MoonLight's Gardenia
Je l'aime. Ces trois mots résonnent clairement dans mon esprit, ils résonnent dans mon cœur. Si l'on me demandait pourquoi je l'aime, Elle, je ne pourrais pas donner de réponses. Pourquoi donner une raison là où il n'y en a point ? Pourquoi donner des arguments de la raison là où le cœur, maître implacable, n'en admet aucun ? Elle a toujours su se démarquer du reste pour moi.
Je l'aime. Je ne peux que remercier le ciel de m'avoir mis sur son chemin, je ne peux que remercier le monde pour lui avoir permis de vivre à cette époque. Je suis amoureux, amoureux fou. Mais cher journal... je ne peux me déclarer à elle. Je ne le peux pas. Oh, ne te méprends pas, rien ne me rendrait plus heureux mais le simple fait de me mettre à nu face à elle, face à un éventuel refus de sa part... Tu me connais depuis tout ce temps, je ne m'estime que peu et je ne m'estime donc pas digne d'elle. Oh si tu la voyais, elle est si... magnifiquement elle !
Je l'aime, c'est une certitude. Mais cette déclaration jamais ne quittera le seuil gardien de tes pages, mon ami. Ne sois pas triste pour moi, elle est ma plus proche amie – si l'on excepte Lux évidemment. Le simple plaisir de pouvoir l'admirer en silence, rire avec elle, partager ses joies et ses peines... même certaines de nos disputes sont amusantes ! Je me souviendrai toujours de cette fois où elle s'était mise en rage parce que je m'entêtais à vouloir la voir mettre une robe bleue. Elle a toujours détesté le bleu, cela lui rappelle le ciel d'hiver et le froid.
Je l’aime. La première fois que je m’en suis rendu compte, ce devait être cette soirée d’automne. Oh, oui, je m’en souviens encore comme si c’était hier. Elle ne portait nul vêtement, ne se masquait sous aucun maquillage, elle était simplement là, sous les rayons superbes d’un soleil rougeoyant qui venait effleurer la surface d’un lac tranquille. Oh temps suspends ton vol ! aurai-je voulu crier afin que cette silhouette si féminine sur fond d’or et d’argent liquide et moi restions dans ce cadre pour toujours. Jamais cette image ne mourra tant que je serai en vie, jamais elle ne s’effacera tant que je pourrai observer la Lune et les étoiles.
Je l’aime. Elle ne m’a pas rejeté comme tous les autres. Elle n’a fait que sourire lorsque j’ai tenté de la repousser. Tant de gens ne voulaient que se gausser de mon apparence. Mais pas Elle. Oh, cher journal, est-il plus beau sentiment au monde ? Si l’on me disait que oui, j’accuserais ce poney de mensonges. Rien ne peut être plus exaltant !
Je l'aime. Mais elle ne le saura sans doute jamais. Je l'aime et c'est tout ce qui compte pour le moment... Oh, on frappe à la porte. Je te laisse mon ami, ce doit sans doute être Lux, nous avions prévu de sortir, tu t'en souviens ? Il est en retard... Pour changer.
Unity referma soigneusement le livre à la couverture noire, lisse et uniforme et le rangea avec précaution dans un des nombreux tiroirs de son secrétaire. L’un d’eux contenait une photo de mariage, feu ses parents, et la couronne de fleurs d’engagement de sa mère. Toute la pièce était aussi impeccable et minutieusement rangée que l’était le mobilier. La plume d'oie retrouva son encrier et Unity se dirigea vers la porte. La licorne blanche aux yeux rouges s'arrêta un moment et observa son reflet dans le miroir d'argent qui pendait dans sa chambre modeste. Il eut un sourire cynique. Des yeux aussi rouges que le sang qui coulait dans ses veines semblaient se moquer de lui, lui et son albinisme. Tout était blanc chez lui. Crinière, queue, pelage... Seuls ses yeux apportaient une touche de couleur. Une touche dont il se serait bien passé. Comme il était amusant de voir ce qu'une petite erreur génétique pouvait entraîner sur un corps... la normalité ce n'était qu'une question de gènes.
De nombreux coups de sabot se firent entendre à la porte et le sourire de Unity s'adoucit un peu. Lux était toujours aussi pressant. C'était presque caractéristique à ce niveau-là. Il acheva son trajet jusqu'à la porte et l'ouvrit, laissant entrer un pégase à la fourrure splendide, semblant constituée d'un or cuivré, et à la crinière flamboyante. Lux regarda la chambre peu éclairée et fit la grimace en plissant les yeux. C'était une autre particularité du pégase. Il était tellement expressif que ce qu'il ressentait s'inscrivait sur son visage. Pour Unity, son ami était un livre ouvert et c'est sans doute pour cela qu'ils s'étaient lié d'amitié. Le faux semblant n'avait pas place entre eux. Mais surtout, il ne lui donnait aucun ordre.
« Par Célestia, je me f'rai jamais à ta cellule de moine... ni à autre chose qu’mon bordel ambiant remarque. T'as toujours été un gars austère Uni'. » dit soudainement Lux, le regard fuyant.
« Mais bien sûr, Lux, mais bien sûr. Évidemment, tu as une bonne raison pour arriver... deux heures en retard ? » rétorqua la licorne en observant la position du soleil qui avait quitté son zénith.
L'éblouissant pégase se mit à rire et partit se servir un mug de cidre comme si de rien n’était. Un cidre du tonnelet personnel d'Unity, sinon ce ne serait pas drôle. Il vida d'un trait le récipient avant de le reposer nonchalamment sur la table basse. Il essuya la mousse qu'il avait aux coins des lèvres et répondit avec un sourire éclatant de sincérité.
« Et bien, c'est assez simple. J'ai rencontré une super minette sur la route, tu sais celle qui se balade avec l'autre là... La jument avec la crinière rose et bleu foncé... Celle qui a un nom en rapport avec le sucre... » commença-t-il en tentant de se rappeler.
« BonBon ? » Il pouffa de rire « Tu as couché avec Lyra sur le chemin ? C'est ça qui t'as mis en retard ? »
Unity n’avait même pas besoin de réfléchir, toutes les juments que croisait Lux étaient généralement très heureuses en le quittant. Lux avait toujours eu un succès fou avec les femmes, cela en devenait même obscène à ce niveau là. Elles voulaient toujours coucher avec lui pour une raison qui échappait à la licorne. Enfin, toutes sauf Elle, bien entendu. Elle n'était pas comme toutes ces juments en chaleur qui décidaient de se faire sauter par le premier venu... aussi beau que Lux soit-il.
« Et mec, tu sais pas ce que tu rates ! Dès que tu lui parles de ces trucs avec des doigts, elle devient vach'ment sympa. Et surtout elle a un de ces cu... »
« Je crois que j'ai saisi, merci Lux. Peut-on y aller maintenant ? » l'interrompit Unity.
Lux se contenta d'acquiescer non sans avoir émis un rot sonore dans le même temps, ce qui fit lever les yeux de l'albinos au ciel. Par Luna, qu'il était vulgaire !
Ils sortirent de la maison ensemble avant de se diriger vers le grand Parc de Ponyville. C'était le Printemps et à cette époque de l'année, les gardénias étaient en fleur et la fragrance sucrée qu'ils dégageaient était tout bonnement délectable. Unity en tant qu’étudiant herboriste avait toujours aimé le parfum des fleurs... ainsi que leur langage si poétique. Unity s'assit sur l'une des pelouses et Lux fit de même (chose incroyable pour lui qui n'arrivait jamais à se poser sans partir courir la gueuse ou exhiber sa force ou son agilité plus de deux minutes d’affilée.)
« Alors, tu vas m'expliquer c'qui s'passe ? C'est pas souvent qu'tu décides de m'inviter pour sortir discuter, c'est que ça doit être important. »
« Plutôt oui. Tu es mon ami Lux et je sais que je peux tout te dire. Et j'ai besoin de le partager avec plus qu'un journal intime. C'est une histoire de cœur. »
« Unity, t'en pinces pour une jument ? P'têt que j'la connais. J't'arrange le coup et... » dit Lux avec enthousiasme.
Unity regarda avec un sérieux mortel son meilleur ami qui se tut de suite, Lux savait quand son naturel devenait exaspérant.
« C'est plus que ça. Je l'aime de toute mon âme mais je ne peux pas lui avouer. Je la vois même dans mes rêves et à chaque fois que je vois son visage mon cœur s'envole. Mes soupirs lui sont adressés et mes prières aussi. J’ai besoin de partager ça, avec toi mon ami... Sinon, je risquerais de devenir fou.»
« Plus que ça ? Tu veux dire plus qu'un coup d'un soir ? J't'avoue que j'vois pas l'intérêt. Après tout, vu le nombre de belles nénettes sur cette planète, ce serait du gâchis. (Son visage se fit plus sérieux un court instant) Je ne sais pas vraiment ce que tu ressens, Uni, mais pour que tu sois si... heureux, c’est que ce doit être une bonne chose. Je suis content qu’tu m’en parles.»
« Tu n'as jamais été amoureux ? » répondit Unity, plus surpris que déçu.
« Bien sûr que si, je suis amoureux tout le temps ! Mais... Comment t'expliquer... Ah oui ! Tu vois ma tenue de course bleue ? Et bien, j'adorais cette tenue, elle m'a bien servi pendant trois quatr' ans, on a fait les plus d’jantées des courses ensemble mais après j'en ai trouvé une aut’ rouge, superbe, plus douce et moins déchiq’té. On peut aimer une chose et pas se limiter à une. Tu comprends ? » tenta Lux.
« Non. Les juments ne sont pas des tenues. » dit Unity avec une inhabituelle froideur.
« C'est vrai. Certaines tenues, on a envie de les enfiler plus d'une fois. » déclara le pégase d'or en riant.
Aussi vulgaire et irrespectueuse qu'était cette phrase, cela fit rire la licorne albinos. Il lui était impossible de rester longtemps en colère contre le pégase. Il était tellement surprenant dans son honnêteté vulgaire, et parfois mal à propos, que la surprise qu'il générait provoquait son hilarité. Mais c’est surtout le fait que Lux était bien le seul qui lui parlait aussi franchement. Toutefois, et malgré les échos de leurs rires dans le Parc, Unity était attristé. Lux était le meilleur ami du monde mais il ne comprenait pas ce qu'était l'amour romantique.
« Et sinon, comment qu'elle s'appelle ? »
La licorne rougit à cette question (ce qui était très visible sur lui), comme pris en faute, et murmura quelques syllabes à l'oreille de Lux qui acquiesça avec une solennité complètement surprenante pour le personnage. Et là, trait de génie ou fulgurance, le pégase dit :
« Je vois pas ce que tu lui trouves, elle m’parait quelconque, mais... Pourquoi tu ne lui écris pas ? Je veux dire, t'es doué avec les mots... Pas comme moi, pas qu'ça m'dérange d'ailleurs. Mais je sais que les juments aiment bien les gars comme toi, t'es timide mais pas quand t'écris. Et si tu veux vraiment pas qu'elle sache qu’c'est toi, tu signes pas et tu mets pas d'adresses... Non ? » demanda Lux en haussant le sourcil.
La proposition de son ami était si simple, si magnifiquement simple que la licorne blanche se mit à rire sous le choc. Mais bien sûr ! Pourquoi n'y avait-il pas pensé ? C'était l'évidence même. Il calma lentement son rire et dit en reprenant son sérieux :
« Merci, Lux. Tu viens d'éclairer ma journée. » Il s'interrompit et dit : « S'il te plaît, n'en dis rien à personne... D'accord ? »
« Aucun souci, Uni'. Chuis pas le plus futé des pégases mais je tiens toujours mes promesses. Allez, je file, je vais voir si je peux revoir l'autre... Comment tu as dis qu'elle s'appelait ? Ira ? »
« Lyra. »
« Lyra, ouais c'est ça. Je vais voir si je peux pas revoir Lyra. Bye. »
Le pégase s'envola vers les cieux printaniers, le bleu uni privé de tout blanc semblant venir se barrer d'une longue traînée d'or cuivré à mesure qu'il traversait le ciel comme un météore. L'odeur des gardénias emplit son esprit comme pour renforcer ce tableau et, une fois Lux disparu, l'albinos courut chez lui. Il avait une lettre à écrire
***
Je lui ai finalement envoyé ma lettre, cher journal. Je suis fébrile à l'heure où j'écris ces lignes. Suivant le conseil étrangement pertinent de Lux, je n'ai pas signé de mon nom cette missive. Je ne veux pas qu'elle sache que c'est moi. Je ne suis pas dupe. Si jamais elle devait me rejeter, notre amitié en souffrirait, je le sais. Ceux qui pensent que l'on peut essuyer un refus avec le sourire et rester sur les même bases sont des idiots... ou des gens bénis par le destin. Je doute faire partie d'un des deux, surtout le second. L'albinisme n'est pas vraiment ce que je pourrais appeler un cadeau. Mais passons !
Je ne savais pas quoi lui écrire, je te l'avoue. Toutes les ouvertures que je faisais me semblaient vides et tristement formelles. Je voulais quelque chose pour transmettre mes sentiments, pas la convier au vernissage d'une exposition... Et c'est là que j'ai eu une idée que je trouve, très humblement, brillante ! Je lui ai écris un poème. Oh je te vois venir avec ton petit sourire : « Tu es bien trop complexe. » Eh bien oui, c'est vrai mais ce format est le plus facile à adopter pour ce que j'avais à lui dire. Oh mais j'y pense, je vais te le faire lire. Voici comment il commence :
Les vers que j'écris ici sont vôtres, ma Dame,
Vous, qui d'un regard, avez enchaînée mon âme.
C'est mon Amour qui me fait rêver.
Combien de fois me suis-je retrouvé ému
De vous voir en PonyVille aussi ingénue ?
C'est le charme de vos soupirs.
La Force et le Courage, la Grâce et l'Élégance.
Un seul souffle de vous donne à ceux-ci un sens.
Votre nom si doux murmuré.
Je vous aime ma dame, et n'en déplaise au Ciel,
Si je m'agenouille, ce n'est pas pour l’Éternelle.
Je redoute bien plus votre ire.
Je suis l'amoureux transi derrière un voile.
Je suis le ver amoureux de sa belle étoile.
Je suis l'amant sombre et caché.
Dame de mon cœur, je vous ai toujours aimé
Et vous aimerai toujours, belle vérité.
Me voici, pour vous servir :
Le gardénia au clair de Lune
Comment trouves-tu cela ? Je t'avouerai que trouver les alexandrins n'a pas été aussi dur que je l'aurais pensé... Je suis tellement heureux, tu ne peux pas savoir. Mais anxieux aussi. Elle ne sait pas que c'est moi mais comment va t-elle réagir ? Je ne sais pas et c'est pour ça que mon cœur se bat pour savoir qui de l'anticipation inquiète ou extatique doit l'emporter.
Et... j’ai fait un sublime rêve hier. C’était une scène que j’avais souvent imaginé mais elle n’avait jamais été aussi nette. Il n’y avait qu’Elle et moi, ainsi qu’un prêtre. Une musique divine était perceptible et les phrases rituelles du prêtre semblaient onduler sur cette musique. Son visage était radieux, je pouvais l’entrevoir malgré le voile blanc et diaphane qui masquait l’objet de mes vœux. C’était si... si... palpable que pour un moment je me suis pris à croire que c’était réel. Toujours est-il que lorsque le prêtre me demanda si je souhaitais L’épouser et la soutenir dans les moments de joie comme de peine et de la protéger dans le bonheur comme dans l’adversité, j’ai répondu de tout mon coeur :
“Oui, je le veux”
Elle fit le même serment et nous scellâmes celui-ci en posant une couronne de fleurs sur la tête de l’autre. Une paire de tiares aux tulipes carmins. Je reconnus celle que je tenais entre mes sabots comme celle de feu ma mère et un sourire naquit sur mon visage. J’avais toujours voulu offrir en présent de mariage, la tiare superbe de ma mère. Elle la méritait...
Puis nous nous sommes embrassés. Un court instant avant que la bulle des rêves ne se brise. Comme j’aimerais que cela ait été réel.
Je m’excuse mais je suis fatigué, ce sera tout pour ce soir. Bonne nuit.
Le lendemain matin, alors que le soleil auroral dardait déjà ses rayons orangés sur la colline jouxtant la petite maison de Unity, une lumière douce filtra par l'une des fenêtres pour venir éclairer l'albinos qui, cas extrêmement rare, s'était assoupi sur son secrétaire, la tête sur la couverture sombre de son journal. La bougie, qui lui servait de lampe de chevêt, avait complètement fondu car il avait oublié de la souffler. Fatigué par les événements et les émotions des derniers jours, il avait pris la mauvaise habitude de s'endormir juste après avoir rédigé ce qu'il avait fait durant la journée.
La lumière étincelante se posa sur les paupières immaculées de l'albinos, le faisant d'abord grimacer puis lentement ouvrir les yeux, ses pupilles s'habituant lentement à la nouvelle luminosité. Ses iris sanglants s'étrécirent et il put enfin se rendre compte de sa position inconfortable. Il fit craquer de façon sonore sa nuque ankylosée. Il se frotta les yeux à l'aide de ses sabots afin de dissiper tant bien que mal les derniers reliquats d'un sommeil profond. Il étira ses muscles noués et se servit un verre d'eau fraîche. Les brumes du sommeil se dissipaient lentement et lorsqu'un rayon de lucidité réussit à les franchir, les yeux d'Unity s'écarquillèrent. Il venait de réaliser que... c'était aujourd'hui ! Aujourd'hui allait être l'une des premières fois où il ferait face à sa dulcinée après lui avoir envoyé la lettre de ses sentiments. Bien qu'elle ne sache pas qui en était l'auteur, elle avait l'habitude de lui parler de tout, de ne rien lui cacher. Il s'en enorgueillissait d'ailleurs. Sans doute évoquerait-elle la missive et...
Unity rougit fortement, ce qui était un contraste saisissant pour un être si blanc. Il s'agitait comme un collégien pré-pubère à l'approche de Hearts and Hooves Day, il avait tout de même vingt-deux ans que diable ! Cependant, aussi fort que soit son amour des convenances, il aimait bien plus la perspective de la revoir. Cela le rendait ivre de joie et les grands sourires niais que reflétait son miroir l'auraient fait passer pour un idiot auprès des autres.
Unity regarda l'heure solaire et se dit qu'il devait être aux alentours de sept heures du matin puisque le soleil avait quelque peu dépassé le sommet de la colline verdoyante près de sa maison. Il lui restait encore du temps avant le rendez-vous de midi. Même le mot « rendez-vous » le faisait frissonner. Excité comme une puce, il partit se débarbouiller, un visage unique en tête.
Midi moins cinq. Unity, vêtu d'un veston noir, attendait patiemment près d'un bosquet de cyprès qu'Elle arrive. Pour les passants et autres badauds qui le croisaient, il était aussi calme que l'on pouvait l'être, ennuyé même, mais en vérité, une inquiétude croissante commençait à émerger en lui. Et si Elle ne venait pas ? Peut-être avait-Elle oublié ? Unity secoua la tête. Non, non. Unity calme-toi, il est midi moins trois, c'est toi qui est en avance comme d'habitude, cesse de t'inquiéter pour rien. Malgré tout, son inquiétude ne chut pas et il commença à taper du sabot impatiemment, tenaillé qu'il était entre l'envie de courir chez elle et sa raison qui lui disait de rester sur place.
Alors que la raison commençait à perdre le combat, Elle apparut. L'instant d'avant, il était près d'un bosquet de cyprès et maintenant il était au milieu de cyprès anciens à l'écorce sombre entouré de fleurs aux senteurs aussi diverses qu'entêtantes, le ciel n'avait jamais été aussi bleu ni le soleil si chaleureux. Elle était là... Unity lui fit un signe du sabot et l'appela par son nom. Lorsqu'Elle l'entendit, elle eut un sourire magnifique et se dirigea au petit trot vers lui. Même sa démarche est splendide, pensa-t-il.
« Uni', c'est un plaisir de te revoir. J'ai un tas de choses à te raconter, tu n'as même pas idée ! » dit-elle, coupant rapidement court à toutes formes de cérémonie.
« Le plaisir est partagé. Alors qu'est-ce que tu as à me raconter cette fois ? Tu t'es encore disputée avec d'autres juments ? » dit-il en plaisantant.
« Comment ça 'encore' ? Tu dis ça comme si c'était une habitude. Je ne suis pas si... Bon d'accord, je me dispute souvent mais bon, elles le cherchent bien aussi. Mais non ce n'est pas de ça que je veux te parler. Figure toi que... » Elle baissa le ton, « … j'ai un admirateur secret ! »
« Vraiment ? » dit Unity, le cœur en fête, dans une parfaite imitation de la surprise, « Mais comment le sais-tu ? Il t'a envoyé quelque chose ? Des fleurs peut-être ? »
« Non, même si... tu n'as pas forcément tort. Il m'a bien envoyé quelque chose. Un poème plutôt joli et il signe avec un étrange pseudonyme 'Le gardénia au clair de Lune'. Mais attends, je vais te le lire. » finit-elle en commençant à fouiller dans ses fontes d'un sabot expert pour en sortir une enveloppe blanche scellée à la cire..
Et Elle lui lut sur un ton éduqué, respectant chaque pied du poème et en y apportant une musicalité que même Unity en l'écrivant n'avait pas pensé possible. Elle lisait la lettre avec un petit sourire satisfait, aussi sublime qu'Elle pouvait être Elle restait une femme et les femmes (comme les hommes d'ailleurs) appréciaient que l'on flatte leur ego. Une fois la lecture terminée, Elle sautilla sur place, toute heureuse et dit :
« Je ne sais pas qui c'est mais il sait comment me faire plaisir. Mais peut-être que c'est ça que j'aime aussi, le mystère, l'inconnu, les lettres signées d'un pseudonyme... C'est si plaisant ! »
« Tu as toujours aimé les romances classiques, cela te ressemble bien. Et j’adore ta façon de lire les poèmes, tu m’avais caché ce talent. » dit Unity en riant derrière son sabot.
« Oui, hein ? C'est si rare de nos jours. Mais je te fais confiance pour garder ça pour toi. Si ça devait jaser à ce sujet, je devrais en parler à tout le monde et ça perdrait de son charme si... romantique. Je reviendrai te lire ses poèmes, si j’en reçois d’autres. »
« Ai-je déjà rompu une promesse ? » dit-il avec le sourire, heureux à la perspective de voir sa réaction à chacune de ses futures lettres.
« Non, c'est vrai et c'est pour ça que tu es mon meilleur ami. Oh, j’ai une autre nouvelle. Apparemment, PonyVille va compter un nouvel habitant et j’ai été commissionnée par la maire pour lui servir de guide. Il devrait arriver d’ici trois quatre heures. La barbe... Pourquoi c’est toujours à moi de servir de larbin pour ce genre de choses. »
« Aucune idée, peut-être parce que tu es la seule parmi tes collègues à pouvoir le faire ? » dit-il en souriant.
« Je m’en passerais bien de ce genre de reconnaissance. Mais bon, peu importe, allons nous promener ! »
Ils passèrent la journée à se balader dans Ponyville, visitant de noumbreux magasins, se reposant près du Grand Parc, se disputant sur qui de Célestia ou de Luna était la meilleure monarque, lui défendant Luna et Elle sa sœur. Le temps fila bien trop vite et lorsque le soleil commença à se cacher derrière les toits des plus hautes maisons (Unity suspectait l’astre solaire d’avoir acceleré sa course simplement pour réduire le temps passé avec sa compagne), ils se dirigèrent vers la gare. Le train venait d’arriver de Canterlot et le grondement du moteur magique était encore audible. De nombreux poneys descendirent des wagons et certains bousculèrent le duo nouvellement arrivé, l’un d’eux gratifia même Unity d’un :
« Dégage ! »
Cet impératif eut un effet immédiat, le sang reflua du visage de la licorne et alors qu’il s’apprêtait à ruer violemment sur celui qui avait osé lui donner un ordre, un sabot ferme mais doux à la fois se posa contre son flanc. Elle avait tout vu et lui dit :
« Calme toi, Unity. Je sais ce que tu ressens mais ça n’en vaut pas la peine. »
Sa voix était apaisante et il se calma presque aussitôt même si le regard qu’il lança au poney déjà loin était assassin. Personne ne lui donnerait jamais d’ordre. Plus jamais !
Une fois l’incident clos, ils virent tous deux une licorne céruléenne semblant chercher du regard quelqu’un. Elle sourit en le voyant et Unity dit, les nerfs encore à vifs :
« Si tu as trouvé ton poney, je vais te laisser, j’ai besoin de me calmer. »
« Je comprends et puis de toute façon ce ne sera pas très passionnant. Bonne journée Uni’. » dit-elle alors qu’il s’en allait et qu’Elle se dirigeait vers le nouvel arrivant.
Il regretterait toute sa vie de ne pas avoir décidé de rester.
Quittant les rues de Ponyville, il décida de faire un tour près de l'Everfree Forest. Apparemment, Lux avait du boulot de ce côté-là aujourd'hui et après ce petit rendez-vous, il avait besoin de discuter avec quelqu'un. Il avait encore réagi violemment à une phrase impérative, cela ne changerait décidément jamais. Depuis qu’il était entré à l’école primaire de Ponyville, il y a de ça bien des années auparavant, il avait été stigmatisé et, pour dire le moins, assailli de moqueries. Tous les poneys “normaux” y allaient de leurs petites remarques : “Dégage le blanc”, “Rentre chez toi, le laid”, “Monstre, va-t-en”, les enfants étaient décidément de merveilleuses choses. Il tentait de faire face mais seul face au nombre, on ne gagne pas souvent. Évidemment, comme dans toute histoire plus ou moins heureuse, le pauvre persécuté obtient la protection d’un chevalier de lumière. En l’occurrence, celui-ci s’appelait Lux et avait la particularité de calmer l’atmosphère partout où il allait... ça ou ses muscles savaient dissuader les plus... vindicatifs. Toujours est-il que ce mauvais traitement l’avait marqué, et maintenant chaque ordre, même le plus banal, le mettait en boule et il s’y opposait farouchement comme pour se protéger.
Se calmant peu à peu, il tenta de penser à autre chose et une soudaine réalisation balaya sa fureur futile. Elle avait adoré la lettre ! Il sautilla dans tous les sens de façon ridicule et niaise mais peu lui importaient les autres, elle avait trouvé ça « romantique » ! Comme il était bon d'être en vie !
« J'savais que t'étais un original, Uni' mais là tu fais fort. Heureusement qu'y a qu'moi ici, hein ? » dit une voix rieuse et familière.
« Euh... hem, oui. Bonjour Lux. » répondit confusément Unity.
« J'suppose que t'es pas là pour m'montre com' t'es beau quand tu sautes comme une gamine. C'est qu'j'ai du boulot, mine de rien. » continua t-il en haussant un sourcil.
« Non, évidemment que non. Je veux juste te dire que ton conseil a marché du tonnerre de Célestia ! »
« Mon conseil ? » Il fit mine de réfléchir, « Quoi, t'as tiré ton coup ? » hasarda-t-il sans trop y croire.
« Mais non, idiot. Je lui ai écrit une lettre ! Je n'arrive toujours pas à croire que je n'y ai pas pensé seul, c'était tellement simple. » dit la licorne avec un sourire béat.
« C'est tout toi, t'exciter pour un rien. Mais bon, c'pas moi qui vais te faire la leçon sur l'excitation, tu m'connais bien. Bref, tu lui as dit que c'était toi ? T'avais pas un rendez-vous avec elle aujourd'hui ? »
« Pour te répondre, monsieur 'Je saute tout ce qui a quatre sabots et une cutie mark', non je ne lui ai pas dit que c'était moi et ça n'a pas été un mal, elle a adoré ! »
« Unity... » Lux cracha sur le sol derrière lui, politesse minimale, « T'es sûr de vouloir continuer dans l'anonymat ? J'ai promis de rien dire et j'm'y tiendrai mais mon vieux, paix à son âme, disait que'qu'chose de très vrai : « Au jeu de l'amour, ce n'est pas la prudence qui l'emporte. » Ou un truc dans ce goût-là. J'veux pas te voir malheureux. » déclara-t-il avec un ton sérieux, fort rare chez lui.
« Ne dis pas n'importe quoi, elle était ravie ! Tu aurais dû voir son visage. Un enchantement ! » répondit Unity, sourd au conseil de son ami.
« Et bien, si tu l’dis. En tout cas, j'suis heureux de te voir comme ça, ça change de d'habitude. » dit Lux en riant. « Maintenant, tu m'excuseras mais si les nuages d'orage sont pas au d’ssus de l'Everfree d'ici trente minutes, je vais me faire déglinguer par mon boss. »
« Oh, désolé. Merci encore pour ton conseil. »
« Pas d'quoi. Les amis sont là pour ça, non ? »
Le pégase s'envola. La licorne s'en alla. L'un devait faire en sorte que l'Everfree devienne un chaos de sons et lumières, l'autre avait d'autres lettres à écrire. Cette correspondance par pseudonyme continua des mois durant. Jusqu'à ce qu'arrive la fête des amoureux, Hearts and Hooves Day.
***
Cher journal, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écrit sur tes pages. Tu as dû te sentir bien seul... Et bien, laisse moi partager avec toi cette solitude. Tu ne le sais sans doute pas mais il y a deux mois, une licorne du nom de Sirius est arrivée en ville. Il s'est vite lié d'amitié avec la majorité des poneys de PonyVille car il est beau et assez poli. Tu me connais depuis le temps, cher journal et tu sais qu'hier était la fête de l'amour par excellence, j'avais prévu ce jour là de, finalement, me déclarer comme auteur des lettres. Le jeu avait duré assez longtemps et au vu de l'excitation croissante que cela faisait naître chez Elle, je me disais qu'une fois que je lui aurais dit nous pourrions être ensemble... Mais rien ne se passe jamais vraiment comme prévu, n'est-ce pas ? Elle est venue vers moi, au bal de Ponyville du jour, elle était magnifique dans cette robe blanche aux reflets perlés, je n'avais jamais rien vu de tel même pas lors des précédents bals, elle semblait radieuse et cela m'a rendu heureux.
Elle s'est approchée de moi et me murmura à l'oreille qu'elle allait se déclarer à Sirius... Cher journal, je te prie de me croire lorsque je te dis que le désespoir m'enserra le cœur dans une poigne glacée et étouffante. Elle m’avait effectivement dit qu’il ne lui était indifférent mais... Sans doute pensais-je qu’il était impensable qu’elle puisse aimer quelqu’un d’autre... Tout mon être hurlait de chagrin à cette annonce, il me hurlait de refuser cette abomination, refuser qu'elle soit à un autre que moi. Et tu sais ce que je lui ai répondu ? Non, vraiment... Devine... QUE PENSES-TU QUE J’AI RÉPONDU EN TANT QU'IDIOT DU VILLAGE ?
« Mais c'est magnifique ! Je savais que tu en pinçais pour lui. »
Ce petit parvenu de Canterlot osait me voler la seule chose que j'avais jamais chérie ? La seule chose qui me prenait pour un être équin et pas pour une erreur de la nature ? Cette sous-merde, cette engeance de putain ne me volerait pas ce que j'avais de plus cher ! Il ne me volerait pas mon Amour. Pendant le reste du bal, je m'enfonçai dans le crâne que Sirius était un fieffé enfoiré et qu'il ne méritait pas ne serait-ce qu'un fil de Sa crinière, que c'était un rustre incapable de l'aimer comme je le pouvais, moi ! Unity la licorne ne serait pas vaincu par ce crétin... CETTE ABJECTE CREATURE ! Oh, il allait payer. Je me suis saisi d'un de ses ustensiles en argent tranchant qui traînait sur le buffet. Le poids de l'arme était rassurant. Je me suis caché dans un coin sombre, en dehors de la mairie. Et j'ai attendu. Patiemment. Tranquillement. Je n'ai pas esquissé un seul mouvement, j'étais une statue de marbre, impassible et immobile... Je ne pensais qu’à une seule chose.
Lorsqu'il sortit, je me suis approché. Sa simple vision m'emplissait de dégoût et de haine. Un voile rouge descendit devant mes yeux et au moment où j'allais me jeter sur lui... Elle sortit également de la mairie et ils s’enlacèrent amoureusement. À ce moment précis, ma haine fondit instantanément. Elle souriait de tout son cœur. Un sourire qui ne cachait rien, un sourire qui disait : « Je t'aime ». Ce sourire trouvait son reflet sur le visage de Sirius. Je laissai alors tomber ma lame sur la terre meuble et laissai mon cœur se résigner à la défaite... Et puis, une question s’imposa à moi alors que l’absurdité de ma réaction me prenait au corps : pour quelle raison voulais-je le tuer ? Pour Elle ou pour moi ? Si je l'aimais vraiment... (des larmes rendent un passage du texte illisible.) ...la laisser vivre heureuse là où elle pense pouvoir trouver le bonheur ? Lorsque je regardai le couteau à nouveau, je me sentis souillé. Je me dégoûtais. Proprement et simplement. Comme il est amusant de voir à quoi se résumait parfois nos actions. Je ne voulais pas d'un amour de possession... Mais cela me fait mal de la voir avec un autre, cher journal. Aucun mot sur cette Terre ne serait assez fort pour illustrer la douleur sourde que j'ai au milieu de la poitrine, cette impression de vide, comme si mon cœur ne battait plus, comme si la résignation me lacérait à chaque instant. J'ai écris une autre lettre pour elle, laisse moi te la lire... s'il te plaît.
Mille et un champions désiraient vos faveurs,
Qu'importent les épreuves, qu'importe la douleur.
Seul un en ressortit vainqueur.
Je vous dessinais dans la nuit et les nuages,
Maîtresse de la Lune régnant sans partage
Sur mon cœur qui fut bien trop sage.
J'essuie une défaite, je suis vulnérable.
Cependant, mon Amour pour vous n'est pas de sable.
Marées ne briseront ma fable.
Gardénia dans mes mots, Fuchsia dans l'âme,
Humble dans la défaite, devant vous je me pâme,
Vous, authentique Belle Dame.
Sachez que jamais je ne cesserai d'aimer,
Celle qui fut et qui est une reine enchantée,
Déesse d'un cœur subjugué.
Le gardénia au clair de Lune
***
Combien de jours Unity fut-il le témoin muet de l'amour s'épanouissant de jour en jour de sa dulcinée et de Sirius. Combien de temps observa-t-il avec mélancolie les deux amants s'embrasser en rougissant. Réactions infantiles mais comme le disait feu le père de Lux : « Nous sommes tous des enfants face à l'Amour. Il n'est rien de plus grand ni de plus fort... ni de plus fragile. »
Ironie du sort, farce du destin, Sirius et lui devinrent bons amis. La licorne de Canterlot était sincère, éduquée mais modeste et surtout il aimait de tout son cœur celle qui partageait son amour. Chacune de ses qualités blessaient Unity car son cœur ne trouvait aucune raison de le haïr et Luna savait combien il avait essayé. Affable au premier abord, il avait tenté de le cerner, cherchant chaque défaut qui pourrait lui permettre de se dire « Je vaux mieux que lui. » Mais la triste vérité était là : il ne valait pas mieux que lui. Sirius pouvait être prétentieux mais jamais blessant, il pouvait être colérique voire violent mais il pardonnait aussi vite qu'il s'énervait. Sirius et Unity étaient similaires en bien des points finalement. Cependant, le point crucial, la différence fondamentale, c'était que Sirius n'était pas un albinos. Unity apprit en revanche que s’il avait choisi de venir à Ponyville c’était pour ses problèmes cardiaques, les médecins lui avaient conseillé un environnement calme à l’air sain et Ponyville n’était pas si loin de Canterlot.
Deux mois, quatre jours et trois heures après la défaite d'Unity, Sirius vint à sa porte. Sa visite était d'autant plus inattendue que le damné chanceux qu'il était avait rendez-vous avec Elle pour une soirée romantique. Ouvrant la porte, il fut dépassé rapidement par un Sirius surexcité :
« Et bien, que se passe-t-il, Sirius ? Tu es poursuivi ? » demanda l'albinos, véritablement surpris.
« Oh, Unity, je me suis enfin décidé ! C'est ce soir ! Je vais lui demander ce soir ! » dit Sirius avec de l'extase dans la voix. Il était tellement heureux (pour une raison inconnue) que sa queue s'agitait de partout, manquant de faire tomber un vase de porcelaine à plusieurs reprises.
« Quoi ? Que vas-tu lui demander ce soir ? » demanda Unity, un doute terrible le prenant. Ils savaient tous deux de qui il parlait.
« Oh, Unity ! Je vais finalement la demander en mariage ! J'ai même la tiare, regarde ! » dit-il en exhibant un coffret sombre dans lequel se trouvait une couronne de bleuets d'un bleu délicat.
Si le monde s'éclaire en présence de l'être aimé, il existe un équivalent opposé... Unity sentit le sol se dérober sous ses pieds et il crut tomber dans un abîme sans fin. Le mot « mariage » résonant sans fin dans son crâne, un spectre rieur semblant virevolter autour de lui comme pour se moquer cruellement de son infortune. Il pensait avoir été dévasté lorsqu'Elle avait choisi Sirius mais le désespoir qu'il ressentait actuellement n'avait rien de comparable. Le mariage c'était comme lui refuser à jamais la chance de pouvoir la récupérer. Mais il ne pouvait pas agir contre son ami... qu'il soit son rival en amour n'importait pas ici.
« Eh, Unity, tu m'écoutes ? » dit Sirius.
« Euh... quoi ? Ah oui, oui. C'est formidable ! » répondit Unity d'une voix à peine enthousiaste.
« Il y a un problème ? Tu as l'air pâle. » demanda-t-il en souriant.
Unity tiqua à la remarque... La blague n'était pas drôle mais étrangement cet agacement lui fit reprendre un peu le dessus, pour un moment.
« Ce n’est pas un peu rapide ? Je veux dire... Je suis très heureux pour toi mais... vous ne vous connaissez pas depuis assez longtemps pour ça, si ? »
« Nous nous aimons, Unity. Il n’y a que ça qui compte et puis, je pense qu’elle n’attend que ça. »
Unity serait bien en mal de le contredire. Elle était une romantique jusqu’au bout des ongles et une demande romantique pendant un diner était sûr de la ravir. Mais il avait une autre remarque à faire.
« Dans ce cas, il y a un souci : la couronne. Elle n'aime pas le bleu. Elle risque de lui déplaire... fortement. »
« Oh non... Tu es sûr que ça va la rebuter à ce point ? Je sais que ce n’est pas sa couleur favorite mais regarde comme ces fleurs sont belles... Oh non, j’ai gaffé... comment dit Lux déjà “Je me suis vautré à deux mètres du bol de cidre” ? »
« Oui, c’est bien son genre de formule. (Il prit une grande inspiration) Mais attends j'ai une idée pour te sauver la mise. »
Unity se dirigea vers son secrétaire et en ouvrit le second tiroir. Un petit coffret noir s'y trouvait, fortement similaire à celui que tenait Sirius. L'ironie se poursuivait jusqu'au bout. La couronne de sa mère allait bien être ceinte par l'élue de son cœur mais ce n'était pas Unity qui la lui remettrait, ni qui pourrait l'admirer orner le plus beau des joyaux qu'Equestria ait jamais connu. Il se saisit du coffret et l'ouvrit lentement. Bientôt il put apercevoir la magnificence d'une tiare de tulipes rouges. Elles étaient aussi fraîches qu'au premier jour, c'était la beauté de la magie licorne, comme sa mère avait dû être belle avec de son vivant. Il referma le coffret de bois sombre et le tendit à un Sirius médusé.
« Mais je ne peux pas accepter ! Je sais ce que cette tiare représente pour toi. C'est un leg de ta mère, non ? »
« Crois moi, Sirius. Elle le vaut bien... Et je suis sûr que c'est ce qu'elle aurait voulu. » dit-il ne pouvant plus retenir ses larmes. Quelle ignoble farce !
« Désolé d'avoir fait remonter de mauvais souvenirs, Unity... Mais si tu me l'offres en toute amitié... je vais accepter. » répondit la licorne se méprenant sur les raisons des pleurs de son ami.
Il posa son sabot sur le coffret renfermant la belle tiare et la rangea dans les fontes qu'il portait sur le dos. Puis ils se prirent l'un l'autre dans les bras.
« Merci Unity. Tu es un véritable ami. Je ne sais pas comment te remercier... »
« Rends la heureuse, Sirius. C'est tout ce que je te demande. C'est tout ce que je te demande... » dit il d'une voix éteinte.
« Je te le promets mon ami. Elle sera comme une reine avec moi ! Et je ne voudrais pas subir les foudres de son meilleur ami. » rétorqua-t-il en mettant fin à l'étreinte, tout sourire.
Il sortit par la porte d'entrée, ne laissant derrière lui que son absence et une licorne prise dans un maelström doux-amer. Son malheur de vaincu le disputait à sa joie pour sa dame. Sirius serait un bon étalon... et Elle l'aimait. C'était tout ce qui importait, c'était tout ce qui devait importer. Il sortit un instant dehors, il allait bientôt pleuvoir sur les environs de la colline. Il la gravit et s'allongea sur le ventre, le regard perdu vers le ciel et ses nuages sombres. Lorsque les premières gouttes tombèrent du ciel et s'écrasèrent impitoyablement sur le pauvre albinos, personne n’aurait pu dire où commençait les larmes et où s'arrêtait la pluie.
***
Bonsoir cher journal, décidément je te délaisse de plus en plus. Mais aujourd'hui était une journée forte en émotions. Aujourd'hui, ils se sont mariés et je suis heureux. Je me doute que cela doit te surprendre, après tout j'ai toujours été quelqu'un de très mélodramatique, je réagis à l'extrême toujours et tout le temps, c'est à croire que je suis un sentimental. Blague à part, j'ai été touché plus que je ne saurais le dire par la demande de mon amour et de Sirius. Ils m'ont demandé d'être leur témoin de mariage ! À partir de là, je t'avouerai que j'étais extatique (oui j'ai eu le temps de digérer le choc pendant le mois qui a suivi la demande en mariage de Sirius, ce fut un long passage à vide... je me suis posé beaucoup de questions sur moi, ma vie et ma valeur en tant que licorne. C'était assez... douloureux. Mais passons.)
J'ai évidemment aidé Lux et les organisateurs à préparer la plus belle des fêtes de mariage. Qui aurait cru que mon rustre ami pégase soit capable de tant de goût en ce qui concernait la mise en scène. Mais j'y reviendrai plus tard. Nous avions préparé quelques surprises pour les mariés, et moi pour Elle.
Toujours est-il que vint le moment de la cérémonie. Sirius était presque tétanisé de nervosité et lorsqu'il ne déblatérait pas à longueur de temps qu'il « ne pourrait pas y aller », il se recoiffait furieusement la crinière, réajustait ses vêtements et se regardait dans une glace. Encore un peu et je craignais qu’il ait une attaque juste avant la cérémonie. Je le comprenais parfaitement... au meilleur jour de la vie d'un poney, on voulait que tout soit parfait. Je tentais de le calmer, le rassurant, le flattant sur son allure afin de lui ôter sa nervosité qui faisait écho avec la mienne silencieuse. Un sentiment que je connaissais fort bien. Il finit par se calmer et sursauta à peine lorsque les musiciens entonnèrent la marche nuptiale. Tout cela commençait fort bien.
Je rejoignis Lux au premier rang, laissant Sirius procéder jusqu'à l'autel. Lorsque je fus près de lui. Il me regarda d'un air chagrin et essaya de dire quelque chose mais les trompettes de cuivre l'interrompirent pour annoncer la venue de Celle que je ne cesserai jamais d'aimer qu'en secret. Oh, cher journal... Mes mots se perdent... Elle était plus belle que je n'aurais su le dire, dans cette robe blanche immaculée elle ressemblait à la plus parfaite des créations d'Equestria. Plus belle que les nymphes des légendes, plus divine que les Déesses... Tout semblait si irréel et pourtant si beau, j'étais dans un rêve lucide et j'admirais. J'admirais pendant de longues secondes sur un air millénaire sa démarche élégante, raffinée et posée. Je me faisais l'effet d'un mortel trop curieux qui assistait à la naissance d'une nouvelle divinité car, cher journal, si son allure était d'une beauté indicible, que dire de son expression ? Elle était radieuse.
Je sais que j'idéalise tout mais si tu avais pu voir comme moi ce sourire, cette brillance dans ses yeux en s'approchant de Sir... de l'autel. C'était enchanteur. Son bonheur irradiait l'assemblée et embaumait mon cœur dans une couverture de contentement. Lorsqu'elle arrivait à l'autel et que le silence se fit presque total, Lux se pencha à mon oreille et demanda :
« Uni', tu es vraiment d'accord avec ça ? »
Il n'avait pas besoin de préciser sa pensée, elle était limpide. Je tournai ma tête vers lui et lui dit dans un murmure, un sourire sur les lèvres.
« Non, évidemment que non. Mais regarde la. »
Il n'en eut même pas besoin, il l'avait vue comme moi, ce sourire sincère, irradiant le bonheur. Il posa son sabot sur mon épaule et dit en détournant le regard :
« Tu as trop attendu, Uni'... »
« Je sais, Lux. Je sais. » ai-je dit alors d'une voix à peine plus audible qu'un murmure.
J'ai retenu mes larmes. Le temps n'était pas à la tristesse mais à la célébration. Le Haut-Prêtre de l'ordre solaire, un vieux poney extrêmement gentil, commença son habituel discours sur un ton affectueux. Je la connaissais par cœur cette litanie et en mon cœur, je la répétais. Chaque mot, chaque syllabe, comme un serment personnel. Je fermai les yeux et lorsque le Haut-Prêtre posa la traditionnelle question à Sirius :
« Jurez vous de la chérir et de la protéger, dans le bonheur comme dans l'adversité, dans la joie comme dans la peine et ce, jusqu'à ce que la mort vous sépare ? »
Je fis alors la même promesse que Sirius. Simplement, ce serment-là resterait dans le secret de mon âme.
« Oui. »
Ils se déposèrent mutuellement leurs couronnes de fleurs sur la tête, le rouge des tulipes rendant encore plus fantasmatique la dame de mes vœux. Quant à elle, c'est une couronne de camélias qu'elle déposa sur sa tête. Les fleurs étaient magnifiques et bien qu'elles aient un sens différent des tulipes rouges, cela restait un gage d'amour inestimable. Mais je suis sans doute le seul avec Elle à connaître le sens des fleurs... Ce n'est pas Sirius qui pourrait lui dire pourquoi les tulipes rouges étaient un des symboles les plus forts ni.... Mais je m'égare, l'amertume ne s'en va jamais vraiment, et aussi beau que soit « le sacrifice », je ne sais si je m'en remettrai un jour. Sans doute que non.
Lorsqu'ils sortirent de l’Église, la surprise de Lux se fit jour. Littéralement. Il avait demandé à son boss la permission pour faire une lente trouée dans ce ciel couvert. Ainsi lorsqu'Elle posa le premier sabot sur le parvis, un rai d'or fin l'enveloppa. C'était terriblement théâtral mais incroyablement saisissant, c'était... magique, il n'y avait pas d'autres mots. Quant à moi, je créai une arche florale qui reliait le parvis à leur diligence. Ce sort m'avait demandé des mois de préparation... et un peu de cette poudre bleue qui servait d'excitant magique et que j’avais eu du mal à me procurer. Ce fut ainsi une arche de tulipes rouges et de camélias qui sortit de terre comme pour honorer les mariés de leurs couleurs et de leurs parfums singuliers. Je manquai tourner de l'oeil, je te l'avoue, mais encore une fois voir ce sourire surpris mais ravi vaut bien ce petit désagrément n'est-ce pas ?
La suite de la soirée fut beaucoup moins mémorable si l'on excepte le fait que Lux est un « putain de bon buveur de cidre hips », (en Luxéen dans le texte.)
Cher journal, je sais ce que tu penses. Tu te dis que je suis bien trop calme à propos de tout ça, que je devrais me morfondre plus que ça après avoir vu mon amour se faire dérober par un de mes amis. Mais je ne ressens plus désormais qu’une sorte de permanente mélancolie. Je ne déprime plus mais la résignation s'est tellement ancré en moi que cela en est étrangement confortable. Je l'aime toujours autant mais j'aime à croire que mon amour sans retour peut encore trouver du contentement dans Sa proximité. Je ne veux pas la contrôler, simplement pouvoir être à ses côtés. C'est étrange, n'est-ce pas ? Quel genre de poneys se laisserait faire ainsi, n'est-ce pas ? Et bien, un albinos traité comme tel par les autres est sans doute la réponse... En vérité, je ne sais pas, il n'y a pas de réponse. Peut-être suis je vraiment un poney véritablement amoureux de sa princesse et ne voulant que son bonheur... ou bien ne suis je qu’un couard qui accepte tranquillement sa défaite sans tenter de changer la donne ? Comment vraiment en être sûr ?
Ce sera tout pour ce soir, mon ami. Il est temps que je me repose.
***
Après cela, les années passèrent sans se ressembler, Unity alternant entre ses études en herboristerie et les quelques trop rares visites aux nouveaux mariés. Ils s’étaient installés chez Sirius et vivaient une petite vie de couple tout à fait charmante. Ils étaient heureux au possible et Unity souriait toujours en les croisant. Qui resterait de marbre en voyant un tel bonheur ? Pas Unity en tout cas. Mais un jour, un événement imprévu perturba la surface lisse de la routine. Ce caillou dans la mare arriva une journée d’été, deux ans exactement après leur mariage. Elle était enceinte.
Tout le monde était ravi. Lux donna un coup de sabot amical dans les côtes d’un Sirius extatique tandis que Unity, lui, se tenait près d’Elle, caressant son ventre. Elle était allongée sur son lit et sa crinière ébouriffée était définitivement drôle à voir. D’ailleurs, Elle boudait Unity qui semblait se moquer d’Elle alors qu’en réalité il n’était que le spectateur de la plus belle chose qui pouvait arriver à un couple. La concrétisation de l’Amour par l’enfant. Un petit poulain qui apprendrait de ses parents comment était le monde, ce qu’il fallait savoir de toutes ces choses que l’on craint quand l’on est enfant, tous ces petits savoirs pour nous qui représentent le monde à leurs yeux. Une si petite chose née de l’Amour qui représentait le monde pour ses parents.
Le sabot d’Unity glissait sur la fourrure ventrale et s’il était véritablement heureux pour Elle et Sirius. Il ne pouvait pas non plus s’empêcher de voir ce que ne serait jamais cet enfant. Son enfant. Cette pensée... C’était insupportable. Il se jura alors que, faute de mieux, il serait là pour le voir grandir. C’était une pensée apaisante... lui qui croyait qu’il avait su tomber dans une sorte de stase amoureuse, elle était belle la stase !
Onze mois plus tard, Lux frappa violemment à la porte d’Unity et hurla, de la peur dans la voix.
“UNI’, on a un problème ! Le bébé arrive et Sirius vient d’faire une attaque. Connerie de cœur à la con ! Il faut que tu m’aides à les emmener à l’hopital, j’peux pas porter une jument pleine et une licorne adulte tout seul !”
Unity ne perdit aucune seconde. Elle avait besoin de lui. Son ami était en danger. Prenant à peine une seconde pour prendre sa sacoche de médicaments, il se mit à courir comme si tous les démons du Tartare étaient à ses trousses. Ses sabots claquants contre les pavés de Ponyville étaient des sons à peine audibles comparés aux tambourinements de son cœur. Il déboula dans la maison du couple sans formalité précédé par un Lux agité. Sirius était contre un mur et respirait difficilement. Une seconde attaque était toujours possible mais c’est la figure éplorée et tordue de douleur de sa Belle qui l’inquiéta le plus. Devant la panique générale, il se sentit étrangement calme, presque détaché. C’est sur un ton qui n’admettait aucune réplique qu’il donna ses directives :
“Lux, tu t’occupes de Sirius. S’il n’est pas traité, il risque de nous claquer entre les doigts. Il n’est pas en état de gérer la panique. Emmène-le à l’hopital. Porte-le si besoin est. Je me charge du bébé. Mais envoie-moi un docteur rapidement.” dit l’albinos, la voix déterminée.
Lux lui fit confiance sans poser de question. Il connaissait bien son ami et cet air sérieux. Il se mit rapidement en route, une licorne fébrile sur son dos, pour filer comme le vent par la porte. Unity se rapprocha d’Elle. Elle était sur le lit et haletait de façon rapide et répété. La douleur se lisait dans ses yeux, Elle avait vu son mari faire une attaque et personne n’avait été là pour la soutenir. Lux avait dû passer par là, par hasard sans doute. Usant de son expérience en matière médicale, il se positionna près d’Elle et lui caressa la crinière pour la calmer.
“Ne t’inquiète pas, tout va très bien se passer. Tu peux me faire confiance, ton bébé arrivera au monde en parfaite santé. Je t’en fais le serment.”
“Et... et Sir-AHHHHHHH” éructa-t-elle alors, prise d’une violente douleur.
“Lux s’en occupe, respire profondément.” dit-il en lui mettant sous le nez un flacon ouvert, contenant une pâte odorante aux vertus anésthésiques. Il transportait toujours quelques onguents dans ses fontes pour les cas de force majeure comme ceux-ci.
Elle sembla se calmer et dit entre deux respirations plus profondes, les larmes aux yeux :
“Merci Uni’, vraiment merci... Tu es un amour. Je te revaudrai ça un jour.”
“Et si tu essayais déjà de faire en sorte que ton bébé puisse voir à quoi ressemble sa superbe mère ? Allez, prends une inspiration et pousse de toutes tes forces, le bébé ne craint rien.”
Et c’est ce qu’elle fit. Elle était admirable, malgré le calmant, il savait combien les contractions étaient violentes et combien mettre au monde pouvait être douloureux. Tu es sublime, pensa-t-il.
L’accouchement fut assez rapide, les poneys mettant en généralement quelques minutes pour l’ouvrage mais pour Unity, ce furent les minutes les plus longues et les plus stressantes de toute sa vie. L’extraction du poulain avait été des plus délicates d’autant que ses membres antérieurs avaient eu du mal à s’extirper du ventre de sa mère. Cependant, il était venu au monde en parfaite santé. Unity avait désormais littéralement l’essence de l’Amour dans ses ses bras et ce petit être fragile observait le monde avec un regard tout innocent, un sourire sur le visage. Il le présenta à sa jeune et jolie maman épuisée qui lâcha des larmes de joie à la vue de son fils, une petite licorne. Il était tellement mignon. Instinctivement, il La prit dans ses bras, les enserrant tous deux avant de dire en regardant la petite licorne si frêle et pourtant si vivante :
“Bienvenue au monde, petit gars.”
Lux et un poney en blouse blanche arrivèrent quelques minutes plus tard, surpris de voir que l’accouchement s’était bien passé. Lux sourit en voyant un Unity endormi près d’une mère et de son enfant. Le stress retombé, il s’était endormi. C’était bien son genre ça, éviter à tout prix les honneurs.
Mais qui pourrait en vouloir à un poney avec un sourire pareil sur le visage ?
***
Cher journal, aujourd’hui encore le petit Espoir et moi avons joué toute la journée ensemble. À quatre ans déjà, il est aussi vif que le vent et plutôt sportif pour une licorne, il est débordant d’énergie et pour un peu, il serait capable de m’épuiser si je ne le chatouillais jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus ! Ah, quelle belle journée que celle d’aujourd’hui ! Le ciel était d’un bleu profond et les nuages semblaient comme des morceaux de “Babapapa” comme l’aurait dit si bien ce petit Espoir.
Cette journée était merveilleuse, elle restera comme tant d’autres similaires dans mon esprit comme ces petits morceaux de bonheur que l’on garde dans le coffre de son cœur pour les ressortir au coin du feu. Oh, devine quoi ? Espoir a maintenant pris l’habitude de m’appeler “Tonton”... Il est vraiment génial ce petit gars ! Et tu sais quoi ? Il s’est mis en tête que les étoiles étaient des diamants que Luna jetaient la Nuit dans le ciel pour faire des “jo’i dechins”, je me demande si ce n’est pas Lux qui lui a fourré ça dans le crâne ou si l’idée lui est venue instinctivement mais j’ai trouvé ça mignon et quelque part, je me dis que ce n’est pas une mauvaise vision de la chose. Les enfants sont plus simples que nous autres, les adultes.
Ceci dit, Espoir est un petit gars très curieux. Hier, alors que je lui parlais des fleurs et de leur langage, il m’a demandé si je pouvais lui apprendre ce que chaque fleur voulait dire parce que, ce que je ne savais pas, la fête des Mères approchait et que, crois le ou non, Espoir se prenait très au sérieux quand on parlait de sa maman. Oh... mon ami, tu devrais voir ce petit bout de chou courir vers sa mère, les yeux pleins de joie et d’amour. Magnifique moment.
Ainsi donc, je lui ai parlé des significations de toutes les fleurs de la belle rose rouge à la charmante fleur de lavande. Quand je parlais, il ne m’interrompait jamais... enfin, plus depuis que je lui avais hurlé dessus pour m’avoir un jour dit “Stop”, je te l’ai déjà dit très cher Journal mais mes réactions face à l’impératif ont toujours, et peu importe qui l’employait, été assez vives. Je crois que c’est ce jour-là que j’ai dû m’excuser après coup pour l’avoir fait pleurer. Je me suis senti honteux de cet événement et crois bien qu’Elle me le faisait souvent remarquer. Si Elle était bien une seule chose, c’était protectrice avec Espoir... Luna, si jamais quelqu’un tentait de s’en prendre à lui, je loue déjà une place au cimetière de Ponyville pour l’agresseur, ça ira plus vite. Bref. Donc, il ne m’interrompait jamais si ce n’est pour me poser une ou deux questions qui restaient simples dans l’absolu mais auxquelles je répondais avec un sourire sincère. Et le jour de la fête des Mères, il lui offrit un gros bouquet de delphiniums d’un bleu fort délicat. Je pense n’avoir jamais vu un duo de sourires aussi magnifique depuis son mariage.
Je crois que si j’aime autant Espoir, c’est qu’il ne m’a jamais regardé avec ce regard étrange que l’on me jetait parfois. Ce regard qui criait “Tu es différent, monstre.” Finalement, ce petit gars m’avait plus apporté en naissant que moi avec tous mes cours sur les fleurs. Mais au fond, c’est pour ça que je l’aime de tout mon être.
Mais il est d’autres sujets moins heureux dont je dois te faire part.
Sirius est très heureux aussi mais... depuis sa dernière attaque, il y a quatre ans, sa santé ne fait que s’aggraver. Tu devrais le voir, il fait peur à voir. Je ne m’en rendais pas compte mais Sirius est paniqué par l’idée de mourir comme ça, d’un claquement de doigt. Il ne sort presque plus, ce qui rend mes journées avec Espoir d’autant plus rares. J’ai peur cher Journal... J’ai peur pour lui, pour sa vie, pour Elle et pour Espoir. Que se passerait-il si, du jour au lendemain, il disparaissait ? Cette question me hante car je n’imagine même pas la douleur qu’Elle ressentirait... ni la mienne. Mais l’état mental de Sirius m’inquiète également.
Depuis l’année dernière (ou peut-être qu’il s’était simplement retenu de m’en faire part), Sirius a compris. Il a compris mes sentiments envers Elle. Et cela ne lui a pas plu. Oh, bien sûr, il ne m’a pas fermé sa porte au nez, il se sent toujours redevable pour la mise au monde d’Espoir. Mais je sens en lui de la frustration, elle n’est pas réellement dirigée vers moi je pense. Il a peur de perdre le bonheur qu’il a obtenu, soudainement, comme on soufflerait sur une bougie et je crois qu’il en devient paranoïaque. Il était si gentil et prévenant auparavant et maintenant tout n’est que politesse froide et courtoisie cordiale.
Je ne lui en veux pas. C’est un de mes seuls amis et il vit dans la peur constante que Célestia et Luna le renvoient soudainement aux Champs Elyséens, laissant poulain et jument derrière lui. Je... ne sais pas quoi faire. Toutes mes médications ne soigneront pas le mal dont il souffre. Je me sens impuissant à aider mon ami et cela me pèse.
Ne puis-je donc rien faire ? Serai-je condamné à enterrer mon ami ? Espérons que non, après tout, l’air de Ponyville lui fera peut-être du bien... n’est-ce pas ?
Ce sera tout pour ce soir mon cher ami. Je te laisse sur ces nouvelles douces-amères. Bonne nuit.
***
La nouvelle tomba comme un couperet sur la ville de Ponyville. C’était choquant mais pas surprenant. C’était terriblement triste mais terriblement prévisible. Alors que le crépuscule s’éteignait en ce jour, Sirius décida de s’éteindre.
Il pleuvait sur le cimetière. Il pleut toujours durant les enterrements, triste coïncidence habituellement mais Lux avait décidé de ne pas dégager le ciel comme il l’aurait dû. Personne n’avait envie de voir le soleil briller pendant un enterrement. Ils étaient tous réunis autour d’une fosse rectangulaire, un champ de force sombre dressé par Unity au dessus de la tombe les protégeait de la pluie. Un cercueil de bois laqué se trouvait dans la fosse, le symbole d’Equestria sur le haut semblant être comme le sceau final sur une lettre. Un sceau terriblement final. Unity ne pleurait plus, il n’avait plus de larmes à verser... mais sa tristesse était visible sur son visage. Son regard était comme mort et lorsqu’il tourna la tête vers Elle, veuve, et son fils, orphelin, il vit quelque chose, il ne put que déglutir silencieusement.
Elle était fière et droite. Elle semblait une statue de marbre derrière un voile noire et elle dégageait une telle peine qu’Unity l’aurait serrée dans ses bras pour la réconforter s’il n’était lui-même si abattu. Le petit Espoir, lui, n’était pas aussi fort que sa mère. Il pleurait à chaudes larmes et ses sanglots semblaient presque faire écho à la pluie, pleurs du ciel. Le prêtre récitait sans enthousiasme la litanie funèbre. Unity le reconnut comme étant le prêtre qui avait officié pour leur mariage, il y a de ça plusieurs années. C’en était presque drôle si ce n’était si tragique.
Tout n’était que vide dans la tête d’Unity. Sirius était mort. Il n’entendit pas le prêtre qui l’appela. Sirius était mort. Lux le poussa du sabot, le visage tordu de douleur et il se rendit compte qu’il devait parler, il prit place derrière la pierre tombale. Sirius était mort. Il prit la parole :
“Aujourd’hui, nous sommes tous rassemblés pour la... le départ de notre bien aimé Sirius et j’aimerais dire quelque chose. (Il déglutit et choisit ses mots avec soin, des larmes coulant sur ses joues sans qu’il s’en rende compte.) Je me souviendrai toujours du jour de son mariage, il était si excité que cela en était agaçant, il babillait sans cesse qu’il ne pourrait pas se marier, que c’était impossible, qu’il n’y arriverait pas. Le souvenir me fait rire encore aujourd’hui car cela me montre combien c’était une licorne comme vous et moi, il n’était ni le plus courageux ni le plus savant ou même le plus athlétique mais peu importait car il ne cherchait que le bonheur... Et il... (Il avala sa salive, la tristesse lui bloquant la gorge.) Et... et il l’a trouvé en sa femme et son fils. Souvenez-vous des moments heureux... Il m’a confié un jour qu’il n’aimait pas les enterrements parce que les gens ne faisaient que pleurer et se morfondre. (Il rit sans joie.) Aussi, rappelez-vous des moments heureux que vous avez passé avec lui et... souriez. C’est tout ce qu’il a jamais voulu, voir des sourires et être heureux. D’aucuns vous diraient que ce sont des volontés stupides et limitées mais peut-être était-ce lui qui avait compris... Qui... Qui avait compris que le bonheur finalement est éphémère et que c’est en vivant comme il l’a fait que l’on peut comprendre la vraie valeur des choses ? C’est peut-être parce que sa vie pouvait s’éteindre à tout moment... Qu’il a compris que le bonheur devait se chasser et non pas s’abandonner ou être attendu... C’était mon ami... Et il me manque.”
Unity finit sa dernière phrase en souriant, deux longs sillons sombres se dessinant sous ses yeux alors que les larmes finissaient de couler. Lux vint près de lui, lui posa un sabot amical sur l’épaule et ne dit rien. Il n’en avait pas besoin. Ils étaient tous deux sous le coup de la tristesse.
Le cercueil fut lentement recouvert par la terre que chacun, parents et amis lançaient pour recouvrir la sépulture. Lorsque vint le tour d’Espoir et d’Unity. L’albinos se baissa et se mit au niveau de la petite licorne et lança avec lui la petite quantité de terre. Espoir tremblait et Unity mit le pauvre petit sur son dos sous le regard affectueux mais auréolé de tristesse de sa mère.
Il raccompagna donc Espoir jusque chez lui. Lorsqu’ils y arrivèrent sa mère le remercia et partit dans le salon pour préparer un thé tandis qu’Unity amena le petit garçon jusqu’à son lit et alors qu’il allait le laisser seul, une petite voix dit :
“Tonton, pars pas. Je veux te dire quelque chose...”
“Qu’y a-t-il ?” répondit Unity.
“Pa... (Il se retint de pleurer, mine de rien, c’était une petite licorne très courageuse.) Papa m’a dit un jour que... que... les larmes de ceux qui nous aiment sont les clés qui nous permettent d’accéder au paradis. Tu... C’est vrai ? Papa il va être heureux au paradis, hein ?”
“Ton papa a parfaitement raison.” dit Unity en se mettant au chevet d’Espoir “C’est en montrant aux déesses combien nous aimions quelqu’un qu’elles l’autorisent à vivre dans les grands espaces du paradis. Ton papa sera toujours là pour te protéger... Je te le promets.”
“Tu vas pas mourir aussi, hein, tonton ? Moi (Il se remit à pleurer.) j’veux pas que vous me protégiez du ciel... J’veux que vous soyiez là et qu’on joue ensemble. Je peux pas jouer avec le ciel, je peux pas faire des bisous au ciel... Je...”
“Je te promets que je serai là pour toi et ta maman. Maintenant dors, tout ira bien.”
“C’est promis promis ?”
“Promis, promis.” dit-il en l’embrassant sur le front en évitant la corne et en essuyant du revers du sabot des sillons du petit visage. “Maintenant repose-toi. Tu as eu une grosse journée. Nous avons tous eu une grosse journée.”
“D’accord. Bonne nuit, tonton.”
“Bonne nuit, Espoir.”
Lorsqu’il referma la porte de sa chambre, il remarqua qu’Elle était là et avait, semble-t-il, tout entendu. Elle lui sourit gentiment et ils descendirent tous deux dans le salon. Unity était inquiet pour Elle. Elle n’avait pas pleuré, Elle contenait tout pour une raison inconnue... Une fois dans le salon, assis côte à côte, un silence désagréable s’installa. S’éternisa. Unity ne savait pas quoi faire et sa belle non plus. Il déglutit et alors qu’il allait dire quelque chose, il se rendit compte qu’elle tremblait. Et il la prit dans ses bras.
Ce geste avait été instinctif mais il eut une conséquence inattendue. Elle éclata en sanglots puis le serra dans ses bras. C’était un torrent incontrôlé qu’il recevait et il comprit. Elle avait été seule pour prendre sur Elle et aussi forte qu’Elle veuille paraître... Elle restait une jument comme les autres, fragile et désemparée. Un enfant sans père à éduquer. Un... Ses pensées furent interrompues par quelque chose d’improbable. Un baiser... un baiser désespéré. Lorsqu’Elle rompit ce dernier qui avait duré une douce éternité, elle le regarda en larmes et dit d’une petite voix à peine audible mais qui transportait une détresse infinie :
“S’il te plait, Uni’”
Comment aurait-il pu lui refusé quoique ce soit ?
***
Je suis un être abominable... Je... Qu’ai je donc fait ? Est-ce là toute l’étendue de mon amitié pour Sirius ? Est-ce là tout ce qu’il valait à mes yeux ? Quel genre de poney suis-je donc pour avoir couché avec la femme d’un de mes amis juste après sa mort ! Je... n’arrive plus à me regarder dans la glace, je n’y vois plus une fière licorne amoureuse mais ce que tout le monde voit sans me le dire... un monstre albinos qui n’a aucun respect pour les morts. J’aurais dû refuser ! J’aurais dû lui dire que c’était mal ! J’aurais dû résister à ses avances désespérées ! Mais comment aurais-je pu faire une chose pareille après qu’elle m’ait embrassé ?
Oh je sais ce que tu vas dire : “Elle en avait besoin, Unity. Tu étais le seul à être là pour elle, Unity”. Et dans un sens, tu aurais raison... Mais ce n’est pas l’entière vérité. La vérité c’est qu’aussi triste que fut cette étreinte... J’étais heureux. Mon ami venait de mourir, je sortais de son enterrement mais il a suffit qu’elle m’embrasse et que je lui fasse l’amour pour que tous mes doutes, tous mes soucis s’envolent comme pollen au vent. La douceur de ses lèvres contre ma fourrure, la douce étreinte dans laquelle nous nous sommes unis... Tout était si parfait, si magique. C’est comme si après tout ce temps passé à l’aimer en secret, j’étais enfin complet. Pour la première fois de toute ma vie, je me suis senti entier... C'était... magique. Je sais que je me répète mais il n’y a pas de mot assez fort pour exprimer la plénitude dans laquelle je me trouvais, c’était juste unique.
Mais je ne suis pas dupe, mon ami. Ce n’était pas une union de passion ou d’amour. Elle cherchait... Nous cherchions simplement le réconfort dans les bras de l’autre, nous cherchions simplement un moyen d’oublier un instant le départ de Sirius... Je sais, tu parles d’une méthode.
Je ne sais pas quoi faire, mon ami. Nous n’en parlons plus, mais il y a toujours un silence gêné lorsque nous nous taisons. Une honte qui nous pèse comme une chape de plomb. Je... je lui ai envoyé une lettre sous le pseudonyme du Gardénia. J’ai prévu de faire quelque chose... Je crois que je ne peux plus attendre, cher journal. Il y a des choses que même un poney ne peut endurer pendant trop longtemps. Cela va faire plus de dix ans pour moi. Dix longues années...
Ce sera tout, mon ami. Bonne nuit. Je ne pense pas que j’écrirai à nouveau dans tes pages. Adieu.
***
Il était midi. Le soleil déjà haut dans le ciel et se reflétait sur la fourrure blanchâtre d’Unity. Il avait sur lui ses fontes, comme à chaque fois qu’il sortait, et se dirigeait maintenant vers la petite maison de pierres claires où Elle résidait. Elle et Espoir. Il marcha lentement, un sabot après l’autre, vers la porte lilas qui se découpait sur cette masse carrée. Le cœur d’Unity battait la chamade et son instinct lui hurlait de courir loin, de ne pas faire ce qu’il avait prévu de faire. Et pourtant il continua, plus déterminé que jamais malgré le léger tremblement de ses jambes. Un sabot après l’autre... Un sabot après l’autre.
Une fois devant la porte, il déglutit. Il leva lentement son sabot avant droit et donna quelques coups timides, presque inaudibles. Il attendit. Comme personne ne venait, il réitéra mais cette fois-ci plus fortement. Il devait se reprendre ! Il attendit à nouveau. Il entendit des bruits de pas qui se dirigeaient vers lui. Son cœur s’accéléra violemment. Même à son âge, il avait l’impression d’être un collégien... Désolant. Elle ouvrit la porte et le sourire qu’Elle lui adressa emplit son cœur de joie. Elle s’était remise de son deuil, en surface tout au moins, et c’était une bonne chose. Il ne voulait pas qu’Elle sombre dans la mélancolie comme tant de juments avant elle pour mettre fin à ses jours... Puis il pensa à Espoir et eut un pincement au coeur, pauvre petit. C’était sans doute ce petit bout qui avait donné le courage nécessaire à sa mère pour vivre. Elle l’invita dans le salon et lui annonça avec un petit sourire qu’Elle avait reçu une lettre d’une personne dont elle pensait ne jamais entendre parler à nouveau. Elle se souvenait qu’il aimait leurs anciennes sessions de lecture et lui proposa de se rappeler le bon vieux temps. Il accepta. Elle alla donc chercher la lettre et en revenant, finit par déclarer :
“La lettre qu’il a envoyé est très étrange, c’est très différent de ce dont je me souviens. Mais je suppose que c’est les circonstances qui l’auront fait changer de style... Bref passons, voilà ce que dit la lettre...”
Avant même qu’elle ne puisse commencer la lettre, Unity déclara, le cœur battant mais l’esprit calme, se souvenant de ce qu’il avait écrit, chaque mot étant comme une marque au fer rouge dans son esprit :
“Il est écrit : Ma dame, je sais dans quel émoi vous vous trouvez. Le départ de votre bien-aimé me peine énormément et je partage votre douleur en ces temps difficiles. J’ai été muet pendant longtemps par respect pour votre mariage et je me permets de vous le dire maintenant à nouveau : je vous aime de toute mon âme. Aucun autre mot n’est demandé... (Unity ouvrit les yeux.) lorsque l’amour est Félicité.”
Unity se tut à la fin de sa phrase et contempla le visage surpris au delà des mots de sa Belle. Elle essaya plusieurs fois de formuler des mots mais toutes ces tentatives restaient bloquées dans sa gorge. Au bout d’un moment, elle demanda dans un murmure :
“Depuis combien de temps... ?”
“Dix ans, onze mois, deux jours et ce matin.” dit Unity avec un sourire. Il avait toujours compté les jours... parce que ça comptait pour lui. Chaque jour comptait lorsque l’on est amoureux.
“Je... je... Pourquoi ne me l’as tu jamais dit ?”
“La peur ? La couardise ? L’Amour ? Je n’ai pas de réponse. Mais... je ne peux plus vivre comme ça dans le silence. Peut-être suis-je un horrible poney que de t’avouer mon amour juste après... son départ, surtout après m’être tu depuis si longtemps. Mais je devais le faire.”
Elle avala sa salive, incertaine de comment réagir, elle hésita un moment et puis sourit :
“Nous ne sommes plus des enfants, Uni’. Je suppose que tu ne t’attends pas à ce que je saute dans tes bras mais... si je ne t’aime pas comme je l’aimais... Tu as toujours été là pour moi, pour lui... et pour Espoir. Tu m’as toujours soutenue, tu m’as aidée à mettre Espoir au monde. Je te dois tant... Je... t’aime, Uni’.”
Elle le prit dans ses bras et Unity fit de même. À ce moment précis, il se fichait de savoir s’il n’était qu’un remplacement pour Sirius ou si Elle répondait à ses sentiments parce qu’elle lui était reconnaissante... tout ce qui importait, c’était maintenant. La chaleur de sa fourrure, le son de son cœur qui faisait écho au sien, le parfum de sa crinière...
“Reste auprès de moi et d’Espoir...” dit-elle en le serrant plus fort contre elle.
Elle avait usé de l’impératif... ce terrible impératif qui l’énervait tant de façon virale. Cependant, à cet instant précis, il sourit.
À cet ordre-là, il serait ravi d’obéir...
FIN
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