Réminiscence : La Boucherie de Sweet Apple Acre

La Guerre Civile s'est déroulée principalement en deux phases : la Guerre des Souris et la Guerre des Poneys. Ces deux noms ont été donnés lors de cette dernière, pour différencier la période de guérilla qui a caractérisé la première des affrontements plus directs et plus sanglants de la seconde.

Pendant la première période, Luna ne possédait pas encore des ressources nécessaires pour affronter directement son aînée, et devait mener des opérations de guérilla, des assassinats, des sabotages et de contre-propagande pour déstabiliser l'Empire Solaire. Le fait que les rebelles se cachaient systématiquement leur fit gagner le sobriquet de « Souris » par les Impériaux, conduisant au nom de la période.

A cette époque, l'avenir des rebelles était encore incertain, car il leur manquait le soutien du peuple et de ses symboles, notamment les héroïnes connues comme les Porteuses des Eléments. Suite au Massacre de Ponyville, deux d'entre elles, Pinkie Pie et Fluttershy, s'étaient enfuies vers la Forêt Everfree et ne donnèrent plus de signe de vie dans les années qui suivirent. Twilight Sparkle était devenue la chef des Licornes du Soleil, les sinistres fanatiques religieux et gardes privilégiés de la Princesse Celestia. Rainbow Dash, loyale au symbole de pouvoir qu'elle avait toujours connu, était l'un des atouts militaires les plus importants de l'Empire. Seule Dame Rarity, Porteuse de la Générosité, avait rejoint les rangs des rebelles, et s'occupait déjà à l'époque de leur offrir uniformes et protections.

Quand à Applejack, elle avait refusé de rejoindre un camp, tout comme elle avait refusé de quitter sa ferme alors que Ponyville devenait une ville fantôme dont les cadavres pourrissaient sans que personne ne s'en préoccupe. Elle était fière de nourrir tous les poneys quelque soit leur faction, et Sweet Apple Acre était devenu un camp de réfugié et un hôpital improvisé pour les réfugiés et les victimes des affrontements, protégé par un accord de non-agression à condition qu'elle n'offrait asile à aucune force militaire.

Cependant, suite à un raid aérien bien informé de l'Empire, les rebelles avaient fui vers la ferme, et Applejack avait accepté d'offrir une parcelle de terrain à Luna et ses partisans pendant quelques jours le temps qu'ils récupèrent, pensant que le nombre de blessés suffirait à entrer dans les termes de l'accord.

C'était surestimer la compassion de l'Empire.

Ciel Rouge, par True Story, 53 E.S.

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Shadow Stalker se retourna sur sa couche, et vit le dos gris d'un poney ailé allongé sur la couche d'à-côté, dont le corps tremblait. Dans l'obscurité, il entendait des sanglots étouffés, retenus. Il leva une patte, hésitant, et finalement la posa sur l'épaule du pégase, qu'il caressa doucement.

-Hey...

Le pégase se retourna, dévoilant ses yeux dorés qui le rendaient si spéciale.

-Désolée, dit Derpy Hooves. Je sais pas ce qui me prend.

-Ça va aller. L'Empire ne nous trouvera pas ici.

-Oui. Mais... Le pégase s'interrompit pour refouler une larme. Oh ! Je sais pas. Depuis le bombardement, j’arrête pas de penser à Dinky.

-Elle est en sécurité, tu le sais. Elle va bien. Repose-toi maintenant. On va avoir une dure journée demain.

-J'y arrive pas. J'en ai marre. Je...

Shadow lui posa la patte sur la bouche. Si elle continuait, le doute finirait par avoir raison de sa combativité, et les rebelles n'avaient pas besoin de perdre leur meilleur tireur en ce moment. D'autant que Derpy était une partenaire inestimable qui l'accompagnait à presque toutes ses missions de sabotage, et il ne voulait pas qu'elle soit hors-jeu à cause d'un traumatisme quelconque. Sans compter que, de toute manière, il était globalement un mauvais consolateur.

« J'en ai marre » avait-elle dit. Il savait que la plupart des poneys avait horreur de ce qui se passait, ces combats, pour la plupart des attaques en traître de l'un ou l'autre des deux camps, bien loin des récits héroïque des anciens contes pégases. Mais le plus dur à supporter pour la plupart d'entre eux, c'était de devoir tuer. De devoir mettre irrémédiablement fin à la vie d'une personne qu'ils ne connaissaient pas ou, pire, qu'ils connaissaient. Le mot « guerre » était prononcé, ici et là, bien que ce conflit était différent de l'idée qu'on se faisait d'une véritable guerre. C'était le même royaume, les mêmes êtres, des frères, des amis. Alors certains y avaient ajouté un autre mot, un adjectif. « Civile ».

Et lui, au milieu de tout cela, s'y plaisait. Non pas qu'il éprouvait véritablement du plaisir à tuer, à rester caché pendant des heures jusqu'à ce que sa cible s'aligne avec son réticule, à échafauder des plans pour donner l'avantage aux rebelles et permettre à terme de renverser la Princesse Folle. Mais lorsqu'il voyait la gerbe de sang jaillir de la tête de sa victime, les campements impériaux brûler sans indices sur les coupables, il ressentait une certaine satisfaction. Celle du travail bien fait. Il se sentait comme un poisson dans l'eau dans ce nouveau monde, il avait enfin sa place. Un talent. Un but.

Il regarda le pégase aux yeux divergents. Elle, en revanche, avait ce petit quelque chose, cette innocence qui s'évertuait à rester là, malgré les crimes dont la jument était désormais coupable. D'où lui venait son talent au tir, qui par certains aspect était supérieur même à celui de l'étalon rouge ? C'était un mystère complet. Certains pensaient qu'elle voulait tellement la paix au plus vite que son corps agissait de la façon la plus efficace, ou d'autres conneries du genre. D'autres disaient qu'elle avait des yeux magiques, et que c'était la raison pour laquelle ils étaient désaxés et leur maîtresse maladroite. Et puis il y avait les crétins qui murmuraient qu'elle était en réalité une meurtrière depuis bien plus longtemps que le massacre de Ponyville.

Une théorie que la peine, la gentillesse et l'innocence présents à chaque instant dans le fond de ces yeux d'or démentaient. Au contraire de Stalker, Derpy ne pensait pas constamment à la guerre et à la manière d'y être le plus efficace. Son esprit était tourné vers les deux personnes qu'elle chérissait le plus, son compagnon, dont l'étalon rouge n'avait retenu que le métier de médecin, et sa fille, Dinky. Rien à voir avec un assassin de longue date.

Soudain, un cri déchira la nuit, lourd d'implications. L'échine du tireur d'élite s'était à peine hérissée qu'il était debout, à enfiler son gilet pare-balle et son équipement le plus rapidement possible tout en gardant l'oreille dressée. Derpy avait été à peine moins rapide, mais avait un peu plus de mal. Stalker l'aida à passer la tête à travers le trou de son gilet, et ils sortirent ensemble accompagnés par les autres résistants.

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D'autres cris leur parvinrent, tous provenant de la ferme des Apple, et par conséquent du camp de réfugiés. Est-ce que Celestia avait passé outre l'accord de non-violence ? Luna avait tellement espéré pouvoir partir avant d'être découverte, pour éviter des ennuis à Applejack et sa famille. La Princesse de la nuit sortit de sa tente au galop et se dirigea vers le faîte d'une colline non loin, et une fois au sommet elle porta son regard vers la ferme, d'où provenaient de nouveaux éclats de voix, certains apeurés, d'autres autoritaires. Elle tourna sa tête vers l'arrière, pour voir ses fidèles, l'arme au sabot, prêts à l'action. Sans un mot, elle s'élança à travers le verger, et tous lui emboîtèrent le pas en silence.

Les pensées de la Princesse Déchue allaient à toute allure alors que ses sabots frappaient la terre meuble du verger. D'abord ce bombardement surprise, et aujourd'hui l'attaque de la ferme... Les impériaux n'auraient jamais dû être au courant, pas si tôt. A moins que...

Un hurlement de douleur déchirant l'interrompit dans ses réflexions. Elle serra la mâchoire. Elle se murmura pour elle-même :

-Qu'est-ce que tu as encore fait ?

A quelques centaines de mètres de leur objectif, les lunaires ralentirent le rythme, et se firent plus discrets. Luna fut rejointe par le tireur Shadow Stalker et Platinum Armor, son garde du corps et ancien chef de garde, un grand étalon licorne musculeux à la robe noire et la crinière d'argent, qui lui présenta sa combinaison de combat que l'alicorne s'empressa d'enfiler. Stalker se posta devant elle, et lui fit signe de l'imiter alors qu'il se baissait et avançait prudemment. Derrière elle, la princesse n'entendait presque rien, parfois un raclement de feuille, mais après les quelques années de cache-cache auxquelles ils venaient de participer, les soldats lunaires avaient appris un bon nombre de techniques d'approche furtives. Au grand dam des impériaux.

Il s'arrêtèrent à l'orée du verger, camouflés par les pommiers et la nuit noire que levait Luna presque chaque nuit désormais. Le cycle des journées n'avait pas été rompu par respects pour les poneys encore non engagés dans le conflit, mais chacune des alicornes sentait que son adversaire essayait chaque jour de grappiller quelques secondes.

Les cris de souffrances avaient désormais fait place aux lamentations, mais à cette distance, aucun poney n'arrivait à voir les détails. Aucun, jusqu'à ce qu'une petite jument verte pomme s'approche et se poste à côté de Stalker.

-Que vois-tu, Windvision ? demanda la princesse.

La terrestre plissa les yeux, se concentrant sur ce qui se passait devant le grand hangar rouge où se trouvaient la plupart des lampes et torches. Soudain, Luna repéra un léger mouvement devant elle. Stalker nota son inquiétude, et dit :

-J'ai pris la liberté d'envoyer Derpy en avant pour qu'elle trouve un meilleur angle de tir, Princesse.

Luna hocha la tête, sans dissimuler une grimace.

-Je vous ai déjà dit de m'appeler Luna. Et cela vaut pour vous tous, ajouta-t-elle en se tournant vers les poneys à portée de murmure.

-Et nous vous avons tous confirmé que ça nous était impossible, rétorqua l'étalon.

-C'est le foutoir, les interrompit Windvision. J'ai l'impression qu'ils achèvent tout ce qui ne porte pas l'insigne solaire.

-Vous êtes sûre ? fit Luna avec une voix dissimulant mal l'horreur qu'elle ressentait. Mais il y a des réfugiés là-bas !

-Je suis pas sûre qu'ils fassent la différence...

Windvision eut un mouvement de recul, et détourna les yeux. Luna l'interrogea du regard.

-Désolée, dit-elle.

-On ne peut pas attaquer de front, déclara Stalker. Mais on va avoir du mal à les avoir d'ici. Il faudrait se rapprocher.

-C'est trop à découvert, commenta Platinum Armor. Ils nous verrons approcher.

-Alors...

Soudain, des éclats de voix leur parvinrent, la colère transparaissant à travers un accent célèbre parmi les combattants.

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-...vous prenez ? hurla Applejack en se lançant vers les troupes solaires qui avaient investi sa ferme. C't'une zone libre ici ! Vous n'pouvez pas...

Soudain, un poney de petite taille portant un uniforme serré en cuir se retourna en levant un sabot pour l'interrompre, dévoilant à la fermière son visage caché par un masque blanc sans émotion, du front duquel dépassait une corne mauve pâle. Sa voix, rendue impersonnelle par l'obstacle qu'elle avait devant la bouche, trahissait une colère à peine contenue :

-Vous aviez promis de ne prendre parti pour aucun camp, en échange de quoi votre stupide « zone libre » était garantie. Vous avez foulé du sabot la magnanimité de l'Empire et de sa Princesse, vous en recevez la punition !

-J’n'ai pas pris parti !

-NE MENTEZ PAS ! De toute manière, chacun sait que cela vous est impossible, Porteuse Applejack ! Nous savons que quelque part parmi ces arbres se cachent la Traîtresse et les rats qui la suivent ! Nous ne faisons qu'appliquer notre justice.

Elle se détourna pour observer le massacre des blessés qui se déroulait un peu plus loin.

-C'est de votre faute si tout cela arrive.

Applejack devint livide. Son regard parcourut sa ferme, ses anciens enclos où étaient parqués les quelques poneys en bon état, pour la plupart des poneys cherchant un endroit sûr pour se cacher qui ne soit pas dans un autre pays, et son hangar, dans lequel étaient jeté les cadavres égorgés des malheureux qui ne demandaient qu'à être soignés. Elle laissa éclater sa rage :

-Ma faute ? Tout c'que j'ai fait, c'est donner un endroit pour vivre à des gars que vous avez bombardé sans même les voir ! Tout c'que ces types voulaient, dit-elle en montrant le tas de cadavre, c'était guérir et revoir leur famille ! V'nez pas me met'sur l'dos vos horreurs parc'que vous assumez pas !

La licorne se retourna, la lumière vacillant sur son masque :

-Nous n'avons pas tous la chance de revoir nos familles.

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-Heartless, dit Windvision.

-Pardon ? demanda Luna

-Applejack est en train de gueuler sur Heartless.

-Qu'est-ce qu'elle fout là, celle-là ? fit Stalker en triturant nerveusement le sol sous son sabot.

-Elle a l'opportunité de brûler le dernier espoir pour les poney de trouver un refuge sur le territoire d'Equestria, répondit Armor sur un ton pragmatique.

-Mais qu'est-ce qu'on lui a fait à cette pouffiasse masquée pour qu'elle s'acharne à ce point ? s'énerva Windvision. C'est la troisième fois qu'elle brûle un village innocent juste parce qu'on passait à côté.

-C'est une L.D.S., fit Stalker en sortant un brin de paille de sa veste avant de le mettre dans sa bouche. Je pense pas qu'il faille chercher plus loin.

-Il faut y aller maintenant ou Applejack va mourir, dit Luna. Ou pire. Celestia ne laissera pas passer une occasion de mettre le sabot sur un autre Elément d'Harmonie.

Stalker mastiqua un moment son brin, puis mit son fusil dans son dos.

-Platinum, prévient tous les tireurs de se mettre en position. Approchez le plus possible. On lance l'assaut à mon signal. Je vais rejoindre Derpy.

-Quel signal ?

-La mort d'Heartless.

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Applejack brûlait de rage. Cette petite peste de licorne s'octroyait le droit de vie ou de mort parce qu'elle portait l'insigne dorée d'une corne sur fond de soleil à huit branches, le symbole des Licornes du Soleil. Techniquement, cela lui donnait effectivement ce droit, mais pas ici. Pas dans sa ferme. Pas sur les terres de Sweet Apple Acre. Ici, il n'y avait jamais eut qu'une seule loi : celle de la famille Apple. Elle avait tout combattu, des infestations aux sécheresses, des inondations aux concurrents déloyaux. Elle avait lutté pour garder son statut libre lorsqu'Equestria avait sombré dans la folie. Elle n'allait pas laisser une petite...

-Ça suffira, fit la Licorne. On ne les trouvera pas ici. Emmenez les prisonniers à Canterlot.

Elle se détourna de la ferme et fit quelques pas, mais s'arrêta.

-Oh, et brûlez-moi tout ce bazar ! lança-t-elle.

Applejack resta immobile quelques secondes de trop. Les soldats impériaux qui portaient des torches se dirigeaient prestement vers la grange, et lancèrent leur fardeau à l'intérieur.

-NON ! hurla-t-elle.

Mais déjà, d'autres poneys se dirigeaient vers un des côtés du verger, dos au vent pour que le feu prenne plus vite, et embrasèrent certains arbres. L'incendie prit rapidement, et commença à gagner le reste de la plantation. Heartless s'approcha de la terrestre par derrière, et se posta à côté d'elle.

-Pourquoi perdre du temps à chercher les rebelles ? Ils n'ont plus nulle part où se cacher.

-Vous... Vous êtes un monstre...

-Si votre destin n'était pas de finir dans les prisons de Canterlot, vous en seriez devenu un vous aussi. Suivez-nous maintenant. Et pas de résistance inutile. Je vais être gentille et laisser vos parents sur place, mais au moindre signe de lutte...

Applejack baissa les yeux vers le masque, et vit briller la menace à travers les deux grands trous.

Puis il y eut une détonation dans la nuit. Les yeux de Heartless s'écarquillèrent, et elle tourna la tête vers ses flancs. Un trou béant la transperçait de part en part, et elle s'effondra dans un gargouillement. Puis d'autres tirs se firent entendre, provenant de la partie de la forêt de pommier qui n'était pas encore incendié. Des dizaines de soldats solaires s'effondrèrent, et les autres, pris au dépourvus, se mirent à tirer dans le vide sans avoir de véritable cible. Puis, d'un coup, plus d'une centaine de rebelles lunaires apparurent comme s'ils étaient venus directement des ombres, avec à leur tête la princesse Luna, sa corne encore luisante de son sort de camouflage. Les impériaux tentèrent de riposter tant bien que mal, mais l'effet de surprise n'avait que trop bien payé. Les lunaires se montraient sans pitié, leur ferveur de se battre se mêlant avec l'indignation et la colère soulevé par le massacre, si bien qu'ils ne voyaient même plus quand leur ennemi tentait de se rendre.

Applejack resta quelques instants à regarder la licorne qui se vidait de son sang, cherchant désespérément son air, quand un craquement provint de la grange, suivit d'un cri strident d'une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.

-Applebloom ?

Suite à un appel d'air, les flammes explosèrent dans le bâtiment en bois, et les appels de détresses redoublèrent. Le visage de la fermière se figea dans l'horreur quand elle réalisa que sa sœur était piégée là où elle avait voulu se cacher.

-Applebloom !

La terrestre fonça, galopant au milieu du champ de bataille sans faire attention au sifflement des balles qui la frôlaient ou éclataient le sol à ses sabots, bousculant tout poney qui se trouvait sur sa route sans prendre en compte ses menaces, et sauta par-dessus une barrière de flamme directement dans la grange. Immédiatement, l'air lui manqua, et la chaleur commençait à lui roussir les poils. Mais elle ne fit pas attention à sa condition, cherchant frénétiquement des yeux sa petite sœur dans les différents niveaux du bâtiment.

-A.J. ! fit une voix venant d'en haut, en face de la fermière.

La terrestre fut soulagée un instant, et commença à s'approcher, prête à la recevoir si elle sautait de là, quand soudain, un mouvement attira son attention.

-Applebl...

Dans un craquement sinistre, une poutre enflammée se détacha du plafond, et tomba droit sur la pouliche. Celle-ci, suivant les yeux horrifiés de sa sœur, leva la tête pour voir le lourd objet, et commença à pousser un cri strident qui s'interrompit immédiatement dans une explosion de flamme et de bois brisé.

Applejack resta figée, les yeux fixés à l'endroit où se trouvait sa sœur encore quelques secondes auparavant. Sa bouche se fermait et s'ouvrait alors qu'elle cherchait à dire quelque chose, un nom, une mise en garde, mais rien n'en sortait.

Alors elle se jeta en avant, prête à brûler pour aller chercher sa sœur, mais alors qu'elle bondissait, des membres puissants l'attrapèrent et la tirèrent en arrière. Avant qu'elle n'ait pu réagir, elle fut jetée hors de la grange, de laquelle elle vit jaillir un grand étalon rouge et musculeux. Mais peu lui importait. Elle se releva, et se mit à galoper à nouveau vers le hangar, mais l'étalon l'intercepta.

-A.J. ! Stop ! lui hurla son frère.

Devant les yeux en larmes d'Applejack, le toit de la grange s'effondra, et une langue de flamme jaillit vers le ciel, consumant les dernières poutres de soutien.

-Arrête, A.J.... C'est fini... C'est fini...

La lèvres inférieure de la jument tremblait, et elle tendit une patte vers les ruines de ce qui était autrefois le centre de sa vie.

-Ap... Apple...Applebl...

Big Macintosh lui caressa doucement le dos, tentant de maîtriser ses propres tremblement. Il lui murmurait doucement à l'oreille, alors que la fermière réalisait difficilement ce qui arrivait.

-Ap...

Puis elle se laissa tomber sur son frère, laissant ses larmes couler à flot en hurlant le nom de sa sœur disparue

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Luna hésita. La scène qu'elle voyait lui déchirait le cœur. Elle maudit le nom de sa sœur de lui infliger ça, et de l'obliger à empirer la situation. Elle baissa les yeux vers son sabot, dans lequel elle tenait un foulard orange parsemé de cœurs rouges. Couvert de sang.

Elle leva la tête, et regarda autour d'elle. La bataille avait été courte, et les impériaux n'avaient eut aucune chance. Pas un d'entre eux n'en avait réchappé. Cette nouvelle ne plaisait pas à Luna. Elle voulait que son alternative à la folie de sa sœur soit différente. Que des choses telles que Heartless n'existeent pas sous sa surveillance. Mais les poneys qu'elle dirigeaient étaient en colère. Et aussi juste qu'elle puisse être, elle ne voulait pas que sa cause n'empire encore la situation. Des événements tels que Sweet Apple Acre ne devaient plus arriver.

Elle secoua la tête. Elle se berçait d'illusion. Sa sœur l'avait forcé à prendre les armes, et au lieu de fuir, elle l'avait accepté. Désormais, elle usait des mêmes méthodes, parfois de la même cruauté. Est-ce que ça en valait la peine ?

Elle l'espérait. Après cette nuit, rien ne serait plus comme avant. L'opinion publique n'allait pas laisser passer une telle atrocité. Peut-être qu'il était temps de se hisser à une autre niveau.

Mais chaque chose en son temps. D'abord, il fallait annoncer une autre mauvaise nouvelle à la famille Apple.

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Shadow arriva près du cadavre, et s'arrêta, tirant un nouveau brin de paille de sa veste. Derpy était vraiment foutrement efficace. La pauvre n'avait pas eu la moindre chance de s'en tirer. Alors qu'il mettait l'objet de son addiction dans sa bouche pour le mastiquer, il fut surprit par un petit bruit émit par le corps.

-Toujours pas morte ?

-Je... Je n'ai... pas de cœur... Pouvez pas... me tuer...

-On a touché le poumon.

Heartless toussa et cracha du sang, s'étouffant presque derrière son masque.

-Tu veux que je t'achève ? demanda le tireur, préparant déjà son fusil.

-Sais-tu... pourquoi... je suis sans cœur ?

Shadow tourna son regard vers la gauche, puis vers la droite. Enfin, il se baissa pour écouter la mourante. Autant lui donner ça.

-On... On me l'a arraché... Longtemps... On m'a pris... Vous... l'avez tuée...

-Qui ?

-Ma... Ma...

Heartless écarquilla les yeux, surprise par ce qu'elle voyait derrière Shadow. Elle leva une patte tremblante

-Ma... Mam...

Elle toussa à nouveau, et le sang resta coincé dans sa gorge. Ses yeux se révulsèrent alors que son corps se contractait, puis ses muscles se relâchèrent dans un dernier soupir.

Intrigué, Shadow se retourna, pour voir Derpy, pétrifiée, les yeux écarquillés qui parcouraient toute la longueur du corps de Heartless.

-Non ! Non ! Nononononon !

Elle se jeta sur le cadavre, lui arrachant ses vêtements qui dévoilèrent une robe mauve pâle

-Non ! Pitié ! Pas ça ! Tout mais pas ça ! Non !

Finalement, elle arracha le masque de celle qu'on connaissait sous le nom de Heartless.

Un hurlement de peine déchira la nuit.