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Les Terres du Crépuscules

Une fiction écrite par Shamanchien.

La saga des Terres du Crépuscules:

Le vent chaud venu du sud souleva une pellicule de fine poussière. Pas vraiment du sable, c’était plus fin et plus insidieux, cela se glissait partout dans le moindre interstice, la moindre ouverture. On respirait de la poussière, on mangeait de la poussière, on vivait dans la poussière.

De toute façon, de la poussière c’est tout ce qui restait en cette contrée. De la poussière et des fantômes, beaucoup trop de fantôme.

Si, il y a autre chose ici, là-haut dans le ciel. Le ciel, cette étendue qui nous domine tous, uniformément bleu, toujours et désespérément bleu. Et là, en son centre, en son zénith, celui qui jamais ne bouge, cet astre cruel qui brûle plus qu’il ne réchauffe, qui aveugle plus qu’il n’éclaire. Le Soleil. L’impérieux et le tyrannique Soleil.

Un mouvement se fit entre les rochers, quelque chose, ou plutôt quelqu’un était là, dans les ombres. Quelque chose de vivant foulait ce sol aride et sec. De la vie osait s’aventurer en ces terres stériles et desséchées. Cela n’était pas arrivé depuis... Bien trop longtemps.

Une première silhouette s'avança, osant s’aventurer en pleine lumière. Ce fut une créature bipède qui s’avança, compacte. Une ample pièce de tissu blanc cassé masquait l'essentiel de son corps massif. Un turban lui couvrait la tête, il en émergeait une paire de cornes bovines, un voile dissimulant le visage. A chacun de ses pas, un sabot d’un noir profond se dévoilait du dessous de la djellaba. Le minotaure s'arrêta un instant, souffla bruyamment, puis fit signe au reste de la troupe d’avancer.

En retrait suivait une créature équine. Sa robe bichrome et rayée l'identifiait sans aucun doute possible: une zèbre. La crinière et la queue, épaisses et crépues, étaient toutes deux coiffées en nattes avec des perles de bois. Ses rides aux coins des yeux laissaient voir les trop nombreuses années déjà vécues.

Un demi-mètre au-dessus, planait une de ces créatures hybrides, mélange de félin et d’oiseau. Le griffon portait lui aussi un turban pour se protéger la tête. Les plumes d’un blanc éclatant contrastaient avec la robe du pelage, brune et terne. Seul le plumeau au bout de la queue dénotait: il avait été coloré en un dégradé arc en ciel.

La créature suivante dans cette sarabande improbable était un autre quadrupède. Sa peau coloré, dans les teintes vives et criardes rappelait des souvenir. Mais une paire d’élytres couvrant des ailes membraneuses et transparentes. Elles renseignaient rapidement sur l’identité de son propriétaire. Des yeux unis sans pupilles et un corps insectoïde achevait de dissiper les moindres doutes sur son identité; un changelin réformé de la lignée de Thorax.

Un cinquième compère suivait derrière le lointain descendant de Chrysalis. Il avançait dans les pas de son prédécesseur, presque dans son ombre. La lumière ardente se reflétait sur son corps écailleux et sa petite forme bipède. La collerette et les yeux étaient d’un vert émeraude, le reste dans des teintes bleues allant de l’outremer à l’acier. Bien que le jeune dragon ait entamé sa deuxième décennie, il ne dépassait pas les trois pommes de haut.

Tout l’inverse de la dernière créature, quadrupède et massive. Contrairement à la première silhouette de la file, elle ne portait presque rien. Ses seuls accessoires étaient une coiffe de plumes et une petite sacoche de cuir reliée à une cordelette autour du cou. C’était un bison, enfin une bisonne, une jeune adolescente qui n’avait pas fini sa croissance mais elle était déjà presque aussi massive que le minotaure qui ouvrait la marche.

Elle tirait une carriole à deux roues. Le véhicule avait été construite pour l’expédition, mais il ne cessait de grincer à chaque pas. La poussière s'était insinuée jusqu’au cœur de l’essieu. Presque toute la place était prise par une lourde stèle de pierre noire, couverte de runes étranges, sans nul doute magique. L’ensemble devait dépasser la tonne.

Les six marcheurs avaient une progression lente mais régulière au milieu de la fournaise. Chaque pas s’enchaînaient avec résolution. Au bout d’un temps qui sembla être une éternité au milieu de cette étendue stérile et immobile que seul le vent desséchant venait troubler, la créature de tête s'arrêta. Le minotaure ouvrit sa djellaba, en sortit une boussole et une carte. Le griffon le rejoignit en deux battement d'ailes

« Alors ? demanda la créature ailée.

- On doit y être.

- Enfin !Va vérifier que ce soit bien ça. »

Hochement de tête du félin hybride, le minotaure reprit :

« Copper Field préviens les autres, on te suit sitôt que tu as sécurisé. »

Sans ajouter un mot le griffon prit son envol et se dirigea en rase motte dans la direction indiquée, une dune d'où émergeait une énorme masse rocheuse. Après un premier tour, il se posa avec précaution. Le sol était instable. L’éclaireur s’aventura vers ce qu’il avait vu du ciel, une anfractuosité à la limite de la roche et de la dune. Les indications du guide étaient justes, rapidement le trou s'élargissait pour découvrir une véritable grotte dont l’entrée était presque comblée par le sable et la poussière.

Craquant un de ces bâtons alchimiques de lumière, l’aventurier s'avança plus en avant. La lueur jaunâtre, semblable à celle des lucioles, éclairait une succession de planches desséchées que traversait deux poutres d’aciers bien oxydées. On était bien dans un tunnel de l'ancien chemin de fer. La carte, si durement acquise, s’était relevée juste.

Le tunnel allait en tournant vers la droite. Intérieurement le griffon se fit cette remarque: même ici avec la protection, relative, des ténèbres et de la fraîcheur, réelle, du souterrain, c’était toujours le même constat, minéral et stérile. Pas une seule toile d’araignée ou lichen, rien, pas même une blatte.

Soudain, au détour des rails, la torche fit vaciller les ombres de quelque chose de plus gros. D’abord un wagon, puis ce fut tout un train qui se découvrit, surgissant des ténèbres où depuis longtemps il dormait.

La peinture rose s’était depuis longtemps écaillée. Les valises avaient été laissés là, éparpillées, certaines ouvertes. Leurs contenus s’était depuis longtemps réduit à l’état de charpie face aux ravages du temps. Remontant le convoi, le griffon se fit encore plus prudent. Deux voitures, le wagon à charbon puis la locomotive. Impossible d’aller plus loin, la galerie s’était effondrée. On comprenait pourquoi ceux-là n’étaient jamais arrivés à destination.

Pas d’ossement visibles ou d’autre trace de violence, ni de fantômes à l’horizon, enfin, à première vue. Par mesure de précaution il faudrait demander à la zèbre un exorcisme, on était jamais trop prudent, surtout s’il y avait des rêveurs brûlés.

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« Ça fait combien de temps qu’il est parti? demanda la jeune dragonne, bien à l'abri sous une ombrelle.

- On te l’a déjà dit, Saphir, moins d’une heure, lui répliqua le changelin.

- On devrait pas aller voir? Il a peut être besoin d’aide? insista l’être reptilien.

- Non, s’il ne revient pas on fait demi tour, point, c’est à ça que sert un éclaireur, il le sait, nous le savons, commenta la bisonne.

- Les mômes, arrêtez de gaspiller votre salive, il revient, » coupa le minotaure, pointant du doigt un point à l’horizon qui grossissait à vu d’œil.

Le griffon s’était posé à quelques pas, il discuta un bref instant avec la zèbre, qui hochait la tête d’un air grave à chacune de ses affirmations.

« Alors? questionna Saphir.

- On va pouvoir se mettre à l'abri, lui répondit la créature aviaire.

- Trop cool! J'en pouvait plus, s'esclaffa la petite dragonne. Tu assures Leeroy.

- Petite, si tu ne peux pas tenir le rythme, Copper Field pense que tu aurais du rester chez toi, maugréa l’imposant minotaure. Il n’y a pas de place pour les faibles ici. »

Face à la remarque acerbe, la petite reptilienne se mit à trembloter, serrant avec vigueur son ombrelle. Les phalanges blanchirent sous l’effort. Puis en un craquement sec le manche céda sous la pression.

« Zut, que je suis maladroite, je vais aller le réparer. »

Ravalant un sanglot, la dragonne ramassa les débris de son accessoire puis s’éloigna, cachant des larmes naissantes.

« Tu ne devrais pas être aussi dur avec elle, désapprouva la zèbre. Tu sais ce genre de remarque laisse des séquelles.

- Elle est trop gentille et trop jeune. Copper Field continue de penser que sa place n’est pas parmi nous.

- C’est son élément c’est pourtant évident. Tu t’inquiètes pour elle, comme nous tous ici, mais ce n’est pas comme ça que tu la feras avancer, pas en l'exprimant ainsi.

- C’était nécessaire, si Copper Field ne le fait pas qui le feras? Tu devrais faire attention, Stripe, tu ramollis avec l’âge.»

La zèbre soupira, oui, elle ramollissait avec l’âge, mais elle voyait aussi Copper, son ami, se refermer de plus en plus avec le temps.

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Le camps était enfin monté. Il n’avait pas été facile de faire rentrer la carriole ici mais ils y étaient arrivés.

Crazy About Horse s'autorisa un soupir. Elle était une bisonne, une brave, une guerrière et une survivante. Ses compagnons, sa famille, son clan, sa tribu, et même toutes les Terres du Crépuscule comptait sur elle. Cette expédition, c'était leur dernier espoir.

Elle se tenait devant l’entré du tunnel depuis maintenant près de quatre heures. Elle le savait grâce au petit feu qui finissait de se consumer. Après tout ce temps le bois sec des traverses du chemin de fer brûlait très bien. Avoir du combustible en quantité était un luxe rare, autant en profiter. Avoir un thé bien brûlant, c'est toujours agréable, paradoxalement on supporte mieux la chaleur ensuite.

Le soleil était toujours à sa place. Les limites entre ombre et lumière n’avaient pas bougé. Pourquoi cela changerait? L’astre solaire était immobile depuis... Depuis la grande catastrophe et le changement d’âge en fait.

Cela était aujourd’hui un conte pour petits veaux, mais il parait que par le passé le Soleil n’était pas figé dans le ciel. Il se déplaçait, il passait au delà de l’horizon et laissait place à quelque chose que l’on appelait Lune. Une sorte de deuxième astre lumineux, mais qui éclaire plus faiblement et sans produire de chaleur. Une sorte de Nuit en plus douce. Rien que d’y penser, Crazy trouvais cela complètement fou.

Ho, la Nuit, elle connaissait bien, comme tous les êtres vivants dans les Terres du Crépuscule. La Nuit c’est une terre sans lumière et sans chaleur, un lieu où règne un froid sans limite, une terre glacée et désolée.

Dans les légendes, on raconte que toutes ces contrés étaient autrefois un royaume riche et prospère, un pays verdoyant de cocagne et d’insouciance, Equestria... Le lieu a fini par se confondre avec l’époque. Parler d’Equestria c’est évoquer le temps béni d’un paradis perdu.

Aujourd’hui la vie n’est possible que sur la mince bande de terre entre la désolation glacée de Nuit et le désert brûlant de Jour. Il ne restait pour vivre que les Terres du Crépuscules. C’était son foyer, fine bande frontière coincée entre deux enfers invivables. Il parait que ce nom fut donner en l’honneur d’une ancienne héroïnes des temps jadis. Une grande guerrière qui aurait vaincu bien des adversaires.(1)

Crazy n’avait pas tout comprit mais elle était ici pour retrouver des reliques ayant appartenu à cette grande figure du passé et à ses compagnons de lutte. Ce serait, paraît-il, de puissants artefacts. Si puissants qu’ils permettraient de vaincre la terrible chose qui hante ces terres, celle qui a figé le Soleil.

Elles ont intérêt à être puissantes ces vieilleries. C’était risqué de s’avancer aussi loin dans le territoire du Jour. Elle pourrait les trouver. Face à Elle on ne pouvait rien faire.

Bien des héros s’y étaient essayés par le passé. De grandes sagas narrent ces tentatives, mais à chaque fois la même fin, la défaite et la mort.


« Tu devrais aller te reposer, depuis bien longtemps tu es là à veiller. »

Surprise dans ses pensée la bisonne se retourna. c’était Stripe, la zèbre, qui venait du fond du tunnel pour la relayer. En principe ça aurai dut être au tour du changelin. Crazy About Horse n’aimait pas quand le plan changeait.

« Pourquoi est ce toi? attaqua-t-elle agressive.

- Sternum avait encore besoin de repos, toi aussi, je te veux demain, fraîche et dispo.

- Et toi?

- Ho, tu sais je suis qu’une vieille jument, à mon grand âge on dort beaucoup moins souvent.

-Mouais, toi aussi tache de te préserver l'ancêtre.

- N’oublie pas de boire le thé contre le songe, avant de te coucher il est indispensable... »

Parlant par dessus son aînée, la bisonne finit sa phrase. A force que la zèbre le rabâche tel un leitmotiv, Crazy la connaissait par cœur.

« “Ou sinon viendront des hôtes bien indésirables”, oui je sais. mais qu’il est infecte ton truc.

- Preuve de sa qualité, pouffa la senior. On ne peut que le constater. »

La zèbre esquissa un petit sourire devant la mimique dégoûtée de la bisonne. Bien qu'elle soit la plus massive de ses compagnons, c’était aussi la benjamine, une enfant à peine entrée dans l’âge adulte.

« Mouais, y’a des fois où je préférerais affronter les rêveurs brûlés que de boire ton trucs.

- Crois en l'expérience d’une vieille bourrique il vaut mieux s'en tenir éloignées, les combattre représente bien trop de risque.

- Ho je n’ai pas peur.

- Je me doute que tu ne connaisses pas la peur, je peux même dire que c’est un peu ton élément, tu as ça au fond de ton cœur.»

Tout en parlant la senior se rapprocha de la jeune bisonne et pointa du sabot sa poitrine qu’elle tapota.

« Ces fameux rêveurs, qu’ont ils de si terrible? interrogea la guerrière cornue.

- Vois-tu, il n’y a, hélas, pas que sur l’astre solaire que règne notre ennemi, mais aussi sur le monde des rêves et des songes, de tout ce qui est endormi.

- Ce qui est endormi? Il suffit de dormir pour qu’Elle puisse nous attaquer?

- C’est presque ça, Ce qui nous menace ce sont Ses agents, mais je m’égare. En fait Elle révèle ce qui enfouis en nous, nos pires cauchemars.

- Bah, si on a pas de peur, on peut pas avoir de cauchemar, je suis donc immunisée!

- Si seulement… Les rêveurs brûlés, ce sont les malheureux qui ont succombé.

- S’ils sont morts, c’est des fantômes?

- On peut dire ça, ce sont des gens dont l’esprit fut séparé du corps et qui furent enfermés pour l'éternité dans leur pire cauchemar, et sans cesse en boucle ils doivent le recommencer. Ils finissent par en devenir fous à lier. Ils souffrent tant qu’ils tentent par tous les moyens de partager leur douleur pour l'atténuer. »

Fronçant les sourcils Crazy About Horse se fit elle aussi plus sérieuse. Si la doyen lui livrait toutes ces explications, il devait y avoir une raison.

« Donc si tu nous forces à boire ton breuvage avant de se coucher c’est pour pas qu’on rêve. Et que comme l’on rêve pas ils peuvent pas nous… Voir ? J’ai bien compris?

- Oui, en cela je te donne raison, c’est ainsi qu’à leurs yeux, donc aussi aux siens, nous nous dissimulons.

- Par contre il y a un truc qui me chiffonne.

- Vas y, demande moi, si je peux te répondrais ou j’en resterais coi.

- Des fois tu parles vraiment de façon zarbi. Mais c’est pas ça que je voulais te demander. C’est juste pourquoi moi, pourquoi nous? Les anciens de la tribu sont venus me voir et m’ont dit que je devais te suivre toi et les autres. »

Tout en continuant sa tirade, Crazy s’était levée et faisait à présent les cent pas devant le feu qui se mourait.

« J’en ai discuté un peu avec les autres justement. Ben ils savent pas grand chose. Ça été un peu la même cirque avec eux, tu t’es pointée et tu leur as dit de te suivre. Y’a juste le minotaure qui a l’air de savoir mais y dit rien. J’me dit c’est normal puisque vous vous connaissiez déjà tout les deux d’avant, non?

- Cela est bien vrai, Si je te contredisais je mentirai.

- Du peu qu’on en sache on s’est aventuré sur Ses terres pour retrouver des vieilles reliques du temps jadis, des truc de l’époque d’Equestria. Des sortes de supers artefacts magiques ayant appartenu à de grands héros, des trucs tellement balaises qu’ils pourraient La vaincre.

- C’est en effet ce que nous espérons. Du fond de nos âmes nous le souhaitons.

- Mais si ces objets sont si puissants pourquoi ne pas avoir tenter de le faire plutôt? »

Ce fut au tour de la zèbre de se lever, posant un sabot sur la croupe de la bisonne, elle soupira, puis inspira longuement avant de lui répondre.

« Crois moi, il fut tenté à bien des reprises de les retrouver. Hélas ces reliques, les six éléments d’harmonies, étaient égarées. Et plus important encore, ils n’avaient plus de porteurs affiliés.

- Des porteur affiliés?

- Oui une personne par élément et avec lequel il est en harmonie. Je vois bien à ton regard que cela te semble bien mal défini.»

En effet, Crazy affichait un air d'intense réflexion, tentant d'assimiler toutes les informations fournies. Soudain son visage s’illumina.

« Attend tu dis qu’y a six éléments... Et on est six... Vous pensez que ce serait nous les six porteurs!?! »

Hochement approbateur de la zèbre.

« Mais comment pouvez vous affirmer un truc pareil !Mon métier est avant tout de contacter les esprits et de tenter de les apaiser, je suis exorciste. Ce n’est que par le bord que je fais des potions et décoctions, je ne suis pas un grand alchimiste. En mes plus vertes années il se trouve que j’ai pu au cours de mes activités entrer en contacte avec un esprit bien disposé. Il s’agissait de l’une de mes prédécesseurs, une zèbres qui tout comme moi tentait en son temps d'atténuer autour d’elle les douleurs. Son nom était Zecora et les précédents porteurs elle côtoya. Elle m’a faite de façon solennelle l’affirmation que nous en étions tous, en cet âge les réincarnations.

- Waouh! Impressionnant. Mais... A couverts!

Non,je ne penses pas que... »

Un énorme rocher passa à moins d’un centimètre du museau de Sprite. Le souffle lui coupa littéralement le sifflet.

« Des Stonewolfs, je sais pas comment, mais ils nous ont trouvés, » commenta Crazy About Horse.

Se redressant la guerrière se mit en position de combat. Ils étaient deux, leur silhouette rappelait vaguement celle d’un loup. Une lueur verdâtre malsaine s'échappaient de leurs gueules et de leurs yeux. Ces créatures de pierre et de sable sont virtuellement immortelles. Elles ne craignent pas la douleurs et n’ont ni chair ni sang. Tout ce qu’on peut faire pour les stopper, c’est détruire leur corps, entièrement. Facile à dire face à une masse de roc...

« Les esprits d’Everfree, anciens et toujours aussi...

- Sprite, Met toi à l’abri au lieu de blablater! Ou mieux va chercher les autre. »

La zèbre hocha la tête, puis brusquement elle se tourna et se mit alors à cavaler vers le fond du tunnel. Voulant profiter de l’ouverture, un des deux assaillants s’élança. Crazy attendait ce mouvement. La tête en avant, elle se projette sur l’ennemi, le percutant violemment, le repoussant dans la lumière, à l’extérieur. Elle avait beau avoir la tête dure, donner des coups de boule dans de la roche c’est pas le top.

Surpris, le deuxième loup mit une une fraction de seconde pour attaqua par le flanc. Trop tard, d’une ruade, Crazy le cueilli et le projeta contre la parois. La violence fut tel que le mur s’était fendus sous l’impacte. La tête de la créature formait un angle tout sauf naturel avec le reste du corps.

Déjà le premier revenait, faisant virevolter le sable autour de lui. Profitant d’être dans la pénombre face à un adversaire dans la lumière, la bisonne put esquiver cette attaque sans difficulté.

Derrière elle un crissement sinistre de la pierre sur de la pierre l'avertissait que l’autre revenait dans la danse. Il ne fallait pas le lui en laisser le temps. Prenant son élan elle s’élança droit sur la paroi, les cornes en avant. Le bruit de la brève cavalcade de charge, immédiatement suivi par le bruit mat et sourd de la percussion se répercutèrent en écho dans toute la grotte. Le stonewolf était à présent encastré dans la parois. Celui ci ne bougera plus avant un moment.

Mais l’autre, insistant, s’était jeté sur l’arrière sur la guerrière, la mordant aux jarrets. Crazy tenta de se retourner pour l’encorner mais son adversaire tournait avec elle, se déplaçant de façon à toujours être hors de portée.

Une troisième tête lupine passa par l’ouverture, puis une quatrième. Le reste de la meute venaient pour la curée.

La bisonne eu une pensée de regret, c’était la fin du chemin pour elle.

« Grifffffffffooooooooonstoooooooooonnn for eeeeeeeeeeeever ! »

En un tourbillon de plume et de fourrure Leeroy(2) se jeta dans la mêlée. Vif comme l’éclair mais désordonné, il fit pleuvoir les coups de bec et de griffe. Malheureusement ils ripaient sur la roche sans l'entamer. A l’inverse les crocs des bêtes minérales claquèrent plusieurs fois dans le vide. Le griffon était bien trop rapide et leste, même dans un lieux confiné comme un tunnel ferroviaire. Les loups n’avaient pas, ne serait-ce qu’une once, de chance de l’atteindre.

Alors que tous les assaillants étaient obnubilés par le combattant virevoltant, une cage thoracique de rocaille vola brusquement en éclat. Une paire de poing, tel des masses, s’étaient abattues sans préambules. Copper Field était arrivé à son rythme, en petites foulées, le pas léger et discret. Il s'était glisser dans le combat sans qu'aucun des monstres ne l'ai remarqué.

Le minotaure se battait à mains nues, de simple lanière de cuir entourait ses poings. La posture était celle d’un boxeur, sitôt un coup donné il se remettait en position, la garde haute, le corps toujours en mouvement, son jeu de jambe décrivait un staccato incessant.

Alors que certains se battaient, d’autres s’activaient en arrière plan. Sprite et Sternum, le changelin, aidèrent du mieux qu’ils purent leur imposante amie. Ils ramenèrent aussi vite qu'ils le purent Crazy vers l’arrière du tunnel pour des soins plus poussés.

Soudain un cri se répercuta en échos dans toute la grotte.

« A couvert tous! »

Une fraction de seconde après l’avertissement, une langue de feu couleur bleu azur traversa le couloir, le transformant le temps d’un instant en une véritable fournaise. Les deux Stonewolf restant furent happés. Ils sortirent du souffle en titubant, la pierre s’était écaillée et lézardée sous la violence du choc mais ils étaient toujours debout.

Copper Field ne leur laissa pas le temps de se reprendre. Il attrapa l’un pour le lancer sur l’autre puis il se jeter dessus, le coude en avant, en une figure qui aurait eut toute sa place dans un match de catch(3). Le bruit de la pierre brisée, tel un gong sourd, indiqua clairement la fin du combat.

Le boxeur bovin se releva, s’épousseta puis repartit vers le fond de la galerie. En passant devant Saphir, il lui ébouriffa la crête et lui glissant à voix basse quelques mots qu’ils furent les seuls à entendre. Le sourire de la dragonne suffisait pour en comprendre la teneur.

En quelque rapide enjambée Copper rejoignit le campement. En son centre Crazy About Horse se faisait soigner par Sprite, assisté de Sternum.

« Alors? demanda sans préambule le minotaure.

- La plaie est profonde et au niveau du jarret fort mal placée. Si l’on avait tardé, c’est le ligament qui aurait été sectionné. Pour le reste ce ne sont que de légères coupures et hématomes, rien qui n’attire la gloriole. Mais, je crains hélas que notre amie ne puisse plus tirer la carriole, expliqua la zèbre.

- Et sans carriole, pas de stèle et sans stèle pas de sort d'invisibilité, maugréa le bipède cornu. Si on ressort d’ici sans cette protection on sera aussi visible que le nez au milieux de la figure.

- Ce n’est pas une blessure de rien du tout qui va m'arrêter.»

Voulant joindre le geste à la parole Crazy tenta de se lever, mais ses jambes flageolèrent et refusèrent de la porter. La guerrière retomba lourdement.

« Allons, ce n’est pas raisonnable, l’adrénaline du combat est retombée, repose toi et laisse les drogues de Sprite faire effet la réprimanda Sternum, le changelin. Si Crazy ne peut tirer la carriole, alors moi, je ferais, continua-t-il.
- Toi? Copper Field en doute, tu es trop...

- Je ne suis pas trop faible. Avec tout le respect que je te dois, Copper, cesse de vouloir juger les autres, coupa le change forme.

- Ça me fait mal de l’admettre mais la vachette a raison, lança Leeroy. Tu n’as ni la force ni l'endurance pour. »

Le griffon venait d’arriver en compagnie de Saphir, ils étaient tous deux revenus ensemble du lieu de combat, marchand bien plus lentement que le minotaure.

«Par contre si on se met à plusieurs, ça devrait aller non? proposa Saphir, la dragonne.

- Et comment espères tu faire? La carriole est trop petite pour se mettre à deux dessus pour la tirer, objecta le boxeur cornu.

- Ho, ça se bricole facilement, répliqua la dragonne.

- Et avec quoi ? On n’a ni outils ni matériaux, insista le bovidé.

- Mais avec ça bien sûr,» dit elle en désignant le train derrière.

Il fallait reconnaître qu’"avec ça", comme elle disait, ce n’était pas la matière première qui manquerait. Se retournant vers Sprite, Copper désigna du doigt Crazy et aboya plus qu’il ne parla.

« Combien de temps avant qu’elle ne puisse marcher?

-Trois à quatre heures et ce n’est pas une gageur.

- Bien, vous avez avez deux heures. Je retourne monter la garde. »

Sur ce il se dirigea vers l’entrée.

« Quel grossier personnage, pesta la dragonne.Allons Saphir, tout le monde n’a pas la chance de naître princesse comme toi (3), relativisa Leeroy. Et il a raison sur un point, le temps est notre ennemi. Il ne Lui faudra pas beaucoup de temps avant de se rendre compte de la disparition de quatre de ses Stoneswolfs.

- Bon, mettons nous au travail alors, lança enthousiaste la princesse dragon»

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La marche avait repris. Le sort d’invisibilité était puissant puisqu’il permettait de se soustraire au regard d’un dieu ou presque, mais l'enchantement avait ses limites. Ainsi il ne fonctionnait que si l’on était en mouvement. Si l’on s'arrêtait plus de quelques dizaines de minutes alors Son regard pouvait vous accrocher. Les peuples des Terres du Crépuscule avaient payé chère pour le savoir.

C’est à marche forcée qu’il fallut avancer jusqu’au prochain abri, un lieu que les rayons du soleil ne pouvait atteindre. Pour le coup ce fut à l’ombre d’un large pont de pierre, enjambant le lit d’une ancienne rivière, à présent oued asséché où l’eau n’était plus qu’un lointain souvenir.

La planque était bien moins spacieuse que l’ancien tunnel ferroviaire, mais surtout, elle était beaucoup moins sûr. Non pas que l’espace entre les deux piles était insuffisant, la raison en était que ce refuge avait déjà été utilisé au cours d’une tentative précédente. Il était donc connu de l’ennemi.

La pause ne fut pas bien longue, quelques heures, on ne pouvait se permettre plus. Il fallut reprendre la route.

Les étapes semblables à celle ci s’enchaînèrent. La cachette suivante devait être la carcasse d’un ancien ferry. Hélas, la rouille avait tant attaqué la masse de métal que des trous s’y était fait jour, littéralement, et c’était là tout le problème. Là où la lumière du Soleil va, Son regard va. Il fallut donc continuer sans s’arrêter.

Quand ce n’était pas l’obscurité qui n’était pas assurée, c’était pour découvrir que le refuge avait été purement et simplement avalé par le désert, engloutis sous la masse de poussière et de sable des dunes, ou pire, envahi par Ses agents: stonwolf, rêveurs brûlés ou autres spectres.

Difficulté supplémentaire, on ne pouvait avancer tout droit. Il fallait faire des zigs et des zags pour tenter de trouver un abri, un refuge afin de grappiller quelques précieux instants de répits. Mais le peu de repos qui était prit c’était un sommeil sans rêve, dans le qui-vive et le stresse.

Dans ces conditions, la chaleur, le vent et la poussière, trois éléments auxquels votre volonté d’avancer était sans répit confrontée. Et tout comme pour la roche qui y soumise, ils finissent par vous éroder, lentement, insidieusement. La soif, la fatigue, vous sape, vous amenuise, pourtant il vous faut la force de faire le pas de plus, puis le suivant, en une ronde infinie.

Ce fut dans un état de décrépitude avancée, qui n’avait rien à envier à celui des morts-vivants de ce désert, que le groupe arriva enfin à destination.

Au détour d’une dune, une tour se découvrit, dépassant des sables. La structure en cristal bleuté, légèrement translucide, pointait fièrement vers le ciel. Pourtant des lézardes se devinaient ça et là. Tel la pointe d’un iceberg dépassant des flots, cette tours laissait deviner quelque chose de beaucoup plus gros, enfouis là-dessous.

« Comment fait on pour rentrer? Il n’y pas de fenêtre accessible et creuser jusqu’à une ouverture va nous prendre beaucoup de temps,» demanda Saphir.

Sa voix était éraillée, la gorge desséchée, les lèvres gercées. Même ses écailles avaient perdues de leur éclats, devenant presque blanches.

« S’il n’y a pas d’ouverture, on va en faire une, lui répondit Copper Field. Crazy ?»

La Bisonne hocha la tête. Après une rapide inspection, ils s’arrêtèrent tous deux devant une des fissures du mur. Les deux créatures bovidés se mirent à cogner de concert, qui de sa tête, qui de ses poings. Les stonewolf pouvaient en témoigner, ces deux là n’avait nul besoin de masse de chantier pour broyer de la pierre, fût ce du cristal.

Rapidement une brèche fut ouverte. L'intérieur était semblable à ces vieilles tombes pharaoniques. Un peu poussière, l’atmosphère lourde mais tout avait l’air d'être resté tel quel, comme figé depuis la dernière fois que quelqu’un était entré ici. Il fallut gratter un bâton alchimique pour avoir un peu de lumière mais tous entrèrent d'un pas décidé, laissant derrière eux la carriole devenue inutile.

Au sol un tapis molletonneux étouffait les pas. A l'ameublement on devinait être dans une chambre à coucher, reconnaissable au grand lit à baldaquin qui occupait l'essentiel de l’espace. Il y avait aussi une armoire à linge entrouverte et une coiffeuse avec son miroir. La glace s’était ternie avec le temps mais il y avait un peigne posé dessus, avec encore quelques crins violacés coincés entre les dents. On aurai pu croire que la personne était parti hier s’il n’y avait eut la pellicule de poussière.

La progression fut lente et prudente. Leeroy ouvrait la marche, l’œil aux aguets, prêt à remarquer le moindre piège. Puis venait juste derrière Sprite, son encensoir à la bouche, prête à exorciser le premier spectre ou fantôme venu. Copper Field la suivait un pas en arrière, en position de combat. Sternum et Saphir fermait la marche, soutenant Crazy qui claudiquait toujours un peu.

Au mur plusieurs tentures avec cette même héraldique, une étoile à huit branches mauve et violette. Le blason personnel de la grande héroïne du crépuscule. Sprite se sentit soulagée. Toutes ses recherches, le travail d’une vie, tout cela n’avait pas été vain. Ils étaient sur la bonne voie. Ce château, c’était bien son ancien domaine.

Les couloirs et les escaliers s’enchaînèrent, menant chaque fois plus bas, chaque fois plus profondément dans la ruine, au cœur des ténèbres. Finalement le petit groupe déboucha sur un vaste vestibule. La porte d’entrée principale était ouverte, ses montants défoncés. Du sable en quantité en débordait, noyant une bonne partie de la pièce. De nombreuses portes et escaliers partaient de ce lieu, véritable nœud central du bâtiment. Des traces de brûlures anciennes se voyaient ça et là, les tapis étaient déchirés, le mobilier détruit. des traces d’impacts magiques à moitié effacés sur les mur. On s'était battu ici, il y a longtemps.

Les récits à partir de là étaient plus précis et concordants. La porte à double battant en face de l’huis devraient mener directement à la salle principale, dite sale de la carte. Chose inquiétante, les traces de combat allait dans cette direction.

Selon les anciennes description la salle de la carte devrait être vaste et circulaire, avec en son centre une large table ronde en pierre polie. Sept trônes de cristal dont un plus petits, devraient être disposés autour. Les six plus grands auraient une héraldique au sommet du dossier, les marques personnelles des derniers porteurs des éléments d’harmonie. La table était, d’après les légendes, un artefact puissant, capable de localiser à peu près ce que l’on veut.

Ça commençait mal, le linteau de la porte menant à la salle était fendu, le mur à moitié écroulé. Il fallut dégager quelques gravas pour se faufiler dans la pièce. L'intérieur était sans dessus dessous. La grande table au centre était fendue. La moitié des trônes étaient fracassées, un d’entre eux avait été projeté contre un mur. A plusieurs endroit le dallage du sol avait été exploser. Un pan entier de maçonnerie portait les traces d’une combustion.

Mais ce qui retenait surtout l’attention, c’était le squelette de dragon. Pour son espèce c’était le corps d’un jeune adolescent . Ça donne tout de même quelque chose d’un peu plus grand que Crazy About Horse. On devinait sur la collerette osseuse du dos des reflets verts. Il restait quelques lambeaux de peau momifiées, ils laissaient voir des écailles violettes. Si on y ajoutait l’absence d'aile, le doute n’était plus permis, on était devant la dépouille du grand Spike, l'Assistant Numéro Un, le Sauveur de l’Empire de Cristal.

Les sagas font régulièrement référence à lui comme l’un des derniers héros d’Equestria et comme l’un des premier des Terres du Crépuscule. Au moment de la catastrophe il fit beaucoup pour sauver ce qui pouvait l’être. Il y a de nombreuses versions contradictoires sur l'odyssée qu’il mena avec ses compagnons, les trois croisées, au début de cet ère. On sait qu’il tenta à plusieurs reprise de La vaincre, finalement il a disparu, engloutis par le désert du Jour.

Il y avait un autre cadavre dans la pièce. Un deuxième crâne, abîmer, se voyait, encastré dans l’un des trônes. Nul trace du reste du corps, il avait dut être explosé et dispersé façon puzzle par la violence de l’impacte. La forme de cette tête était étrange, assemblage improbable. Visiblement elle était équine par l'aspect, mais son sommet s'ornait d'un bois de cerf brisé et d'une corne spiralée de caprin. Sprite dut faire un effort pour reconnaître le propriétaire de cet os.

C’était Discord le héraut du chaos. Un grand héros aujourd’hui bien oublié. La zèbre fut surprise de trouver sa dépouille ici. On disait de lui qu’il avait quitté cette réalité après la mort de son amour. Comment a-t-il fini ici, pourquoi est-il revenu, autant de mystères qui resteront à jamais irrésolus...



« Il faut nous hâter, notre objectif ne doit être bien éloigné, lança l'exorciste afin de redonner du courage à ses compagnons. »

En réponse un rire démentiel se fit alors entendre, se répercutant en échos dans toute la bâtisse de cristal. Juste après une voix impérieuse résonna, semblant venir de nul part et de partout à la fois.

« Pauvres mortels, vous pensiez réellement que j’allais laisser un lieu tel que celui ci sans surveillance? En fait, je vous attendais. »

En une boule de feu incandescente, Elle apparut dans toute sa splendeur maléfique, volant juste sous le plafond de la pièce, à bien trois mètre du sol. C’était une alicorne, grande et effilée. Sa robe était blanche immaculée, si blanche qu’elle en devenait étincelante. A contrario de ses yeux, qui étaient aussi noirs et sombres que son pelage était blanc. Par contraste ses pupilles, incandescentes comme des braises de charbon, vous consumait du regard. Une gerbe de flamme lui tenait lieu de crinière et de queue. Elle était parée d’un diadème et d'un pectoral aux armes du soleil. Tous deux en or massif, ils reflétaient de leur éclats les lueurs malsaines du brasier qu’était sa crinière. Ses dents pointues et acérées de prédateur agressif contrastaient avec l’image habituelle d'herbivore pacifique que l’on se fait des poneys.

Sa croupe était étrange, il n’y avait pas la même marque de beauté suivant le côté que l’on regardait. Sur son flanc droit une large tache orange avec un représentation en jaune du soleil: un cercle avec huit rayons en vaguelette. Sur le flanc gauche par contre… Une tache noire d’encre avec un croissant de lune blanc nacré; symbole de la nuit et des rêves, domaine de sa sœur qu’elle avait dévorée. Si Sprite n’avait pas étudié les récits anciens jamais elle n’aurai pu savoir ce genre de détail, dans l'immédiat peux utiles.

La destructrices, l’ennemi, Elle était là, le simple fait de la nommer par son vrai nom pouvait l’invoquer. Mais à présent qu’elle était là…

Daybreaker, rien que par ce nom, éclat de lumière incandescent resplendissa au milieu des ténèbres du château souterrain. Par sa simple présence la température était déjà montée de plusieurs degrés. Les lueurs qu’elle émettait se réverbérait sur les parois cristallines, comme des miroirs. La fixée était difficile



« Grifffffffffooooooooonstoooooooooonnn for eeeeeeeeeeeever ! »

Leeroy fut le premier à s’élancer. Vif et spontané le griffon y alla toutes griffes en avant sur le croquemitaine qui terrorisait depuis toujours les siens. L'intéressée éclata de rire, se contentant de dresser une barrière magique.

« Vous voulez combattre? Amusez moi donc avec ceci ! »

Une brume d’un rouge malsain s'échappa de la corne de l’alicorne. Elle tournoya un brève instant dans l’air avant de s'infiltrer dans les os du dragon. Alors la carcasse se mit à se mouvoir de façon saccadée.

Avant même que le mort-vivant ne se soit complètement relever Crazy était déjà sur lui, tête en avant. Elle le percuta du front au niveau du bassin, lui explosant le coccyx. La violence de l’impacte fut tel qu’elle lui décrocha la queue qui valdingua à l’autre bout de la pièce.

On pouvait voir à travers les lambeaux de sa chaire momifiée un feu couleur vert émeraude crépiter dans sa gorge. Le pantin squelettique se retourna, et ouvrit grand la gueule. Mais au moment où le jet de flamme jaillit, une autre langue de feu, couleur bleu azure, vient frapper l’ancien assistant numéro un en pleine face. Les deux brasiers s'annulèrent mutuellement.

La petite Saphir s’était mise debout sur les reste de la table ronde, crachant tout ce qu’elle avait de souffle.

« Bien joué la demi portion, tu as le mérite de me divertir, s'esclaffa Daybreaker.

- Elle n’est ni petite ni faible, elle est mon compagnon de combat, » hurla Cooper Feild en saisissant un fragment de trône de cristal presque aussi gros que lui.

En un râle rauque il le projeta droit sur l’alicorne, surprise. Le morceau de pierre se fracassa sur la barrière magique qui explosa en un bruit de verre brisé.

Leeroy, qui n’avait jamais cessé d’attaquer, profita immédiatement de l’ouverture, et se jeta à la gorge de la maîtresse folle du jour.

Au sol Crazy reprenait son élan, et s’élança à nouveau sur le sac d’os. Elle le toucha cette foi-ci au niveau du plexus solaire, et lui explosa plusieurs côtes. Nullement entamé par cette deuxième attaque, l’être artificiel empoigna de ses deux mains les pattes avant de la bisonne. Il se mit à tirer, à tirer. Un craquement sinistre se fit entendre. La guerrière poussa un mugissement de douleur. Le revenant garda cet air inexpressif et continua sa macabre besogne, mais brusquement il se figea.

Une psalmodie s’éleva du fond de la salle. Des fumerolles capiteux aux senteurs d'encens se répandirent dans la pièce. Sprite s’était assise dans un cercle tracé au sol avec du sel. Elle tenait par son sabot droit son encensoir, du sabot gauche un rosaire dont elle égrenait les perles de bois eu rythme de son exorcisme.

« Cela suffit! Vous m’avez lassée, exulta Daybreaker. »

Une conflagration de flamme orange l'enveloppa, elle et le malheureux griffon. Le hurlement d’agonie monta si haut dans les aigus que l’un des rares vitraux de cristal encore en état explosa. La carcasse fumante tomba au sol. Mélange infecte de chaire, de plume et de poils carbonisé. Le pire était sans doute que le malheureux n’était pas encore mort. Gémissant de douleur il se mit à ramper, tel le vers aveugle qu’il était devenu.

« Non! Leeroy! Espèce de monstre! »

le visage en pleure Saphir se tourna vers l'assassin de son ami. Elle concentra ce qui lui restait de souffle et lâcha tout. Le brasier était si intense qu’on pouvait voir la roche du mur de derrière se ramollir.

« Petite, penses tu réellement que tes flammes ont une chance de m’atteindre? Laisse moi te montrer ce que c’est un vrai feu.»

Ce fut avec un sourire malsain que la maîtresse du soleil émergea des flammes. Malgré ce qu’elle fanfaronnait ce brasier ne l'avait pas laissée indemne. On pouvait voir que ses bijoux étaient déformés, la forme du soleil ne se devinait presque plus. Mais ce qui était le plus visible c’était les larges estafilades que lui avait faites Leeroy au milieu de son visage. Là ou la chaire avait été entamée par la griffe, le feu avait creusé des sillons. Sa corne luisait déjà de rouge et d’orange.

« Copper t’as déjà dit que c’est pas une petite! »

En un meuglement le minotaure projeta un autre bloc de pierre. mais le projectile n'atteignit jamais sa cible. Il fut figé en l’air par un halo orangé.

« Tu m’as eu une fois, pas deux, siffla l’ancienne souveraine. »

Elle renvoya le rocher sur Saphir. Cette dernière, surprise tenta de se jeter sur le côté mais trop tard. Le bloc de cristal, tel un boulet de catapulte, lui avait écrasé les membres inférieurs. Le fracas de l’impacte retombé, on put voir le carnage. Sa jambe gauche était sous plusieurs centaines de kilos de cristal. Son pied était réduit à l’état de pulpe sanguinolente. La fracture ouverte au niveau du tibia laissait voir l’os et les chaires. La petite princesse s’était évanouie sous le choc.

Daybreaker partit d’un rire nerveux à la vue de son œuvre. Le sang coulait, des gens souffraient par sa faute. Que cette mélodie lui avait manquée. Sans y prêter attention elle était descendu progressivement du plafond de la pièce afin de mieux profiter de l’agonie de ses victimes.

« Copper va s’occuper de cette altesse de mes deux. Crazy, Sprite ! A l'attaque, tous ensembles ! »

La bisonne avait fini de réduire le squelette à un tas d’os digne de servir de cure-dent, hocha la tête. C’était maintenant ou jamais. Les deux bovidés s’élancèrent en simultané, poing et tête en avant.

Du fond de la pièce, les volutes de fumées semblèrent se densifiées, elles prirent une teinte de plus en plus blanche et laiteuse. Elle finirent par prendre une forme équine. On devinait comme des éclaires dans cette nué, les arcs électriques qui la parcouraient avaient une teinte bleue fluo. La vieille zèbre était en transe, ses yeux étaient devenus blanc, elle continuait à psalmodier mais en une langue inconnue et avec une voix qui n’était pas la sienne. Elle n’était plus Sprite, elle était le cheval d’un Iwa, elle était possédé par le grand Agaou-tonnerre, seigneur de l’air et de la guerre.

L’imposante silhouette brumeuse se jeta dans la mêlée en même temps que les deux autres. Face aux trois assaillants la poney psychopathe, toujours hilare, leva sa barrière. Insuffisant, la protection fut pulvérisé. Le poing du minotaure l'atteignit dans le bassin, la tête de la bisonne dans l’épaule droite. La masse nuageuse déversa un torrent d’électricité dans son corps.

Le cadavre déformé par les impactes et parcourut de soubresaut nerveux dut aux décharges retomba au sol comme une poupée de chiffon. Chose étrange, l’alicorne changeait. Elle devenait un peu plus petite, sa robe prenait une couleur violacée et son crin une teinte mauve presque noire. Pire son flanc changea de marque de beauté, et prit la forme d’une étoile à huit branches.

« Non cela n’est pas possible! C’est n’est pas crédible ! »

Sous le choc, la nuée avait parlé avec la voix de Sprite. La possession était brisée, déjà le nuage avait perdu sa forme et se dissipait . La zèbre se leva et se rapprocha aussi vite qu’elle le put du corps. Elle voulait être sûr.

« Reste où tu es. Il doit y avoir un piège, l’ennemi doit encore être là,» avertit Copper.

Trop tard, l'exorciste avait quitté son cercle protecteur de sel. Un rire retentit, les éclats sinistres ne laissèrent aucun doute sur leur émettrice .

« Félicitations, vous êtes les premiers depuis Sunset à m’abîmer autant mon jouet préféré. Je crois même que là vous me l’avez définitivement casser. Je vais avoir du mal à la posséder de nouveau, c’est moins drôle quand ils morts, on peut pas se délecter de leur âme qui souffre de ce que l’on fait de leur corps. Il va falloir que je finisse ça moi même. »

Le temps du monologue les trois héros restant se rapprochèrent, se mettant dos à dos, en position de combat.

En un flash de lumière l’alicorne solaire apparut brusquement, indemne, devant la bisonne, la corne déjà chargé d’énergie. La conflagration partit à bout portant. Le rayon incandescent ne laissa aucune chance à Crazy. Sa tête fut promptement carbonisé, laissant voir les os du crâne ou quelques lambeaux de chaire s'accrochaient encore, rabougris et cramoisis.

Le reste du corps s'effondra comme une masse. Copper se tourna aussi vite qu’il le put, les poings armées s'abattirent avec force. Mais un mur d’énergie orangée se matérialisa à moins d’un centimètre de la face honnie. Contrairement aux fois précédentes la protection ne céda pas.

Les bras de de l’assaillant par contre… Les doigts, toujours serrés, perlaient du sang. L'ensemble des phalanges devaient s'être cassées sous la force de l'impacte.

Un sourire narquois aux lèvres, la jument maléfique se retourna vers le boxeur et lui murmura.

« Beau brun, maintenant je ne joue plus. »

Sans laisser à Copper le temps de se ressaisir, elle le projeta d’une puissante vague de télékinésie contre le mur d’en face qu’il traversa, comme si ce n'était qu’une simple feuille de papier. Le boxeur se retrouva à rouler dans le vestibule d’entré.

Sans même accorder au minotaure le moindre répit pour se relever, Daybraeker se téléporta à ses côtés, appuyant du sabot sur sa poitrine. Elle se mit à doucement augmenter la pression, se délectant du bruit lugubre des côtes qui cèdent et se brisent lentement sous l'impacte.

Ce fut en mugissant de douleur que Copper lui empoigna la jambe, ouvrant en un terrible effort ses poings. Une décharge d'électricité parcourut la souveraine sanguinaire qui relâcha la pression. Dans le poing maintenant ouvert, un buzzer électrique, la bonne vieille farce de la poignée de main électrique, ça surprend toujours.

Ulcérée, Daybreaker acheva d’une déflagration le minotaure. Copper Feild pouvait mourir le sourire au lèvre, il restait un magicien, formé par le dojo des Lulamoon et c’est comme ça qu’un magicien se devait de tirer sa révérence.

Intérieurement l’ancienne souveraine était ulcérée. Le vil, il l’avait fait sortir de ses gonds, il avait eut une mort rapide qu’il ne méritait pas. Tant pis il restait la zèbre. Bien qu'âgée, son agonie la divertira au moins un moment. Avec la dragonne elle avait deux jouets pour au moins… Le temps qu’elle s’en lasse.

Ce fut à une allure de sénateur que Daybreaker revient dans la salle de la carte, sans se pressée. A quoi bon, le combat était fini, elle avait gagné, encore une fois…

La vieille était au chevet de la dragonne, livide. Une mare de sang s’était formée depuis sa jambe broyée. L’artère avait sans doute été sectionnée. Zut, un jouet de moins. décidément les héros c’est plus ce que c’était.



« Alors prête à subir ton supplice, zèbre?

- Tu as été vaincue mais tu ne le sait pas encore.

- Haha, haha, c’est qu’elle a de l’humour.

- Tu es aveugle, ta fierté te dévore.

- Franchement vous espériez quoi? Être les nouveaux éléments d'harmonie? Et dans cette équipe improbable tu aurais été quoi? L’élément de magie? C’était pathétique. Tu n’es même pas une licorne. D'ailleurs il n’y avait pas un seul poney dans votre pitoyable rassemblement. Aucune chance que les éléments vous reconnaissent.

- Qui te dit que c’était là notre volonté? Notre objectif était tout autre.

- Quoi? »

le regard de la psychopathe sanguinaire changea, elle se fit plus attentive et concentrée. Décidément ces cloportes ne la faisait plus du tout rire.

« Ton regard a été détourné, à présent l’espoir est notre. »

De sa magie l’alicorne saisie l'exorciste, l'attrapant par la gorge, la faisant léviter à quelque centimètre du sol.

« Que veux tu dire misérable!

- Tu l’as toi même énoncé, les éléments d’harmonie d’abord nous devions récupérer. »

Serrant de plus en plus sur la trachée de sa victime la maîtresse du jour sentait la colère lui monter au museau. C’est en murmurant que la zèbre continua.

« Votre manque de foi me consterne(5) altesse. Notre tâche à nous cinq ici n’était que subalterne. »

Cinq... De rage l’alicorne fini de broyer la gorge de sa prisonnière puis la jeta au loin. Brusquement elle prenait conscience qu’il lui en manquait un. Ce qu’elle avait prit pour de la couardise était en fait mûrement réfléchit. Où était le changelin?

*****************************************************************************************************

Sternum était mal à l’aise. Il savait que ses amis était partit pour une mission suicide. Il le fallait, mais cela lui faisait mal d’agir ainsi en catimini. Seul Copper et Sprite était au courant. Les trois autres ignoraient tout du véritable objectif de cette mission. l’auraient ils su cela aurait il changer la fin?

A présent il lui fallait remonter au plus vite. Ses compagnons ne pourront pas retenir le fléaux du Jour éternellement.

La lumière, la surface était toute proche. Venant des profondeurs du château un cri de rage effroyable. Elle avait compris. le change-forme se mit à courir. Les flanc alourdis par une sacoche bien chargée.

Les indications de Sprite avait été suffisamment claire. Les élément étaient là ou les esprits le lui l’avait indiqué, dissimulés dans un des ouvrages de la bibliothèque. Le livre était perdu entre les rayonnages. Il n'en restait que l'épaisse couverture, le reste avait été complètement évidé. C'était une sorte de journal intime sur l’amitié. Cela avait été un grand succès littéraire, l’un derniers avant la grand catastrophe.

La sortie, enfin. La lumière crue du jour l’aveugla un bref instant.

Du fond du donjon un hurlement de satisfaction résonna. l’instant d’après, en une explosion de feu Daybreaker se téléporta là ou son astre lui avait permit de ressentir une présence. Elle se matérialisa à l’entré du souterrain, une cinquantaine de mètre au-dessus du sol.

Aussi vite qu’il le pouvait, le changelin enleva de façon frénétique la bâche de la carriole, découvrant la plaque de pierre polie.

Daybreaker lança un rayon ardent sur la créature insectoïde. Mais un bouclier d'énergie se forma devant lui en un bruit de verre brisé. A la la ceinture de Sternum une ampoule venait d’éclater.

Encore un de ces charmes alchimiques. Même morte cette zèbre contrecarrait ses plans. Cette fois ci Daybreaker y mettrait les moyens. Concentrant son énergie, la souveraine du jour canalisa sa magie au bout de sa corne en une boule de chaleur pure.

Pour aller plus vite Sternum prit l’apparence de Copper, et de ses larges mains jeta la stèle au sol, retournée. Si la première face était un puissant sort d'invisibilité, l’autre face n’était pas vierge. Un sort de rappel.

En une clameur de protestation et de frustration Daybreaker envoya son maléfice. La lumière d’un mini soleil illumina le désert. Le sable fut vitrifié. Le château balayé. Au centre du cratère il y avait encore quelques débris de pierre noire, seul indice que quelque chose se trouvait là. Mais nul trace des éléments d’Harmonie.

Elle le savait, par leur nature, ils étaient indestructibles. S’ils n'étaient pas là, alors c’est que ce cloporte avait réussi, il avait fuit.

FIN

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Note de l'auteur

(1) Les Twilight’s Land c’est plus (trop?) transparent en V.O.
(2) Les joueurs de WOW se reconnaitront
(3) Un bon point à celui qui me retrouve laquelle des Mane 6 a pratiqué ce noble art et en compagnie de quel personnage secondaire.
(4) Saphir ça ne peut être qu’un nom de princesse.
(5) Le côté obscure n’a pas avoir le monopole de cette réplique.


Cette publication remplacera le chapitre hebdomadaire de ma série principale, "C'est pas le poney qui prend la mer, c'est la mer qui prend le poney."

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