Une lumière douce et tamisée éclairait les rayons de la bibliothèque. Les fenêtres donnaient sur une rue éclairée par la lune et quelques lampadaires. Quelques flocons tombaient paresseusement sur un sol déjà bien recouvert de neige. Le coin lecture de la bibliothèque avait été réaménagé, les fauteuils qui permettaient aux lecteurs de s'installer avaient été remplacés par une multitude de coussins de toute taille et de toute les couleurs. Sur un des coussin était allongée une jument, un livre ouvert devant elle et une couverture sur le dos. Elle avait la fourrure de couleur bleu glace, le crin couleur ciel et les yeux violets. Le silence qui régnait n'était troublé que par le bruits des pages que la jument tournait.
Elle fut tirée de sa lecture par des bruits de sabots résonnant parmi les rayons de la bibliothèque. Une batpony au pelage bleu nuit, au crin rose pâle et aux yeux mauves s'approcha du coin lecture ; elle portait un sweat-shirt noir un peu trop grand pour elle, une écharpe mauve et un bonnet gris. Un sac à dos blanc était calé entre ses ailes. Elle était trempée par la neige ayant fondu sur son corps. La batpony se débattit quelques secondes avec son sac et l'enleva pour le poser devant la lectrice.
- Et voilà, annonça-t-elle, le butin de la nuit. Par contre, tu ne devrais pas dormir ? Il est presque trois heures du matin.
La jument bleue soupira et leva les yeux de son livre.
- Je sais Melo, je sais. Mais tu sais que le seul moment où je m'arrête est quand nous avons de la visite.
La batpony soupira à son tour.
- Anima... Tu vas plus te ruiner la santé qu'autre chose à ne pas dormir comme ça.
- Oui bon, je me reposerai après avoir fini mon chapitre.
Elle secoua son sabot pour éloigner l'idée, puis enchaîna :
- Sinon, qu'as-tu ramené de beau ?
La batpony sourit et ouvrit la fermeture du sac.
- Oh un peu de tout, j'ai trouvé quelques pommes encore bonnes dans une supérette, une bouteille d'eau, des biscuits et même un peu de charcuterie.
- De la charcuterie ? Questionna Anima avec perplexité, tu sais que nous ne mangeons pas de viande quand même ?
- Je te rappelle que c'est toi qui me demande de laisser des message un peu partout pour dire que tu offres l'hospitalité à tout le monde ici. Tu n'as jamais rien dit à propos des humains, donc je pense que tu les acceptes aussi.
La jument ne répondit pas. En effet, dans cette bibliothèque qu'elle avait faite sienne, elle avait décidé d'héberger toute âme qui viendrait demander l'hospitalité. C'est dans ce but qu'elle avait demandé à son amie Soothing Melody de laisser des messages un peu partout en ville quand elle sortait chercher de la nourriture. D'ailleurs elle avait même fait quelques arrangements dans ce qui était autrefois une bibliothèque municipale : la section multimédia avait été changée en dortoir consistant en plusieurs matelas et couvertures posés à même le sol et entre les différents bacs de CD et DVD, une cuisine de fortune avait aussi été créée dans un bureau grâce à deux mini-fours et un mini-frigo.
- Tu as fait des rencontres intéressantes ? Demanda Anima.
- Pas vraiment non, juste quelques sauvages comme d'habitude.
- Que des sauvages ? Mais bon sang ! Cela fait à peine un mois et à part toi, il n'y a que des sauvages ?
Les sauvages étaient des poneys, comme Anima et Melody. Mais au contraire des deux juments, ils ne vivaient que sur leurs instincts. Ils n'avaient pas un instinct animal non, le leur était moins primitif, tout se basait sur l'idée d'être en groupe et de 'jouer' comme ils disaient, c'était d'ailleurs le seul mot qu'elles les avait entendu prononcer, et ce malgré de nombreuses tentatives de discussion. Leurs jeux se résumait souvent à rester l'un contre l'autre et de profiter de la présence du compagnon de jeu.
Melody lui offrit un sourire triste.
- Au moins, on s'est trouvées, je pense que j'aurais pété un plomb si j'aurais été entourée que de sauvage.
Anima ne dit rien. Oui, au moins elle avait la batpony avec elle, la seule âme qu'elle avait trouvée dans la ville, le seul être encore doué de raison qu'elle avait côtoyé depuis que tout avait changé.
Un mois plus tôt.
Aurore marchait dans la rue. La période de Noël battait son plein. Il était aux alentours de six heures du soir et la nuit était déjà tombée. La rue était peuplée et de nombreuses guirlandes ornaient les immeubles.
La jeune femme venait tout juste de sortir de son dernier cours à la faculté de lettres et se pressait pour rentrer chez elle. Malgré son bonnet magenta, sa doudoune bleu marine et son écharpe blanche, le froid était mordant. Elle était perdue dans ses pensées, regardant les lumières citadines sans vraiment les voir et n'écoutant que ses pas sur la fine pellicule de neige recouvrant le trottoir.
Soudain, un homme la dépassa, il courait, puis une femme, et un autre homme. Une expression mélangeant peur et confusion était inscrite sur leurs visages.
Aurore se retourna, tentant de comprendre pourquoi ils fuyaient, ce qu'elle vit la laissa sans voix.
Des créatures improbables, sortes d'êtres équestres aux couleurs variées, un peu comme si un poney avait batifolé avec un pot de peinture, semblaient attaquer toute personne à leurs portée. Du mouvement dans le ciel attira l’œil de la jeune femme, il y en avait qui volaient avec des ailes (des pégases ?) et qui plongeaient en piqué sur la foule pour en extraire une victime malchanceuse et l'emmener ailleurs.
Sans plus chercher à comprendre, Aurore se mit à courir. Qu'est-ce qu'il se passait ? Qu'était-ce que ces créatures ? Il n'y avait pas le temps pour y répondre. Il fallait fuir, comme tout le monde faisait. La foule avançait et s'éparpillait tandis que l'arrière se faisait engloutir par la vague d'êtres équestres. Sans réfléchir, la jeune femme tourna à la première rue qu'elle aperçut et continua. Il ne fallait pas se retourner, il ne fallait pas s'arrêter. Sa course fut interrompue une centaine de mètres plus loin par trois créatures ailées qui atterrirent devant elle. Il y eu un moment de flottement, très cours, à peine le battement d'un cil. Puis, la chasse commença.
Aurore n'eut que le temps de se jeter sur le côté pour éviter les trois choses qui avaient sauté dans sa direction. Aussitôt elle se remit à courir, suivie de près par le claquement de douze sabots sur le bitume. Instinctivement, elle se dirigea vers le bâtiment le plus proche : une grande construction de trois étages, la bibliothèque municipale.
Les portes automatiques du hall d’accueil s'ouvrirent, laissant pénétrer la fuyarde et ses poursuivants. Il y avait plusieurs personnes dans le hall, un réceptionniste assis derrière un bureau et une femme avec un enfant. Alors qu'Aurore se précipitait vers l'escalier menant aux étages, les créatures se détournèrent d'elle pour se jeter sur des cibles beaucoup plus faciles. Au premier étage, elle s'arrêta quelques secondes, exténuée. À peine eut-elle pris son souffle que des bruits de sabot raisonnèrent dans l'escalier. Une créature y pointa le bout de son museau, étrangement, elle ne ressemblait à aucun des trois poursuivants de la jeune femme, celle-ci avait une corne sur le front et aucune aile, elle était aussi plus petite. Quand elle arriva en haut des escaliers, elle partit vagabonder dans les rayons à la recherche d'une future compagnie. Quelques secondes plus tard, le bruit d'une personne tombant au sol, suivi d'une exclamation de surprise retentit quelque part dans l'étage.
Arrivée aux bouts des rayons, Aurore réalisa soudainement quelque chose : la seule issue possible était les escaliers. Il y avait bien des ascenseurs mais ce serait aussi suicidaire que de sauter par la fenêtre, au moins dans l'escalier elle pourrait toujours faire demi tour si jamais la voie était bloquée.
Devant elle se trouvait le coin lecture et plus loin, l'espace multimédia. Elle chercha frénétiquement des yeux un endroit ou se cacher, sans succès, rien ne pouvait servir de cachette. Elle fit demi tour, derrière elle, personne. Peut-être que les créatures, à part celle avec la corne, étaient parties voir ailleurs, ou alors elles étaient là, parmi les livres, prêtes à surgir. Aurore avança prudemment, l'escalier était à une vingtaine de mètres, elle pouvait le faire. Un claquement de sabot se fit entendre de l'autre côté du rayon, était-ce le cornu qui la cherchait ? Était-ce un autre ?
Devant Aurore, les étagères de livre s'ouvraient pour offrir un passage vers les autres rayons. La jeune femme se pencha pour vérifier si la voie était libre, seulement, elle se retrouva nez à museau avec une de ces créatures qui volait à hauteur d'homme. Les deux se fixèrent quelques seconde, les yeux dans yeux. Une lueur animale brillait dans ceux de la créature, pas la lueur cruelle d'un prédateur s'apprêtant à frapper, mais plutôt celle d'un animal de compagnie voulant jouer. Ce fut Aurore qui réagit la première, elle recula doucement de quelques pas, n'osant rompre le contact visuel. Le poney s'avança vers elle et s'arrêta à quelques centimètres de son visage. Son museau était dangereusement proche.
- Jeu ?
Une expression ahurie s'empara du visage de la jeune femme. Ces espèces de poney parlaient?
- Jeu ?
Il se posa au sol et s'assit à la manière d'un chien, un sourire sur le museau et l'attente d'une réponse inscrite dans ses yeux. Alors c'était ça ? C'était ces créatures qu'elle fuyait ? Des poneys voulant jouer ? Les images de la rue se faisant submerger lui revinrent en tête, les cris de paniques, les personnes se faisant enlever par les pégases, ceux se faisant engloutir par la horde de poney. Non, ça ne pouvait pas être un jeu, peut-être que celui qui se trouvait devant elle était un pacifiste voulant l'amour et non la guerre. Ou alors c'était un piège, il se montrait gentil et docile et une fois le moment opportun arrivé, il... qu'est-ce qu'ils faisaient aux humains ?
Que faire ? Aurore pouvait tout simplement courir et espérer ne pas se faire rattraper et subir ce qu'il lui réservait, ou bien elle tentait de répondre et voir où cela menait. Elle venait de courir et cela l'avait menée jusqu'ici, et elle s'en rendait compte maintenant, elle avait mené les poneys à d'autres victimes. Elle décida donc de répondre :
- Quel jeu ?
Ce n'était ni un oui, ni un non. Pourtant le poney se releva et lui sauta dessus, son jeu avait commencé. Aurore tomba sur le dos. L'équidé était sur elle. Il s'étala sur l'humaine, comme si elle était un lit ou un gros coussin, et ne fit rien d'autre. Une étrange sensation s'empara de la jeune femme, un croisement improbable entre un frisson et une bouffée de chaleur se répandit en elle. Et tout se passa très vite.
Alors qu'elle poussa le poney, qui n'opposa quasiment pas de résistance, pour se relever, elle sentit une raideur dans ses mains, elle n'arrivait pas à bouger ses doigts. Ces derniers se mirent à rétrécir tandis que sa main s'allongeait. Ses deux mains finirent par n'être que deux masse de chair dont le bout se durcit, formant deux sabots. Figée par la stupeur, Aurore ne pouvait que bêtement regarder une légère fourrure bleu glace apparaître sur la peau de ses nouveaux sabots. Son regard se porta sur le poney qui se tenait assis devant elle et qui l'observait avec le sourire.
- Qu'est-ce que tu m'as fait ? Murmura la jeune femme.
Le pégase ne répondit pas, il se leva et s'approcha de nouveau. Instinctivement, l'humaine recula.
- Non, continua-t-elle, n'approche pas. Vas-t'en. Vas-t'en. Vas-t'en !
Elle céda totalement à la panique et ses derniers mots furent hurlés. Sa respiration devint erratique et des larmes commencèrent à perler aux coins de ses yeux.
Soudain ses jambes la lâchèrent et elle s'écroula au sol. Elle vit leurs forme changer sous le tissu de son pantalon et poussa un gémissement, la métamorphose était douloureuse, sentir ses os se mouvoir et changer dans sa chair qui se remodelait n'était pas une chose agréable. Un inconfort se fit dans le bas de son dos, c'était comme si une main avait attrapée le bas de sa colonne vertébrale et tirait.
Elle craqua, et le barrage de ses yeux s'effondra. Les larmes s'écoulèrent et roulèrent sur ses joues tandis que son visage s'étira pour former un museau et ses oreilles se déplacèrent jusqu'en haut de sa tête. Elle remarqua à peine ses cheveux s'allonger et prendre une teinte bleu ciel. D'autres changement suivirent au niveau de son ventre et de son torse qui prirent la forme d'un tonneau ainsi qu'une paire d'aile qui émergea de ses épaules.
Le pégase s'était rapproché, ses oreilles étaient repliées et une mine inquiète avait remplacée son sourire. Il n'arrivait pas à comprendre pourquoi elle pleurait. Derrière lui, des bruits de sabot se rapprochèrent et deux poneys attirés par le bruit, une simple jument et un autre pégase, apparurent à ses côtés. Contrairement au pégase déjà présent, les deux s'allongèrent aux côtés de la nouvelle jument et se serrèrent de sorte à ce qu'elle soit blottie entre le duo. Cette dernière voulait hurler, elle voulait leur crier de partir, de la laisser tranquille, mais les mots étaient prisonniers de ses pleurs.
Plusieurs minutes passèrent, le pégase avait fini par partir voir ailleurs et le duo était toujours aux côtés d'Aurore. Cette dernière avait arrêté ses pleurs et fixait dans le vide. En elle, des sentiments contradictoires se battaient : elle voulait pleurer son humanité mais au fin fond de sa conscience, elle avait l'impression d'avoir toujours eu cette forme ; elle voulait être seule mais la présence des deux poneys à ses côtés était étrangement réconfortante. Quelque chose avait changé en elle, la pégase ne savais pas vraiment ce que c'était, mais elle avait l'impression d'oublier quelque chose.
Elle se repassa les derniers événement en tête. Elle rentrait chez elle, les poneys sont arrivés et elle s'est retrouvé là. Non ce n'était pas ça, et avant ? Le matin elle s'était levée à l'heure habituelle, elle était sortie après avoir un peu discuté avec ses parents. Mais elle n'arrivait pas à les visualiser, à quoi ressemblaient-ils ? Comment s'appelaient-ils ? Et elle ? Elle se concentra et tenta de visualiser son ancienne apparence. Sans succès. La seule image qu'elle voyait était le poney qu'elle était. Et son nom ? Elle se souvint d'un nom commençant par A, mais quoi ? Anna ? Amandine ? Aurore ? Alison ? Anima ? Oui ! Anima, c'était son nom. Un souvenir lointain et flou lui souffla que c'était un mot latin et non son nom, mais ce dernier fut aussitôt enseveli par d'autres pensées : Où est ma maison ? Est-ce ici ? Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
Elle était perdue, se sentait seule malgré les deux poney à ses côtés, et son esprit semblait en avoir pris un choc. Finalement, tout le poids des évènements s'abattit sur elle et la fatigue s'empara de son corps. Finalement, elle se blottit contre la jument et partit aussitôt pour les terres de Morphée.
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Bon dans cette histoire j'aimais pas du tout pourquoi Celestia avait fait cela (génocide culturelle de l'humanité) mais je suis curieux de voir comment et dans qu'elle sens ton histoire va partir avec tes "éveillés" et l'évolution dans ce monde "converti".