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Equestrian Women

Une fiction écrite par Ponycroc.

Chapitre 1

L'horloge indiquait neuf heures quarante-cinq. Dans la banque, les clients faisaient la queue, calmement, attendant leur tour. Du fait de l'heure matinale, il n'y avait ici qu'une vingtaine de personnes, dont une bonne moitié étaient employés de l'établissement.

Tout était calme, comme d'habitude en début de journée. Counter Coffee était assise derrière son guichet, servant et renseignant ses clients comme toujours, avec le sourire. Les gens étaient aimables, compréhensifs, pas pressés. La journée de la jument à la crinière brune commençait bien.

« Et voici, Monsieur. Aviez-vous besoin d'autre chose ? » demanda-t-elle à son actuel client.

« Rien merci. » Il lui rendit son sourire et s'éloigna, laissant la place pour le client suivant, qui était une cliente.

Celle-ci avait beaucoup de classe. Le pelage blanc immaculé, habillée d'un tailleur noir impeccable et sa crinière mauve descendant en cascade sur le côté droit de son visage. Elle n'avait cependant pas remarqué le guichet libre, et tapotait distraitement du bout des doigts sur le bord de sa mallette, qu'elle tenait devant elle. L'horloge indiquait neuf heures cinquante.

« Madame ? » dit Counter Coffee à l'intention de la jument, tentant d'attirer son attention.

La cliente distraite posa les yeux sur la guichetière, et lui sourit. « Désolée, je me suis perdue dans mes pensées. » s'excusa-t-elle en s'avançant et en posant son bagage au bord du comptoir.

« Ce n'est rien. Qu'est-ce qu'il vous faudrait, Madame ? »

« C'est pour un retrait », dit la jument blanche en tendant carte bancaire, pièce d'identité et relevé d'identité bancaire.

Coffee prit les documents et les porta à ses yeux tout en commençant à taper sur son clavier d'ordinateur. Le nom sur la carte indiquait simplement « Rarity », à côté d'une photo quasi-parfaite de la jument souriante.

« Combien souhaitez vous retirer, Miss Rarity ? » questionna Coffee en relevant la tête.

Alors que le canon d'une arme de poing équipée d'un silencieux était pointé droit sur elle, la voix de Rarity se fit entendre de sous un masque aux traits moqueurs, qui semblait contempler la guichetière avec mépris. « Tout ce que vous avez. »

Dans un sifflement, une balle sortit de la bouche du pistolet et vint percer un trou sur le front de Coffee, qui se renversa sur sa chaise, les yeux et la bouche grande ouverte.

« Tous à terre ! À terre ! Bouffe le sol du con ! »

Sortie de nulle part, une autre jument masquée et affublée d'un chapeau de cow-boy braquait son fusil à pompe sur les clients présents. L'un d'entre eux venait de recevoir un coup de crosse au visage, alors qu'il avait tenté de sortir son téléphone portable.

« Si t'essay d'me r'faire un coup comme ça j'répands ta cervelle sur la moquette, t'entends !? » menaça-t-elle le malheureux avec un fort accent texan.

« Doucement, AJ, si tu tues tout le monde on n'aura plus de quoi faire pression sur les flics. »

Une troisième personne masquée venait de prendre la parole, poussant un garde menotté devant elle, et équipée d'un fusil d'assaut passé en bandoulière sur son épaule. Bien qu'elle soit également apparue de façon soudaine, sans que personne ne l'ait remarquée auparavant, elle arborait une incroyable crinière aux couleurs de l'arc-en-ciel, nouée en catogan. Impossible de passer inaperçu avec une telle coiffure, et pourtant...

« On a bien assez comme ça. Un d'plus un d'moins... en plus Rarity a déjà déglingué la guich'tière ! »

« Je retiendrai dix pour cent sur ta part par mort civil que tu feras », répliqua aussitôt la jument à l'improbable crinière chamarrée. Elle bouscula le garde neutralisé pour qu'il rejoigne le reste des otages, avant de se tourner vers la première des criminelles. « Rarity, les CME. »

Assise sur le comptoir, jambes croisées, celle qui avait assassiné de sang froid la guichetière répondit en riant. « Déjà posées, chérie. Où en est Pinkie ? »

Un puissant souffle ébranla les murs, et fit voler en éclats les fenêtres du lieu. Une explosion assourdissante venait de retentir depuis la salle des coffres, provoquant les cris d'horreur des employés de la banque et de leurs clients.

« Ta gueule ! TA GUEULE ! Ferme ! Ta ! Gueule ! » rugissait la Texane qui ponctuait chacun de ses mots en rouant de coups l'otage le plus proche.

« Hou, ce que tu peux être sur les nerfs ma pauvre... fais attention, c'est pas bon pour le teint », prévint la nommée Rarity.

« Laisse-la se défouler un peu, et va aider Pinkie à ouvrir les coffres », ordonna celle au crin coloré. « Allez, plus vite, on a pas toute la journée ! »

« À tes ordres ! » Rarity bondit de son perchoir et se précipita vers la salle des coffres, de laquelle on pouvait entendre quelqu'un rire de façon hystérique.

Celle qui semblait donc être la chef fit glisser la sangle de son arme pour la prendre en mains, avant de s'adresser aux otages terrorisés. « Très bien, écoutez moi tous : j'ai une bonne nouvelle pour vous, nous serons partis dans moins de cinq minutes ! Mais il ne tient qu'à vous que ces cinq minutes se passent bien. Mon amie ici présente », elle désigna la Texane d'un mouvement de tête, « n'est pas de bonne humeur, comme vous avez pu le voir. Alors restez sages, et continuez de fixer le sol. Tout sera terminé dans cinq minutes. »

Personne n'osa broncher. Entre l’exécution de cette malheureuse guichetière, le tabassage en règle de cette autre personne qui semblait-il s'était évanouie, et la déconcertante rapidité avec laquelle le quatuor accomplissait son méfait, il y avait de quoi refréner les pulsions héroïques des plus braves. Les minutes s'écoulèrent donc, au ralenti pour les uns, en accéléré pour les autres. La jument aux crins colorés jetait régulièrement des coups d’œil par les fenêtres, et celle au chapeau ne quittait pas du regard les otages allongés à ses sabots. Depuis la salle des coffres parvenait aux oreilles de tous le son d'une conversation entre les deux autres criminelles, incompréhensible cependant car recouverte par le bruit strident d'une scie circulaire à métaux en pleine action. Puis finalement, au bout des cinq minutes prévues :

« On se casse ! Tout de suite ! Allez allez ! »

Malgré le boucan provoqué par la scie, la chef du petit groupe n'eut pas besoin de se répéter. Presque aussitôt, l'outil s'était tu, et moins de dix secondes après, deux juments –la tueuse au tailleur noir et une jeune jument presque entièrement habillée de rose– arrivèrent en courant, chacune chargée de plusieurs sacs. La Texane se précipita pour les aider à transporter le butin, et toutes s'enfuirent en courant par la porte principale sans un dernier regard pour les otages toujours attachés.

Les premières sirènes de police ne se firent entendre que plusieurs minutes après le départ des quatre braqueuses.

 

Dans une petite cour isolée, coincée entre quatre bâtiments pour la moitié abandonnés, une jument au pelage jaune s'était installée sur un banc adossé à un mur. De ses grands yeux turquoise, elle contemplait sans bouger l'unique arbre planté là. Trop souvent à l'ombre, et les racines emprisonnées par le bitume, le végétal était resté ridiculement petit et mince. Cette vision emplissait de mélancolie le cœur de la femelle équine, aussi laissa-t-elle échapper un long et profond soupir. Elle n'avait que trop hâte que cette période de tourmente qu'elle vivait depuis déjà des mois prenne fin. Elle détourna le regard de l'arbre rachitique, et fourra la main dans l'une des poches de son jean. Elle en extirpa un petit sachet de plastique, ainsi qu'un petit étui rectangulaire. La jument retira de l'étui une fine feuille de papier, et glissa au creux de celle-ci un peu d'herbe provenant du sachet. Après avoir fini de préparer son joint, elle le porta à ses lèvres pour l'allumer.

Mais alors qu'elle fouillait dans son autre poche pour attraper son briquet, une main azur passa devant ses yeux pour s'emparer de la cigarette. « Hey ! » protesta-t-elle d'une faible voix.

« Fluttershy, tu m'avais promis de moins fumer. »

Esquivant le regard de celle qui la réprimandait, la nommée Fluttershy baissa les yeux sur ses genoux. « Mais je... c'est vrai, je fume moins, Rainbow, je te le jure. »

« Ne me mens pas. Je l'ai senti dans le van, on l'a toutes senti. C'est le combientième que tu te roules aujourd'hui ? »

« T... Trois... ou quatre », admit Fluttershy, baissant la tête entre ses épaules. Elle attendit en serrant les dents que celle qui se tenait face à elle la blâme avec sévérité, l'insulte, ou la gifle. Mais rien ne vint, rien de tout ça. À l'inverse, l'autre soupira, et s'assit à côté d'elle. Fluttershy releva la tête.

À côté d'elle, Rainbow Dash, la criminelle au crin arc-en-ciel, la dévisageait en affichant un air concerné. « Je suis pas contre de tirer une taffe de temps en temps pour se détendre, mais y'a des limites. »

La jument jaune ne répondit pas. Elle se savait en tort, elle avait promis c'était vrai. Mais arrêter n'était pas si simple, et chaque jour son stress ne faisait qu'augmenter. Elle n'était pas faite pour cette vie.

Mais Rainbow Dash semblait avoir deviné les pensées de son amie, aussi la rassura-t-elle. « T'en fais pas, on a bientôt atteint notre objectif. Rarity est avec Pinkie en train de compter le butin de ce matin. »

« Il nous manque beaucoup ? »

« Nan, encore deux ou trois casses et ce sera terminé. »

Fluttershy se détendit un peu à cette annonce. Même si quelque part, elle ne pouvait s'empêcher de penser « encore deux ou trois casses. »

« Passe-moi ton briquet, 'Shy. »

Surprise, elle tourna le museau vers la jument azur, les sourcils levés. « P- Pardon ? »

Rainbow Dash leva la main, serrant entre ses doigts le joint précédemment confisqué. « C'est pas évident à fumer si on l'allume pas. On va le partager, ce sera mieux. »

Fluttershy sourit, et sortit l'objet demandé de sa poche, qu'elle tendit ensuite à son amie.

Dans le seul des quatre bâtiments offrant un accès à la cour, deux autres juments discutaient –où plutôt comptaient–, assises autour d'une table sur laquelle étaient amassées de nombreuses liasses de billets de banque. L'une d'elles, coiffée d'une incroyable tignasse de crins roses ébouriffés, murmurait une petite chanson enfantine, tout en faisant glisser le rebord des liasses contre ses doigts pour compter.

« Pinkie ! » s'emporta la seconde. « Arrête de chanter ! Je n'arrive pas à me concentrer enfin ! »

« Maaaaais, c'est pas ma faute ! Je suis contente, je peux pas m'en empêcher ! »

« Juste le temps qu'on ait fini de compter, s'il te plaît ! On a presque terminé, retiens-toi encore une minute. »

« Bon... d'accord... une minute. »

« Merci. »

Rarity put à nouveau porter son attention sur la liasse qu'elle tenait, et poursuivre son travail. À chaque liasse comptée, elle tapotait sur la calculette dont elle disposait le prix associé, et faisait ainsi le cumul avec les autres billets comptés jusque-là. La recette du jour s'annonçait en-dessous de la moyenne, mais restait tout à fait rentable au vu du peu de risques et de temps que cela leur avait pris.

« Bon, j'en ai nonante cinq mille. Toi ? »

Pinkie Pie leva les yeux de sa liasse, toujours souriante, et jeta un œil sur sa propre machine à calculer. « Avec ce que j'ai encore là, je pense que j'arrive à cinquante. »

« Mille ? »

« Bah oui bécasse, pas millions ! » dit la jument rose en gloussant.

Rarity leva les yeux au ciel devant l'attitude immature de son amie, mais ne releva pas. La recette du jour avoisinait donc les cent cinquante mille bits. C'était un peu plus que ce à quoi elle s'était attendue. Pinkie Pie avait raison, il y avait de quoi être contente. « Je vais voir à combien on en est au total, je pense qu'on approche du but. »

« Ouiiiiiii ! » s'enthousiasma la jument au crin rose, levant les bras au ciel en riant.

La jument blanche se saisit d'un carnet à proximité, et commença à le feuilleter à la recherche des informations qu'elle désirait. Elle trouva vite la page voulue, et la parcourut du doigt jusqu'à tomber sur une ligne affichant un nombre à huit chiffres. Elle se fendit d'un large sourire. « Où est Rainbow ? »

« Dehors, avec Fluttershy », répondit Pinkie du tac au tac.

« Viens. »

Rarity se leva et se dirigea vers la cour, suivie de près par son amie rose. Dehors, Rainbow Dash était toujours assise près de Fluttershy, et se saisissait du joint que lui tendait son amie. Elle haussa un sourcil en voyant Rarity arriver, aussi guillerette et enjouée que Pinkie Pie.

« J'ai une bonne nouvelle ! » annonça la comptable du groupe. « Où est Applejack ? Il faut qu'elle entende ça elle aussi ! »

« J'suis là », fit une voix derrière elle. Toutes se tournèrent pour voir la Texane, une large serviette de bain serrée autour du buste, sa crinière paille encore humide. « J'prenais une douche », précisa-t-elle comme si cela était nécessaire. « Alors, c'est quoi la nouvelle ? »

La jument blanche détourna les yeux d'Applejack, et annonça en souriant : « On est arrivées à nonante neuf millions et cinq cent mille bits les filles ! »

Toutes dévisagèrent Rarity plusieurs secondes, sans rien dire, jusqu'à ce que Pinkie Pie ne se mette soudainement à sautiller sur place en criant : « Wouhou ! »

« Oh, c'est une bonne nouvelle ! », « C'est... génial ! » enchérirent les autres, à l'exception d'Applejack...

« Hey, on s'calme les filles. On a pas encore atteint les cent briques qu'on s'était fixées », grogna la Texane en affichant un air dur.

« Mais, Applejack, c'est presque comme si on y était », dit Rarity.

« C'est vrai... cinq cent mille, sur un million... c'est presque rien », ajouta Fluttershy, les yeux encore rougis par la fumée.

Mais la jument blonde balaya de sa main l'air devant elle, comme pour rejeter au loin leurs dires. « On a fixé un but, et ce but on l'a pas encore atteint. »

« C'est vrai, t'as raison », concéda Rainbow Dash. « Mais, en même temps, cinq cent mille, c'est vraiment rien. Divisé par cinq, ça fait qu'il te manquerait que cent mille. Cent mille sur vingt million, c'est rien. Je suis sûre que ça fait moins de un pour cent. »

« Zéro virgule cinq pour cent », précisa Rarity.

« Ouais, peu importe. AJ, on pourrait s'arrêter là, sérieux. » La jument azur observa son amie droit dans les yeux, mais la Texane soutint son regard avec fermeté.

« On avait dit vingt million chacune. »

« Je... je pourrais te donner ce qu'il te manque si tu veux. Moi, ça ne m'embête pas... » murmura presque Fluttershy.

« Mais on a dit aussi qu'on devait tous avoir la même part ! C'est nul si on se partage pas bien l'argent ! » se plaignit Pinkie Pie.

Rainbow soupira en passant ses doigts dans sa crinière colorée. Elle savait qu'Applejack ne lâcherait pas l'affaire. Et même si la solution que proposait Fluttershy –malgré les jérémiades de Pinkie– était envisageable, il était vrai qu'elle leur avait promis à chacune ces fameux vingt millions de bits. Et après tout, un but est un but, et il n'était pas dans ses habitudes de mener ses objectifs à moitié. « AJ a raison, il faut qu'on termine ce qu'on a commencé. On va pas s'arrêter avant d'avoir réuni la somme. »

Quelques murmures déçus se firent entendre, mais la meneuse du groupe ne revint pas sur sa décision. « On peut se faire l'argent qu'il nous manque en un seul coup. En fait, Glad m'a proposé un job, hier. »

« Glad ? » s'étonna Rarity. « C'est ce griffon des terres de l'est, je me trompe ? »

« Nan, tu te goures pas. Je sais qu’il est un peu taré, mais c'est pas super compliqué, il veut juste qu'on aide un pote à lui à faire passer quelques sacs. Cent mille par sac. »

« Ouah-hou ! Il paye super vachement bien ! » s'exclama Pinkie.

« Ouaip, j'trouve pas ça net moi. Y'aura quoi dans les sacs ? » demanda Applejack, suspicieuse.

Mais Dash haussa les épaules. « J'sais pas. De la coke, des armes... on s'en fout nan ? Il veut pas qu'on transporte quoi que ce soit, il veut juste qu'on soit dans le coin pour protéger le chargement. Mais moi je suis sûre que ça craint rien. »

« V- Vraiment ? »

« Mais oui, 'Shy. Glad c'est pas le genre de mec à s'intéresser aux coups foireux. Taré mais prudent, je lui fais confiance. »

« Il est vrai que les deux derniers boulots qu'il nous a proposé étaient assez calmes... » admit Rarity, qui s'était souvenue de leurs collaborations passées avec le griffon.

« Tu vois ? Et toi, AJ, convaincue ? »

La blonde fronça les sourcils en réfléchissant. Elle finit cependant par lâcher un « ouais » résigné tout en rajustant sa serviette.

« Et moi, on me demande pas si je suis d'accord !? » s'indigna la jument aux crins bouclés.

« T'es toujours d'accord, Pinkie », soupira Rainbow en levant les yeux au ciel.

« C'est vrai ! » admit Pinkie Pie en riant.

« Bon, alors ce sera ça not'e dernier coup ? »

Le silence retomba quelques secondes alors que chacune prenait la mesure de cette nouvelle. Cela faisait presque six mois qu'elles enchaînaient les vols et les opérations frauduleuses. Pendant tout ce temps elles avaient vécu cachées, terrées dans diverses planques dans les grandes villes de la région. Rainbow Dash avait à l'époque tout planifié à l'avance pour que leur vie de hors-la-loi se passe sans heurts, et aujourd'hui, la fin était proche.

« Alors... » commença, bredouillante, la jument jaune assise près de la meneuse. « je sais que vous vouliez pas en parler mais... vu qu'on en a bientôt terminé, et que... »

« Vas-y, parle Fluttershy », lança Rarity, un peu agacée par tant d'hésitation.

« On pourrait enfin se dire pourquoi on fait ça... et ce qu'on va faire, après. »

Le sujet avait été volontairement laissé de côté jusqu'alors. Le projet initial avait été lancé par Rainbow Dash. Toutes les cinq s'étaient connues alors qu'elles n'étaient que des pouliches, et étaient en ce temps inséparables, mais elles s'étaient malheureusement perdues de vue au sortir du lycée, comme cela arrivait à beaucoup d'autres. Jusqu'à ce qu'un matin, chacune d'entre elles reçoive la visite de leur amie d'enfance.

Et bien que ce fût Applejack qui ait initialement demandé à ne pas parler de ce fameux « pourquoi » elles s'étaient lancées dans le banditisme, ce fut elle qui prit la parole la première. « Pour ma sœur. C'est pas avec mon job à la ferme que j'aurais pu lui assurer un avenir qui soit pas complètement merdique. » Elle laissa un blanc passer, durant lequel elle évita de croiser le regard des autres. « Pour c'que j'vais faire après... j'sais pas. J'pense que j'pourrais aller vivre au sud. »

« À Mexicolt ? » demanda Rainbow.

« Nah, plus au sud. Chez les mules. »

« Wow... »

« Et toi RD ? »

« Moi ? Eh, j'étais pas super douée en cours... alors voilà quoi. »

Comme son amie, la jument au crin arc-en-ciel n'osa pas voir la réaction des autres, et préféra regarder vers ses sabots en se grattant l'oreille. « Et pour après... je comptais quitter le continent. Je veux aller en Nouvelle-Zebraland, là-bas je m'achète une baraque, et un zinc. »

« Oh, c'est vrai que tu étais fan d'aviation ! » se souvint Rarity. « C'est un rêve d'enfance que tu vas réaliser alors. »

« Ouais, on peut dire ça. Et toi ? Un rêve aussi ? »

« Tout à fait. J'ai toujours voulu aller vivre en France, et ouvrir une grande boutique de vêtements ! Peut-être même créer ma propre ligne ! »

« Tu avais vraiment besoin de tout cet argent pour ça ? » demanda Fluttershy, étonnée.

« Malheureusement, on n'a rien sans rien. Et sans argent, on a même moins que rien. Il ne serait pas étonnant que je perde plus de la moitié de ma part en moins d'un an là-bas. »

« Oh, c'est terrible », dit la jument jaune, presque effrayée à l'idée de devoir dépenser autant d'argent en si peu de temps. Il y eut un silence durant lequel personne ne parla, jusqu'à ce que Fluttershy se rende compte que ses amies la regardaient avec insistance, et qu'elle comprenne que c'était à son tour de parler. « Oh, non, je ne sais pas si j- »

« Oh aller 'Shy, dis nous ! » ordonna Rainbow Dash.

« Eh bien, c'est, en fait, je... »

Toutes attendirent, sans quitter la jument des yeux.

« Je... je n'avais plus d'argent, j'ai... je n'ai pas fait confiance aux bonnes personnes, et... j'ai tout perdu. »

« Oh. »

« Et t'as fait confiance à Dash quand elle est v'nue t'proposer de braquer des banques !? » s'étonna Applejack, qui trouvait son amie stupide d'être capable de tomber deux fois de suite dans ce qui aurait pu s'apparenter à une arnaque, elle-même ayant été très suspicieuse vis-à-vis de Dash le jour où celle-ci était venue la voir.

« Je n'avais plus rien à perdre. Et puis, Dash est mon amie. »

La concernée rougit légèrement, mais ne fit pas de remarque.

« Et pour après », poursuivit Fluttershy, « je... je ne sais pas. Je... je n'y ai pas réfléchi. »

« Y s'rait temps de t'y mettre. Bon, et toi Pinkie ? »

La jument aux crins frisés les observa tour à tour en souriant, avant de simplement leur dire : « Bah, pour vous revoir ! C'est évident non ? »

« … Hein ? »

« Vous avez toujours été mes meilleures amies, c'est pour ça ! J'ai été super contente de revoir Dashie, et vous autres. Maintenant, j'aimerais aussi la revoir, elle. »

Rainbow haussa un sourcil. « Elle ? Attends Pinkie, tu parles quand même pas de... »

 

Trois coups frappés à la porte attirèrent l'attention de Twilight Sparkle, qui releva le museau du rapport qu'elle était en train de rédiger. Son supérieur, le commandant Soarin, avait déjà ouvert et se tenait à présent dans l'encadrure, fixant la jument couleur lavande dans les yeux, une chemise sous le bras.

« Mon Commandant », salua aussitôt Twilight en se levant de sa chaise.

« Bonjour Inspecteur, et bravo pour votre récent succès », dit l'étalon en s'avançant. « Asseyez-vous donc », ajouta-t-il en prenant lui-même place dans le siège disposé face au bureau de Twilight. Soarin avait dit cela en adressant un sourire amical, dans le but de détendre la jeune Inspecteur. Elle n'occupait ce poste que depuis quelques mois, arrivant tout droit de la capitale, où elle avait fait ses études supérieures, à l'académie royale de police. Elle avait acquis là-bas de solides compétences, tant au point de vue physiologique que psychologique, mais aussi une attitude que beaucoup ici –Soarin lui-même inclus– qualifiaient de coincée. D'autres parlaient même d'un ustensile de ménage de forme allongée enfoncé quelque part dans l'anatomie de la jument.

« Merci mon Commandant. Que puis-je faire pour vous ? »

« Je sais que vous auriez sans doute apprécié de prendre une semaine de vacances après votre dernière enquête, mais j'ai un dossier assez urgent que je voudrais vous confier », répondit Soarin. Il tendit à Twilight la chemise qu'il avait apporté avec lui, et la laissa l'ouvrir pour qu'elle en découvre le contenu par elle-même.

« Hum... le « gang des masques » ? » dit-elle après quelques secondes de lecture. « C'est un peu cliché, non ? »

« Regardez les photos, vous verrez que ce nom est assez approprié. »

Twilight s’exécuta, et jeta un œil aux premières photographies –des images extraites de vidéos tournées par des caméras de surveillance– jointes au dossier. « En effet... et il semblerait qu'ils en aient plusieurs différents. Quatre-vingt vols à leur actif ? C'est impressionnant ! Ce sont leurs masques qui nous empêchent de les coincer ? »

Soarin fit une grimace contrariée, il avait du mal à avouer ce qu'il s'apprêtait à dire. « En fait, on ne sait pas vraiment à quoi leur servent ces masques, puisqu'elles ne cherchent pas à cacher leur visage. »

« Quoi ? »

« Les images suivantes. »

L'inspecteur rebaissa les yeux sur le dossier. Elle ne fouilla pas longtemps parmi la quinzaine de photographies avant de tomber sur celle qui manqua de lui faire pousser un cri. Quatre juments, équipées d'armes militaires, prenaient la pose côte à côte face à l'objectif de la caméra. La photo avait beau être en noir et blanc, Twilight reconnut instantanément les criminelles. Leurs noms refirent surface dans son esprit à la vitesse de l'éclair, accompagnés de souvenirs d'une époque joyeuse et insouciante. Les visages de Rainbow Dash, Applejack, Pinkie Pie et Rarity étaient soudainement réapparus devant elle, après plus de dix ans sans nouvelles, après qu'elle ait déménagé de Ponyville pour suivre ses parents à Canterlot.

« C'est leur premier braquage. Pas mal culottées comme filles. Leurs visages vous disent quelque chose ? »

Twilight sortit précipitamment de sa contemplation de la photographie, et dévisagea Soarin, surprise. « Quoi ? Heu n- non, je ne les connais pas ! »

Le Commandant haussa un sourcil. « Ah bon ? Vous aviez l'air étonnée devant cette photo. J'ai cru que vous les aviez reconnues. »

« Non, pas du tout. C'est juste que... elles ont... elles ont l'air jeunes, j- je ne m'attendais pas à ça », balbutia Twilight.

« Aussi jeunes que vous, en effet », répondit Soarin en attrapant la photo des mains de la jument. « C'est fou de voir à quel point les gens peuvent mal tourner, quand on compare ces filles à vous. » Il avait dit ça en relevant son regard pour croiser celui de l'Inspecteur, qui ne réagit pas, et laissa filer les secondes sans répondre. Finalement, Soarin lui sourit. « Bon, je vous laisse prendre connaissance de l'intégralité du dossier, si vous avez des questions, venez me voir. »

Il se leva, et salua la jument avec un sourire avant de prendre la direction de la sortie. Mais au moment de poser la main sur la poignée, il se retourna. « J'oubliais : ce dossier est important. Comme vous vous en doutez, quatre jeunes femmes qui commettent des crimes à visage découvert depuis des mois, ce n'est pas bon pour nous. Donc si vous vous posez la question, c'est parce que ce dossier est quelque peu honteux que nous ne communiquons rien ni aux médias ni à la population. S'il vous revient, c'est parce que mes supérieurs m'ont ordonné de résoudre cette affaire au plus vite. Prenez ça comme une opportunité, je vous fais confiance. » Sur ce, il ouvrit la porte et quitta le bureau de Twilight, laissant seule cette dernière.

La jument rebaissa le museau sur la photo de ses anciennes amies, que Soarin avait laissé sur la table. Twilight s'en saisit, et l'examina de nouveau. Ses quatre amies souriaient, armées jusqu'aux dents. Elles étaient bien plus âgées –bien qu'encore jeunes, la vingtaine, pas plus– que lorsqu'elle les avait vues pour la dernière fois, mais elle les avait tout de suite reconnues. Pourquoi étaient-elles devenues des criminelles ? Qu'avait-il bien pu se passer pour elles ces dernières années ?

Twilight reposa la photographie, et s'empara cette fois-ci des différents rapports de police qui venaient grossir le dossier. Le premier concernait le braquage d'une petite bijouterie de quartier, celle-là même où le quatuor avait posé pour faire cette fameuse « photo » de groupe. La quasi-totalité des vitrines brisées et vidées, vol effectué en plein jour, à l'ouverture du magasin. L'alarme n'avait été donnée qu'une fois les braqueuses enfuies avec leur butin. Valeur estimé du larcin : quatre cent mille bits. Une somme importante, mais visiblement pas leur plus gros coup. En survolant rapidement les rapports, Twilight vit que certains vol étaient estimés à plus de deux millions. D'autres cependant, faisaient état de vols plus modestes. Certains même ne recensaient la disparition que d'un ou deux objets. Pour Twilight, ceci était la preuve que ses anciennes amies agissaient parfois sous contrat.

Elle ne s'attarda pas sur le détail de chaque crime, jusqu'à ce qu'elle arrive sur le rapport du dernier en date ; un braquage, encore. Les yeux de l'Inspecteur s'élargirent lorsqu'elle tomba sur cette ligne :

« Victime(s) : 1 (Counter Coffee, employée. Décédée d'un tir au front.) »

Impensable. Twilight se souvenait de ses amies comme de gentilles filles, amicales et chaleureuses. Aujourd'hui, elles n'étaient pas seulement des voleuses, mais également des assassins. L'Inspecteur revint sur les rapports précédents, en s'attardant cette fois d'avantage sur les dégâts causés par les criminelles. Elle n'avait pas parcouru la totalité des pages qu'elle s'arrêta, le souffle coupé. Elle comptait déjà plusieurs dizaines de meurtres, tous commis avec une violence effroyable. La jument lavande n'en revenait pas. Elle était estomaquée, effarée. Ces filles avaient été ses amies, et, en vérité, les seuls qu'elle n'ait jamais eues. Il lui était arrivé de repenser à elles, d'imaginer pouvoir un jour tenter de les retrouver... et voilà que c'était chose faite.

 

« Fluttershy ! »

Entendant son nom, la jument leva le museau du journal qu'elle était en train de lire, confortablement enfoncée dans le fauteuil défoncé qui gisait dans un coin du salon. Elle vit ainsi entrer dans la pièce Pinkie Pie, qui souriait comme à son habitude.

« Ah, tu es là. Dis donc c'est fou ce que j'ai eu du mal à te trouver ! Elle est pas si grande que ça cette maison pourtant. » dit la nouvelle arrivée.

« Oh, j'espère que tu ne m'as pas cherchée trop longtemps ! » s'inquiéta Fluttershy. « Il n'y a rien de grave au moins ? »

Mais Pinkie Pie balança sa main devant elle en souriant. « Nan, je voulais juste te voir. Et en fait je savais très bien où tu étais, mais comme je m'ennuyais un peu, je me suis dis que je pourrais faire comme si je savais pas où tu étais et te chercher là où je savais que tu étais pas pour passer le temps ! »

Fluttershy haussa un sourcil, quelque peu décontenancée par la déclaration de son amie. Elle était habituée à son tempérament parfois excentrique, mais la petite jument toute rose des sabots à la tête trouvait toujours le moyen de la surprendre. Pinkie Pie se tenait maintenant devant elle, se balançant légèrement d'avant en arrière tout en l'observant de ses grands yeux bleus rieurs. Elle sembla soudainement se rendre compte de la présence du journal, et le désigna du doigt en demandant à son amie : « Tu lisais quoi ? »

La jument jaune reposa les yeux sur l'article qu'elle lisait avant d'être interrompue par Pinkie ; sa mine s'assombrit aussitôt. « Ils ont écrit un truc au sujet de la banque d'hier... »

« Oh, ils parlent de nous !? » s'exclama Pinkie qui se précipita au côté de son amie pour jeter un œil sur le texte.

« Tu sais bien qu'ils n'ont pas le droit. Non, ils disent juste qu'il y a eu une « attaque ». Ils parlent d'une femme, qui a été tuée... »

« Oooh, oui. C'est Rarity qui l'a fait je crois. »

Fluttershy, peinée, dévisagea la boule de crins roses emmêlés qui se collait à elle. « Pourquoi elle a fait ça ? »

Mais Pinkie haussa les épaules. « J'sais pas. Tu sais elle est un peu toc-toc des fois. » Elle frappa deux fois sur sa tempe en faisant la grimace pour accompagner ses mots. Fluttershy ne put retenir un petit rire. Cependant, elle n'était pas d'humeur à cela.

« Pinkie, je suis sérieuse... pourquoi ? »

Encore une fois, la jument rose haussa les épaules. « Vraiment, je sais pas. J'ai pas vu ce qu'il s'est passé, moi je m'occupais déjà du coffre lorsqu'elle a fait ça. »

Fluttershy soupira. « Au début, Rainbow m'avait promis qu'on ferait du mal à personne. »

« Tu sais, Rarity, elle est plus la même. Maintenant elle fait des trucs qu'elle aurait jamais pensé faire avant tout ça. Et je pense que c'est pareil pour nous toutes. Ce qu'on fait, c'est méchant, et à force, on est nous-mêmes devenues méchantes. »

La jument jaune écarquilla les yeux, et tourna la tête pour dévisager son amie. Depuis quand pouvait-elle parler avec autant de sérieux ?

« … Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur la joue ? »

Fluttershy bafouilla. « N- Non ! C'est juste que... tu penses réellement que nous sommes devenues méchantes ? »

Pinkie Pie gloussa. « Oui ! Mais pas toi, toi tu es la plus gentille de toute la terre ! » dit-elle en serrant la jument jaune contre elle.

« M- Merci Pinkie », réussit à souffler cette dernière, suffoquant sous l'étreinte puissante de son amie. « Mais... et toi ? »

La câlineuse relâcha son emprise et haussa un sourcil. « Quoi moi ? »

« Est-ce que... tu as déjà fait du mal à quelqu'un ? »

« Hum... nan ! Enfin, sauf une fois, mais j'avais pas fait exprès », répondit Pinkie.

« Comment ça, pas fait exprès ?

La jument rose repoussa une mèche de ses cheveux frisés, et prit un air gêné. « Eh bien en fait, j'ai planté une brosse à dents dans l’œil d'un policier. »

« Que-wah ? » s'exclama Fluttershy, horrifiée.

« Oh, mais je te l'ai dit, je n'ai pas fait exprès ! J'ai trébuché en courant vers la salle des coffres, et ma brosse a filé droit sur son œil ! »

« Que- Mais- Comment ? Pourquoi ? Pourquoi tu avais une brosse à dents avec toi ? »

« J'avais vu ça sur internet. »

L'équidé au poil couleur d'or dévisageait son amie avec de grands yeux ronds. Elle préféra cependant ne pas poser davantage de questions sur cet événement, et poursuivit plutôt sur le cas de leurs trois autres camarades. « Et les autres ? Je sais qu'elle ont fait du mal, beaucoup de mal... mais je n'arrête pas de me demander pourquoi... »

« Hum... » commença Pinkie en portant la main à son menton pour réfléchir. « Applejack, je t'avoue que je sais pas... elle est tout le temps en colère on dirait. »

« Oui, j'ai remarqué ça moi aussi », confirma Fluttershy.

« Rainbow, je crois que si elle fait ces choses, c'est parce qu'elle est la chef, et qu'elle veut qu'on réussisse », poursuivit la jument rose, avant de hausser les épaules. « Après tout, il faut admettre qu'on peut pas être des grandes voleuses si on fait jamais du mal, même du mal grave. »

« Tu... tu crois vraiment ? »

« Bah oui patate, ça serait comme un... un pirate sans perroquet ! »

« Hum... peut-être que tu as raison... mais ça me surprend tout de même, Rainbow était si gentille... et pour Rarity ? »

« Je te l'ai déjà dit, elle est toc-toc ! »

« Merci, ça fait plaisir. »

Les deux filles en pleine conversation sursautèrent en entendant la voix de celle qu'elles venaient d'évoquer. Elle se retournèrent vers l'entrée du salon, où Rarity se tenait, l'épaule en appui sur l'encadrure. « Dash nous demande de venir la retrouver en bas, on prépare tout pour demain... » dit-elle sur un ton un peu froid.

Pinkie et Fluttershy hésitèrent, avant de finalement hocher la tête, et de suivre leur amie qui déjà avait pris la direction de la cave.

 

Plus elle parcourrait les lignes des divers rapports, et plus cette affaire l'ahurissait. Un très grand nombre de braquages en un très court laps de temps assurait déjà aux malfaitrices un butin à huit chiffres. Minimum. Et pourtant, leurs visages, leurs identités étaient connues des forces de l'ordre ! Alors pourquoi n'étaient-elles pas appréhendées ? La raison était en vérité stupide.

Ses anciennes amies avaient profité, lors de leurs premiers casses, du climat de tension qu'il régnait alors entre l'Empire et la Dictature Changeline. Trop occupée à régler les problèmes inhérents aux affaires étrangères, l'impératrice Celestia avait délaissé celles de l'intérieur. C'était malheureusement là la faiblesse d'un système où toutes les décisions étaient prises par une seule... Twilight secoua vivement la tête. Elle pourrait avoir des problèmes si quelqu'un savait qu'elle avait seulement pensé cela.

Cependant, sans les ordres directs de l'Impératrice, les forces de polices n'eurent pas accès à tous les moyens possibles pour stopper le groupe masqué. La situation ne s'était améliorée que depuis quelques semaines. Et pourtant, les moyens mis en œuvre depuis restaient faibles ; cela, Twilight ne se l'expliquait pas.

Pour elle il était évident que ses anciennes amies devaient passer en tête des préoccupations, elles étaient clairement des ennemies de l'Empire, et devaient être neutralisées immédiatement ! Mais non, l'affaire était comme minimisée, pire, ignorée. Et elles le savaient, car pour preuve, Rarity pénétrait régulièrement dans les établissements bancaires non-masquée, pour repérer les lieux. Et pourtant, presque jamais personne ne la reconnaissait, alors que son visage et celui des autres auraient dû êtres affichés partout, et diffusés à la télévision. Rien de tout cela. Twilight ne comprenait vraiment pas.

L'enquêtrice soupira et se laissa basculer contre le dossier de sa chaise de bureau. Cette affaire lui demandait beaucoup de travail, car au final, peu d'informations avaient été rassemblées. Elle n'aurait pas dit non pour qu'un assistant lui prête main forte…

Elle resta ainsi quelques secondes, qui finirent par se transformer en minutes. Fixant le plafond, les bras croisés sur le ventre, elle s'autorisait une petite pause sans penser à rien. Du moins, elle essayait de ne penser à rien, car dans sa tête, tous les détails de l'affaire se bousculaient.

Sans modifier sa position, Twilight tendit une main pour attraper l'une des photographies devant elle. Il s'agissait de celle prise lors du premier braquage. Ses quatre amies la regardaient droit dans les yeux, affichant un air mêlant joie et défi. La photo avait beau être en noir et blanc, elle les imaginait sans peine avec leurs fourrures colorées. Surtout Rainbow Dash, et sa crinière arc-en-ciel qui la rendait tant jalouse à l'époque. Les filles tenaient leurs masques entre leurs mains. Ils étaient très détaillés, beaucoup de soin leur avait été apporté. Twilight avait la conviction que l'auteur de ces véritables objets d'art n'était autre que Rarity, qui déjà lorsqu'elle l'avait connue étant enfant, était passionnée par la mode et les belles choses.

De nombreux souvenirs lui revenaient en mémoire en visionnant cette image. Elle avait rencontré ces filles pour la première fois lors de son arrivée à Ponyville, lorsqu'elle avait dû suivre ses parents pour déménager. Elle avait été la petite nouvelle dans un village où tout le monde naissait et mourrait sans jamais voir autre chose que les grands champs à flancs de collines qui composaient le paysage environnant. Autant dire qu'elle ne s'était pas attendue à être aussi bien accueillie par cette petite bande de pouliches aux caractères si différents les uns des autres. Elles avaient été si gentilles… incroyable de voir ce qu'elles étaient devenues. La vie est cruelle.

Twilight avait passé le plus clair de ses recherches à trouver une raison au changement qui s'était opéré chez ses amies. Elle avait ainsi pu apprendre ce qu'il était arrivé à Rainbow Dash, qui avait enchaîné les échecs scolaires et sportifs, avant d'être expulsée de chez ses parents. Applejack quant à elle avait purement disparu après le rachat forcé de la ferme familiale et le décès prématuré de son frère, laissant derrière elle sa petite sœur seule. Rarity avait à l'inverse et heureusement réussi à vivre une vie sans heurts. Vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter en plein Manehattan, sa conversion dans le banditisme avait de quoi surprendre. La quatrième, Pinkie Pie… en dépit de ses efforts, Twilight n'avait jamais réussi à trouver la moindre petite information. Même ses dossiers scolaires étaient introuvables, comme si la jument rose à la joie de vivre inégalée n'avait existé que dans l'imaginaire collectif.

Il y avait également une cinquième fille, Fluttershy. Bien qu'il n'existe aucune preuve de son implication dans l'affaire, L'enquêtrice restait persuadée qu'elle aussi était impliquée. Si les quatre autres étaient là, la cinquième y était aussi. Impossible cependant d'ajouter officiellement cela au dossier, car aucune preuve de la présence de la jument jaune n'existait, et Twilight ne souhaitait pas révéler son amitié passée avec les malfaitrices –cela pourrait avoir comme conséquence de lui faire perdre l'affaire.

Soudainement, et sans même qu'un coup ne soit frappé, la porte du bureau s'ouvrit. Twilight releva la tête, prête à fustiger l’importun qui s'était introduit de la sorte, mais ravala en hâte ses paroles lorsqu'elle aperçut les galons ornant les épaules de Soarin.

« Encore en train de bosser ? Vous progressez ? »

La jument, qui affichait un sourire gêné, rangea les photos qu'elle avait encore sous les yeux et s'efforça de paraître naturelle. « Oui, Commandant, du moins, je fais de mon mieux ! »

« Si vous faites de votre mieux, je m'attends à voir notre gang masqué sous les verrous dès demain », répondit-il à Twilight, qui ne put s'empêcher de rougir face à ce compliment. « Dites-moi, vous n'avez pas encore mangé, je me trompe ? »

« Mang… il est déjà midi !? »

« Hum, en fait, il est une heure passée. Bien, alors posez vos affaires et suivez-moi. Vous avez déjà mangé camarguais ? »

Prise au dépourvue, la jeune inspectrice se mit à balbutier des paroles incompréhensibles, incapable de savoir comment formuler son refus à son supérieur, ce qui fit bien rire ce dernier.

« Je n'ai pas posé de question, allez debout ! »

« Si, vous m'avez demandé si j'avais déjà mangé camarguais… mais je ne peux pas, il faut que j'avance su- »

« Ta-ta ! » coupa Soarin, qui s'était approché pour aider Twilight à quitter son bureau. « Il faut savoir faire une pause de temps en temps pour être efficace. Sur ce point, vous devriez prendre exemple sur Spitfire ! »

« … Sur qui ? » demanda la jument, alors qu'elle enfilait déjà son gilet pour sortir.

« Oh, c'est vrai que vous êtes arrivée après le début de son congé maternité… bah ! Elle sera de retour bien assez tôt. Et donc, vous ne m'avez toujours pas répondu... Camarguais ? »

 

« On n'a rien oublié ? »

« Non, tout est là. »

« Rainbow, je passe toujours par le parc ? On ne change rien ? »

« On change rien ! »

« Très bien. Je ferme la porte. À tout à l'heure. »

 

« Et voici vos commandes, bon appétit ! »

Soarin remercia la serveuse avec l'un de ses sourires les plus charmeurs, et la poursuivit d'un regard discret lorsqu'elle s'éloigna. Sa demi-contemplation fut interrompue par un raclement de gorge peu discret.

« Je doute que vous m'ayez invitée ici juste parce que la nourriture est bonne. »

« Et pourtant, » contesta l'étalon en refaisant face à son plat encore chaud. « J'apprécie ce restaurant uniquement pour son… menu. »

Haussement de sourcil désabusé de la part de Twilight, qui préféra ignorer ce commentaire un brin misogyne et revenir sur leur précédente conversation, que la serveuse avait interrompue.

« Comme je disais, j'éprouve quelques difficultés à comprendre pourquoi aucun dispositif de grande envergure n'a été mis en place pour les arrêter ? »

Soarin roula des yeux en soupirant. « Il ne vous arrive jamais de vous reposer un peu ? Profitez du repas, parlons un peu d'autre chose que du boulot… tenez, vous avez un hobby, quelque chose que vous aimez faire en dehors du travail ? »

« Je peux encore comprendre qu'il y a quelques mois, » commença Twilight, ignorant totalement la question de Soarin. « la situation ne nous permettait pas de placer notre vigilance et nos moyens sur ce cas, mais aujourd'hui... »

Reposant ses couverts, l'étalon azur bascula lentement sur son siège, sans quitter la jument des yeux. Après quelques secondes passées à l'examiner, il finit par soupirer une fois de plus. « Bien, je suppose que vous ne me parlerez de rien d'autre ce midi… Comme vous le savez, la situation a beau s'être calmée, l'ambiance reste un peu tendue avec nos voisins Changelins. Pour faire simple du coup, il a été décidé de taire l'affaire un maximum. »

« Quoi ? »

« L'idée est de faire comme si tout allait bien dans l'Empire, comme si rien de fâcheux n'arrivait à l'intérieur de nos frontières. On en est arrivés à un point où l'image est plus importante que la réalité. »

« Mais enfin… c'est idiot ! »

Soarin haussa simplement les épaules. « Je ne me permettrais pas de critiquer les choix de l'Impératrice, même si je vous avoue partager votre avis. »

Twilight fronça les sourcils. Cela ne lui plaisait vraiment pas.

« Mais vous avez avancé, je me trompe ? Elles ne vont plus courir bien longtemps ? » demanda Soarin, qui avait repris ses couverts en mains.

La jument hocha doucement la tête. « Oui, si l'on veut. J'ai tout de même peur qu'il ne faille attendre une nouvelle action de leur part. Il va me falloir mettre en place un programme de surveillance des zones les plus sensibles, et ajouter quelque hommes à certain points-clés. J'ai déjà rempli les formulaires de requête pour ça. »

« Bien, j'y jetterai un œil alors. N'oubliez pas qu'il faudra conserver un minimum de discrétion. »

« Oui... »

Soarin se remit alors à sourire, et désigna de son couteau l'assiette de sa collègue. « Vous devriez manger avant que ça ne refroidisse. »

Elle baissa les yeux et sembla se rendre compte seulement maintenant que son plat lui avait été apporté. Elle se saisit alors de ses couverts et commença à manger. « Hum, f'est bon ! »

« Je vous l'avais dit que la nourriture était bonne ici ! »

Le repas se poursuivit dans une ambiance plus détendue, Twilight finissant même par répondre aux questions de Soarin sur sa vie privée. Elle finit même par oublier, l'espace d'une heure, l'affaire sur laquelle elle travaillait, jusqu'à ce que…

« … Twilight ? Vous allez bien ? »

La jeune fille, assise face à l'étalon, était passée de lavande à livide. Elle fixait sans ciller un point situé au-dessus de l'épaule de Soarin. Celui-ci se retourna mais ne vit rien d'autre, à travers la vitrine du restaurant, qu'une file de véhicules patientant à un feu rouge. Contrarié de ne pas comprendre, il refit face à Twilight, haussant un sourcil pour bien faire comprendre à celle-ci qu'il avait besoin d'éclaircissements.

L'enquêtrice lui répondit alors, sans quitter des yeux l'objet de ses troubles. « Vous vous souvenez, lorsque je vous avais dit ne pas connaître les filles du gang aux masques ? » Elle leva une main tremblante, et désigna quelque chose du doigt. « J'avais menti. »

Au bout du doigt de Twilight se trouvait une camionnette. À l'intérieur de celle-ci, tapotant nerveusement sur le volant, Fluttershy rongeait les ongles de sa main libre en attendant que le feu passe au vert.

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MarieDash
MarieDash : #7823
J'ai tout simplement adoré cette fic, voir notre mane6 préféré si changé, ça ma fais un choc, mes après on s'habitue, en revanche, tu décris un peu trop leurs actions comme étant celles déstinés surtout aux humains.
Il y a 3 ans · Répondre
MarieDash
MarieDash : #7822
J'ai tout simplement adoré cette fic, voir notre mane6 préféré si changé, ça ma fais un choc, mes après on s'habitue, en revanche, tu décris un peu trop leurs actions comme étant celles déstinés surtout aux humains.
Il y a 3 ans · Répondre
Adriconstructor
Adriconstructor : #3439
lol Cette parodie de PAYDAY 2 rainbow dash en cerveau,applejack en executeur,rarity en fantôme et pinkie pie en technicien pour ce qui conaissent le jeu xD
Il y a 4 ans · Répondre
Angel
Angel : #3026
Au moment ou j'ai lu le nom de Glad j'ai tout de suite pensé "Payday"
Sinon très bon chapitre,en espérant que on y retrouve la même qualité dans le futur.
Il y a 4 ans · Répondre
Aladriel
Aladriel : #2610
J'ai terriblement apprécier le chapitre, mais il y a un truc qui me reste en travers de la gorge.
Tu montres à plusieurs moments tes personnages comme étant des juments, mais tu utilises un vocabulaire dédié a l'être Humain, comme main et bras. Voila, sinon ça reste juste bien dans le thème de PayDay merci ;)
Il y a 4 ans · Répondre
Pinkie007
Pinkie007 : #2456
fredericdu237510 juillet 2014 - #2201
je trouve que a part les nom la fic n'a pas énormément de rapport avec mlp
C'est un petit peu le but d'une fiction. Sortir des sentiers battus, explorer d'autre horizon. Voilà tout.
Il y a 4 ans · Répondre
Toropicana
Toropicana : #2233
« Que- Mais- Comment ? Pourquoi ? Pourquoi tu avais une brosse à dents avec toi ? »

« J'avais vu ça sur internet. »
>THIS !!


Mise a part ça, c'est du très très bon, c'est de la bonne, et même si j'ai jamais pu jouer au jeu, avec cette fic j'étais dedans. C'est assez difficile quand même d'associer les manes6 à des criminels, surtout leurs personnalité, mais ici ça marche pas mal. Après ça s'enchaine vite, et le hasard fait encore une foi bien les choses avec ce cliffanger, mais j'imagine que c'est pour pas faire traîner le tout.

Je suis de prêt :)

Il y a 4 ans · Répondre
CompteSupprimé
CompteSupprimé : #2204
@fredericdu2375
Eh bien, c'est vrai qu'il y a pas de magie ni d'arcs-en-ciels, mais les personnalités du mane6 sont là. C'est amplement suffisant ; bien des fics ne se gênent pas pour jeter ça, ou même parler d'autre chose qu'MLP...

C'est un bon chapitre ! Dynamique, presque cinématographique même – surtout dans les transitions : Rarity à la banque, puis soudain plan pistolet ; le mane6 parle de Twilight, vlan caméra sur Twilight. Cette partie précédente (où les filles discutent) était peut-être un peu longue en dialogues selon moi, mais c'est tout.
Il y a 4 ans · Répondre
fredericdu2375
fredericdu2375 : #2201
je trouve que a part les nom la fic n'a pas énormément de rapport avec mlp
Il y a 4 ans · Répondre

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