- Tu sais quoi ? Y'a un groupe de poneys bizarres qui est arrivé en ville et devine ce qu'ils font ? Ils proclament la libération de l'esprit par une soi-disant plante toute puissante ! Haha comme si on pouvait séparer le corps et l'âme avec une herbe ! Mais n'empêche déjà plusieurs poneys se sont joints à eux...
- Personnellement je ne m'approcherai pas trop d'eux, ils ont l'air cinglés, répondis-je à mon collègue qui gardait les portes de la chambre de la princesse Célestia avec moi. Quand tout d'un coup, sa Majesté fit irruption hors de la chambre. Nous sursautâmes tous les deux, surpris par sa furtivité.
- Garde, je veux que vous alliez me chercher ces personnes pour une audience privée ici même, s'adressa-t-elle à mon collègue.
- Heu... J'y vais de ce pas, Majesté ! répondit il avec hésitation, tout en jetant sur moi un regard inquiet.
- Et vous, dit elle en se tournant vers moi, allez voir Raven et dites lui que je serai en audience privée dans ma chambre et d'annuler toutes les autres audiences jusqu'à l'heure suivante.
- Bien, Majesté, dis-je poliment tandis que nous nous éclipsions avec une révérence.
Une fois la princesse hors de vue, j'entamais la conversation :
- Wow, je me demande ce que Celestia veut faire avec eux. Il ne faudrait pas qu'elle tombe dans ces foutaises d'ouverture de l'esprit...
- Écoute, quand on se retrouve devant la chambre de Celestia, je te raconte ce que j'ai vu, d'accord ?
- D'accord. À toute ! dis-je en souriant avant de le quitter et de bifurquer vers le bureau de Raven.
Une fois devant la porte, je toqua et j'entrai.
- Que voulez-vous ? commença t elle,
- Sa Majesté m'a demandé de vous prévenir qu'elle sera en audience privée et qu'il faut que vous annuliez les prochaines audiences jusqu'à l'heure suivante.
- Encore... soupira-t-elle, et c'est pourquoi cette fois ?
- Un groupe de cinglés, à mon humble avis, qui proclament la libération de l'esprit.
- Ah oui, j'en ai entendu parler : un groupe de fanatiques qui semble déifier une certaine plante grâce à ses présumés vertus divines. J'ai bien peur que ça ne prenne de l'ampleur, surtout s'ils réussissent à intégrer la princesse Célestia dans leurs rangs.
- Je ferai tout, Madame, pour que cela n'arrive pas ! m'exclamai je avec ardeur,
- Je ne doute pas de votre dévouement, souris-t-elle mais j'ai l'impression qu'une tempête se prépare et pas une des moindres...
Je me retirai ensuite, la laissant songeuse.
Sur le chemin du retour, je fus pris d'inquiétudes : que se passerait-il si cette croyance devenait populaire? Sa Majesté y croirait aussi ? Je me surpris à penser une telle chose, riant ensuite intérieurement; je me doutais bien que la princesse Celestia était forte et ne succomberait pas à ces fadaises ! Mais quand même... Ils sont arrivés aujourd'hui et déjà plusieurs ont adhéré à ces croyances. La libération de l'esprit ! Pfff ! Comme si l'âme était bien plus importante que le corps ! Et si... ? Non ce ne serait pas possible ! Peut être bien que... J'errais dans mes pensées, me rendant compte que mes propres convictions étaient elles même ébranlées. Et s'ils avaient raison ? Et si Célestia n'était pas assez forte ? Et si mes propres croyances étaient erronées ? Et j'errais ainsi dans les couloirs de Canterlot jusqu'à arriver devant la porte de la chambre de sa Majesté où mon collègue m'attendait, l'air paniqué. Il est déjà arrivé ? Ai-je passé tant de temps à réfléchir ? Peu importe, j'étais impatient d'entendre son histoire.
- Qu'est ce qui t'arrive ? lui demandais-je, le voyant en sueur,
- Ils sont tellement bizarres ! Tellement sereins, on dirait qu'ils sont ailleurs, qu'ils sont libérés, comme ils disent ! marmonna-t-il.
- Calme toi ! l'interrompit je, Raconte moi tout ! Depuis le début !
- D'accord, d'accord ! Je suis allé les chercher sur la place, près du marché quand je me suis rendu compte que c'était désert... Sauf à un endroit, leur scène, où il y avait des centaines de poneys qui écoutaient avidement les paroles d'un espèce de prophète. Tout autour de lui, il y avait une fumée verdâtre qui émergeait de pots placés sur la scène... Et cette fumée semblait hypnotiser les poneys aux alentours. Et ce prophète parlait d'ouverture de l'esprit, d'atteindre la paix intérieure, une paix absolue, libérée du corps, un fardeau qui nous rattachait au matérialisme, au mal. J'avais peur, peur de traverser cette fumée, peur d'être hypnotisé comme tous ces pauvres poneys quand j'ai aperçu un adepte en capuche blanche qui s'approcha de moi et m'invita à entrer dans le cercle de confiance. Rien qu'avec le nom, je me suis rétracté et je lui brutalement dit que la Princesse Célestia voulait les recevoir en audience et il m'a répondu avec un tel dédain... Il a lâché un Enfin ! Comme s'ils l'avaient prévu par leurs prétendues inspirations divines ! Alors il est parti chercher son mentor et quand il est arrivé, derrière lui, il y avait son leader, enfin je présumais qu'il l'était parce qu'il avait une sorte d’aura imposante, apaisante, une vrai figure de gourou, quoi. Avec un sourire radieux, il me dit qu'il était impatient de rencontrer sa Majesté. Sur le chemin du retour, il me parla de ses croyances mais je n'y prêtais pas attention, inquiet pour les autres poneys emprisonnés, oui, c'est le mot, emprisonnés dans ce nuage de fumée quand je m'aperçus que le disciple avait allumé une espèce de pipe d'où émanait cette même fumée verdâtre. Paniqué, je reculai quand l'adepte passa la pipe au mentor et ce dernier prit une bouffée de fumée, la savoura avant de me la cracher au visage ! Il fit une pause un peu brutale et reprit, tout à coup plus serein, et bizarrement, c'était apaisant. Une fois que j'ai inhalé cette douce fumée, mon corps se détendit d'un coup, laissant ainsi mon âme s'élever vers le haut et..., wow, cette sensation est indescriptible, je pouvais... voler, flâner dans l'espace, je voyais mon corps se diriger nonchalamment vers le château et je pouvais sentir autour de moi une atmosphère de paix, de zénitude... Et j'errais ainsi pendant je ne sais combien de temps mais peu importe, c'était les meilleurs moment de ma vie ! Le pire fut le retour dans mon corps : je sentais mon esprit s'alourdir, se rapprocher de plus en plus de ma misérable carcasse tandis que je voyais les cieux s'éloigner et disparaitre et cette sensation quand je suis finalement rentré... brrr... comme si on me plantait un couteau dans le crane... Et maintenant, j'adhère complètement à leur religion, la mienne, parce qu'ils ont totalement raison ! Le corps n'est qu'un fardeau pour l'esprit et je ne vis désormais que pour retrouver cette sensation de bonheur et de paix !
Au long de son récit, je remarquai ses yeux blafards et injectés de sang, les spasmes sur son visage, la sueur qui ruisselait sur son pelage, les pattes tremblotantes. Il avait tout d'un poney en manque puisque ça voulait dire qu'une fois entré, on ne peut plus en ressortir. Il faut que je sois attentif et aux aguets.
Les portes s'ouvrirent. Les adeptes sortirent d'abord, l'air radieux, suivis de la princesse Célestia qui se tourna vers moi. C'est là que je vit ses yeux, blafards et injectés de sang, et je me mis à paniquer : si Célestia n'a pas su résister, qui le pourrait ?
- Garde, allez me chercher Shining Armor, je veux le voir le plus vite possible ! m'ordonna-t-elle.
- Bien, princesse, répondis-je avant de faire une brève révérence et de courir à la recherche du chef de la garde. Pourquoi courais-je à perdre haleine ? Etait-ce pour satisfaire le désir qu'avait émit la princesse ou plutôt pour fuir ces dangereux fanatiques ? Je ne pouvais plus penser correctement, trop de choses trottaient dans ma tête quand tout à coup je percutai Shining Armor.
- Holà ! dit il, surpris, que se passe-t-il ? Pourquoi es-tu si pressé ?
- Sa Majesté vous demande en vitesse, soufflai-je, éreinté, Mais faites attention, je crains qu'elle ne soit plus la même...
- Comment ça ? répondit il, perdu.
- Allez la voir et vous verrez.
Sur ces mots, je le saluai brièvement et partit, le laissant rejoindre la princesse. En trottant vers les jardins, j'éprouvai le besoin d'en parler et je me dirigeai alors vers le bureau de Raven. Lorsque j'arrivai enfin au bureau, je surpris la ponette affalée sur son fauteuil, l'air absent. Inquiet, je la réveillai et la seule réponse que j'eue ne fut qu'un gémissement de plaisir avant d’apercevoir des gâteaux. En m'en approchant, je ne pus m’empêcher de les renifler. Je sus immédiatement qu'il était déjà trop tard. Ces pâtisseries avaient la même odeur qu'embaumaient les adeptes à la sortie de l'audience. Je la réveillai encore une fois, lui demandai qui lui avait donné ces gâteaux, et elle me répondit indistinctement : "Pinkie Pie" avant de se rendormir. Surpris et effrayé à l'idée qu'Equestria soit touchée par ce virus, je n'eut qu'une envie, partir loin et m'évader sur les plaines d'Equestria. Je courus jour et nuit, ne pensant plus, ne réfléchissant plus, l'esprit complétement asservi au corps, ne réagissant qu'à l'instinct de survie.
Trois jours après, quand je me résignai finalement à revenir à Canterlot, tout le monde était en émoi, plein de ferveur. Étonné, j'interpellai un de mes collègues aux portes :
- T'es pas au courant ? Celestia a déclaré notre nouvelle religion ! Et pour fêter ça, elle a déclaré trois jours de fête au sanctuaire ! répondit il avec allégresse.
- Un sanctuaire ? dit je, intrigué.
- Oui, dans l'Everfree Forest ! Là où le Grand Prêtre a eu sa révélation !"
- D'accord, quand partons nous ?
- Le cortège principal est déjà en chemin ! Tu devrais les rejoindre !
Je me hatai alors, rejoignant un groupe de religieux qui se dirigeait vers le sanctuaire. Curieux,je leur demanda :
- Hey, j'ai une question, comment le Grand Prêtre a eu sa révélation?
- Ce fut une nuit d'orage, il errait sans but dans l'Everfree Forest, répondit le plus vieux des religieux, quand il arriva dans une clairière où se dressait un arbre majestueux. Il l'admira et d'un coup, la foudre frappa cet arbre qui s'enflamma alors. Des branches en flamme tombèrent au sol, embrasèrent ensuite l'herbe et de cet immense brasier ardent émana une fumée. Notre Grand Prêtre, gloire à lui, aspira cette divine fumée et eut son Inspiration !
- Gloire à lui ! reprirent les autres en coeur, poursuivant avec des chants. Je les laissais alors chanter tandis que je marchais à l'écart, de peur d’être hypnotisé. Lorsque nous arrivâmes enfin à la lisière de la forêt, je vu l'une des plus grandes foules que je n'ai jamais vu de ma vie : un brouhaha de chants et de prières, de danses et de réjouissances. Cet effervescence avait quelque chose de malsain, me rendait nauséeux. En m’approchant de la foule, j'entendis parler d'une seule chose : un miracle ! Comme si on en avait besoin... J'hélai un poney quelconque, lui demandant ce qui se passe et il me répondit en criant de joie :
- Un miracle ! il y a eu un miracle !
- Quel genre ? dis-je, un peu assourdi.
- Le Grand Prêtre a réalisé l'impossible ! Il a réussi à se séparer totalement de son corps ! Désormais il n'est plus qu’âme ! Son corps est en train de dépérir au pied de l'Arbre !
- Il est mort, non ? le répondis-je, un peu déçu.
- Mais non, il est immortel, il ne saurait mourir ! répondit-il, outré, et s'en alla, chantant de plus belle.
Abasourdi, je me rendis compte que la situation était hors de contrôle et qu'il fallait agir. Mais que faire ? Je pourrais... Ou encore... Voilà, j'agirai cette nuit, lorsque les nuages recouvriront la lune.
Ce fut l'heure, on ne pouvait pas apercevoir la pleine lune, tellement les nuages étaient denses, et je pouvais à peine entrevoir la faux que je tenais dans ma bouche. Déterminé, je profitai de l'obscurité de la nuit et de la torpeur des croyants pour me faufiler jusqu'à la clairière. Au milieu de cette dernière, se dressaient les restes de ce qui a dû être un arbre majestueux : un tronc imposant à l'écorce encore intacte, des branches qui semblaient s'étendre comme la voute céleste mais la plupart étaient brisées et calcinées. En faisant le tour, je butai contre un corps, le corps du fameux Grand Prêtre, la peau flétrie, dépérissant et pourrissant maintenant à défaut de ne plus avoir d'âme. Mais pourquoi les autres ne le savent pas ? Seraient-ils aveugles ? Trop occupés par l'ersatz de bonheur spirituel pour se préoccuper du monde matériel ? Et si ce bonheur n'était qu'un écran de fumée ? La sueur perlait sur mon front, il fallait que j'agisse. Et vite ou je me perdrais dans mes réflexions. Et au moment où je levai la faux, la foudre frappa l'arbre. A nouveau. Oh non, l'arbre s'embrasa. Ce fut le plus grand feu de ma vie et j'étais au pied, trop fasciné par les flammes dansantes pour pouvoir bouger. Et de nouveau, les branches se brisèrent, tombèrent, enflammant l'herbe au sol. Je n'aimais pas cette sensation de déjà-vu. Et de l'herbe ardente émana de la fumée, cette même fumée verdâtre dont tout le monde parlait. La fumée s’éleva et vint chatouiller mes narines. Je criai à mon corps de ne pas respirer mais mon esprit, curieux, laisse faire le cours naturel des choses. La fumée pénétra mes poumons, je sentis le pouvoir de cette étrange plante parcourir mon corps, en prendre possession jusqu’au dernier recoin de mon esprit. Cette sensation fut indescriptible... Et s'ils avaient raison ? Je m'en fiche maintenant, je suis libre.
Vous avez aimé ?
Coup de cœur
S'abonner à l'auteur
N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.
Les créations et histoires appartiennent à leurs auteurs respectifs, toute reproduction et/ou diffusion sans l'accord explicite de MLPFictions ou de l'auteur est interdite. Ce site n'est ni affilié à Hasbro ni à ses marques déposées. Les images sont la propriété exclusive d'Hasbro "©2017 Hasbro. Tous droits réservés." ©2017 MLPFictions, version 1.2.7. Création et code par Shining Paradox, maintien par Sevenn.
Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.