L‘atmosphère d’Appleloosa pouvait se décrire de bien des façons. Pour beaucoup, cette ville reculée possédait un charme pittoresque fort sympathique propre à égayer les plus mornes esprits. Pour d’autre, le long périple ferroviaire nécessaire à son accès n’était qu’un bien pâle désagrément comparé aux plaisirs offerts par leurs spécialités culinaires à base de pommes. Moins nombreux mais virulents sur la question, ses propres habitants la considéraient comme le plus bel endroit d’Equestria, bien que peu d’entre eux n’aient réellement voyagés. Enfin, pour sa part, Starlight Glimmer n’apposait qu’un seul mot sur cet air campagnard aux antipodes de ses habitudes : Torride.
La langue pâteuse et l’esprit embué, la jument rose avait quitté la gare principale depuis près de dix minutes, s’offrant tout entière aux bourrasques chargées de sable qui hantaient les rues. Risquant un coup d’œil sur la lettre portée magiquement au plus près de son visage, elle émit un grognement sourd. Même les instructions -pourtant très précises- de Twilight n’étaient pas capables de la ramener sur le droit chemin ! Un temps de réflexion aurait été d’une aide précieuse pour étudier l’écrit de son amie, mais la chaleur estivale couplée à une déshydratation prononcée limitait drastiquement les capacités cognitives de la licorne. Cette dernière en était donc réduite à errer entre les maisons avec l’espoir de tomber -par hasard- sur sa destination.
Marchant à ses côtés, Angel ne semblait pas non plus au sommet de sa forme et transpirait à grosses gouttes. Pour ce voyage ci, Starlight s’était pourtant fermement opposé à ce qu’il l’accompagne. Ses arguments avaient étés divers et posés, le plus percutant ayant été le rappel qu’aucune carotte ne poussait dans le désert. Mais même cette remarque pernicieuse au sujet de son encas favoris n’avait pas suffi à décourager le lapin blanc, plus déterminé que jamais. Toute contrainte physique s’avérant inefficace sur lui, la jument s’était finalement résignée à l’emmener avec elle.
« Je te l’avais bien dit, Angel ! Appleloosa n’est pas un endroit viable pour un lapin. Dommage, je suis certaine qu’en ce moment Fluttershy prépare un délicieux souper destiné à tous tes petits amis. » En guise de réponse, l’intéressé usa du peu de salive qu’il lui restait pour tirer haineusement la langue à la jument. Habituée à ce genre de réaction, Starlight ne s’en offusqua pas et continua son harassante marche. Elle n’était pas dupe, elle savait qu’Angel ne l’aimait pas, qu’il n’aimait personne d’ailleurs. À vrai dire, la raison pour laquelle il l’accompagnait depuis des années dans ses missions lui échappait complètement. Tout juste pouvait-elle dire que cet étrange mammifère souhaitait pour l’instant la même chose qu’elle : Atteindre au plus vite le bâtiment que sa lettre mentionnait.
Vacants à leurs occupations habituelles, les Appleloosiens ne semblaient nullement gênés par les rayons brûlants qui frappaient leur pelage clair. Beaucoup la regardaient passer avec une curiosité non feinte, étant peu habitués à rencontrer une étrangère à cette époque de l’année. Malgré l’apparente bienveillance de ses observateurs, Starlight baissait instinctivement les yeux et accélérait le pas à leur approche. Les terribles actes qui hantaient toujours son passé étaient en effet connu de beaucoup de poneys, et la licorne repentante doutait fort que sa réputation ne l’ait pas précédée dans cette ville reculée.
Sa posture fermée à toute discussion permit à la jument de parcourir quatre rues sans être interpellé par qui que ce soit. Mais arrivée à la cinquième, un étalon plus curieux et intrépide que les autres tenta sur elle une approche amicale. S’arrêtant à sa hauteur, il afficha un grand sourire et voulut engager la conversation. « Bonjour mademoiselle, je suis… » Angel, qui ne semblait pas du tout enclin à perdre son temps en discussion, mit immédiatement fin à sa phrase d’accroche en frappant de sa patte postérieure le sabot du poney. Ce dernier n’insista pas et se dépêcha de dégager le passage, le visage crispé de douleur. Quelque peu soulagée d’avoir évité ce premier contact, Starlight porta néanmoins un regard réprobateur sur le compagnon de Fluttershy, puis afficha une mine désolée à l’infortuné terrestre. Touché par ce rejet, il lui retourna son excuse, ses yeux envahis par l’incompréhension.
« Tu aurais pu faire un effort, Angel ! le réprimanda-t-elle alors qu’ils s’étaient éloignés. Si tu frappes tous ceux qui m’abordent, comment me ferais-je de nouveaux amis ? » Ce sermon surchargé d’hypocrisie n’atteignit même pas les oreilles -pourtant très larges- du lapin adoptant une marche plus soutenue encore. La jument rose n’insista pas et allongea à son tour le pas.
Ce fut un grand soulagement pour les deux voyageurs quand, au débouché de la ruelle, ils découvrirent enfin l’artère principale de la ville, le point de repère décisif de leur parcours. Il suffit dès lors à Starlight d’un simple coup d’œil circulaire pour trouver l’endroit où l’essentiel de ses pensées se trouvait déjà : Le meilleur bar d’Appleloosa.
Situé entre la bibliothèque et l’hôtel de ville, le bâtiment était construit entièrement en bois et correspondait exactement à la description qu’Applejack lui avait faite peu avant son départ. Son enseigne, évocatrice du type de boisson que l’on servait ici, avait la forme d’une pomme stylisée sur laquelle était inscrite « Chez Berry » en lettres dorées. Des fenêtres ouvertes sortaient un brouhaha confus, suivit quelques secondes plus tard d’un individu qui vint s’écraser sur le sol poussiéreux. Là, il honora la terre par un flot d’injure et de vomi avant de s’éloigner en titubant. Pour la nouvelle arrivante, le doute n’était plus permis, elle se trouvait exactement au bon endroit.
Pressée de rentrer dans cet établissement unanimement reconnu pour la qualité de son alcool, la ponette au pelage parme faillit oublier un objet indispensable pour pénétrer en ces lieux. La gorge sèche, elle sortit de son sac de voyage un bandeau blanc qu’elle noua serré autour de son patte gauche, de sorte qu’il ne gêne pas ses mouvements. Autour d’elle, les badauds marchaient au ralenti, leurs têtes orientées dans sa direction. Peu désireuse de se faire d’avantage remarquer, la licorne essuya la sueur qui perlait sur son front puis entra dans le bar, à l’abri du soleil et des regards indiscrets.
Prudente, Starlight demeura sur le palier le temps que ses yeux s’habituent à la faible luminosité de la salle. Cet instant d’attente lui permit d’observer minutieusement le lieu, notant mentalement toutes les issues potentielles. L’essentiel du mobilier se composait d’un grand bar marbré, d’un miroir de même longueur accroché derrière et enfin d’un billard sur lequel s’affairaient bruyamment plusieurs poneys, deux licornes de sexe opposé, un terrestre et un pégase. Ce fut sur ces joueurs que la licorne reporta son attention avant de se diriger d’un pas décidé vers le plus costaud d’entre eux. Ce dernier mobilisait toute sa concentration sur les trois dernières boules encore présentes sur le tapis, si bien qu’il ignora l’étrangère tentant de l’interpeller. Pas patiente pour un sous et agacée par cette indifférence, Starlight usa de sa magie pour déplacer les boules dans leurs trous respectifs à l’instant même où l’étalon frappait de sa canne le coup décisif.
« Bon sang mais qui est le crétin qui a fait ça ? cria l’étalon aux licornes qui entouraient le billard, tout en brandissant énergiquement son bâton de jeu. Il veut mourir ou quoi ? » La seule jument cornue du groupe émit un petit toussotement et pointa du sabot la responsable du gâchis. En voyant la ponette au crin bicolore le regarder sévèrement, le terrestre aux muscles épais parut un court instant décontenancé. « Je peux savoir pourquoi vous avez fait ça, madame ? demanda-t-il avec un agacement à peine masqué.
-Mon nom est Starlight Glimmer, agent auprès de la loi équine. Je cherche à voir un dénommé Brise-goule, c'est bien vous ?
-Ouais, c'est moi et alors ?
-Je possède sur vous un dossier stipulant que vous avez étés impliqués dans plusieurs actes de vandalisme et de violence envers autrui, vous le confirmez ?
-Pourquoi, vous voulez m'arrêtez ? » Le ton employé était spontanément provocateur, comme si la femelle qui lui faisait face ne représentait aucune menace pour lui. Néanmoins le reste de sa bande ne semblait pas partager son avis, au point qu'un de ses membres vint lui souffler quelques mots à l'oreille. Starlight était trop loin pour comprendre ce que disais le cornu vermeil à son chef, mais suffisamment près pour percevoir la grande inquiétude de ce dernier. Selon toute logique, il devait la connaître.
« Ah ah ! Elle est bien bonne ! Toi, Castagne l’Écarlate tu aurais peur de cette jument ? Sérieusement tu me déçois beaucoup. » Les quelques poneys qui occupaient le reste de la salle se tournèrent l'un après l'autre vers l'origine de ces rires. Sans avoir l'air de s'en soucier, le terrestre brun écarta du sabot son subalterne aussi apeuré qu'humilié, puis s'approcha au point de se trouver presque museau contre museau avec son interlocutrice. Cette gênante proximité obtenue, il parla de façon à ce qu'elle seule puisse l'entendre. « Pour une raison qui m'échappe, mes amis semblent tous te craindre. En bon meneur, je me dois donc de les rassurer en leur montrant ma supériorité. Je te donne alors un simple conseil : Retournes gentiment d’où tu viens… Et marches à l’ombre car on ne voudrait pas qu’un si joli corps n’attrape un coup de soleil, n’est-ce pas ? il se redressa et reprit sa tirade à volume normal. Donc, apparemment je n’ai pas été très sage et de gentils petits poneys s’en sont plaints. Dire que je n’ai pas molesté plusieurs d’entre eux serait un mensonge, mais -que les individus situés derrière moi en soient témoins- chacun d’entre eux avaient amplement mérités leur correction. »Les intéressés hochant la tête, il reprit avec plus d’assurance encore. « Et puisque que vous semblez un tantinet rigoureuse sur les procédures, voici leur noms : Bill le batteur, Sand Chaude, Castagne le trouillard et…
-Brise-Goule, arrêtes bon sang ! l’interrompit l’étalon cornu que l’humiliation récente n’avait pas suffi à faire taire. Tu es en train de nous condamner avec tes conneries ! » Mais le mal était déjà fait. En une fraction de seconde, Starlight Glimmer avait récupéré son dossier et notait soigneusement les noms fournis, un léger sourire sur les lèvres. Elle qui détestait avoir à identifier ses cibles, cette dénonciation en bonne et due forme allait lui permettre de sauter cette étape et de terminer son travail beaucoup plus rapidement.
Profitant de l’engueulade que le mâle aux muscles hypertrophiés offrait à l’idiot ayant eu le culot de l’insulter, la jument rangea ses documents puis s’empara du bâton qui ceignait son flanc. C’était une pièce de bois noueuse, pas plus longue qu’un pied de table et sur lequel plusieurs symboles abstraits étaient gravés. Même un équidé non-initié à la magie aurait facilement comprit son utilité, pourtant ce ne fut pas le cas du terrestre lorsqu’il se retourna.
« Qu’est-ce que c’est que ce machin ? demanda-t-il en regardant le sceptre pointé droit sur son flanc.
-Brise-Goule ! Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous condamne, vous et vos acolytes, à la peine capitale ! » Et réunissant l’essentiel de sa magie à l’extrémité de son bâton, elle appliqua la sentence.
Surpris par l’attaque, les quatre poneys commencèrent à hurler quand un halo lumineux enroba entièrement leur corps. Les plus vifs tentèrent de se dégager de cette spirale infernale, mais leurs efforts s’avéraient rapidement vains et ils disparurent comme les autres dans la masse colorée. Accentuant davantage encore sa pression mentale, Starlight entendit un long râle émerger du vortex, suivi quelques instants plus tard de trois marques de beauté rutilantes. La jument étouffa immédiatement son sortilège et attrapa par télékinésie les précieux emblèmes qui se mirent à flotter sans but dans la pièce.
À une époque, la jument se rappelait avoir entreposé dans une prison de verre ce qui faisait le talent et la fierté de tout poney. Ce n’était pas par fétichisme où dépit, mais plutôt par crainte de réaliser une erreur irréversible. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour le comprendre, mais désormais cette habitude chronophage lui semblait absurde.
Les marques de beauté continuèrent à planer quelques secondes puis, ne retrouvant pas les corps qui les portaient, elles s’évaporèrent comme si elles n’avaient jamais existé. Les yeux horrifiés de leurs hôtes fixèrent sans comprendre le vide formé, aussi bien dans la pièce que dans leurs âmes. L’agent royal, pour sa part, tentait d’expliquer une autre disparition. Allons bon, où était passés cette licorne au pelage pourtant tape à l’œil ? La réponse lui vint naturellement quand un coup violent l’atteignit à la nuque. L’impact la projeta au sol avec une force telle qu’elle en lâcha son précieux bâton, immédiatement récupéré par Castagne. Pas de doute, elle l’avait sérieusement sous-estimé en le pensant incapable de réaliser une téléportation.
Délaissant la canne de billard utilisée lors de son premier assaut, l’étalon brandit haut l’arme de son adversaire avant de l’abattre sur le sol. Le bruit du bois se déchirant sous l’impact eut un écho désagréable dans l’esprit de Starlight qui n’eut pas le temps de s’y intéresser davantage. Déjà, son opposant était sur elle et la plaquait durement face contre terre. « Alors sorcière, tu fais moins la maligne sans ton ridicule bâton d’enchanteur !
-Lâches-moi tout de suite, brute ! Tu aggraves ton cas.
-La bonne blague ! Comme si tu n’avais essayé de tout me prendre à l’instant !
-Crois-moi, tu n’as encore rien vu. » Le poney rouge ne releva pas la remarque et laissa son sabot traîner négligemment sur le flanc de sa victime. « Je te connais Starlight Glimmer, je sais ce que tu as fait à des centaines de poneys ces dernières années grâce à ton talent.
-Merci, mais je ne suis pas sensible à la flatterie. Castagne la frappa du sabot, au niveau de la tempe.
-Tu en es fière, c’est ça ? Bien sûr, qui ne le serait pas en ayant l’honneur de servir les princesses ! D’ailleurs, je suppose que ce sont elles-mêmes qui te donnent leurs instructions ; ou plutôt leurs ordres car tu n’es qu’un pantin sans âme ni conscience ! » Le silence s’installa dans le bar depuis longtemps déserté de ses clients, rompu seulement par la respiration saccadée des deux combattants. Starlight finit par pousser un long soupir et reprit froidement. « Parfois je me demande si ce que je fais est bien, si les sentences que j’applique ne sont pas outrancières envers le droit des poneys, son interlocuteur desserra quelque peu son étreinte, interloqué par cet aveu. Je ne suis pas bien placé pour dire ce qui est bien ou mal, mon passé est bien trop sombre. Pourtant, à chaque fois que je rencontre l’un d’entre vous, mon avis est toujours la même : Vous n’avez pas votre place à Equestria ! » Et sollicitant la totalité de son potentiel magique, la jument frappa le mâle qui avait osé lui tenir tête.
L’impact le projeta en arrière avec une force telle que les murs du bâtiment tremblèrent à son contact. Retombant à quelques pas de ses amis choqués, ceux-ci constatèrent qu’en plus de sa marque, l’étalon avait été dépossédé de toute la pigmentation de son pelage. L’horreur monta d’un cran quand l’intéressé qui ne se relevait pas malgré ses yeux ouverts commença à baver sur le plancher, le sort ne s’étant pas contenté d’affecter son corps... Quelques sanglots surgirent alors de la bouche de la jument qui n’osait encore bouger.
Revenue sur ses quatre sabots, Starlight jeta un rapide coup d’œil sur les quatre poneys désormais inoffensifs, puis sur les restes de son bâton. Encore une fois, son adversaire s’était laissé berner en croyant que son pouvoir provenait de cet objet, et encore une fois elle allait devoir le remplacer. Usant de sa magie, la licorne récupéra les fragments de bois avant de se diriger lentement vers le bar. « Un verre d’eau, s’il-vous-plaît. » Demanda-t-elle à la gérante livide qui s’exécuta en tremblant.
Le miroir suspendu à hauteur d’épaule lui renvoyait l’image d’une ponette très déplaisante à regarder. Son visage fermé sur lequel un filet de sang s’épanchait, ses pupilles dilatées au point d’en crever, et cette corne encore enrobée d’une magie malfaisante offraient un spectacle aussi macabre que terrifiant. Berry Punch semblait souffrir de cette présence malsaine, une sensation partagée par Starlight qui détourna rapidement les yeux de son propre reflet. La jument au crin indigo n’était pas idiote, elle savait bien que ce geste n’allait pas faire disparaître comme par enchantement le monstre logé en elle, mais les remords qui l’assaillaient à chaque contact suffisaient pour lui faire fuir la confrontation.
Buvant à petite gorgée son verre, l’agent royal observa Angel qui, son arrière train posé sur le rebord d’une table, grignotait d’un air boudeur une pelure de pomme. Perché sur cet observatoire, il s’était fait oublier de tous et avait assisté avec intérêt à l’altercation sans pour autant y prendre part. Starlight ne disposait d’aucune preuve, mais elle était certaine qu’il avait pris du plaisir à observer ces poneys recevoir leur châtiment. En réalité, derrière ce pelage immaculé et cette adorable frimousse, un démon cruel était certainement tapi ; et en attendant le jour où il serait enfin délivré de ce corps inoffensif, il devait passer ses nerfs en côtoyant le plus souvent possible l’horreur. Sinon pourquoi la suivrait-il ?
Alors que ses pensées s’égaraient vers celles du petit lapin, la licorne sentit progressivement son pouvoir refluer. Elle soupira de soulagement et osa un nouveau regard devant elle. La jument qui lui faisait face avait désormais un visage expressif et aimable, bien différent de ce qu’elle avait vu plus tôt. Satisfaite, elle termina d’une traite son verre, paya et se dirigea lentement vers la sortie.
Il ne lui restait que trois pas à franchir quand Angel releva la tête, le museau agité par de brusques soubresauts. Il resta dans cette position pendant cinq bonnes secondes avant de filer droit vers le comptoir derrière lequel Berry Punch devenait blanche comme un linge. La corne crépitant, ignorant les plaintes de la tenancière, Starlight se précipita à sa suite, contourna le meuble et fondit sur sa proie. Elle arracha alors sans aucune surprise de sa cachette un poulain d’une dizaine d’années à peine, le flanc orné d’une batte de base-ball et de plusieurs dents cassées. L’enfant étant mentionné dans son dossier, elle allait devoir se charger de lui également.
« Pitié ne faites pas ça ! » Cria Brise Goule qui s’était pourtant tût jusqu’alors. Faisant la sourde oreille, la licorne traîna jusqu’au milieu de la pièce le petit pégase en larmes.
« Ce n’est qu’un enfant, il n’a rien fait de mal, vous n’avez pas le droit ! » Renchérit Berry Punch en désespoir de cause. L’interpellée soupira. Que les parents pouvaient être idiots quand leur progéniture était menacée ! « Taisez-vous madame Berry ! C’était votre devoir d’élever convenablement votre enfant, et regardez donc son flanc ! Estimez-vous heureuse que l’alcoolisme ne soit pas condamnable, sans quoi vous y serez aussi passé. » Starlight jeta sans ménagement le condamné sur le sol, puis se prépara à jeter son sort.
« Je vous en prie, c’est un bon gars, donnez-lui sa chance ! »
Une chance ? Ce dernier mot frappa l’oreille de la jument avec une telle force qu’elle en sursauta. Le pardon, c’était ce que lui avait offert la princesse de l’amitié des années plus tôt, lui permettant de racheter ses nombreuses fautes. Qui était-elle pour la refuser à un jeune poney dont l’avenir restait encore à bâtir ? Honteuse et choquée par son comportement, elle désamorça la charge magique qui ceignait son front et s’éloigna de son prisonnier, encore tétanisé par la peur.
« Vous avez raison, je ne peux pas appliquer ce châtiment à un enfant de son âge, éthiquement parlant, admit Starlight à son auditoire. Néanmoins, je reviendrai à sa majorité pour m’assurer de sa probité.
-M… Merci Madame ! sanglota Berry tout en se précipitant vers son fils. Nous l’éduquerons de manière exemplaire, j’en fais le serment ! » C’était plus qu’il n’en fallait pour la jument rose qui prit le chemin de la sortie, un Angel contrarié par son acte magnanime sur ses talons. Se souvenant brusquement de la blessure issue de sa précédente lutte, elle entreprit de nettoyer son visage avec un mouchoir juste avant de passer la porte d’entrée. Ce n’était pas par coquetterie ou par gêne, mais plutôt par crainte de présenter aux yeux du peuple une blessure pouvant s’interpréter comme une faiblesse. En effet, une réputation d’invaincue se devait d’être entretenue afin d’exercer efficacement sa profession.
À son grand étonnement, le soleil couchant n’offrait au regard de la licorne qu’une rue vide et silencieuse. Seule une silhouette se confondant dans les teintes orangées du crépuscule semblait attendre son arrivée. Commandée par sa prudence, elle étudia son approche avec attention, magie prête à servir. Cette licorne au poil doré, Starlight était certaine de ne jamais l’avoir rencontré, et pourtant une aura familière émanait de sa personne. Rien d’explicable, juste un sentiment de déjà-vu.
Arrivée à sa hauteur, la jument au crin ardent l’interpella d’une voix mal assurée. « Est-ce bien toi, Starlight Glimmer ? l’intéressée hocha doucement la tête, perturbée par cette brusque rencontre. Mon nom est Sunset Shimmer, je suis une amie de la princesse Twilight et j’aimerais te parler. »
Les deux ponettes s’étaient installées sur une petite table dans le fond d’un restaurant. Il était encore tôt et la douzaine de clients présente dans la pièce se trouvait à une distance que Starlight jugeait suffisante pour préserver la confidentialité de leurs paroles. Cela ne rassura pas pour autant la dénommée Sunset qui ne cessait de s’agiter nerveusement sur sa chaise, comme si ce qu’elle était sur le point de faire lui avait été formellement interdit.
Agée d’une trentaine d’années, la ponette au poil jaune ne portait rien sur elle, si ce n’était un épais ceinturon couvert de poches de taille variable, et malgré sa carrure relativement importante, l’agent royal voyait en elle une grande fragilité, comme si le monde qui l’entourait était susceptible de la menacer.
La jument couleur parme attendit patiemment que le serveur ait pris leurs commandes avant de passer à l’attaque. « Pourquoi es-tu ici, Sunset ? demanda-t-elle avec brusquerie.
-Je te l’ai déjà dit, je souhaitais te rencontrer.
-Eh bien c’est fait, alors que veux-tu maintenant ?
la jument au crin rouge et jaune voulu répondre, mais se ravisa. Après un instant d’égarement, elle reprit d’une voix hésitante.
-À vrai dire, je… Je ne sais pas vraiment. J’ai entendu parler de toi, de ton passé, et j’ai voulu apprendre à te connaître. Ça m’a pris comme ça, sur un simple coup de tête ! » Starlight dût prendre sur elle pour ne pas extérioriser son agacement. Son train arrivait en gare dans moins d’une heure et elle avait autre chose à faire que d’écouter une ponette en manque d’attention !
Alors qu’elle était sur le point de prendre poliment mais fermement congé, Sunset lâcha une phrase stoppant immédiatement son geste : « Je sais que cela peut te paraître idiot, mais en vérité je voulais que nous finissions par parler de Twilight Sparkle.
-Princesse Twilight ! la corrigea-t-elle par automatisme.
-Oui tu as raison, princesse Twilight. » S’excusa la licorne jaune avec une humilité presque excessive. Piquée dans sa curiosité, Starlight abandonna l’image de sa confortable cabine la ramenant vers des contrées moins sauvages et se réinstalla sur sa chaise. « Très bien Sunset, je t’écoute, qu’as-tu à me dire à son sujet ?
-Avant cela j’aimerais que l’on discute un peu. Qu’est-elle réellement pour toi ?
-Mon amie.
-Et comment l’est-elle devenue ? » L’interrogée soupira, comprenant que cet échange risquait d’être interminable. Par chance, les repas arrivèrent à cet instant précis, lui permettant de remettre à plus tard cet épineux sujet.
Sunset Shimmer avait commandé un plat des plus atypiques pour un poney, composé à part égal de riz, de blettes et de fromage. De son côté, la licorne au pelage rose avait opté pour une simple salade de laitue et de roquette amplement suffisante à satisfaire son appétit d’oiseau. Voyant que ses deux clientes pouvaient maîtriser la magie, le serveur déposa une paire de fourchette sur la table avant de prendre poliment congé.
Starlight attrapa par télékinésie son couvert et la planta avec adresse dans le contenu de son assiette. Alors qu’elle portait à ses lèvres sa première bouchée, un léger coup porté sur son sabot lui rappela ses obligations envers l’estomac d’Angel, étonnement discret jusqu’à présent. Une épaisse feuille de laitue lévita alors hors de son assiette avant d’atterrir dans les pattes du lapin blanc. Celui-ci renifla le végétal, croqua à l’intérieur, puis plissa de dégout sa truffe pourtant si mignonne. Insensible et lassée par son petit jeu d’enfant gâté, Starlight ne chercha même pas à lui proposer une autre variété et reporta son attention sur sa propre faim.
S’attendant à ce que son hôte fasse de même, elle fut bien surprise de voir celle-ci, un sabot posé sur sa propre fourchette, afficher une mine perplexe. Elle se reprit rapidement et un halo verdâtre entoura sa corne, signe révélant avec certitude la présence d’une activité magique. L’étonnement de la jument alla croissant quand elle vit la pièce d’argenterie décoller brusquement vers le plafond avant de s’y planter tête en avant. Les joues rougies par la honte, Sunset la fit redescendre avec d’infinie précaution jusqu’à leur table, plusieurs morceaux de plâtre coincés entre ses dents. Par chance, personne dans le restaurant ne s’était aperçu de l’incident. Personne excepté Starlight.
« Tu as un problème avec ta magie ? demanda la jument au crin bleu et rose avec une pointe de dédain. Son interlocutrice perçu son mépris et sa posture, avenante une fraction de seconde plus tôt, devint subitement agressive.
-Pour information, j’ai été l’élève de Célestia bien avant Twilight, lui répliqua-t-elle sèchement. Je pourrais te mettre au tapis en l’espace d’une seconde si mon dernier contact avec la magie d’Equestria ne remontait pas à plusieurs années ! » Peu habituée à ce qu’on lui manque de respect, Starlight sentit son sang bouillir en entendant ces propos provocateurs. Son regard glissa vers le flanc de Sunset, orné d’une magnifique marque de beauté en forme de soleil. De quoi aurait-il l’air une fois dépouillé à jamais de son blason ? Mue par une volonté propre, sa magie commença à s’accumuler à la pointe de sa corne dans un crépitement menaçant. Si la puissante licorne ne s’était pas rudement interposée à sa propre pulsion, le sort se serait jeté de manière entièrement spontanée sur la ponette au poil jaune, désintégrant à la seconde son précieux talent.
Ce n’était pas la première fois que Starlight Glimmer perdait ainsi le contrôle et manquait de céder à la facilité de la violence. À vrai dire, cette tension l’accompagnait en permanence, profitant du moindre sursaut de colère ou d’agacement pour s’exprimer au grand jour. La jument rose ne se l’était jamais cachée, elle savait que les années passées à exercer ses sinistres fonctions étaient la cause principale de sa fragilité psychologique. Tout poney un tant soit peu sensé aurait démissionné en le comprenant, pourtant Starlight n’en avait rien fait. Parfaitement consciente de ce qu’elle devenait, elle avait continué sa rude besogne sans relâche, abandonnant l’intégralité de son être au profit du royaume. Par chance, sa méfiance envers soi-même l’avait à chaque fois sauvée d’une irrécupérable erreur que personne, pas même elle, n’aurait pardonné.
Voyant que son opposante ne ripostait pas, Sunset dépoussiéra son couvert et commença à se rassasier avec un silence mordant. Désireuse de ne pas laisser son corps et son esprit sans occupation, ne trouvant rien à ajouter, l’autre ponette s’empressa de l’imiter.
Starlight avait déjà mangé quatre feuilles de laitues, trois de roquettes et une de persil quand la licorne dorée se décida à reprendre la parole. « Tu sais Starlight, je crois que nous ne sommes pas parties sur un bon pied. À vrai dire, je ne suis pas quelqu’un de très sociable et je m’excuse d’avoir réagi de manière si brutale. C’était très stupide de ma part. » En entendant ces mots, la jument au poil rose manqua d’avaler de travers. Son interlocutrice venait de s’excuser pour un débordement dont elle était seule et unique responsable ! Cet élan d’humilité la troubla au point qu’elle ne sut quoi dire sur l’instant. « Ce… Ce n’est pas grave, Sunset. Je te comprends… » Répondit-elle enfin. La licorne hésita un court moment, puis continua. « En toute honnêteté, moi aussi je suis quelqu’un de solitaire, et il est possible que je me sois quelque peu emporté. Mes excuses à toi aussi. » Un petit sourire sur le coin des lèvres, Sunset tendit le sabot par-dessus la table, bien décidée à sceller cette réconciliation par un contact physique. Starlight n’hésita pas une seconde et allongea à son tour la patte.
À peine les deux sabots se fussent-ils touchés que la jument rose comprit son erreur. Elle voulut battre en retraite mais son hôte, les sourcils froncés, la retint. « Tu trembles, Starlight. Tu trembles comme une feuille alors qu’ici la chaleur est étouffante. Que t’arrive-t-il ? » L’interrogée voulu répondre, mais sa langue fut comme happée par sa propre gorge. Tentant de comprendre la raison de ce blocage soudain, elle ne sentit pas tout de suite qu’un tourbillon d’émotion avait envahi ses pensées.
C’était un mélange pur, dénué de toute ombre, que lui offrait la sincère preuve d’attention de la jument dorée. Il ne lui fallut qu’un court instant pour balayer, lessiver les moindres recoins de son esprit fermé, envahit par la moisissure. Starlight se sentit aussitôt beaucoup plus légère, comme si désormais plus rien n’entravait ses gestes.
Cette sensation ne dura pas plus d’une dizaine de secondes, mais la jument au crin bicolore la savoura avec un immense plaisir. Pour la première fois depuis des années, elle venait de rencontrer une jument susceptible de la comprendre ! Certes, ses espoirs étaient certainement infondés, ce qui ne l’empêcha pas de s’y accrocher vaillamment. Trixie était devenue célèbre et l’avait oubliée, Sunburst l’avait fuie quand il avait appris son désir d’approfondir leur relation, mais aussi incroyable que cela puisse paraître, après tant d’échecs et de déconvenues, le désir de se faire des amis ne l’avait jamais vraiment quittée !
Attendant patiemment sa réponse, Sunset parût bien surprise en voyant son interlocutrice afficher un sourire franc. Cette dernière se dégagea avec une certaine douceur et commença à farfouiller dans son sac posé près de sa chaise. Tout en prenant soin de ne pas l’exposer au regard des autres clients, Starlight déposa son insigne bien à plat sur la table. L’objet en métal doré avait la taille d’un sabot et présentait sur sa face avec un léger relief les armoiries des alicornes. Écartant de son champ de vision son épaisse crinière rouge et jaune, l’autre ponette l’observa sans avoir l’air de comprendre, une réaction qui confirma les soupçons de Starlight : Sunset n’avait pas dû visiter Equestria depuis un bon moment.
« C’est l’insigne de l’agence chargée de faire régner l’ordre dans le royaume, lui expliqua-t-elle donc. Elle a été créé par les princesses alicornes il y a de cela une dizaine d’années.
-Ah, commenta la jument dorée, l’intérêt de cette information lui échappant complètement.
-Le territoire équin est très vaste et il arrive parfois que des individus au comportement et au talent déviant ne puissent être contenus. C’est alors à moi, ou plutôt à nous d’intervenir.
-Et… Et comment faites-vous ? » Starlight se mordit les lèvres, parfaitement consciente que sa réponse risquait d’être très mal reçue. L’idée d’éluder la question fut une tentation qu’elle rejeta néanmoins sans sourciller, car omettre ce détail, c’était s’assurer tôt ou tard une douloureuse désillusion conduisant irrémédiablement à la rupture, la jument parme l’ayant appris à ses dépens.
« Eh bien, nous commençons d’abord par lancer un avertissement, et si le poney fautif persévère dans sa faute, je me déplace pour… Lui retirer sa marque de beauté. » Face à cette lourde révélation, Sunset ouvrit la bouche, puis la referma. L’incompréhension et le dégout se lisait sur son visage figé par cette révélation à un point tel que Starlight craignit qu’elle ne s’enfuit au grand galop, le plus loin possible de la licorne démoniaque qu’elle semblait être.
« Pourquoi ? finit-t-elle par demander d’une voix blanche. Pourquoi fais-tu cela ?
-Equestria est un pays magnifique où l’harmonie règne en maître, répondit l’autre froidement. On ne peut pas laisser une minorité de brutes y semer le trouble et la discorde, sans quoi nous reviendrions à une ère d’anarchie et de violence.
-Non, tu n’as pas compris ma question, je te demande pourquoi toi tu fais ça. Que t’est-t-il arrivé pour accepter de faire un travail aussi ignoble ? » Sa requête étonna beaucoup la jument au poil rose. Cette dernière s’attendait en effet à une critique acerbe porté sur son jugement et sur le manque d’éthique de sa profession. Au lieu de cela, Sunset l’interrogeait directement sur l’origine de son choix, comme si elle pouvait à elle seule justifier le moindre de ses actes.
Angel profita de son trouble pour se manifester avec une petite tape sur le flanc. Starlight se pencha vers le lagomorphe qui, le regard plus sérieux que jamais, secoua négativement la tête. Selon toute logique, il ne tenait pas à ce que la licorne chargée de le surveiller commence à raconter son histoire et mette en péril le voyage du retour. Malheur pour lui, la manifestation de son impatience permit à l’asociale jument de franchir le pas.
« Tu m’as demandé tantôt qui était Twilight à mes yeux et je t’avais répondu que je la considérais comme mon amie, ma seule amie. Mais en vérité, elle est bien plus que ça… » Starlight raconta alors sa première rencontre avec la jeune princesse, de quelle manière elle l’avait aidée à retrouver la raison et comment elle l’avait prise sans la moindre rancune sous son aile. « On aurait pu me mettre en prison pour le restant de mes jours, ou bien me bannir d’Equestria si Twilight n’avait pas intercédé en ma faveur. Je lui dois tout ce que je suis aujourd’hui. » Sunset voulu parler mais la jument, emportée par son élan lyrique, continua son récit. « J’étais donc entièrement blanchie aux yeux de la justice équine, j’étais encore jeune et très bonne magicienne par-dessus le marché ! Un retour à la vie normale aurait dû être pour moi des plus aisés ! Pourtant ce ne fut pas le cas, car malgré toute la sincérité de ma repentance, aucun poney n’était décidé à oublier mon passé. »
« Que ce soit à Ponyville, Canterlot ou Manehattan, pas un poney que je croisais n’avait sur moi un regard suspicieux ou hostile. À leurs yeux, je n’étais qu’une jument barbare qui avait failli détruire le royaume à plusieurs reprises, indigne de toute forme de pardon. Seule la princesse de l’Amitié avait foi en moi et faisait l’impossible pour me réintégrer à la société. J’ai gardé espoir pendant deux longues années avant de finir par accepter la dure vérité : Jamais je n’arriverais à me faire aimer des autres. » Ses propres paroles faisant échos en elle, Starlight sentit ses paupières se charger de sel. Tentant d’y faire abstraction, la jument poursuivie son histoire d’une voix tremblante. « Ce fut Twilight qui, une fois encore, me sauva d’une bien triste fin et cela grâce à une idée toute simple : Je disposais d’un talent magique unique capable de faire disparaître la marque de beauté de n’importe quel poney, pourquoi ne pas l’utiliser à bon escient ? »
« Il ne lui suffit que de quelques jours pour me trouver un poste dans l’agence que j’occupe aujourd’hui. Ils cherchaient une licorne dévouée, capable d’exécuter les ordres sans hésitation, quitte à être haïe de tous, et ils m’ont trouvés, Starlight marqua une pause avant de planter son regard humide dans celui de Sunset. Voilà, je pense avoir répondu à ta question. Traites moi de monstre sans cœur ou même d’idiote si tu le souhaites, car tu auras sans doute raison. Mais avant cela je n’ajouterai qu’une chose pour ma défense : Le monde m’a attribué le mauvais rôle, je n’ai fait que l’accepter. »
Sa longue tirade enfin terminée, Starlight passa un sabot sur son visage et recueillit quelques larmes sur ses joues. Bon sang, quelle histoire pathétique venait-t-elle d’offrir à son invitée ! Comment avait-elle pu penser une seconde que Sunset soit touchée de quelque façon qu’il soit par son identité ? Personne ne voudrait jamais devenir son ami, penser le contraire était aussi naïf que stupide. D’ailleurs, ELLE était stupide ! Écouter Angel et partir quand il était encore temps s’avérait être l’unique solution viable pour elle…
Voyant que sa semblable s’était tue, la licorne au pelage jaune posa avec douceur son sabot sur son épaule. « Starlight, je ne cautionne en rien les décisions que tu as prise, mais saches que je les comprends parfaitement.
-Tu mens ! lui cria l’autre jument en la repoussant. Personne ne m’a jamais comprise, comment un poney que je viens juste de rencontrer le pourrait ? » Pour toute réponse, Sunset sortit de son ceinturon un objet métallique courbe et luisant qu’elle plaqua violement sur la table. S’ensuivit un long silence dans tout le restaurant, ses clients ayant interrompus leur repas pour observer les deux juments. Ces dernières attendirent patiemment que les couverts reprennent leur chant métallique avant de poursuivre leur conversation, un ton plus bas.
« Tu sais ce que c’est ? demanda Sunset en pointant du sabot l’objet d’acier.
-Non et je m’en fiche, répondit l’autre avec un douloureux détachement.
-C’est une arme, Starlight. Fabriquée dans le monde duquel je viens. » Ses derniers mots percutants son esprit tourmenté, la jument au crin bleu et rose se mit à observer avec intérêt l’engin qu’elle avait jusqu’alors ignoré. À première vue, il ne payait pas de mine : Aucune lame ou pointe n’en dépassait et son émission magique était dérisoire. Comment un si petit objet pouvait faire le moindre mal à un poney ?
Sunset sembla percevoir l’étonnement de la licorne car elle récupéra l’objet et le pointa vers le plafond, certainement désireuse de prouver son efficacité. Elle garda la position un instant, le visage marqué par un dilemme intérieur, puis finit par reposer son arme sur la table. « Je ne peux pas te le montrer ici, il y a trop de monde. Croies-moi néanmoins quand je te dis que cet engin est capable de te trouer la peau en une fraction de seconde, sans qu’aucun de tes sortilèges ne puissent faire quoi que ce soit. » Starlight observa intensément son interlocutrice et comprit que cette dernière était on ne peut plus sérieuse. Dès lors, la jument dorée parut à ses yeux bien plus dangereuse qu’elle ne l’avait pensé en la voyant pour la première fois.
« Est-ce que tu… T’en ai déjà servi ? » Finit-elle par demander alors que la réponse lui semblait évidente. Sunset poussa un long soupir et hocha lentement la tête. « Tu m’as révélé ton histoire, il est donc normal que je te raconte la mienne, reprit Sunset après un moment de flottement. Elle n’a rien de glorieuse, mais elle te permettra de comprendre les raisons qui m’ont poussée à venir ici. » Et sans la moindre hésitation, comme si elle s’était entraîné toute sa vie, la jument parla.
« … Lorsque les jeux de l’Amitié s’achevèrent, je caressais avec force l’espoir d’être enfin reconnue par tous. Après tout, je venais de vaincre grâce à la magie de l’amitié un monstre susceptible de détruire le lycée de Canterlot, et cela devant l’intégralité de ses élèves. Qui m’aurait encore reproché mes mauvaises actions passées après cela ? » Laissant sa question on ne peut plus rhétorique en suspens, Sunset plongea son regard dans celui de son interlocutrice abasourdie par cette histoire singulière. Le miroir s’ouvrant sur une autre dimension, ce monde empli d’humains et pratiquement dénué de magie, l’existence des sirènes, tout cela était difficile à avaler pour la rationnelle Starlight qui n’avait pas ouvert une seule fois la bouche depuis le début du récit. Pourtant ce n’était pas les révélations sur cet univers qui étonnait le plus la jument au poil rose, à vrai dire elles les avaient même presque ignorées. En fait ce qui la passionnait le plus, c’était Sunset elle-même.
Elle s’était lourdement trompée sur son compte, c’était indéniable. La licorne à l’épaisse crinière rouge et jaune avait en effet dissimulé avec brio un passé douloureux, que même une jument comme Starlight ne pouvait envier. Lorsque celle-ci l’avait compris, un profond respect envers cette ponette l’avait envahi, animé en grande partie par ses propres vécus. Elle savait ce que c’était de croiser en permanence des regards emplis de haine, l’espoir d’être un jour pardonné définitivement perdu ; et pour avoir enduré cette épreuve, Sunset méritait toute sa considération.
« Mes espoirs se sont envolées le jour où un garçon nommé Flash Sentry vint me parler. Il voulait que je lui explique comment passer le portail menant à Equestria, agissement que Twilight avait formellement interdit. Je lui ai clairement dit que c’était impossible et il l’a mal pris… Genre vraiment mal. » Sunset fit un petit geste pour illustrer son propos avant de reprendre sur un ton trahissant son accablement. « Dès lors, ma réputation retomba plus bas qu’elle ne l’avait jamais été, étant devenue l’ennemi du plus influent élève du lycée. Désireuse de tenir la promesse faite à celle qui m’avait à maintes reprises soutenue, je n’ai pas cédé, et cela malgré les insultes et injures qui se multipliaient. »
« Voyant que je ne me pliais pas à son chantage, Flash voulu s’attaquer à moi d’une autre manière. Il attendit que je sois seule pour pouvoir me prendre de force les informations dont il avait besoin. Je n’avais alors aucun moyen de me défendre, la magie ayant quittée mon corps peu après les Jeux. Ne me restait dès lors plus qu’une seule solution : Tenter le tout pour le tout et l’affronter au corps à corps, Sunset déplia sa patte avant droite et la retourna, dévoilant une longue cicatrice. Flash m’a fait ça avec son couteau quand je me suis jetée sur lui. On s’est battus comme des chiens, mais j’ai fini par l’emporter en lui plantant sa propre arme en plein cœur. Paix à son âme. » Ces derniers mots, porteurs d’une indicible violence heurtèrent Starlight qui pensait pourtant avoir tout vu à ce sujet lors de l’exercice de sa fonction.
« Tu… Tu veux dire que… Tu l’as tué ? demanda-t-elle, complètement perdue.
-Oui. » Une réponse donnée clairement sur un ton neutre. En d’autres circonstances, la licorne rose aurait certainement apprécié son efficacité, mais à cet instant ce n’était pas du tout le cas. Comment… Comment était-ce possible ? Le meurtre était un acte infâme, ignoble, qu’aucun poney du royaume ne supporterait avoir sur la conscience. Pourtant cette jument au pelage dorée ne semblait pas en souffrir et en parlait avec un détachement glacial, comme s’il s’agissait en vérité d’une banalité. Un instant, Starlight songea à fuir le plus loin possible de cette licorne monstrueuse, mais une simple question stoppa net l’exécution de ce mouvement : Qui était-elle pour la juger ?
Certes, la jument au crin bicolore n’avait jamais tuée qui que ce soit, toutefois les innombrables extractions de cutie marks qu’elle avait réalisées s’avéraient être du même acabit. Privées de leur talent, ses victimes perdaient en effet leur raison d’existence et finissaient le plus souvent par dépérir, attendant que la mort finisse par se charger d’eux ; et cela sans parler des quelques poneys au cerveau grillé par son sortilège ! En y réfléchissant bien, Starlight dérobait tout comme Sunset la vie des autres, à ceci près qu’elle n’avait pas besoin de tuer pour cela…
L’hypocrisie de sa réaction avérée, la licorne chassa de son visage l’effroi et le dégoût qui s’y était installé, puis d’un hochement de tête incita son hôte à continuer.
« Twilight est arrivée sur les lieux quelques heures seulement après mon appel. Elle ne m’a presque rien dit et s’est contenté de m’aider à tout nettoyer avant de repartir à Equestria, sans doute pour décider de mon sort. J’étais encore sous le choc quand elle revint pour me confier une mission dont l’issue déciderait de l’avenir du monde des poneys et de celui des Hommes : Empêcher quiconque de traverser le portail, et cela par n’importe quel moyen. Je ne me suis pas imaginé une seconde refuser cette responsabilité révélant assurément une grande marque de confiance, j’ai donc accepté sans aucune hésitation. » L’amertume avec laquelle Sunset prononça ces derniers mots suffit pour comprendre qu’elle avait beaucoup regretté cette décision.
La ponette jaune termina rapidement son histoire en expliquant que depuis des années, elle repoussait les nombreux scientifiques dont les mesures de leurs teslamètres menaient inexorablement au lycée de Canterlot. Souvent, une simple intimidation suffisait à les faire déguerpir, mais parfois Sunset n’avait d’autre choix que d’utiliser la force, allant jusqu’à tuer sans hésitations les plus entreprenants. Elle ne prenait aucun plaisir à faire cela, bien au contraire, cela la répugnait. Seulement, pour le bien de tous, il fallait que quelqu’un se charge de cette besogne, et qui d’autre que Sunset Shimmer était capable d’en supporter les séquelles ? Elle qui quelques années plus tôt ne connaissait pas la pitié…
« Voilà, tu sais tout de moi désormais. Tu peux penser que je suis une folle dangereuse, je ne t’en voudrais pas car c’est sûrement vrai. Mais avant tout jugement, je tiens à préciser un détail important : Le monde d’où je viens est bien plus cruel que celui-ci, je n’ai fait que m’y adapter. » Le silence s’installa alors pesamment sur l’attablée, tel une immense chape de brume. Fascinées l’une et l’autre, les deux juments échangèrent un long regard entendu. Puis, s’arrachant de cet échange hypnotique capable de se poursuivre jusqu’au matin, Sunset reprit. « Tu comprends maintenant pourquoi j’ai tenu à te rencontrer ?
-Oui, bien sûr, répondit Starlight, sa voix légèrement affectée par l’émotion. Ta décision coule de source désormais. » C’était même tellement évident que la licorne s’en voulait de ne pas l’avoir compris plus tôt…
Tout comme elle, Sunset avait pris de mauvaises décisions. Tout comme elle, Sunset avait croisé la route de Twilight et sa magie de l’Amitié. Tout comme elle, Sunset était devenue une disciple assidue au point d’accepter de perdre sa ponité pour racheter ses fautes. Tout comme elle, Sunset l’était indéniablement. Était-ce une coïncidence ? Starlight n’y croyait pas une seconde.
La licorne au pelage dorée se replaça sur sa chaise, émit un léger toussotement, puis revint à sa position initiale. « Qui y a-t-il ? Finit-elle par demander en constatant que Starlight la fixait.
-Rien. J’attends juste que tu te décides à parler. » Comme son interlocutrice levait un sourcil interrogatif, la ponette parme précisa sa pensée. « Tu es venue ici dans le but de prendre contact avec moi. Nous avons donc parlé de nos vies respectives, constatées que nous étions étonnamment proches et que nous partagions un problème commun. Or cette discussion n’est pas le fruit du hasard, je le sais car tu t’es informée sur moi avant de venir, tu me l’as dit toi-même. Dès lors il est facile de deviner que ce que tu cherches en vérité, c’est de faire de moi ton allié. » Starlight observa son invité et comprit à son expression qu’elle avait tapé juste. Sans lui laisser le temps de se reprendre, la sagace licorne termina son raisonnement. « Dès lors, pour arriver à tes fins, il ne te reste plus qu’à me faire part de tes intentions et de requérir mon soutien. Je te le demande donc en toute sympathie, Sunset qu’attends-tu de moi ? »
L’interrogée sembla sur le moment troublée, puis après un long soupir daigna à répondre. « Tu es intelligente Starlight, je ne vais donc pas passer par quatre chemins et te parler en toute franchise. C'est à la fois simple et cruel, tu ne me comprendras peut être pas, mais je commence à perdre foi en l’Amitié. » Sunset expliqua alors qu’elle avait longtemps cru devenir une bonne personne en aidant la seule personne qui se disait être son amie. « Tout ce que j’ai accompli, je l’ai fait dans l’unique but de la combler. L’amitié est avant tout une relation altruiste, basée sur l’échange et l’entraide, elle-même me l’avait appris. Comme je lui étais redevable pour l’immense bonté dont elle avait fait preuve, il était donc logique que je lui rende la pareille, voir même d’avantage. J’étais jeune à l’époque, et prête à tout pour obtenir la plus petite forme de reconnaissance… sa voix, emplie de tristesse jusqu’alors devint subitement plus dure, plus assurée, comme si Sunset avait décidé d’aller au bout de ses idées… Mais j’ai grandi, et désormais je suis certaine d’une chose : Twilight a abusé de moi et de ma quête de rédemption. »
En entendant ces lourdes accusations, Starlight sentit une nouvelle fois sa magie s’emballer, cette fois-ci pour une raison on ne peut plus légitime. Comment cette jument osait-elle remettre en cause la sincérité de sa princesse ? Ce blasphème était entièrement condamnable et méritait amplement la plus sévère des sentences, ce que la jument au poil rose était justement capable d’appliquer. Pourtant, pour une raison obscure qu’elle préféra ignorer sur l’instant, Starlight Glimmer n’en fit rien.
« Bon sang, comment peux-tu dire une chose pareille ? » Demanda-t-elle néanmoins sans prendre la peine de cacher son désaccord. Voyant que son interlocutrice semblait rester ouverte à la discussion, Sunset afficha un léger sourire qui s’estompa de lui-même. « Sais-tu combien de fois Twilight m’a rendue visite ces dix dernières années ? » L’interrogea-t-elle avec d’un ton colérique. Comme l’autre ne répondait évidemment pas, la jument jaune leva ses deux sabots en l’air. « Deux fois, compléta-t-elle en haussant le ton. Deux visites dont la durée n’a pas excédé six heures ! Les rares personnes que je côtoie voient leurs amies chaque semaine, si ce n’est pas tous les jours. Alors comment suis-je supposée apprendre les bases de l’amitié si mon unique professeur ne me parle qu’une fois tous les cinq ans ? » De nouveau attirés par le raffut provoqué, les clients du restaurant focalisèrent leur attention sur les deux juments qui cette fois-ci ne leurs accordèrent pas un regard, trop occupées par leurs expressions respectives.
Starlight était pour sa part outrée par le comportement de Sunset. Elle non plus n’avait pas souvent l’occasion de passer du temps avec Twilight, et cela pour une raison toute simple : La princesse de l’Amitié avait de lourdes responsabilités qui l’empêchait ironiquement de rendre souvent visite à ses amies. C’était triste, mais il en allait ainsi. Alors pourquoi donc se sentait elle aussi compréhensive face au malheur de cette licorne au crin ardent ?
« Encore si ce n’était que ça, Starlight ! reprit l’intéressée d’une voix emplie d’aigreur… Si ce n’était que ça, j’aurais passé ma vie entière au lycée de Canterlot à me morfondre et accomplir sans rechigner ma mission ! Mais il y a quelques jours à peine, un poney est parvenu par je ne sais quel moyen à traverser le portail et m’a parlé d’une licorne aux grands pouvoirs lui ayant retiré sa marque de beauté au nom de la justice princière : Toi. » Starlight n’eut pas le temps de retrouver dans sa mémoire l’image de l’individu concerné que déjà Sunset poursuivait son discours.
« La révélation de l’existence d’une ponette au passé mouvementé, proche de Twilight, a immédiatement fait ressurgir mes doutes sur la supposée amitié que j’entretenais avec cette dernière. Sur l’instant je n’ai pas voulu y croire, sans doute par peur de détruire l’équilibre qui m’empêchait de mal tourner. Mais j’ai fini par comprendre que me voiler la face ne servirait à rien, qu’il fallait que je voie de mes propres yeux la vérité, aussi dure soit-elle. C’est pour cela que je suis ici, pour te voir de mes propres yeux, pour savoir si tu existais vraiment. » Sunset marqua une pause durant laquelle elle sonda intensément le visage de son interlocutrice. Cette dernière était dominée par un certain malaise, sa posture incertaine et son agitation permanente suffisaient à le deviner. Pour la première fois depuis des années, un doute réel avait envahis l’esprit de Starlight Glimmer.
« Alors quoi ? demanda la jument rose en voyant que l’autre s’était tu. Qu’est-ce que notre rencontre t’a apporté au point de perdre ta foi ?
-La révélation d’une ressemblance frappante entre nos deux histoires, c’est tout.
-Et alors, quel est le problème ? » La pressa la licorne, excédée par ce dialogue de sourd. Elle se doutait bien que Sunset avait un train d’avance sur elle et prenait donc son temps avant de lui en divulguer d’avantage ; son but étant assurément de dévoiler l’intérêt que la jument parme tentait orgueilleusement de cacher.
La ponette à l’épaisse crinière prit le temps de se replacer sur sa chaise avant d’obtempérer avec une lenteur exaspérante. « Le problème, c’est que je ne crois pas au hasard, surtout quand ce dernier fait preuve d’une telle extravagance.
-Je ne comprends pas, Sunset…
-Ne te fais plus bête que tu ne l’es ! la réprimanda-t-elle en adoptant un visage sévère. Tu m’as parfaitement comprise, sauf que la vérité t’effraie encore ! Maintenant écoutes moi bien : Tu peux croire au destin, à une justice divine, ou même à une coïncidence fortuite si cela te permet de vivre en accord avec ta conscience ; après tout c’est ton droit Starlight. Mais pour moi les masques sont tombés et ne reparaîtrons plus jamais. »
« Je ne suis pas venu ici pour te rallier à ma cause, d’ailleurs je n’envisageais même pas de te le proposer. Ce que je souhaitais en vérité, c’était mettre à ta disposition toutes les informations te permettant de faire tes propres choix. J’ai fait les miens et tôt ou tard, ce sera à ton tour de les faire, que tu le veuilles ou non. Mais avant cela j’aimerais te poser une dernière question : Es-tu vraiment prête à jouer le rôle que l’on t’a attribué jusqu’à la fin de tes jours ? »
Non. Starlight aurait tant aimé pouvoir se contenter de cette simple réponse qui dévoilerait tout le fond de sa pensée. La jument rose avait cessé de se le cacher, l’hypothèse de Sunset tenait la route, allant presque jusqu’à la convaincre que Twilight la manipulait depuis des années. Néanmoins son côté sensible défendait encore farouchement l’Idéal que représentait pour elle l’alicorne violette, avec pour seule arme de vieux souvenirs illustrant la bonté de cette dernière. Ses premières leçons sur l’Amitié, leur voyage à l’Empire de Cristal, Earth Warming Tail… Toutes ces histoires riches en enseignement tourbillonnaient désormais devant ses yeux à un rythme infernal. Comment Twilight avait-elle pu être aussi cruelle et hypocrite ? Non, Starlight ne pouvait pas le concevoir, c’était impossible !
Voyant que sa semblable ne réagissait pas, Sunset poussa un long soupir avant de se lever pesamment. « Bien, je te remercie pour l’attention et le temps que tu m’as donné, je ne pouvais pas espérer mieux. Adieu Starlight, puisses-tu trouver un jour le repos.
-Attends Sunset ! la retint l’autre licorne. Tout ce que tu dis est basé sur un fond de vérité, j’en suis convaincue ! Mais…
-… Cela ne changera rien car jamais tu n’oseras te rebeller contre ta bienfaitrice, termina Sunset. Je le sais, je l’ai vu dans tes yeux. » Rongée par la honte, Starlight ne put s’empêcher de baisser ces derniers. « J’aimerais vraiment t’aider, Sunset, mais une part de moi-même s’y refusera toujours. Twilight m’a été d’une trop grande aide par le passé, je ne peux me résoudre à l’affronter une nouvelle fois, aussi mauvaise soit-elle.
-Ne soit pas désolée ! Tu as pris une décision que j’aurais respecté quelle qu’elle soit, tu n’as pas à en avoir honte. » Ces mots de réconfort énoncés néanmoins avec une certaine froideur, la ponette jaune posa quelques pièces sur la table, puis récupéra son arme qu’elle replaça soigneusement dans son ceinturon.
« Et que vas-tu faire, désormais ? demanda la jument au crin bicolore sans savoir si Sunset répondrait à une question aussi personnelle.
-J’ai encore de la famille à Equestria, je commencerai donc par leur rendre visite. Et si Twilight cherche à me ramener à mon poste, je lui dirais ma façon de penser quelque en soit les conséquences ! » Sur cette dernière tirade colérique, la licorne aux yeux verts se dirigea résolument vers la sortie.
Il ne lui restait qu’un pas à franchir lorsqu’elle fit brusquement volte-face avant de revenir vers la table qu’occupait Starlight. S’arrêtant à sa hauteur, Sunset lui tendit un sabot amical, un léger sourire posé sur son visage. Relevant à son tour les commissures de ses lèvres, la jument rose allongea de bon cœur sa propre patte et les deux sabots s’entrechoquèrent bruyamment. « Adieu, Starlight.
-Adieu Sunset. »
Les solennités étant accomplies, la licorne au crin de feu voulu repartir mais un léger tintement provenant de l’entrée arrêta son geste. La nouvelle arrivante referma la porte par magie avant de se diriger sans hésitation vers les deux juments. « Bonsoir Starlight, bonsoir Sunset ! » Dit-elle une fois arrivée à leurs côtés.
« Mais… Mais que fais-tu ici ? bégaya Sunset à l’adresse de la licorne ailée. Tu n’étais pas supposée rester à Canterlot ?
-Eh bien ma chère Sunset, où est donc passé ton sens de la politesse ? À t’entendre on croirait que ma présence t’ennuie, alors qu’elle devrait t’emplir de joie ! Je suis ton amie après tout… » Penaude, la jument dorée baissa les yeux et regarda fixement le bout de ses sabots. Remarquant son malaise, Twilight s’approcha d’elle avant de l’enlacer tendrement en signe de pardon. « Moi aussi je suis surprise de te voir ici, lui confia-t-elle après quelques secondes d’embrassade. Tu n’étais pas supposée rester à Canterlot high afin de protéger le portail ?
-Si, si… répondit évasivement Sunset. C’est juste que je profitais des vacances scolaires pour rencontrer certaines personnes, mes parents entre autres...
-D’accord, commenta l’alicorne, les sourcils légèrement froncés et un œil posé sur la jument encore assise. Dans ce cas ne tarde pas trop, il serait très fâcheux de voir un humain profiter de ton absence et débarquer à Ponyville ! » Le hochement de tête soumis qu’exécuta Sunset fut une amère déception pour la ponette au poil rose. Bien pire que cela, c’était une véritable désillusion !
Voir cette licorne qui quelques instants plutôt clamait haut et fort sa volonté de s’affranchir perdre ainsi contenance face à son opposante n’avait rien de joyeux, et montrait bien à Starlight que les plus solides résolutions pouvaient s’écrouler à la moindre confrontation.
Son mensonge découvert, Sunset évitait du mieux qu’elle pouvait les regards de la ponette parme. La honte se lisait sur son visage comme l’encre sur le papier, cela à un point tel que Starlight finit par la prendre en pitié.
« Quel vent t’amène, Twilight ? demanda-t-elle d’un ton léger, détournant de cette façon l’attention que son interlocutrice portait sur Sunset.
-J’étais venue avec l’intention de te donner tes prochains ordres de missions en sabot propre, Spike ne pouvant pas le faire à cause d’une vilaine grippe. Il faut bien que justice soit faite, après tout !
-Certes, certes… J’espère qu’il va bien ?
-Qui, Spike ? Tel que je le connais, il sera sur pieds dans quelques jours.
-Tant mieux, tant mieux. » Un silence gêné s’ensuivit au sein du trio cornu, s’ajoutant à celui du restaurant pour former un grand vide acoustique. La princesse de l’Amitié, d’abord surprise, regarda autour d’elle et s’aperçu que tous les poneys présents dans la salle avaient cessés leurs activités dès son arrivée. Certains courbaient l’échine en signe de respect, d’autres se prosternaient bien bas, chacun d’entre eux respectant un mutisme total.
Face à cette grande déférence engendrée par son titre, Twilight ne put s’empêcher d’adopter un air embarrassé. « Relevez-vous, mes chers sujets ! dit-elle d’une voix portante. Ce n’est en rien une visite officielle, vous pouvez donc vaquer à vos occupations sans vous occuper de moi ! » Après quelques secondes hésitations, tous finirent par obéir, ce qui ne les empêcha de conserver une discrétion de souris.
Son attention reportée sur ses deux amies, la licorne au crin violet aperçu les restes de leur repas encore posés sur la table circulaire. « Apparemment je suis arrivée trop tard pour la rencontre… grommela-t-elle à voix basse. Tant pis, au moins vous aviez pris le temps de vous connaître, une très bonne manière de se sociabiliser d’ailleurs… » La nouvelle arrivante s’interrompit, visiblement en proie à une intense réflexion. Connaissant Twilight, Starlight ne s’en formalisa pas outre mesure et attendit anxieusement que cette dernière trouve la solution de son problème.
Après une dizaine de secondes de réflexions, les traits soucieux de la princesse se volatilisèrent, laissant place à un large sourire. « Eh bien alors, qu’attendez-vous ? Racontez-moi donc de quoi vous avez discutés ! Je veux TOUT savoir !
-Oh, il n’y a pas grand-chose à dire : Nous avons discuté de nos vies, de nos problèmes, la routine quoi ! répondit Sunset d’un ton trop assuré pour être sincère.
-Nous avons également parlé de toi. » La coupa Starlight avec gravité. Aussitôt, la jument dorée jeta sur elle un regard désespéré, la suppliant de se taire. « Ah bon ? demanda innocemment l’alicorne qui se retourna pour lui faire face. Et puis-je savoir pour quelle raison ?
-On a surtout évoqué l’immense bonté dont tu as fait preuve envers nous et à quelle point nous en étions reconnaissante. » Cette réponse touchante surprit grandement Twilight, et rassura Sunset qui ne put retenir un soupir de soulagement.
-Starlight, je… Je ne sais pas quoi dire, bégaya Twilight. Je n’ai fait que mon devoir, rien d’autre. D’ailleurs, ce serait même plutôt à moi de vous remercier ! » Les deux juments concernées se regardèrent, interloquées. « Allez, ne faites pas les innocentes ! Ce que vous faites pour le royaume depuis dix ans déjà est tout simplement incroyable, et je ne connais aucun poney au monde faisant preuve d’autant d’abnégation que vous deux ! Certes peu de gens le savent, mais sans vous Equestria courrait certainement à sa perte, alors relevez la tête et soyez fières de vous-mêmes ! »
En d’autres circonstances, Starlight aurait certainement bu avidement l’éloge de la jument mauve, mais sa récente discussion avec Sunset l’obligeait à reconsidérer la sincérité de son amie. La ponette au poil jaune ne semblait pas non plus être atteinte par cette marque d’estime, se contentant d’afficher une expression confuse et distante. Pour un observateur extérieur à la discussion, l’ambiance de ce qui semblait être une soirée entre amies devait paraitre bien morose…
Constatant leur absence de réaction, Twilight poussa un long soupir attristé. « Bon, si je ne peux pas redresser votre morale de cette manière, je vais changer de méthode… » Dit-elle tout en levant un sabot en direction du serveur. Ce dernier accouru d’un pas quelque peu précipité avant de s’enquérir de la demande royale. « Garçon, ces deux juments ont fait un travail formidable ces dix dernières années. L’une est agent au Bureau des Talents Déviants et combat la violence dans le royaume, l’autre protège notre monde d’une invasion de dangereuses créatures. Je pense qu’elles méritent amplement une jolie ristourne, n’est-ce pas ? » La simple mention du BTD creusa immédiatement les joues de l’étalon, le reste de son visage s’emplissant de peur et de dégoût. Cet instant fugace, Starlight le connaissait bien pour l’avoir observé chez des centaines de poneys auxquelles elle venait de dévoiler son identité, lui rappelant encore à quel point on ne l’aimait pas.
Reprenant subitement une figure affable, le restaurateur répondit avec une infinie politesse : « Vous avez parfaitement raison, majesté. Je me sentirais même honteux d’avoir à leur demander le moindre bit, que soit aujourd’hui ou demain !
-Vous êtes bien aimable, cher monsieur. Mes amies vous en sont très reconnaissantes, n’est-ce pas les filles ? » Les deux intéressées hochèrent la tête en murmurant quelques remerciements confus. Satisfaite, Twilight libéra le serveur, puis récupéra les pièces traînantes sur la table qu’elle restitua à Sunset avec un léger sourire. « Utilises les à meilleur escient, mais ne tardes pas trop tout de même, lui souffla-t-elle en clignant de l’œil. Bon, à ton tour Starlight ! »
Sa magie à l’appui, l’alicorne débarrassa une partie de la table dans un tourbillon de lumière, puis y déposa une liasse de documents officiels tirés du dessous de son aile droite. Timidement, la jument rose l’invita à s’asseoir mais l’autre refusa avec amabilité. « Désolé très chère, mais des affaires m’attendent à Canterlot et je ne peux pas rester très longtemps. Par contre… elle sortit du sac de son interlocutrice les restes de son bâton… Je peux te réparer ceci ! » Et joignant le geste à la parole, la princesse de l’Amitité posa sa corne sur le bois noueux qui s’illumina de mille feux. Les deux licornes demeurèrent béates en voyant le sortilège de réparation opérer à une vitesse époustouflante, sans que son auteur ne paraisse souffrir du moindre effort.
« Et voilà le travail ! annonça fièrement Twilight en reposant la pièce de bois redevenue comme neuve. Tu n’auras pas besoin de repasser à Canterlot pour t’en racheter un autre. Cela tombe bien d’ailleurs car ta prochaine mission aura lieu pas loin d’ici, il te suffira juste de prendre le train de nuit pour t’y rendre.
-Euh… Twilight ?
-Oui, Starlight ? » L’intéressée jeta un regard entendu à Sunset. Elle avait beau être consciente que cette dernière venait de se dégonfler, sa simple présence procurait à la jument au crin bicolore une audace insoupçonnée qui la poussait à agir, à s’exprimer. Pour la première fois depuis dix années de service, Starlight se sentait soutenu.
« J’aimerais justement que l’on parle un peu du BTD, si ça ne te dérange pas.
-D’accord, mais fait vite. » Répondit l’autre en jetant un coup d’œil vers l’horloge murale. Starlight inspira un bon coup, puis parla.
« Cela fait bientôt dix ans que je parcoure le royaume à la recherche d’individus nuisibles à la société. Je n’ai jamais éprouvé aucun plaisir à faire ça, pourtant je l’ai fait car il devait y avoir quelqu’un pour le faire. Mais aujourd’hui, après tant de missions effectuées, un doute a fini par se former dans mon esprit. » La jument parme marqua un temps d’arrêt pour scruter son auditoire qui, à sa grande surprise, était suspendu à ses lèvres. Légèrement troublée, elle poursuivit : « Malgré le fait que je recevais mes ordres directement, je ne pouvais m’empêcher de me poser des questions sur ma légitimité. Après tout je n’étais qu’une licorne reprochable au possible, en quel honneur pouvais-je me considérer comme représentante de la justice alicorne ? »
« Cette question me taraudait et me taraude encore aujourd’hui. Je ne t’en ai jamais parlé car je me sentais toujours redevable envers toi, mais plusieurs révélations récentes m’ont fait relativiser ma situation, me donnant le courage de te dire le fond de ma pensée : Je ne veux plus faire ce travail, Twilight. Il fait de moi un monstre et je ne parviens plus à l’assumer. » Et associant le geste à la parole, Starlight jeta son insigne sur la table qui s’arrêta au milieu de ses ordres de missions.
Elle l’avait fait ! Elle avait réussi à lâcher tout ce que son cœur portait depuis sa première intervention en tant qu’agent royal ! La jument jeta un rapide coup d’œil sur celle qui lui avait donné le cran de s’exprimer et vit qu’elle souriait.
Twilight tritura machinalement du sabot la plaque métallique à son effigie, un air ennuyé sur le visage. Finalement, elle récupéra l’objet par télékinésie et s’approcha presque excessivement de son amie au crin bleu et violet. « Ta réaction est tout à fait compréhensible, ma chère Starlight, et je ne peux te blâmer de l’avoir eue. Néanmoins j’ai une chose à t’apprendre, une chose susceptible de t’aider à t’accepter telle que tu es, l’alicorne fit un pas en arrière et engloba la salle d’un geste ample de la patte. Regardes autour de toi mon amie, quel visage te paraît sincère ? Auxquels d’entre eux accorderais tu ta confiance ? » Son interlocutrice ne répondant pas ou n’osant répondre, l’érudite jument abandonna l’espace d’un instant l’austère prose équine pour les vers poétiques si cher au peuple zèbre.
« Tout n’est que masques dans ce monde,
et bien souvent ils sont trompeurs.
Ceux qui l’oublient à la seconde
égarent à jamais leur bonheur. Ne sois pas naïve, les quelques poneys que tu arrêtes ne représentent qu’une infime partie de la cruauté de ce monde. Ta proximité avec ces individus a certainement déteint sur ton jugement car Equestria est bien plus sombre que tu ne le crois… »
« Nous sommes tous des monstres Starlight, voilà la vérité ! Certains comme toi ont décidé de l’accepter et agissent en tant que tel, d’autres cachent leur côté sombre grâce à un tempérament doux et calme. C’est comme ça, on ne peut rien y faire, si ce n’est que s’accepter les uns les autres, à commencer par soi-même. » Et profitant du trouble qu’avait engendré ses paroles dans l’esprit de sa meilleure agent, Twilight replaça doucement l’insigne dans son sac. « S’il te plait ne m’abandonne pas, tu en es la seule jument en qui j’ai toujours eu confiance ! » Lui chuchota-t-elle d’un ton presque suppliant.
Starlight se sentait bête, idiote et même stupide face aux propos de son amie. Les causes de sa plainte lui paraissait désormais si futiles, si ingrates qu’elle s’en voulait de les avoir énoncés en suivant un élan primitif de rébellion. Encore sous le choc, la jument finit par répondre fébrilement : « D’acc… D’accord Twilight. Je n’aurais pas dû faire ça, c’était vraiment stupide de ma part. » Pour tout réconfort, la princesse de l’Amitié se contenta d’une tape amicale sur son épaule.
Se détachant de ses deux amies, la jument au crin violet sembla chercher quelque chose -ou quelqu’un- dans le restaurant, qui s’avéra être après quelques secondes d’attente un lapin blanc répondant au nom d’Angel. « Comment vas-tu mon petit doudou préféré ? Tu en as de la chance, j’ai justement sur moi une belle carotte bien juteuse ! » L’attention de Twilight entièrement absorbée par l’animal si mignonnement retors, Starlight foudroya du regard la licorne au poil doré qui s’était bien moqué d’elle. Mentir pour se donner une contenance passait encore, mais l’inciter sournoisement à se révolter contre sa seule amie sans même faire semblant de la soutenir, c’était particulièrement lâche de sa part ! Si Twilight n’était pas là, cette jument hypocrite aurait passé un sale quart d’heure…
L’intéressée, inconsciente du danger et mue par un inexplicable caprice, contourna l’alicorne encore occupée par le repas d’Angel et s’approcha audacieusement de la licorne rose. Celle-ci lui voulut lui jeter une réplique aussi cinglante que discrète, mais l’étreinte étonnamment douce qui suivit étouffa dans l’œuf les pires reproches qu’elle aurait pu lui faire. Sans que rien de concret ne le lui indique, Starlight sut qu’il s’agissait d’un adieu.
L’embrassade dura, puis presque à regret, les deux licornes finirent par se désenlacer sous les yeux ébahis de Twilight. « Je suis prête Twilight, on peut quitter cet endroit ! » Annonça Sunset en affichant un air presque naturel. L’intéressée, encore choquée par ce qu’elle venait de voir, bredouilla une suite incompréhensible de mots pour toute réponse, ce qui ne l’empêcha pas de suivre au trot la jument à la crinière ardente quand elle sortit du bâtiment sans un regard en arrière. Seuls demeuraient Starlight Glimmer, agent royal au Bureau des Talents Déviants, et son fidèle compagnon Angel le lapin. Un duo de choc pour une situation ayant brisé à jamais leur routine…
Cette journée avait été très riche en émotions et en révélations, mais au fond, rien n’allait réellement changer dans sa vie : Elle continuerait d’aller de villes en villes, dépossédant les criminels de leurs cuties marks et espérant qu’un jour enfin sa conscience juge sa dette acquittée. Certes elle demeurerait malheureuse jusqu’au restant de ses jours, certes personne n’acceptera de la côtoyer, mais elle l’assumera sans plus jamais s’en plaindre. Car si cette discussion lui avait appris une chose, c’était que l’on ne pouvait reprocher aux autres ses propres décisions.
Car oui, Sunset avait beau dire, la princesse de l’Amitié n’avait jamais cherché à les contraindre à quoi que ce soit, tout juste s’était-elle arrangé pour orienter ses amis vers le rôle qui leur siéraient le mieux. Étais-ce un mal ? Starlight ne le pensait plus.
La jument au crin bicolore récupéra d’une poigne ferme son bâton fraîchement réparé, récupéra un par un les documents qui lui avaient laissé sa supérieure, puis interpella le lapin blanc à peine repu. « Viens Angel ! Si on se dépêche, nous pourrons peut être attraper le prochain train ! » L’interpellé s’exécuta sans délai, une grimace pouvant s’interpréter comme un sourire sur les lèvres. Avec un synchronisme parfait, les deux compagnons de routes quittèrent le restaurant et commencèrent à marcher rapidement dans la rue.
L‘atmosphère d’Appleloosa pouvait se décrire de bien des façons. Pour beaucoup, cette ville reculée possédait un charme pittoresque fort sympathique propre à égayer les plus mornes esprits. Mais pour sa part, Starlight Glimmer n’apposait qu’un seul mot sur cet air campagnard aux antipodes de ses habitudes : Glacial.
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C'est vrai que la résistance de Sunset face à l'influence de l'alicorne nous laisse sur notre faim mais j'ai vraiment apprécier ce style.
Bon, je vois que tu as trouvé la bête noire de ma fic. En effet la fin avec l'arrivée de Twilight m'a posé problèmes, je ne voyais pas comment terminer ce que j'avais commencé.
A vrai dire, en écrivant cette dernière partie, je souhaitais montrer que tout ce qu'il y avait eu avant n'était que des mots, et qu'ils n'étaient pas assumés par ceux qui les avaient prononcés. Du coup, l'idée du pétard mouillé est on ne peut plus pertinente, moi même je l'avais en tête, mais plus au sein de la situation même.
C'était aussi une manière de montrer à quel point Twilight dispose juste par son titre d'une véritable autorité, car comment pourrait-on reprocher à la "princesse de l'Amitié" d'avoir négligé ses amis ?
Enfin tu as raison, Sunset -mais surtout Starlight- sont présentés comme beaucoup trop influençables, je l'admet. Pourtant, il m'est difficile d'imaginer autrement la nature de leurs relations avec celle qui leur a pardonné, qui les a aidés à remonter la pente et j'en passe...
Merci pour ce commentaire, ça me fait plaisir de confronter mes opinions avec ceux des autres (c'est d'ailleurs pour cela que j'écris des fics ^^)
En espérant te relire bientôt
Tschüss !
comme quoi en effet ^^
Suivant ton avertissement, j'éviterai (par prudence) tout ce qui ressemble à un magasin de gateaux pendant au moins deux semaines !
C'est drôle, mon premier lecteur a eu la même pensée sur la fin, comme quoi les avis convergent...
Mais par mon nom, tu comprendras que je te souhaite de passé un "petit" moment avec Pinkame... Pinkie pardon, dans les souterrains du Sugarcube Corner, pour avoir donné cette image de Princesse Twilight ;)
A plus !!!!