Chapitre quatre : cet inconscient.

Elle avait les cheveux roses. De longs cheveux roses très lisses et bien coiffés. Elle était plutôt grande de taille et avait sûrement mon âge. Assise dans l’herbe derrière les buissons, elle serrait quelque chose contre sa poitrine. Un animal, oui, c’était un petit écureuil très mignon. C'était cette fille en face de moi qui avait attiré mon attention alors que je quittais l’université pour me rendre au café.

En me voyant, elle avait poussé un petit cri de surprise ; elle ne m’avait pas vu arriver. Je lui souris pour lui signifier que je ne lui voulais rien de mal, mais elle ne se détendit pas pour autant. Elle baissa les yeux et resserra son étreinte sur l’écureuil. Elle semblait tellement fragile et sans défense que je ne pouvais pas me permettre de me montrer offensif envers elle. J’étais sournois, voir même espiègle avec les autres, que ce soit avec une fille ou avec un garçon. Seulement, j’avais perdu toute trace de férocité en la voyant. Il me serait impossible de lui faire du mal.

Je m’accroupis en face d’elle, elle rougissait et évitait mon regard. J’étais si intimidant que ça ?

« Ça va ? T’as l’air coincée, » commençais-je.

Ce n’était sûrement pas la meilleure chose à dire pour débuter un sujet de discussion avec quelqu’un d’aussi timide, mais je n’avais rien de mieux à dire. Je n’étais pas habitué à causer avec les filles et comparé à mon frère, j’étais loin d’être galant. Sur ce, je n’avais aucune idée de ce qui plairait ou non à la gent féminine… Mais peu importe. Il ne me tenait pas à cœur d'être vu comme étant un gentleman.

« C’est… C’est embêtant… » lâcha-t-elle.

Elle pointa son doigt en direction de son pied gauche. Sa cheville était tordue. Eh bien oui, c’était embêtant. Je soufflai, comment s’était-elle fait ça ? Je lui demandai de me raconter comment c’était arrivé, histoire de ne pas sembler trop encombrant, je gardai le calme et m’adressai à elle avec douceur. Je prenais exemple sur Akashi. Il aurait certainement réagi de la sorte s’il avait été à ma place. Avec calme. Quoique… Il aurait fait beaucoup mieux.

Difficilement, elle m’expliqua que l’écureuil qu’elle transportait maintenant avec elle était tombé d’une manière ou d’une autre en escaladant une branche d’arbre. Il s’était blessé en perdant l’équilibre… ou bien l’inverse… et comme elle aimait trop les petites bêtes vivant sur les arbres… enfin, un truc de ce genre… elle avait accouru vers le végétal pour sauver l’animal en détresse. Et c’est en se précipitant qu’elle s’était tordu la cheville. –Je n’ai pas compris les détails, elle bafouillait trop. Soyons heureux que je sois au moins parvenu à déchiffrer l’essentiel…-

« Viens, je t’emmène à l’infirmerie, dis-je, en tendant mes mains vers elle.

- Mais… Euh… »

Je ne la laissai pas finir, -j’étais sûr que je n’allais pas comprendre sa phrase de toute façon…- je passai une de mes mains dans son dos et la deuxième sous ses genoux puis la soulevai jusqu’à l’amener sur mon buste. J’aurais tout aussi bien pu la hisser dans mon dos, ça aurait été plus facile, mais je ne voulais pas risquer qu’elle écrase l’écureuil contre moi ; il en serait mort suffoqué.

Une fois dans les airs, l’étudiante aux cheveux rosâtre rougissait jusqu’aux oreilles. Avait-elle de la fièvre ? Elle se débâtit médiocrement pour une raison qui m’échappait. La pauvre était si faible qu’elle ne parviendrait jamais à blesser ne serait-ce qu’une mouche…

« Fais… Fais-moi descendre… tout de suite ! C’est… un ordre ! »

Ah… Elle avait donc honte ? Je ri. La voir dans cet état était tellement hilarant. En même temps, de mon point de vue, toute chose avait un côté hilarant…

« Redescends-moi !... s’il te plaît ? continua-t-elle.

- Tu penses que tu pourras marcher sur un pied ? » demandais-je.

Elle secoua vivement la tête affirmativement. Je la posai avec douceur sur le sol et positionnai son bras autour de mes épaules. Je lui dis qu’il était inutile de se dépêcher, qu’on arriverait tôt ou tard à destination. Le temps ne pressait pas. En tout cas, pas pour moi.

Arrivés dans le hall de l’université, nous rencontrâmes une enseignante qui nous interpella :

« Fluttershy ! avait-elle lancé en s'adressant à la fille qui était avec moi. Mais enfin, qu’est-ce qu’il t’arrive ? »

Ladite Fluttershy baissa la tête, peinant à s’exprimer. Je parlai à sa place :

« Elle s’est foulé la cheville en sauvant cet écureuil. Si elle l’avait pas fait, il serait mort. Cette fille est un héros ! » expliquais-je.

La professeure grimaça, elle imaginait sûrement la mort certaine de l’animal… tandis que Fluttershy rougissait une fois de plus. Elle était maintenant plus rouge qu’une tomate… Et après de vagues hésitations, elle prit finalement la parole :

« Je suis désolée mademoiselle Cheerilee… Je ne voulais pas sécher votre cours de biologie. C’est juste que… quand j’ai vu cet animal sur le point de tomber de l’arbre… je… »

Des larmes coulaient tout le long de ses joues tandis qu’elle poussait des sanglots à fendre l’âme. Encore un peu et je l’aurais rejoint dans ses pleurs. Jamais personne ne m'avait encore fait cet effet-là. D'ordinaire,  je me foutais bien des pleurnicheurs que je rencontrais... je ne supportais pas ça.  Mais c'était différent cette fois ci.

« C’est rien du tout ça, Fluttershy ! Tu as sauvé la vie d’un être vivant, tu es une héroïne comme le dit ce jeune homme ! énonça l’enseignante. Allez viens maintenant, il faut te présenter à l’infirmière ! »

Mademoiselle Cheerilee me retira Fluttershy des mains et l’escorta jusqu’à l’ascenseur du hall. Tiens, je ne savais pas qu’il y avait un ascenseur dans cet établissement ! En fait, j’étais même sûr et certain qu’il n’y en avait pas !

Avant de partir, l’étudiante à la chevelure rosâtre me sourit et me demanda de choisir un nom pour son écureuil et de le lui dire quand j’en aurais trouvé un. J’acceptai sa demande et lui souris à mon tour. Et c’est en voyant les portes de l’ascenseur se refermer que je me rappelai la raison pour laquelle j’étais sorti de ma chambre… Mais pourquoi avais je la même mémoire qu'un poisson rouge ? Où avais je laissé ma tête en sortant tout à l'heure ? J'avais assuré à Fluttershy que j'avais tout mon temps, mais en réalité,  je n'avais tout simplement plus de temps à perdre ! Je me précipitai en-dehors du bâtiment et fonçai dans le café en face de l’université. Mais il était vide quand je suis arrivé. La fille aux cheveux violets l’avait quitté !

Frustré, je m’installais sur une chaise et soupirais. Mais pourquoi j’étais frustré moi d’abord ? Et surtout, qu’est-ce qui m’avait pris de laisser derrière moi un lit si moelleux pour tenter de retrouver une étudiante presque aussi agressive que moi dans un café ? Je me relevais brutalement, envoyant la chaise sur laquelle j’étais assis se fracasser contre un mur. Les cafetiers avaient la bouche pendante, complètement choqués par mon comportement. Mais je les ignorais. C’était quelque chose d’habituel pour moi d’étonner mon entourage avec mon agressivité. Je dirais même que c’était tout à fait ordinaire. Un serveur vint ensuite à ma rencontre et tenta de me faire une leçon sur la manière de se comporter en public mais le regard glaciale que je lui adressa le retint de continuer.

~ (Retour à Twilight)

« Bonjour à toutes et à tous ! Je m’appelle madame Johnson et je suis votre professeure de physique-chimie. Je ne suis pas si sévère qu’on le dit, je ne supporte simplement pas l'insolence. Je serais même très gentille avec ceux qui me respecteront, » commença l’enseignante à l’insu de ses élèves.

Twilight positionna sous son menton, ses mains qu’elle avait croisées et fronça les sourcils. C’était sa façon de se concentrer. Elle était attentive à chacun des mots prononcés par sa professeure. D’après elle, il était impératif de faire très attention à toutes les phrases énoncées lors de la présentation des professeurs le jour de la rentrée. Il se pouvait qu’ils évoquent des sujets importants qui s’avèreront être utiles tout le reste de l’année.

En effet, madame Johnson avait fait le bilan du programme scolaire qu’ils allaient suivre durant les trois prochaines années. Elle avait parlé de toutes les choses capitales qu’il faudrait apprendre par cœur et toutes les matières qu’ils allaient étudier, elle avait même abordé une petite liste des expériences chimiques qu’ils allaient réaliser et encore bien des choses ! Twilight avait rempli un carnet entier rien que pour noter les points essentiels dont avait fait allusion l’enseignante et elle en était très fière.

Après cette longue présentation qui avait duré au moins quarante minutes, madame Johnson allait enfin entamer le premier cours de l’année, avant que la porte de la salle ne se fasse défoncer, interrompant ainsi le cours.

« Désolé pour le retard ! Je n’ai pas entendu la sonnerie ! »

Le cœur de Twilight fit un bond. Elle sentit son cerveau bouillir et ses dents allaient sûrement être détruites si elle continuait à les serrer de la sorte. L’inconscient qui venait de pénétrer dans la salle n’était autre que l’inconscient qu’elle ne cessait de rencontrer depuis son arrivée à Loranleas. Celui là même qu’elle voulait pendre et enterrer elle-même. C’était envers ce skateur de pacotille, cet imbécile à la noix, cet abruti éternel et ce balourd sans cervelle qu’elle ressentait une haine indescriptible.

« Excusez-moi, jeune homme, mais pouvez-vous m’expliquer ce que vous venez de faire ? » demanda madame Johnson, calmement.

Son regard s’était fait dur et son agacement était très facilement déchiffrable rien qu’à la regarder. Mais le skateur ne semblait pas s’en préoccuper.

« J’ai ouvert la porte pour éviter de la recevoir en pleine figure. Est-ce que ma réponse est assez claire ou vous voulez que je la développe ? » rétorqua-t-il.

L’enseignante ouvrit la bouche pour répondre mais aucun son n’en sortit. Elle n’avait pas idée de ce qu’elle pouvait dire. Elle soupira de lassitude puis ordonna simplement au garçon d’aller s’assoir en gardant le silence. Heureusement, il obéit sans broncher.

Une fois qu’il fut installé, Johnson reprit son cours. Twilight recula avec sa chaise jusque contre le mur. Car oui, le skateur s’était assis juste à côté d’elle. À en croire qu’il l’avait fait exprès ! Il y avait une tonne de place dans la salle, pourquoi avait-il fallut qu’il choisisse celle juste à côté d’elle ? Et pourquoi était-il dans la même classe que Twilight d’abord ? Et comment ce faisait-il qu’il soit inscrit à la section des sciences ? Il ne semblait même pas intéressé par le cours de madame Johnson ! Bien sûr que non, il utilisait son téléphone portable en pleine classe ! En plus, il ne cachait même pas son appareil sous la table, comme s’il se foutait qu’on le choppe !

Tous les étudiants avaient les yeux rivés sur lui. La salle était pleine de murmures, plus personne n’écoutait la professeure. Tout le monde ne parlait plus que de cet abrutit. Mais Twilight n’arrivait pas à comprendre pourquoi ce vaurien de skateur était devenu le centre d’intérêt général seulement parce qu’il répondait à ses messages sans cacher son téléphone du regard de la prof…

« Les téléphones sont interdits en cours, ne le saviez-vous donc pas ? » madame Johnson était arrivée juste en face du garçon et le dévisageait avec énervement.

L’étudient ne répondit pas. Il était trop occupé avec ses messages pour s’apercevoir de quoi que ce soit.

« Étant donné que c’est la première fois, je vais passer l’éponge et simplement vous envoyer chez la proviseure. Mais la prochaine fois, vous quitterez l’université. Une personne inscrite à l’école du talent s’est inscrit pour la joie d’apprendre ou bien de vivre sa passion. Tandis que celui qui ne fait même pas attention aux cours en préférant répondre à ses courriels électronique n’a pas sa place ici. J’ai été bien claire ? » expliqua-t-elle.

Le skateur sourit. Il avait lu un message humoristique. Il se foutait complètement de l’enseignante. L’autre soupira. Des insolents, elle en avait connu une tonne. Et de par son expérience, elle savait que ça ne servait à rien d’essayer de leur tenir tête.

« Toi, emmène-le chez la directrice, » ordonna-t-elle à Twilight.

L’amoureuse des sciences sentit son cœur se déchirer. Elle voulait participer au premier cours comme il se le devait, pas s’occuper d’un idiot ! Mais elle se contenta d’obtempérer. Elle n’avait pas le choix, de toute manière…

Elle se leva et attrapa son camarade de classe par l’arrière de la chemise et le tira en arrière brusquement pour le mettre debout.

« Viens avec moi, imbécile, » décréta-t-elle, lasse.

Elle espérait de tout son cœur que ça serait rapide… Qu’elle ne reviendra pas trop tard en cours.

~

« C’est de ce côté le bureau de la directrice ! lança Twilight au skateur.

- Je sais, mais qui te dit que c’est là-bas que je vais ? » répliqua-t-il, en rangeant son mobile dans sa poche.

Il descendit les escaliers et sortit dans la cour principale de l’université. Twilight ne le suivit pas. Elle ne voulait pas perdre d’avantage de temps en essayant de le forcer à venir avec elle. Elle se décida qu’aller directement chez la principale et lui expliquer les faits était la plus simple des choses à faire.

Arrivée chez la directrice, elle raconta à la proviseure ce que l’étudiant avait fait en cours. Elle ajouta aussi que c’était madame Johnson qui l’envoyait et que le skateur était partit dans une autre direction plutôt que de la suivre jusque dans le bureau de la directrice. L’autre soupira. Celestia était habituée par ce genre d’évènements. Son neveu avait un caractère bien spécial et ne ferait les choses qu’à sa manière.

« William est comme ça. Je n’y peux rien… »

La réponse de la directrice eu l’effet d’une bombe qui explosait dans la tête de Twilight. Si même Celestia ne pouvait rien faire contre lui, que devait-elle faire ?

« Il est orphelin, c’est moi et ma sœur qui nous occupons de lui… Il se sent seul, c’est pour ça qu’il fait tant de bêtises, exactement comme un enfant capricieux, expliqua Celestia. Il va falloir le supporter… Au moins jusqu’à ce que je trouve un moyen de l’arrêter. »

Twilight fronça les sourcils. La proviseure et la sœur de la proviseure s’occupaient donc d’un imbécile ? Oh dieu… Mais comment font-elles pour le tolérer ?

Celestia se leva de son fauteuil roulant et contempla l’extérieur depuis la fenêtre. La cour de l’université était visible depuis là. Elle aperçut son neveu, il s’était joint à la classe de sport de laquelle, Luna était l’entraîneuse. Mais qu’avait-il derrière la tête, cette fois-ci ?

« Spike ! » appela la directrice.

Un jeune garçon arriva en trombe dans le bureau de Celestia et s’exclama ;

« Oui commandante ! Que puis-je faire pour vous ?! »

La proviseure sourit et lui expliqua ce qu’il s’était passé avec le fameux William. Puis, elle lui confia d’aller le chercher et de lui ordonner de retourner en classe.

« Tout ce que vous voudrez, cheffe ! »

Sur ce, il quitta le bureau. Celestia se tourna ensuite vers Twilight et lui dit ;

« Je ne suis pas sûre que je puisse faire confiance à Spike… Parfois, William le persuade de rester et de faire des bêtises avec lui plutôt que de revenir me voir. Je n’aimerais pas que ça arrive aujourd’hui… Pourrais-tu le suivre et vérifier qu’il ne se laisse pas tenter ? » demanda-t-elle.

Twilight soupira puis accepta d’y aller. Elle ne pouvait pas refuser une demande de la part de la principale en personne non plus...