Chapitre 1

Chapitre 1 :

La vision de Célestia

La Princesse du Soleil venait de se lever. Comme à son habitude, Célestia se levait une vingtaine de minutes avant de faire lever de l’astre du jour. Ainsi elle prenait son temps afin de s’habiller, se nourrir et saluer tranquillement sa jeune sœur la Princesse de la Lune qui elle, s’en allait se coucher après sa nuit à régner et veiller sur les rêves des habitants d’Equestria. Célestia se réveilla alors comme à son habitude avant de s’installer à sa coiffeuse et de se préparer pour ce nouveau jour. Alors qu’elle allait prendre sa brosse, elle fut surprise de voir celle-ci enveloppée d’une brume bleu foncé voleter doucement vers sa crinière. Enfin, elle ne fut surprise que quelque secondes car elle comprit directement ce qui se passait. Célestia se détendit alors quand elle sentit la brosse démêler doucement sa crinière. Et la souveraine du jour devait bien l’avouée, elle adorait que sa petite sœur la coiffe. C’était l’un de leurs rares moments qui leur étaient vraiment personnels. L’un des seuls moments où Célestia et Luna pouvaient être juste ce qu’elles étaient dans la réalité, deux sœurs s’aimant infiniment l’une et l’autre, juste deux membres d’une même famille. Durant ces moments-là, aucune des deux n’avait à parler à l’autre et c’était le cas maintenant, un simple bonjour silencieux.

La jeune princesse de l’astre de nuit finit alors de brosser la crinière de la princesse de l’astre du jour. Célestia mit alors son collier d’or autour de son cou, enfila ses souliers et déposa sa couronne sur sa tête. Elle se tourna alors vers sa jeune sœur avant de mettre sa patte au-dessus de son cou et de l’enlacer de ses ailes. Ce qu’elles pouvaient aimer les moments simples de ce genre. La souveraine du jour regarda alors l’horloge, elle devait faire lever le Soleil dans exactement cinq minutes. Les deux sœurs n’avaient pas vu le temps passé. Luna regarda alors sa grande sœur avec un regard plein d’excuses. À cause d’elle, Célestia n’aurait même pas eu le temps d’accomplir son habitude quotidienne en l’empêchant de se sustenter. Mais la princesse du Soleil rassura celle de la lune d’un clin d’œil complice.

C’est ainsi que se séparèrent alors les deux sœurs. L’une allant réveiller les poneys, et l’autre allant se coucher après une nuit de règne. Luna rentra alors dans ses appartements. Enlevant doucement ses souliers, son collier et sa couronne de princesse de la lune avant de s’allonger dans son lit et de se recouvrir de sa couverture. Certes, Luna avait pris l’habitude de dormir le jour, durant le règne de sa sœur ainée. Mais elle ne dormait que les matinées, et aussi surprenant que cela puisse paraitre, cela lui suffisait assez pour qu’elle puisse se reposer. Néanmoins avant de s’endormir, elle regarda Célestia faire lever le soleil par sa fenêtre. Luna trouvait sa sœur si belle et majestueuse quand elle faisait s’éveiller l’astre du jour. Elle la voyait doucement illuminer sa corne d’une brume dorée, ouvrir doucement ses immenses ailes puis tirer doucement le soleil des terres où il avait été envoyé pour son sommeil. Oui, tout se passait bien. La souveraine de la nuit ferma alors ses rideaux avant de tourner le dos à la fenêtre, enfonçant un peu plus sa tête dans son oreiller pour s’endormir tranquillement. Mais Luna ne s’endormit pas.

La princesse de la lune entendit alors un cri qui la fit sursauter. C’était un cri de souffrance, un cri que poussait Célestia. Ayant peur, la souveraine de la lune ouvrit les rideaux de sa chambre et ce qu’elle vit la fit tressaillir de peur. Célestia était en feu. Le corps de la princesse du jour était dévoré par les flammes. Elle était même carrément devenue une simple flamme. La crinière arc-en-ciel de la princesse était maintenant devenue une flamme bleue, aux bordures rosées. Le bout de ses ailes se colorait d’un rouge vif. Et ses yeux étaient maintenant devenus d’un noir profond effrayant et ténébreux d’où ne sortait qu’une pupille d’un bleu froid et sans âme.

Voulant à tout prix aider sa sœur, Luna fonça, vola à toute vitesse vers la flamme qui emprisonnait le corps de la princesse du jour, brisant la fenêtre de sa chambre au passage. Elle s’en fichait qu’elle soit vue à nue par les soldats du château ou les habitants de Canterlot, ce qu’elle souhaitait était d’aider sa sœur ainée. Elle essaya tout d’abord d’éteindre le feu en commandant aux pégases soldats du château, de rassembler le plus de nuages possible pour faire tomber la pluie. Cela ne marchant pas, elle utilisa un sort de lévitation pour faire s’élever l’eau des douves du château pour la faire tomber sur la princesse ardente. Mais l’eau s’évapora à cause de la chaleur du feu avant de l’atteindre. Elle essaya tous les sortilèges anti-incendie qu’elle connaissait. Elle-même essaya d’enfermer la flamme dans une bulle pour que le manque air tente d’étouffer le feu. Elle demanda encore une fois de l’aide au pégase pour que ceux-ci l’aident à créer une bourrasque afin d’essayer d’éteindre le feu. Mais rien n’y faisait. Luna tourna alors de sa sœur essayant de trouver une solution en vain. Elle avait beau essayer, le corps de Célestia se tordait encore et encore de douleur. Et ces cris ! Luna le voyait, si elle ne trouvait pas quelque chose maintenant, Célestia ne tiendrait plus très longtemps.

Alors qu’elle continuait à voler autour de son ainée, la princesse du jour remarqua quelque chose. Dès qu’elle passait devant le soleil, les flammes semblaient quelque peu disparaitre. Luna réessaya l’expérience plusieurs fois et elle remarqua alors ce qui avait été devant ses yeux depuis le début. C’était les rayons du soleil lui-même qui alimentait le feu. La princesse de la lune essaya alors plusieurs procédés. Elle enferma la souveraine du Soleil dans une bulle d’ombre, elle essaya de se décaler doucement de Célestia vers le soleil, et inversement, dans l’espoir que l’ombre qu’elle créait enveloppe totalement le corps de la souveraine du jour et n'éteigne le feu, mais rien ne marchait. Elle en déduisit donc une chose. La flamme ne s’éteindra jamais tant que le soleil brillera dans le ciel. Luna fit donc une chose dont elle n’avait pas l’habitude. Elle prit le contrôle du soleil pour le coucher et fit s’élever la lune. Elle savait que les habitants de Canterlot et d’Equestria l’excuseraient pour cette exception.

Une fois le Soleil remplacé par la Lune, la flamme qui emprisonnait Célestia vient à s’éteindre. La souveraine du jour regarda alors sa jeune sœur. Elle était fatiguée et avait l’air aussi effrayée que pouvait l’être Luna. La princesse de la lune vient à approcher et à la prendre entre ses pattes. Luna regardait son ainée, elle était épuisée et essoufflée. Célestia avait beaucoup de mal à reprendre son souffle comme si l’oxygène arrivait à peine à atteindre ses poumons. Elle n’arrivait pas à reprendre son calme. Dès qu’elle tentait de reprendre son souffle par grandes goulées d’air, elle s’étouffait et toussait pour évacuer ce trop-plein d’oxygène. Elle s’affaiblissait à vue d’œil. Célestia se remit alors à crier de nouveau. Mais contrairement à la dernière fois, ce n’était pas un cri de souffrance, mais de peur. Et à voir la façon dont la princesse du jour tremblait, criait et s’agitait dans les bras de sa jeune sœur, cela n’était pas une peur anodine. Luna devait essayer de tout faire pour la calmer. Sinon sa sœur ainée les ferait toutes les deux chuter.

Luna : Tia ! Tia ! S’il te plaît, Tia, écoute-moi ! Il faut que tu te calme !

Célestia : Je ne peux pas ! Si je me calme, j’arrêterai de voler ! Et si j’arrête de voler, je vais tomber !

Luna : Tia, tu ne vas pas tomber ! Je te le promets ! Arrêtes de voler, je te porterai !

Célestia : Non ! Non ! Il ne faut pas que j’arrête de voler ! Si j’arrête, je tomberai ! Et si je tombe, elle m’attrapera !

Luna : Comment ça Tia ! Qui t’attrapera ?!

Célestia : Elle ! Tu ne la vois pas ?!

Luna : Attends ? Voir quoi ?

Célestia : Elle !

La jument du jour pointait d’un sabot tremblant l’eau restante des douves du château.

Luna : Quoi ? L’eau ?

Célestia : Non pas l’eau ! Elle !

La princesse de la nuit regarda alors le sabot de la souveraine du jour. Ce n’était l’eau en elle-même que Célestia pointait quelque chose de plus précis.

Luna : Ton reflet ?

Célestia : Ce n’est pas un reflet ! Tu ne vois pas qu’elle est bien réelle ? Tu ne la vois pas ?

Luna regarda alors vers l’eau. Tout ce qu’elle voyait c’était elle-même portant sa sœur ainée pleurant de peur, complètement agitée par quelque chose d’invisible.

Luna : Tia ! Il faut que tu te calmes ! Ce que tu vois dans l’eau est une image de toi ! Ce n’est pas réel !

Célestia : Luna ! Elle est réelle !

Luna : Tia, je ne vois rien d’autre que ton reflet !

Célestia : Luna ! Je te dis qu’elle est bien réelle ! Tu ne me crois pas ?!

Qu’est-ce que la souveraine de la nuit pouvait répondre à ça ? Luna continuait de regarder Célestia dans les yeux, à la recherche de vérité. Mais ce qu’elle y voyait n’était une qu’une peur infinie. Une telle frayeur, que n’importe qui aurait put la confondre avec de la folie pure.

Luna : J’ai beaucoup de mal à te croire grande sœur.

Luna avait dit cette phrase d’un calme surprenant. Elle voulait essayer d’aider sa sœur ainée. Peut-être que Célestia souffrait d’un effet post-traumatique à cause de la flamme qui l’avait emprisonné et qu’à cause de cela, elle hallucinait ? En tout cas, Luna était sûre d’une chose. Cette fois, c’était à elle de jouer le rôle de grande sœur et d’aider à se relever. Elle pouvait bien faire cela pour celle qui l’avait aidée bon nombre de fois.

Célestia : Je te dis qu’elle est réelle ! Luna, si tu ne la vois pas ! Dis-moi au moins que l’entends rire ! Je t’en prie Luna ! Dis-moi que tu peux l’entendre rire !

Luna fit un simple non de la tête. Célestia épuisé entoura le cou de sa sœur de ses pattes et mit sa tête au creux de son cou. Luna tenta alors de se montrer la plus rassurante possible en caressant tendrement le dos de sa sœur de son sabot. En dessous d’elle, à terre, soldats, gouvernantes et domestiques du château ou simples citoyens d’Equestria regardaient le spectacle en silence, inquiets pour la princesse du jour.

Alors qu’elle croyait que le calme était enfin revenu, Luna entendit Célestia tousser. Comme si elle s’étranglait. La princesse de la lune regarda alors celle du soleil. Oui, elle était en train de s’étrangler, mais la chose qui inquiéta le plus Luna fut de voir ce qui sortait de la bouche de sa sœur dès qu’elle toussait. À chaque toussotement, Célestia crachait un petit peu de sang. Apeurée par la vue du sang, Luna ordonna aux soldats d’aller chercher un médecin. Ce que les pégases de l’armée royale exécutèrent sans broncher. Luna regardait Célestia impuissante. La princesse de la lune connaissait des sorts de soins, mais, elle n’avait jamais été confrontée à un problème de santé comme celui-ci. Luna dégoutée, sentait les gouttes de sang couler sur les poils de sa robe. Mais ce qu’elle ne vue pas fut que les gouttes de sang tombaient irrévocablement dans les douves, ou plus particulièrement, directement sur le reflet de la princesse.

C’est alors que Luna eut plus de difficultés à tenir sa sœur ainée. Célestia tremblait et sursautait, comme si elle était parcourue d’un courant électrique. L’état de la princesse du soleil s’aggravant de secondes en secondes. La peur de la princesse de la Lune ne cessant de grandir, elle hurla, commandant aux soldats de trouver un médecin au plus vite. Luna tenta de serrer sa sœur un peu plus fort contre elle afin de l’immobiliser. Mais elle n’arriva pas, recevant alors un coup de la Princesse du Soleil, la princesse de la Lune la lâcha, la laissant tomber dans le vide.

Célestia eut à peine le temps de tourner la tête vers son reflet que Célestia était déjà rentrée en contact avec l’élément liquide. Mais ce qui l’étonna fut de voir son reflet qui continuait à la regarder. Ce reflet, cette seconde alicorne qui n’était d’elle-même la regardait méchamment de ce regard noir sans âme. Célestia recommença à paniquer, son reflet filait, nageait maintenant vers elle. Les pattes avant grandes ouvertes vers elle, semblant vouloir l’attraper. Célestia tenta encore et encore de se débattre donnant des coups et assommant alors son attaquant, l’emmenant alors au pays de l’inconscience. Alors que la souveraine de l’astre du jour arrivait à la fin de ses réserves, commençant alors elle aussi à sombrer, elle vit soudainement l’apparence de l’alicorne aux yeux noirs changée. Sa robe blanche était devenue bleu foncé et sa crinière de flamme bleu et rose ressemblait maintenant à une nébuleuse étoilée. Et sa marque de beauté semblable à un soleil noir avait laissé place à un croissant de Lune sur le fond d’une nuit noir d’encre. Luna ! C’était Luna et non l’alicorne aux yeux noirs que Célestia avait assommée. Cette seule pensée vida le reste d’air qui habitait les poumons de la souveraine du jour, la faisant sombrer dans le noir le plus complet.

Par on ne sait quel moyen, Luna se réveilla. Après avoir secoué la tête pour reprendre conscience, les joues toujours gonflées d’air, elle nagea. Fila aussi vite que ses pattes et ses ailes pouvaient l’aider. Elle saisit sa sœur entre ses pattes avant et essaya de la ramener à la surface. Luna fut alors rejointe par deux pégases qui avaient plongé pour aider la princesse de la lune à ramener celle du jour sur la terre ferme. Une fois sa sœur sur terre, elle vit le médecin royal galoper vers eux, accompagné de deux pégases vers eux. Mais le médecin, ainsi que chacun des soldats s’arrêtèrent tout d’un coup ! Chacun regardait la souveraine du jour, les yeux remplis d’effarement et d’incompréhension. Ne comprenant pas pourquoi les poneys aux alentours regardaient sa sœur ainsi, Luna regarda sa sœur. Le regard de la princesse de la Lune changea, devenant l’identique du regard des poneys environnant.

Le flan… La croupe… La marque de beauté de beauté de sa sœur avaient changés. Ce n’était plus un soleil à la dorure éclatante qui pouvait réchauffer le cœur des poneys et des créatures les plus tristes. Le magnifique astre du jour était maintenant devenu un soleil noir, maléfique, chaotique et obscur, dont chacun des rayons s’entremêlait. Le médecin déclara même, décontenancé, que c’était la première fois de toute sa vie qu’il voyait cela. C’était la première fois qu’il voyait la marque de beauté d’un poney changé ainsi.

Sur ordre de Luna, les soldats pégases ainsi que le médecin, emmenèrent Célestia dans ses appartements. Avant de la rejoindre sa sœur, Luna fit lever le soleil, et demanda aux domestiques et aux personnes importantes d’annuler les rendez-vous et projets importants que la princesse du jour avait de prévu pour la journée. Ce qu’ils acceptèrent sans rechigner aux vues de l’événement qu’elle venait de vivre. Luna rejoint alors sa sœur. Le médecin qui l’accueillit lui expliqua l’état de Célestia, disant qu’elle aurait surtout besoin de repos dans les jours à venir. Luna comprit immédiatement et dit alors qu’elle accomplira les devoirs de sa sœur dans les prochains jours. Une fois le départ du médecin partit, Luna s’approcha du lit de Célestia avant de s’asseoir à côté d’elle. Luna se sentait mal, elle voyait sa sœur qui souffrait et s’agitait dans son sommeil. Elle faisait surement un cauchemar. Luna aurait voulait l’aider, mais étrangement, la princesse de la Lune n’avait jamais réussi à rentrer dans les rêves de sa sœur ainée. Elle ne pouvait donc pas l’aider. Et elle ne pouvait pas la réveiller, le médecin le lui avait formellement interdit. Le médecin qui était une licorne avait jeté un sort de sommeil très puissant. Il fallait que Célestia se repose et dorme. Même si elle faisait des cauchemars, elle ne devait être réveillée sous aucun prétexte. C’est donc désespérée et désemparée que Luna regardait sa sœur ainée dormir. Du moins, juste en apparence.