« Princesse Celestia, êtes-vous sûre que nous ne pouvons pas essayer de nous infiltrer en passant sous le château ? s’enquit Twilight, marchant derrière sa tutrice.
— Oui, Twilight, soupira-t-elle. Je suis pratiquement convaincue que ça ne marcherait pas. »
À la suite des récents événements, la puissante dirigeante d’Equestria avait dû être rapatriée, non sans un sentiment de honte, depuis le front par son élève et ses amies. Elle n’était revenue à elle que peu de temps auparavant et avait comme priorité d’essayer de rentrer par elle-même. Au moins, ce serait avec dignité qu’elle retournerait à son palais.
Enfin, « dignité » était un bien grand mot ; aucune trace de sa majesté habituelle n’avait subsisté. Elle avait la tête basse et dégageait une aura pâle, et même sa crinière si singulière était devenue de simples crins. Les traces de la bataille étaient ce qu’il y avait de plus flagrant ; elle avait quelques éraflures à l’endroit où sa tête avait été touchée, ainsi que sur ses côtés, et… plus ou moins partout. L’alliance de l’immortalité avec la douleur était insupportable.
Les autres amies de Twilight étaient rentrées, ou étaient parties ailleurs, confiant la souveraine inconsciente à la licorne. Bien qu’il eût été relativement facile de téléporter Celestia à Canterlot avec l’aide de Rarity, cela l’aurait beaucoup moins été d’expliquer la situation aux poneys et de calmer leurs craintes.
« Eh bien, peut-être pourrions-nous envoyer quelques pégases pour déclencher un orage et inonder leur fort, les forçant ainsi à sortir ? » Twilight continuait de réfléchir.
« Non, Twilight, dit Celestia
— Euh… peut-être… que, non… Attendez, et si… et si nous déplacions le château avec la magie de plusieurs licornes, nous n’aurions plus qu’à… plus qu’à le mettre… ailleurs ?
— Non, Twilight. Nous ne ferons rien de la sorte, répondit Celestia. Laissons-les en paix et ils finiront par s’en aller.
— Mais nous ne pouvons pas laisser ces monstres dans la forêt ! répliqua Twilight. Et s’ils s’étendaient et décidaient de nous envahir ? Et s’ils commençaient à prendre le contrôle de nos palais ? Et si…
— Twilight ! Tout ira bien ! la réprimanda Celestia avec une colère mesurée. Je suis convaincue que s’ils tentent de quitter cette citadelle, nous pouvons facilement les gérer. Ils se retrouveraient sur notre territoire, ce qui nous donnerait l’avantage. Nous connaissons les moindres parcelles et recoins de cette terre, donc nous ne devrions pas avoir de problèmes. Est-ce que ça te rassure ?
— Un petit peu, mais j’ai toujours un mauvais pressentiment, Princesse, annonça Twilight alors qu’elles atteignaient toutes deux les portes du fort.
— En toute honnêteté, Twilight, je te prie de garder tes inquiétudes pour toi, commanda Celestia. Je suis… trop fatiguée pour ces choses-là. J’ai juste envie de me plonger dans une baignoire remplie de bulles avec une tranche de gâteau puis d’aller me coucher. »
Celestia leva les yeux sur les portes en bois massif de l’entrée de la forteresse royale et frappa fermement de son sabot comme si elle rendait visite. Aux yeux de Twilight, cela semblait étrange, car la princesse ne devrait même pas avoir besoin de frapper, surtout compte tenu de l’endroit où elles se trouvaient. Puis, elle remarqua qu’il n’y avait aucun garde visible ; pas de garde aux portes ni sur les murailles du palais. Où avaient-ils bien pu tous passer ?
« Rah, pourquoi les gardes n’ouvrent-ils pas ?! vociféra Celestia, laissant la pression de cette journée sortir. Je jure que si je trouve un de ces fainéants, je… je… attends, qu’est-ce que c’est que ça ? »
Celestia s’arrêta de frapper lorsqu’un drôle de bruit se fit entendre hors de l’enceinte du château ; cela ressemblait beaucoup à un ricanement. Celestia s’éloigna de l’entrée et la scruta, frottant sa tête avec un sabot d’un air confus. Bien que la princesse semblât essayer de comprendre ce qu’il se passait, Twilight avait déjà compris. Un regard inquiet se figea dans ses yeux, mais les ennuis arrivèrent avant qu’elle n’eût pu avertir son mentor.
Un craquement aigu suivi d’un bruit de bois et de mécanismes en fonctionnement retentit. Une plainte se fit entendre ; une plainte qui n’avait rien de mécanique, mais qui semblait animale. Cela évoquait beaucoup un mouton. Et, en levant les yeux pour voir ce que c’était, elles virent en effet un mouton, bêlant alors qu’il fendait l’air dans leur direction.
« Oh non, pas encore ! grommela Celestia en se baissant tout comme Twilight, sabots par-dessus la tête, avant que la bête ne s’écrasât sur elles.
— Allô, le cheval cornu farfelu et la dame Princesse solaire à la cervelle d’oiseau ! railla le garde français, se penchant par-dessus la muraille surplombant les portes. On s’est encore fait posséder par les Français ?
— Quel culot ! Comment osez-vous vous emparer de mon palais ! C’est le palais de la souveraineté de Canterlot ! Érigé il y a de cela mille années pour célébrer la paix et la prospérité sous mon règne ! cria Celestia, sa fatigue était à présent remplacée par de la colère. Je vous ordonne de quitter ces lieux sur-le-champ ! »
Le Français se contenta de rire avant de répliquer :
« Ah, je vous barbouille de nouveau de morve, filles de rien du tout ! s’écria le garde. Cette citadelle et son trésor appartiennent désormais au maître Guy de Loimbard et au royaume de France !
— Vous ne pillerez pas mon château ! Vous m’entendez ?! hurla l’alicorne, pleine de rage.
— Oh, mais c’est chose faite ! répondit le garde français, s’abaissant pour saisir deux poignées d’or. Et nous allons les utiliser pour faire des tours et des arches, et aussi une montagne d’oscars que nous donnerons à Jean Dujardin !
— Vous ne feriez pas ça !
— Eh bien, c’est déjà le cas ! » répliqua le Français, en pointant quelque chose sur sa droite.
Dans cette direction, au beau milieu de Canterlot, se trouvait une immense tour faite d’or, tenant sur quatre piliers. C’était absolument gigantesque, et bien plus haut que n’importe quel autre bâtiment du reste de la ville. C’était si haut que le sommet dépassait les nuages et que des pégases inattentifs commençaient à s’écraser dessus, condamnés à une chute fatale.
« Comment avons-nous pu rater ça tout à l’heure ? s’enquit Twilight.
— C’est une belle tour Eiffel, n’est-ce pas ? demanda le garde. Ça rajoute un peu de culture à cette ville. »
Si Celestia n’était pas déjà énervée, c’était à présent évident.
« Comment osez-vous défigurer mon royaume avec cette… immondice !
— Ah, ce pauvre pantin de princesse n’a aucun goût pour la culture, car elle est désespérée ! lâcha-t-il, en la montrant du doigt. Vous n’avez aucun honneur, filles de déserteurs écervelés !
— Mes gardes détruiront cette abomination ! Vous m’entendez ?! » vociféra-t-elle.
Au plus profond de son être, Celestia savait que cela ne serait pas chose aisée. D’une certaine façon, ces êtres avaient réussi à vaincre toute la Garde royale et à s’emparer de son château. Il n’y avait pas un seul garde visible, mais comment avaient-ils fait ? Comment avaient-ils pu mettre en échec une telle armée ainsi que sa sœur pour prendre le contrôle du fort ?
Maintenant qu’elle y pensait, cela venait de soulever une autre question bien plus terrifiante. Où était passée Luna ? Elle se trouvait au palais, alors qu’était-il advenu d’elle ? Elle avait pu s’enfuir, mais cela semblait peu probable, car elle serait venue prévenir son aînée de la chute de son royaume. Était-elle morte ; ces êtres démoniaques l’avaient-ils exécutée ? Peut-être était-elle retenue prisonnière ? Quoi qu’il en fût, il fallait que Celestia sût.
« Qu’avez-vous fait de ma sœur ?! s’écria-t-elle. Où est Luna ?!
— Bonjour, ma sœur ! intervint l’alicorne au pelage bleu nuit, s’avançant au bord du mur aux côtés du garde français. As-tu rencontré nos nouveaux amis ? »
Celestia fixa sa cadette, d’un air aussi confus que choqué.
« L-Luna ? Tout va bien ? s’enquit-elle.
— Tu ne devrais pas être aussi grossière avec nos invités, tout particulièrement quand ceux-ci sont si agréables et charmants, répondit Luna avec un sourire guilleret. Regarde ! Nous les avons accueillis chez nous à pattes ouvertes !
— Q-quoi ?!
— Elle est sympathique, hein ? dit le garde. Elle fera une reine parfaite !
— Reine ?! interrompit Celestia avec fureur, affichant un regard déconcerté tout en activant sa corne. Il suffit ! Je ne serai pas trahie par mon propre sang ! J’expédierai ce château dans l’espace s’il le faut ! Je vous bannirai tous vers le soleil ! »
Le Français gloussa, puis se tourna vers ses compagnons cachés derrière le mur.
« Fetchez[1] le bouchon ! »
Celestia pointa sa corne en direction de la forteresse alors que Twilight la regardait, préférant ne pas l’interrompre. Avant qu’elle n'eût pu faire feu, quelque chose fut projeté du haut de la muraille par un objet similaire à un lance-pierre, et alla s’empaler sur le bout de sa corne. En le fixant avec précaution, elle s’aperçut que ce n’était rien de plus qu’un bouchon. Mais en essayant d’utiliser sa magie, elle sentit que cela bloquait.
« Q-quoi ?! bégaya-t-elle. Comment est-ce possible ?!
— Vous connaissez la réponse, bestiole à la queue hirsute ! » pouffa le garde.
Celestia, à court d’idées, se résolut à foncer sur les portes et à les frapper de toutes ses forces.
« J’exige que vous ouvriez les portes de ce sanctuaire sur-le-champ ! répéta-t-elle, convaincue que cela n’y changerait rien.
— Vous vous croyez plus fortiches que nous avec votre ridicule démarche en canard ? lança le garde, alors que les autres le rejoignaient sur le bord de la muraille. J’exhibe mes parties honteuses à vos tantes, voleuses d’ânes électroniques mordeurs de derches !
— Ce n’est pas très poli d’agir de la sorte, Tia, dit Luna avec un gloussement. Peut-être que si tu avais conservé la Voix royale de Canterlot, tu aurais eu plus d’autorité !
— Ouvrez ! De suite ! ordonna à nouveau Celestia.
— Niet, chevaux incontinents nocturnes ! répliqua le garde. Je vous crève mon acné à la gueule, et considère votre requête comme une stupidité ; digne de torcheuses de culs sans cervelles !
— Si vous n’ouvrez pas, nous investirons ces lieux par la force », prévint Celestia en dernier recours.
Plutôt que de répondre à une autre de ces menaces sans fondement, les Français se décidèrent à l’attaquer. Et au lieu de lui jeter des objets, ils lui versèrent un flot liquide sur le corps. Un long flot nauséabond, atroce et épais, suivi de quelques morceaux qui lui heurtèrent la tête.
« Berk ! C’est juste… immonde », grommela-t-elle, déclarant finalement forfait en s’éloignant des portes.
Twilight, qui se tenait toujours à ses côtés, la regarda partir.
« Mmh… Princesse Celestia ? Qu’allons-nous faire à présent ? demanda-t-elle.
— Je compte rester un certain temps à la librairie, Twilight, répondit Celestia.
— Mais pour...
— Pars, contente-toi de les ignorer. »
Alors que toutes deux s’en allaient, les Français se mirent à leur jeter diverses choses, comme des cailloux et toujours plus d’animaux.
« Et ne revenez plus, bougresses de bâtardes ! Et si vous vous considérez comme insultées, sachez que vous n’avez encore rien entendu ! »
[1] Fetchez : de l’anglais, “to fetch”, littéralement “aller chercher”. Terme utilisé dans le film original qui, n’ayant jamais été doublé, est resté ainsi, y compris dans les récents sous-titrages français.
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Un....Film...?
J'ai rien compris.
Non,sérieux,j'ai rien compris.
On pourrait m'expliquer pourquoi Luna est du côté des Français?Elle est sous crack?
En fait,on pourra m'expliquer toutes les "subtilités" du chapitre?