Chapitre trois : dis adieu à tes lunettes !

Les affaires de Twilight étaient étalés tout autour d’elle ; exactement comme hier, à la station de métro. Le garçon en face d’elle s’était immédiatement relevé et avait dépoussiéré ses habits. C’était le même garçon qui avait envoyé Twilight planer dans les airs avec son fichu skate.

Il tendit sa main vers l’étudiante comme pour lui proposer son aide. L’amoureuse des sciences serra les dents ; croyait-il vraiment qu’elle allait retomber dans le même piège ?

« Haha ! lança-t-elle, comme si elle venait de démasquer le coupable d’un meurtre. Tu penses que tu vas m’avoir une seconde fois ? Je suis sûre que tu veux « simplement » récupérer ton MP3, comme avant ! affirma-t-elle.

- Non… Cette fois-ci, ce n’est pas ça que je veux… murmura l’autre, prenant un air plutôt romantique. »

Twilight rougit malgré elle. Les yeux de l’inconnu scintillaient, son regard perdu dans celui de la jeune femme semblait sincère. Faussement sincère. Puisqu’il se pencha vers les lunettes de soleil qu’il avait laissé tomber tout à l’heure en tête de les ramasser… Elle s’était fait avoir.

« Cette fois, ce sont mes lunettes que je veux ! » déclara-t-il, ses lèvres formaient un sourire à la fois sadique et espiègle.

Avant qu’il puisse les prendre, la fille plaça son pied droit sur les lunettes de son interlocuteur et les écrasa avec toute sa force. Dis adieu à tes lunettes ! Un des verres était complètement brisé tandis que l’autre avait eu plus de chance. Mais dans tous les cas, l’objet n’était plus utilisable.

Surpris, le garçon sursauta et ses yeux s’écarquillèrent ; il ne s’attendait vraiment pas à ça. En plus, c’était des lunettes achetées chères dans un magasin de sport, il tenait vraiment à elles !

« Ouuuuups ! lâcha Twilight, retenant un fou rire. Je pensais que c’était ce crayon que tu cherchais ! » elle ramassa un crayon de papier du sol et le lui présenta.

Trop étonné pour réagir, le skateur se contenta de fixer le crayon, ses yeux toujours écarquillés. Twilight sourit en coin, depuis l’accident de l’autre jour, elle mourait d’envie de se venger. Elle ne pensait pas pouvoir le faire si rapidement, mais c’était tout de même très satisfaisant. Et encore, elle ne s’arrêta pas là :

« Mais qu’est-ce que c’est ? » dit-elle, en regardant l’objet qu’elle tenait, les sourcils froncés.

Elle le brisa en deux et observa les deux parties du bâton de bois maintenant détachées l’une de l’autre. En faisant ça, elle avait vraiment l’air d’une psychopathe en plein délire. Puis elle redonna le crayon à son propriétaire avec un petit sourire innocent.

« Ah non en fait ; il n’y avait rien. Tu peux reprendre ton crayon ! » énonça-t-elle, heureuse d’avoir pu prendre sa revanche.

Pour la deuxième fois depuis le début de la semaine, Twilight ramassa ses affaires du sol et les rangea dans son sac. Une fois que ce fut fait, elle se releva et quitta le couloir sans un regard en arrière.

Le skateur grimaça. Des filles comme ça, on n’en rencontrait pas tous les jours. Elle était agressive et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Elle avait eu assez de culot pour écraser ses lunettes préférées et détruire le seul crayon de papier qu’il avait. Même sa sœur, -qui ne pouvait pas le supporter- n’avait jamais fait une chose pareille.

Le garçon jeta son crayon maintenant brisé dans la poubelle, mais il garda ses lunettes. Elles étaient trop précieuses à ses yeux pour finir dans un bac poubelle. Ensuite, il retourna dans sa chambre avant le début des cours.

~

Twilight s’assit sur un banc, au fond de la seconde cour de l’université, sous un sapin. Elle soupira et posa son sac à côté d’elle et l’ouvrit pour en sortir un gros livre. C’était l’encyclopédie de la science interactive. Elle était presque arrivée au bout de ce livre, il ne lui restait plus qu’une demi-douzaine de chapitres extra longs à lire. Presque rien !

« Alors, où en étais-je ? » se questionna-t-elle.

Mais elle avait beau tout faire, elle n’arrivait pas à se souvenir de la page exacte où elle s’était arrêtée bien qu’en général, elle n’avait même pas besoin de réfléchir pour s’en rappeler. Non, elle était bien trop frustrée pour penser à la science interactive et elle avait bien trop faim pour réussir à mémoriser quoi que ce soit.

Grâce à ce skateur à la noix, elle avait le moral à zéro et grâce à Pinkie Pie, elle ne pouvait pas retourner à la cafeteria par peur de la rencontrer une nouvelle fois. Cette première journée à l’école du talent commençait mal, pour sûr. Et qu’en serait-il du reste de l’année ? Et l’année prochaine ? Et l’année d’après ? Allait-elle finalement regretter de s’être inscrite dans cette université ? Ou allait-elle en être fière ? Toutes ces questions lui donnaient la migraine…

Une fille était arrivée en face de Twilight alors qu’elle s’interrogeait sur l’avenir. Il s’agissait d’Applejack, la fille qu’elle avait rencontré la veille.

« Salut, dit-elle.

- Salut, répondit Twilight.

- Est-ce que je peux m’assoir à côté de toi ? demanda la blonde.

- Bien sûr, ce banc n’est pas ma propriété privée à ce que je sache, affirma l’autre. »

Applejack s’assit et souffla. Twilight s’aperçut qu’elle portait une tenue de sport. Elle en déduit qu’elle était inscrite à l’option sportive.

« Je suis désolée, » commença Applejack.

Étonnée, l’étudiante ouvrit de grands yeux. C’était la première fois qu’une personne en-dehors de sa famille s’excusait auprès d’elle. Habituellement, c’était plutôt des « ouuuuups » moqueurs qu’on lui accordait…

« J’aime ma famille plus que tout et parfois, il m’arrive d’oublier que certaines choses que j’trouve normal chez eux peuvent embêter les autres. J’pensais te rendre service en t’emmenant à l’université hier… mais c’est clair qu’t’as pas du tout apprécié l’trajet avec ma famille, » se justifia Applejack.

Elle soupira et continua ;

« J’suis sûre que tu m’en veux… On aurait pu simplement mettre Big Mac au volant, toi à côté de lui et moi, Granny et Apple Bloom à l’arrière. Tout se s’rait si bien passé ! »

Elle avait les larmes aux yeux alors qu’elle disait ça. Son expression était sincère. Elle était réellement embêtée par ce qu’il s’était produit la nuit dernière. Twilight secoua la tête et lui dit ;

« Ce n’est pas de ta faute. C’est vrai que je n’ai pas passé le meilleur moment de ma vie hier soir avec ta famille, mais sans toi, je serais sûrement encore coincée à la station de métro. Ce n’est pas à toi de t’excuser, mais à moi. Je suis partie sans te remercier pour ta générosité, affirma-t-elle.

- Vrai… Vraiment ? demanda la blonde.

- Oui, j’aurais dû te remercier, ajouta Twilight.

- Non, j’veux dire… Tu m’en veux pas ? » une lueur d’espoir brillait dans ses yeux.

Twilight fit non de la tête pour lui signifier qu’elle ne lui en voulait aucunement. La blonde sourit chaleureusement et sécha les débuts de larmes qui avaient commencé à couler le long de ses joues.

« Merci beaucoup… » murmura-t-elle en serrant avec force son interlocutrice dans ses bras.

Une deuxième fois, Twilight se retrouva surprise par le comportement de la blonde. Pourquoi était-elle si gentille ? Jamais personne ne s’était conduit de cette manière avec elle. Même si elle faisait tout son possible pour être sympathique et respectable, elle avait toujours été détestée et repoussée par tous.

« Hey ! Applejack ! » une voix appela de loin.

C’était une fille aux cheveux multicolores également habillée en tenue de sport.

« Le cours va commencer et tu sais ce qui t’attends si tu arrives en retard ! prévint-elle. J’ai hâte de te voir courir à en perdre haleine tout autour de l’université alors que nous, on aura déjà fini le cours ! »

Applejack saisit une batte de baseball qui trainait à côté d’elle et la balança vers la fille qui venait d’arriver. L’autre l’évita sans problème et s’exclama « Raté ! » avant de s’enfuir en courant.

« Bon, il faut que j’y aille maintenant. Ça m’a fait plaisir de te parler, Toilet. » confia l’Apple avec un sourire.

- je m’appelle Twilight, » corrigea l’autre.

La blonde pouffa de rire et se leva du banc. Twilight ne voyait pas ce qu’elle trouvait drôle.

« On se voit plus tard, ok ? » dit Applejack.

Elle n’attendit pas la réponse et partit en courant pour rejoindre sa classe. L’étudiante aux mèches violettes se leva à son tour, son ventre hurlait la faim. Il fallait vraiment qu’elle se nourrisse, mais il était hors-de-question qu’elle retourne à la cafeteria, même si Pinkie Pie était susceptible de ne plus y être. Alors elle décida qu’elle allait manger en-dehors de l’université, dans un café ou quelque chose comme ça.

Elle alla dans le hall d’entrée et valida sa sortie avec une carte spéciale réservée uniquement aux étudiants de l’école du talent, qu’elle inséra dans un des portiques de sécurité à la sortie du bâtiment. Une fois dehors, elle se rendit dans un petit café en face de l’université et commanda un nouveau croissant et une brique de lait.

~ [Changement de point de vue, narration à la première personne.]

Akashi, il est japonais. Il a quitté son pays natal et s’est installé en Amérique afin de réaliser son rêve ; devenir footballeur professionnel. Il a su tenir tête à ses parents et leur a expliqué calmement ce qu’il voulait faire de sa vie. Sa mère s’obstinait à le voir devenir politicien, mais la seule chose qui passionnait vraiment Akashi c’était le sport, et pas n’importe quel sport ; le football.

Ce mec, je le surkiffais. Il était mon colocataire à l’école du talent depuis seulement quelques jours et on ne se connaissait pas très bien, mais sérieusement, c’était le genre de personne que j’appréciais. Il restait calme quoi qu’il arrive et c’était le meilleur conseiller qui puisse exister. Il te résolvait n’importe quel problème et t’arrêtait n’importe quelle dispute en moins de quelques secondes. Tout ce que j’étais incapable de faire…

Il s’était inscrit en section sportive dans la même université que moi, ce qui faisait de nous des camarades de chambre. Par contre, on n’était pas inscrits à la même section, alors pourquoi étions-nous dans la même chambre ? C’était incohérent… Célestia avait vraiment des idées bizarres…

« Tu dis que c’est cette fille qui a détruit tes lunettes ? » répéta Akashi en remontant la fermeture éclair de son gilet.

J’acquiesçai et positionnai lesdites lunettes sur mon nez. Même si elles étaient complètement pétées, je ne pouvais pas me résoudre à les jeter. Elles m’avaient tout de même coûté une petite fortune…

J’étais allongé sur mon lit et regardait Akashi se changer. Il s’apprêtait à quitter la pièce pour rejoindre sa classe. Le premier cours de sport allait bientôt commencer.

« Qu’est-ce que tu crois que ça veut dire ? Qu’elle m’apprécie ? demandais-je.

- Nan, je ne pense pas que c’est ça. À mon avis, tu l’irrites, » répliqua-t-il.

Puis je me rappelai de mon crayon de papier. Il avait été détruit et je l’avais jeté. Je n’avais plus rien avec quoi écrire. Mince… J’aurais pu le garder aussi ! Il aurait été deux fois plus petit mais tout de même utilisable…

« T’aurais pas un crayon à me prêter par hasard ? J’en ai plus… dis-je.

- Non désolé, j’écris qu’au stylo, m’apprit Akashi. Bon écoute, j’te vois plus tard Will’, je vais être en retard à mon cours de sport. »

Sur ce, il quitta notre chambre. Je soupirai et me redressai de mon lit. Il me restait encore une heure à tuer avant le début de mon premier cours. Qu’est-ce qui m’avait pris de me réveiller si tôt ? Je regardai par la fenêtre et aperçu cette fille que je n’arrêtais pas de bousculer ces derniers temps. Elle était en dehors de l’université, on aurait dit qu’elle se dirigeait vers un café… Mais pourquoi n’allait-elle pas plutôt se restaurer à la cafeteria ? Ce serait plus pratique non ?

Soudain, j’eus une petite idée. Peut-être que je pourrais la suivre et lui poser quelques questions sur son identité ? C’est sûr, cette meuf-là, elle m’intéressait. C’est vrai quoi… toutes les filles n’auraient pas écrasé mes lunettes comme elle l’avait fait… Je quittai donc la chambre à mon tour et verrouillai la porte avec ma carte passe. C’était trop top de pouvoir faire ça. Et hop, je mets ma carte dans la serrure numérique, et hop c’est verrouillé ! J’avais toujours rêvé de pouvoir faire ça quand j’étais môme…

Je dévalai les escaliers à la quatrième vitesse pour ne pas louper la fille dans le café. Si je trainais trop, il se peut qu’elle quitte les lieux avant mon arrivée…

Et là, j’entrai en collision avec… la proviseure de l’université. Le seul qui était tombé suite à cette rencontre brutale, c’était moi. Célestia quant à elle, n’avait même pas rebondit. Parfois, la force de cette femme me faisait flipper…

« Bonjour William, comment se passe ta journée ? m’interrogea-t-elle, l’air de rien.

- ‘Jour tatie. Ça roule ? » répondis-je.

Célestia c’était ma tante –et aussi la principale de l’université-. La sœur de mon père –qui n’est plus de ce monde en ce jour-. Elle est vraiment cool, parfois. Je l’aime bien…

« Tu es au courant qu’il est strictement interdit de courir dans les couloirs de l’établissement, n’est-ce pas ? me demanda-t-elle, prenant un air sérieux.

- Bien sûr m’dame, enfin tatie… ou m’dame ? dis-je, un peu nerveux.

- Tu es aussi au courant que si tu rates tes examens de fin d’année, tu seras renvoyé de l’université et que par conséquent, tu te dois de travailler d’arrache-pied afin de ne pas être expulsé, n’est-ce pas ? continua-t-elle.

- Ouais je sais. Je vais réussir les exams sans problèmes, ne vous inquiétez pas, affirmai-je.

- J’ai peur hélas qu’il y a une raison de s’inquiéter… murmura-t-elle.

- Bon j’te laisse ‘Tia, je suis plutôt pressé ! » coupai-je.

Comme je l’ai déjà dit, il n’y avait pas de temps à perdre ! Je risquais d’arriver trop tard si je trainais ! Et Célestia m’avait déjà pas mal retardé… Quelle plaie ! Je repris donc mon chemin et quittai en courant le hall de l’université. Tant pis pour l’interdiction de courir… Seulement, avant que je puisse atteindre la sortie de l’école, j’entendis d'étranges bruits dans les buissons de la cour. Intrigué, je m’approchai de la végétation et aperçu…