Ça fait au moins un mois qu’il pleut comme ça. C’est à se demander ce que font les pégases là-haut. Tout le monde ne les trouve pas très nets, et c’est valable pour moi aussi. Enfin…Le pire dans cette histoire, c’est que même la princesse ne nous répond pas. De toute façon, elle doit s’en taper de ce qu’il se passe plus bas. Tant qu’elle est au chaud dans son château. Je déteste la princesse. Mais la pluie, je la hais encore plus. Je n’aime pas les pégases non plus, tiens. Ni tous ces poneys qui me dévisagent. Personne ne mérite que je l’aime. Même pas un tout petit peu. C’est pour ça que je n’aborde jamais de sourire ou que je parle sèchement. Ils sont trop bêtes pour comprendre. Même ces saletés de pégases. Ou cette saleté de pluie. Heureusement qu’elle ne me touche pas, elle. Je me contente juste de la regarder.
Ça doit faire à peu près une année que je suis protégé. Enfin, protégé…Qu’elle ne me touche plus. La pluie. Ça m’a surpris au début, et puis je me suis dit que c’était un coup de cette princesse, là, qui est au chaud dans son château. Alors j’ai demandé à la voir. Sauf que les gardes m’ont ri au nez, et puis j’ai dû quitter Canterlot. Idiots de gardes. A croire qu’ils ont été employés pour rire des gens. De vrais clowns. Et une raison de plus pour détester cette princesse.
Justement, la princesse est venue dans notre village aujourd’hui. Elle arborait son petit sourire insolent. Vraiment insupportable celle-là. A se demander si elle ne le fait pas exprès. Et puis il y avait ça sœur aussi…Lana ? Aucune importance. Elles ont commencé à faire leur discours, patati, patata, nous sommes désolées, patati, la pluie, patata, les pégases... Je m’en contre-fiche. Elles avaient qu’à être là quand je me suis rendu –à pied- à Canterlot. Au moins, j’ai eu la chance de pouvoir les voir trempées. Ridicule, bien sûr. Sans prévenir, la raclure du Soleil m’a regardé, surprise. Elle a ouvert ses grands yeux violets ou je ne sais quoi et s’est approchée de moi. Je ne lui ai pas fait de révérence, il ne faut pas exagérer non plus. Puis elle a souri. Encore. A croire qu’elle fait exprès. Encore. Celestruc m’a demandé depuis quand la pluie ne me tombe plus dessus, sous les regards ahuris des habitants de mon village. Je l’ai envoyée balader. Je crois que ça n’a pas plu à mon chef. Et je crois aussi qu’elle ne l’a pas bien pris.
Je me suis fait convoquer par mon chef hier. Il n’était pas très joyeux. Tant pis, ce n’est pas de ma faute si la pluie ne veux pas de moi. A croire que le monde entier me rejette. Le vieux shnoque m’a fait la morale, en me disant qu’on ne devait pas manquer de respect à la princesse et tout et tout. Il m’énerve lui. Alors je l’ai envoyé balader. Et il m’a viré du village. Maintenant, je n’ai nulle part ou aller.
Je crois que j’ai une cousine dans une ville pleine d’arc-en-ciel. Ou une sœur. Ou une grand-mère, peu importe. Quelqu’un qui voudra sans doute de moi.
*
La route n’est pas facile, et il me faudra au moins une semaine pour arriver là-bas. Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de répondre ainsi à une personnalité royale ? A la princesse, qui plus est. Je suis une vraie andouille. Même pire. Je ne vaux finalement pas mieux que la pluie, les pégases…Je n’ai qu’à m’allonger ici et attendre que la mort m’accueille. Enfin, si elle veut bien de moi.
Même la mort me hait. Je suis allongé dans un lit douillet, avec une tonne de couvertures. Pas que je sois mal à l’aise mais cette situation m’intrigue. Je suis sans doute dans un rêve. Ou alors j’étais dans un rêve. Peut être que la pluie ne m’a jamais rejeté ? Que la princesse m’aime bien ? Que je suis dans mon village paisible, et que…
On toque. Une ponette entre dans la pièce avec des yeux grands ouverts. Ma vue devient de plus en plus floue, mais je crois qu’elle a…des ailes.
*
Le rêve, c’était n’importe quoi, tout est réel. Je suis dans la maison d’une pégase, tout va bien. Elle me donne à manger, je ne bronche pas. Elle est amie avec une sorte de boule de poils avec des grandes oreilles, je ne dis rien.
Je vais exploser. Et je ne crois pas qu’elle est au courant.
Deux jours. Deux jours passés sous le toit d’un poney ailé. D’un poney qui affiche toujours un sourire radieux, presque niais. Presque forcé. Presque comme celui de Celestine. Pourtant, je n’ai pas l’impression qu’il est hypocrite. Il a l’air plus…sincère. J’ai essayé de lui dire mais je ne sais pas si elle a compris.
Bon, je suis sorti aujourd’hui. Il pleut toujours, et la pluie ne me touche toujours pas. Et la pégase garde son sourire. Comme elle m’a sauvé, je me suis promis de ne plus haïr les pégases. Enfin, un peu moins. Un tout petit peu moins.
Sa boule de poils m’insupporte. Elle sautille partout sans gène, et me pique même mon petit déjeuner. La pégase m’a dit qu’elle était toujours comme ça. Elle a aussi tapé sur ma joue dure en me rappelant que la boule de poils avait un nom. Peu importe. En tous cas, elle insiste pour que je reste, parce qu’elle a soi-disant peur qu’il m’arrive quelque chose. Tant qu’on me donne à manger et qu’on ne m’embête pas, je n’ai aucune raison de partir.
Tous les matins, la pégase part deux heures après le lever du soleil. Je ne sais pas où elle va, elle n’a jamais voulu me le dire. Je suis sûre qu’elle fait partie d’un complot bizarre orchestré par les pégases. Un complot qui est à l’origine de cette pluie torrentielle qui ne s’arrête pas. Pourtant, jour après jour –surement grâce à cette ponette- je me suis habitué à la pluie. J’aimerais même la toucher. Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’arrive, mais j’ai le sentiment que quelque chose de fort me retient ici. C’est comme une lumière protectrice qui me guide et me protège.
*
La lumière s’est éteinte ce soir. La pégase m’a chassé de chez elle sans raison. Même son amie ne sait pas ce qu’il se passe. Je ne sais pas parler boule-de-poils-à-grandes-oreilles, mais je suis sûr que c’est ce que qu’elle pensait. Alors je me retrouve une fois de plus seul.
La solitude ne m’a jamais fait aussi mal. Je hurle dans la forêt qui me sert maintenant de refuge, mais personne ne vient. Je me rends enfin compte que jamais personne ne voudra de moi et que je souffrirai éternellement. Une étoile est passée mais est vite repartie.
*
Cette fois c’est décidé, je vais voir la Princesse Celestia pour qu’elle m’explique ce qu’il se passe entre moi et la pluie. Tant pis si les gardes rient ou ont peur, je ne supporte plus de vivre sans lumière.
Je repousse les poneys. Ils me dévisagent d’un air hautain, c’est humiliant. Je déteste Canterlot. Je déteste la pluie. Je déteste les poneys et je déteste Celestia. Je suis détestable.
*
Quand j’arrive enfin devant le palais, il fait nuit noire. Enfin, si on fait abstraction des nuages chargés de cette maudite eau qui tombe sans cesse. De la lumière explose dans le ciel de temps en temps. Ça fait du bruit, j’aime pas trop ça.
Il y a plein de lumières partout au tour du château, ça me fait mal aux yeux. Il y a plein de poneys rassemblés et ils ont l’air heureux. Je ne sais pas vraiment ce que c’est être heureux, mais je pense qu’ils le sont.
La porte du château est grande ouverte, et il y a un poney avec un chapeau prétentieux devant. Il annonce les noms des poneys qui entrent dans la salle. Des noms ridicules. Pourquoi appeler son enfant ‘poussière d’éclair’ si ce dernier passera sa vie à jouer du violoncelle ? C’est absurde.
Je passe outre les annonciations et cours droit vers le cœur de la pièce. Tous me regardent comme si j’étais la pire raclure n’ayant jamais existé. Tant pis. Je vois la Princesse en haut des escaliers, alors je cours vers elle. La seule qui arbore un sourire parmi cette flopée de poneys effarés. Le même sourire qui me donne envie de hurler tellement il est faux.
Alors je hurle.
*
Humilié, perdu et seul. Je devrais avoir l’habitude maintenant, mais ça fait mal quand même.
Les gardes m’ont encerclé quand les vitres se sont brisées, et, au lieu d’utiliser leurs cornes, ils m’ont frappé jusqu’au sang. Il y a du bleu partout sur le sol de la salle du château, ça leur apprendra. J’ai été expulsé comme un malpropre. Et on dit des licornes qu’elles sont raffinées. Foutaises, une fois de plus. Ces sales poneys ne savent que mentir.
Pendant que je crache mon sang sur l’herbe de la forêt dans laquelle on m’a téléporté, je ressens une présence. Parfait, mon heure est enfin venue. Viens a moi, mort, et libère-moi de cette vie illusoire !
*
La pégase. Encore elle. Elle me dit que je ne devrais pas traîner dans cette forêt à cette heure-ci. Comme si j’y étais pour quelque chose. Elle est trempée, forcément. La pluie ne s’arrête évidemment pas et elle n’a rien pour se protéger. Quelle idiote.
Elle s’allonge a coté de moi silencieusement et déploie un de ses ailes sur mon dos. Frémissement. Même si ça m’énerve, cette fois je n’ai pas envie de hurler ou de la repousser. Je n’ai pas la force pour ça.
Alors, un instant, mais vraiment un instant, la pluie tombe à nouveau sur moi. Elle est piquante, agressive, mais coule lentement sur ma peau.
Pour la toute première fois de ma vie, je peux enfin le dire.
Je suis heureux.
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Pour un premier écrit c'est vraiment pas mal