C’était le début de l’hiver, je me trouvais à prendre des vacances forcées. Sur une bêtise en plus. Je m'étais fait une entorse grave à la cheville en jouant au basket avec les gosses au travail. Quatre semaines de plâtre, plus trois de réduc’ minimum. Attend me diras-tu, comment peux-tu te quasi péter la jambe en jouant au travail, c’est un peu antinomique non ? C’est simple ça vient de mon taf.
Je suis animateur pour enfant en milieu périscolaire. Dit comme ça, ça fait un peu pompeux, mais en fait, c’est très creux comme nom, un peu comme technicien de surface ou hôtesse de caisse. En clair, je m’occupe des gamins de primaire quand ils sont à l’école, mais pas en classe, c’est-à-dire le matin avant les cours, le midi pendant la cantine, puis le soir après avant que les parents ne les récupèrent. Des horaires hachés, une paye au lance-pierre, et une reconnaissance proche de zéro. Le nombre de fois où l’on me dit “Ha, tu es animateur ? En fait tu fais de la garderie ?” Non, je ne fais pas de la surveillance, je fais de l’animation ! Je suis censé mener une activité, avec un projet pédagogique et tout le ramdam qui va avec. Pourtant, malgré tout, j’aime ce taf, travailler avec des gosses, c’est à la fois usant et valorisant.
Enfin, ça, c’est la théorie, dans les faits, je joue beaucoup avec les enfants et je donne à jouer. Ma spécialité, c’est la ludothèque, ce qui inclut les jeux de société, les jeux de construction et autres trucs d'intérieur qui demandent des cartes ou des dés, voir si j’arrive à le mettre en place, du jeu de rôle. Si, si, j’arrive à faire jouer des gamins de sept ans à du jeu de rôle, c’est même ma spécialité.
Ce jour là, j’avais dû remplacer au pied levé un collègue absent, le genre grand sportif qui fait ce qu’il veut avec un ballon. C’est pas que je n’aime pas le sport, en fait, je me débrouille plutôt bien dans la plupart des trucs qui nécessitent une raquette, onze ans de tennis, du primaire au lycée, ça ne s'efface pas comme ça. Même si j’ai bien un souffle au cœur depuis la naissance,le genre de tare à la con et sans gêne vitale.
Pour le coup on me demande de gérer un match de basket. Forcément, je participe, on va pas laisser ces marmots être les seuls sur le terrain. Une chose en entraînant une autre, je me mets à fond dans le match et arrive un moment où je saute pour attraper le ballon. Je sens qu’un des gamins passe dans mon dos, du coup, je tente de me décaler en vol pour pas lui retomber dessus. N’est pas maître de l’air digne d’Avatar qui veut. La réception est une catastrophe. Je me gamelle bien comme il faut. Un peu de glace et c’est repartit. C’est que je suis du genre à pas m’en faire : si j’ai un peu mal, mais que je tiens encore debout, tout va bien. Je fini ma journée de taf en claudiquant. J’enchaîne sur une grosse soirée avec des copains. Là, j’ai un peu mal, mais bon, comme dit mon pote Gégé, “ça paaaaaaasse”
Le lendemain ça n’a pas raté, la jambe avait doublé de volume, impossible de poser le pied par terre. Passage aux urgences, verdict annoncé en ouverture, entorse grave, sept semaines d'arrêt dont quatre avec un plâtre. Moi qui n’en avais jamais eu. À 32 ans voilà une expérience dont je me serai bien passé.
Bon, là, cher lecteur tu devrais commencer à râler, ça tient plus de ma-vie-de-merde.com qu’autre chose ce texte. Déjà près de six cent mots et toujours pas l’ombre d’un poney. J’y viens ne t’inquiète pas.
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C’est que c’est long autant de temps libre à ne RIEN pouvoir faire à part rester chez soi. Célibataire, je vis seul au dernier étage dans un vieil immeuble dont la cage d’escalier tient plus du strapontin qu’autre chose. Pas la joie en béquille. En soirée, il y a bien les amis qu’on peut inviter, mais en journée ? Heureusement, il y a le monstre qu’est internet. À force d’y traîner, j’enchaîne les lectures. Je suis passionné d’histoire et d’Histoire, j’ai même une licence 3 dans la discipline, c’est dire. Je farfouillais alors à la recherche d’infos sur la Première Guerre mondiale et les années folles. J’avais dans l’idée de faire une campagne de jeu de rôle façon Corto Maltese. Et là, je tombais sur un photomontage avec un poney et un zeppelin. Étrange. Il y a un texte qui va avec. Je commençais à lire, c’est une fan-fic MLP. Intrigué, je regardais la série dont c’est inspiré. Six saisons en intégralité en moins de deux semaines.
Je devais être sur la fin de mon marathon, quelque part entre quatre et cinq heures du matin. C’est fou comme on se décale vite quand on est oisif. Un œil qui disait zut à l’autre, littéralement avachi devant mon PC, ma jambe plâtrée était posée sur un pouf, la verticale, complètement ankylosée, je la sentais plus. C’était plus en mode zombi qu’autre chose que je cliquais sur le lien de la vidéo suivante. Là, un message publicitaire apparu, une sorte de gros D majuscule. Je rouspétais pour la forme, persuadé d’avoir fait la mise à jour d’Adblock. Je passais et lançais la vidéo. Le générique démarra. Le molleton de mon siège de bureau se fit plus moelleux. Déjà, je n’entendais plus la chanson. Les songes m'accueillirent, enfin, c’est ce que j’ai un temps cru…
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La première chose que j’ai ressentie, c’est la douceur de l’atmosphère. C’est étrange, mais quand je rêve, j’ai rarement le sens du toucher qui est sollicité. Là, un air chaud, sans être sec, me souffle doucement dessus. C’est le genre de brise du millieu de l’été. Pas franchement le genre de truc qu’on éprouve en plein mois de novembre. La sensation du vent sur la peau est étrange, déjà je l’éprouve sur TOUT le corps.
J’ouvre un œil puis un autre. Tiens, c’est bizarre, les couleurs sont très vives, limites agressives. Du vert principalement, du feuillage et du gazon, un peu de marron des troncs et d’une clôture, du rouge, des fruits, des pommes et le bleu du ciel. Pas de doute, je suis dans un verger de pommiers en plein été.
Par contre il y a quelque chose avec ma vision. Je me targue d’avoir de très bons yeux. Et là, il y a un truc qui cloche. Je mets un moment avant de comprendre. J’ai une vision plus “panoramique” que d'habitude. Comme si mes yeux avaient bougé. En un seul regard, je peux englober presque tout le paysage. Puis il a ce truc au milieu. Je louche vers ce qui devrait être mon nez. Mais ce n’est pas mon nez !
J’ai un museau, enfin une sorte de museau. Moment de doute et de stress. Je regarde le reste de mon corps. Des sabots à la place des mains et des pieds, une crinière en lieu et place de cheveux, un petit corps velu. Pas de doute, je suis bien un poney. Bon, il faut relativiser, je dois être dans un rêve. C’est ça de se coucher à pas d’heure, en regardant des niaiseries pour gamine de huit ans et à lire des fictions mal écrites et bourrées de fautes de lycéens complexés. Voilà que je mets à imaginer ce que je déteste le plus, un self insert d’humain ponifié. Si encore, je m’étais drogué, mais j’avais même pas bu la veille. Franchement un sacré bad trip en perspective.
En général, quand on sait que l’on rêve, il est facile de se réveiller. Un petit effort de volonté, on ferme les yeux puis on les rouvre et tel Némo, voilà qu’on a regagné ses pénates. Là rien.
Après plusieurs tentatives, il me fallait changer de méthode. Bon, se pincer, c’est un peu difficile sans doigt, vous en conviendrez tous. C’est la douleur qui réveille, non ? Bon sers-toi de ta tête. Il y a le tronc du pommier sous lequel je me suis réveillé. Madame ma tête, Monsieur le Tronc, rencontre !
Quelques bosses plus tard, force m’était d’admettre que je n’étais pas plus avancé. Ha, si, j’avais mal au crâne. Quel génie…
Bon voyons un peu plus ce corps de poney, puis qu’il me faut m’en accommoder... Pas de corne ni d’ailes, si je dois me fier à la série, je suis un terrestre.
Sérieux ! Les moins cools des trois. Pas de magie et pas de possibilité de voler. J’ai quoi en échange ? Une force supérieure, et encore, c’est relatif, en bonus, je suis sensé avoir les mains vertes, enfin les sabots verts. Ça commence bien…
Qu’en est il du reste? Déjà, il y a le fait de la nudité et d’avoir un pelage, c'est pas que je sois un timide, mais, ça dérange. Une robe entre le jaune et le vert, pas vraiment du kaki, à la réflexion du vert olive, une crinière et une queue d’un noir profond, comme… une olive. Décidément, cette métamorphose se joue de moi. Sans surprise, cher lecteur, tu pourras déduire que mon prénom est… Non ce n’est pas Olivia, je suis un gars et fier de l’être. Oui, c’est bien Olivier.
Dernière étape, la “Cutie Mark”. Une plume d’oie entourée d’une paire de dé à dix faces, un dé cent en jargon de joueur de jeu de rôle. Yep, c’est cohérent.
Si je reste dans la logique de la situation, ou devrai-je dire de ce cauchemar, je ne devrai pas tarder à trouver une des six héroïnes du show. C’est forcément avec une des six héroïnes que ça se passe. Ca se passe toujours avec une des ces six là.
Bon, il y a des pommiers, le plus probable est que je ne sois pas loin de la ferme de la Douce Pomme. Va pour AppleJack.
Voyons voir, je suis au fond d’un vallon, si je me souviens bien, la ferme est sur une colline, allons vers les hauteurs. Enfin plus facile à dire qu’à faire. La marche à quatre pattes, c'est tout sauf intuitif pour le bipède que je suis. Quelques belles gamelles plus tard, j’arrive au sommet de la petite hauteur. Heureusement que dans l'animation, on t’apprend que le ridicule ne tue pas. Et ce qui ne te tue pas te rend plus fort ! L’avantage est que je n’ai plus ni béquille ni plâtre à la jambe. Le “ta gueule, c’est magique”, ça a parfois du bon.
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Je déteste avoir raison. Je suis bien dans l'univers de MLP. La ferme est en vue, entourée de ses quelques champs de maïs. Clopin-clopant, je me dirige vers la bâtisse. Sur la route, le premier autochtone que je croise se révèle être BigMac. Il tire une carriole, sans doute de retour de livraison. Bon, j’ai de la chance dans mon malheur, ça aurai put être Apple Bloom et ses deux comparses.
Le taiseux de la bande devrait pouvoir me renseigner où trouver sa sœur et le reste de la bande, puisque ce sont elles les héroïnes, la solution à mon problème ne devrait pas être loin de ces six-là. En espérant qu’il parle français, manquerait plus que je sois dans une version en V.O.
“Salut.Yep.Désolé de te déranger, je cherche ta sœur, Applejack et ses amies, tu sais où elles sont ?
- Yep.…”
Ouh, ça va être long…
“ Et pourrais-tu me l’indiquer, s’il te plaît ?
- Nop. ”
Vraiment trèèèèèèèès long
“Pourrais-tu avoir au moins deux mots de vocabulaires et me répondre ! J’ai pourtant été poli.”
Bon, je lui en ai bouché un coin au stoïque rouge.
“Excusez moi Gentelcolt, mais nous n’avons pas été présentés. Vous arrivez comme ça de nul part, avec une démarche chaloupée digne du pire des poivrots de Las Pégasus, les crins en bataille et une barbe de trois jours. Vous m’êtes parfaitement inconnu et vous me demandez comme ça, de but en blanc, où est ma sœur cadette, comprenez ma réticence.”
Ben merd... alors, voilà que dans mon délire, je fais du OOC sur Big Mac, décidément ce rêve est bien la pire des fan-fic’ que je puisse vivre. J’en suis sur le cul, littéralement.
Big Mac, lui, il reprend sa route avec sa carriole, me laissant là sur le bord de route. Me faire moucher par le moins bavard de la série.
Nul de chez nul.
Je presse le pas et le rattrape. Je prends appui sur la charrette pour me mettre debout, façon Pinkie, pour moi la position bipède a quelque chose de réconfortant.
“Pardon, on est visiblement parti sur de mauvaises bases. Je me présente, je suis…”
Bonne question ça, sous quel nom me présenter ? Utiliser mon propre prénom ? Prendre un pseudo ? Un de ces noms étranges tiré de la série que les bronys affectionnent. ? Bah, rien ne vaut la simplicité.
“Je suis Olive Tree”
Attends pourquoi je donne mon prénom en anglais, en plus ce n'est même pas ça. On dirait une mauvaise Google trad’.
“Yep. Et pourquoi tu veux voir ma sœur ?”
Cette réplique a un petit côté “Astérix chez les Corses”. Attention question piège. Vite trouver une excuse.
“En fait, j’ai entendu parler de ses exploits à elle et ses amies, en tant que championnes de l'Harmonie. Du coup, je cherchais à les trouver pour leur demander conseil sur la question.”
C’est pas tout à fait ça, mais tout bon mensonge doit avoir un fond de vérité. Son visage se détend, mon bobard a dû porter.
“Nop, elle est en camping avec notre petite sœur et des amies à elle.”
Génial, comme dans cet épisode où Scootaloo prend Rainbow pour mentor et part faire du camping avec les deux autre CMC et leur sœurs. Scootaloo a les chocottes de tout l’épisode et fait cauchemar sur cauchemar jusqu'à ce que Luna lui apparaît en rêve…
Attend, je suis un génie! c’est pas les Mane Six qu’il faut que je voie, mais directement Luna. Après tout, c’est elle l’experte en rêve et autres trucs oniriques.
Hum, non ce plan ne peut pas marcher, les deux princesses de Canterlot sont tout sauf accessibles. Et d’ici que j’obtienne une entrevue avec l’une des deux altesses, j’aurai eu le temps de passer végan ou de mourir du cholestérol à force de manger la cuisine locale. Twilight reste la plus abordables des quatre alicornes.
“Et du coup, tu pourrais m’indiquer où trouver la princesse Twilight ?
- La Princesse ? Dans son palais, en ville.”
Ouf, la petite Sparkle est déjà une alicorne avec son palais, du coup, on doit être après la fin de la saison quatre. Ce qui veut dire qu’il y a eu l’épisode “Equestria Girls” et donc que si je parle d’humain, je ne vais pas passer pour un extra-terrestre, enfin extra équestrien. Évitons de trop le crier sur les toits, j’ai trop lu de fan fic' sur Lyra pour savoir comment ça fini ces histoires.
“Merci du renseignement et bonne journée. “
Je ne sais pas ce qui est le pire, ma situation toute pourrie dans ce rêve tout pourri ou que j’en sache autant sur cette série, qu’il y a quinze jours encore, j'ignorais complètement. Pour moi un brony, c’est un gâteau au chocolat ou une bonne blague sur des gamins attardés.
Mon subconscient,va falloir se rattraper, et arrête de me jouer des tours comme celui-ci. Et oui, je sais que la pâtisserie, ça s'écrit pas pareil et que cette blague est moisie, on rigole comme on peut.
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Le reste du trajet jusqu’à Poneyville est moins un calvaire, la marche en mode quadrupède commence à rentrer. Des mois pour un bébé pour apprendre à marcher, moins d’une journée pour un poulain. Hominidé 0 Équidé 1
Bon comment j’aborde la question ? “Hé, salut, je suis une créature venue d’un autre monde coincé dans un corps de poney, mais en fait, je ne suis pas un poney.” Dans le genre allé simple pour l’asile, je trouve pas mieux. Heureusement, il est toujours possible de faire le parallèle avec Sunset.
“Bonjour, toi, tu es nouveau en ville”
Je sursaute et me mets instinctivement debout, m'appuyant contre un mur.
Mince Pinkie Pie, si je fais pas gaffe, je vais avoir droit à ma fête surprise de bienvenue, on commence par ça et on finit par ne plus pouvoir partir. Je les connais ces méthodes de fourbes.
“ Bonjour Pinkie Pie
- Et mais comment tu connais mon nom ?”
Merd..., ma langue à fourché, c’est vrais que je ne suis pas censé la connaître, de même que le reste des personnages du show.
“ Ho, en fait, je recherche les gardiennes des élément d’harmonies, les héroïnes qui ont ramené la princesse Luna, amendé Discord et vaincu Tirek. Comme tu correspondais à la description, je me suis dit que ça devait être toi.
- Je ne pensais pas être aussi célèbre mais ravi de te rencontrer. J’avais cru un moment que tu étais une créature venue d’un autre monde et que tu te serais récemment retrouvé dans un corps de poney et qui ne saurais pas encore trop comment utiliser ce nouveau corps, te sentant perdu tu es venu voir mon amie Twilight pour lui demander de l’aide.”
Pinkie Pie, ou l’art de faire s’écrouler le quatrième mur en une réplique, le tout dit sans ponctuation. Élue meilleur accélérateur de scénario de tous les temps.
“En admettant que ça soit vrai, m’aiderais-tu ? Je voulais en effet voir la Princesse Twilight Sparkle, tu pourrais m’accompagner ?”
Pas question que je laisse cette ponette rose seule deux minutes, sinon elle va me la faire le coup de la fête de bienvenue, voire pire
“Bien sûr, c’est juste à côté. Tu viens vraiment d’un autre monde ?
- Disons que je viens de loin, de très loin. “
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L’avantage avec un arbre-château en cristal, c’est qu’on le voit de loin. Et comme poneyville n’est qu’un gros bourg, on a vite fait d’arriver devant.
D’ailleurs, qu’elle est moche cette bâtisse, on sent qu'avant tout elle a été imaginée comme une maison de poupée pour être vendue par Hasbro. Ils sont forts quand même, ils arrivent à me faire regretter le béton des cités, tout aussi carré et hideux, mais moins coloré.
Précédé de la pâtissière, je suis introduit dans la grande salle. Twilight et Starlight s’y trouvent déjà, en grande conversation.
Brèves salutations entre les trois juments, rapidement le pourquoi de ma présence ici arrive dans la conversation.
“Et qui êtes-vous? me demande en brûle point Starlight
- Oliver Tree, un voyageur venu de loin.”
Put… Même quand je veux bien le dire, je n’arrive pas à sortir mon propre prénom. Au moins j’échappe à un de ces trucs ridicule en rapport avec le ciel ou la lumière.
“Et qu’est-ce qui t'amènes à Poneyville me demande Twilight
- Mais pour voir la plus douée des élèves de Célestia.”
Voilà qu’elle rougit au compliment, une vraie pivoine.
À non ! Je ne vais pas en plus me coltiner une romance à trois euros cinquante avec une des M6. Je crois avoir déjà assez donné dans le cliché. Je vais tout lui dire franco
" Voilà, je suis surtout venu pour...pour te demander de… de… de…
- Oui ?
- Je… je… "
Put.. de sa mère la pu...
Pourquoi j’arrive pas à le dire ! C’est pourtant simple à expliquer, Pinkie vient de le faire il n’y a même pas cinq minutes. J’ai beau essayé d’ouvrir la bouche, rien ne sort, les mots restent coincés au fond de la bouche. Ma situation, déjà peu reluisante vient d’empirer. Me voilà en plus maudit, façon le “Château Ambulant”, incapable de dire aux autres ce qui m’affecte.
Les deux magiciennes me regardent interloquées.
“Je suis venu jusqu’à Ponyville dans le but de trouver les gardiennes de l’harmonie.
- C’est fait, tu en as deux devant toi.
- Oui certes.
- Et pourquoi voulais-tu nous voir.
- Et bien…”
Rien, pas un mot, pas un son, ne veulent franchir mes lèvres.
“C’est en rapport avec les hu… les hu… les z’u… les zu... Et puis zut !”
Les trois juments me regardent d’un air inquiètes. Même le mot humain est banni de mon vocabulaire.
Attends, on va ruser.
“En fait j'ai été à deux doigts, que dis-je, il s’en est fallu d’un cheveu que je ne parvienne pas jusqu'ici, heureusement en chemin j’ai rencontré de l’aide et j'étais entre de bonnes-mains, tout le monde que dis-je, everybody, s’est montré serviable. Il n’a pas fallu trop traîner les pieds pour qu’on me donne un coup de main. N’est ce pas Pinkie ?”
Pinkie Pie a l’air complètement perdue, Starlight m’observe avec suspicion, Twilight a une mine soucieuse. Soudain, son visage s’illumine
“En fait tu es un de ces étudiants en hyppologie comparée qui m’a écrit à propos de mes travaux sur les points communs entre les différentes cultures d’équidés d'Equestria.”
Raté, pourtant il y avait de l’idée.
Merci Twilight
“C’est plus complexe que ça, il faut aller au-delà des simples apparences, au-delà du reflet si vous préférez.”
Si avec ça, elles ne comprennent pas, c’est à désespérer.
C’est au tour de Starlight de s'agiter.
“En fait tu viens de l’autre côté du miroir…C’est bien ça ?
- Non, Je… Je… Je ne viens pas de l’autre côté du miroir.
Ce qui, techniquement, est vrai,
Voilà qu’en plus je dois être le plus honnête possible dans le peu que je dis.
“C’est étrange pourtant, les expressions que tu utilises…
- Par contre, je connais Sunset.
- Vraiment ?
- Enfin, pas, directement, je ne l’ai jamais personnellement rencontrée.
- Mais alors d’où la connais-tu ?
- Je ne peux pas le dire.
- Mais pourquoi ?
- Parce que.. Parce que.. Je ne peux pas le dire.”
Ca commence à me faire chi… cette histoire d’être d’un côté obligé de dire la vérité mais de l’autre ne rien pouvoir révéler sur ma situation exacte. Je suis en permanence à faire une gymnastique intellectuelle.
“C’est quoi ? Il faut faire quoi ? C’est une devinette ? Une charade ? Ou non, je sais ! C’est un jeu de piste comme quand il a fallu deviner que Shining Armor et Cadence attendaient un bébé!”
Pinkie, qui n’avait toujours pas réagi, sortait de sa torpeur. Le pire est qu’elle a déjà énoncé la solution, mais la connaissant, elle va jamais la ressortir devant les deux autres, ce serait trop facile.
“Je n’ai jamais été très forte en énigme.”
Ça, c’est Starlight qui chouine, je ne la connaissais pas comme ça. Quoique elle qui aime que tout soit carré et compréhensible du premier coup d’œil, les sous-entendus et le deuxième degré ça doit la barber. Normal quand on y pense.
“Bon, résumons les éléments que nous avons”
Twilight qui prend une plume et un parchemin, elle va nous faire une liste.
“D’un, tu t’appelles Oliver Tree
- Oui, c’est mon nom ici, en tant que poney
- De deux, tu sais ce qu’est un humain, tu en as déjà au moins étudié leur vocabulaire et leur anatomie.
- Oh oui, un investissement et un intérêt très personnel dans cette étude..
- De trois, tu connais Sunset Shimmer même si tu ne l’as jamais rencontrée.
- Yep, je sais où elle vit, ce qu'elle t’a fait, que depuis elle s’est amendée et qu’à présent elle s’est faite des amis...
- Mais tu ne peux pas nous dire comment tu as obtenu ces connaissances.
- Nop
- De quatre, tu ne viens pas de l’autre côté du miroir, là où vit Sunset aujourd’hui.
- Nop, son monde d’adoption n’est pas mon monde d’origine.
- Mais alors d’où viens tu?
- Je viens de … de… de…. Je ne peux pas vous le dire.
- Et la raison pour laquelle tu ne peux pas nous le dire ?
- Je.. Je.. Je ne sais pas. Juste je peux pas.
À ce moment les deux ponettes cornues se mettent à réfléchir intensément, marmonnant à l’occasion entre elles des trucs incompréhensibles sur les énergies magiques, de travaux d'un barbu et autres trucs de gens qui savent. À un moment, Twilight me lance un sort, je suis brièvement auréolé de sa magie violacée. Mais rien ne se passe. Les deux mages reprennent leurs discussions à voix basse.
Avec tous les indices que j’ai semé, c’est sans espoir si elles ne trouvent pas.
“Je ne trouve pas le fin mot de l’histoire, lâche au bout d’un moment la Princesse.
- Moi aussi, je sèche, concède son apprentie”
Une corde, passez-moi une corde que je me pende!
“Par contre on a bien à faire à une sorte de malédiction, rajouta l’ancienne élève de Célestia.
- Oui et ce n’est pas de la magie de licorne, compléta l’ex-méchante.
- Et je connais une spécialiste en malédiction et envoûtement, Zecora."
Pourquoi je n'y avais pas pensé moi-même ? Des fois, elle mérite vraiment son titre de petit génie cette Sparkle.
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Le voyage se fit sans histoire jusqu’à la Forêt d’Everfree.
Arrivé devant l’huis de la zèbre, je constatais que Pinkie s'était enfuie.
Zécora nous ouvrit la porte de sa demeure et nous fûmes bien reçus.
Les salutations d’usage faites, il fallut lui expliquer notre venue .
Attends, il y a quelque chose de cocasse dans ma façon d'ordonner ma pensée.
Si je m’y attarde, je me rends compte avec effroi que je me met à rimer, y compris dans ma psyché!
Pourtant, c’est à la maîtresse de maison, cette zèbre, de parler par rimaille.
Ce n’est pas à moi de le subir, sinon il n’y a plus rien qui vaille.
Put... Fichtre, diantre, voilà qu’en plus j’ai pris un coup d’archaïsme sur ma façon de m’exprimer.
À croire que l'alexandrin, octosyllabe et consort ne se conjuguent qu’en parlé daté.
Les deux femelles sont en grande conférence avec la chamane étrangère.
Hochement de tête entendu puis la zèbre se met à son chaudron, y ajoutant à l’occasion quelqu’ingrédient pioché dans ses étagères.
Ah, la rayée reviens vers moi, et me tend une louchée de breuvage.
Je toussote et déglutis, la boisson est infâme et me brûle l’œsophage.
Des volutes de fumée étrange et éthérée s’échappent alors de tout mon corps.
De ma marque de beauté, en vient le contingent le plus fort.
Une silhouette serpentine s’esquisse au-dessus de ma croupe avachie.
Telle une ombre, Zécora la chasse d’un souffle et d’un poids me voilà affranchi.
Bord… de merd… ça fait du bien de pouvoir de nouveau penser librement. Je ne sais pas ce que c’était, mais dans le genre casse bonbon ce truc, ça se pose là.
“Est ce que tu vas mieux? me demande la chamane. Tu devrais être pendant un temps un peu...
- Vaseux?” La coupais-je.
Faire des rimes, mine de rien, une fois que t’as pris le coup ça te vient naturellement.
“Je suis navrée, mais pour ta malédiction, je me trouve sans…
- Solution, oui, je me doute, ce serait trop simple sinon.
- Cependant sur la nature de ce qui t’as affecté, nous sommes à présent davantage alertées
- Hum, la rime en é est bien pauvre, mais passons, qu’as tu découvert?
- Sur la genèse des forces, qui t’affectent. Si je te dis qu’elles sont entropiques et chaotiques, que te dit ton intellect.
- Discord !
- Lui-même, repris Twilight, j'espère qu’il a une bonne excuse.
- Il a intérêt, l'espèce d’enfoir…
- Il devrait être chez Fluttershy à cette heure-ci, précise Starlight.
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C’est d’un trot décidé qu’on se mit en route vers la demeure de la pégase amie des animaux. Je tambourine violemment la porte, malgré les appels aux calmes de Twilight.
Quand enfin, au bout de quelques secondes qui me parurent une éternité la gardienne de la gentillesse vient m’ouvrir:
“Il est là, lui demandais je en la bousculant presque, en entrant.
- Qui est-ce demanda une voix aigre bien trop familière.
- Toi !”
A ce moment là, je gronde plus que je ne parle. Starlight m’a raconté après coup que j’avais vraiment pris une teinte olivâtre, j’étais littéralement vert de rage.
“Oliver Tree, quelle bonne surprise ! Je ne m’attendais pas à te voir d’aussi bonne heure.
- Ce n’est même pas mon véritable prénom ! Donne-moi une seule bonne raison de ne pas t’étrangler, draconequus de malheur!
Je me précipite vers la créature serpentine installé dans l’un des fauteuil du salon, une tasse de thé à la main.
“Que même si tu essayais, tu n’y arriverais pas? ”
En un claquement de doigts, je me retrouve sur un tapis de course à galoper dans le vide.
“Discord, tu nous dois des explications.”
De sa magie, Twilight me sort du tapis.
“Quoi? On me reproche d’avoir fait le bien ?
- Le bien ? Mais tu as vu la situation dans laquelle tu m’as mise ? J’ai pas demandé à être dans cet état-là.
- Qu’est qui se passe exactement, Discord, explique nous
- Bien, si tu insistes ma chère Twilight. Je me suis dit qu’étant à présent “réformé” je devais faire le bien autour de moi, et même au-delà. J’ai donc prit une créature du multivers, dans l’un des coins les plus éloignés d'Equestria, un humain de l’un de ces mondes dépourvus de magie et je lui ai offert une nouvelle vie, ici, à Equestria.
- Mais j’ai rien demandé moi!
- Je crains hélas que tu n’aies pas vraiment le choix
- Comment ça pas le choix !
- Et bien, à l’heure qu’il est, tu es techniquement... décédé, enfin ton ancien corps.
- Quoi ! Que, qui, comment ?
- Te tu souviens de l'ordonnance qui allait avec les antidouleurs que l'on t’a donné à la sortie de l’hosto, quand tu t’es cassé la cheville.
- Oui...
- Tu te souviens des anticoagulants qui étaient prescrits avec ? C’était sous forme piqûres journalières qu’il te fallait faire.
- Devoir aller tous les jours voir mon médecin à l’autre bout de la ville pour une bête piqûre, sortir avec les béquilles et tout l’attirail. Merci bien. En plus, elles n'étaient même pas obligatoires cette piquouse
- Hé bien félicitation, tu rentres dans la case du “un cas sur un million où ça foire”. Tu as un caillot de sang de sang qui s’est formé dans ta jambe ; ton cœur a forcé et avec le souffle au cœur que tu as, tu…
Je m'asseyais sur l’un des divans, sonné pour le coup
“Ce n'est pas possible.. C’est vrai de vrai toutes ces conner... que tu viens de sortir.
- Mais non voyons, je viens de sortir ce scénario improbable digne d’”Urgence” uniquement pour rassurer ton esprit cartésien et lui donner une raison valable d'accepter la situation. Sinon comment je fais pour justifier mes actions à la fin de l'épisode.
- Je suis donc condamnée à rester un poney ?
- Il me semble bien.
- Mais pourquoi moi ? Les bronys qui ne rêvent que d’être un poney, tu en as quinze à la douzaine. Moi, c'est pas mon délire. Je ne suis même pas un vrai brony, je connais le show que depuis quoi? Quinze jours ? Trois semaines ? En plus, je suis bien dans ma peau, j’en veux pas une autre. C'est limite si je vomis pas les arcs-en-ciel.
- Pour que l’acte soit fondamentalement bon et désintéressé, il me fallait prendre quelqu’un qui ne le souhaitait pas.
- Je n'ai pas tout compris à ce que vous avez dit les garçons, mais il semblerait que finalement, tu aies fait une bonne action, Discord ?
- Ah ma chère Twilight... En effet, tu n’as pas besoin de saisir toutes les références, il est encore trop tôt pour te montrer ce qu’il y a derrière le mur.
- Bon, et bien, je n’ai plus trop le choix, à Canterlot, fait comme les canterlotois, dis-je en soupirant.
- Heureux que tu le prennes aussi bien
- Tant qu’à faire dans le cliché, autant l'assumer jusqu'au bout, le héros qui se fait à l’idée de sa nouvelle existence de poney, laissant bien vite et sans remord son ancienne existence. Ah si, une dernière question, pourquoi l’interdiction d’en parler ?
- Ho, tu sais les métamorphoses d’autrui ce n'est pas trop mon rayon. Du coup, j’ai emprunté la formule à une amie sorcière. Il devait en rester quelques scories.
- Yep, je confirme"
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Épilogue.
Bon, je m’arrête là mes aventures sinon j’en aurai pour quinze chapitres et ça va encore faire une fic’ qui sera jamais finie. Sache juste, cher lecteur, que mon intégration à la vie équestrienne ne fut pas de tout repos.
J'ai bien eu le droit à ma fête pas surprise de bienvenue de Pinkie. Je n’ai jamais commencé une romance avec aucun des persos principaux. J’ai trouvé un job, pas si éloigné de l’ancien, l'été, je suis moniteur sur les camps de vacances, l’hiver, je tiens un bar à jeu. J'ai fini pas intégré le club de la soirée des garçons; je leur ai montré qu’il existait d’autre jeux de rôles que Donjon, Discord est vraiment trop doué quand il joue Malkavien sur Vampire.
Si la viande est introuvable, j’ai réussi à avoir du poisson grâce à Fluttershy, un pote grizzly pêcheur de saumon ça aide. Chaque fois que j’en mange mon corps de végétarien me le fait payer pendant une semaine.
Quand mon ancienne apparence me manque trop, j’accompagne Twilight voir Sunset. La rouquine comprend très bien le mal du pays que je peux parfois ressentir.
Mais quand j’ai vraiment un coup déprime, Discord me laisse avoir une connexion avec l’internet de mon ancien monde. Il ne me faut pas longtemps à suivre les infos en continue pour me dire que finalement la vie là où je suis n’est pas si mal. Je finis toujours ma virée par un petit passage du côté de la communauté brony, ou j'en profite pour poster à l'occasion.
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