Coco Pommel s’était réfugié dans une ruelle peu fréquentée, adossée contre le mur froid et sale d’un grand bâtiment, elle reprenait son souffle, essayant de tirer la situation au clair.
Le boss d’une organisation probablement criminelle avait réveillé en elle un antique pouvoir nommé stand, en la touchant avec une flèche d’or mystique. Cependant, ayant égaré cette dernière, elle était désormais prise pour cible, considérée comme une traîtresse. Ce qui l’effrayait, c’était surtout de constater que même une police-mare était susceptible de faire partie de cette organisation. Elle ne pouvait donc même pas faire confiance aux forces de l’ordre. Surtout qu’elle était sûrement suspectée d’avoir tabassé un vieil étalon avant de prendre la fuite, et sans payer sa note de restaurant encore. Elle devrait donc tirer les choses au clair par elle-même, et le plus rapidement possible.
« Que faire ? » gémit-elle tandis que son stand apparaissait lentement devant elle, comme si ça présence lui était d'un certain réconfort.
Il s’agissait d’une silhouette élégante et élancée, parfaitement équilibrée. Elle était littéralement à l’image des mannequins qu’utilisait la jeune couturière, intégralement noire et mate, ne présentant aucune articulation, quand bien même elle pouvait se mouvoir avec une force et une agilité hors du commun. Elle portait une jupe droite, noire et fendue sur le côté. La coupe était à la fois stricte et élégante. Le corset qui ornait son buste était de la même couleur, ses rebords étant agrémentés d’une fine dentelle discrète. La touche finale étant son chapeau, une version noir et blanc de celui que représentait la cutie mark de Coco Pommel. Cette dernière soupira, émue par la beauté à la fois exotique et familière de son stand. Puis elle sembla réfléchir un bref instant, se disant que laisser son alter ego sans nom lui porterait peut-être malheur… Elle observa alors les lieux autour d’elle, cherchant l’inspiration. Mais dans ces vieilles ruelles crasseuses et négligées, il n’y avait vraiment rien de pertinent pour un nom. La jument couleur crème tendit alors négligemment le sabot vers un carton rempli de vieux vinyles et en tira un au hasard. Elle soupira.
« Comment peut-on abandonner aussi facilement de la musique ? questionna-t-elle à voix haute. Ce sont tous des titres de ma génération en plus, je me souviens de celui-là. ajouta-t-elle en observant une large pochette d’album. Oh, ce sont les plus grands succès d’Alannah Myles ! Une excellente compilation ! La jument crème observa un bref instant la liste des chansons disponible et s’arrêta sur un titre en particulier. Oui, j’ai trouvé ! Elle leva les yeux vers son stand tout de noir vêtu. Je vais t’appeler… Black Velvet ! »
Et à peine eut-elle fini de prononcer ces mots que quelque chose l’alerta, quelque part au fond de son esprit. Elle voyait une menace, une silhouette derrière elle qui jaillissait du mur en béton comme s’il s’agissait d’un simple lac. Pourtant, il était impossible qu’elle puisse voir ce qui se passait derrière elle aussi clairement. C’est alors qu’elle comprit, elle voyait en réalité à travers les yeux de son stand. Elle percevait tout ce qu’elle percevait, elles partageaient absolument tout.
Par réflexe, Coco Pommel porta ses sabots à son col, toujours orné du foulard qu’elle avait dénoué tout à l’heure. La silhouette derrière elle était en train d’approcher une lame de sa gorge, se disant certainement qu’elle passait inaperçue. Puis soudainement, l’arme de son agresseur fila à la vitesse de l’éclair, dans un mouvement propre à égorger la pauvre jument. Cette dernière n’avait pas eu le temps de réagir, cependant, comme tout à l’heure, elle eut l’impression que son col et son foulard devinrent aussi solides que du métal, la protégeant du tranchant de la lame, qui ne fit rien d’autre que produire une gerbe d’étincelle sous l’effet de la friction.
La jeune couturière se redressa alors et s’éloigna du mur.
« Mon stand… il n’est pas seulement puissant physiquement. réalisa-t-elle à voix haute, cherchant son assaillant du regard. Il peut rendre les vêtements aussi solides que de l’acier !
-Dommage que vous ne portiez que peu d’habits dans ce cas ! » s’exclama une voix masculine juste derrière elle.
Coco Pommel pivota alors rapidement sur elle-même, faisant face à son agresseur. Il s’agissait d’un terrestre blanc plutôt musclé, à la mâchoire carrée, blond aux yeux bleus, et vêtu d’un simple pull à manches longues, noir et moulant.
« Qui êtes-vous ? demanda alors la jument crème, paniquée.
-Je m’appelle Till Lindemann, frau Pommel. Enchanté de vous rencontrer. Je suis le manieur du stand le plus assassin de tous : Rammstein. »
Et à peine eut-il prononcé ce nom, que la silhouette de tout à l’heure se matérialisa de nouveau, jaillissant du sol comme un plongeur surgissant de l’eau. Il s’agissait d’une figure sombre ornée d’un masque à gaz empêchant de lire l’expression de son visage. Son sabot avant droit était prolongé d’une lame.
« Ne m’appelez pas comme ça. protesta la jeune couturière. J’ai déjà voyagé dans votre pays, et vous n’avez aucun goût pour la mode. Même le design des uniformes de vos militaires vient de l’étranger, tellement vous n’y entendez rien. ajouta-t-elle en se crispant un peu plus.
-Oh, je dois bien l’avouer ! déclara le dénommé Till Lindemann. Nous autres, nous avons plutôt tendance à chercher les choses les plus fonctionnelles, non pas les futilités cosmétiques. Mais je ne suis pas là pour parler de chiffons. »
C’est alors que, sans prévenir, Rammstein se précipita sur la jument crème. Cette dernière se défendit en envoyant Black Velvet se saisir du stand ennemi. Elle savait qu’elle le surpassait en terme de puissance brute, et qu’elle serait à l’abri tant qu’elle ne toucherait pas à sa lame.
« C’est malin, oui. commenta le terrestre blond. Mais largement insuffisant. » conclut-il.
À ces mots, Rammstein fit soudainement pousser une seconde lame sur son sabot gauche et trouva le moyen d’entailler le flanc de Black Velvet en se débattant. Coco Pommel rappela son stand tandis qu’elle sentait la blessure se répercuter sur son propre corps. Ces lames étaient tellement coupantes qu’elles auraient pu lui trancher un membre sans aucun effort.
« Si la défense ne marche pas, je passe à l’attaque ! s’écria la jeune couturière.
-Arri ! »
Black Velvet rua de toutes ses forces, mais le stand ennemi lui échappa en se fondant de nouveau dans le béton du mur, son ombre glissant à travers la matière comme un prédateur sous-marin.
« Mon Rammstein est insaisissable, frau Pommel ! déclara le terrestre en commençant à tourner autour de sa cible.
-Je vous ai déjà dit d’arrêter de m’appeler comme ça ! » protesta la jeune couturière.
Elle commençait à paniquer, observant autour d’elle, ne sachant pas d’où pourrait bien provenir la prochaine attaque. Elle tentait de couvrir un maximum de terrain en observant également par les yeux de Black Velvet, mais le stand ennemi se déplaçait bien trop vite, et il était difficile de le distinguer lorsqu’il plongeait ainsi sous le béton. C’est alors qu’il surgit par en dessous, toutes lames dehors. La jument crème eut à peine le temps de l’esquiver, subissant une nouvelle entaille sur son flanc. La douleur était particulièrement aiguë.
« Il est vrai, frau Pommel… commença Till. Que je ne peux pas vous attaquer comme je voudrais, car votre stand est vraiment fort et dangereux. Cependant, je vous aurais forcément à l’usure. acheva-t-il tandis que Rammstein replongeait pour se cacher.
-Grossier personnage. commenta la jeune couturière au souffle court. Vous n’avez aucun goût ni aucune manière. Et la même attaque ne fonctionnera pas deux fois !
-C’est ce que nous verrons bien. » rétorqua le terrestre dans son horrible accent.
La jument couleur crème se fit de nouveau attentive aux déplacements de l’ombre du stand assassin, le guettant de son mieux tandis qu’elle retirait complètement le foulard qui ornait son col, le tenant dans sa bouche avec précaution.
« C’est ridicule, frau. Ce minable bout de tissu ne pourra pas vous protéger de son attaque, même si vous le solidifiez. Mon stand est bien trop agile.
-Taisez-vous ! » s’écria Coco Pommel, plus vexée que jamais.
Et, comme elle s’y attendait, ce fut ce moment précis que choisit l’étalon pour passer à l’attaque, pensant qu’elle était totalement déconcentrée. Rammstein surgit donc du sol encore une fois, attaquant par le même endroit. Typique du manque d’imagination de ce genre de personnes, se disait la jument crème. Cette fois-ci, tout en entamant son esquive, elle déploya le foulard qu’elle tenait dans sa bouche, laissant son assaillant déchirer le tissu avant de passer au travers.
« Hahaha ! se moqua Till. Votre geste était inutile, frau Pommel ! Et en plus, vous n’avez pas solidifié votre étoffe à temps !
-Je vous ai déjà dit… commença la jeune couturière. D’arrêter de m’appeler comme ça ! »
À ces mots, elle solidifia la soie de son précieux foulard, ce dernier enserrant désormais le corps de Rammstein qui venait de passer au travers.
« Puisque vous n’y connaissez rien, laissez-moi vous expliquer. commença la jument. La soie est élégante, car elle adopte les formes du corps en les épousant parfaitement. Cependant, c’est un matériau léger qui ne pèse pas bien lourd, alors ce n’est jamais étouffant. Mais si la soie était aussi solide que l’acier... »
Elle laissa sa phrase en suspens, laissant l’étalon contempler son propre stand, coincé dans un carré de soie aussi solide et rigide qu’une plaque de métal, se débattre inutilement.
« Quoi ?! C’est impossible qu’une frau aussi faible et timide puisse élaborer une telle stratégie !
-Je perds juste mes moyens quand je suis sous pression. commenta Coco Pommel en regagnant son sang froid. Mais je suis une jument qui vit seule à Manehattan, il n’y a pas plus endurcie que moi. Elle marqua une pause et se plaça en face de Rammstein, tandis que Black Velvet se tenait derrière lui. Et puisque vous ne le retenez pas, je vais vous le faire rentrer dans la tête de force ! s’exclama-t-elle en plantant ses sabots avant et en pivotant brutalement, prête à administrer une violente ruade, rapidement imitée par son stand. Arrêtez de m’appeler comme ça !
« Arri arri arri arri arri arri arri arri !! »
« Arri arri arri arri arri arri arri arri !! »
Poussant toutes deux le même cri de guerre, Black Velvet et sa manieuse rouèrent le stand ennemi de coups de sabots, juste avant de lui administrer une ultime ruade ascendante, directement au visage :
« ARRI ! »
« ARRI ! »
Till Lindemann suivit le destin de son stand, et ils furent tous deux expédiés dans les airs, avant de retomber violemment sur le sol, les os brisés et le visage tuméfié.
Coco Pommel récupéra ensuite son pauvre foulard en lambeaux et s’en servit pour panser sommairement les entailles sur son flanc. Puis elle se dirigea vers le terrestre blond aux yeux bleus et fit de son mieux pour avoir l’air menaçante :
« Maintenant, vous allez me dire qui est votre boss, et pourquoi il veut me tuer alors que je n’ai même plus sa stupide flèche !
-Arh… c’est trop tard… l’ordre a été donné de vous éliminer. Et le boss est une jument très influente à qui vous avez causé du tort. Vous ne comptez pas plus qu’une mouche pour elle, et elle vous écrasera. Surtout que vous avez osé venir à bout de deux de ses meilleurs manieurs de stand... »
À ces mots, l’étalon perdit connaissance. Il survivrait certainement à ses blessures, se disait la jument crème, alors elle pouvait tout aussi bien l’abandonner ici. Après tout, elle avait désormais un objectif clair, récupérer la flèche, qu’elle utiliserait comme monnaie d’échange contre sa tranquillité. Car la pauvre jeune couturière n’aspirait qu’à cela, retrouver sa petite vie paisible et continuer de s’occuper de la boutique de Rarity sans avoir à se soucier de constamment lutter pour survivre. Elle devrait donc se rendre au port le plus vite possible, espérant trouver la flèche avant la police-mare...
<=[to be continued]
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