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Ma Petite Applejack

Une fiction écrite par Toropicana.

Chapitre Final

Ce quartier de la ville, loin du centre, doit être le plus tranquille. Les seuls bruits pouvant briser ce calme sont les arroseurs automatiques, nécessaires pour garder une pelouse aussi verte que possible sous ce soleil cuisant du Texas. Les maisons se ressemblent presque toutes, plates et larges avec des toits rouges, verts ou gris foncé. Il n’y a pas de tranche d’âge parmi les habitants, autant de familles, de jeunes couples que de retraités. Dans toutes ces demeures, il y en a une qui est animée par un bruit différent : des tirs de fusils d’assauts, des cris de douleurs et de chairs transpercées, des voix hurlant des ordres de couvrir un soldat qui recharge ou avertissant qu’une bombe a été posée. Cependant il n’y a aucun mouvement, tout semble immobile, il n’y a pas autant de monde que l’on pourrait le croire à entendre tous ces cris et pas le moindre impact de balle à déplorer. Cette maison semble vide quand on passe la porte d’entrée donnant directement sur un couloir. Un bruit assourdissant de bataille des plus féroces retentit dans toute la maison, la première porte sur la droite mène au salon où une grande télévision ultra-plate....

 

“HEADSHOT DANS TA FACE SALE NOOB!!!”

 

Un vieil homme, possédant encore un nombre important de cheveux blanc pour son âge, est en train de jouer à un jeu vidéo à la première personne, un jeu vieux de plus de 70 ans. La console semble comme neuve mais d’autant plus vieille, cet homme y joue avec passion tout en criant sur cette télévision qui n’a pourtant rien fait à chaque fois qu’il perd une partie. Le volume est au maximum, chaque tir de M16 donne l’impression qu’il est tiré juste à côté de soit. Cela ne semble pas le déranger au contraire, mais pour ce qui est de la femme d’une quarantaine d’année se trouvant derrière lui, les bras croisés et le visage fermé, c’est tout autre chose. Elle déboule dans le salon, doigt tendu se dirigeant tout droit sur le bouton OFF de la console, mettant un terme à cette partie sanglante. Elle est enfin soulagée par la fin de ce vacarme, tandis que le vieux monsieur ne semble pas de cet avis.

 

“Mais... Lyra... pourquoi ? dit-il, d’un air de pitié.

 

-Tu ne t’entends pas jouer ? Et à ce que je sache, tu n’es pas sourd ! Ce qui est étonnant pour ton âge...

 

-Rah ! Tu ne peux pas comprendre c’est de ma génération. Au moins ça c’était des vrais jeux !

 

-Sans doute, mais ils sont très bruyants et vu comment tu t'excites devant, ça m’inquiète pour ton cœur. Fais autre chose d’accord ? Ou joues à un jeu plus calme, lui conseilla t-elle tout en lui passant une boite pleine de disque.

 

-Pff... qu’est-ce que je serais prêt à faire pour toi ma fille..., grogne-t-il en empoignant sa canne pour se lever.

-Laisses-moi t’aider...

-Bas les pattes ! C’est moi qui t’ai apprit à marcher !” râle t-il en la repoussant à l’aide de sa troisième jambe.

 

Une sonnette de porte retentit. Pendant que le senior insère un disque dans la console, sa fille commence à se diriger vers la porte d’entrée. Il commence à allumer la console mais quelque chose attire son attention au point même de couper le son, il parvient à entendre parler celui qui a frappé... ou plutôt celle. C’est la voix d’une jeune femme qui commence à poser des questions... une voix étrangement familière. Il ne prête pas trop d’importance par la suite jusqu’à ce qu’il croit entendre un prénom.

 

“...Vous êtes sûr ?

 

-Navrée il n’y a personne de ce nom là ici, répondit la fille du vieille homme.

 

-At...Attends !” cria ce dernier.

 

Il se met à trottiner vers l’entrée tout en répétant à sa fille d’attendre et de ne pas laisser la jeune femme partir. Cette fille de dos commence à quitter le pallier de la porte. Il l’appelle, celle-ci se retourne. Dès l’instant où ses yeux se posèrent sur celle-ce, son cœur failli s’arrêter tout comme son âme. Cette jeune demoiselle aux cheveux long et violet, parcourus de mèches roses tout cela dans une coupe à frange... ça ne lui est pas inconnu. Elle porte une chemise violette avec un col noir et une robe courte de la même couleur, elle doit avoir tout au plus une vingtaine d’années. Même si cet endroit est des plus calme et tranquille, elle ne semble pas à l’aise et ce retraité ne l’aide pas à se sentir mieux. Il regarde Lyra et lui fait signe de le laisser d’un mouvement de tête et ce canne, celle-ci exécute l’ordre tout en se faisant interrompre par son père avant qu’elle ne commence à poser des questions. Puis il regarde de nouveau la jeune fille, qui elle regarde le vieux monsieur intrigué.

 

“Je peux vous aider? fait le vielle homme.

 

-Je suis à la recherche de quelqu’un du nom de Polycop.

 

-...Mademoiselle, sachez que personne n’a prononcé ce nom depuis quarante ans.”

 

Soudain, la jeune femme est comme choquée, elle a du mal à croire que cet homme est ce Polycop qu’elle cherche tant. Elle baisse la tête vers une sacoche marron qu’elle porte à son épaule puis y plonge la main pour en sortir un ouvrage assez grand.

 

“Tenez, c’est pour vous. Je ne peux pas rester longtemps, au revoir Polycop.”

 

Juste après avoir remis ce bouquin de taille normal, elle s’en va à pas de course, voulant à tout prix quitter cet endroit prétendument paisible. Le vieil homme ne dit pas un mot, il se contente de rester sur le pallier de la porte tout en tenant ce bouquin, mais dès qu’il commence à ouvrir une page l’expression de son visage se déforma, impossible de dire si c’est de la terreur ou de l’émerveillement. Il croit faire une crise cardiaque au point de se tenir la poitrine, laissant même tomber le livre.

 

“Mademoiselle attendez !” crie t-il en s'accrochant à sa canne pour se remettre à marcher plus vite. Il tente de la suivre mais elle est déjà loin au bout de la rue à seulement une cinquantaine de mètres. Continuant à essayer de la rattraper il l’appelle toujours : ”Jeune fille... Mademoiselle... Tw... ”. Il n’ose pas le dire en entier, c’est trop insensé ! Mais pourtant les choses sont là, ce qu’il vient de voir dans ce livre ne trompe pas. La jeune fille vient de tourner dans la rue de droite, il ne reste plus que quelques mètres au vieil homme pour faire de même.

 

“Twi...!” Plus personne, cette mystérieuse demoiselle s’est volatilisée et il n’y a pas une seule ruelle dans laquelle elle aurait pu se réfugier. Le vieil homme reste au coin de cette rue quelques minutes, à chercher si elle ne pourrait pas être ailleurs dans l’espoir d’en avoir le cœur net, mais plus rien. Il retourne à sa demeure, épuisé, cette petite course n’est plus du tout de son âge et il en ressent maintenant les conséquences, son palpitant est sur le point d’exploser.

 

“Mais où es-tu allé comme ça ? demande sa fille une fois rentré chez lui.

 

-Ce... cette petite gourde avait fait tomber son porte feuille, ment-il tout en cachant son émotion.

 

-On peut dire qu’elle t’en a fait baver ! Reste tranquille maintenant car ce soir n’oublie pas qu’il y a l’anniversaire de ma fille, et ce serait dommage que son grand père ne soit pas là pour lui fêter.

 

-Oh oui ma petite BonBon !

 

-Et que te voulait cette fille ? C’est étrange comme nom... Polycop.

 

-C’est juste un nom que j’ai pour la bibliothèque, elle m’a... apporté ce livre que j’ai emprunté, répond t-il en brandissant l’ouvrage. Maintenant je vais aller le lire en haut si tu veux bien.

 

-Je reviens ce soir pour l’anniversaire, restes vivant d’ici là OK papa?

 

-Oui Lyra, à ce soir.”

 

Une fois sa fille dehors, Polycop monte les escaliers de sa maison. Les murs sont recouverts de beaucoup de cadres photo retraçant une bonne partie de sa vie. Une photo de famille et de ses trois enfants dont sa fille Lyra d’à peine quelques années, une autre de lui et sa femme pour le plus beau jour de leurs vies, ensuite les trois enfants devenus grands avec un couvre-chef de diplômé. Il ne reste plus que lui et ses enfants, désormais adultes, sa douce semble s’être perdue dans le temps mais malgré cela, plus il monte les escaliers et plus la vie continue, sur la dernière il peut tenir sa première petite fille dont il va fêter le quatrième anniversaire ce soir. Il adore l’appeler BonBon, et pour comprendre il suffit de pénétrer dans sa chambre. Les murs sont tapissés de posters à l'effigie de ses séries préférés dont My Little Pony. Bien que cette série n’existe plus, il n’en n’a pas pour autant oublié sa passion pour ce dessin animé. Il se pose sur son lit et commence à regarder ce qui est en fait un album photo.

 

Ce n’est pas lui sur ces photos, mais quelqu’un d’autre, qui visiblement, aux larmes qui coulent sur ses joues, est une personne lui ayant été chère. A chaque page il rit à travers ses sanglots, mais il pleure encore plus quand il voit un couple pris en photo avec quelque chose d’autre. Cette chose qui est présente sur toutes les photos. Sur certaines, il se voit plus jeune, à poser et faire l’imbécile avec cette personne puis également avec cette autre présence faisant des grimaces à celui qui a pris le cliché. A la fin de l’album, il s’effondre sur lui même. Mais qui est donc cette homme... et celle qui l’accompagne ? C’est alors qu’une feuille tombe de l’album quand il le reprend, il est écris quelque chose.



***



Le vent souffle doucement, il n'est pas chaud, mon dos frissonne. Je sens comme des milliers de choses réagissant au vent le long de mon dos et sur tout mon corps. Le sol est un peu froid et humide, je sent à peine l'herbe qui se trouve sous mes pied, mais c'est différent. J'entends des bruits venant de tous les côtés, mais les sons semblent provenir de plus haut au niveau de ma tête, j'ai l’impression que je peux bouger mes oreilles, c’est ridicule... J’ai envie d’ouvrir yeux mais la lumière est intense, impossible de garder les paupières ouvertes plus de quelques secondes. Autour de moi j'entends des voix que je reconnais bien.

 

“Les filles, j'ai réussi ? demande Twilight.

 

-Mmh... il ressemble déjà plus à quelqu'un, affirme Rarity.

 

-Il lui manque quelque chose, observe Rainbow Dash.

 

-Si c'est à une paire d'aile que tu penses Rainbow, laisse tomber...

 

-Pourquoi il se lève pas ?” questionne Applejack

 

Cette dernière phrase me donne alors l’envie d'essayer, mais sans succès. Quelque chose a remplacé mes pieds et mes mains, quand je veux les bouger c’est encore différent. Je n'arrive pas à me lever, ni même à ramper. Dans ma tête je commence à paniquer. Que s'est-il passé ? Pourquoi tout me semble différent ? Je ne reconnais plus aucune sensation habituelle, toutes celles que j'avais ont disparues pour être remplacées par d'autres que je n'avais jamais ressenties. J'entends encore parler, même la façon d'entendre les choses est différente, il y a des nouveaux bruits que je reconnais... mais en mieux.

 

“Regardez ! Il bouge, enfin je crois..., crie Rainbow.

 

-Oui, mais il n'arrive pas à se lever, répondit Rarity.

 

-Si ça se trouve ce n'est pas lui, c'est un type qu'on a assommé en arrivant !

 

-On va voir ça Pinkie. Papa ? Tu m'entends ?”

 

Cette voix ! Elle me fait ouvrir les yeux instantanément, mais je ne vois rien à part une grande lumière aveuglante et des silhouettes très floues, seulement distinguables par des couleurs. Je baisse ce qui doit être ma tête, ce qui la soutient semble plus long et plus large qu'avant. Tout doucement je peux apercevoir de l'herbe, la seule chose que je réussit à identifier par le toucher. Et quand tout deviens moins flou, je regarde ce qui est censé être ma main. Une chose ronde et dur, de couleur beige, dans sa continuité la couleur ne change pas.

 

Non... je... quand même pas ! Même la sueur froide qui me coule le long du dos a l’air différente.

 

“Vu comment il se regarde ce doit être lui, affirme encore Rarity.

 

-En tout cas Twilight tu as fais du bon travail, c'est un charmant poney que tu nous as fait là”, renchérit la voix suave de Celestia.

 

Je suis... un PONEY !? C'était ce que je voulais, mais... je suis brusquement revenu à la réalité... mais c'est la réalité ! Non ?... Si ! Je panique encore, je regarde chaque centimètre de ce... de MON corps ! Il est entièrement couleur crème, ma crinière presque noire et courte comme ce truc qui sort de mon postérieur. J'ai une queue maintenant ! Je la prends, dans mes pattes toutes rondes, l’idée même d'avoir des doigts n'est plus là. Plein de choses qui étaient moi n'existent plus, d'autres sensations les ont remplacées mais différentes... totalement différentes.

 

Je bouge par terre, ridiculement, je rampe en tournant en rond pour comprendre ce qui se passe : je touche ; ressent ; renifle. je peux sentir un bon nombre d'odeurs, la mienne provient de la sueur induite par mon état de panique, mais j'en sens d'autres très distinctement. De la barbe à papa -Pinkie Pie-, du parfum de haute marque -Rarity-, une vieille odeur de vieux livre usé par le temps -Twilight Sparkle-. Chaque odeur que j'identifie fait tourner mon regard sur les personnes que je cite dans ma tête. L'odeur m'indique la direction. Puis comme ça, j’entrechoque mes pattes : c’est dur, ça a fait un bruit bien commun. Des sabots ! Je ne rêve pas ! Toutes ces sensations sont bien trop réels. Je respire rapidement, mon cœur part en vrille et je suis terrifié à chaque fois que je regarde une parcelle de ce corps inconnu.

 

“Euh... finalement ce n'était peut-être pas une si bonne idée de le ramener ici.”

 

Cette voix si douce, timide et fluette, une odeur de graine, de maïs mélangée avec celle d'un shampoing masculin -Fluttershy- (odeur venant des cheveux de Polycop). Je dois avoir l'air débile, à tourner sur moi même par terre. Elle a raison, plus je réalise ce qui se passe et plus j'ai des regrets. Comment ais-je pu faire une chose pareille ? Je n'ai absolument pas pensé à mon corps d'avant, trop aveuglé par l'idée de suivre ma petite Applejack.

 

“Papa calme toi ! Je suis là regarde, tu me reconnais ?”

 

Et là je l'ai vue. Elle et ce sourire gêné par peur de ma réaction. Elle et son odeur... une odeur de savon à la pomme venant de ma salle de bain. Dès que je l’ai vue, tous mes regrets se sont envolés. Elle est là, à me tendre sa jambe que j’empoigne avec la mienne sans difficulté. C’est le premier mouvement que j'ai par réflexe. Elle me tire et automatiquement je me retrouve sur mes quatre sabots, les pattes tendues mais tremblantes.

 

“Essaie d’faire quelques pas, me dit-elle.

 

-Tu as besoin d'aide AJ ? S'inquiéta l’élément de la loyauté.

 

-Non les filles ça ira, j’pense y arriver seule.”

 

Je ne me concentre que sur sa voix. Je met un sabot devant l'autre prudemment. Je trébuche mais Applejack est là pour me rattraper. Et j'ai recommencé, avec elle pour me retenir si besoin. Après seulement quelques secondes j’y arrive tout seul sans trop de difficultés, je peux tourner tout en marchant, j’ai un contrôle parfait sur mes jambes. La joie peut se lire sur mon visage, et Applejack le voit aussi.

 

“Tu peux parler ?”

 

Je n'avais pas essayé, c'est vrai que ma nouvelle mâchoire est bien différente de l'ancienne et je n'ose pas dire quoi que ce soit. Mais sur l'instant j'étais euphorique à savoir marcher, en la regardant j'ai pensé à quelque chose.

 

“...Pomme.”

 

Son sourire se transforme en un petit rire, je ne pensais pas qu'elle s'en souviendrait. Son premier mot, elle l’avait dit alors qu'elle était si jeune. Mais avec ce que lui avait fait Twilight, elle se souvenait de tout, même la première fois où elle avait ouvert les yeux sur moi. Soudain, j'entends quelqu'un appeler, ça a une toute petite voix que j'avais déjà entendue quelque part. Elle venait de très loin mais je l'entends. Je peux même sentir son odeur mais ça ne me dit rien, et mes yeux ne peuvent qu'identifier une petite forme jaune claire se rapprochant parmi tout ce vert. J'entends Applejack prononcer le nom d’Applebloom. Elle ne s'est pas trompée, les larmes de joie coulant sur ses joues le confirme encore plus. Maintenant que j’y pense, ça faisait vingt ans qu'elle ne l'a pas vue.

 

Sans tarder, elle galope la rejoindre, une forte bourrasque enlève son chapeau de sa tête, mais elle ne l’a pas remarqué à cause de ce débordement d'émotions. J'ai donc commencé à courir pour le rattraper. J'ai facilement pu le ramasser avec ma bouche, puis je me suis rendu compte que je venais de galoper pour la première fois. Ce n'étais pas très difficile et ça m'est encore une fois venu comme un réflexe. Je peux mieux voir à présent, même si je peux à présent distinguer le magnifique paysage d'Equestria, mais je suis plus concentré par les retrouvailles d’Applejack et de sa petite sœur. Celle-ci semble assez étonnée que sa grande sœur se mette à pleurer pour juste vingt jour d'absence... vingt jour pour elle. Elle saura la vérité plus tard quand Applejack lui expliquera ce qu'il lui est arrivé dans mon monde, elle ne pourras pas le cacher, l'élément de l’honnêteté qu'elle est en serrait incapable.

 

Je regarde les sœurs se câliner, je souris avec ce chapeau que je tiens entre mes dents. C'est alors qu'Applebloom s’aperçoit de ma présence, elle questionne alors sa sœur.

 

“C'est qui lui ? Pourquoi il tient ton chapeau ?”

 

Elles se rapprochent de moi, je suis assez gêné ne sachant pas quoi faire car je me rend compte que c'était la véritable Applebloom qui est devant moi, la même que dans la série. Pendant ce temps, le groupe de ponettes reste au loin à regarder silencieusement la scène. La Princesse Celestia semble faire des éloges à sa protégée sur ce qui semble être un franc succès. Quand à nous, Applejack ne tarde pas à faire les présentations.

 

“Applebloom, je te présente celui qui m’as sauvé la vie. Il a tout fait pour me protéger, je lui doit tout.

 

-Bonjour, je suis enchantée de te rencontrer, me présentais-je.

 

-Oh mais... tu sais déjà bien parler papa ! s'exclame Applejack

 

-...Papa ?” fait Applebloom d’un air étrange.

 

Encore une fois, son honnêteté l'a trahie mais c’est la première fois depuis son retour ici. Sa petite sœur me regarde bizarrement à présent, je ne ressemblai pas au vrai père d’Applejack et donc au sien aussi. Cette scène m'en a rappelé d'autres, comme la fois avec Polycop, avec Clara et enfin avec toutes les autres juments. Mais cette fois-ci j'en ai eu un peu marre de devoir me justifier à chaque fois, j'ai donc regardé ma fille avec un regard signifiant très clairement “à ton tour maintenant”. Elle s’est mise une fois de plus à rire, et elle lui a tout expliqué, et j'ai pu par ailleurs entendre comment elle avait vécu les choses avec sa mémoire claire, juste après avoir dit que sa vie était repartie à zéro et qu'elle avait vécu vingt ans dans mon ancien monde.

 

“J’avais aucune idée d’là où j'étais. Quand j'ai ouvert les yeux j’l’ai vu, lui. J’avais aucune idée de c’que c'était, ça ressemblait à rien de c’que je connaissais. J'avais peur mais lui aussi, peur de m’faire mal et m'effrayer. Il m'a nourrit et a veillé sur moi. J'avais que lui pour m’réchauffer, j'ai pris un risque énorme en voulant le faire contre c’qui était inconnu pour moi. Il s'est laissé faire, et quand j'ai vu qu'il m’ferait rien malgré avoir tenté c’que j’croyais être le pire, j'ai compris que j’pourrais lui faire confiance. Il m'a dissimulée et m'a protégé au péril de son existence. Malgré ses amis et Clara... maman, il a continué à prendre soin d’moi. J’avais que lui, et quand maman est morte il était encore là, je pouvais pas le laisser seul là-bas, Twilight s'est chargée de ça. Sans lui Applebloom, j’serais sûrement plus là pour te dire tout ça.”

 

Elle a reçu une oreille attentive durant tout son récit, pourtant je ne sais absolument pas à quelle réaction m'attendre. Je découvre également autre chose.

 

“En tous cas, t’as une cutie mark assez étrange”, dit-elle en regardant l’un de mes flanc.

 

J'en ai déjà une ? Je n'ai même pas fais attention. Sur chacun de mes flancs j'avais une marque de beauté, un marteau et un compas. Je n'ai pas mis beaucoup de temps à comprendre pourquoi j'avais cette cutiemark et pas une autre, Applejack non plus.

 

“Là d'où il vient c'est un formidable bâtisseur.

 

-Mais Applejack, tu es sûre de devoir l'appeler « papa » ? Que dirait vraiment maman et papa si...”

 

Puis soudain un grand silence s’est installé. Je venais d’obtenir la réponse à une question que je n'ai jamais osé me poser, ni à elle. Je n'avais aucune idée de l'identité ni même si elle avait de vrais parents, pour réponse j'ai eu le droit à un silence et une tête d’enterrement. Ça m'en a fait comprendre beaucoup. Si ça se trouve, elle m'appelle comme ça pas seulement parce que je me suis comporté en tant que père mais aussi parce qu'elle en avait peut-être besoin d’un... Besoin de redécouvrir ce que c'est que d'avoir une famille. J’étais extrêmement embarrassé, Applebloom posa une question qui mit Applejack dans l’embarras, elle a peur de ne pas faire honneur à ses vrais parents en les remplaçant par moi, moi également qui d'un coup ne me sentais plus capable d'assurer cette tâche que j'ai assumé pendant vingt ans. Mais sa réponse me surprends...

 

« J’pense qu'en sachant que j'ai redémarré à zéro il comprendraient pourquoi je l'appelle comme ça. Et toi papa, ils te seraient reconnaissant d'avoir veillé sur moi, ils t'auraient remercié d'avoir été un père dans ce monde dans lequel j’serais pas celle qui j’suis aujourd'hui si tu n'avais pas été là. »

 

Chacune de ses paroles me remplissent le cœur de tendresse, l'estime qu'elle a pour moi est si vaste...

 

Le paysage, ma vision est net maintenant. Ça ressemble au dessin animé, mais avec de vrais arbres et des feuilles bien distinct, des nuages aussi vrais que nature semblables à ceux de mon ancien monde, et le tout en relief. Je ne peux pas tout décrire d'un coup, il y en a tellement. Je suis tellement figé devant ce nouveau paysage que je ne remarque pas tout de suite qu'Applebloom s'est collée contre moi en guise de remerciement.

 

“Tu crois que je vais y arriver ?

 

-Arriver à quoi ?

 

-Ce monde... est-ce que je vais arriver à m'y adapter ? Est-ce que je vais y trouver ma place ?

 

-Ne t’en fait pas, si moi j'y suis arrivé chez toi, ici ce sera encore plus facile pour quelqu’un comme toi. En plus de ça t’as déjà une cutiemark, me rassure t-elle.

 

-Et si je n'y arrive pas ?

 

-Tu y arrivera ! Et j’serrai là si jamais t’as besoin, comme tu l'as été pour moi. Maintenant viens, j'ai une famille à te présenter...

 

-Attendez.”

 

Une voix plus mature mais agréable à entendre, une odeur... une odeur parfaite, je n'en n'avais jamais senti une comme ça -Celestia-. Elle s'était approché avec tout le groupe de juments.

 

“Grâce au travail remarquable de Twilight Sparkle, vous n'aurez pas à être dissimulé comme tu l'as été Applejack. Mais sachez que si Ponyville et même l'ensemble du royaume venaient à savoir qu'une autre dimension existe, cela pourrait avoir des mauvaises conséquences sur mes sujets. Je tiens donc à ce que ce vous fassiez preuve de silence sur un maximum de poney.

 

-Même pas à notre famille Princesse ? interroge Applejack voulant savoir.

 

-Il peut y avoir des exceptions à condition que cela reste limité.

 

-Dans ce cas vous pouvez compter sur nous !

 

-Attends AJ, tu ne vas pas tout de même l'appeler tout le temps « papa » devant les autres poney en ville. Il faut lui trouver un nom”, stoppa Rainbow Dash alors que tout le monde s'apprêtait à se disperser.

 

Elle avait raison, en plus de mon statut de papa qui devait rester secret, m'appeler par mon vrai nom était encore pire. Il m’en faut donc un nouveau, mais quoi?  On décide à ma place, particulièrement Applejack qui ne mit pas longtemps à trouver.

 

“ Et que dirais-tu si tu t'appelais... HammerSmith ?

 

-Pas mal, ça sonne bien ! se réjouit Rainbow.

 

-Pinkie Pie approuve !

 

-Et bien... pourquoi pas ”, je réponds.

 

Je l'aime bien ce nom, ça se rapproche de ma profession ce qui me convient parfaitement. Les autres aiment aussi, alors je ne peux qu'approuver ce nouveau nom que je porterais jusqu'à la fin de ma vie dans ce nouveau monde. Une dernière fois, Twilight veux me parler mais pour la première fois, c'est moi qui démarra la conversation.

 

“Twilight, je ne sais comment te remercier. Je ne sais pas comment aurait été ma vie si tu ne m'avais pas aidé à continuer ma vie à ses côtés.

 

-Ne me remercies pas, c'est à moi de le faire. Jamais je ne te serais assez reconnaissante d'avoir protégée notre Applejack. Sache que je serais là en cas de besoin.”

 

Toutes les autres juments ont également tenu à me remercier encore une fois et à me proposer de m'aider en cas de besoin. Je ne sais comment dire... plus que de la chance ? J'ai tout pour bien démarrer dans ce monde, dans Equestria. J'ai des nouveaux amis, une nouvelle famille, mais par dessus tout ma fille,

 

Ma petite Applejack.



Épilogue

 

Il ne cesse de sourire, c’est l’anniversaire de sa petite fille et tous ses enfants sont là pour le fêter aussi. Ses deux fils sont accompagnés de leurs compagnes, l’une d’elles attend un heureux événement et pour l’autre le sujet est déjà envisagé. Lyra par contre est seule, les aléas de la vie ont fait qu’elle se retrouva célibataire mais rien de dramatique, ce n’était tout simplement pas le bon. Malgré cela elle sourit comme tous les autres, à voir sa fille assise sur les genoux de son grand père pendant qu’elle souffle ses quatre bougies. Polycop aussi ne peut s’empêcher d’avoir une crampe aux lèvres, voir grandir sa petite BonBon est l’une des raisons qui le poussent à rester en vie. Mais ce n’est pas sa seule raison de sourire ainsi, il n’y a pas que de la joie à l’intérieur mais aussi un très grand soulagement, il est heureux depuis qu’il a regardé ce fameux album photo, mais aussi un mot écrit sur une feuille lui donnant la réponse à la question qu’il s’est tant posée pendant quarante ans : “A-t-elle réussi?”.

 

Il ne peux cacher sa joie, cette anniversaire est le parfait événement pour dissimuler cette euphorie, a tel point qu’il n’hésite pas à faire partager à tout le monde son bonheur et cela à sa manière, après que la petite BonBon ait déballé son cadeau.

 

Après s’être bien défoulé sur un son de marteau piqueur, Polycop décide de laisser ses enfants au calme, parler entre frères et sœurs ne peut que leur faire du bien car les occasions se font rares depuis qu’ils entreprennent chacun une vie professionnelle active. Pendant ce temps, se faisant discret, il reprend son album photo qu’il avait dissimulé dans un tiroir d’un meuble. La nuit est tombée, offrant un ciel sans lune rempli de milliers d’étoiles. Même les lumières de la ville avoisinante ne peuvent les dissimuler. Polycop possède un jardin peu vaste mais convenable pour y installer quelques chaises longues afin d’observer ce ciel somptueux. Il n’y a pas de pelouse mais uniquement des dalles en pierre, l’herbe est trop coûteuse à entretenir dans cet état, et sa santé ne lui donne pas la possibilité de s’en occuper. Tranquillement, et avec un sourire serein, il s’allonge sur l’une de ses chaises pour une nouvelle fois regarder cet album photo débordant de vie. Cette fois il ne pleure pas mais il rit, pas l’ombre d’une larme, et à chaque page il s'esclaffe.

 

La toute dernière photo le laisse silencieux mais le fait sourire, elle est différente des autres car il n’y a plus personne mis à part deux poneys. L’un a une couleur beige avec une crinière noire courte et assez classique dans sa coiffure comme pour sa queue, il est aux côtés d’une jument à la robe orange portant un chapeau de cowboy sur sa crinière blonde attachée. Ces deux poneys, qui n’ont rien d’ordinaire, posent devant une grange couleur pourpre et blanche décorée de fleurs à chaque fenêtre. Il y a une lettre collé à la page suivante, celle qui était tombée quand il a ouvert le bouquin pour la première fois. Pour la vingtième fois aujourd’hui il le relis encore.

 

“Cher Polycop,

 

Si tu as l’occasion de lire cette dernière lettre de ma part, elle te donnera la réponse que tu t’es sûrement tant posée depuis toutes ces années. J’espère que tu es vivant et en bonne santé, et si c’est le cas saches que je suis désolé d’avoir mit autant d’années à te faire savoir que mon passage entre les États-Unis et Equestria s’est parfaitement bien passé, et comme tu as pu le voir sur la photo je suis devenu l’un des leurs. Je vais bien et comme tu dois le savoir, pouvoir regarder Applejack grandir est tout ce qui me convient, elle m’a même donné un nouveau nom : HammerSmith, tu ne doit pas être surpris j’imagine. Ce pays est vraiment fascinant ! Chaque fois qu’un événement se produit et qui peut nuire à quoi que ce soit, il est aussitôt résolu par n’importe quel moyen puis gardé en mémoire avec une petite morale qui porte conseil pour l’avenir. Il y a quelques jours encore nous avons rencontré un inconnu très étrange et notre indifférence dans sa détresse a failli coûter cher à Ponyville d’après ce que j’ai pu comprendre, car je ne m’y suis pas impliqué. Enfin voilà, je souhaite de tout mon cœur que tu sois encore vivant pour lire ça. Twilight est revenue dans ton monde pour mieux l'étudier, Celestia et elle ont mis plusieurs jours à créer un portail qui va sur la Terre et donne en même temps l'allure d'un humain, comme je l’ai fait tu peux la remercier de s’être donné tant de mal. Soit serein mon ami, je suis en pleine forme et heureux comme jamais. Je prie de tout cœur que tout se soit bien passé pour toi, et que tu aie vu grandir tes enfants, j’espère même que tu es grand père ! Je te remets donc cet album photo pour te rappeler que j’ai bien existé comme Applejack, comme les moments que nous avons passés ensembles, qui eux aussi étaient vrais. Ne t’en fais pas pour moi, ce que tu tiens dans tes mains est une copie faite par la magie.

 

Tu me manques mon ami.

HammerSmith”






Son expression ne change pas à la relecture de cette lettre, toujours le sourire aux lèvres. Ce n’est pas la réaction qu’il a eu lors de sa première lecture juste après que sa fille soit partie. Il a pleuré comme jamais, mais avec des larmes remplies uniquement du soulagement de quarante ans d’une question sans réponse qui lui permette de partir en paix sans se demander si son ami est vivant. Peut importe si pour lui cela ne fait que quarante jours, il est passé de l’autre côté sans aucun problème et c’est tout ce qu’il voulait savoir. Pendant un long moment il se pose la question de savoir si cet homme de qui il était proche n’était pas seulement issu de son imagination, cet album photo est une preuve du contraire, comme cette jeune femme aux cheveux violet que sa fille avait vue, une Twilight Sparkle version humaine.

 

Soudain, il entend un bruit de roues en plastique débouler vers lui, juste après avoir fermé l’album par reflex, il voit la petite Bonbon pédalant sur son cadeau d'anniversaire.

 

“Papi Poly tu fais quoi?

 

-Papi Poly a besoin de se relaxer un peu, répond t-il.

 

-Dit, tu peux me raconter encore ton histoire ?”

 

De quel histoire parle t-elle ? A en juger par son visage dirigé vers l’album photo, il n’est pas difficile de deviner ce qu’il a pu lui raconter les soirs où il l’a bordée dans son lit.

 

“...Et si je te la montrais cette fois-ci ?” dit-il en prenant sa petite fille dans les mains pour la poser sur ses genoux.

 

Il releva le siège afin qu’il puisse s’asseoir de manière à ce qu’elle aussi soit confortablement assise pour regarder l’album photo avec lui. A chaque image, il lui raconte l'anecdote correspondant à la photo. Elle gazouille chaque fois qu’une pouliche fait son apparition, quant à Polycop il s’interroge, peut-être qu’il commet une erreur en racontant ce qui est censé rester secret, mais elle n’a que quatre ans et il serait dommage qu’une telle aventure tombe dans l’oubli comme ça. Il fallait trouver quelqu’un digne de confiance, lui et sa petite fille sont très proches après tout, il n’y a pas mieux pour lui. Il préfère tout de même attendre que le moment soit venu avant de lui montrer la dernière image.

 

“-Et maintenant il est où ton ami ?” demande t-elle.

 

-Il est avec sa fille maintenant ”, dit-il en regardant deux étoiles filantes dans le ciel.

 

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supersonic
supersonic : #48472
Cette fiction est plus intéressant que l'idée d'origine avec Rainbow Dash
Il y a 6 mois · Répondre
Toropicana
Toropicana : #35661
Sunlight412 mars 2016 - #35660
Je conseille cette fig a tout le monde elle est merveilleusement Belle.
merci :)
Il y a 2 ans · Répondre
Sunlight4
Sunlight4 : #35660
Je conseille cette fig a tout le monde elle est merveilleusement Belle.
Il y a 2 ans · Répondre
rainbownuit
rainbownuit : #23139
Je pleure pourquoi tu arrêtes de nous donner des fic comme s'elle si pourquoi ?
Il y a 3 ans · Répondre
lola629
lola629 : #12217
Histoire magnifique a lire absolument
Il y a 3 ans · Répondre

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