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Skyphony

Une fiction écrite par Raincloud.

Chapitre 5 - La corde sensible

  Fin de matinée à Ponyville.
Dans une rue assez éloignée (après tout, Ponyville, n'est pas si petite que ça), ce sont deux pouliches qui trottinaient pour aller rejoindre leurs amies dans le parc de l'hôtel de ville. La terrestre était visiblement remontée, la pégase tentait de calmer le jeu.
« Oh je t'en prie, c'était pas si terrible...
- C'était terrible, et vous le savez. La preuve Apple Bloom et Sweetie Belle se sont enfuit dès qu'elles ont vu que je n'avais aucune autorité. »
Elle s'arrêta un instant en se frappant le sabot contre le front.
« Raah, bout de chou ! Évidemment, comment veux-tu qu'ils t'appellent autrement que bout de chou ! Je vois pas pourquoi j'ai cru un seul instant qu'ils allaient m'accorder leur confiance aussi facilement que mademoiselle Apple.
- C'est bien d'avoir essayé. Et t'a rien à te reprocher, toi. Ces adultes étaient particulièrement blessants. Je sais ce que ça fait quand on ne te prends pas au sérieux...
- Merci Scootaloo. Je pense sans cesse à la façon dont je pourrais aider les autres, changer le monde. Mais toujours cette apparence juvénile me ramène à la dure réalité... il y a le monde des adultes et celui des enfants, à Ponyville comme à Canterlot. Quel est donc l'intérêt de s'acharner ici ?
- Oh, t'en vas pas, s'il-te-plaît ! Le printemps de peut pas se passer de toi ! Et je suis sûre que Ponyville est l'endroit le plus ouvert d'Equestria ! On a admit des zèbres, des ânes et des griffons ! On a admit une alicorne des neiges éternelles et une autre qui manipule des comètes ! On a admit un serpent de mer, un minotaure, un yack, un draconequus ! ON A ADMIT PINKIE PIE !
- J'admire vos efforts mais je... ne me sens pas vraiment à ma place... c'est qu'il fait de plus en plus froid aussi...
- On est toujours en hiver et ça va pas s'arranger si tu pars.
- Non, je veux dire qu'il fait bien plus froid que d'ordin... SCOOTALOO, BAISSEZ-VOUS !! »

Gaïa se jeta sur sa nouvelle amie pour qu'elles évitent ensemble l'énorme trait de glace qui vint s'éclater juste à leur emplacements initiaux. Recroquevillées dans un coin de la ruelle étroite, elle virent alors avec effroi la masse froide ramper et se modeler. De cette matière naquit la forme d'un grand poney glacé.
Il était pâle, vide, tout comme ses yeux, avec une étrange armure de glace presque fusionnée avec son corps qui n'avait pas l'air moins glacial. Sa queue fantômatique balayait le sol juste sous les museaux des deux pouliches. Puis il se retourna, les fixa de ses yeux cristallins encadrés par son casque de givre. Et sa corne commença à luire d'un aura pourpre.

Les deux pouliches tentèrent de s'enfuir de l'autre côté mais l'étrange poney de neige, visiblement sur-entrainé, atterrit en instant de l'autre côté et bloqua l'étroit passage de ses larges ailes spectrales.
Les pouliches partagèrent un regard des plus anxieux : elles venaient de réaliser que cette chose qui leur barrait la route... était un alicorne.

La choseen question se rapprocha, Scootaloo et Gaïa reculèrent doucement. D'un rapide coup d'oeil, elles se rendirent comptent que l'arrière de la ruelle était encombrée de caisses bien trop lourdes : le spectre des neiges les avait pris au piège.
« Euh... Sweetie Belle, Apple Bloom... marmonna Scootaloo avec un sourire nerveux. Si c'est une de vos blagues, laissez-moi vous dire qu'elle est super bien faite mais que les plus courtes sont les meilleures... »
La pégase arrêta de sourire et même de respirer lorsque le poney s'arrêta pour projeter de sa corne un fin rayon violet directement sur leurs fronts.
« Oh pitié... grinça-t-elle avec un cri étouffé. J'ai lu assez de BD sur les extraterrestres pour savoir que ça va se finir très très mal...
- Scootaloo, taisez-vous et gardez votre calme... » murmura Gaïa.

Le rayon d'analyse se stoppa rapidement et le poney frappa sur le sol de son sabot. Une voix à glacer le sang emplit alors l'air, mais peut-on vraiment dire qu'elle venait de lui puisqu'il ne bougea pas un instant ses lèvres ?
« Poney enfant au cerveau d'adulte, veuillez nous livrer la petite pégase.
- Argh ! paniqua Scootaloo. Je le savais ! Ils viennent pour moi !
- Et pourquoi je ferais ça je vous prie, monsieur l'envahisseur ? s'écria Gaïa.
- Car vous, vous n'êtes d'aucune utilité à nos projets.
- Ce n'était pas ma question... »

Le poney de glace commença à froncer les sourcils (si tant est qu'il ait des sourcils) et reprit sa marche oppressante vers les pouliches.
« N'approchez pas ! » grogna Gaïa en frappant du sabot sur le sol.
Aussitôt, une puissance racine disloqua les pavés pleins de neige et émergea devant le museau de l'alicorne. Celui-ci la contourna sans être un instant déconcentré.

Gaïa en revanche, regarda avec surprise son propre sabot pour s'assurer qu'elle était bien la source de cette étrange évènement. Un peu interloquée, mais satisfaite, elle fit tournoyer son sabot en l'air. C'est alors que la racine encercla les sabots avant de l'alicorne et stoppa brutalement sa marche.
« Ça c'est trop cool ! s'écria alors Scootaloo. A moi maintenant !
- Scootaloo, je ne pense pas que ce soit...
- C'est toi la plus jeune ! C'est à moi de te protéger ! Taïaut !!! »

La petite pégase se mit à courir en direction de l'alicorne impassible, lequel, d'un rayon magique magistral s'envoya au tapis en une fraction de seconde.
Puis il lacéra avec un début de colère les racines qui le retenaient.

Gaïa, les dents serrées, aidait son amie à se relever puis bloqua le coup de sabot brutal du poney de glace avec une nouvelle racine bien placée. Puis, en fronçant les soucils, la langue pendante, elle ajouta d'autres racines qui s'entrelassèrent pour former un véritable mur végétal les gardant en surêté.

Le souffle court, la pouliche repéra un grand arbre derrière l'alicorne, un arbre qui abritait par ailleurs une grosse ruche. Comptant sur son pouvoir et sa chance avec les insectes, elle parvint à transformer le mur végétal en plante grimpante formant un couloir jusqu'à l'arbre. Elle s'y engouffra suivit d'une Scootaloo qui hurlait à mort.
Le poney de glace les poursuivit, déchiquetant les plantes l'une après l'autre, mais il ne put résister à la nuée d'abeilles qui lui tomba dessus lorsque Gaïa lui jeta la ruche sur le museau.

Les pouliches s'enfuirent alors à toute vitesse, paniquées. Et en courant à travers les rues ville, et se rendirent vite compte que ce monstre n'était pas seul...
« Il faut qu'on rejoigne Sweetie Belle et Apple Bloom ! cria Gaïa en pleine course. Et qu'on previenne la mairesse de ce qui se passe !
- Vu l'ampleur de l'attaque, je suppose qu'elle est déjà au courant ! »
Et les pouliches continuèrent de courir en criant à travers les rues qui commençaient à être infestées de ces menaces glacées.


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« FLUTTERSHY, T'AS UN EX ?! TOI ?! »
Après avoir conseillé à la famille Cake de barricader les entrées et confiner les enfants, le groupe composé de Rainbow Dash, ses deux amis d'hier, ses trois amies d'aujoud'hui et son amie d'hier et d'aujourd'hui, s'étaient réfugiés dans une zone top secrète pour la plupart des poneys : la cave aux surprises cachée sous l'appartement de Pinkie Pie.

C'était l'initiative d'Applejack, pour établir un plan d'action efficace en l'absence de la princesse stratège attitrée de Ponyville. Rainbow, elle, avait machinalement suivi le groupe, le visage distordu d'incompréhension, toujours fixée sur son amie de longue date. La pégase jaune, bizarrement beaucoup plus à l'aise que Jetstream, essaya d'apporter quelques clarifications au sujet de cette question :
« Il me semble t'avoir dit que j'ai rencontré quelques étalons sympathiques pendant mon séjour à Los Pegasus... Jet venait de se disputer avec sa petite amie, il était trop touchant... on aurais dit un lapinou blessé... je... craque sur les lapinous blessés ?
- J'en reviens pas, Jet ! dit Liberty indignée. Tu m'as trompé avec Fluttershy !
- Hé ! Tu m'as dit à l'instant que tu m'as pas quitté par jalousie, faudrait savoir !
- Je ne suis pas jalouse ! Mais enfin... tu auras pu me dire que tu avais trouvé la pouliche que ma meilleure amie cherchait depuis 7 ans !
- T'AS UN EX ? répéta Rainbow comme bloqué en mode Reset. TOI ?!
- Ça... commence à devenir génant, Dashie... » marmonna Fluttershy.

Applejack se mit à siffler pour attirer leur attention :
« On s'calme, ok ? C'est pas pour interrompre vos r'trouvailles amoureuses organisées par cette bonne vieille Madame Fortune, mais on a des problèmes un peu plus grand non ? J'vous rappelle que cette Madame Fortune nous as aussi pondu une bande d'oiseaux carnassiers des glaces en pleine fête de Fin de l'Hiver !
- Tu parles de quelque chose d'inattendu, corrobora Pinkie Pie.
- Comment peut-il y avoir quelque chose de plus inattendu que ça, les filles ! s'écria Rainbow. FLUTTERSHY A UN EX !
- Bon, ça suffit, Dash ! gémit Fluttershy. J'ai eu une vie moi aussi ! Je ne vais pas te parler de tous les étalons que j'ai rencontré non plus !
- PARCE QUE TU EN AS PLUSIEURS ?!!
- J'ai dit on s'clame ! répéta Applejack en frappant du sabot, ce qui ramena enfin Rainbow au topique principal. La situation est grave là ! On a besoin d'une idée pour chasser ses oiseaux, sinon toute la ville finira aussi gelée qu'la maison de Dash ! Des suggestions ?
- Je ne sais pas si les éléments d'Harmonie peuvent être efficaces en l'absence de celui de la Magie... dit Rarity déçue.
- Et c'est pas pour être pessimiste, mais on va les repousser longtemps à coups de sabots, dit Jetstream déjà affalé au milieu des caisses de peluches. J'suis un pilote moi, j'ai b'soin d'recharge, d'arrêts au stand !
- Hé ! Hé ! J'ai une idée géniale ! s'écria Pinkie Pie tout sourire.
- Ça a un lien avec des cupcakes ? demanda Applejack.
- Quoi ?! Comment as-tu...
- Alors c'est une mauvaise idée ! coupa Applejack blasée.
- Si je peux... dire quelque chose... » dit alors une voix douce dans le coin de la cave.

Liberty était là, le regard rêveur perdu dans les mouvements bancals d'un mobile pour enfant accroché à une armoire bourrée d'autres objets tout aussi dénués de sens. Elle semblait cependant y voir l'émotion qu'on ne percevait dans ce mobile qu'après l'avoir longuement observé avec un oeil d'enfant.
« Les légendes de ma ville natale... font parfois intervenir des créatures semblables à des oiseaux à la forme d'éclairs bleutés, strillée d'un rayon vert. Des chasseurs ailés attaquant par nuées sans espoir de fuite pour le poney seul égaré.
- Ouaip, c'était une figure du folklore de Skyfall, ajouta Jetstream. On raconte qu'ils ne tuent jamais mais qu'ils enlèvent les poneys pour les cacher à jamais dans des grottes où nunca jamás se puede volver a encontrarlos...
- Et tu t'intéressais pas à des histoires d'enlèvement toi ? fit remarquer Applejack. C'est bon, t'as ton explication ?
- Tu m'excuseras si l'hypothèse des monstres folkloriques n'est pas la première à laquelle j'ai pensé, cubrecabeza !
- Ces créatures... reprit Liberty. Ils sont hantés la plupart de mes cauchemards d'enfants... et encore davantage lorsque j'ai compris qu'ils existaient réellement. »
Liberty semblait fébrile, les auditeurs encouragèrent d'un regard le poney le plus proche d'elle, à savoir Jet, à la réconforter. Jetstream, pas sûr de lui, donna sans quitter son lit de caisses un simple coup de coude amical à Liberty, qui sourit tout en levant les yeux au ciel.

« Et alors ? Tu sais comment on les plume, ces piafs ? s'empressa Rainbow.
- C'est impossible. Quand vous en faites disparaître un, d'autres naissent dans une neige dense qui n'en fini jamais de tomber. Ils se déploient les jours où les coeurs se déchirent et les discordes prospèrent.
- Donc ce sont des sortes de windigos ? demanda Rarity. Ou des descendants peut-être ?
- C'est ce qu'on dit... Le seul point de différence, c'est que les windigos sont autonomes... alors que les Sentinailes obéissent tous à un seul maître... »
Elle tourna enfin les yeux pour croiser les museaux attentifs des six autres poneys :
« Je veux parler du monstre qui s'est échappé du rayon pourpre. »

Le silence tomba brutalement et demeura pendant quelques secondes avant que Pinkie n'articule :
« Senti-quoi ?
- Sentinailes, c'est le nom qu'on leur a donné, car même s'ils ne tuent pas directement, ils sont les gardiens du destin et les émissaires de la mort...
- Une minute, releva Rainbow suspicieuse, tu veux dire que tu te rappelles du nom des mobs, mais pas de celui du boss ?
- Ben en fait, j'avais beau être terrorisée par eux... leur jeu de mot m'a toujours fait rire... c'est pour ça que je l'ai mieux retenu... » répondit Liberty embarrasée mais honnête.

Les poneys avaient du mal à la croire, mais Pinkie Pie dissipa leurs doutes en prenant sa défense :
« Ne sous-estimez pas l'impact psychique du rire ! Je vous rappelle que j'ai fait plier un yack, donc on sait toutes qui a le meilleur élément d'Harmonie dans cette salle... »
Elle se mit à osciller les sourcils, principalement auprès de Rainbow qui la repoussa d'un seul sabot.
« Et quand le boss est K.O., c'est la fin de la partie et les mobs dépopent, c'est ça ?
- Ce sont ces serviteurs, son armée, je suppose qu'ils ne sont rien sans lui.
- Et y a pas moyen de les ranger de notre côté ? »

Cette question venait de Pinkie Pie, qui attira l'attention de tous sur elle : la voilà vêtue d'une ample tunique bohémienne multicolore et d'une jupe de flamenco cyan. Un long bandeau passait derrière ses oreilles et elle arborait une boucle d'oreille unique en forme de lune. Sous les regards médusés, elle frappa trois fois dans le tambourin d'un rouge flamboyant qu'elle tenait.
« Avec un peu de chance, ils sont aussi mélomanes que les parasprites. Je n'ai même pas besoin de sortir mon orchestre portatif, mon ami Gypsy est le meilleur pour faire chavirer les cœurs ! »
Liberty regardait Pinkie frapper son tambourin avec un mélange d'incrédulité et d'intérêt :
« En vérité, je crois me souvenir que la musique a vraiment une influence sur leur comportement...
- Et c'est qui ce Gypsy ? grommela Rainbow.
- À ton avis, p'tite tête ? C'est mon tambourin, mon partenaire musical ! »

Et pendant qu'elle continuait à frapper, comme prise dans une transe, Jetstream se pencha rapidement à l'oreille de Rainbow :
« Rassure-moi, Daschätzchen... la muchacha sait que son tambourin n'est pas un être vivant, n'est-ce-pas ?
- Comparé à son alligator, ce tambourin est une bête sauvage... répondit Rainbow Dash.
- C'est bien joli tout ça, déclara Applejack, et ça va p't-être les distraire trente secondes. Mais c'est pas comme ça qu'on va éradiquer le mal à la racine !
- Applejack a raison, reprit Rarity. Nous sommes le bras armé de la princesse de l'Amitié. C'est à nous qu'il incombe de nous battre contre ces féroces créatures de glace ailées qui naissent dans la neige et se font passer pour des windigos... »

Brutalement, à la vitesse de la lumière, le front de Rainbow Dash vint se plaquer contre celui de Rarity. Les yeux exorbités, elle articula très lentement :
« Qu'est-ce-que... tu viens... de dire ? »

Elle se retira sans attendre la réponse et se mit à piétiner sur place :
« Ce que tu viens de dire là... mot pour mot... si je me trompe pas, une personne auquel je tiens beaucoup à déjà parlé de ces créatures de la même façon il y a très longtemps. Mais ouais, les Sentinailes tout ça ! Jamais j'aurais crû que ça m'ait autant marqué !
- Qui donc ?
- Ma mère ! Avec mon père, elle faisait parti d'un groupe de poneys qui ont déjà combattu ces... oooooh ! Je viens d'avoir une idée aussi démentielle que moi ! Liberty, les lunettes ! Les lunettes de vol ! »

Méticuleusement, Liberty sortit de sa sacoche les sept paires de lunettes de vol gravées d'éclairs et les fit glisser au bras de Rainbow Dash. Celle-ci les fixa un moment, fit quelques pas pensifs au son de percussions orientales de Pinkie Pie, avant de se retourner, face à un demi-cercle très attentif :
« Vous savez à quoi servent ces lunettes de vol ?
- À faire joli ? dit Rarity inspirée.
- À percevoir les variations du continuum espace-temps ? s'écria Pinkie.
- À voir quand on vole ? lança Applejack avec une extrême lassitude.
- Rien de tout ça ! Pour mes parents, ces lunettes étaient des blasons. Les emblèmes d'un groupe soudé d'aventuriers, aux couleurs de l'arc-en-ciel, dont ils faisaient partis : l'escadron subsonique.
- Wow, mon genou frétille en entendant ce nom... dit Pinkie subjuguée.
- Apparemment, l'escadron subsonique a déjà combattu ce genre de menace. Ces lunettes n'ont rien de magique, mais elles donnent le sens du devoir à un groupe de héros qui libérera Equestria.
- Et tu veux reformer cet escadron ? demanda Applejack. On risque pas d'avoir du mal avec ton père qui est un peu plus vraiment trop là ?
- Tu n'y es pas Applejack. Je voulais juste te faire remarquer que nous étions sept dans cette salle... »

Applejack parcouru la zone du regard et poussa un soupir. Pinkie Pie commença à s'exciter.
« Wouh ouh, on va former un groupe de justiciers, c'est ça ? Genre les Super Poneys ?
- Si je pouvais éviter de me retransformer en l'incroyable Mule... marmonna Fluttershy.
- Est-ce-que vous êtes prêts à protéger ce royaume et à porter des lunettes hyper branchées ? » demanda Rainbow en offrant son sabot libre au reste du groupe.

Immédiatement, le sabot de Pinkie se posa dessus, suivi de celui de Rarity (qui devait avoir une envie pressante de porter un accessoire vintage) et, après une hésitation, celui de Fluttershy.
Liberty et Jetstream se regardèrent dans les yeux longuement. Le pilote, amusé, posa son sabot gauche et de l'autre obligea Liberty à poser le sien. Applejack fut la dernière à le faire, accompagnée d'un nouveau soupir.
« Très bien, jubila Rainbow. Quelle couleur vous voulez ?
- Si je puis me permettre ! dit Rarity ultra-excitée. Il serait malvenu de détruire le charme de ses accessoires en les confiant à une personne qui ne serait pas de la même allure.
- Hein ?
- Autrement dit, ces lunettes doivent absolument mettre en valeur notre anatomie. Et c'est au nom de ma crinière que je prend les indigos ! Ah ah ah ! »
Elle se jeta sur les lunettes indigo et se mit à parader devant un demi-miroir posé dans un coin tout en jubilant.
« Ah, donc au nom de mon pelage, je dois prendre les bleues c'est ça ?
- Exactement. Jet prendra les violettes qui mettent en valeur ses magnifiques yeux, Fluttershy les jaunes et Applejack les oranges. Le vert pomme restera pour Liberty, il va à merveille avec son teint. Pinkie Pie...
- DU ROSE !
- Y a pas de rose dans un arc-en-ciel, Pinkie ! soupira Rainbow. Il te reste les rouges. T'as de la chance, elles virent vers le fushia...
- Je prends ! » conclut Pinkie qui avait déjà les lunettes sur le museau avant même que Rainbow ne les lui donne.

Ces lunettes, aux airs si désuets dans le sabot de Rainbow, aparaissaient sur le museau des sauveteurs bien plus classes et glorifiantes que jamais... à l'exception notable de Pinkie Pie, chez qui les lunettes jurait catégoriquement avec le style bohême.
Applejack sourit pendant une fraction de seconde lorsqu'elle se vit son reflet : nom d'une pomme, qu'est-ce qu'elle avait l'air cool avec ça, quand même...

« Franchement, hé hé, c'est pas porter ces gadgets colorés qui vont nous permettre de sauver le monde... déclara-t-elle en contradiction totale avec sa pensée.
- Oh, mais moi je me me sens capable de déplacer des montagnes ! s'exclama Rarity. Oh, ideaaa ! Un plan de sauvetage ! L'important c'est d'abord de protéger les populations !
- C'est vrai, répliqua Rainbow. On a perdu assez de temps, maintenant il s'agit de regrouper les poneys dans un endroit sûr. Quel est le monument le plus grand et le plus sécurisé de la ville ?
- On a le droit d'emprunter ?... »
Pinkie Pie, qui était auparavant plantée devant un plan de la ville accroché au mur et dessiné par ses soins, glissa sur le sol tel un fantôme, d'un air mystérieux. A la place où elle se tenait juste avant, apparu à la vue de tous le gribouillage du château de Twilight qui écrasait tout en plein milieu du dessin. Elle fit alors un clin d'oeil, ponctué d'une frappe de tambourin.

Les poneys s'organisèrent alors pour leur plan de sauvetage. Jetstream et Fluttershy allaient se rendre au Complexe Pegasus pour envoyer des messages d'urgence à travers les hauts-parleurs de la ville, indiquant de rejoindre le château de Twilight ou, si c'est impossible, de se baricader chez soi. Les autres allaient aider les poneys à circuler sains et saufs dans la rue, par une combinaison de défense plutôt efficaces entre rayons magiques, ruades qui tuent et envoûtement musical.

Le nouvel escadron subsonique sortit pour accomplir son devoir. Mais une question résonnait encore dans toutes les têtes : combien de temps encore allaient-ils devoir – et surtout pouvoir – résister ?


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  16 rue Firefly, est de Ponyville.
Dans une maisonnée aux airs nuageux, un peu à l'écart d'un centre particulièrement agîté pour une raison inconnue de ses habitants, un calme olympien régnait. Deux grands yeux cerise étaient fixés sur la vitre du salon, ils observaient au dehors, moins pour permettre à leur propriétaire de distinguer chaque mouvement des citadins que pour la laisser vaquer à ses réflexions. Ses ailes battaient machinalement et sa corne clignotait de lumière rouge, comme si elle était perturbée intérieurement. Il faut dire que Flybeline n'avait pas l'habitude de réfléchir posément et elle serait rapidement arrivé à une pensée philosophique un peu trop funèbre si elle n'était pas rappelé souvent à la réalité par les vriiiaaaooonnn incessants de Rumble imitant le bruit des avions en plastique avec lequel il jouait.

Après avoir fait le plein de kérozène, crashé un hélicoptère contre l'étagère et reformé un palmier en pâte à modeler, Rumble ne pouvait plus ignorer le fait que sa pony-sitter se comportait de façon très éloignée de son personnage habituel.
« Ça va pas, Flybe ?
- Oh... euh... hum hum... bien sûr que si ! Non... non, à qui je vais faire croire ça ? Je vais pas bien du tout !
- Est-ce que ça a un rapport avec la jalousie de Thunderlane ? demanda Rumble en se levant.
- Jalousie ? Rumble, c'est normal que ton frère soit embêté par le fait que tu ne parles que de moi...
- Mais tu as tellement plus de qualités que lui ! Tu viens de la famille royale, t'as des super pouvoirs, t'es gentille avec tout le monde, t'es exceptionnelle ! Mon frère, il est juste... un pégase banal... »

Flybeline se tourna attentivement vers Rumble pendant qu'il continuait à ruminer :
« Il est ravi que je sois chez lui parce qu'il n'y a pas d'école là où habitent papa et maman, mais il assure pas, je le croise qu'au moment d'aller me coucher ! Il est vraiment pas doué pour exprimer ses sentiments. En fait, il est doué pour rien, il est nul, tout le temps malade, moi je voudrais être ton frère à toi !
- Rumble, non seulement on ne choisit pas sa famille mais en plus je suis persuadée que la tienne est merveilleuse. Mon frère est un peu maladroit aussi, comme le tien. Mais quand il s'y met, Ronny peut être un vrai héros... moi... moi, faut pas croire que je peux tout faire juste parce que je suis une alicorne...
- T'as pas sauvé un pays entier l'année dernière ?
- Non, c'était Twilight et Cadance. L'alicorne en face de toi, elle, s'est fait stupidement capturé et utilisé comme pile à combustible... j'étais en train de me dire que ma vie n'a été qu'un concert asourdissant d'évènements destructeurs...
- T'as forcément fait un truc incroyable à l'origine ! Faut faire un truc incroyable pour devenir une alicorne !
- C'est bien ça le problème... soupira Flybeline. Je crois que je commence à en avoir assez de l'incroyable. Peut-être que si j'étais resté une simple pégase... même de lignée royale... je serais plus... comme ton frère aujourd'hui.
- Pourquoi tu voudrais être comme mon frère ?
- Je sais pas... pour mieux vivre en société, avoir une vie comme tout le monde, ne pas avoir en permanence cette petite voix qui te hurle de faire un truc démentiel. »

Rumble posa son sabot sur le menton. Il avait du mal à comprendre le dilemne moral de Flybeline :
« Donc en gros... tu te trouves trop différente des autres poneys ?
- J'ai une audace naturelle, et c'est peut-être bizarre mais ça me donne des complexes, du coup j'essaie d'assurer avec encore plus d'audace, mais ce n'est pas ça qui va m'aider à avoir moins de complexes ! »

Rumble fronça les sourcils un instant. Lui n'avait clairement pas l'intention d'arriver jusqu'à la pensée philosophique funèbre.
« Tu sais quoi, Flybe ? Tu deviens bizarre quand tu te mets à penser trop. J'ai du mal à comprendre ton problème.
- Ouais... je me tracasse peut-être pour rien... »

Flybeline sourit au jeune poulain, touchée. Elle en vint à se demander pourquoi elle se préoccupait autant, essayait de remonter à sa problématique initiale. Et lorsqu'elle l'eut retouvé, elle perdit immédiatement son sourire.
« C'est juste que j'aimerais changer quelques petites choses de mon comportement qui pourrait m'attirer des ennuis. C'est mieux pour le contact équin, non ?
- Faudrait vraiment que t'aies des contacts très importants pour vouloir changer ton comportement... »

Flybeline se retourna immédiatement vers la vitre, les pupilles fuyantes. Rumble, lui, fit une moue des plus perturbées :
« Euh... c'est pas ce que je pense quand même ? »

L'alicorne commençait à suer à grosse gouttes, elle esquissa un sourire forcé. Rumble asseyait de recoller les morceaux des motivations de Flybeline :
« Attends... me dis pas que... toi ? T'es...
- OH ! Regarde, Rumby, de la neige ! Ah ah, ouais ! De la neige ! Dis-donc, devrait plus y en avoir à cette heure, hein, puisqu'on a passé la fête de Fin de l'Hiver ! Hé hé, mon petit pote, y a vraiment plus de saisons, ah ah ah ah ah ah ah ! »

Flybeline serra les lèvres en tapotant sur la vitre, en espérant que le jeune esprit de Rumble chasse de lui-même ce qu'il avait déchiffré dans ses propos. Le poulain entra dans son jeu :
« Ooouais... c'est plutôt bizarre, cette histoire de sursaut climatique incontrôlable.
- Je connais pas encore trop vos coutumes ici. Est-ce que votre fête de Fin d'Hiver est souvent reportée ?
- Pas depuis l'arrivée de Twilight mais... disons qu'on est jamais à cheval sur les horaires...
- Et quand vous êtes en retard, vous faites parader des poneys déguisés en alicornes de neige. Ah ah, tellement original !
- De quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? »

Jusqu'à maintenant, elle avait le sourire, mais Flybeline sentit un frisson dans son échine à l'annonce de Rumble.
Ils étaient pourtant là, ces trois spectres de neiges identiques, munis d'ailes et de corne qui traversaient la rue d'un pas assuré. Ils avançaient vers la maison, de plus en plus près de cette vitre qui semblait une protection dérisoire pour Flybeline. Les regards de ces poneys étaient bien trop sérieux.
Plus aucune préoccupation personnelle n'agitait l'esprit de l'alicorne : elle était passé en mode Mission. Ses sens magiques détectèrent rapidement la menace et son coeur lui criait de protéger coûte que coûte ce qu'on lui avait confié :
« Cache-toi, Rumble.
- Mais je... »

Flybeline se retourna et montra à Rumble la grande armoire du salon, tout en gardant un oeil sur la fenêtre où elle voyait les individus s'approcher de la maison de plus en plus dangereusement.
« Ne fais pas de bruit, ne panique pas, et s'ils entrent et qu'ils m'emmènent, reste caché.
- Tu crois qu'ils viennent pour toi ?
- La plupart des fléaux d'Equestria viennent pour se frotter à Twilight. Puisqu'elle n'est pas là, soyons un peu égoïstes et concluons qu'ils s'attaquent à une autre petite princesse qu'ils croient sans défense... »
Rumble courut se cacher dans l'armoire et Flybeline lui transmit tout son courage par le biais d'un regard tendre. Au moment où la porte de l'armoire se fermait, celle de la maison s'ouvrait violemment.

Flybeline alla au devant des trois poneys neigeux, prête à en découdre.
« Je vous préviens, je suis pas du genre à me laisser faire ! »
Le premier poney resta un moment stoïque devant l'alicorne, puis il articula d'une voix abyssale :
« Nous avons détecté la présence d'une jeune pégase dans cette zone. Veuillez nous indiquer sa présence. »
Flybeline ouvrit grand les yeux, elle jeta un regard discret à l'armoire derrière elle.
« Vous... venez pour Rumble ?
- Nous vous remercions pour cette indication visuelle. »
Les quatre poneys se mirent à marcher au pas en direction de l'armoire.

Flybeline glissa devant eux, et tenta la persuasion :
« Non, attendez ! Si c'est un jeune pégase que vous voulez, vous en avez une juste devant vous. Et en plus elle fait de la magie, c'est pas cool ça ? »
Le chef du groupe pointa alors sa corne vers elle un rayon bleu vif en sorti pour scanner le front de Flybeline. Elle se mit à respirer lentement, tétanisée par ce mystérieux laser posée sur elle.
« Vous avez dépassé le seuil de classe forte tête hyperactive, annonca le poney en désactivant le laser. La frictionisation n'aurait aucun effet sur votre esprit.
- Je vais prendre ça comme un compliment même si je n'ai aucune idée de ce que ça veut dire.
- Livrez-nous le jeune pégase.
- Ok, mon p'tit père, je déteste dire des phrases bateaux mais vous m'y obligez : faudra me passer sur le corps !
- Vos désirs sont des ordres. » répondit l'autre sans aucune considération émotive.

Il se précipita sur l'alicorne à une vitesse vertigineuse, suivi de ses deux compères. Mais Flybeline avait les réflexes d'une antilope et elle trouva le temps de sortir sa langue, sourire, faire briller sa corne et repousser l'assaut d'un violent coup de bouclier magique, translucide orangé, en forme de coupole. Le poney frappé fut protégé sur quelques mètres, disloqué comme un pantin.
Les deux autres continuèrent l'attaque sans broncher. Flybeline se retourna en pivotant sur une jambe pour assomer le deuxième poney qui tomba au sol et reçu alors un coup de sabot arrière qui le fit glisser plus loin. Le troisième n'eut même pas l'opportunité de l'attaque surprise dans le dos de Flybeline car celle-ci se retourna tout aussi vite. Il eut à peine le temps de voir son visage malicieux penché sur le côté avant de se prendre un coup de bouclier dans la mâchoire. Puis Flybeline, en riant, donna un coup de pied dans ses genoux, fit léviter le bouclier pour qu'il donne un coup ascendant assez puissant pour soulever le poney. Après quoi elle s'envola, colla le bouclier contre le poney en l'air, colla sa jambe sur le bouclier et donna une virulente impulsion qui la fit tourbilloner elle et s'écraser au milieu d'éclats magiques l'aggresseur. Elle retomba ensuite en glissant sur le sol, invoquant un nouvelle arme magique, davantage courbée, gardant un oeil de bravade sur les trois poneys de neige.

Les trois poneys se relevèrent en même temps, celui projeté en premier fit craquer son cou. Il fronça les sourcils aussi blancs que ses yeux et sa corne se mit à briller. Il se précipita sur l'alicorne avec un cri spectral. Cette dernière bloqua au dernier moment l'assaut avec son arme magique. Le choc entre les deux magies fut traduit par un crissement strident. Flybeline, écrasée sous le poids de l'alicorne plus grand qu'elle, commença à sentir son souffle glacé sur son museau. Elle pouvait sentir à travers le regard miroitant sans âme de cette armure de glace vivante, un effroyable sentiment d'incapacité, en tout cas sur le fait quasi-certain qu'elle ne pourrait pas le repousser au corps-à-corps.
Alors Flybeline entreprit de se sortir de son pétrin par derrière. Elle utilisa ses ailes pour se contorsionner et s'échapper avec une souple roulade arrière. Elle l'acheva par ailleurs d'un coup de sabot arrière dans le menton de son adversaire. Malheureusement, elle tomba dans l'étreinte glacée d'une autre créature. L'alicorne cuivrée s'agita, et parvint à s'extraire de son emprise en se débatant avec ses ailes incendiaires.

Elle entendit alors un cri : le troisième monstre s'était déjà frayé un chemin jusqu'à l'armoire et s'apprêtait à poser ses sales sabots sur Rumble. Prise dans une exaltation guerrière, Flybe se précipita sur le poney qu'elle avait frappé au menton, lui sauta dessus, roula son dos, atteignit le troisième poney, le fit fléchir d'un coup de latte magique dans les jambes et referma l'armoire d'un coup d'aile. Puis elle se retourna, faisant balancer sa crinière décoiffée, vers le premier assaillant qui la pointait de sa corne blanche. Flybeline passa sa langue entre ses dents puis, de son arme, elle fit ricocher le rayon dirigé contre elle vers son porteur qui tomba au sol, après quoi, elle l'enjamba d'un saut, se précipita vers celui qui l'avait étreint à l'instant, colla ses deux sabots arrière sur lui et le propulsa vers le mur tout en décollant. Et en plein salto aérien , elle lança avec un cri son boomerang magique vers le poney frappé dans les jambes. Elle retomba sur quatre pattes, essouflée, devant l'armoire.

Elle remarqua avec stupeur, que malgré ce triple combo ultra bref qui aurait fait tombé les Wonderbolts de leur chaise, les deux poneys frappés n'avaient presque pas bronché et le boomerang n'avait même pas atteint le troisième.
Son sourire commença à s'évaporer : l'alicorne glacé avait capturé son rayon de magie courbe dans son propre rayon de magie. Flybeline n'en revenait pas : contrer un rayon, d'accord... mais le capturer ?
Sa magie était en train de se solidifier sous ses yeux : son arme gelait petit à petit, jusqu'à devenir un boomerang de glace écharpé aux teintes oranges, lévité par le poney de glace qui lui offrit un sourire fantômatique.
Flybeline poussa alors un cri d'exclamation lorsque sa propre arme se retourna contre elle, encore plus dangereuse. Ses ailes utilisées par réflexe comme bouclier ne l'empêchèrent pas d'être projetée contre le mur du salon.
« Flybe ! » s'écria Rumble qui souhaitait plus que tout quitter son armoire entrouverte.

Une ligne de pots de fleurs se brisèrent au sol, Flybeline avait heurté une commode ancienne. Elle rassembla vite ses esprits et s'inquiéta une demi-seconde de voir sa crinière ruisseler, goutte par goutte.
En fait, un givre étrangement tenace essayait de se propager de la pointe de sa crinière aux racines, stoppé dans son élan par la température corporelle élevée de l'alicorne et bientôt par la flammèche qu'invoqua Flybeline au bout de sa corne pour effacer cette tâche de blanc oppressant au milieu de ses couleurs châtoyantes habituelles.

Mais elle n'avait pas perdu le sens des priorités : les trois alicornes, désormais enveloppés dans un aura blanc semblable à des mini-blizzards corporels marchaient à une allure de morts-vivants vers l'armoire d'où dépassait le museau apeuré du petit pégase.

Elle se jeta à corps perdu sur le poney le plus proche d'elle et parti en culbute avec lui. En plein milieu de sa roulade, elle s'envola vite en poussant un cri aigu. C'était le froid mordant qui l'avait blessé : elle regarda avec inquiétude une pellicule de givre entourer ses deux sabots et s'étendre au niveau de sa poitrine.
« Je crois qu'on va pas s'entendre, les boules de glace. Moi, on m'appelle la Torche équine... » grinça Flybeline remontée en posant son sabot sur sa corne qui le dégela dans un nuage de vapeur.

Flybeline tomba au piqué juste devant l'armoire et leva haut sa corne pour projeter une vague de flamme qui heurta les trois poneys en même temps, leur arrachant un sifflement sordide. Elle se tourna vers Rumble avec enfin un sourire de satisfaction et découvrit avec effroi qu'elle avait mis le feu à l'armoire. Alors elle se mit à souffler dessus en panique, tapotant avec ses sabots pour l'étouffer. Rumble pensa à éclater de rire, mais il se rapella que c'était lui qui était dans l'armoire...

Soudainement, elle baissa la tête pour esquiver un rayon de glace mortel qui, à la place, toucha l'armoire. Alors, devant les yeux médusés de Rumble et Flybeline, la glace se mit à prendre la place des flammes. Le givre fit le tour de l'armoire et figea le feu en plein dynamisme, sans fondre ni se briser. Quelques secondes plus tard, il n'y avait plus aucun feu, mais une véritable sculpture de glace maléfique.
L'alicorne se tourna vers les trois poneys, la première étincelle de peur commençait à luire dans ses yeux :
« D'où est-ce que vous venez ? Même Starswirl était incapable de faire ça... »

Pour toute réponse, l'un des alicornes la visa d'un rayon blanc glacial. La pony-sitter répliqua d'un rayon de flamme mal assuré. La puissance que mettait le spectre dans son attaque surpassait tout ce que Flybeline pouvait donner : c'est que le sort d'ignition, en plus d'être difficile à contrôler, puisait une énergie considérable chez son lanceur. Le rayon blanc eut vite fait de prendre l'ascendant sur le rayon rouge, voire de l'absorber par un phénomène magique inexpliqué sous les yeux hagards de Flybeline.

Comme tout à l'heure, le visage inexpressif du monstre dranait l'enthousiasme de Flybeline. En plus de cela, focalisée sur son adversaire principal, Flybeline ne pouvait pas contrer les attaques sournoises de ses deux acolytes.

Ce qui devait arriver arriva : l'un des alicornes tira un autre rayon glacial sur son flanc. La puissance du choc la projeta sur quelques maîtres tandis que son rayon de flammes se transformait en gerbes incandescantes mettant le feu à tout le mobilier.
De plus, le troisième spectre attendait que la jeune alicorne tombe juste à ses pieds pour la pousser à nouveau contre le mur du fond : Flybeline finit tête la première sous une nouvelle pile de débris.

Elle se releva vite, mais fléchit juste après comme si on lui broyait les os du dos. Ses ailes étaient recroquevillées dans une position douloureuse, et il lui était impossible de les bouger. Elle n'en revenait pas : ses ailes étaient complétement gelées.
« Sérieusement ? C'est la partie la plus chaude de mon corps, personne n'a jamais réussi à poser un seul flocon dessus ! C'est impossible !
- Il va falloir revoir votre sens de l'impossible. » dit gravement le premier guerrier en touchant de nouveau terre devant elle.

Sa corne pâle se remit à luire. La seule issue pour Flybeline était maintenant ses sabots ou sa corne. Elle se téléporta sur la grande table du salon, complétement essouflée, pour éviter le rayon du poney. Lorsqu'on autre specter des glaces tenta de la toucher, elle se téléporta à nouveau derrière lui pour lui lancer une chaise à la figure. Ses aissaillants comprirent vite que s'ils voulaient le petit pégase, il devaient s'occuper de l'insecte enflammé qui lui tournait autour.

Flybeline esquiva un grand nombre d'attaques à coup de téléportations répétées. Et dès qu'elle le pouvait, elle se mettait à courir du côté de la cuisine ouverte pour balancer par magie une nombre incalculable de verres et d'assiettes qui finirent pour la plupart explosés dans un feu d'artifice de givre. La maison était devenue un vrai champ de bataille, et se poser même était devenu difficile à cause des stalagmites givrées qui étaient nés de la rencontre de ses flammes et de la magie surpuissante des alicornes. Flybeline rivalisait d'astuces, mettant le feu à un porte-manteau pour le lancer sur ses agresseurs ou renversant les tables pour bloquer leur avancée, mais à chaque fois, ils passaient, à chaque fois ils revenaient, frais comme s'ils venaient de débuter le combat.

Peu importe ce qu'elle se répétait mentalement, elle était clairement surpassée, qui ne le serais pas devant trois alicornes capables de geler des flammes ?
Elle se retrouva rapidement dos à l'armoire, les traits tirés, lessivée de ne voir aucune blessure sur le corps de ses adversaires alors qu'elle était déjà à moitié frigorifiée.
« Flybe, on fait quoi maintenant ? » demanda le petit pégase terrorisé derrière elle.
L'alicorne ferma les yeux et souffla un coup. Malgré sa technique de combat plutôt énergique, elle était plutôt nulle en stratégie. Néanmoins, elle avait cette voix à l'intérieur d'elle qui lui criait bravement de ne jamais reculer devant l'ennemi.
Alors quand elle n'a plus d'idée, Flybeline ne recule pas... Flybeline charge.

En effet, l'alicorne se précipita à toute vitesse vers les trois poneys qui marchait vers elle. Sa corne crépitait comme jamais et sa frustration était immense.
Mais peu après son départ, elle fut stoppée net, ce qui lui arracha un toussotement et lui fit écarquiller les yeux.

C'était la magie blanche d'un des alicornes, qui désormais la maintenait toute entière, à quelques centimètres du sol, comme s'il faisait léviter une simple cuillère en bois.
Et bientôt, alors que la respiration de Flybeline s'accélérait, le givre commença à prendre possession des extrémités de ses membres, et donc fatalement de sa corne. Le givre entourant ses sabots rejoignit celui qui s'etendit au sol et c'est une alicorne incapable ni de s'enfuir ni de se téléporter qui se retrouva à la merci des trois cornes blanches pointés vers elles.
« Non... attendez ! » s'écria-t-elle en essayant de puiser toute la chaleur de son corps tout en se débattant.

Les trois poneys aborèrent un sourire obscur, puis leurs trois rayons se joignirent en un seul qui forma une grande bulle de glace. Et ce sort colossal s'abattit sur l'alicorne sous les yeux horrifiés de l'enfant qu'elle gardait.

Rumble poussa un cri lorsqu'un grand flash de lumière l'aveugla. Un nuage de poussière avait remplacé son salon, un nuage provoqué par l'impact du sort qui avait pulvérisé tous les meubles du périmètre. Au milieu de ce nuage, trois paires d'yeux blancs réfléchissants, un silence sordide...

Et un poney qui toussait.

Un poney qui toussait encore, adossé contre un mur dans le fond, qui toussait à s'en arracher les poumons. Les trois paires d'yeux se fixèrent sur elle. Flybeline, pleine de bleus et mouchetée de plaques de glace magique, tenait encore sur ses quatre sabots tremblants. Et même si ça ne servait plus à rien, elle ne pu s'empêcher de leur sourire avec défiance.
« Définitivement non adapté à la frictionisation... » dit l'un des poneys de glace comme dépité, en se dirigeant vers l'armoire.

Le sourire furtif de l'alicorne redevint vite un visage apeuré, et elle se précipita pour atteindre l'armoire avant lui. Mais un nouveau rayon blanc vint capturer l'alicorne qui n'était plus du tout en état de se défendre et la fit léviter avant de la plaquer violemment contre le mur du fond.
S'approcha celui qui semblait être le chef. Il la maintenait contre le mur tandis que son corps prenait de plus en plus de teintes glacées. L'alicorne se débattait tout en se perdant dans son regard de glace : elle n'y vit que le reflet de ses dents serrés et d'un début de panique. Ses muscles se crispaient. La morsure du froid entamait l'érosion de sa volonté d'acier. Et le risque de mourir se dévoilait peu à peu à ses yeux. Pour elle qui était du genre ardente, finir cryogénisée était l'un de ses pires cauchemars, mais elle n'avait encore jamais eu l'occasion de s'en rendre compte.

La glace commençait à lui courir doucement sur la poitrine et à l'empêcher de respirer, sous le regard satisfait de son agresseur.
« Je suppose... qu'il ne faut plus avoir une seule goutte d'émotion... pour arriver à infliger autant de douleur... vous avez l'air... très bons à ça... » gémit-elle au bord de l'évanouissement.

Son sentiment d'impuissance dédoubla lorsque la voix de Rumble vint percer ses tympans. Les deux autres alicornes eurent un peu de mal à maitriser Rumble, grâce ses torsions de pégase déjà bien entrainé pour son âge. Mais l'étreinte glaçante et le sentiment de dépression accompagnant ses créatures dilapidèrent son énergie. Il n'arrivait plus qu'à crier :
« Non ! Laissez-moi ! Flybeline ! »
Pendant une seconde, son regard croisa celui de sa pony-sitter. Elle se tourna vers celui qui la maintenait, articula dans une colère dissipée par son épuisement :
« Par contre, vous allez le regretter... vous n'imaginez même pas à quel point je vais vous le faire regretter... je vous retrouverai, vous n'aurez pas Rumble !
- J'en doute... » dit l'autre en commençant à s'élever au dessus du sol.

Il n'avait plus besoin de maintenir le sort, puisque Flybeline faisait désormais corps avec le mur de glace. Il s'approcha au plus près d'elle et posa sa corne sur son front.
« Nul ne se met en travers du chemin des Frictions sans en payer le prix... » souffla-t-il sur le museau de Flybeline.
Puis il s'éloigna et se retourna en soulevant une nuage de poudreuse, avant de rejoindre ses deux compagnons qui marchaient au pas vers la sortie.
Dans les bras de l'un d'eux, Rumble, en larmes, regardait les crins de sa pony-sitter devenir blancs l'un après l'autre. Flybeline n'avait jamais vu autant de frayeur dans les yeux d'un poney.
« Flybeline ! Je veux pas mourir !
- Pleures pas, Rumble, pleures pas ! répondit l'alicorne qui ne savait plus quoi dire. Tu... tu vas pas mourir, il te feront aucun mal, je viendrais te sauver, Rumble ! Pense à moi, je t'en prie !
- Flybe...
- Tu n'auras pas peur, parce que je vais venir, Rumble ! Je suis là, tout ira bien, je t'en fais la promesse ! Je viendrais te chercher, où que tu sois, je te le jure Rumble ! Est-ce-que tu as confiance en moi ?
- Je... je veux revoir mon frère...
- RUMBLE ! ÉCOUTES-MOI ! »

Le dernier cri de Flybeline était assez autoritaire. Et il avait complétement anéanti toute son énergie. L'alicorne partagea un dernier regard douloureux avec le jeune pégase. Et tandis que des larmes glacées commençaient à couler sur ses joues, son museau murmurait doucement :
« On viendra tous les deux... je te le jure... »

Flybeline vit simplement le pégase hocher de la tête au moment où les monstres franchissaient le seuil. Et elle eut juste le temps de prendre une dernière grande inspiration avant que son museau ne se retrouve entièrement prisonnier des glaces et qu'elle défaille totalement.


**************************************************


C'est une vingtaine de minutes plus tard que Flybeline fut de nouveau en mesure de ressentir. Et malheureusement, elle ressentait de la douleur, une violente douleur. Elle ne pouvait encore ni respirer ni se mouvoir.
Une dizaine de pégases munies de vestes bleues, arrivés en panique, s'attelaient à disloquer le grand bloc de glace dans lequel elle était piégée.

Flybeline tomba ensuite au sol dans un fracas de plaques de gel et de glaçons fondus. Elle poussa une grande inspiration pour apporter le maximum d'oxygène pour fair repartir son coeur alors qu'un poney se jetait déjà sur elle pour lui frotter les épaules et lui faire un massage cardiaque. Elle sentait la friction, mais son oreille était encore aphone, son oeil encore obstrué d'une immense tâche blanche. Les pégases autour d'elle étaient profondément bouleversés, mais restèrent professionels : ils attrapèrent toutes les couvertures qu'ils purent trouver dans la salle pour envelopper l'alicorne et commençait à lui demander avec inquiétude si elle pouvait respirer normalement, si elle pouvait bouger.

Elle tremblait de tous ses membres, sa robe cuivrée avait bleui, elle était trempée de la tête au sabot. Le bien-être provoqué par l'attention qu'on lui porta lui permit de rendre un regard de remerciement, qui apparaissait enfin derrière ses grands cils devenus complétement blancs. Les poneys l'encourageaient à tenir le coup. On entendit marmonner, à travers ses lèvres gercées, la seule phrase qu'elle pouvait prononcer dans cette situation :
« Le premier qui me dit de garder mon sang-froid, je le frappe... »

Flybeline avait donc conservé sa répartie : elle était sauvée. Les poneys allumèrent la cheminée de la maison et installèrent l'alicorne près de celui-ci, sans manquer de lui faire avaler une boisson réchauffée sur le vif. La plus inquiète de tous, Russet Sugar, s'agenouilla près d'elle et lui frottait le dos avec énergie.
« Tu vas bien ? dit-elle avec un visage apeuré montrant que c'est elle qui n'allait pas bien. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi la maison est dans cet état ? Où est Rumble ? »
En entendant ce prénom, Flybeline ouvrit grand les yeux, se leva d'un bond, faisant valser toutes les couvertures, et se mit à courir vers la porte :
« Les poneys... les poneys en glace ! Ils faut les ratrapper ! Ils ont pris Rumble ! »
L'alicorne, incapable de tenir sur ses sabots, s'étala lamentablement devant la porte. Elle croisa ses bras autour de ses poumons.
« Aaah... ça brûle... qui auyrait pu croire... que le froid, ça brûlait autant ? »

Les pégases la soutèrent pour la replacer près du feu, sous les couvertures. Ils posèrent alors, encore plus paniqués il faut l'avouer, un flot de questions auquel Flybeline répondit elliptiquement à propos de l'équidnapping de Rumble.
« Comment ça a pu arriver ? dit un dernier pégase. T'aurais pu repousser n'importe qui avec ta magie alicorne !
- Mais ils étaient trois ! Trois alicornes ! Je n'ai jamais vu une magie aussi puissante, tellement perfectionnée dans le domaine de la glace qu'elle était absolument impossible à maîtriser ! Ils ont gelé mes ailes, ma corne, mes flammes ! J'ai jamais vu ça, même chez Celestia ! »
Les pégases étaient vraiment déstabilisés, autant par le fait de savoir qu'un des poulains de Ponyville avait été enlevé, mais surtout par le fait qu'ils n'avaient jamais vu Flybeline en train de perdre la maîtrise de quelque chose.
« On s'en occupe, dit Russet. Toi tu restes là, il faut absolument que tu te réchauffes.
- Pas question ! répliqua Flybeline en chancelant pour se mettre debout. Je compte bien arrêter ces monstres ! »

À ce moment, un grand cri perça le vent extérieur : le prénom de Rumble. Une voix masculine, suivi de petits gémissements féminins. Par la fenêtre, on vit passer des ailes noires, puis des vertes.
Le visage de Flybeline se décomposa, elle tomba de nouveau au sol, serrant les dents. Le poney qu'elle ne voulait absolument pas voir arrivait... elle aurait pu tout raconter à n'importe qui avec sa fougue habituelle, mais elle n'était pas prête à affronter Thunderlane... pas dans cet état... pas maintenant...

Le frère de Rumble apparut donc dans l'encadrement de la porte, les yeux complétement exhorbités.
« Qu'est-ce qui se passe ?! C'est quoi cette cohue dehors ?! Et c'est quoi ce chaos dedans ?! »
Il tomba immédiatement sur Flybeline qui détourna immédiatement le regard. Alors, il décolla vers elle. Pendant ce temps, apparaissait derrière lui une jeune jument à la robe verte et à la crinière bouclée rose, Dizzy Twister, inquiète mais distante pour le moment.

Thunderlane se jeta sur Flybeline, et il lui pris les épaules, en criant :
« Flybe ! Tu... tu vas bien ?! Nom de Celestia, qu'est-ce qui s'est passé ? »
Flybeline se contenta de respirer bruyamment : impossible de savoir si elle ne pouvait pas ou si elle ne voulait pas répondre. Il répéta la question plusieurs fois, elle resta silencieuse. Alors Russet répondit à sa place :
« Thunderlane, ton frère a été équidnappé par les monstres qui sont en train d'attaquer Ponyville. »
Cette nouvelle fit chanceler Thunderlane. Dizzy Twister, a l'arrière, poussa un cri de stupeur :
« Oh non... encore un équidnapping... c'était pas une fausse alerte...
- Je... balbutia Thunderlane. Vous... Flybe... tu... tu... »

L'alicorne releva enfin la tête vers son employeur. Elle essaya de garder la tête froide :
« Je suis sincèrement désolée, monsieur Thunderlane. J'ai fait tout ce que j'ai pu... »
Thunderlane mordit ses lèvres et posa son crâne contre le mur. Il rumina :
« Et j'étais pas là... je suis jamais là pour lui... c'est toujours... avec toi... »

Les autres poneys, ne sachant pas trop comment réagir, le laissèrent grogner un instant. Personne ne s'attendait à ce qu'il se retourne en haussant le ton :
« Tu es un modèle pour lui, Flybeline, et tu n'as pas pu le sauver ?
- Je...
- T'es une alicorne, Flybeline ! Tu n'avais qu'une seule mission : c'était de t'occuper de lui et t'es en train de me dire que tous tes... trucs déments d'alicorne n'ont pas suffit ?
- Thunderlane ! coupa Russet. Elle était seule contre trois. Et c'était aussi des alicornes, bien plus entrainés qu'elle qui plus est. Personne n'aurait pu les stopper !
- Des alicornes ! gémit Thunderlane. Il fallait que ce soit des alicornes ! Pourquoi ça n'arrive qu'à moi ? Non, rectification... »

Il se tourna vers Flybeline et la fixa d'un regard désolé :
« Pourquoi ça n'arrive qu'à TOI ? »
Flybeline se mit à balbutier, en manque de mots devant son employeur. Les autres étaient bouche bée de la voir silencieuse pour la première fois. C'est que, même s'il était flou, elle ne pouvait ignorer le lien qui l'unissait et l'unit encore aujourd'hui avec de nombreuses catastrophes équestriennes. Elle se dit qu'une baby-sitter posée et conscienscieuse aurait peut-être échappé à la menace au lieu de croiser ouvertement le fer... voire peut-être cette baby-sitter plus sérieuse n'aurait même pas attiré l'attention des monstres.
Thunderlane avait entièrement raison : elle n'avait qu'une seule mission, et l'avait échoué lamentablement.

Le silence de Flybeline contrariait Thunderlane qui n'était plus dans son état normal. Il savait pertinnement ce qu'il était en train de faire mais ne pouvait s'empêcher d'exprimer sa frustration.
« Je croyais avoir mis Rumble entre les sabots les plus sûrs d'Equestria... je m'étais trompé... évidemment que je m'étais trompé ! Être à tes côtés est plus risqué que de sauter d'une falaise ! Rien n'est simple avec toi ! Tu es tellement instable !! »
Thunderlane ne hurlait pas encore, mais Flybeline recula tout de même en rampant. Elle était clairement blessée par les mots du pégase et semblait prête à s'enfuir en larmes.
« Pourquoi tu peux pas... continua Thunderlane. Tout simplement... être un poney normal ? »

Cette phrase, qui n'avait rien de troublant aux yeux des autres acheva de perforer le cœur de Flybeline, ainsi que ses glandes lacrimales.
Au milieu d'un sanglot étouffé, elle gémit enfin :
« Je sais, tout est de ma faute... j'ai fait n'importe quoi, je vous demande pardon ! »
Les pégases autour d'elle étaient ébahis par ce revirement soudain d'humeur, Flybe n'aurait jamais prononcé cette phrase en temps normal et c'était assez extraordinaire pour provoquer la stupéfaction générale, y compris chez Thunderlane.

Celui-ci tourna simplement les talons en ruminant une dernière fois :
« Je viens de comprendre un truc, Flybeline. On est pas du même monde... moi, je gère une vie de famille et des tracas du quotidiens... toi, c'est le monde des explosions nucléaires et des créatures destructrices légendaires ! Je prends ma part de responsabilité là-dedans, j'aurais jamais dû confier Rumble à quelqu'un comme toi... mais j'ai pas le temps de m'apitoyer sur ton cas... »

Il se tourna vers elle avec un regard froid et distant :
« Faut que j'aille sortir mon frère de TON monde...
- Monsieur, n'allez pas...
- Flybeline, laisse moi tranquille... tu sais que tu es virée... »
L'alicorne se redressa tant bien que mal pour interpeller le pégase à l'entrée :
« Monsieur, je vous en prie, laissez-moi me racheter ! »
Thunderlane se retrourna en furie et hurla d'une voix d'outre-tombe :
« ET AU NOM DE CELESTIA, FLYBELINE, ARRÊTE DE ME VOUVOUYER ! OUBLIE-MOI ! OUBLIE-NOUS ! ET RETOURNE METTRE LE BAZAR DANS TON PETIT PALAIS DE PRINCESSE !!! »

Dizzy Twister essaya de poser un sabot sur l'épaule de Thunderlane pour le calmer. Mais le pégase quitta la maison sur le champ en poussant un cri aigu de colère. On le vit s'envoler vers le centre-ville, paré à retrouver son frère disparu.

Un silence d'outre-tombe tomba, ponctué uniquement par la fin des pleurs intenses et déchirants de Flybeline qui cacha sa tête entre ses sabots.

Russet Sugar essuya ses yeux avec la couverture, puis l'interrogea, incrédule :
« Pourquoi t'as fait ça Flybeline ? C'était pas de ta faute. T'as failli y laisser la vie je te rappelle !
- T'as vu comme il m'en voulait... c'était horrible...
- Mais non ! Il était retourné par le fait d'avoir perdu son frère et il avait besoin de lâcher sa colère. Je suis sûre qu'il ne pensait rien de ce qu'il a dit... »
Flybeline leva les yeux vers Russet, elle soupira :
« Moi je pensais tout ce que j'ai dit...
- Hum, vraiment désolée de ce qui vous arrive, dit alors la pégase verte au groupe. Dizzy Twister, la secrétaire de... oh, on s'en fiche ! J'aimerais juste vous signaler que c'est pas le premier enlèvement dans la région. Ça a commencé hier... c'est pour ça qu'on est là avec Jet, et là... ça devient franchement inquiétant...
- Je crois que ces fantômes de neige recherchent des profils spécifiques, dit Flybeline. Quoiqu'il en soit, Ponyville est en danger, il faut faire quelque chose... »

Elle le releva, Russet agrippa aussitôt son épaule :
« Non, toi, dans ton état physique et moral, tu ne fais plus rien pour l'instant. On doit d'abord trouver un endroit sûr, au cas où ils reviendraient. Les gars ? »
Deux grands pégases acquiescèrent et sortirent de la maison en éclaireurs, suivi rapidement par le reste du groupe, y compris ceux qui soutenaient Flybeline.
L'alicorne jeta un regard sur la maison de Thunderlane qui s'éloignait, la promesse qu'elle avait faite en regardant Rumble dans les yeux et la confiance que lui avait accordé celui-ci était la seule chose qui tournait en boucle dans son esprit à présent.

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Note de l'auteur

Je sais, j'ai mis un bout de temps à le sortir celui-là ! D'abord parce que j'arrivais pas à la perfectionner et en plus parce que... parce que ça me motive pas ce calme plat dans les commentaires, faut dire ce qui est au bout d'un moment... (ça ne te concerne pas, Hotaka, je t'aime, Hotaka.) Heureusement que je me console en regardant les vues, et j'aime à penser que j'ai pas mal de lecteurs discrets finalement.

Sinon, que dire sur ce chapitre à part qu'il est long, que c'est difficile de balancer humour et angoisse et que la partie psychologique des persos est vraiment un GROS dossier de cette fanfic qui me torture l'esprit.

Les épisodes suivants sont déjà prêts, y en aura sûrement pendant la fin de l'été alors STAY TUNED !

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