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Eux.

Une fiction écrite par lnomsim.

Eux.

Eux

Au début, il n'y avait qu'Eux, deux êtres seuls à subsister dans ce monde dans lequel rien n'existait. Un nom ? Ils n'en avaient nul besoin. En l'absence de tout, ils n'avaient aucune raison de chercher à s'appeler, à se nommer, ou simplement parler. Avant même que le Temps ne devienne, et d'innombrables années après son apparition, Ils se contentèrent d'être, deux simples formes au milieu du néant, proches l'Une de l'Autre, mais éloignées de tout. Bien entendu, Ils n'avaient pas d'yeux, car il n'y aurait rien eu à voir.

La Lumière apparut et avec elle le premier jour. Lorsqu'Ils ouvrirent les yeux, Ils la virent, partout autour d'Eux. Ce qui autrefois n'était pas, baignait maintenant dans une substance douloureuse. Elle était partout autour d'Eux, malheureusement, même s'Ils avaient conscience l'Un de l'Autre, la Lumière omniprésente les empêchait de se voir. Alors, pendant plusieurs autres millénaires, Ils fermèrent les yeux.

Lorsqu'Ils les rouvrirent, l'Ombre était née à son tour. Autour de Leurs deux formes, la Lumière avait fui pour laisser deux taches noires informes. Pour la première fois, Ils purent se distinguer, mais la Lumière était toujours douloureuse, et Leur absence de forme continuait de les empêcher de se voir. Alors, pour une éternité, Ils fermèrent de nouveau les yeux.

Pendant Leur sommeil, pour séparer l'Ombre et la Lumière, le Monde apparut, d'abord plat et infini, il se courba sous les assauts des deux substances, jusqu'à ce qu'elles se séparent en deux parties égales, formant le Jour et la Nuit. Mais le Monde était seul, Eux, Ils étaient toujours là, mais toujours endormis. Sans Eux ni personne pour les voir, Ombre, Lumière, le Jour, la Nuit et le Monde n'avaient pas raison d'exister.

Alors vinrent les poneys. Avec leurs sabots, ils façonnèrent ce Monde brut, écrasant ses montagnes, creusant des vallées, traçant des chemins. Leur galop finit par Les réveiller. Ils virent ces êtres étranges parcourir ce sol dur sur lequel Ils se tenaient. Ils se tournèrent l’Un vers l’Autre, Leur regard put enfin trouver Leur forme. Quatre pattes, un long cou robuste et une queue en bataille. Même s'Ils ne se distinguaient en rien des autres poneys, Ils se retirèrent et continuèrent de les observer.

Les poneys avaient faim, alors ils mangèrent l'herbe qui se mit à pousser sous leurs pieds. Si bien que l'herbe se mit à manquer.

« Il faut les noyer pour les arrêter, » dit la Rivière. Elle se mit à gonfler, à engouffrer les vallées, et noyer les poneys. Mais elle non plus ne fut jamais rassasiée.

Pris de colère, Ils emprisonnèrent la Rivière dans les derniers cratères du Monde. C’est ainsi que la Rivière se retrouva prisonnière des Mers. Elle ne s’était pas pour autant laissée faire, si tous les poneys ne s’étaient pas noyés, la majorité des terres avaient disparues sous son flot, les continents s’étaient vu séparés. Eux aussi finirent par se perdre, l’Un vivant dans la lumière, l’Autre dans l’ombre.

Ils ressentirent alors un énorme vide dans Leur cœur, Ils n’avaient plus qu’une envie, se retrouver. Les poneys, étrangers à Leur malheur, continuaient à se repaître de l’herbe toujours plus rare.

« Il faut les faire dormir, pour que jamais ils ne se réveillent, » déclara la Nuit. Elle déploya son manteau au-dessus des poneys et fit danser les étoiles dans le Ciel. La valse enivrante finit par les faire sombrer. Ils virent tout autour d’Eux, les êtres qu’Ils observaient tomber dans un profond sommeil.

Chacun à l’autre bout du Monde, Ils eurent alors la même idée. Ils se mirent à galoper, plus vite, toujours plus vite, si bien que le Monde se mit à tourner sous leurs pieds. Folle de rage, la Nuit se mit à Leur poursuite, dans sa chasse, son manteau se leva sous le Vent qui se mit à souffler. La course fut longue, la Nuit, haletante, comprit qu’elle ne réussirait jamais à Les rattraper tous Les deux. Elle décida de se concentrer uniquement sur l’un d’Eux. C’est complètement épuisée, qu’elle finit par Le trouver. Si épuisée qu’elle se trouva à son tour prisonnière au bout du Monde.

De l’autre côté, le Jour finit par se lever, et avec lui, les poneys se réveillèrent, puis se remirent à brouter. Ils n’étaient plus très nombreux, mais Eux, s’étaient mêlés à eux. Il était maintenant devenu nécessaire de les distinguer. Il devint Lui, Elle devint Elle.

A ce moment de l’histoire, il serait possible de dire que chacun de Leur côté, Ils décidèrent de rester, fonder leur horde, leur propre famille, trouver un village où rester et continuer d’observer tandis que les Jours et les Nuits continuaient de se suivre. Mais toujours, au fond de Leur cœur, résidait ce vide qui Leur causait tant de rancœur. Autour d’Eux, Ils voyaient les pères, les mères, les frères et les sœurs. Il était le Frère, Elle était la Sœur, mais Chacun destiné à vivre à l’autre bout du Monde.

Ils partirent donc à la quête l’Un de l’Autre. Le voyage fut long, et si le Monde s’était senti miséricordieux, il réservait d’autres surprises pour les poneys, qui bien qu’évolués, continuaient de brouter l’herbe bientôt disparue.

« Je vais définitivement les arrêter, dit le Vent.

—Je vais t’aider, répondit la Rivière, toujours prisonnière. »

Le Vent souffla dans les Mers, les Océans, les Lacs, et la Rivière se défit de ses chaînes. Le Vent ne s’arrêta pas, et la Rivière sous son souffle finit par s’envoler, légère. Dans le Ciel, elle se fit fine, grosse, imposante. Elle masqua bientôt le Soleil, faisant disparaître le Jour, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention de la Nuit. Pour autant, les poneys ne se mirent pas à dormir.

C’est ainsi que se mit à tomber la Pluie. Petite d’abord, elle se fit de plus en plus forte. Le Vent recommença à souffler toujours plus fort. La Pluie devint un Ouragan, elle fouetta les poneys, entreprenant de les chasser. Furieuse, la Rivière se mit à gonfler, les Lacs à déborder, les Mers à monter. Le déluge se faisait plus important, et les poneys n’avaient nul endroit où se cacher.

Alors Ils eurent une idée.

« Il faut que je les protège ! » s’écrièrent-Ils chacun à son bout du Monde.

Il frappa dans la montagne, encore et encore, ses sabots se fissurèrent, mais Il tint bon. La Montagne se mit à craquer, et la roche à se fissurer. Quand la grotte fut terminée, Il comprit son erreur, la montagne était bien trop haute pour les poneys.

Elle se mit à creuser le sol, et y planta des arbres. Bientôt, il en poussa une forêt, sous laquelle les poneys vinrent s’abriter. Mais les assauts du Vent répétés ne cessaient de faire tomber les arbres en lisière. Elle tint bon et refusa de s’avouer vaincue. La Nuit, toujours à l’affût, vint la trouver. Durant tout son labeur, elle ne cessa de lui murmurer toute la futilité de ses efforts. Elle riait lorsqu’un arbre tombait, elle jubilait lorsqu’Elle trébuchait dans la boue, à bout de force.

Il continuait de s’apitoyer. Seul, à l’abri dans Sa grotte. Comment avait-Il pu être si stupide ? Il avait perdu tellement de temps à la creuser, et dans la vallée, les poneys continuaient à se noyer. Pourtant, un jour, l’un d’eux vint se poser à l’entrée. Oui, se poser, ce poney avait des ailes. A sa suite, d’autres se posèrent, sans même Lui prêter attention, ils entrèrent dans la grotte. Une nouvelle idée Lui vint, et à son tour, Il déploya ses ailes et prit son envol.

Il approcha le Ciel, prit une grande inspiration et se mit à souffler, souffler, si fort que le Nuage commença à trembler et la Pluie à cesser. Mais ce ne fut pas suffisant. Alors Il souffla, encore, encore et encore, jamais le Nuage ne céda. Laissant libre cours à sa colère, Il se mit à frapper, si fort, que son coup fit gronder le Tonnerre et que des éclairs se mirent à illuminer le Ciel.

La Lumière ne manqua pas d’attirer l’attention des poneys, toujours à l’intérieur de la grotte. Ils sortirent la tête pour le voir, Lui, seul à essayer de se battre contre les éléments. Comme d’un commun accord, tous les animaux ailés se groupèrent et Le rejoignirent. Tous ensemble, ils donnèrent des coups de sabots. La Pluie se mit à tomber de plus belle, accompagnée des coups de Tonnerre. Et ils continuèrent ainsi, pendant des Jours et des Nuits.

A l’autre bout du monde, tandis que la Nuit surveillait Son frère, Elle, à bout de force, tentait toujours de planter les forêts, bien que l’Orage réussisse toujours à les déraciner. Elle s’effondra dans la boue, mais refusa d’abandonner. C’est alors qu’Elle les vit. Un groupe de poneys à la lisière de la forêt la regardait avec attention. Si au début, l’Orage leur faisait peur et les renvoyait sous le couvert des arbres, certains avaient maintenant une forte détermination dans leurs yeux.

L’un d’eux s’approcha d’Elle, avec son sabot, il se mit à creuser le sol, et avec sa bouche, à y déposer des graines. Il ne tarda pas à être rejoint par plusieurs autres. Tant est si bien que lorsque la Nuit revint pour se moquer d’Elle et contempler son malheur, elle ne trouva plus la vallée dans laquelle elle L’avait laissée, la Nuit put tout juste reconnaître le continent sur lequel elle se trouvait. A perte de vue, les arbres s’étendaient, la Pluie tombait sur eux en torrent, mais aucun poney n’était mouillé.

Fatigué de ses coups et ne réussissant plus à toucher les poneys, l’orage finit par se lasser. Les Nuages dans le Ciel moururent au grand désarroi de la Rivière, et le Vent n’eut d’autre choix, pour échapper aux poneys ailés que d’aller se cacher dans les plus hautes montagnes.

Le Monde reprenait vie. Les pégases faisaient la pluie et le beau temps, les terrestres avaient appris à cultiver la Terre. L’herbe ne manquait plus, et plus rien n’avait de raison de les voir disparaître. Mais d’eux tous, il y en avait Deux qui ne trouvaient toujours pas à se réjouir du nouveau monde maintenant guidé par l’Harmonie de deux peuples. Le Frère et la Soeur étaient toujours séparés.

En parlant de séparation, la Pluie, le Vent, et la Nuit étaient de mauvais perdants. Certes, ils n’avaient plus de raison de les attaquer, mais ils avaient été humiliés, la vengeance bouillait dans leurs veines, cette... Harmonie dont tout le monde semblait se satisfaire, leur donnait la nausée. Alors ils se tournèrent vers cet être qui leur était apparu.

« Il suffit de les séparer, dit Discord. Et alors vous frapperez ! »

C’est ainsi que naquirent les licornes. Le jeune équilibre qui poussait les pégases et les terrestres à s’entraider fut rompu lorsque ces étranges créatures apparurent. Elles arrivèrent, sans prévenir, et sans même lever les yeux vers le ciel, ni daigner salir leurs sabots dans la terre, elles se saisirent des Forêts, des Montagnes, et des champs.

Les pégases fuirent dans le Ciel, les terrestres furent condamnés à voir leur raison d’être réduite à une corvée, à un état de servitude.

Par la suite, les hordes de monstres et autres abominations déchaînées que Discord leur envoyait poussa les pégases, plus agiles et mieux armés à s’imposer comme un peuple rustre et sans gêne, les licornes s'érigèrent en maîtres incontestés à l’aide de leur magie, et les terrestres continuèrent à traîner dans la boue.

La Pluie, le Vent, et la Nuit s’allièrent pour délivrer un Hiver sans fin qui donna naissance aux windigos, qui terrorisèrent les poneys pendant des années.

La vengeance envers les poneys était une chose. Mais se venger d’Eux, pouvoir les faire souffrir, Eux qui avaient contré chacun de leurs plans. C’était une chose bien plus appétissante.

* * *

L’Amour est une chose étrange. Aucun d’Eux ne l’avait réellement ressenti, Ils l’avaient vu et observé, mais petit à petit, Ils comprirent que c’était cette chose qui manquait dans Leur coeur. Elle comprit que c’était l’amour pour son Frère. Malheureusement pour Elle, les éléments n’avaient pas l’intention de laisser à Ce dernier, l’occasion de parvenir à la même conclusion.

Ailé qu’Il était, il aurait pu être facile pour Lui de retrouver sa Sœur. Alors Il aurait pu combler ce trou dans Son coeur. Il en fut malheureusement autrement. Le temps passa et la vie au milieu des pégases semblait Le satisfaire. Au point qu’Il finit par y trouver la chaleur d’une compagne. Puis d’une autre, et une autre, et ainsi de suite, malgré qu’aucune d’elles n’ait su conquérir Son amour.

A l’exception d’une. Elle était différente, elle avait le regard perçant, presque félin, son pelage sombre aux couleurs de la nuit faisait naître chez Lui une sensation de mystère, qu’Il n’avait de cesse de vouloir découvrir. Sa crinière cristalline Lui rappelant les plus fines gouttes de rosée flottait dans un vent inexistant. Elle était froide, elle ne Lui avait jeté qu’un regard en coin, puis avait disparue. Il s’était immédiatement mis à sa recherche. Au fond de Lui, Il le savait s’il devait y en avoir une, ce devait être elle.

Bien sûr, Il la trouva, la courtisa, Il sut gagner son cœur, et Il vécut dans le bonheur qui Lui était offert. Ou alors il n’y aurait pas d’histoire. Et une histoire il y eut. Si Lui n’avait pas daigné partir à la recherche de sa Sœur, cette dernière n’était pas resté patiemment à attendre que l’Hiver ne l’emporte.

Dans ce nouveau Monde où seul l’inconnu semblait définir les frontières, Elle n’avait pas mis beaucoup de temps pour Le retrouver. Décrire la joie qu’elle avait ressentie en Le voyant serait difficile, Elle s’était aussitôt sentie Elle-même, pleine, parfaite, accomplie. Elle n’avait plus de doute. C’était l’amour qu’il Lui manquait. Pas le simple amour qu’un poney pouvait avoir pour son prochain, mais l’Amour qui liait deux êtres uniques. L’Amour qui Leur était destiné.

L’Amour qu’Elle comprit qui Lui avait été enlevé lorsqu’Elle vit la jument aux couleurs de la nuit à Ses côtés. Lui, Il ne L’avait pas vue, mais elle, cette voleuse perfide qui se donnait des grands airs à se pavaner aux côtés de Son être Aimé... Oh oui, ce monstre, ce succube, ce cauchemar ambulant, oui, elle, elle L’avait vue. Elle vit le regard fielleux que lui lança cette chose.

Et ce fut autre chose qui emplit Son cœur. Pas de la jalousie, mais quelque chose de nouveau, de plus profond, quelque chose qui depuis l’arrivée de l’Hiver semblait ronger toutes les âmes. Quelque chose qui La brûlait, qui remplaçait le froid hivernal et les ombres de la Nuit par quelque chose de plus sombre, de plus glacial. Une Haine sans nom, qui n’eût même pas besoin de prononcer son nom pour dicter Ses prochaines actions.

Elle les suivit. Au détour de la Nuit, jamais ils ne se séparèrent. La pégase sombre était toujours collée à Lui. Mais lorsqu’ils approchèrent d’une grande maison, ils s’arrêtèrent. Ils parlèrent pendant un long moment, et au désarrois de son Frère, la pégase s’en alla.

Elle le savait, c’était le moment où jamais. Dès que la jument eut disparu, Elle se précipita vers Lui. Entendant le bruit des sabots derrière Lui, Il se retourna, et haussa un sourcil. La jument devant Lui le regardait, haletante d’avoir couru, et une lueur... d’espoir dans le regard, Il avait l’impression que quelque chose d’important était censé arriver. Mais s’il y avait quelque chose qu’Il ressentait, c’était une gêne profonde. Qui était cette jument, et qu’est-ce qu’Elle Lui voulait ?

Il pensait enfin pouvoir passer la nuit avec celle qu’Il aimait, être importuné de la sorte n’était pas pour Le rendre plus aimable. Il se contenta de froncer les sourcils, et sans dire mot, Il entra chez Lui en claquant la porte au nez de la jument.

Si le regard pouvait tuer, Elle aurait voulu qu’Il tombe raide. Elle avait attendu de si innombrables années pour Le retrouver. Et non seulement Elle l’avait trouvé en compagnie d’une autre jument, mais en plus c’était le seul traitement auquel Elle avait droit ?! Il voulait Sa jument, Sa pégase ? C’était vraiment tout ce qu’Il voulait ? Était-Il complètement devenu sourd au cri de son cœur, l’avait-Il seulement entendu ?

Si c’était ce qu’Il voulait, alors ce serait ce qu’Il aurait. Essayant de contenir sa rage, Elle se mit à frapper à grands coups sur la porte.

A sa surprise, lorsqu’Il ouvrit la porte, ce n’était pas le poney auquel Il s’attendait qu’Il trouva. Pendant un instant, Il avait cru que c’était cette jument qui avait l’air dérangée qui était revenue à la charge. Au lieu de ça, ce fut une pégase sombre qui lui sauta dessus pour l’embrasser. Il s’ensuivit une nuit de passion, sans même qu’Il ne se pose de question.

La supercherie ne put cependant durer plus d’une Nuit. Lorsque le soleil vint se lever sur les plaines gelées du Monde, la jument sombre revint auprès de Lui, pour Le trouver avec Elle, ayant repris sa forme naturelle. La pégase aurait dû être choquée, se sentir salie de trouver son amant en compagnie de Sa propre Sœur après leurs ébats. Mais ce n’était pas le choc qui se lisait sur son visage, ce dernier n’était marqué que d’un sourire malicieux. Elle resta là, à Les regarder en attendant que l’un d’Eux se réveille.

C'est Lui qui fut Le premier à ouvrir Ses yeux, mais Il ne vit pas la jument à laquelle Il s'attendait, à sa place, c'est Elle qu'Il vit. Cette jument dérangée qui L'avait accosté la veille. A sa vue, Il fut prit de rage. Il repoussa la jument de sa couche et entreprit de lui asséner plusieurs coups de sabots sous le regard amusé de la jument de la Nuit. Elle avait beau se défendre, L'implorer de La reconnaître, d'accepter Son Amour, Il restait sourd à ses cris. Il ne s'arrêta que lorsqu'Elle resta allongée sur le sol, couverte de Son sang, inerte.

"Il faut s'en débarrasser," susurra la Nuit à son oreille. "La mettre à un endroit où elle ne pourra plus nous faire de mal."

Et c'est ce qu'Il fit. Il La jeta dans une grotte et en scella l'entrée. Ce fut la fin de l'histoire pour Lui. Sans Elle, ils n'étaient plus Eux, et il n'eut plus de raison d'exister. Mais Elle, coupée du Monde, dut continuer à vivre dans la solitude.

Son cœur était vide, son Amour disparu, peu à peu il s'emplissait de haine, l'Amour n'était qu'une illusion, une tromperie, un poison. Elle avait besoin d'amour mais seule la haine la maintenait en vie. Lentement, avec les ténèbres, elle La consommait, elle rongeait son âme, l'emplissait de rancœur. Elle avait passé sa vie à le chercher, elle avait vaincu la Nuit, le Vent, la Rivière ! Tout ça pour des poneys qui ne daignaient même pas La chercher pour La secourir.

Après plusieurs mois, Sa rage était telle qu'Elle se mit à taper contre les parois de sa prison. Jamais Elle ne se rendit compte à quel point Sa haine L'avait rongée, privée de nourriture, de lumière et d'amour, Son corps s'était mis à pourrir, Ses poils étaient tombés, Sa peau avait noirci et durci, seules les trois graines qui germaient en Elle empêchaient Son ventre de se serrer contre Ses os.

Elle se mit à frapper, encore, encore et encore, pendant des mois durant. Mais jamais personne ne L'entendit. Peu à peu Elle épuisait Ses forces et Son corps se mit à se consumer lui-même, sur Ses jambes, sur Ses flancs, Son encolure, la peau et la chair disparaissaient pour nourrir Sa rage, Son désespoir et les fruits de Son union.

Elle rendit son dernier souffle seule, abandonnée de tous, lorsqu'Elle tomba au sol, les yeux vitrés, il ne restait plus d'Elle qu'une carcasse desséchée, seul Son ventre, maintenant translucide restait gonflé, au travers duquel reflétait trois vies qui attendaient de venir au monde.

Pris de pitié pour Elle, le Jour vint et ouvrit la grotte. Il plongea en son ventre et récupéra l'une de ses progénitures, il la nourrit de sa lumière et de sa peine, puis referma la grotte derrière lui, il emporta sa fille et tenta d'oublier les autres.

La nuit, non content de s'être débarrassée de sa dernière rivale voulu l'humilier même dans la mort. Elle s'infiltra dans la grotte et déchira Son ventre. Elle récupéra Sa deuxième descendante, au bord des limbes, elle la nourrit de son ambition et de sa perfidie. La dernière, elle lui donna un coup de sabot et l'envoya s'écraser contre le mur de la grotte. Une masse difforme retomba au sol.

Dégoûtée, la Nuit emporta sa fille et laissa la dernière créature pour morte derrière elle.

Mais même la Mort ne voulut pas de la dernière. La première chose qu'elle ressentit en venant au monde fut la douleur, elle n'était pas, elle avait vu les autres, ils étaient venu les chercher, elles avaient été nourries, elles seraient aimées. Mais elle ? Elle n'avait rien, elle n'avait pas de nom, elle n'avait pas de forme, elle n'avait pas de parents. Elle se sentait seule dans cette grotte. Il n'y avait qu'elle et cette créature éventrée. Peut-être était-elle comme Elle ?

Elle s'approcha d'Elle, Son corps était froid, plus froid que celui de la caverne, Sa peau était plus dure que la pierre, et pourtant Elle semblait si légère. Lentement, la petite créature difforme se mit à changer, de longues pattes noires perforées se mirent à supporter un corps fin au ventre transparent. Maintenant, elle avait un corps, il ne lui manquait plus qu'un nom et de la nourriture. Mais elle était aussi fatiguée, si elle voulait survivre, il fallait qu'elle se repose.

Elle s'approcha de Son ventre et s'y glissa, avec sa salive elle le referma et s'endormit. Son sommeil ne lui apporta aucun repos. Elle vit toutes ces créatures, capables de faire pousser les arbres, de commander le vent et de faire de la magie. Elle ressentit cet Amour qu'Elle avait cherché toute sa vie pour qu'il l'emprisonne, elle ressentit toute cette haine pour ces créatures.

Elle était faible, elle devait devenir forte, plus robuste que les poneys terrestres, plus agile que les pégases, et plus puissante que les licornes. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle perça son couffin à l'aide de sa mimique de corne, elle n'était pas parfaite, mais elle était imposante, longue, solide, crochetée. Ses yeux fendus voyaient parfaitement dans l'obscurité de sa grotte. Elle remua ses ailes, elles étaient fines et légères. Mais fragiles. Elle les replia sous carapace, puis se retourna vers Elle.

Désormais, elle avait une forme, un nom, et de quoi se nourrir. Elle passa sa langue fourchue le long de ses canines, et entreprit de dévorer Celle qui avait été sa chrysalide.

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Note de l'auteur

Merci à Kawete pour m'avoir donné l'idée d'écrire cette histoire et pour sa relecture.

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BroNie
BroNie : #48258
Le début m'a fait penser à une partie de Black and White qui tourne mal.
Il y a 6 mois · Répondre
supersonic
supersonic : #48244
WOW, mais cette histoire de l'origine des habitants d'equestria, d'equestria
en lui-même et de chrysalis, par le pouvoir du chaos de discord que cette
fiction est trop cool "20% coulers" comme dirait Rainbow Dash
Il y a 6 mois · Répondre
lnomsim
lnomsim : #48243
Sonatwilipie25 juin 2017 - #48242
Wow.
Juste une question, qui sont Lui et Elle ? Les premiers êtres vivants du Monde ?

Pour faire simple et vraiment tres tres tres resume. Oui.
Il y a 6 mois · Répondre
Sonatwilipie
Sonatwilipie : #48242
Wow.
Juste une question, qui sont Lui et Elle ? Les premiers êtres vivants du Monde ?
Il y a 6 mois · Répondre
LtZip
Il y a 6 mois · Répondre
Argos76
Argos76 : #48240
Les origines du Monde, des princesses Celestia et Luna, et de la reine Chrysalis. Ça alors.
Il y a 6 mois · Répondre

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