Le soleil était levé depuis maintenant trois heures, et le Chancelier Kalt quittait son palais en voiture pour se rendre au Sénat. Connaissant par cœur son emploi du temps, il savait que sa mission d’aujourd’hui consistera à la fois de mener et de participer à la séance des « questions des sénateurs ».
C’était un exercice qu’il remplissait sans réel enthousiasme, tant il constatait au fil du temps que les questions pouvaient être aussi longues que sans intérêts, sans réelle vision d’ensemble et de long terme, et avec par moments des réponses très procédurales.
Par ailleurs, malgré sa reconnaissance dans l’utilité de cet exercice pour éclairer les représentants et le peuple sur les agissements de son gouvernement, Kalt estimait que certaines réponses ne devraient pas être données. Ceci afin d’éviter que des informations sensibles ne soient révélées, et ne troublent l’ordre public. Les plus importantes d’entre elles, étant le fait que malgré leurs efforts passés, les minotaures étaient toujours dépendant d’une alicorne pour assurer le dérouler du cycle du jour et de la nuit, et qu'aujourd'hui, une autre de ces puissantes créatures était réapparue et devait découvrir en ce moment ce qui était advenu des siens.
Une fois arrivé dans le bâtiment, il attendit de nouveau que l’ensemble des sénateurs soient installés avant d’entrer à son tour dans la salle des débats. En se dirigeant vers la table au centre, où l’attendaient le général Tactic et quelques secrétaires qui avaient aussi été appelés par les sénateurs. Il observa les représentants, remarquant deux d’entre eux le regarder avec insistance.
Après s’être installé et avoir fait sonner sa clochette pour réclamer le silence, il déclara la séance ouverte, demandant aux sénateurs de bien vouloir poser leur question dans le calme et selon l’ordre de leur inscription préalable au registre.
S’ensuivit alors un échange de questions-réponses, entre les représentants et les personnes assises à la table. Ces dernières prenant la parole après avoir été nommées directement par les sénateurs, et après une concertation de regard avec le Chancelier.
La plupart des questions portaient sur la gestion des affaires courantes du pays, les sénateurs voulant oublier l’épisode de la naissance d’une licorne, qui selon eux n’avait été qu’un « incident ».
La séance dura ainsi une heure et demie, sans réelles questions importantes nécessitant l’intervention du Chancelier, qui se contentait de donner la parole aux sénateurs selon l’ordre établi.
‘‘Ma question sera pour le général Tactic.’’ Commença un autre sénateur en présentant une page de journal. ‘‘Général, selon ce journal d’une province dont je suis le représentant, vous auriez fait commande de plusieurs troncs de bois pour mettre en œuvre la production d’une innovation militaire. J’aimerais donc que vous nous expliquiez quelle est cette innovation, et surtout, pourquoi avoir fait une telle commande alors qu’aucune menace à l’extérieur n’existe. Je vous remercie.’’
Après avoir regardé le Chancelier qui lui fit une discrète approbation de tête, l’officier se leva en direction de son interlocuteur.
‘‘Monsieur le sénateur, comme vous le dîtes, il s’agit d’une commande pour produire en grande quantité une nouvelle arme, que nous avons nommé Arbalète. Je ne vous expliquerais pas son fonctionnement, car les journaux traitant des questions militaires ont déjà été informés et en traiteront dans leur prochain tirage. Après, pour répondre à votre question sur la nécessité de produire cette nouvelle arme, outre le fait qu'elle permettra à nos forces de rétablir l'ordre public en cas de graves troubles internes, cela s’explique aussi par le fait que toute période de paix n’est, malheureusement, pas éternelle. Et qu’il nous faut en conséquence, toujours être prêt pour le moment où le malheur nous tombera dessus. Et comme le disait si bien notre souverain Caesar de la 1ère dynastie, « Qui veut la paix, prépare la guerre ». Néanmoins, comme vous pouvez le constater, nous jouons la transparence avec nos voisins, qui comme vous, pourront être informés de cette innovation par les journaux.’’
A la fin de son allocution, le général se rassit en laissant le Chancelier désigner le nouveau sénateur à prendre la parole.
‘‘Ma question est adressé au Chancelier Kalt. En effet Chancelier, les habitants proches des plaines de l’Ouest ont reçu, par un arrêté signé par vous, affiché dans les mairies et paru ce matin dans « Le journal officiel », l’interdiction formelle de s’y rendre. J’aimerais que vous nous expliquiez la raison de cette interdiction, et ce, quelques jours seulement après « l’incident » au marché.’’
S’attendant à ce que cette question soit posée tôt ou tard, le Chancelier ne laissa pas paraître la moindre surprise sur son visage, et se leva tranquillement.
‘‘Monsieur le sénateur, je ne peux que comprendre votre interrogation, et je vais vous répondre au mieux. Comme vous dîtes, j’ai ordonné hier soir la fermeture de l’accès aux plaines jusqu’à nouvel ordre. Cette « mise en quarantaine » comme je la considère, vise à permettre la vérification par nos troupes de la non-présence d’autres poulains licornes ou pégases, car vous comprendrez qu’avec ce qu’il s’est passé, je ne veux prendre aucun risque. Cette mesure durera le temps que tous les poneys soient contrôlés, ce qui au vu du territoire en question, risque de prendre un certain temps.’’
‘‘Vous n'oubliez pas de nous préciser quelque chose Chancelier ?’’ Déclara une voix en attirant l’attention de ceux présents dans la salle.
En se tournant, le Chancelier constata qu’il s’agissait du sénateur Protective qui s’était levé.
‘‘Pardonnez-moi sénateur Protective, mais vous n’avez pas encore la parole.’’ Lui lança légèrement agacé Kalt.
‘‘Je sais, mais je trouve que la question de mon collègue me permet de me lancer, d’autant que j’estime que vous n’avez pas répondu sincèrement.’’
Voyant les remous dans les rangs de l’assemblée, le Chancelier fit sonner sa clochette et réclama le silence.
‘‘Et peut-on savoir ce que j’aurais oublié de dire sénateur ?’’
‘‘Que l’objectif réel de cette interdiction est de permettre à l’armée de trouver, et sans doute d’abattre, une jument ailée et cornée. Soit, comme on nommait ce genre de poney il y a très longtemps, une alicorne !’’
‘‘Comment osez-vous ?!’’ ‘‘Des preuves !’’ ‘‘Vous devriez avoir honte d’utiliser à des fins personnelles la peur des monstres du passé !’’ ‘‘Ah vous voyez ! Voici la preuve qu’il fallait voter ma proposition de limitation de l’âge pour être élu !’’
La déclaration du minotaure ne manqua pas de faire réagir vivement ses collègues, obligeant le Chancelier à secouer encore et énergiquement sa clochette.
‘‘Silence, je demande le silence.’’ Lança-t-il en haussa un peu la voix, permettant au calme de revenir.
‘‘Chancelier, cette déclaration est-elle vraie ?’’Lui adressa de manière remontée le sénateur Revenge en se levant à son tour.
Après avoir observé l’ensemble des sénateurs et le public qui l’observait intensément, le Chancelier comprit qu’il n’y avait pas d’autres issues.
‘‘Bien… Je confirme les dires du sénateur Protective.’’ Céda-t-il, provoquant de nouveaux tumultes dans la salle. ‘‘Je comprends… Je comprends votre inquiétude. Et je peux vous assurer que je mets tout en œuvre pour mettre hors d'état de nuire cette jument.’’ Poursuivit-il en tentant de ramener le calme. ‘‘Je me sens aussi obligé de vous avouer, qu’elle a déjà abattu froidement un de nos soldats, qui venait tout juste de s’engager. Vous comprendrez maintenant que cette interdiction d’accès aux plaines, vise donc à assurer la protection de nos concitoyens qui pourraient être menacés par cette jument. La séance est levée.’’ Expliqua-t-il calmement avant de prendre la direction de la sortie. En partant, il reçut quelques injures de sénateurs qui l’accusaient d’avoir trahi le peuple en cachant une telle information, pendant que d’autres prenaient sa défense et l’encourageaient à éliminer cette alicorne. Le tout, sous les flashs des appareils photos des quelques journalistes présents voulant immortaliser la scène.
‘‘Monsieur le Chancelier, le capitaine Soldier est arrivé en ville.’’ Lui dit à voix basse un secrétaire dans le couloir.
‘‘Ah, bien. Faites le venir dans le palais, et amenez aussi le soldat Tongue… et avertissez aussi monsieur Gray de me rejoindre à mon bureau, j’ai une petite affaire à régler.’’ Répondit-il d’un air d’où on pouvait sentir de l’exaspération, laissant ensuite le secrétaire partir en courant.
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