« Un, deux, trois, cinq, euh non quatre. Raaaaaaah mais qu'est-ce que ?! NON ! Kilian arrête ! Je te jure qui si tu n’arrêtes pas je- »
Marie ouvrit les yeux.
Elle s'était réveillée en sursaut, complètement sonnée. Bon sang, quel rêve bizarre, il avait semblé si réel. Trop réel. Étrange, pourtant aucune image ne lui venait à l'esprit. Il n'y avait eu que des voix.
Alors qu'elle se réveillait peu à peu, elle se rendit compte qu'elle ne voyait rien, tout était flou. Mais elle sentait qu'elle se trouvait sur un lit, un peu petit d'ailleurs, mais confortable.
« Euh bonjour. Il y a quelqu'un ? Je ne vois rien ! Où je suis ? »
Marie se frotta les yeux, elle sentit une odeur de produit pas loin, et de... fumée ? Elle entendait des machines tourner autour d'elle, mais rien qu'elle pensait connaître. Elle se dit qu'elle était sûrement dans un hôpital. Mais pourquoi ? Et puis elle détestait les hôpitaux ! Les produits pharmaceutiques la rendaient malade.
« HÉ HO ! QUELQU'UN ! S'IL VOUS PLAIT ! »
Le propre son de sa voix lui fit un mal de tête terrible. Elle voulut déplacer ses jambes du lit mais ses jambes ne répondaient plus. Elle ne les sentait plus !
Marie commença à paniquer. Elle toucha le bas de son corps pour voir si ses membres inférieurs étaient toujours présents. Oui, ils étaient là. Mais pourquoi ? Pourquoi était-elle aussi aveugle !? Que lui était-elle arrivé !?
D'un coup, des pas se firent entendre. Marie sortit de sa panique et appela aussitôt la personne.
« MONSIEUR ! MONSIEUR ! OU MADAME ! AIDEZ-MOI ! QU'EST-CE QU'IL M'ARRIVE ! »
Pendant un moment les pas s’arrêtèrent puis une porte s'ouvrit.
« Eh bien eh bien. Il ne faut crier comme ça mademoiselle, il y a d'autres patients, vous savez. Bon, je suis le docteur Good Luck. Que vous arrive-t-il ? »
« Quoi ? Attendez, vous vous appelez docteur, Good Luck ? » s’interquola t-elle.
« Eh bien oui. Pourquoi cette question ? »
Marie resta un moment dubitatif. « C'est une blague, non ? »
« Bon écoutez, je n'ai pas que ça à faire alors quel est votre problème ? » rouspéta le docteur.
« Hein ? Oh oui ! Mes jambes ! Mes yeux ! Ils ne marchent plus ! Je ne sens plus rien ! Je ne vois plus rien ! »
Marie était complètement angoissée, et son angoisse ne lui fit qu'un plus gros mal de tête.
« Oh oui, c'était prévisible. Le choc de l'explosion vous a endommagé quelques fonctions motrices. Une chance que les blessures n’étaient pas irréversibles. Mais il faudra un temps avant que tout ne revienne à la normale. Les bipèdes n'ont que deux pattes, les pauvres. Vous dormez ici depuis trois jours alors je pense que vous retrouverez très bientôt vos forces. Avec les soins apportés, et puis vous savez, ces accidents sont fréquents ici. Des explosions et des décombres tout ça. »
Marie était perplexe. « Explosions ? Décombres ? Ici ? Mais quoi ? Comment ? »
Lancé dans son discours, le docteur continuait de parler de l'état de Marie tandis que cette dernière se sentait de plus en plus dépassée.
« Bon, malgré tout, je peux vous rendre la vue dès maintenant avec cette potion. Ce n'est pas une recette de grand-mère, mais c'est tout comme. Vous verrez, c'est très efficace, ça agira tout de suite. »
Marie entendit le docteur déboucher une bouteille non loin d'elle. Une odeur de menthe se fit sentir.
« Je vous approche la cuillère, ouvrez bien la bouche. »
Marie s’exécuta, prête à retrouver la vue pour enfin mieux discerner ce qui lui était arrivé. Étrangement, un son à peine audible se faisait entendre, comme de petits cristaux qui s’entrechoquaient.
Marie avala la mixture qui avait un goût de menthe comme escompté. Des guilis lui montèrent alors de l'estomac au cerveau, et au fur et à mesure, sa vue s’améliora. Elle retrouva enfin l’entière utilité de son sens.
« Whaoh ! C'est fou, je vois enfin ! C'est complètement dingue votre... »
Elle ne finit pas sa phrase. Car au moment où elle tourna la tête vers le docteur, ce qu'elle vit ne l'enchanta guère, loin de là.
« Incroyable n'est-ce pas ? C'est très utile pour des soins de... »
Le docteur ne finit pas. Et partout dans l’hôpital, on entendit le cri d'une jeune fille humaine, complètement affolée et terrifiée.
Voilà où nous en sommes. Marie se trouvait recroquevillée sur elle et regardait parfois autour d'elle, le regard vide, ce qui effraya un peu les employés du refuge médical. Son frère étant la seule personne lui rappelant un semblant de normalité, elle voulut le voir directement après le retour de l’usage de ses jambes. Malgré les avertissements du docteur, elle se refusait à laisser son frère seul avec ces canassons. Et puis, elle risquait bien de craquer elle-même sans sa présence.
Celui-ci ne s’était toujours pas réveillé et dormait encore dans sa chambre. Marie attendit patiemment son réveil. Tout en se préparant à sa réaction future.
Elle n'arrivait toujours pas à y croire. C'était un rêve ou un cauchemar ? Elle s'était déjà pincée et puis touchée avec une seringue. Rien n'y faisait. Maudite ! Pourquoi elle ? Pourquoi eux ? De tous les mondes possibles et inimaginables, il a fallu que ce soit celui de son frère. Peut-être était-elle dans le coma ? Dans tous les cas, il semblerait que les "créations" de son esprit ne soient pas hostiles à son égard. Même lorsqu'elle alla jusque dans la chambre de son frère, trébuchant à chacun de ses pas et criant devant chaque poney qu'elle voyait. Elle avait dû aussi faire peur à un bébé. Mais par tous les enfers de merde ! Était-elle en train de devenir folle ?
Marie se mordillait les doigts, frémissant à chaque passage d'un de ces poneys, sursautant en entendant le son de leurs sabots sur le plancher. Tout ce qui comptait maintenant était d'attendre le réveil de son frère. Ensemble, ils pourront bien y faire quelque chose.
« Ooooooooooh la jolie... deux, trois, quatre...»
Marie sursauta aux paroles de son frère, cette dernière étant complètement sur les nerfs. Mais que disait son frère ? C'était bizarre, elle avait déjà l'impression d'avoir entendu ces mots.
Et d’un coup, Kilian hurla. « AH ! TOURBILLONS !! »
Marie tomba à la renverse, se cognant la tête au passage.
« RAAAAAAAAH KILIAN ! »
Kilian était dans les nuages. La tête complètement ailleurs, il mit un temps avant de comprendre ce qui venait d'arriver.
« Hein ? Quoi ? Marie c'est toi ? Mais attends... JE VOIS RIEN ! »
Marie vit alors la bouteille qui avait servi plus tôt pour sa vue. Elle dévissa le bouchon, enfourna le goulot dans la bouche de son frère avant de lui retirer.
Kilian était surpris, mais après un instant, il retrouva à son tour la vue.
« Wouah ! Mais c'est quoi ce truc ? C'est génial ! Beurk, par contre, ça a un goût de menthe. »
Marie était déjà exaspérée par la situation. Mais elle se dit que, tout compte fait, mieux valait se préparer au pire.
« Bon, Kilian. Ce que je vais te dire risque de te... choquer. »
« Hein ? Quoi ? AH ! OH NON ! MES JAMBES ! MARIE MES JAMBES ! »
« Du calme Kilian ! C'est la fatigue. Elles reviendront, tes jambes. Bon, ce que je voulais te dire, c'est que ... »
« Eh ! Tu sais ce qui s'est passé avant qu'on s'endorme toi ? J'ai eu un gros trou noir sœurette, tu peux pas imaginer. »
« Si, je le peux et maintenant arrête de me couper ! Bon, ce que je voulais dire, c'est que ...»
« Ouah, mais t'as vu cette chambre ! On se croirait au XIXème siècle, c'est fou ! »
« OUI JE SAIS ! Kilian s'il te plait écoute-moi, c'est super important. On se trouve dans ...»
« Eh, mais regarde, il y a des objets bizarres ! Quel genre de personnes attrape un tiroir avec de si gros manches ? C'est un hôpital tu penses ? »
Cette fois, c’était trop.
« RAAAAAAAH KILIAN ARRÊTE DE ME COUPER !! SI JE TE DIS PAS MAINTENANT OÙ ON SE TROUVE TU POURRAIS BIEN...»
"Toc toc"
« Euh excusez-moi mais y aurait-il un problème ? »
Une jument venait de rentrer. C'était trop tard. Marie regarda son frère et là, elle vit un énorme sourire se dessiner sur son visage. Elle se boucha les oreilles. Dans trois secondes, deux, une...
Cela faisait un moment maintenant que nos deux humains s’étaient remis de leurs émotions. Bien sûr, pas sans difficultés. Marie semblait être une dynamite sur pattes prête à exploser à la moindre surprise, tandis que son frère était une pile à réaction. Tout deux étaient sur le point de quitter le refuge médical.
« Et encore merci docteur pour vos soins ! Non vraiment C'EST GÉNIAL !! » s’exclama Kilian.
Le docteur, lui, zozota aux secousses de la poignée de main de l’humain « Euuuh oui je pense. Mais si vous plait, vous pouvez lâcher mon sabot ? »
« Oh désolé ! Mais je suis trop content ! D’être rétabli, mais aussi DE FAIRE VOTRE RENCONTRE ! OUAIS ! »
« Oui bon, la sortie et par là. Alors adieu. »
En un éclair, le docteur disparut de devant Kilian, s'enfuyant au galop vers son bureau.
Kilian et Marie se retrouvèrent seuls à l'entrée du refuge. Les employés étaient sûrement effrayés par les quelques sautes d'humeur des deux étrangers. Peut-être.
« Bon ! Alors sœurette, tu crois toujours que c'est un cauchemar ? Parce que moi, je trouve que c'est LE MEILLEUR RÊVE DE TOUS LES TEMPS !! »
Marie se trouvait sur une chaise à proximité, les jambes repliées sur elle, elle semblait en ce moment même en plein délire. Et lorsqu'elle se tourna vers son frère, un regard presque hystérique le regarda, elle avait ses cheveux châtains complètement bâclés.
« Kilian ! Je sais pas si tu t'en rends compte mais on se trouve dans un pays imaginaire ! Avec des poneys qui parlent ! Un endroit qui se trouve sûrement à des milliards de kilomètres DE CHEZ NOUS ! On n'a pas d'argent ! Pas de vêtements ! Mon portable aussi a disparu ! ON EST PERDUS ! » cria-t-elle.
« Oui, mais on est perdu à Equestria », termina Kilian, un sourire aux lèvres.
« NON ! Surtout ne le dis pas ! »
« Bon écoute sister, on a qu'à aller se renseigner auprès des autres poneys. Whaoh ! Moi j'ai trop hâte ! Tu imagines, un nouveau monde, un monde magique c'est génial non ! Je vais pouvoir voir des lieux qui m'ont fait rêver ! »
« Youpi ! Et quand on sera morts et enterrés parce que morts de faim ou de froid, je serais là et je te dirais "je te l'avais dit !" » soupira-t-elle.
« Pffffffff, ouais c'est ça. Bon, on y va ? »
« Où vous allez ? »
« AAAAH !! »
Un poulain venait de surprendre Marie. Il était rentré sans même que les deux ne s’en rendent compte.
« Oh désolé. Je m'appelle Star Honey, je voulais pas vous faire peur », s’excusa le petit poulain.
« Roooooh mais non. Tu ne nous as pas fait peur, sûrement pas », dit Marie d'un air complètement sarcastique.
« Excuse ma sœur, elle est un peu stressée depuis notre dernier voyage. » Kilian était tout heureux de pouvoir enfin s'adresser à nouveau à l'un de ces poneys. Bien sûr, il faisait tout pour ne pas hurler de plaisir, histoire de ne pas l’effrayer.
Star Honey était surpris lui aussi. Il ne pensait pas avoir à faire à des étrangers aussi surexcités. Ça l'inquiétait un peu, jamais il n'avait rencontré de singes parlants, ou de minotaures, ou de... choses. Star Honey n'avait encore jamais vu de telles créatures auparavant, ni même les autres poneys au vu de leurs réactions lors de leurs découvertes.
« Euh, je peux vous poser une question monsieur ? »
Tout excité, Kilian lui répondit « Bah oui, bien sûr que tu peux. »
« Vous êtes quoi ? »
Kilian avait le sourire jusqu'aux oreilles. Depuis toujours il avait espéré une occasion pareille.
« Et bien je suis un être humain mon petit. Nous sommes une espèce cousine des singes, mais bon, de très loin. »
« Pas si sûr », Marie ricana de son sarcasme, faisant ronchonner son frère dans son explication.
Star Honey fit une grimace aux dires de Kilian.
« Umins ? J'en ai jamais entendu parler avant. Même dans mes livres de zoologie ou de cryptozoologie. Vous êtes sûr que vous n'êtes pas plutôt une banshee, ou une sorte de changelin ? » dit Star Honey tout curieux qu’il était.
« Quoi ? Non, bien sûr que non. Franchement est-ce que j'ai une tête de chiffonnier ? »
Star Honey pencha la tête, dans l'incompréhension.
« Bah non mais pourquoi ? »
Agacée par leur discussion, Marie décida qu'il était temps de s'en aller.
« Bon, c'est pas qu’apprendre de nouvelles cultures ou connaissances m’ennuie, mais c’est que nous devons partir. De cet hôpital, et même de cette ville ! »
« Oh, alors vous aussi vous partez ? » dit Star Honey étonné.
Marie regarda le poulain « Comment ça, nous aussi nous partons ? Pourquoi ? Toi aussi tu dois t’en aller ? »
Star Honey fit une petite mine, plissant les yeux à la remarque de Marie.
« Bah oui, puisque vous avez détruit ma maison » répondit-il tristement, les oreilles rabaissées en arrière.
Pendant un instant Marie et Kilian restèrent silencieux. Tous les deux était complètement choqués de ce qu'ils venaient d'apprendre.
« Attends une seconde... Comment ça, on a détruit ta maison ? » dit Kilian, bousculé d’entendre une telle nouvelle.
« Vous êtes apparus comme par magie en faisant tout exploser ! Voilà comment. »
Marie et Kilian se regardèrent un moment. Réfléchissant à la façon dont il fallait réagir face à cette annonce. Marie était encore plus dépassée qu'auparavant. Elle avait détruit une maison ?! C'était la pire journée de sa vie, c'était sûr. Kilian sembla soudain avoir une idée.
« Dis petit, si tu nous emmenais voir tes parents ? Il faudrait qu'on leur parle à eux aussi. Tu sais, pour présenter nos excuses. »
Star Honey y réfléchit un instant avant d'accepter, après tout, sa mère voudrait sûrement leur dire deux mots.
« D'accord. Mais je suis pas petit ! » déclara-t-il.
Star Honey commença la marche. Derrière, Marie n’était pas sûre de savoir ce que pouvait bien imaginer Kilian.
« Dis donc Kilian, c'est pas pour faire quoi que ce soit d'insensé que tu vas leur parler non ? »
Kilian montra un long sourire sur son visage.
« Non non, en aucun cas. Je veux juste quelques infos. »
Marie rumina alors dans le dos de son frère. Quand Kilian souriait comme ça, c'est qu'il avait quelque chose derrière la tête.
Ils sortirent ensemble du refuge. Et enfin, nos deux héros découvrirent le monde d'Equestria. Enfumé, et pluvieux.
À peine sorti, le trio fut accueilli par une petite averse ainsi que quelques bourrasques d'un vent marin venant des falaises. Face à eux se trouvait la mine, le refuge médical étant le seul établissement de soins du village, fait pour les mineurs.
Un énorme baraquement fait de bois et de roues se tenait devant eux, des roues à aubes tournaient ainsi qu'une grande tour ressemblant à un moulin. Pas de fenêtres, seul un portail d'où sortaient ou entraient des poneys.
Kilian fit une grimace en voyant l'établissement. Ce n'était pas l'idée qu'il se faisait du lieu paradisiaque auquel il croyait.
« Voici la mine de Falaise. Elle est rudimentaire mais c'est normal car, en vérité, toute l'activité est au sous-sol. » Star Honey semblait fier de partager son savoir. « Bon je vous emmène voir ma maman. Elle est aux calèches de lumières. »
« Attends quoi ? Les calèches de...» balbutia Marie, mais Star Honey était déjà parti.
Marie et Kilian se dépêchèrent de le rejoindre. Ensemble, ils marchèrent sur le chemin de terre menant au village.
Le paysage n'était pas des plus charmant, la brume et la fumée entouraient le village de son épais manteau. Non loin, on pouvait entendre les fracas des vagues sur la falaise.
« Dis euh... Star Honey, hein ? Où sommes-nous exactement ? » dit Kilian.
« Vous êtes à Falaise. Le village minier de l’île Roche-Noire, territoire du royaume d’Equestria. »
« Oh ! Alors, on est sur une île ? Je me disais aussi. »
Star Honey leur lança un regard curieux en arrière, avant de demander : « Et vous ? Vous venez d'où ? Je n'ai jamais entendu parler de royaume humain. »
Kilian commença « Eh bien pour être exact, nous venons...»
Marie stoppa net son frère.
« En fait, on vient d'un pays lointain. Tellement lointain qu'il se trouve par-delà l'horizon et plus loin encore. Voilà d'où on vient. »
Star Honey restait perplexe. Un pays par-delà l'horizon ?
« Et il s'appelle comment votre pays ? »
« La France. Mais je suis sûre que tu n'as jamais dû en entendre parler. » Marie montra son sourire de façade, cachant au petit poulain son embarras.
« Euh non jamais. Il y a bien la Prance, mais j'imagine qu'il y a des pays encore inexplorés. En tout cas, c'est ce que me disent mes livres. »
Marie soupira de soulagement. Son frère était de son côté, agacé d'avoir été coupé à ce point.
« Marie, pourquoi t'as dit ça ? »
« Parce que j'ai pas envie de devenir une extraterrestre aux yeux de ces bovins ! Alors, à partir de maintenant, pas un mot sur d'où l’on vient. Détourne ou invente. »
« Bah, j'imagine que tu as raison. Mais compte pas sur moi pour mentir, j'improviserai. »
« Oui oui, si tu le dis », soupira Marie.
Star Honey était trop loin d'eux pour entendre leur messe basse. Ensemble, ils continuèrent leur chemin vers les calèches. Le petit poulain lançait des regards en arrière de temps en temps. Il était curieux mais en même temps effrayé par ces deux bipèdes. Après un court moment, ils arrivèrent au village. Les quelques poneys regardaient Kilian et Marie d'un air suspect, certains se parlant à voix basse, évitant le regard des deux humains.
« Eh bien. Ils n'ont pas l'air très enchanté de nous voir », marmonna Marie.
« Des bruits courent que des êtres bizarres sont arrivés en ville en faisant exploser une maison. Alors, ils ont peur », expliqua Star Honey, l’air un peu gêné.
« Ah d'accord. Bah alors c'est réciproque », répliqua Marie, louchant vers certains des poneys, leur tirant une tête de trois mètres de long. N'ayant pour effet que d’effrayer ces derniers.
Kilian, lui, restait perplexe face aux architectures du village, les maisons n'étaient pas d'une incroyable gaieté et les poneys semblaient trop méfiants. Il faut dire que vivre avec un climat pareil ne pouvait pas rendre les gens très heureux. Même si lui adorait la pluie.
Au fur et à mesure de leur passage au village, ils atteignirent enfin les calèches. Du moins, les calèches de lumière.
Il y avait un petit entrepôt avec deux grandes portes fermées. Un grand écriteau était juste au-dessus des portes : "Transport de Roche-Noire : La route flamboyante de Shoes et Shadow Bright."
Et juste face à l'entrepôt se trouvaient trois poneys. Une licorne qui parlait à un poney terrestre et à une autre licorne.
« Bon alors nous sommes d'accord, vous nous prenez moi et mon fils pour Cap-Roc. Pour les bagages il n'y aura qu'un petit supplément non ? »
« Pour les bagages ? Non, il ne compte pas dans le prix. C'est cadeau pour vous miss Honey. Nous avons été mis au courant de votre... accident, vous savez. »
« Oui, nous sommes vraiment désolés pour vous d’ailleurs », dit le poney terrestre d’un air compatissant.
Tea Honey fit une moue au souvenir de ce désastre.
« Oh, vous savez de toute manière, je ne pense pas que Star Honey aurait était heureux ici. Et puis, les déblayages ont fait découvrir une plate-forme magique sous la maison. Si vieille qu'elle devait être là depuis des milliers d'années, du moins c'est ce qu'il me semble. Alors les deux étrangetés sont à moitié pardonnées. C'est le constructeur qui est le fautif », grommela-t-elle.
« Peut-être. Mais au fait, vous savez ce qu'était ces créatures ? Jamais Shadow et moi n'avions entendu parler de bipèdes rasés aux visages aplatis. Même dans la forêt. »
« Oui, moi non plus, et même mon poulain de miel », dit-elle l’air un peu triste.
« Maman ! Arrête ! »
Les trois poneys regardèrent dans la direction de la voix. À la vue du poulain accompagné des deux humains, Tea Honey fronça un peu les sourcils. Elle n'avait pas véritablement pardonné à ces deux peaux glabres. Son fils était lui plus intéressé que contrarié. Les deux autres cochers, eux, furent seulement surpris de leur arrivée.
« Alors vous voici ! Je pensais que vous resteriez au refuge pendant au moins une semaine. C'est Star Honey qui voulait vous rencontrer », Tea Honey grognait presque.
Marie et Kilian sentirent l'air plutôt énervé de la jument. Kilian se mit en avant afin de pouvoir lui parler.
« Euh ... j'imagine que vous êtes la mère de Star Honey n'est-ce pas ? » demanda-t-il gentiment.
« En effet c'est moi. Je suis Tea Honey. Et vous, vous êtes ? »
« Je m'appelle Kilian et voici ma sœur Marie. »
« Et vous êtes ? » répéta-t-elle.
« Hun ? Oh euh oui, nous sommes des êtres humains. » répondit Kilian, étonné de voir une telle colère venant de la jument.
Les poneys réfléchirent un moment à ce que pouvait bien être cette étrangeté. Beaucoup d’espèces parcouraient ce monde, mais très peu d'entre elles, et même sûrement aucune, n'avait entendu parler d’être humains.
L'un des cochers, la jument, s’approcha un instant d'eux, regardant attentivement le jeune homme.
« Vous êtes sûr que vous n’êtes pas plutôt une banshee ? » demanda-t-elle d’un air examinateur.
« Non, je ne suis pas un fantôme. Pourquoi cette question ? » recommença Kilian. Les banshees ne devaient pas êtres ce qu’il pensait.
« Peu importe. Je vois seulement que vous avez des mains, des canines, et que le seul endroit touffu de votre corps est votre tête. »
Kilian se sentait un peu dérangé d’être à ce point observé.
« Ça vous arrive souvent de regarder à ce point les nouvelles personnes que vous rencontrez ? »
La jument sourit, amusée. « Dans mon métier c'est normal. Il faut savoir reconnaître le danger quand il y en a un. Je m'appelle Shadows Bright et voici Shoes Bright mon mari. »
L'étalon se contenta d'une légère inclination pour saluer.
« Alors, ça arrive souvent aux humains d’apparaître comme par magie ? Parce que l'explosion d’il y a quelques jours a déclenchée de sacrés ennuis », déclara-t-elle l’air un peu inquisiteur.
Tea Honey se renfrogna au souvenir. « Oui en effet. Car désormais que ma maison est partie en fumée, il a fallu la vendre et prendre ce qu'il me reste pour Canterlot. Ce qui n'est pas la porte à côté. »
Kilian commençait à se sentir embarrassé sur cette histoire. Marie, qui écoutait depuis un moment, n'était pas pressée de rendre des comptes à un quelconque poney d'une chose qu'elle n'avait sûrement fait que par accident. Kilian tenta de présenter ses excuses.
« Je suis vraiment désolé pour votre maison. Vous savez, on n'a pas choisi d’apparaître ici. En fait, on a aucune idée de comment on est arrivés ici au départ. »
Tea Honey resta figé un moment, incertain de choisir s'il fallait croire ces deux étrangers. Le grand qui s’appelait Kilain semblait être sincère et soucieux de ce qu'il avait fait. Mais le résultat était le même.
« Je veux bien le croire, mais cela ne changera rien au fait que j'ai perdu mon foyer ! À nouveau. Et moi et mon fils devrons poursuivre nos recherches ailleurs.»
Kilian ne s'était jamais autant senti coupable qu’à cet instant. Cette maison, il n'avait jamais voulu la détruire, mais s’il était à Equestria, c'est qu'au départ il avait dû faire quelques chose qui l’amenait ici. Il ne savait pas encore pourquoi ni comment mais c'était sûrement le cas.
Marie intervint soudainement dans la conversation. Il était hors de question pour elle d’être accusée pour un accident complètement involontaire.
« Ecoutez-moi bien, moi et mon frère n’avons jamais voulu détruire votre maison. Alors désolé, mais nous ne sommes pas fautifs dans votre histoire. Allez Kilian on s'en va, on les trouvera ailleurs tes infos. » Marie tourna le dos à la troupe, vraiment agacée par ces accusations.
Kilian resta un moment sans bouger. Il n'était pas sûr de savoir quoi faire mais il comprit qu'il n'avait qu'une seule bonne chose à dire.
Il s’agenouilla auprès de Tea Honey qui était échauffée après la déclaration de Marie, mais lorsque Kilian la regarda dans les yeux, il vit que ces derniers brillaient. Tea Honey était plus triste qu’en colère, et elle attendait de voir ce que Kilian lui voulait.
« Écoutez Madame Honey. Je sais que notre pardon ne sera sûrement pas suffisant pour vous et votre fils. Ma sœur et moi avons fait une erreur, c'est sûr. »
Marie exaspérait de voir Kilian parler encore de ça. Elle ne se sentait aucunement coupable.
Kilian baissa légèrement la tête, soupira, puis regarda à nouveau Tea Honey dans les yeux.
« C'est pour cette raison que moi et ma sœur vous aiderons à retrouver une maison. »
Marie sembla s'étrangler dans sa respiration. Pendant un moment, elle pensait bien mourir, psychologiquement parlant.
« Quoi ?! Kilian mais qu'est-ce qui te prend ?! On ne pourra jamais les aider ! Déjà qu'on a du mal pour nous, alors trouver une maison dans un pays inconnu ! » Elle criait presque, prise entre colère et surprise.
« Voyons Marie, on doit le faire ! Je refuse de laisser cette famille sans toit après le leur avoir détruit. À moins que tu préfères rester ici, sur cette île à pourrir dans la boue et à manger des vers de terre. »
Kilian fit un clin d’œil à Marie. Elle n'était aucunement amusée mais elle savait que c'était mieux de partir avec eux plutôt que de rester ici. Les bras croisés, la moutarde lui montant au nez, elle se décida.
« Bon Kilian, d'accord ! Je viens, mais rappelle-toi que c'est toi qui as promis. Alors ne me mêle pas à ça. »
Kilian sourit de bonheur face à la renonciation de sa sœur. Elle était grincheuse, mais sous cette couche de railleries putrides se trouvait sa sœur qui ne comptait pas laisser son petit frère partir sans elle, hors de question.
Tea Honey était surpris par une telle promesse. Jamais elle n'avait pensée qu'il ferait une telle demande. Elle était complètement dubitative, mais très vite, elle comprit les avantages qu'elle pourrait avoir en étant aidée dans sa quête. Elle avait toujours été seule avec son fils auparavant, alors un peu d'aide n'était pas de refus.
« Ecoutez, je veux bien que vous nous accompagniez jusqu’à Canterlot, mais je n'ai malheureusement pas de quoi payer votre billet de calèche. »
« Qui coûte dix pièces d'argent », renchérit Shadows.
« Quinze avec les bagages », termina Shoes.
Kilain réfléchit à comment il pourrait bien s'offrir ce voyage. Quel manque de veine, il n'avait rien à offrir. Marie cherchait aussi mais avant même qu'ils ne proposent quoi que ce soit, un étalon accompagné d'une élégante pégase vinrent à eux.
« Eh bien, moi, je vous offre le voyage. »
Tous se retournèrent face au nouvel arrivant. C'était un étalon à la robe grise et à la crinière jaune doré accompagné d'une pégase habillée d'une robe à la couleur bleu et à la crinière blanche. Cette dernière avait un air de suffisance.
Tous étaient surpris par les dires de l'étalon. Kilian en premier.
« Quoi ? Mais pourquoi ? » demanda ce dernier.
La jument à l’air hautain répondit au jeune homme « Déjà parce que mon mari et moi-même partons aussi vers Cap-Roc et ensuite parce que mon mari a été étonnamment surpris de la promesse faite à mademoiselle Tea Honey. »
L’étalon termina lui la réponse, le sourire aux lèvres « Oui, en effet. Une telle preuve d'honneur et de respect mérite bien d’être encouragée. Vous aurez votre siège pour ce voyage. »
Kilian et Marie étaient agréablement surpris, c'était un sacré coup de chance.
« Oh... eh bien merci beaucoup, monsieur ? » dit Marie, surprise par cet acte de charité.
« Stone. Shock Stone. Et voici Blue Desires, ma fiancée. »
« Eh bien, merci, monsieur Stone », dit Marie, sans une très grande sympathie.
« Oh, c'est bien peu vous savez. Bon, qu'attendons-nous pour partir ? Monsieur et madame Bright ? » appela l’étalon.
Les deux poneys se mirent presque au garde-à-vous, la poney de terre répondit l’air fier « Il suffit de faire démarrer la bête monsieur Stone. On s'y attelle. »
Les deux poneys rentrèrent alors dans le hangar. Des bruits de métal et le ronflement d'un moteur commencèrent à se faire entendre.
À l'extérieur, le groupe attendait patiemment le départ. Star Honey avait été impressionné par le courage dont avait fait preuve Kilian. Il s’approcha de lui et lui tapota un peu le genou pour l'interpeller.
« Euh dites… vous êtes sûr de vouloir nous suivre ? Parce que ma maman et moi, on n'a jamais été très... chanceux. Trop souvent, ça a été des catastrophes. »
Kilian était attristé de voir Star Honey si peu confiant en lui et sa maman.
« On trouvera bien une solution, ça ne doit pas être sorcier. »
Star Honey baissa la tête, soufflant sur le sol « Pfffff J'en suis pas sûr... »
Kilian s’agenouilla à nouveau à hauteur de Star Honey.
« Croix de bois, croix de fer, si je mens, je mange mon fer. »
Star Honey était perplexe.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? »
« Ça veut dire que peu importent les dangers, les obstacles ou les malheurs, cette promesse vient tout droit du cœur, j'ai prêté serment de valeur. Voilà ce que c'est. C'est une promesse que l'on m’a appris, et quand Kilian promet, alors plus rien ne l'arrête. »
Star Honey n'était pas sûr de complètement comprendre, mais cette promesse faite par Kilian le rassura un peu plus. Ils venaient de trouver des amis, des alliés et désormais, peut-être que les choses allaient s'arranger, espérait-il.
Les portes du hangar s'ouvrirent. Et dans un ronflement de machine, la lumière éclata. La route était tracée.
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Il y un p'tite erreur ici: Marie rumina alors dans son de son frère. Quand Kilian souriait comme ça.... Tu voulais dire: "dans le dos de son frère" j'imagine, non?!