Ma confession

Vous savez, je ne me considère pas comme quelqu’un de mauvais. En gros, je pense que je suis quelqu’un de bien.

Je suis gentil avec mes parents, je traite ma fiancée comme il faut. On sort dehors ensemble, je lui fais des cadeaux, je vais voir mes grands-parents chaque week-end… Bref, je suis normal.

Mais j’ai décidé que pour une fois, j’allais faire quelque chose de mal. Mais de mal, vraiment mal.

Parce qu’en fait, on nous a donné le libre-arbitre. On a la possibilité de faire ceci ou cela, de choisir d’être bon ou mauvais.

Mais parfois, j’ai l’impression que les autres poneys choisissent d’être bons parce qu’ils ont peur de la prison.

Avant sa chute dans la démence, Sombra disait que « tout ce qui est motivé par la peur n’a pas de valeur morale ». Et je suis d’accord avec ça. Je crois que l’on ne peut vraiment être quelqu’un de bien que si l’on a fait quelque chose de mauvais, et que l’on préfère être bon.

Alors, que pourrais-je faire de mal ? Juste une fois, juste pour goûter le fruit défendu.

Déjà, ça devrait être quelque chose de cruel, d’affreux, d’inutile et… sans la moindre motivation. Histoire d’être objectif.

Et aussi parce que je n’ai pas l’intention de me faire prendre.

Mais il faut que ce soit quelque chose d’énorme, qui marque Equestria toute entière, comme le pardon de Nightmare Moon par Sparkle. Il faut quelqu’un de célèbre.

J’ai pensé à Celestia, ou même à Luna, mais elles sont toujours à Canterlot et entourées de leurs gardes rapprochées. Et puis je ne vais pas souvent à Canterlot.

Il faut aussi voir le côté pratique, ça doit être quelqu’un qui n’a pas de garde du corps. Mais quelqu’un d’important quand même.

Il faut que ce soit la princesse Twilight.

Ce sera facile.

Quelques bouteilles de gaz traînent dans ma cave, comme des milliers d’autres à Ponyville. Je les transformerai en bombe improvisée, et je relierai le tout à un capteur de pression. Je piègerai la maison de Twilight avant de m’éclipser. Je ne laisserai pas de lettre, pas de trace, et pas de preuve. Je ne rirai pas comme un maniaque non plus. Je viendrai anonyme, et je repartirai comme tel.

Alors si ça se trouve, en ce moment même, elle est dans sa bibliothèque en train de lire ses bouquins.

Mais ça m’étonnerait, parce que c’est une princesse. Elle a des obligations dues à son rang. Vous savez, servir d’ambassadrice, faire des discours, ou bien papoter avec d’autres alicornes – à moins qu’elle ne sauve le monde à l’heure actuelle.

Oui, c’est ça… Elle doit affronter un danger quelconque, que ce soit le chaos incarné, une invasion d’insectoïdes, un monarque dément ou bien même une alicorne déchue…

Je l’imagine parfaitement les ailes déployées, fendant les cieux pour affronter son ennemi. Glaçant le cœur des mauvais, inspirant et réconfortant les innocents. Elle nous manquera à tous…

Surtout à moi.

Ensuite, la bataille sera longue et tournera sûrement à la faveur de son antagoniste.

Mais ce sera sans compter sur l’Harmonie et la puissance de l’amitié. La victoire sera rapide et décisive, un flash lumineux et voilà.

Twilight lui fera un discours mémorable, avant de s’éclipser avec panache, laissant le méchant méditer sur ses actes.

Fatiguée, elle voudra rentrer chez elle, et dormir pour se vider la tête.

Elle volera alors jusqu’à Ponyville, et atterrira devant sa bibliothèque.

Et, l’espace d’un instant, elle se figera, le visage tourné vers la lumière de l’aube.

Songeant au fait qu’elle venait de sauver plusieurs millions de poneys, et qu’elle était heureuse de risquer sa vie pour ça.

Ensuite, elle posera le sabot sur son palier, attendant qu’un dragonneau vienne à sa rencontre.

Et là, il y aura un « clic », un flash lumineux suivi d’une détonation sonore d’une puissance inouïe.

Et elle sera morte. Éparpillée aux quatre coins de Ponyville, mais morte.

Aaah… Elle va me manquer. Mais je ne vais pas la manquer, la mine s’activera à son passage.

Je suis sincère, elle me manquera vraiment. Elle a toujours été une excellente voisine de quartier.

Et avant que quiconque ne découvre les restes de son corps, j’aurai disparu. Je n’aurai aucun motif, et je ne laisserai aucun indice.

Ensuite, je ferai semblant d’être choqué par sa mort, avant de pleurer comme tout le monde. Je pense qu’après ça, j’épouserai ma fiancée, on aura deux petits poulains, une pouliche et un étalon. J’aurai une vie agréable et saine. Pour finir, je m’éteindrai dans un hôpital, entouré de mes proches, à un âge vénérable.

« Qui suis-je ? », me direz-vous.

Je suis un parfait innocent.