Confrontation

Comment j'ai pu faire tout ça ?

« Moi même je me posais encore la question il n'y avait encore que quelques instants. Était-ce seule que j'ai pu vaincre la princesse de l'amitié ? Non, j'étais aidée, Twilight. Depuis mon premier jour sur Equestria, j'étais aidée, par toi. »

Je m'installai juste à côté de l'alicorne mauve qui était en piteux état, elle n'arrivait même plus à parler, se contentant de m'observer pendant que je devinais ses questions.

« Ne t'inquiète pas Twilight, je te connais bien, et je vais faire en sorte de tout t'expliquer avant la fin. » Je me pinçai légèrement les lèvres avant de reporter mon regard sur elle. « C'est bien le moins que je puisse faire pour mon mentor...

Alors voilà Twilight, je suis née quand tu n'étais pas encore la grande alicorne princesse de l'amitié que nous connaissons tous… Enfin si, tu avais déjà tes ailes et ton château, mais ta réputation n'était pas encore devenue tellement énorme que ton simple nom avait suffi à écarter les princesses du jour et de la nuit, les rabaissant à de simples régentes des cycles lunaire et solaire. »

L'alicorne mauve se mit à froncer les sourcils, elle ne devait sans doute pas être en train de comprendre ce que j'étais en train de raconter.

« Attends, attends, tu verras, la suite va devenir plus claire. Oui, je suis née exactement le même jour où tu as inauguré la nouvelle grande bibliothèque de Ponyville. En fait, tu ne feras ça que dans quatre mois environ. Eh oui Twilight, je viens d'une époque que tu ne connais pas encore, mais ce n'est pas vraiment un futur lointain. On s'est connu le jour de ma naissance, tu étais là dès les premiers instants pour te mettre à m'observer, me juger, me donner des notes. »

Elle me regardait toujours avec un regard empli d'incompréhension.

« Tu te demandes sûrement comment cela est-il possible, mais aussi, pourquoi est-ce que tu serais présente le jour de ma naissance ? La raison est simple, tu connais mes parents. En fait, tu les connais très très bien. Tu vois de qui je parle ? »

L'alicorne mauve semblait vraiment en train de réfléchir, pourtant dans sa tête, toute hypothèse était refoulée, rien de ce que je lui disais ne semblait possible.

« Je comprends, c'est dur de s'imaginer se faire battre par sa propre nièce. »

Je crois que le regard qu'elle me fit allait rester à jamais gravé dans ma mémoire. Tous mes efforts, tout mon travail, tout cela avaient enfin récolté ses fruits, je pouvais voir ma victoire se lire sur son visage. Je l'avais vaincu, je l'avais mise à terre. Elle, elle qui était dans l'ignorance depuis tout ce temps, qui me voyait comme une ennemie avant de savoir qu'elle allait me porter dans ses sabots en souriant.

« Eh oui, Twilight, où devrais-je dire : Princesse Twilight Sparkle, mon très cher mentor. J'étais la pouliche la plus chanceuse d'Equestria, mes parents étaient emplis de bonheur à ma venue au monde. Mon père, Shining Armor, avait décidé de mon nom. Il choisit Starlight, car cela lui faisait penser à sa sœur, si étincelant et dont le destin n'avait jamais cessé de briller par delà les étoiles. Puis, il choisit Glimmer, comme s'il se doutait que toute ma vie, je devais rester une ombre derrière toi, une simple lueur qui s’efface pour une lumière bien plus intense et mémorable.

Ma mère, Mi amore Cadenza était une alicorne puissante. Oh, et je ne parle pas que de magie, elle était aussi très forte pour prendre les décisions. En fait, mon père avait l'habitude de se reposer sur ses précieux conseils. Elle était un modèle pour moi, je l'admirais et j'ai toujours voulu être comme elle. Un jour, étant petite, je lui avais demandé son secret, comment avait-elle fait pour en arriver là. Elle m'avait simplement répondu que dans la vie, il ne fallait pas attendre les bonnes occasions pour se démarquer, il fallait les créer. Quand elle était devenue alicorne, personne n'avait douté une seule seconde qu'elle était faite pour diriger. »

Je m'allongeais au côté de la princesse de l'amitié qui m'écoutait, silencieuse.

« Et bien sûr, il y avait toi… enfin toi. Il y avait aussi toutes tes amies, Applejack et sa ferme, Rainbow Dash et les Wonderbolts, Pinkie Pie, Rarity et Fluttershy. Quand j'étais petite, je ne te voyais jamais sans l'une d'elles, même quand c'était pour un repas de famille chez mes grands-parents… En fait, je crois que tu as fini par avoir un faible pour Rarity. Mais bon, je devrais éviter de te raconter tout ce qui va t'arriver, après tout, ça ne risque plus de se produire maintenant que j'ai gagné. Et cette victoire, je te le dois princesse. Si tu n'avais pas été là dès mon plus jeune âge, je n'aurais certainement jamais réussi à faire tout cela, alors du plus profond de mon cœur, merci !

Tu essayais de passer au moins deux à trois fois par mois, parfois, c'est mes parents et moi qui nous déplacions jusqu'à Ponyville pour te rendre visite. C'était un trajet long et fatiguant, surtout quand on est une petite pouliche qui s'ennuie dans un train, pourtant, Shining et Cadance savaient que cela te faisait plaisir de me voir. Moi, j'étais encore trop petite pour savoir qui tu étais réellement et l'impacte que tu allais avoir dans ma vie... » Je m'arrêtais brusquement quand j'entendis la jument mauve en train de marmonner difficilement quelque chose.

« Shining… t-tes… parents... »

« Oui Twilight, tu as écouté ce que j'ai dit tout à l'heure ? C'est incroyable que tu ne sembles même pas me croire alors que c'est toi-même qui m'as donné toutes les réponses au voyage dans le temps. Je peux comprendre que cela te semble incompréhensible, mais dans moins de trois mois, tu verras que ce que je te dis est vrai… enfin, tu ne vas plus en avoir l'occasion maintenant. »

« Ils… ils t'aiment... »

« Qu'est-ce que tu en sais, tu ne les as même pas encore vus avec moi ?… Oui bien sûr qu'ils m'aimaient, mais tu vois, l'amour n'est pas vraiment un bouclier impénétrable. Rien ne nous prépare à la perte de nos êtres chers… Ma mère… lorsque j'avais douze ans… a été attaquée. C'est à ce moment-là que j'ai été informée de l'origine des changelins et du conflit qu'il y a eu avec mes parents. La princesse Mi amor Cadenza est décédée trois semaines après leur retour. Elle a subi de lourdes blessures lors de son combat, et tout cela pour me protéger, le pire dans tout ça, c'est le poison qu'ils avaient injecté dans son corps et qui la faisait souffrir à chaque instant qu'elle résistait. Elle avait tenu bon, trois semaines… c'était incroyable quand on savait qu'un poney normal ne tenait pas plus de quatre jours. Elle avait combattu le poison le plus longtemps possible pour son peuple et pour moi…

Après ça, le prince Shining Armor est devenu le leader des troupes contre les changelins, et moi, je me retrouvais toute seule à l'empire de cristal. C'est à ce moment-là que tu es intervenue, tu as pris la décision de me prendre sous ton aile à Ponyville et de faire de moi ton élève particulière. Encore aujourd'hui, je me demande si tu avais fait ça parce que j'avais un réel don pour la magie, ou si c'est juste parce que je faisais partie de ta famille.

J'étais habituée à la vie de château, la lecture était déjà l'un de mes passe-temps régulier à l'époque, mais avec toi, c'était devenu un sport, une compétition. On passait beaucoup de temps toutes les deux dans la bibliothèque quand l'une de tes amies n'était pas là pour nous déranger. Bien sûr, je m'enfermais dans les livres parce que j'avais encore beaucoup de chagrin pour ma mère, mais tu m'as aidée en évitant que je me retrouve seule. Ainsi, la lecture était devenue une activité qu'on faisait à deux, on avait même fait la promesse de ne pas lire en dehors de la bibliothèque ni l'une sans l'autre. Je n'étais plus seule, mais j'étais toujours en colère contre ceux qui avaient assassiné ma mère.

Ça se voyait quand je pratiquais la magie. Elle dépend de notre concentration, mais aussi de nos émotions. Chez moi, elle affluait beaucoup trop vite. Bien sûr, cela ne t'avait pas échappé, et tu as directement compris que je n’éprouvais pas que de la tristesse par rapport à la perte de ma mère. J'ai décidé de me confier à toi. Tu m'apprenais beaucoup sur l'amitié et la confiance que deux personnes pouvaient s'accorder, sans compter que tu m'assurais qu'en parlant, j'arriverais à avoir moins mal… Malheureusement, ça ne s'était pas vraiment passé comme tu l'avais dit. En fait, ça a tout fait sauf m'aider ! » Dis-je en élevant peu à peu la voix. « Je pensais que tu étais mon amie, une adulte qui voulait m'aider et prendre soin de moi. Mais non, tout ce qui t'intéressait, c'était ta précieuse magie de l'amitié et rien de plus. Non, je ne pouvais pas médire de mes ennemis, non, je ne pouvais pas leur en vouloir pour la mort de ma mère, non ! La seule chose que je pouvais faire, c'était aller de l'avant, ne plus se remplir la tête d'idée noire, en clair, tu me demandais d'oublier tout ça ! » J'avais hurlé ces derniers mots à la face de la jument qui avait plissé les yeux. Je repris alors mon calme pour reprendre mon récit.

« Après ça… j'ai compris que tu ne m'aideras jamais dans ma quête, alors j'ai décidé de garder ça pour moi. Nous continuions à lire ensemble, cependant, mes lectures étaient uniquement tournées vers le sujet qui me revenait encore et toujours en tête… Non Twilight, je ne voulais pas me venger. Je voulais trouver la raison de notre faiblesse, et ce qui faisait la force de ces insectes. Comment des créatures qu'on ne considérait même pas avant, ont réussi à vaincre l'une des plus grandes forces d'Equestria, l'amour ? Je savais que ce genre d'interrogation te passait au-dessus de la corne, pour toi, rien ne valait l'amitié, il suffisait de voir comment avait tourné ta relation avec Rarity, mais moi… moi j'étais consciente de nos faiblesses.

Pour vaincre l'ennemi, il faut le connaître. J'ai passé des années dans la bibliothèque à récolter toutes les informations possibles sur les changelins, trouvant même certains rapports de combat qui provenaient du front et qui t'étaient destinés. Le conflit a duré plus de neuf ans, huit ans où je suis restée sans nouvelle de mon père. Il m'envoyait bien des lettres durant les deux premières années, mais ensuite, plus rien. Pourtant tu continuais de me dire qu'il donnait des nouvelles, mais les lettres contenaient à chaque fois des informations militaires, m'interdisant de les lire. Cependant, tu n'oubliais pas de me dire qu'il tenait à moi, et que je lui manque beaucoup… Il a fallu que je trouve un rapport qui t'était destiné pour comprendre qu'il était mort. »

Je tournais la tête vers la jument pour voir qu'une larme coulait le long de sa joue. Je me demandais si elle ne pleurait que maintenant à l'annonce de la mort de son frère, ou si elle le faisait déjà depuis un moment.

« Oui Twilight, ton frère est mort… Mon père est mort durant une guerre dont-on m'a toujours tenue éloignée, et le pire, c'est que sa sœur à essayé de me le cacher. Elle me l'a caché pendant plus de trois ans ! te rends-tu compte Twilight ?

-J-je suis désolée…

« Tu n'as pas à l'être, après tout, tu n'as pas encore fait d'erreur… pas encore. Merci quand même… Bref ! » Dis-je en me ressaisissant. « J-j'ai continué mes recherches sur les changelins. J'ai pu trouver quelque chose d'intéressant lorsque j'ai récupéré quelques rapports des médecins de campagne. Être en contact avec une princesse aide beaucoup pour récupérer les rapports des soldats. On reporte trois types de victimes des changelins. Les premiers étaient ceux morts sur le champ de bataille, la gorge arrachée par leurs crocs, ou encore le visage brûlé à cause de l'acide qu'ils crachaient. Les secondes, étaient les soldats empoisonnés par leurs morsures, mais qui n'avaient pas eu la chance de mourir sur le coup, ils agonisaient pendant des jours avant de succomber à cause de leurs organes brûlés de l'intérieur. Les derniers cas étaient les plus intéressants. Les changelins devaient se nourrir de l'amour des poneys pour survivre, alors ils devaient garder un stock constant de prisonniers. Il y a très peu de rapport expliquant la manière dont ils arrivaient à récolter cet amour sur des poneys qui les considéraient comme leurs pires ennemis, mais on ne doutait pas du pouvoir de manipulation de ces créatures. Certains poneys ont été libérés grâce à des attaques-surprises dans les essaims, et ce qu'ils ont trouvé était tout simplement fascinant.

Les poneys étaient encore en vie. Ils n'avaient pas la moindre blessure, et n'avaient l'air d'avoir subi aucun endoctrinement de la part des changelins. Cependant, leur marque de beauté avait complètement disparue. Ils étaient tous redevenus des flancs vierges. De plus, les poneys ne semblaient plus du tout éprouver la moindre émotion. Ils ne parlaient presque plus et se contentaient même de hocher la tête la plupart du temps. Certains ont même eu droit de retourner auprès de leur famille, mais ils ne semblaient plus du tout les reconnaître et restaient dans l'indifférence la plus totale. Tout le monde considérait ça comme un sort pire que la mort, pourtant, je ne voyais là qu'un atout que l'on pouvait mettre à notre avantage. Très vite, des tests ont démontré que ces poneys ne ressentaient plus la peur ni le moindre doute. On leur demandait de faire quelque chose, ils le faisaient sans se poser la moindre question. J'ai eu l'occasion d'aller en voir un seul, c'était incroyable, je pouvais demander à ce poney qui ne m'avait jamais vu de sa vie de foncer dans un mur, et il le faisait dans la seconde. Imagine une armée de soldat conditionné à ne plus éprouver la moindre peur, avançant, inflexible… C'était la solution pour gagner cette guerre, mais bien sûr, tout le monde s'y refusait. »

Je ne m'étais même pas rendue compte que je m'étais relevée pour me mettre à tourner autour de l'alicorne pendant que je lui racontais mes notes. Je me réinstallais alors à côté d'elle, en me raclant la gorge.

« O-on a quand même mit fin à cette guerre, rassure-toi… quatre ans plus tard. Néanmoins, j'avais la conviction que je venais là de trouver une nouvelle forme de magie. Une puissance qui me permettrait de rallier le monde autour d'une seule et unique cause, faisant fit de la race et des attributs. Mais bien sûr, tu as fini par être au courant de mes expériences. J-je t'assure, qu'aujourd'hui encore, je m'en veux pour ce qui est arrivé à ce poney sur qui j'avais fait mes premiers tests… I-il était d'accord pour faire ça avec moi. C'était un garde avec qui je parlais très souvent. C'était lui qui gardait la bibliothèque la plupart du temps, alors quand on avait fini d'arrêter de lire ensemble parce que tu devais accomplir ton devoir royal… j-j'avais beaucoup de mal à me retrouver toute seule dans cette immense bibliothèque, alors j'ai pris l'habitude de me servir de lui pour avoir de la compagnie... »

Je sursautai en sentant quelque chose me toucher et lorsque je me retournai sur l'alicorne mauve, je vis son sabot posé sur mon épaule, je me relevai alors brusquement pour me placer juste en face d'elle.

« Tu sais que la marque de beauté d'un poney est extrêmement importante ? Bien sûr que tu sais ça, tu m'as déjà raconté bon nombre de tes aventures avec tes amies, et donc, tu sais bien qu'un poney ne peut tout simplement pas vivre sans sa marque. P-pourtant, Blueskye avait l'air d'aller bien au début… i-il m'avait dit que ça allait bien en tout cas. Je ne pensais pas que ça allait empirer avec le temps, après tout, les victimes des changelins étaient stables… et… e-et je… je ne sais pas ce qui s'est passé, il est devenu fou, il a commencé à hurler alors que ça allait très bien pourtant ! Il n'avait plus sa marque et il allait très bien ! » Je m'arrêtai alors que je sentais que j'étais en train de m'énerver. Soupirant en posant un sabot sur mon front, je m'assis juste en face de la princesse de l'amitié en tentant de reprendre mon calme.

« J'ai perdu tout ce qui me restait ce jour-là. J-je sais que j'étais en désaccord avec toi sur beaucoup de sujet, mais disons que ta confiance comptait quand même encore beaucoup pour moi. Tu essayais de me rassurer, tu me disais que tout irait bien, que c'était autant sa faute que la mienne, qu'il n'avait pas à accepter de devenir un sujet de test pour des expériences qui n'étaient pas soutenues par une commission… Pourtant au fond, j'étais certaine que tu m'en voulais... »

Je la vis secouer lentement la tête.

« SI ! Tu ne te connais pas aussi bien que je te connais… tu changeras Twilight. Est-ce que tu crois que tu seras capable de mentir à ta nièce sur la mort de son père ? Est-ce que tu seras capable de te mettre à l'élever comme ta propre fille lorsque tu représenteras le dernier lien qu'il lui reste ? Est-ce que tu seras prête à faire face le jour où tu verras que tous les espoirs que tu as mis en elle s'effondreront à cause de sa tristesse ? »

Elle se mit à me regarder. C'était le même regard qu'elle me faisait à chaque fois que je commençais à m'énerver. Elle l'utilisait régulièrement lors de mon adolescence, et plus encore quand j'ai commencé à la décevoir.

« T-tu m'as menti, Twilight… » Tentais-je de me justifier pour me soustraire à son regard pensant. « Je n'avais plus rien, j'avais perdu ma famille, ta confiance, tout ce qu'il me restait, c'était ces expériences sur les marques. Au fond de moi, je savais que c'était la clé vers une nouvelle ère, un monde où il n'y aurait aucun conflit. Même ça tu n'en voulais pas Twilight, tu rejetais sans cesse mes idées, alors j'ai décidé de partir. » Je me relevais à nouveau pour venir auprès d'elle, je ne ressentais plus vraiment la colère qui m'animait au départ. « Partir loin, dans un endroit où je pouvais exercer ma magie, là où il n'y aurait pas d'alicorne, mais bien entendu, c'était tout simplement impossible. Alors j'ai fait une dernière recherche dans les rapports que tu donnais à la princesse Celestia. Tu avais parlé d'un sort pour voyager dans le temps, bien sûr, il m'a fallu beaucoup de temps pour le mettre au point, et finalement, ça n'a pas marché comme je le désirais. » Je me tournais pour poser mon regard sur elle. « Au départ, je voulais juste prendre ta place auprès de tes amies, vivre les aventures que tu as vécu avec elles, en sachant à l'avance comment résoudre les problèmes. Bien sûr, je n'allais pas régler la situation en un tour de sabot, non. Je pensais laisser faire les choses, aller au même rythme que toi quand tu avais vécu ces situations. Ainsi j'aurais pu devenir une alicorne à ta place et j'aurais pu mettre mon plan à exécution. Mais bien sûr, il a fallu que le sort ne marche pas correctement, et je me suis retrouvée au beau milieu de nulle part alors que tu étais déjà alicorne ! » Je me mis aussitôt à murmurer pour ne pas me remettre à élever la voix. « Je me suis dit alors qu'il valait mieux mettre directement mon plan en action, et tu as pu le voir, ça marchait… Les poneys résistaient au sort tant que je me contentais de modifier leur marque en la conservant au lieu de la faire disparaître et… et tu as vu, non ? Tu as vu que mon plan marchait bien ? S-si tu n'étais pas venu, j'aurais pu réellement changer Equestria, hein ? Même si tu n'étais pas d'accord, que tu trouvais ça affreux, tu dois avouer que… que c'était un bon plan, non ? »

Et cette fois-ci encore, je le vis, ce regard qu'elle me faisait, celui qu'elle faisait aussi pour me rassurer. Elle avança lentement une patte vers moi et la posa juste sur mon sabot pour le serrer. Elle avait un sourire aux lèvres et des larmes le long des joues.

« C'était… un très bon plan… » Souffla-t-elle en appuyant sa tête contre mon épaule.

Je restais immobile, comme paralysée. J'avais encore du mal à réaliser ce qu'elle venait de dire… et j'avais même du mal à le croire. Pourtant elle ne se moquait pas de moi, elle n'était pas en train de me faire une farce, elle était sincère quand elle me disait ça… Je posais mon menton sur son crâne en serrant son sabot un peu plus fort.

« Merci Princesse... »