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Les 7 fatalités

Une fiction écrite par Luiwen.

Première fatalité

Les eaux chutèrent tel le déluge sur le petit village de Ponyville, croupissant et écrasé sous ce ciel d’obsidienne. La clarté des étoiles s’étranglaient sous ce couvercle pesant des nuages et des flots d’hallebarde. Quelquefois, des arcs de feu se cabraient dans les airs, et leurs flèches d’or, tels des javelots fulgurants, se fichaient sur les pointes de la mairie, de l’école de Cheerily et le château de Twilight, créant ainsi des éclats surprenants. On n’y percevait rien à plus de plusieurs mètres au devant de soi, tellement la vision était masquée par la pluie et les ténèbres de la nuit. Seules pouvaient se remarquer les rares lueurs de certains chaumes où des poneyvilliens veillaient encore. Parmi eux, le Sugar Cube Corner tenu par les Cakes resplendissait dans un halo de vie et de fête. On y ouïssait des chants, des réjouissances et de la musique. Hors de cette maisonnée, on entendait plutôt des clapotements lourds dans les flaques, des bruits de sabot étouffant le ruissellement des gouttes, des pas qui se rapprochaient de la porte du resto-bar.

Dans l’enceinte, une foule de poneys attablés, que ce soit autour des tables ou au comptoir, piaillaient par ci par là et proféraient des brouhahas dignes des cantines les plus indisciplinées. La plupart d’entre eux s’y terrait en attendant que l’ouragan à l’extérieur se calme, le temps de pouvoir rentrer chez eux sans être trop mouillé et ainsi éviter une possible rhinopharyngite ; une maladie banale mais si insupportable qu’on en viendrait jusqu’à songer d’hurler au ciel qu’un tel supplice possède une fin, au plus tôt pour le mieux. Mais les torrents de pluie refusaient avec entêtement de s’adoucir. Pour marquer leur patience, les poneys installés à l’abri avaient décidé de trinquer et de parler de tout et de rien. Et même si ce fichu temps déplaisait amèrement à Mr. Cake, il s’affirma que la météo lui avait apporté un gros bénéfice. Finalement, tout avait une bonne part en soi. Devait-il se prendre la peine de bénir l’orage ? Bah, ce n’était pas comme s’ils étaient sur la paille, sa femme et lui. La cloche d’entrée sonna. Un nouveau client pensa-t-il. Que demander de plus ? Le nouvel arrivant s’identifia au premier regard par une silhouette noire, dessinée par le fracas d’un éclair tout juste passé. Une partie des convives se tournèrent vers lui alerté par le son de la clochette. Il était un étalon unicorne à première vue. Mais sa cape rouge sang et encrassée, pourvue d’une capuche qui ne laissait apparaître que son museau, dissimulait la plupart de ses traits physiques. Il referma le battant derrière lui et s’avança en direction du comptoir, sans faire attention aux autres. Les autres se détournèrent d’eux-mêmes, revenant à leurs discussions sûrement futiles, comme si personne n’était entré. L’étranger s’assit sur un tabouret libre et se dévêtit le crâne de son chaperon. Mr. Cake vint à sa rencontre d’un sourire charitable.

"Bonsoir monsieur ! Désirez-vous quelque chose ?"

"Une boisson pour me réchauffer la gorge, ça me suffira." répondit le client sur un ton lourd et neutre.

"Nous avons bien du café, du chocolat chaud, du… "

"Vous n’auriez pas du rhum par le plus grand des hasard ?" coupa le client, désirant venir aux faits.

"Heu… non. Mais nous avons du cidre en réserve." dit Mr. Cake gêné.

"Sérieusement ?"

"Oui."

Du fond de ses yeux écarlates, il envoya au teneur du Sugar Cube Corner un parfait message de mépris. Sur ce coup-ci, l’hôte regretta définitivement de lui avoir adressé la parole. Il ne s’attendait pas à une telle froideur dans ses propos. Il tenta néanmoins de se débattre de son malaise.

"Je… j’ai bien du calvados mais il n’est pas de première qua… "

"Bien." dit l’autre d’un sourire inattendu et rassuré. "Allez m’en servir une pinte dans ce cas."

Face à ce revirement de tandem, Mr. Cake ne sut plus trop quoi penser. Mais pour le moins, ce fut un soulagement. C’était juste un client très tatillon, rien d’inquiétant en soi en vérité.

"Je voudrais cependant vous dire que c’est du cidre qui a vieilli sans avoir été consommé par le passé. Il a fermenté mais… je ne pense pas qu’il soit propre à la consommation."

"Qu’importe." répondit l’autre. "Qu’il soit de luxe ou de seconde zone, du temps que ça me réchauffe, je saurai m’en contenter."

"Heu… d’accord." agréa Mr. Cake. "J’aurai aimé savoir au fait. Je ne vous ai jamais vu ici. Comment vous appelez-vous ?"

"Est-ce que je vous ai demandé votre nom ?" lui questionna son interlocuteur.

"Heu… non."

"Alors je ne vous donnerai pas le mien." lui répliqua-t-il sèchement. "Allez me servir plutôt que de rester planté là comme un poireau."

Mr. Cake se retira sans demander son reste. De son côté, l’étranger retira d’un pan de son manteau, une pipe. Il la bourra de feuilles séchées et hachées provenant d’un petit boîtier lui aussi sorti de la blouse. Il ne se souvenait plus d’où s’exportait ce genre de feuille. La seule chose en laquelle il pouvait confirmer, c’était que la plupart des vendeurs était des zèbres. Sa corne brilla éphémèrement et sa pipe s’alluma. De l’autre bout de la salle, un museau rose bonbon surgit de l’océan de la foule. Il avait humé quelque chose d’anormal. Le nez, avec un plateau rempli de commandes sur une crinière qui semblait le suivre, flotta en direction des ronds de fumées, jusqu’à faire face au fumeur, sûrement en infraction.

"Désolé, si vous voulez fumer, faut le faire dehors." objecta la ponette.

"Vous vous foutez de moi ? Il pleut dehors !" protesta le fumeur.

"C’est soit ça, soit vous éteignez."

Il éteignit sa pipe et la rangea.

"Je ne me souviens pas avoir vu de panneau interdit au fumeur à l’entrée. C’est une manie chez vous de prévenir personne ?"

"À quoi bon le répéter en boucle, tout le monde sait ça."

"Ouais ben je ne suis pas le monde moi."

Les yeux de la servante s’illuminèrent d’un coup.

"Oooooh ! Mais je n’y ai pas fait attention ! Je ne vous connais pas ! Comment vous appelez-vous ? Moi c’est Pinkie Pie !" disait-elle en bondissant sans pour autant renverser tout ce qu’elle tenait dans sa crinière ébouriffé.

De l’autre, le licorne, au pelage mordoré et au crin de couleur chaude, réfléchit un instant avant de lui donner son nom. Avait-il la réelle nécessité de le faire ? Et surtout quelles conséquences se produiraient s’il le disait vraiment, surtout si c’était à l’un des membres de l’Harmonie ? Après un léger temps de méditation, l’étranger répondit à Pinkie.

"À quoi bon nous échanger nos noms mademoiselle ? Je ne suis que de passage à Ponyville. Nous ne nous reverrons probablement jamais."

«Oh… je pensais que vous resteriez ici et vous faire connaissances avec mes amis.»

La crinière de Pinkie semblait avoir faiblement dégonflé en réaction à la réponse de celui dont elle ne connaissait pas le nom. Quelle désolation ; elle s’attendait à se faire un nouvel ami comme à son habitude mais sur ce coup-ci, une certaine rationalité l’avait fait descendre de son petit nuage à l’instant même. Elle aurait pensé faire d’avantage connaissance avec lui sur une courte durée mais visiblement, il recherchait avant tout de la tranquillité et elle, devait continuer à aider les Cake dans cet amas de clients. Elle s’en retourna à ses affaires. D’autre part, l’étalon pivota sur son tabouret pour faire face au comptoir. Il vit arriver Mr. Cake avec une bouteille de calvados au sabot et la posa entre lui et le licorne. Il lui servit ensuite un verre et lui prescrivit le contenu de la bouteille toute entière. Son client voulait seulement se réchauffer, pas se saouler. Mais cela l’importait peu et paya de suite l’addition au gérant, sans laisser de pourboire. Il but, il but, il but. Le feu de la pomme fermentée lui arracha les bronches et emplit ses entrailles d’une chaleur ardente et agressive. Le froid de l’extérieur le quitta peu à peu. Il savait qu’il devait y retourner, avec ce froid. S’il y était resté, il en aurait gardé l’habitude avec l’adaptation naturelle de son corps. Mais on possédait bien le droit de se permettre un peu de bon temps n’est-ce pas ? Alors que sa tête commença à tourner et à lui peser sur la nuque, il comprit qu’il ne faudrait pas abuser d’avantage de l’alcool. Dommage ; même si le rhum restait de loin son eau de vie préféré, il avouait que la liqueur de pomme avait ses charmes bien propres lui aussi. En se déplaçant vers la sortie, il s’empara de la bouteille de calvados à moitié vide et la posa sur la table de trois pochtrons, bien trop bourrés pour remarquer qu’on leur avait laissé un petit cadeau bien parti pour le coma éthylique.

Il s’extrayait du brouhaha des chocs des shop pour rencontrer une nouvelle fois le vacarme de la pluie. Après avoir remis son capuchon, il chercha un lieu un peu plus sec que les autres lieux mouillés pour y passer la nuit. Depuis le commencement, il voyageait en sabot de ville en ville pour être le plus discret possible. En arrivant dans ce qui paraissait être le parc de Ponyville, il aperçut un chêne séculaire au milieu d’un gazon grâce à la tempête qui s’était calmée quelque peu. Il s’assit contre le tronc, se découvrit le corps de son manteau et l’utilisa comme couverture à l’affront de l’humidité et du froid. Il ferma les yeux.

Autre part et au même moment, une jument habillée d’un k-way et équipée d’un parapluie noir rentrait chez elle, au carrousel. Le rythme des gouttes s’affolèrent une nouvelle fois. Elle pressa alors le pas et songea à prendre un raccourci qu’elle ne connaissait que trop bien, le parc de Ponyville. Etant au centre du village, l’emprunter revenait à traverser une sorte de rond-point menant à plusieurs chemins distincts. Elle aurait aimé être déjà chez elle avec un temps pareil. Mais un contretemps avec l’une de ses amies en avait décidé autrement. En prenant ce chemin-ci, elle crut reconnaître une ombre adossée contre un arbre. Curieuse, elle s’en approcha. L’ombre du chêne assombrit d’avantage la scène. La jument illumina sa corne et vit ce qui parut être un clochard. Elle se sentit choquée car elle avait, certes, déjà vu ce genre de cas dans des cités comme Manehattan ou Canterlot ; mais jamais à Ponyville. Ponyville est une bourgade où les poneys vivent plus ou moins tous sur le même pied d’égalité – enfin… sauf la princesse Twilight, bien entendu- . Alors pourquoi des mendiants ici ? Mais peu importait la raison, elle n’oserait pas s’asseoir sur son équinité: il faut le sortir de cette boue qui le recouvre. Le dormeur avait été réveillé par la lueur de la corne de la passante. Après avoir cligné des yeux à plusieurs reprises, il sut identifier son prochain. Une jument à la robe d’ivoire et au crin aubergine soigneusement coiffé.

"Mais monsieur, que faîtes-vous dans la boue ?" lui demanda-t-elle.

"Vous voyez mademoiselle, j’essaie de dormir." répondit-il.

"Dans cette situation ?!" dit la jument choquée.

"À la guerre comme à la guerre." cita l’autre.

"Pourquoi vous dormez dehors dans la pluie ?" requestionna-t-elle.

"Je ne sais pas pourquoi mais je n’ai pas vu d’hôtel dans ce taudis. Mais bon, j’ai l’habitude de m’endormir à la belle étoile. Ne vous en faîtes pas pour moi."

"Dites plutôt dormir à la belle pluie." répliqua la jument blanche. "Navrée si cela vous dérange très cher, mais je ne peux pas vous laisser comme ça. Ce serait contraire à mon code d’honneur. Levez-vous et suivez-moi. Je vais vous montrer un meilleur endroit pour sommeiller."

L’étalon se releva pour faire face à la jument et lui répondit narquoisement.

«Vous n’allez tout de même pas me ramener chez vous ? Moi ! Un inconnu !»

"Bien sûr que si. De toute façon, je suis pressée de rentrer à mon carrousel et je ne vois pas d’autres endroits pour vous loger. Mais vous n’y resterez que pour la nuit, si c’est ce que vous vous demandez."

Le sourire moqueur de celui qui se vêtit de nouveau de sa cape et de sa capuche se dissipa aussitôt. Il commença à la suivre tout en tentant de se rappeler du nom de cette jument. Il était sûr de l’avoir déjà vu auparavant dans un journal. Il se souvenait uniquement du fait qu’elle eût participé à la défaite de nombreuses entités maléfiques assaillant Equestria et surtout qu’elle était une fashionista d’un très grand prestige.

"Bienfaitrice généreuse, quelle est votre nom ?"

"Dame Rarity."

Oui, c’était bien elle. Rarity représentait l’élément de la générosité. Il s’attendait à peiner énormément pour s’approcher de l’une d’entre elles de façon complètement fantomatique. Et pourtant, Rarity s’était avancée d’elle-même, sans qu’il n’eût besoin de dire quoique ce soit. Cette chance qui sera fatale à l’élément de la générosité le fit jouir au plus profond de lui-même. Tout se passait mieux que prévu et il atteindra son but bien plus rapidement qu’il ne l’eut cru. Rarity l’emmena du coup dans sa maison possédant un petit capitole violet. En y entrant, il vit un rez-de-chaussée ressemblant bien plus à une boutique de couture, de tissage ou d’on ne sait quoi d’autre qu’à une réelle habitation. Il retira sa veste rouge et l’accrocha à un porte-manteau que lui désigna Rarity. Elle lui proposa ensuite, pour pas non plus qu’il se mette à tâcher de terre l’intérieur de son chez soi, d’aller prendre une douche en lui indiquant la salle de bain. Elle en profita d’ailleurs pour nettoyer sa cape de toute la crasse accumulée. Certaines tâches de terres et boues d’ailleurs, paraissaient plus anciennes de plusieurs jours voir même des semaines. Comme quoi, son invité ne la lavait pas souvent. Après, s’il disait qu’il avait l’habitude de dormir à la belle étoile, c’était sûrement parce qu’il voyageait au rythme du vent. Oui, Rarity pensait vraiment à des voyages, des longues marches dignes des plus grands pèlerinages. Elle ne savait pas trop non plus pourquoi elle lui rendait si tant service. D’abord le logis gratuit le temps qu’il cesse de pleuvoir et maintenant laver ses vêtements. Peut-être parce qu’elle ne réfléchissait pas beaucoup. De toute façon, c’était un réflexe chez elle de laver un vêtement sale dès qu’elle en possédait l’occasion de le faire. Et puis… elle n’avait rien d’autre à faire cette nuit là. Et normalement, sa petite sœur dort à point fermé. Une fois qu’elle eut terminé le dernier repassage de la cape, elle entendit l’autre ressortir de la salle de bain, tout propre. Ses yeux se fixèrent alors sur sa blouse que Rarity venait de nettoyer. On y percevait dans ses yeux une franche anxiété.

"Heu… vous l’avez… "

"Bien sûr. C’est tout à fait naturel." lui dit Rarity souriante.

Il saisit brutalement de sa magie sa veste et regarda les pans qui se trouvaient sur le côté interne du vêtement.

"Savez-vous que je possède une pipe ?" lui demanda-t-il tout en cachant son stress.

"Heu… non pourquoi ?" dit Rarity un peu confuse.

"Donc vous n’avez pas vidé les poches ?"

"Les poches ?"

"Elles sont dans le revers de ma veste."

La pauvre couturière comprit son erreur. Non. Sa faute. Elle n’avait pas réalisé qu’il y avait des poches à l’intérieur et surtout, pire que ça ; comment en tant que couturière professionnelle elle aurait pu oublier une chose aussi évidente, aussi courante dans des capes comme celle-ci ?

"Je… je suis désolée mon cher… sûrement la fatigue. Du coup votre pipe est inutilisable si elle est mouillée."

Le possesseur de la pipe se fit complètement rassuré et son regard tourna à la clémence.

"Non madame. Ce n’est pas grave. Ca sèchera pendant la nuit."

Donc finalement, pensa-t-il. Elle n’a pas fouillé les poches… quelle chance.

Ces deux derniers mots lui vinrent à l’esprit en voyant que l’objet contenu dans l’une de ses poches les plus rebroussées n’avait pas disparu. Apparemment, elle disait la vérité.

"Mon cher, je tiens aussi à vous dire que votre cape d’un très beau rouge sang est magnifique et vous va à merveille." lui complimenta Rarity. "Elle me donne même des inspirations pour de nouvelles garde-robes. Dites-moi. Comment l’avez-vous obtenue ?"

"Ce fut ma mère qui me l’avait offerte pendant mon enfance. Mais en grandissant, j’ai demandé à un tailleur la taille au dessus et voilà."

"Donc vous devez y être très attachée ?"

Il hocha de la tête.

"Au fait, comment vous appelez-vous très cher ?"

" …Phoenix… Ice Phoenix… "

"Eh bien monsieur Phoenix. Je ne sais pas où vous proposer une couchette mais… "

"Je vais dormir sur le divan ici. Ca me conviendra parfaitement."

"Bien ! Dans ce cas, je vous laisse mon cher. Il se fait tard. Bonne nuit."

Rarity monta à l’étage, laissant son invité en bas près du grand canapé. Alors que celle-ci gravit l’escalier, Ice Phoenix l’observa rigoureusement, sans la moindre expression. Son rictus s’intercalait entre la sobriété et la gravité. Il savait ce qu’il faudra faire plus tard dans la nuit. Ca lui pinçait le cœur quand il y pensait. Mais de toute façon, la fatalité en avait décidé autrement.

"Adieu… " prononça-t-il à la limite du murmure.

Il s’allongea sur le divan et s’y reposa, tout en veillant à ne pas tomber en sommeil profond. À chaque fois qu’il sentait le sommeil l’emporter entre les ailes de Luna*, il se levait pour trottiner silencieusement dans le grand salon semblable à une boutique de vêtement, noyé dans la pénombre nuptiale. Alors que la troisième heure du matin avait sonné sur l’horloge de Rarity, Ice comprit alors que l’heure était venue. Il récupéra son manteau, s’en vêtit, puis il monta chaque marche de l’escalier. En se déplaçant dans un couloir à l’étage, il vit par l’entrebâillement d’une porte, dormir une jeune jument, plus jeune même que Rarity. Voilà ce qui le remettait complètement en cause. Faudra-t-il en payer le prix jusqu’ici ? Il n’avait encore jamais fait ça à une pure innocente. Il ouvrit chacune des portes sans éveiller le moindre grincement jusqu’à enfin trouver la chambre de Rarity. Il s’y immisça et surplomba de son ombre la jument ronflante avec un bandeau fleuri sur les yeux. Ca lui faisait vraiment mal de devoir lui faire ça. Mais depuis la nouvelle déchéance de Tirek au Tartare, il était désormais évident que plus aucun poney ne pouvait rivaliser face à la puissance des éléments de l’Harmonie ; et il ne pouvait pas se risquer à affronter un ennemi potentiel bien trop redoutable. Mais cette dame lui avait vraiment fait acte de charité et d’hospitalité. Et cela l’avait surpris intérieurement d’ailleurs. Parce que de là où il venait, on n’était pas très accueillant. Devoir lui faire ça alors qu’il avait déjà une dette envers elle… Non. Il ne faut pas penser comme ça. Les dettes ne sont bonnes que pour la stabilité des sociétés. Or il n’était redevable à aucune d’entre elles, surtout après tous ces évènements qui se furent produits par le passé. Et puis il avait un but. Cela faisait plusieurs années qu’il courait après ce souhait, ce brisement de ce qu’on pourrait qualifier de fatalité. Des fatalités en avaient toujours engendré d’autres, et Ice Phoenix avait parcouru bien trop de chemins pour les rebrousser. En réalité, il lui suffisait de ne pas le regretter, de se focaliser sur son but premier pour ne pas bloquer sur certains aspects. Après tout, les fins en justifiaient les moyens.

Phoenix eut un soupir presque inaudible, un signe de détermination franc et inflexible. De toute façon, ce n’était pas la première fois qu’il commettait ce genre d’acte. Son regard devint subitement assassin. Et d’un pan de sa blouse, il sortit l’objet dont la découverte par Rarity aurait pu ébranler tous ses projets.

 

C’est-à-dire un poignard.

 

Il en approcha le tranchant de la gorge. Il l’appliqua tout en douceur. Puis d’un geste véloce, il trancha la peau, les artères, jusqu’à la trachée, en l’espace d’un dixième de seconde. Le sang gicla et aspergea de rouge le visage du meurtrier, avant d’inonder les voies respiratoires de la victime. Rarity cessa alors de ronfler. Elle ne respirait plus. Avec ses voies respiratoires totalement coupées, elle ne put pousser de cri de douleur. La mort eut agis en silence au beau milieu de la nuit. Maintenant, il se dirigea vers la chambre de la jeune jument. Il n’aurait pas aimé en venir jusqu’ici mais il valait mieux qu’un tel assassinat ne soit pas révélé aussi vite. Et pour cela, pas de témoin gênant. Et puis, s’il la laissait en vie, elle souffrirait sûrement d’entendre que cette jument, probablement un proche, soit morte. En quelque sorte, la tuer avant qu’elle-même ne souffre, serait presque lui rendre service. Il l’égorgea à son tour, sans faire de bruit, de la même manière que pour Rarity. Après avoir commis son forfait, Phoenix attendit que les geysers de sang dans les deux chambres se calment, avant de les réunir et de les cacher dans une garde-robe à l’étage, bien dissimulé derrière les costumes. Après cela, il lança des sortilèges sur les draps trempés de sang pour camoufler les tâches. Avec ça, il aura le temps d’agir dans la suite des évènements avant que Ponyville soit en panique face à la nouvelle. Et surtout, le plus important, l’Harmonie étant brisée, il n’y avait plus aucune chance que la magie de l’amitié puisse fonctionner et ainsi, donner à Ice Phoenix une issue plus sereine du bilan de ses peines.

Il se lava le visage et les sabots des hématies, puis prit sa pipe, la bourra, l’alluma, et fuma quelques temps avant de se reposer quelque heures. Il devait partir tôt le lendemain. À l’aube s’annoncera pour le mieux.

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Note de l'auteur

* : Synonyme pour dire "s'endormir dans les bras de Morphée", au cas où vous n'auriez pas compris.

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