Une histoire stupide

C’était à nouveau la période des neiges dans Equestria, les pégases avaient fait leur travail à la perfection : le froid mordait dehors, la neige arrivait aux genoux dans la forêt Everfree, les arbres avaient, pour la plupart perdu leurs feuilles et il ne restait plus que des sapins pour garder cet endroit sombre et effrayant, la plupart des animaux avaient hiberné et seul un zèbre et un pégase continuaient leur vie dans cet endroit gelé et morbide, bien que par ces périodes de fête, le zèbre préférait côtoyer les gens de Ponyville. Il ne restait que Tida dans sa petite cabane au fond des bois, mais il ne regrettait rien. Certes il vivait reclus dans son petit coin de forêt, mais il avait la paix, la chaleur d’une cheminée son petit potager, sa petite collection de livres, bref, son petit nid douillet. Évidemment, et surtout en cette période de froid intense, il avait besoin de la ville pour survivre, il était donc obligé de se sociabiliser un minimum, et de gagner son argent pour combler ce que la nature ne pouvait pas lui offrir.

Il gagnait son argent de façon plus ou moins honnête en acceptant les petits travaux qu’on lui offrait, il n’avait pas besoin de grand-chose et n’était pas vraiment superficiel, à Ponyville les gens ne le connaissaient que de vue, et il avait envoyé bouler le seul démon rose qui avait essayé de sympathiser avec lui.

Il avait toujours gardé une seconde image pour la société. Le premier jour, son retour à Ponyville après l’avoir quitté il y avait plusieurs années, il portait une cape rouge, ses lunettes teintées jaune spour cacher ses yeux vairons, l’un vert l’autre violet, et un chapeau de la même teinte que sa cape, un rouge sanguin foncé qui se mariait avec son corps noir, voilant sa cutie mark qui ne représentait qu’un simple rond vert. Dès son arrivée sa tenue sombre digne d’un méchant de dessin animé et son comportement silencieux et solitaire avait fait naître des rumeurs à son propos. Les gens l’évitaient et en rajoutaient une couche à chaque fois qu’ils voyaient ce poney enroulé dans le rouge, si bien qu’ils l’avaient nommé « Red Nightmare ». Tida Night ne s’était jamais plaint de la réputation de ce second lui, il l’utilisait même lorsqu’il voulait être pris au sérieux là où il allait, ou alors lorsqu’il voulait que les gens l’évitent encore plus que d’habitude. Il lui arrivait même de choisir cette tenue les jours où il se sentait en colère pour x ou y raison, il prenait ses habits et sortait faire un tour pour affirmer cette mauvaise réputation.

Et ça durait depuis bientôt quatre ans, son corps, à force de subir les conditions de vie assez déplorables, s’était bien endurcie, il était assez musclé bien que plutôt maigre, et les quelques cicatrices cachées par sa robe noire ajoutaient à son air menaçant.

Il détestait la Heart’s Warming, il la haïssait de toutes ses forces, car même s’il ne voulait pas se l’avouer à lui-même, il était solitaire, et il était totalement jaloux de tous ces poneys qui s’amusaient, riaient, et passer de bonnes fête ensemble. Il pensait à cette famille qui s’échangeait des cadeaux, lui il n’avait personne pour des cadeaux, les gens mangeaient un excellent repas, lui se contentait de manger ses habituelles salades de plus en plus fades au fil du temps, et la liste des choses qui le contrariaient et le faisait jalouser augmentée d’année en année, et évidemment, cette satanée fête était dans 2 jours.

Tida se reposait après une petite balade à Ponyville avec son costume rouge effrayant, continuant d’afficher sa mauvaise humeur qu’elle soit factice ou non. Il avait fait chauffer une bonne quantité d’eau chaude dans une marmite et l’avait versée un bassin de pierre qu’il avait aménagé dans une salle à part de sa cabane, qui ressemblait de plus en plus à une maisonnette au fil des ans. Le temps était sec malgré la neige tombée récemment, il avait donc décidé d’utiliser une partie de l’eau pour laver son costume.

Il adorait se détendre dans l’eau, qu’elle soit chaude ou froide, il se sentait comme ailleurs quand il était dans l’eau, fermant les yeux, se laissant flotter sans réfléchir, vivant dans un univers noir, flottant dans le vide infini sans aucune pensée, si ce n’est un désagréable bruit qui n’était pas celui du crépitement des flammes de la cheminée dans la salle d’à côté. Ce bruit venait de dehors, un petit crépitement, ça devait être une quelconque créature marchant dans la neige dehors, ils ne pouvaient pas tous hiberner de toutes façons.

Il se releva une bonne heure après, s’enroulant dans une une serviette pour se sécher, puis dans une couverture devant la cheminée pour se chauffer, c’était pour ce genre de petits moments au chaud et paisible qu’il se disait que la vie valait la peine d’être vécue, des petits moments de bonheur avant de revenir à la vie réelle, même s’ils ne duraient pas longtemps. Et effectivement, cette journée était bien chiante.

Il avait envie de taper dans quelque chose en regardant le fil à linge dehors, sans linge, et avec des traces de sabots dans la neige. Il ne savait pas ce qui l’énervait le plus en réalité, le fait qu’il se soit fait voler ses vêtements, ou le fait qu’il y ait un mec assez demeuré pour suivre un type à la réputation de psychopathe dans la forêt la plus dangereuse d’Equestria, attendre qu’il aille se laver pour lui voler une cape/veste et un chapeau. Ce vol l’énervait, certes, mais le rendait également très triste. Ça faisait plus de quatre ans qu’il avait ces affaires, elles l’avaient accompagnés dans beaucoup de moments de sa vie, ils faisaient presque parti de lui, même si donner autant d’importance à des habits était en soi stupide.

Il suivit dans le froid les traces de sabots, il allait retrouver le type qui lui avait volé ses fringues et lui casser la figure pour le faire payer, il en était largement capable malgré sa taille plus digne d’une femelle que d’un mâle et ses courbes musclées mais légèrement efféminées. Physiquement on pourrait le trouver mignon, mais niveau virilité, on avait vu mieux. Hélas, les traces menaient à Ponyville, et là-bas, toutes les routes avaient étés déblayées pour laisser le passage aux poneys, plus aucun moyen de le suivre à la trace. Ce type pouvait se camoufler parmi l’immense foule qui se baladait ci et là, voire avait peut-être en projet de quitter Ponyville après son larcin. C’était donc si dur que ça de demander à la couturière blanche de Ponyville de faire une cape et un chapeau ?!

Il retourna chez lui, il était blasé, mais n’avait pas le choix, son prochain achat serait une cape et un chapeau, ça sera l’occasion d’avoir un cadeau pour une fois. Il faisait quand même froid, et se balader dehors sans habits était une idée stupide, mais s’il se baladait dehors avec une couverture sur le dos, il aurait l’air encore plus stupide. Il rassembla ses économies et reprit la route de la maison de la couturière.

Ponyville ne lui avait jamais paru aussi lointaine, il grelottait sur place, faisant de petits pas pour avancer, comme si ses jambes allaient se détacher de son corps s’il faisait de trop grand mouvement. Il loucha à travers ses lunettes jaunes sur une mèche de sa crinière noire qui dépassait sur son champ de vision, elle était légèrement givrée, il en avait déjà assez. Heureusement, il n’avait plus à marcher dans la neige, et maintenant il avait à endurer tout ce bruit. Des rires et cris, des enfants en tenues d’hiver qui gambadaient partout, des poneys de neige trônaient partout dans les rues, des décorations festives égayaient les rues, même si une chose faisait tache dans ce spectacle des fêtes, un grand poney noir dont la légende disait que ses ailes se cachaient sous sa cape, sous sa cape, et les oreilles cachées par un chapeau, son chapeau.

Red Nightmare.

Un connard avec ses vêtements !

LE VOLEUR QUI SE PAVANE AVEC SES VÊTEMENTS VOLES ?!!

Le pégase noir ne savait pas s’il devait s’énerver et aller lui défoncer le visage en public ou alors attendre et le suivre, mais il valait mieux éviter de se faire remarquer, il se mit donc à le suivre le plus discrètement possible.

Il s’éloignait de la foule, cherchant les maisons isolées ou dont les entrées donnaient sur des rues désertes. Il forçait les serrures en les cassant à l’aide d’une espèce de grosse pelle aux bords aiguisés, une fois la poignée et le verrou sans doute défoncé, il entrait dans la maison et prenait ce qui l’intéressait avant de ressortir. Il n’en revenait pas, il avait volé pour pouvoir faire passer Tida pour un voleur ? Non, pour utiliser un personnage de mauvaise réputation pour de mauvais actes ! La seule raison pour laquelle il n’avait pas déjà été chassé de Ponuville quand il venait comme ça était qu’il n’avait en réalité jamais commis de délit ou de crimes, ce type était en train de ruiner sa double réputation...ou de l’affirmer de façon trop réaliste. Il voulait juste faire peur aux gens, pas inciter à la haine envers lui-même, mais en prévoyant tous les scénarios catastrophes que cette situation pouvait engendrer, c’était bien la dernière à laquelle il aurait pu penser.

Il ne savait pas comment justifier tout ça, si ce n’était en se débarrassant de tous les biens dans un lac, ou en les jetant devant la mairie en pleine nuit. Et il retournait dans la rue avec son sac rempli de bien volés sans aucune honte quelconque ? Les gens se forçaient à l’éviter, c’était normal d’un côté qu’il se sente en sécurité, de plus aujourd’hui il se promenait avec une arme, et personne ne pouvait l’arrêter pour se promener avec une simple pelle.

Une petite jument jaune commença à s’approcher de lui l’air déterminé, qu’est-ce qu’elle voulait la petite sotte, elle ne pouvait pas juste avoir peur de ce méchant poney noir en rouge comme tout le monde ?! Et tous les poneys la regardaient, qu’est-ce qu’elle veut faire ?

-Excusez moi monsieur Nightmare.

-Hein ? Tu veux quoi gamine ?

-Je m’appelle AppleBloom, et je me disais que les gens vous rejetaient pour des raisons totalement infondées. J’ai une amie nommée Zecora qui était dans le même cas que vous.

Pendant que la petite ponette parlait sous le regard éberlué de la foule, et de deux de ses copines orange et blanche, l’usurpateur affichait un grand sourire, Tida ne comprenait pas quelle idée était en train de germer dans cet esprit tordu de voleur de chapeaux, mais ça ne présageait rien de bon.

La petite lui tourna le dos pour s’adresser à la foule :

-Twillight nous a donné une bonne leçon la première fois, nous ne devons pas reproduire les mêmes erreurs et…

Tida vit le voleur lever sa pelle une fois que le dos de la pouliche fut tourné, il allait lui taper dessus ? Mais avec une arme pareil il allait la tuer. Mais c’était bien fait pour elle après tout, tout le monde lui disait qu’il ne fallait pas traîner auprès de Red Nightmare, et elle, elle voulait faire sa maligne !

Alors pourquoi il se retrouvait à pousser la gamine et à se mettre sous la pelle ? Il leva les yeux en louchant sur la masse qui s’abattit sur son visage.

Tida poussa un gémissement de douleur en ouvrant les yeux, les portes de Tartarus s’étaient ouvertes justes entre ses deux yeux, et un flot de créatures étaient en train de forcer pour passer en lui brisant le crâne, c’était la seule explication logique pour justifier une telle douleur. Pour aider la douleur, lorsqu’il ouvrit les yeux, la vive lumière du dehors lui agressa la rétine, il poussa un autre gémissement et se mit à tapoter autour de lui pour trouver ses lunettes, mais il ne les trouva jamais, ses yeux durent s’adapter à son environnement agressif pour survivre.

Lorsque ses yeux daignèrent lui offrir un champ de vision suffisant, il vit trois poneys. La gamine maligne, une espèce de cowpony et une infirmière blanche à la crinière rose style bubble gum l’entouraient, et ils semblèrent soulagés de le voir se réveiller. Il sentait un truc épais et humide autour de son front, et en louchant sur son museau il pouvait voir que ce dernier était couvert d’un pansement imbibé d’une espèce de produit rouge-orange. Ce fût l’infirmière qui prit la parole en première :

-Déjà éveillée ? Avec le coup que vous avez pris sur le crâne je m’attendais à plusieurs jours de coma, il vous a fendu. Vous aurez une petite cicatrice, nous avons minimisé les dégâts grâce à la magie, ce sera à peine visible sous votre robe pour les premiers jours, et pratiquement invisible pour la suite, je vais aller chercher votre feuille de sortie, je reviens.

Tida ne comprenait pas vraiment, il se souvenait juste d’avoir pris un bon coup dans le crâne, et d’avoir passé un bon moment perdu dans une étendue noire, et ça avait été plutôt reposant. Il aurait aimé ne pas avoir à se réveiller, c’est pénible de se réveiller quand on dors aussi bien. Très pénible.

La petite jument jaune s’approcha du lit d’hôpital, Tida n’avait pas envie de la regarder, il pouvait déjà sentir la pitié dans son regard et la tristesse de le voir dans ce lit pour une raison aussi stupide.

-Merci de m’avoir aidé monsieur.

Tida déglutit en entendant cela, il détestait ce petit air, c’était comme si elle avait honte de devoir lui dire merci, cette gamine aimerait ne pas être ici, et lui non plus n’aimait pas être ici. La fermière orange posa une patte sur le torse de la cadette et sourit à Tida :

-Nous vous sommes vraiment reconnaissants pour ce que vous avez fait pour AppleBloom, v’serez toujours l’bienvenu au Sweet Apple Acres !

-Mouai...Ok…

Les deux sœurs lui lancèrent un dernier regard empli de pitié et de gratitude avant de sortir en le saluant aimablement, le laissant seul avec lui-même pour réfléchir et se reposer.

-...Cette histoire est stupide.

Il ne savait même pas pourquoi il avait aidé la pouliche, il ne comprenait pas pourquoi un mec aurait envie de lui piquer ses fringues pour faire passer un faux méchant pour un vrai méchant, et il trouvait stupide le fait de devoir attendre dans cet endroit puant l’antiseptique et le vieux. Il en avait eu assez pour sa journée et n’avait qu’une envie, c’était de rentrer chez lui, malgré le fait que la moitié de son visage était recouvert de pansements.

Il attendit que l’infirmière revienne avec une feuille l’autorisant à sortir de l’hôpital, elle lui donna des indications selon lesquelles il devait refaire son pansement toute les 5 heures et se reposer, bref, toutes les conneries auxquelles on a droit quand on sort d’hôpital. Il était totalement blasé.

Il rentra chez lui la tête ailleurs, il avait éteint son cerveau pour un moment, il avait besoin de repos. Il alluma un feu de cheminée, prit ses habituelles couvertures et passa plusieurs heures devant le feu à rêver de choses et d’autres, mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir observé par quelque chose.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, il brailla, il savait déjà quel était ce jour maudit. Le lendemain, c’était la Heart’s Warming, et aujourd’hui, c’était la Heart’s Warming Eve. Il avait envie de se rendormir pour se réveiller deux jours plus tard, mais il ne pouvait pas, il devait faire de son mieux pour récupérer ses affaires. Une question demeurait tout de même, où ce type pouvait bien vivre ? Tout le monde savait que Red Nightmare vivait dans la forêt Everfree, ça ne faisait que raviver les rumeurs, et pour ce qui est de Tida Night, les gens ne savaient pas, et s’en fichaient royalement. Seul la folle rose du Sugar Cube Corner avait vaguement tenté de s’y intéresser, mais Tida avait réussi à l’ennuyer au point qu’elle renonce. Il avait passé son temps à l’ignorer, comme si elle n’existait pas, et même si ce qui en était ressorti était des larmes, il s’était dit que ça lui passerait. Maintenant, quand elle croise son regard, elle essaie vaguement de le saluer avant de continuer son chemin.

Il changea son pansement et prit la route de Ponyville, en levant les yeux, il vit que le soleil était déjà bien au-dessus de sa tête, il ne savait pas combien de temps il était resté devant la cheminée à dormir, mais il devait être vraiment fatigué.

Les rues de Ponyville étaient agitées aujourd’hui, et Tida savait pourquoi : Tous ces gens avaient totalement oublié ou n’avait juste pas trouvé de cadeau pour la Heart’s Warming, ça voulait dire que les gens allaient courir dans tous les sens et gueuler pour avoir tous leurs caprices, c’était quand même fou qu’une fête aussi attendue soit si peu préparée.

Évidemment, avec toute cette agitation dans les rues marchandes, certaines rues sans magasins étaient totalement désertées, et le malfaiteur continuait de commettre ses larcins. Tida se décida à le suivre jusqu’à ce qu’il soit sûr de pouvoir l’arrêter, il aurait bien une occasion de le prendre par surprise, sans ameuter les gens proches. Il ne voulait pas compromettre sa couverture de Red Nightmare, déjà que le coup sur la tête de la pouliche jaune allait peut-être lui être fatal, il ne fallait pas en rajouter.

Ce ne fut qu’en fin de journée, quand les gens commençaient enfin à rentrer chez eux, que les familles se réunissaient pour la veillée chaleureuse que Tida put suivre le malfaiteur, il avait dû se cacher tout l’après-midi, mais même en étant le chasseur, il continuait de se sentir observé, il n’arrêtait pas de regarder autour de lui pour savoir qui était encore en train de l’espionner pendant qu’il espionnait quelqu’un d’autre, c’était très dérangeant.

Lentement, la lune se levait et le voleur prit une route pour sortir de Ponyville, et prendre le chemin d’un lac, un grand lac gelé de toutes parts. Le terrestre noir devait sans doute être plus grand et plus musclé que le pégase, et celui-ci pouvait marcher dessus, Tida n’aurait donc aucun problème. De l’autre côté de la rive il y avait un mont de neige, et sous cette neige se cachait un gros sac qu’il alimenta de tous les bien qu’il venait de piller. Ce sac était énorme, mais le poney lui tournait le dos, c’était le moment rêvé. Il prit son élan et se jeta sur l’étendue d’eau gelée, écartant et se cambrant sur ses pattes pour garder l’équilibre, et finit par le percuter de plein fouet.

Son adversaire poussa un cri de surprise en s’écrasant le museau dans la neige, se débattant tandis que Tida lui montait sur le dos. Il tenta de frapper sur les pattes arrières , au niveau des articulations, pour faire le plus mal possible à son ennemie, mais tout ce qu’il réussit à prendre fut une puissante ruade dans le torse, l’envoyant glisser sur la glace. Il poussa un râle de douleur, sa cage thoracique avait émis un bruit sourd assez violent, deux belles traces de sabot noires auraient été visibles s’il n’était pas noir.

L’usurpateur se releva en grommelant, une grimace causée par un mélange de douleur et de froid, il était en colère maintenant, et Tida avait mal évalué la force du poney qu’il venait d’agresser, son corps lui faisait très mal maintenant, récupérer ses affaires n’allait pas être aussi facile qu’il le pensait.

Le visage du poney prit un air moqueur lorsqu’il découvrit qui était en face de lui.

-Red Nightmare, t’es venu récupérer tes loques ?

-Tu m’as volé et j’aimerais certaines explications.

-Allons, tu sais aussi bien que moi que c’est plus facile d’être méchant en jouant un personnage méchant non ? Regarde mon beau butin, c’est cool hein ? J’ai une véritable petite fortune dans ce sac, et devine qui sera fautif de ces vols ?

Tida ne voulait pas être fautif, il ne pourrait plus se balader sous sa seconde identité, quand les gens vivaient de peur, il avait tout ce qu’il voulait, les gens s’écartaient sur son chemin, il n’avait jamais à faire la queue, et il était servi le plus vite possible afin qu’il parte le plus vite possible. S’il ne réparait pas les choses, Red Nightmare serait banni de Ponyville, et avoir ce comportement à Canterlot était inenvisageable, il ne pourrait qu’enterrer cette facette de lui.

-Tu vas rendre toutes ces choses, et partir loin d’ici.

Et ce fut au rire du poney en face de lui que Tida se rendit compte qu’il était ridicule à le menacer alors qu’il était bien moins fort que lui, certes le costume était taillé pour paraître plus imposant qu’il ne l’était vraiment, mais la douleur dans son torse et le pansement sur son visage étaient, eux, bien réels. Il se moquait ouvertement de lui, mais il avait l’avantage, et en plus il était armé.

Il s’avança sur la glace, sa grande pelle dans la bouche afin de pouvoir tenir en équilibre sur le sol glissant. Tida pensait de plus en plus que son plan était une bien mauvaise idée, mais maintenant, il ne pouvait plus reculer, il n’avait pas envie de fuir, il était borné et avait sa fierté.

Le poney en face avait beau être plus gros, il était habile, il utilisa ses pattes postérieures pour se propulser en patinant vers lui, en arrivant sur Tida il se mit sur ses pattes arrière en équilibre, saisit sa pelle entre ses antérieures et frappa violemment à l’endroit où était Tida. Ce dernier roula sur le côté en s’écartant le plus possible, un gros impact fendit la glace, la couche était assez épaisse pour ne pas casser, mais rien qu’à la vue de l’impact, Tida savait que ces coups pouvaient être fatals.

Le poney chargea à nouveau, Tida esquivait comme il pouvait, le lac se couvrait d’impacts, et l’usurpateur s’enrageait lentement devant la couardise du pégase noir, qui refusait de se battre et ne faisait que fuir. Il le toucha enfin, fonçant à nouveau vers lui, mais au lieu de frapper, il tendit sa patte du bout du sabot du coté où Tida comptait esquiver, le fauchant au sabot, lui faisant faire une embardée vers l’avant, s’étalant sur le dos sur la glace froide et dure. Il sentit ses os craqués à l’impact, et prit un violent plat de pelle sur le ventre.

Il roula sur le côté pour éviter un tranchant de pelle qui lui allait sur le crâne, un nouvel impacte sur le sol, plus profond que les autres. Il avait très mal et n’arrivait pas à égratigner son ennemie, et plus que tout, il commençait à avoir vraiment froid, la lune se dressait enfin au-dessus d’eux, et de légers flocons commençaient à tomber. Il se sentait toujours observé par une foule silencieuse qui admirait ce combat médiocre.

Tida poussa un grognement sorti du fond de son être et bondit violemment contre son ennemie qui ne s’attendait pas à un tel revirement, le faisant s’affaler sur le dos. Il lui bondit à pattes liées sur le ventre, le faisant cracher en l’air sur le coup, et se mit à lui rouer le visage de coup. Ce fut une grande réussite pour tida d’enfin pouvoir voir le sang de son ennemie couler par son museau, mais il fut rapidement ramené sur terre quand un sabot droit lui fracassa la mâchoire en l’envoyant sur le coté, un filet rouge coulant sur la glace.

Le pégase n’arrivait plus à fermer sa bouche, il avait l’impression que sa mâchoire allait tomber, il sentait son visage brûler à cause de la douleur et du froid, il avait les larmes aux yeux, mais malgré son regard embué, il vit et eut le temps de réagir de rouler sur le côté, un énième morceau de glace.

Un craquement se fit entendre, les deux poneys savaient ce que ça voulait dire. Le lac commença à se fendre et Tida eut juste le temps de décoller en catastrophe pour s’écraser sur la rive, l’autre fut englouti dans l’eau gelée, se débattant comme un fou alors que sa pelle le forçait à aller vers le fond, il la lâcha, mais ses vêtements étaient lourds, et l’empêchaient de nager, il buvait la tasse, mais arrivait à rejoindre la terre ferme, il s’affaiblissait de plus en plus.

Une fois à la rive, il vit le pégase noir au visage ensanglanté qui se tenait devant lui, la bouche ouverte, un filet de sang et de salive dégoulinant de sa mâchoire. Le terrestre le supplia du regard de l’aider, il était à bout, il n’en pouvait plus. Tida regarda un long moment l’usurpateur, le pégase n’avait rien demandé, et lui, dans le seul but d’ennuyer les gens et de lui gâcher sa vie. Il avait tenté de devenir une légende urbaine que Tida avait lui-même crée, il avait voulu devenir Red Nightmare, et il méritait une punition en conséquence. De plus, il avait volé d’innocents poneys pour faire porter le chapeau à cette légende. Il avait fait beaucoup de mal sans aucun doute, il était temps de payer.

Tida le frappa violemment dans le museau, et lui écrasa les sabots, le repoussant dans l’eau gelée, et lorsque celui-ci tentait de revenir, il ne faisait que le repousser encore plus férocement. Le voleur poussa enfin son dernier souffle, et il coula dans le lac. Il ne restait que le pégase blessé et le sac de biens volés. Tida fit quelque pas en arrière avant de s’allonger à coté du sac dans la neige, il était complètement K.O. Il allait trouver comment faire pour rendre tout ça, il allait devoir refaire un tour à l’hôpital et il trouverait, mais il se sentait très faible. Il avait pris cher, et chacune de ses blessures le brûlait atrocement, mais la fatigue l’empêchait de se plaindre.

Il finit par fermer les yeux dans la neige, et tomba dans un sommeil sombre, dans quelque chose de reposant et paisible, il se sentait étrangement bien malgré le froid et la douleur qu’il était censé ressentir, il ne sentait plus rien, il était calme, mais il se sentait toujours observé.

Il sentit quelque chose lui chatouiller le nez, quelque chose d’assez chaud pour qu’il se rende compte que tout son corps était gelé. Il ouvrit les yeux, il se sentait plutôt bien, il vit une jeune pégase devant lui, d’un bleu très clair, et aux yeux très étranges, comme si son iris avait décidé de manger les pupilles de la ponette.

-Qu’est ce que… ?

Il déglutit, il arrivait à parler ? Il remua sa mâchoire dans des grimaces ridicules, sa mâchoire était bien en place, et malgré un petit goût de sang, tout était normal. Il se releva et constata que son corps allait parfaitement bien, ses plaies et ses marques avaient disparu, et même la blessure sur son visage avait disparu. Il jeta un regard éberlué à la pégase qui souriait sans le regarder dans les yeux.

-C’est toi qui m’as soigné ? Vraiment ?

-Pas vraiment.

-Nous t’avons soigné, Tida Night.

Tida poussa un borborygme étrange en aspirant d’un coup, il n’avait jamais eu de réels respects pour l’autorité, mais là c’était différent. Il s’agenouilla en face la princesse, plus de peur de se faire pulvériser d’un coup pour manque de respect que par respect lui-même, devant la reine de la nuit.

-M...Merci princesse Luna.

L’alicorne bleu nuit le fixait de haut, tandis que la jeune pégase retournait à ses côtés, Tida paressait bien misérable par rapport à elle.

-Relève toi jeune poney, nous avons vu ce qui s’est passé. Ce poney était mauvais, et, même s’il aurait dû avoir un procès équitable, ses actes sont impardonnables, surtout en ces périodes de fête.

-C’est bien vrai.

-Néanmoins, même si c’était un être qui ne voulait que le mal des autres poneys, tu as tout de même tué un de tes congénères ce soir, bien que ce soit pour récupérer ton bien et ceux des autres.

Tida poussa une petite plainte, et durant un moment, il se demanda s’il pouvait voler plus vite qu’un rayon tiré par la corne d’une Alicorne capable de lever la lune.

-Connais tu les légendes de l’Heart’s Warming ?

-...Vaguement…

-Tu connais celle de l’étalon de l’Heart’s Warming ?

Tida la connaissait évidemment, tout le monde connaît cette légende d’un poney qui fait le tour du monde en passant par les cheminées pour délivrer des cadeaux aux familles, des cadeaux pour les gentils, et du charbon pour les méchants, mais jusqu’à maintenant, il n’avait jamais entendu parler d’un enfant ayant reçu du charbon.

-Oui…

-Et bien elle est fausse. Chaque année, par villes et villages, nous cherchons un poney pour jouer ce rôle. Tu vois où nous voulons en venir ?

Les oreilles de Tida se plaquèrent sur son crâne. Lui, jouer ce rôle ? Elle ne pouvait pas être sérieuse ! Des dizaines de poneys rêveraient qu’une des princesses vienne lui proposer cela, pourquoi est-ce qu’elle s’intéresserait à un poney qui déteste cette fête ?!

-C’est un choix de SnowDrop, elle est l’esprit de l’HeartWarming, une jeune jument qui trouva jadis le cadeau parfait pour illustrer cette merveilleuse fête et l’importance même de l’hiver.

La petite pégase rigola en lui faisant signe, elle s’avança et s’inclina :

-Je pense que vous êtes l’un des meilleurs choix que nous ayons pu faire pour ce village cet année. Je suis certaine que vous en tirerez quelque chose de bon.

Tida se mordit la lèvre inférieure, il n’y avait pas de doutes là-dessus, cette petite était craquante, elle avait un sourire à faire fondre le plus grand des cœurs de glace. Tida n’avait pas envie de jouer les guignols dans des cheminées, mais d’un autre côté, décevoir cette enfant sonnait comme un acte horrible.

-Et si je refuse ?

-Alors tu seras jugé et condamné pour ton crime.

-...J’ai pas trop le choix donc…

-Vois ceci comme ta pénitence pour ton acte, si tu ne veux pas voir ceci comme un acte de charité.

Tida gardait cela comme excuse, même si en soit il voulait bien le faire rien que pour la petite, mais dire qu’il n’avait pas le choix était quelque chose de plus « digne de lui ». Il poussa un grognement et acquiesça :

-Bien...Donc on fait ça comment ?

Les deux juments se sourirent et lui dirent de les suivre derrière une petite dune de neige. Et le spectacle qui l’attendait était digne des plus grands films comiques.

Neuf Batponys, forts, musclés et fiers, portaient des espèces de serre-tête ridicules avec des fausses, des manteaux marron faits de faux poils pour leur tenir chaud et celui de tête avait une espèce de tumeur en plastique rouge brillant sur le museau. Des gardes déguisés en rennes, attachés à un grand traîneau de bois finement sculpté avec quelques dorures et de la peinture rouge. Dans le traîneau, deux licornes avaient déjà récupéré les affaires volées et les avaient mises dans un sac, et à l’arrière du traîneau des dizaines de sacs, chaque sac correspondant à une adresse. Il faut avouer que pour distribuer les cadeaux, c’était bien plus simple qu’un grand sac avec chaque nom étiqueté sur le papier cadeau.

Tida monta derrière la princesse et la pégase, aux côtés des deux licornes qui écrivaient sur de longs parchemins qui apparemment recensaient des noms, des adresses et le comportement qu’avait eu la personne tout au long de l’année.

La princesse de la nuit fit léviter une boîte devant le pégase noir, qui l’ouvrit très intrigué. A l’intérieur se trouvait un costume rouge et blanc accompagné d’un bonnet du même rouge à pompon. Il ouvrit grand les yeux, presque choqué et jeta un regard assassin à son employeuse.

-C’est hors de question !

-Devons-nous te rappeler ta position jeune poney ?

Il fit une grimace dégoût en guise de toutes réponses, il n’avait aucune envie de faire ça, ça le dégoûtait, son amour-propre en prenait un coup, mais il se força à enfiler le déguisement ridicule, et pour tout dire, il était plutôt mignon comme ça, il espérait que ça soit pour ça que Luna affichait un rictus moqueur.

-Cette histoire est stupide…

-Cesse donc de faire le ronchon. Nous avons du travail ce soir.

Elle frappa dans ses sabots, et le cortège s’éleva dans le ciel étoilé, pour se poser sur la première maison de Ponyville. Une des licornes lui tendit un sac, celui correspondant à l’adresse de la maison. Le pégase noir descendit avec le sac et se prépara à sauter pour aller frapper à la porte, mais un sabot le retint par l’épaule.

-La tradition veut que tu passes par la cheminée Tida Night.

-De quoi ?! Mais c’est dégoûtant ! Je ne sais même pas s’ils la nettoient de temps en temps !

-Les traditions sont les traditions jeune poney. Maintenant, nous te prions de te mettre au travail.

Tida se pencha au-dessus de la cheminée, il n’y avait pas de fumée, donc pas de feu, s’il n’y avait pas de feu avec cette chaleur, les occupants devaient encore dormir non ? Il passa son sabot sur le bord du trou, il était sale, il pouvait sentir la couche de crasse s’étaler sur le bout de sa patte. Il n’était pas du genre pointilleux, mais là c’était tout de même écœurant. Pourtant, même avec le regard de pitié qu’il lança à la princesse, elle demeurait impartiale. Il rentra son ventre, retînt sa respiration, mit le sac au-dessus de sa tête, et bondit. Il glissa dans l’antre noirâtre comme si il était enduit de beurre, la saleté et sa fine taille aidant, il tomba brutalement sur ses postérieur avec un petit grognement de douleur, son costume rouge parsemé de traces noires.

Il releva la tête et les vit, la famille de poneys qui le regardaient, ils étaient attablé devant un dîner qui donnait l’eau à la bouche. Et il faisait chaud, pourtant la cheminée n’avait aucun feu dans son âtre. Il vit les radiateurs électriques aux murs et se frappa le visage avec son sabot, que Celestia bannisse ces radiateurs.

Le père de famille se saisit d’une chaise et la leva au-dessus de sa tête tandis que la femme et les enfants se réfugiaient à l’arrière de la pièce, à l’opposé de Tida.

-Que viens-tu faire ici sale monstre ?! Ça ne t’a pas suffi de nous voler, Tu viens gâcher notre Heart’s Warming ?!

Et il lui jeta la chaise dessus, que tida esquiva d’un vif pas sur le côté, suivit d’un espèce de guacamole qu’il reçut en plein visage.

-Mais ça va pas ? Je viens vous rendre vos affaires !!!

Et il lui jeta le sac aux pattes. Pendant qu’il déballait les cadeaux et récupérerait leurs biens volés, Tida léchait la mixture sur son visage, c’était plutôt bon, il était tenté de se servir dans le festin, il n’avait pas mangé depuis un moment, et il avait encore du travail pour la nuit.

Pendant que les enfants s’émerveillaient des cadeaux qu’ils avaient reçus, le père lui fixait l’intrus avec un regard entre la peur et la gêne.

-Alors vous êtes… L’étalon de l’Heart’s Warming ?

-Ouai.

-Oh par Celestia, je suis vraiment, vraiment désolé, mais vous comprenez on nous a volés aujourd’hui et cette nuit est la plus importante des nuits pour mes petits, ça serait horrible si elle était gâchée…

-Ouai ouai...bon ben moi jvais y aller hein… Travail tout ça…

Il ne savait pas pourquoi mais Tida se sentait très mal à l’aise dans cette maison, il se sentait malvenu, les gens étaient heureux et s’amusaient, la maison était chaude, c’était un cocon familiale parfait, un monde inconnu pour lui, quelque chose qui le terrifiait légèrement en quelque sorte.

Il sortit par la porte, ce qui ne fit que renforcer son idée comme quoi entrer par la cheminée était sale, et malpoli. C’est ainsi qu’il parcourut des dizaines de foyers, par chance, beaucoup de gens étaient couchés à une heure aussi tardive, et il était également surpris du nombre de couples qui profitaient de cette nuit pour s’amuser, pas étonnant que les naissances explosent ensuite. Il avait tout de même rencontré plusieurs personnes qu’il avait juste vues maintenant, des gens qui avaient l’air vraiment gentils en réalité. Il demeurait toujours avec ce sentiment d’être un intrus, quelqu’un qui n’a rien à faire ici.

Il finit par une petite boutique de Ponyville, en entrant, il tomba sur un duo de femelles, une licorne verte menthe et une terrestre blanche légèrement jaune, à la crinière rose et bleue. Elles le dévisagèrent, l’une d’excitation, l’autre d’étonnement.

-Lyra je te l’avais dit ! Je savais qu’il existait !!

-C’est pas possible…

La jument terrestre lui bondit presque dessus en l’examinant minutieusement, heureusement que ça ne dérangeait pas Tida plus que ça, il était habitué à ce qu’on lui jette des regards étranges, soit à cause de ses yeux, soit à cause de ses habits étranges.

-Vous avez même le manteau rouge et le bonnet ! Je savais que vous viendriez !

-Heu...comme chaque années ?

Ce que voyait le pégase dans les yeux de la femelle faisait comprendre à Tida pourquoi des étalons assumaient ce rôle chaque année. Il l’avait déjà vu chez plusieurs enfants, mais même chez une adulte, voir ce regard de joie et d’émerveillement était une expérience qui faisait chaud au cœur. Il sourit légèrement, cherchant une excuse :

-Alors...voyons si tu as été une gentille jument cette année.

Il déposa le sac au sol et l’ouvrit, aussitôt Bonbon se jeta dedans et sortit un gros paquet coloré cyan orné d’un nœud rose. Elle le déchira sauvagement pour en sortir une grosse collection de livres qui lui fit pousser un glapissement de plaisir :

-C’est génial, exactement ce que je voulais !

Elle enlaça Tida, ce qui eut pour effet de le faire rougir sous sa robe noire, et il sortit une boîte verte plus petite qui contenait des figurines de petites créatures très moches, deux jambes, deux espèces de pattes avant qui se trouvaient sur les côtés de leur corps, une tête laide blanche avec une crinière blonde très étrange . Tida ne savait pas ce que ça représentait, mais il éprouvait la plus grande des aversions envers ces choses. Ce n’était apparemment pas l’avis de la licorne qui semblait fascinée

par la créature. Il se pencha légèrement en avant pour lire sur la boîte « figurine officielle de la série ». Il avait lu des dizaines de fictions avec des créatures étranges, mais ça, ça ne donnait vraiment pas envie de lire, ils devaient être les méchants de leurs série.

Il allait ranger le sac quand il remarqua une petite boîte qu’il avait failli oublier dans le fond du sac. Les deux autres étaient en train de s’émerveiller de leurs cadeaux, il sortie une petite boîte verte. Pas d’inscriptions, pas de nom, rien. Ce fut seulement lorsque la licorne verte remarqua la boîte qu’elle se rua dessus pour tenter de l’emmener ailleurs, mais Bonbon l’arrêta net.

-Où vas-tu Lyra ? Et c’est quoi ça ?

-Heu...C’est….

La jument déglutie bruyamment et elle se mit à fixer l’autre dans les yeux. Ce fut le silence, un silence intime, un silence qui devait être vécu à deux. C’est pourquoi Tida sorti en silence, laissant les femelles ensemble, mais le silence ne dura pas, car au moment de décoller, le cri de joie strident d’une jeune mariée retenti dans la maison des deux femelles.

C’était fini, sa nuit était terminée, il voyait tout de même le soleil se lever au loin dans une douce lueur sur le paysage enneigé de la forêt. Il était fatigué, et surtout affamé, il rêvait déjà d’une bonne soupe et de sa couverture. Il avait énormément de mal à garder la tête droite et le vent dans son visage le forçait à garder les yeux fermés. Ils se possèdent en traversant le peu d’arbres restant devant sa cabane, en y regardant plus près, Tida se disait que, même s’il n’y avait pas de décorations, de cadeaux, de lumières vives, pour lui, cette cabane était l’endroit le plus chaleureux du monde.

-Nous te remercions d’avoir accompli cette tâche Tida Night.

Le pégase noir s’inclina devant la princesse de la nuit, la jeune pégase avança à son tour et s’inclina également, Tida avait du mal à la regarder, il sentait quelque chose d’étrange émaner d’elle. Luna se tourna vers cette dernière et se pencha pour lui offrir une caresse affective du museau.

-Merci à tous pour ce que vous avez fait. A l’année prochaine princesse.

La jeune pégase se mit doucement à pulser, son corps émettait une étrange lumière, mais elle devenait transparente, et, tout doucement, son corps finit par se résumer à 3 petites balles de lumière qui fuirent au loin dans la forêt.

Tida se tourna vers Luna dans la plus grande des incompréhensions, cette dernière semblait peinée, et ça se comprenait.

-Snowdrop vivait il y a plus de mille années, mais elle n’est pas une alicorne. Si un jour tu t’y intéresse, son histoire a été écrite dans les livres. Elle est la jument qui a fait de l’hiver ce qu’il est aujourd’hui. Chaque année, elle revient, et choisit des étalons qu’elle trouve les plus intéressants pour être l’étalon de l’Heart’s Warming de son village. Je ne sais pas pourquoi elle t’a choisi, mais son choix est toujours le bon.

Tida doutait de ces paroles, il n’était pas bon pour ce rôle, la preuve, il avait fait ça par contrainte et non par volonté, mais au final, il devait avouer qu’il avait bien aimé cela. Il se sentait mal à l’aise maintenant, cette jeune jument qu’il ne connaissait même pas lui manquait, il ne savait pas pourquoi, mais elle avait gagné une place dans son cœur, il se demandait si tous les étalons de l’Heart’s Warming ressentaient la même chose, c’était un sentiment divin et douloureux à la fois. Il sentait que des larmes pouvaient sortir à chaque instant, mais il ne pleurerait devant personne, et pas pour une raison si stupide.

-Et bien Tida Night, tu es acquitté de ta peine. Nous te souhaitons de bonnes fêtes, nos devoirs royaux nous attendent.

Elle reprit donc la route, volant, tirée par un traîneau qui, de loin, n’était visible que grâce au nez rouge collé au museau d’un des gardes. Ils étaient loin maintenant, et lui, il était seul. Il ne savait pas pourquoi, mais maintenant qu’ils étaient partis, et qu’il n’avait plus aucune raison de voir des gens, il allait s’embêter, c’est vrai que, faute d’avoir eut faim et froid, il s’était au moins occupé durant cette soirée, voire par moments, il s’était plutôt amusé. C’était la première fois que voir des sourires lui avait fait autant de bien, et maintenant, il savait que ça n’arriverait plus, car c’était dans sa nature et dans son caractère.

Il resta là, le derrière dans la neige à réfléchir, durant une bonne heure, le soleil avait commencé à se lever, et lui devait aller se coucher. Il avait faim et était fatigué, mais il voulait que ce jour continue, il se demandait si Red Nightmare pourrait revenir, s’il reverrait un jour Snowdrop, et s’il ressentirait un jour ce qu’il a senti aujourd’hui. Il resta là à contempler la neige sous le soleil, jusqu’à ce que sa raison lui dise que c’était une mauvaise idée, il avait survécu jusqu’à maintenant sans tout ça, ça ne l’en empêcherait pas de continuer.

Il poussa la porte de bois pour découvrir une belle surprise au milieu de son salon devant la cheminée, une espèce de sapin nain avec une ou deux guirlandes et quelques boules décoratives, et au-dessus, sur la pointe, une petite statue en plastique dorée de pégase. Il observa le sapin qui n’était pourtant pas très beau, peu garni, mais qui le fascinait , comme une belle œuvre d’art. Il mit un petit moment avant de remarquer trois paquets en dessous, enrobés à la va-vite dans un papier brillant rouge, il déglutit en approchant, comme si ces derniers allaient exploser.

Une fois qu’il eut osé approché, il déchira sans aucune précaution les emballages, le premier contenait une longue cape écarlate, très épaisse et comportant de multiples poches, ainsi qu’une ceinture en cuir noir pour y attacher des sacs ou autre chose. Le second cadeau était un chapeau rouge avec une bande noire qui se mariait à la perfection avec sa cape. Ces deux vêtements ressemblaient beaucoup à ceux qu’il avait perdus dans le lac, mais ils étaient plus beaux et ils étaient neufs eux. Il se sentait bizarre d’avoir ces affaires, mais il ne regrettait pas d’en avoir des nouvelles.

Dans le dernier se trouvait un cake sous vide avec des fruits secs dedans, Tida n’avait jamais goûté une de ces choses, mais il avait très faim et savait qu’il allait se régaler quoi qu’il arrive. Il ne prit même pas la peine de le couper et mordit à pleine dent dedans, et effectivement, il était délicieux. Il alluma le feu dans la cheminée, prit sa couverture, son cake et se mit à penser en mangeant, à ce qui c’était passer. Il trouvait que cette histoire était stupide, mais elle l’avait rendu heureux, peut-être qu’avec un petit peu de chance, il pourrait être l’étalon de l’Heart’s Warming l’année suivante.

C’est ainsi qu’il s’endormit , tête dans les pattes, et heureux de sa fête cette année.