Site archivé par Silou. Le site officiel ayant disparu, toutes les fonctionnalités de recherche et de compte également. Ce site est une copie en lecture seule

Let Her In

Une fiction traduite par GrifDaraconis.

Partie 3

Après avoir conduit quasiment toute la journée, tu arrives dans les banlieues d'une grande ville.

Ou plutôt ce qui était une grande ville. Seuls les bâtiments à la périphérie de la ville ressemblent à des constructions humaines. Le centre a complètement été changé en l'Empire de cristal. Des poneys brillants se promènent, insouciants. Occasionnellement, un s’arrête pour te saluer. Aucun n'a l'air de trouver bizarre qu'un humain sur un scooter traverse leur ville.

L’œuvre de Celestia sans aucun doute.

Par curiosité, tu t’arrêtes à côté d'une jument et la touches. Tu attendais d'un poney de cristal qu'il soit dur et froid au toucher, mais elle est chaude et douce.

« Hey !  » s'exclame-t-elle.

Elle te fait un regard noir. Tu l'ignores et examines tes mains.

Toujours humain. Pas de transformation.

Tu te recules et regardes le ciel. Qu'est-ce que Celestia attend de toi ? Seras-tu un humain pour toujours, vagabondant dans Equestria comme le dernier de ton espèce éteinte ? Ou alors elle va juste t'empailler et te coller dans un musée ?

Tu es arraché de tes pensées par la jument que tu as touchée, qui est maintenant à quelques centimètres de ton visage et qui te fixe, en colère.

« HEY ! »

Tu la fixes aussi et réponds nonchalamment :

« Désolé.

-Vous savez, ironise-t-elle, on essaye d'être gentils avec les visiteurs ici dans l'Empire de cristal, mais ça ne veut pas dire que vous pouvez être aussi malpolis !

-Non sérieusement, dis-tu en levant les mains pour calmer le jeu, je suis désolé ! »

Elle te regarde avec méfiance. Tu y vois une opportunité :

« Dites voir, ai-je l'air inhabituel ? Je veux dire, en tant qu'humain solitaire qui vagabonde dans les environs.

 -Pas vraiment, répond-elle, pleins de créatures étranges viennent de tous les coins d'Equestria pour voir l'Empire. »

Hmm.

« Et vous ? Vous souvenez-vous de quand vous étiez humain ? »

Elle réfléchit pendant quelques secondes avant de répondre :

« Je pense que oui. Ça a plus l'air d'être un mauvais rêve qu'un souvenir.

-Vous pouvez me dire qui vous étiez ? Avant tout ça.

-Je ne vois pas l’intérêt, dit-elle en haussant des épaules, pourquoi rester sur le passé quand aujourd'hui est un si beau jour ? »

Et elle s'en va en sifflotant.

__

Les poneys de cristal te surnomment rapidement 'Le malpoli qui touche les poneys', mais tu t'en moques. Tu demandes à d'autres poneys à propos de leur ancienne vie, mais peu semblent s'en intéresser.

Tu sors de l'Empire et trouves un coin d'herbe sur lequel t'allonger et réfléchir.

Techniquement, Celestia n'a pas menti. Ces poneys ont retenu toute leur mémoire. En plus, leurs personnalités ont l'air d'être des versions plus joyeuses et pétillantes de leurs personnalités humaines.

Mais quelque chose en eux a été altéré. Ils voient leurs vies passées avec désintérêt ou dédain. Est-ce un mécanisme mental qui enterre toutes les horreurs de l'histoire humaine que Celestia veut faire disparaître ?

Continuité de la conscience disait-elle. Mais il est impossible de nier que quelque chose au plus profond d'eux a été fondamentalement altéré.

À qui est-ce de dire si c'est un mal ou un bien ?

__

Tu aperçois un poney de cristal quitter l'Empire et suivre une route poussiéreuse menant à des montagnes.

Une pensée soudaine t’assaillit. Tu montes sur ton scooter et fonce.

Plus loin quand tu dépasses le poney, il te fait salut avec le sabot.

__

Comme tu le pensais, il y a une petite ville isolée à une centaine de kilomètres plus loin. Il y a toujours des humains ici. Le poney de tout à l'heure vient pour convertir l'endroit.

Tu te demandes si tu dois les prévenir. Mais à quoi cela servira-t-il ?

Ta question trouve vite une réponse quand tu roules dans la ville. Plusieurs personnes errent dans la rue. Certaines courent. Certaines pleurent. Certaines sont barricadées dans leurs maisons avec une arme braquée vers la porte d'entrée. Cependant, la plupart se trouvent dans un état quasi-léthargique, parfois au plein milieu de la route.

Ils savent déjà ce qui va arriver et à quel point il est inutile de résister. Ceux qui en ont encore la volonté font une espèce de baroud d'honneur. Tu aperçois une adolescente qui tente de se poignarder avec un couteau de cuisine, sans succès. Un peu plus loin, un homme prêche l'apocalypse en hurlant à qui veut l'entendre. Un couple fait l'amour sur un banc. Un homme barbu pille un magasin d’électronique. Une petite fille erre dans la rue en pleurant et en demandant sa mère.

Ils sont la lie de l'humanité. Le dernier acte d'une extinction.

Le poney de cristal apparaît à l'horizon, trottant vers la ville. Un cri retentit quand il est repéré. L'adolescente commence à se frapper la tête contre un mur. Le prêcheur se met à genoux et prie frénétiquement. Le couple se serre encore plus fort et les deux s'embrassent. L'homme barbu lâche son butin et court.

Mais le poney les ignore et approche l'enfant qui pleure. Il lui murmure des paroles réconfortantes et encourageantes. Apaisée et hypnotisée par la vue d'un poney cartoonesque et amical, la petite fille rigole alors que son corps change.

Quelques secondes plus tard, elle est une petite pouliche.

L'adolescente n'en peut plus, elle pleure, devient hystérique. Finalement, elle écarte ses bras et va vers le poney. Elle est accueillie avec un câlin chaleureux de la part du poney, sa chair devient molle et se reforme.

Maintenant, il y a trois poneys.

Le prêcheur se met à crier :

« Le salut est là ! Le salut est là ! »

Tu fais demi-tour et roule aussi vite que tu peux. Tu en as vu assez.

__

Qu'importe la vitesse à laquelle tu roules, ce que tu as vu reste dans tes pensées comme un nuage reste dans le ciel.

C'est comme si ces personnes étaient devenues... meilleures en tant que poney.

Tu te reprends. Non, n'oublie jamais que leur désespoir a été provoqué par Celestia. Son apocalypse les a conduits à ce désespoir. Sa rédemption n'est qu'illusion.

Ou alors, elle montre seulement l'horreur de l'humanité avant de la faire disparaître ? Perdu dans tes pensées, tu ne remarques pas le câble tendu en travers de la route. Jusqu’à ce qu'il te frappe en plein dans la poitrine, t'envoyant en l'air. Ton scooter continue, se penche sur la gauche, dérape sur une quinzaine de mètres et finit sa course dans un arbre. Tu es projeté en arrière par le câble, tu rebondis sur le sol avant de t'écraser complètement.

Ça ne fait même pas mal.

Des silhouettes floues t'encerclent. Des mains humaines attrapent tes membres. Un tissu avec une odeur sucrée est écrasé sur ta bouche et ton nez.

***

« Très drôle Celestia. Putain d'hilarant. »

Perplexe, elle incline la tête.

« Les armes ne marchent pas, mais du putain de chloroforme marche ?!

-Eh bien, ce n'est pas vraiment létal. Mon sort ne fait qu’arrêter les armes létales, la mort et la douleur.

-Peut-être que les militaires auraient dû s'attaquer aux poneys avec des tasers et du spray au poivre.

-Penses-tu vraiment que ça aurait marché ? sourit-elle.

-J'en ai assez, soupires-tu, j'ai observé comme tu l'as voulu. Je n'oublierai probablement pas ce que j'ai vu. Fais ce que tu as à faire, j'en ai marre de jouer à ton jeu. »

Son sourire s’agrandit :

« Pas encore, il y a encore une chose que tu dois voir.

-Celestia... »

Tu la fixes. Elle lève un sabot :

« Juste un peu plus longtemps. Quand tu auras fait ta décision, je serai là.

-Une décision ? Qu'est-ce... »

De nouveau, le rêve s’évanouit.

Vous avez aimé ?

Coup de cœur
S'abonner à l'auteur

N’hésitez pas à donner une vraie critique au texte, tant sur le fond que sur la forme ! Cela ne peut qu’aider l’auteur à améliorer et à travailler son style.

Chapitre précédent Chapitre suivant

Pour donner votre avis, connectez-vous ou inscrivez-vous.

CompteSupprimé
CompteSupprimé : #13264
"Une pensée soudaine t’assaillit. Tu montes sur ton scooter et fonce."

J'ai un problème avec cette phrase, ça m'a fait tiquer. Ça montre bien tout le problème, selon moi, de cette fic, elle se déroule de sorte que le lecteur fasse le boulot d'identification, la 2ème personne invitant à l'immersion, mais le point de vue est unilatéral, ce n'est pas un humain générique qui est témoin de quelques chose et nous indique légèrement quoi ressentir ; non, le texte raconte le point de vue d'un personnage et on doit se démerder pourquoi il réagit comme ça. Même si c'est expliqué juste après, j'ai aucune idée de ce qu'est cette "pensée soudaine". On est censé être le personnage et sur le moment, on nous signale qu'on pense quelque chose, mais on ne sait pas quoi. Soit c'est implicite, auquel cas il faut vraiment le faire pour comprendre ce qu'il y a à comprendre, alors que c'est pas forcément évident, soit l'auteur a juste décrit à la 2ème personne selon ses réactions et n'a pas pensé que quelqu'un d'autre n'aurait pas le même cheminement que lui.

Dans les deux cas, je ne trouve pas ça très appréciable.
Il y a 3 ans · Répondre

Nouveau message privé