent entre ses jambes en jouant. Une odeur de sable chaud vint à ses narines, tandis que ses oreilles accrochèrent la musique du luth, et les chants des adolescents.


Le vent passa en soufflant devant la tente, soulevant sa crinière dans la brise. A la seconde rafale, il emporta également la mante de la licorne. Elle la suivit des yeux un instant, avant que le vêtement ne se perde à l'horizon.


Quand elle se reconcentra, elle vit qu'Amira venait de lui apporter sa tasse de thé. La jument violette la remercia d'un sourire franc, appréciant la chaleur de la boisson à travers ses paturons. Elle versa la tête en arrière, profitant de la contact du soleil, se répétant comme un mantra ce que lui avait dit Haakim.


_Aime ton prochain comme toi-même, et garde toi du mal. Aime ton prochain comme toi même...et garde toi du mal.


Au nom du Très Haut, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, Twilight Sparkle se surprit à sourire.

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Note de l'auteur

Je n'aime pas les longues notes d'auteur. Par tradition, je préfère laisser parler mon texte et laisser le travail de réflexion à mes lecteurs. Cela dit, j'estime que pour une fois, quelques éclaircissements ne seront pas de trop.

Croissant a été rédigé tout au long du mois de mars 2016. Ces dernières années, le durcissement des positions identitaires, que ce soit par un fondamentalisme religieux qui dévie le message de paix de ladite religion, ou par un laïcisme exacerbé qui amalgame 99% des croyants au 1% des extrémistes, est de nature à m'inquièter. Rien de bon ne sortira de ces soufflés de haine. Les récents événements en Belgique ne font que confirmer cette inquiétude. Je pense qu'il est sain de souffler, et de prendre un peu de recul.

A mon minuscule niveau, si je peux vous encourager à vous renseigner sur les textes, et à comprendre que leur interprétation fondamentaliste est nécéssairement malhonnête, je m'estimerais satisfait. De même si je n'ai fait que vous divertir :)

Cette fic est sous licence CC BY-NC-SA.

Image de couverture : [lien]

Image de bannière : [lien]

Un merci particulier à Rail pour son aide lors de la construction de l'univers de Croissant.

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Enis
Enis : #36749
@Py7h0n
C'est à dire?
Il y a 2 ans · Répondre
Py7h0n
Py7h0n : #36748
Enis29 mars 2016 - #36740
Tout au long de la première partit, j'ai- en tout agnostique que je suis- hurlé en lisant les extrémes qu'énumérait Twilight.
Durant la 2nde partit, j'ai eu des orgasmes lorsque je lisais les passages de vie simple que menait le peuple du désert.

Cette fiction résume très bien la différence entre radicalisation d'une religion et sa véritable nature.
Je pense que, si ma famille était plus ouverte d'esprit sujet brony, je leur montrerai cette fic pour qu'ils arrêtent d'être anti-musulman/arabe.
"entre radicalisation d'une religion et sa véritable nature." Je.me.marre.
Il y a 2 ans · Répondre
Enis
Enis : #36740
Tout au long de la première partit, j'ai- en tout agnostique que je suis- hurlé en lisant les extrémes qu'énumérait Twilight.
Durant la 2nde partit, j'ai eu des orgasmes lorsque je lisais les passages de vie simple que menait le peuple du désert.

Cette fiction résume très bien la différence entre radicalisation d'une religion et sa véritable nature.
Je pense que, si ma famille était plus ouverte d'esprit sujet brony, je leur montrerai cette fic pour qu'ils arrêtent d'être anti-musulman/arabe.
Il y a 2 ans · Répondre
stronger
stronger : #36732
Il n'y a pas beaucoup de textes où plus généralement, d’œuvres artistiques qui arrivent à m'arracher un "wow" et généralement c'est très bon signe, et rien pour que cet exploit, Bravo Bronie !
Une problématique intéressante, des poneys qu'on aime tous et le tout, écrit par toi ! Que demande le peuple ?
Non franchement, c'est très bien. En espérant que tu persévérera ainsi sur cette voie ^^
J'ai été happé ^^
Il y a 2 ans · Répondre

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