Aria traversa le petit chemin recouvert de gravier menant au porche de sa maison. Elle soupira en s'arrêtant devant la porte. Elle venait de passer une mauvaise soirée à son travail, et l’appréhension de ce qu’elle allait trouver derrière cette porte ne faisait qu’amplifier son exaspération. Elle sortit sa clé et l’approcha de la serrure. Elle sentit un léger coup de vent passer dans ses cheveux et la porte s’ouvrit. Encore une nuit où la porte n’était pas verrouillée. Encore une de ces nuits où ses deux soeurs s’exposaient inutilement à des dangers. Qu’avaient-elles en tête?
En entrant dans le couloir, Aria entendit la télévision. Un forte odeur de Vodka l’accueillit. Cette odeur lui rappelait son travail, toutes ces personnes ivres qu’elle devait y supporter. Ce n’était pas une odeur agréable pour Aria. En approchant du canapé, elle vit Adagio, à moitié nue dans celui-ci, la télécommande dans une main et une bouteille vide dans l’autre. Aria laissa échapper un autre soupir. Après avoir passé une soirée agitée au club, maintenant elle allait devoir monter sa soeur dans sa chambre. Elle coupa la télévision et prit une chaise. Elle s’assit devant l’ancienne sirène endormie. Elle sortit une cigarette de sa poche et l’alluma.
“Adagio” hurla Aria pour essayer de réveiller sa soeur. Il n’y eut aucune réponse. Adagio devait être beaucoup trop ivre pour pouvoir se réveiller facilement. Aria tenta de la secouer, mais cela ne fut pas plus efficace. Ça ne valait pas la peine continuer, il aurait fallu trop d’efforts pour la réveiller et Aria se passerait bien de toute fatigue supplémentaire. Elle se pencha en arrière, s’appuyant sur le dossier. Son regard alla se fixer sur le plafond, de la fumée s’échappant de sa bouche en douces volutes. Elle essaya de s’accorder un peu de repos avant de s’occuper de sa soeur. Son esprit se mit à vagabonder, laissant de nombreuses images de son passé troubler son faible repos. Chaque image poussait Aria vers une nouvelle question.
Aurait-elle dû être plus compréhensive avec Adagio après leur défaite? Avait-elle utilisé des mots trop violents avec Adagio? Était-il nécessaire de lui reprocher autant leur nouvelle condition? Devait-elle essayer de lui remonter le moral plutôt que d’appuyer sur ses erreurs? Tant de questions traversaient l’esprit embrumé d’Aria, sans jamais pouvoir y trouver de réponses. Aria laissa ses yeux se fermer tout en laissant les souvenirs des derniers mois s’imposer à elle.
Ses pensées se fixèrent juste après leur défaite face aux Rainbooms. Elles s’étaient réfugiées dans cette maison, leur maison, afin de panser leurs plaies. Les sirènes n’avaient pas été blessées physiquement, mais perdre leur pouvoir leur était difficile. Leurs vies étaient si simples avant cette défaite, une simple petite chanson permettait de charmer n’importe qui et d’avoir ce qu’elles voulaient. Cette maison, une belle robe, un instrument de musique ou de la nourriture, elles avaient tout ça juste avec une chanson. Elles avaient toujours procédé de cette manière depuis leur bannissement il y a un millénaire. Certaines époques avaient eu leur lot de bons souvenirs. Tout était si simple…
Elles étaient devenues l’égale de tous ces humains qu’elles avaient un jour surpassé. Leurs pauvres petits soucis, comme les factures, touchaient aussi les sirènes. Elles avaient aussi découvert la sensation de faim, une faim différente de celle qui les animait jusqu’ici. Elles devaient se nourrir de la même façon que tous ces êtres. Pouvoir se nourrir et payer des factures nécessitait maintenant de l’argent, et elles n’en avaient jamais accumulé, car cela leur semblait inutile avant. Dans un premier temps, elles furent obligées de revendre certains des souvenirs accumulés au cours de leurs longues vies, mais cela ne pouvait durer éternellement, Aria n’était pas dupe. Il leur fallait une source de revenu plus stable, il leur fallait travailler. Adagio ne put jamais accepter cette idée, préférant dépenser toutes leurs possessions dans sa volonté de vengeance. Sonata et Aria tentèrent de la convaincre, ce qui mena à leur première vraie dispute au cours de laquelle Sonata soutint Aria pour la première fois. Pour la première fois depuis leur arrivée, Adagio ne put imposer sa volonté.
Sonata fut la première à trouver un emploi en tant que serveuse dans un petit diner. Elle avait l’air vraiment heureuse de ce travail, revenant souvent avec un grand sourire et de nombreux pourboires. Les quelques fois où Aria était passée la voir à ce restaurant, elle semblait rayonner de joie à chaque fois qu’elle servait un client, que ce soit un client difficile ou une famille facile. Aria lui enviait ce sourire permanent, mais au moins l'environnement lui permettait d’échapper à la mauvaise humeur d’Adagio. Depuis que Sonata avait commencé à travailler, elle se montrait de plus en plus obsédée par ses idées de revanche. Aria quand à elle voyait que les trois Sirènes ne pouvaient pas survivre uniquement sur les revenus de Sonata, peu importe les efforts que celle-ci produisait.
Ces moments de paix loin de la maison permettaient à Aria de se concentrer sur la recherche d’un travail pour elle même. Elle n’avait jamais pensé que ce serait si dur. Elle ne possédait aucun diplôme, et il était difficile d’en faire un faux. Adagio avait toujours été la faussaire du groupe, et Aria ne s’était jamais intéressée à ce domaine de compétence. Ses journées se résumaient donc à répondre à des annonces dans le journal local. Jamais rien de glorieux, beaucoup de travail physique, mais il lui en fallait un. Le patron de Sonata était suffisamment compréhensif pour lui laisser utiliser le téléphone du restaurant, les sirènes ne pouvant s’offrir le luxe d’avoir des portables. Il venait de temps en temps faire semblant de s'intéresser à Aria. Cette considération aidait Aria à garder un semblant de moral même si c’était faux.
A chaque fois qu’Aria répondait à une annonce, elle devait subir ces horribles entretiens. Elle n’a jamais réussi à faire comme Sonata, à se laisser dominer par la personne en face d’elle. Elle avait beau essayer de s’améliorer, elle n’arrivait pas à accepter l’autorité de la personne en face d’elle. C’était difficile pour Aria de voir les humains comme des êtres égaux à elle après avoir passé mille ans à se savoir supérieure à eux. En plus de son attitude défiante, elle devait aussi jouer avec son physique. La plupart des raisons de refus qu’elle avait entendues concernaient sa faible condition physique. Aria regrettait pour la première fois depuis des siècles d’être coincée dans le corps d’une adolescente. Elle avait peur de ne pas pouvoir aider ses sœurs à survivre. Elle commençait à désespérer.
Un jour, alors qu’elle était plongée dans ses recherches, Sonata accueillit une cliente et la fit s'asseoir à la table d’Aria, qui se demanda qui était cette personne et leva les yeux pour le découvrir. Une fille à la chevelure rouge et or se tenait en face d’elle. C’était Sunset Shimmer, une membre des Rainbooms, celle qui aurait pu leur donner la victoire mais avait scellé leur défaite. Comment osait-elle se montrer devant Aria comme ça? Pourquoi Sonata l’avait-elle installée à cette table? Quelle idée avait-elle derrière son sourire? Aria n’avait pas envie de se battre, mais elle le ferait si nécessaire.
Sonata leur amena un café chacune. Sunset lui fit un grand sourire en attrapant le sien, que lui rendit Sonata. Elles avaient l’air de bien se connaître et de s'apprécier. Sonata aurait-elle trahi ses soeurs? ”Ari, je te laisse avec Sunny. Soit gentille avec elle.” fit Sonata à sa soeur avant de repartir vers d’autres clients.
“Bonjour Aria. Je sais que ça doit te paraître bizarre et que tu dois me détester, mais je te demande de m’écouter, s’il te plait.”
“Que me veux tu? Jubiler sur notre défaite? Peut-être essayer de me convaincre de devenir une gentille fille comme toi ? Je te préviens, si Sonata s’est laissée avoir par une de tes ruses, je ne suis pas aussi facile à manipuler.” répondit sèchement Aria, défiant du regard Sunset
“Calme toi, s’il te plaît. Si je suis là, c’est juste parce que Sonata me l’a demandé. Je t’aurais laissée seule si ça n’avait tenu qu’à moi.” fit Sunset en essayant de rester calme
“ Sonata ? Vraiment ? Et qu’est-ce que Sonata voudrait que tu fasses ? “demanda Aria, ayant du mal à croire Sunset.
“T’aider,” répondit Sunset en sortant un bout de papier de son sac.” Sonata m’a dit que tu avais du mal à trouver du travail. J’ai peut-être un solution pour toi. D’après Sonata, tu aurais un caractère trop violent pour réussir à te faire embaucher.”
“Et en quoi tu pourrais m’aider, tu vas essayer de m’adoucir ? De me rendre toute gentille ?”
“Non. Je vais plutôt te proposer un boulot. Enfin, pas moi directement, mais plutôt te présenter à mon patron qui devrait avoir un boulot qui devrait te correspondre.”
“Et c’est quoi ce job de rêve? ?”
“Videuse. Au Titanium String” finit Sunset en lui tendant le papier avec le logo du bar.
A ces mots, les yeux d’Aria s’illuminèrent. Le Titanium String était un bar Rock/Metal assez connu, et le job en lui même semblait intéressant. Pouvoir passer ses nerfs sur des gens saouls qui posaient des problèmes. Que demander de plus ?
Sunset amena Aria rencontrer le propriétaire du bar, Thunder Aura. Après un entretien rapide, il commença à douter de l’âge que Aria prétendait avoir. Aria n’eut qu’à montrer sa carte d’identité pour dissiper les doutes de celui-ci. Son physique posa aussi problème, comme pour tous les autres emplois. Cette fois, l’homme en face d’elle l’écouta, et accepta de lui laissait une chance. Le videur actuel du bar, un homme immense avec une musculature imposante répondant au nom de Stormy Vision, entra dans la pièce. Aria n’avait qu’à réussir à le maîtriser pour avoir le poste. Le pauvre homme fut au sol avant même qu’il n’ai pu bouger. Sunset proposa aussi de se porter garante de Aria, risquant son poste de serveuse pour elle. Les deux filles sortirent du bar, le contrat d’Aria signé.
“Sunset Shimmer,” commença Aria, “je voulais juste te dire mer.. merci.”
“Je l’ai fait pour Sonata, souviens-toi. Et si tu tiens à elle autant qu’elle tient à toi, tu ferais bien de faire attention à ce job.” Sunset semblait vraiment sérieuse, son doigt pointant Aria de façon vraiment menaçante.
“Tu n’étais obligée à rien, pourquoi mettre ton job en jeu pour moi?”
“Parce que je veux te laisser une chance. J’ai espoir qu’un peu de Sonata déteigne sur toi.”
“Ça n’arrivera jamais. Elle n’a pas eu d’influence sur moi depuis que nous sommes ici, alors pourquoi aujourd’hui?”
“On ne sait jamais.” Sunset regarda Aria d’un regard inquisiteur. “Excuse moi Aria, mais où as-tu eu ta carte d’identité? j’ai eu un mal fou à réussir à m’en procurer une correcte.”
”C’est une officielle. Nous en avons fait faire de nombreuses quand nous sommes arrivées ici grâce à nos pouvoirs. Comme ça chaque année, j’ai toujours le même âge.”
Aria commença à sourire à Sunset qui lui rendit. Elle continuèrent à discuter pendant encore quelques heures.
Ce soir là, Adagio attendait Aria et Sonata devant la porte. Ce fut la pire dispute qu’elles eurent jamais eue. Aria ne se souvenait pas exactement de tout ce qui avait été dit, mais elle se souvenait de toute cette colère, ces cris, cette tristesse. Un repas parfait pour une sirène si cela ne venait pas d’elles. Ce soir là, les trois sirènes changèrent. Les trois Sirènes prirent conscience de leur nouvelle condition. Elles avaient vu leur propre vulnérabilité.
La longue cicatrice parcourant le bras d’Aria venait lui rappeler une partie de cette soirée . Elle n’arrivait pas à vraiment comprendre ce qui s’était passé. Pourquoi Adagio avait pris ce couteau? Pourquoi Sonata était en larme? Comment tout ça était arrivé ? Quel folie avait pris ces trois sœurs ce soir là?
Aria était partie, le bras en sang, encore sous le choc. Elle avait besoin de fuir. Elle avait besoin d’oublier. Elle ne voulait pas de cette vie. Elle erra dans la ville sans réel but. Elle ne savait pas si elle devait être furieuse ou triste. Elle était perdue. Ses jambes finirent par l’emmener devant un immeuble qu’elle avait déjà vu plus tôt dans la journée. L’immeuble où habitait Sunset Shimmer. Elle resta un moment devant les sonnettes, incapable de décider si elle devait sonner ou continuer à fuir. Lorsque Sunset lui ouvrit la porte, Aria tomba en larmes, la première fois depuis des siècles.
Aria sentit une main se poser son épaule. Cela la réveilla en sursaut. Elle avait dormi pendant plusieurs heures sur cette chaise et le sentait. Des douleurs lui parcouraient tout le corps. Elle redressa la tête et ouvrit les yeux. Une odeur de pancake emplissait la pièce, recouvrant en grande partie l’odeur de vodka de la veille. Sonata se tenait devant elle avec un grand sourire un peu niais portant son tablier blanc signifiant qu’elle venait de faire la cuisine.
“Tu viens encore de passer la nuit sur une chaise Aria, tu devrais vraiment arrêter. C’est pas bon pour ton dos.”
“Désolée Sonata. Je suis rentrée du boulot tard. Je me suis assise pour fumer une cigarette avant de monter Adagio et j’ai dû faire l’erreur de fermer les yeux.”
“Je m’inquiète juste pour toi. Tu devrais vraiment faire attention. C’est mauvais de dormir n’importe où.”
“Oui, tu as raison. J’essayerai de faire plus attention à l’avenir.”
“ Tu veux manger quelque chose ou tu préfères aller te reposer un peu plus?”
“Je pense que je vais manger quelque chose. J’irai sûrement me reposer plus tard.”
“Comme tu veux.” Finit Sonata avec un grand sourire avant d’aller en sautillant vers la cuisine.
Sonata était toujours heureuse de faire le petit déjeuner. Même si Aria n’avait pas vraiment faim, elle savait qu’elle ferait plaisir à sa soeur en acceptant de manger un peu. Depuis que Sonata l’avait aidée à trouver son travail, Aria faisait son possible pour lui faire plaisir. Après tout, sans elle, Aria ne se tiendrait peut être pas dans cette pièce aujourd’hui. En rapportant la chaise dans la cuisine, elle remarqua que le canapé était vide. Adagio avait-elle eu un moment de conscience et était allée se coucher dans sa chambre? Sonata se serait occupée de la coucher ? L’idée que la petite Sonata réussisse l’exploit de monter Adagio dans sa chambre fit rire intérieurement Aria. Avec leur ancien pouvoir, cela aurait été simple, mais aujourd’hui, rien n’est simple.
“Au fait, Sonata,” commença Aria,” c’est toi qui a remonté Adagio dans sa chambre?”
“Elle n’est pas dans sa chambre. Je l’ai entendue sortir ce matin avant que je descende.”
“Tu veux dire qu’elle est dehors là?”
Aria eu un mauvais pressentiment en entendant ces mots. Bien qu’il arrivait à Adagio de sortir, principalement pour acheter plus de son immonde poison, elle n’était jamais réveillée avant midi. Cela inquiétait Aria au plus au point. Sa soeur était dehors, probablement encore ivre. Aria ne savait pas ce que sa soeur faisait. Elle remarqua son portefeuille sur la table, ouvert. Elle le ramassa.
“Merde, la conne.” hurla Aria.”Elle vient de me taxer 50 dollars. Sonata, il faut que j’aille la chercher. Il faut que je la retrouve avant qu’elle ne fasse des conneries. Toi, reste ici au cas où elle revienne avant moi.”
“Mais, et tes pancakes?” demanda Sonata avec des yeux tristes.
“Je suis désolée, Sonata, mais il faut vraiment éviter qu’elle s’attire des ennuis. Tu comprends?”
“Oui, d’accord.” répondit Sonata en regardant le sol.
Aria attrapa son blouson de cuir et sortit en courant de la maison.
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