La minuscule pouliche s’assit sur le sol de la grotte, roucoulant et gloussant comme le font souvent les nouveaux-nés. C’était une pégase avec une vive robe rose et une curieuse crinière d’un noir terne et violet foncé. Pourtant, en dépit de son emplacement inhabituel, un pur contentement était visible dans ses yeux verts pétillants qui ont été à coup sûr hérités de sa mère.
La joie, le bonheur, c’étaient les seules choses que sa mère ait jamais souhaité que possède son enfant. Évidemment, à un si jeune âge, une nourriture à base d’amour maternelle était bien plus qu’assez pour assurer la gaieté de la pouliche, mais qu’en sera-t-il dans le futur ? Comment pouvait-elle justifier le maintien de sa progéniture cachée dans une grotte ? Un jour, sa fille voudra explorer au-delà de la grotte à la recherche de la seule chose que sa mère ne pourra pas lui offrir, l’amitié.
La mère toussa fortement, sentant un goût d’ichor métallique au fond de sa bouche. Elle repoussa sa crinière bleue de devant ses yeux avec un étrange sabot noir perforé. Ses yeux reptiliens étaient semblables à ceux de sa fille et restaient concentrés sur la plume et le parchemin en face d’elle. Ils étaient tous deux entourés d’une aura verte puisque la plume glissait minutieusement sur la feuille en laissant les mots sur la page. Cependant, l’écriture était bâclé et chaque idée sur la feuille était seulement à moitié finie. Eh bien, toutes sauf une. Cette partie était écrite avec une étrange formulation qui ne demandait qu’à être remarquée par le lecteur.
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Chère Princesse Celestia,
Vous serez certainement ravie d’apprendre que je vais bientôt mourir. Je vous prie cependant de ne pas négliger le reste de ce message. Premièrement, sachez que je n’excuserais jamais pour mes actions au mariage de Mi Amore Cadanza. Je ne suis pas à la recherche du pardon pour mes choix, ni à vous les justifier.
Ma position actuelle est à 746 lieues au sud-sud-ouest de votre château dans une grotte avec une entrée entourée de mousse. Je mentionne cela uniquement parce que je suis sûre que vous aimerez l’opportunité de jubiler pendant qu’il me reste encore un peu de vie. Aussi, peut-être que vous aimeriez rencontrer ma fille.
J’ai découvert récemment que la magie de l’amour est une curieuse chose. Quand Cadance et Shining Armor m’ont expulsé, moi et mon armée de Canterlot, un peu de leur amour à réussi à… disons simplement qu’il est entré en moi. Pas de la manière qui aurait pu me nourrir et me rendre plus forte, mais de la façon qui se nourrit de moi et affaiblit mon corps déjà blessé. Je ne savais pas que les poulains avaient un tel appétit insatiable.
Ah oui, je ne crois pas l’avoir déjà dit, c’est une fille. Un petit poney, juste comme tous vos sujets… peut-être. Est-ce que les pégases ont l’habitude de baver à chaque instant de leurs jeunes vies ? C’est plutôt dégoûtant ; je vous demanderai peut-être de la prendre avec vous après votre visite.
Vous n’avez pas non plus trop à vous en faire pour son odeur. Je l’ai gardée propre, mais je deviens de plus en plus las de l’entretien nécessaire pour la garder ainsi.
De toute façon, assez parlé de la petite, comme je l’ai déjà dit, je suis en train de mourir, peut-être que Cadance et Shining Armor aimeront entendre cela.
Pour être un peu plus honnête, ma fille n’est pas un exactement un poney comme vos sujets… bon, elle est un peu comme moi. Elle ne consomme pas l’amour de la même manière que moi, mais elle me prend l’amour que j’aurai pu utiliser pour survivre. N’est-ce pas étrange qu’au lieu de détruire le parasite je me retrouve plus que disposée à donner ma vie pour la sienne ?
Oui, j’ai saisi l’ironie de la situation. Oh, elle pleure à nouveau. Pourquoi ne viendriez-vous pas nous rendre visite et nous pourrions terminer notre petite discussion. Peut-être que vous pourriez apporter un petit quelque chose à manger pour la petite afin qu’elle ne soit pas ennuyée par notre conversation d’adulte. Ou je suppose que vous pourriez l’emmener dans votre palais et la nourrir là-bas… et l’élever… et l’aimer…
Votre Adversaire Déchue
Chrysalis
Chrysalis, Mère Abjecte et actuelle Reine des Changelins.
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Enroulant le parchemin en rouleau avec sa magie, Chrysalis toussa à nouveau avant de concentrer sa magie en une goutte de flamme verte qui consuma la lettre. Si elle avait été du genre à croire en un dieu, la changeline aurait prié pour que la lettre parvienne à sa destinatrice.
Au lieu de cela, elle se coucha simplement auprès de la pouliche en larmes et utilisa un sabot pour attirer la petite ponette plus près d’elle. Elle était sur le point de tomber dans un sommeil agité quand le bruit soudain de la magie sembla faire écho à travers la petite grotte qu’elle avait appelé maison.
Chrysalis sourit, le son avait été celui d’une demi-douzaine de sorts de téléportation, évidemment, elle n’était pas équipée pour recevoir plusieurs invités, mais elle comprenait et même applaudissait la prévoyance de Celestia d’être suffisamment sur ses gardes pour ramener des soldats.
“Vous vouliez me voir ?” Celestia se tenait debout et parlait avec la chaleur du soleil de midi. Ses gardes attendaient patiemment prêts à bondir à la rescousse de leur princesse si le besoin s’en faisait ressentir.
Chrysalis de l’autre côté sourit simplement à la princesse du soleil avant de répondre : “Bien sûr, nous avons à discuter affaires après tout.”
“Affaires ?” La confusion dans la voix de Celestia rappelait à la changeline une brise d’été, mais ça l’agaçait tout de même car cela signifiait gaspiller une autre partie de sa vie à expliquer.
Aussi, elle leva les yeux au ciel devant l’ignorance de Celestia, il était évident maintenant qu’elle avait donné trop de crédit en ce qui concerne le pouvoir de déduction de la princesse. Pourtant, elle-même n’était pas irréprochable aussi en soupirant, elle dit, “Les affaires de mon châtiment. J’imagine que ce sera l’exécution. Au début, je pensais que ça pourrait être l’exil, mais franchement, n’y suis-je pas déjà ?
Les yeux de Celestia s’assombrirent à la mention de la peine capitale. Cette pratique avait été bannie depuis longtemps et Celestia ne permettrait pas de telles choses tant qu’elle vivrait. Son ton devint sévère, rappelant à Chrysalis une braise ardente, “Et quelle serait, je vous prie, ma raison pour vous mettre à mort ?”
Levant à nouveau ses yeux au ciel, l’ancienne reine des changelins répondit, “J’ai commis un crime, ne punissez-vous pas les criminels dans votre pays ? Je vais bientôt mourir de toute façon aussi je pense que n’importe quelle torture que vous imaginiez sera plus qu’adaptée.” C’est alors que la petite pouliche remua dans une douce étreinte faisant sourire soudainement Chrysalis.
Ce n’était pas un sourire que Celestia avait l’habitude de voir sur un changelin. Il était vrai qu’elle n’avait pas beaucoup d’expérience avec eux en tant qu’espèce mais le sourire malveillant qu’avait arboré Chrysalis au mariage ne ressemblait en rien à l’expression qu’elle portait quand elle regardait sa… pouliche ? Après s’être étirée pendant un moment, le poulain ouvrit ses paupières, révélant ses iris verts à la princesse.
Celestia comprit enfin. Tout dans la lettre avait un sens désormais. Chrysalis était mourante et… et elle voulait, non, avait besoin de quelqu’un pour s’occuper de sa petite. Celestia réalisa pourquoi Chrysalis ne pouvait pas simplement abandonner la pouliche devant n’importe quelle porte d’Equestria. C’est alors qu’elle ne put s’empêcher de murmurer, “Elle est si belle.”
La changeline rayonna, bien qu’il y eut une étrange tristesse dans sa voix lorsqu’elle répondit, “Même si elle a mes yeux, non ? Je lui ai aussi donné un nom de poney pour que vous ne vous souciiez pas de cela. Je l’ai appelé Crystal Dream ; honnêtement, je ne peux pas m’empêcher de me sentir ridicule en le disant aussi je l’ai surnommé Chrysie.” Chrysalis le ressentit soudainement, l’amour, le véritable amour, l’amour spontané et inconditionnel envers son petit poney. Peut-être que l’ex-reine avait choisi la bonne mère adoptive pour sa fille, une pensée qui devint réalité quand Celestia prononça les mots suivants :
“Pourquoi dire cela quand vous avez des yeux aussi adorables ? Un éclair de magie matérialisa un biberon de lait chaud. Elle avait eu droit à un regard curieux de son cuisinier en chef quand elle avait demandé de la nourriture pour un poulain, mais elle réussit à le convaincre que sa carrière durera plus longtemps s’il obéissait à un ordre direct de son employeur. Elle aurait voulu s’excuser quand elle revint, mais pour l’instant il y avait une pouliche affamée à nourrir.
Le biberon flotta lentement à porter du petit poney et sans hésitation, Crystal planta sa mâchoire sur le bout de caoutchouc et commença à téter, montrant l’instinct flagrant de s’allaiter avec lequel tout le monde naissait, c’était en effet la seule preuve dont la dirigeante d’Equestria avait besoin pour qu’un poney mérite sa protection.
Chrysalis rit chaleureusement, ce qu’elle regretta instantanément comme il y eut une autre quinte grasse de toux. Après qu’elle eut réussi à se calmer, la changeline parla de son ton le plus civilisé entendu à ce jour, “J’ai compris. Vous pouvez me punir pour mes crimes en me prenant ma fille et en l’élevant comme la vôtre. Elevez là comme la vôtre et ne lui dites jamais la vérité sur ses origines et le monstre qu’a été sa mère.” Les larmes montèrent aux yeux des deux poneys. Chrysalis pleurait de sa propre faiblesse, mais les larmes de Celestia étaient de crainte que la reine mourante devant elle ne soit réticente à libérer ses vrais sentiments dans sa dernière heure.
La princesse parla malgré les larmes, sa voix était suppliante, implorant d’être entendue. Le son fit penser à Chrysalis à une pluie battante, “S’il vous plait Chrysalis. S’il vous plait, abandonnez votre fierté, et faites votre demande. Contrairement à ce que vous pourriez penser vous êtes un sujet sous ma protection, donc s’il vous plait, dites-moi votre vraie envie. Dites-moi, mon petit poney, pourquoi vous m’avez envoyé cette lettre.”
Chrysalis ne pouvait arrêter ses larmes ; sincèrement, elle avait sous-estimé la dirigeante d’Equestria. Elle n’avait jamais pleuré publiquement auparavant mais elle ne prit pas le temps d’apprécier l’ironie que la première créature devant laquelle elle avait pleuré était son plus puissant ennemi.À la place, elle parla, mettant à plat tous ses sentiments à la princesse du soleil, “Je veux vivre ! Je veux voir ma petite Chrysie grandir et se faire des amis. Je veux la voir tomber amoureuse ; je veux la voir élever les petits poulains et pouliches qu’elle aura. Je ne veux pas mourir avant d’avoir vu quel genre de jument elle deviendra !” Chrysalis se releva dans un nouvel élan de dignité. Elle ne voulait pas mourir ici ; elle voulait se battre et prendre la place de Celestia. Elle voulait…
“Baissez les yeux.” La voix de Celestia apaisa instantanément la colère de la changeline, comme une douche froide. Chrysalis se retrouva à obéir sans poser de question. Ce qu’elle vit ne fut certainement pas ce à quoi elle s’attendait, derrière et en dessous d’elle, allongée paisiblement sur le sol de la grotte se trouvait une reine des changelins lovée autour d’un petit poulain qui tétait encore une bouteille vide. Chrysalis était silencieuse laissant le champ libre pour que Celestia parle.
“C’est vraiment la plus pénible de mes fonctions et pour des raisons qui devraient être évidentes, je suis toujours peu disposée à accabler ma sœur et ma fidèle étudiante avec de telles choses.”
“Combien de temps ai-je été… ?” La question resta en suspens, mais c’était l’une de celle qui avait souvent été posée à la princesse.
Le ton de Celestia redevint chaleureux pour la changeline désormais anxieuse, “Pas longtemps, juste avant mon arrivée. La dernière fois, c’est quand vous m’aviez envoyé la lettre et puis vous vous êtes endormie. Je dirais que vous devriez être reconnaissante de faiblir aussi tranquillement, mais si c’était le cas, vous n’auriez pas eu de regrets et vous ne seriez pas ici. Je ne peux pas vous rétablir, mais je peux vous promettre deux choses. Je promets que j’élèverais votre fille comme la mienne. Elle n’aura jamais une envie qui ne sera pas satisfaite. Elle n’aura jamais à craindre la solitude ou l’hostilité, mais au lieu de cela, elle vivra dans la camaraderie et l’amitié. Mais surtout, elle saura votre nom, et elle tiendra ce nom dans le plus grand respect.”
Chrysalis sentit qu’elle s’éloignait dans une marée calme mais elle réussit à dire, “et la seconde promesse ?”
Celestia sourit. La sensation de chaleur semblait être comme un doux printemps après l’hiver le plus rigoureux et sa voix fut pareille, “Je promets que vous la verrez grandir et jouer avec des amis. Vous la verrez tomber amoureuse et vous la verrez élever ses propres poulains. Vous allez la voir vieillir et quand le temps sera venu elle vous rejoindra et vous dira joyeusement quel genre de jument elle est devenue.” Sans un autre mot, Celestia baissa sa corne pour toucher l’esprit conscient de Chrysalis. Dans une lumière aveuglante l’âme disparut et une étoile vert lumineux fleurit dans le ciel nocturne de Luna.
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Cinq ans plus tard…
“Maman ! Maman ! Tante Wuna dit que le monstwe des chatouillis va veniw me chewcher !”
Celestia baissa les yeux sur la petite pégase rose qui avait ses minuscules jambes enroulées autour de son sabot avant gauche. Avec un sourire et un grand geste de magie, Celestia leva la jeune pouliche au niveau des yeux. Elle s’autorisa alors un sourire malicieux avant de parler, “ Hé bien petite Chrysie, je suppose que ça veut dire que Tante Luna à oublier de mentionner qui était le monstre des chatouillis.” Celestia fit une pause lorsque sa sœur arriva à portée de vue derrière la pouliche flottante. La plus vieille princesse offrit à sa sœur un clin d’œil espiègle tandis qu’elle se pencha pour chuchoter à l’oreille de la jeune Chrysie, “Je suis le monstre des chatouillis.”
Sans perdre un instant, Chrysie commença à se tortiller pour échapper à la magie de Celestia mais fut incapable de contenir un fou rire quand la princesse du soleil posa ses lèvres sur le ventre de la pouliche et qu’elle souffla pour faire autant de bruit que possible. Puis, lorsqu’elle câlina sa fille, Celestia ressentit ses vieux souvenirs la troubler, obligeant des larmes à jaillir de ses yeux ordinairement majestueux. Ce n’était pas la première fois et ce ne serait surement pas la dernière, mais aujourd’hui, pour la première fois, Chrysie remarqua les larmes de sa mère.
“Maman, pouwquoi est-ce que tu pleuw ?” La voix de la petite pouliche était remplie d’une insurmontable inquiétude. C’était quelque chose de si pur que même dans ses moments les plus sombres, Celestia devait sourire chaleureusement.
La princesse dit alors d’un ton vraiment maternel, “Je te le dirais quand tu seras plus grande, ma puce. Maintenant, c’est bientôt le crépuscule et ça veut dire que c’est l’heure de se coucher.”
Si faire les yeux de chiens battus était une compétence à apprendre, Celestia devait admettre que sa fille la maitrisait parfaitement. Les yeux de Chrysie et le ton de sa voix étaient également implorants tandis qu’elle plongeait ses yeux dans ceux de sa mère, “Oh, mais je voulais voiw tante Wuna lever la lune. Steuplait maman ?”
Celestia sourit sincèrement, “Très bien, mais direction le lit après. Ta Tante Twilight a dit qu’elle voulait t’apprendre comment faire un fort en livre convenable.”
“Et Oncle Spike me diwa comment êtwe une blibliothèque !”
Après une autre franche rigolade Celestia guida sa pouliche à la tour de Luna pour assister au changement du jour en nuit. Les étoiles étaient exceptionnellement brillantes cette nuit, mais aucune plus que celle qui semblait briller d’avantage quand un petit poney particulier levait les yeux dessus.
Voyant l’intensité augmenter Chrysie bondit de joie tout en s’exclamant, “Wegawde Maman, Chwisiwhistle souwit encowe !”
Celestia rit presque à la tentative de sa fille à prononcer le nom de l’étoile mais à la place, répondit seulement chaleureusement tout en levant les yeux vers l’étoile verdoyante, “C’est cela mon cœur. Est-ce que tu te souviens pourquoi Chrysalis est en train de sourire ?”
La petite pégase battit des ailes d’excitation avant de répondre fièrement, “Pawce qu’elle me pwotège et m’aime !” Puis, avec une profonde inspiration, Crystal cria aussi fort qu’elle le put en agitant joyeusement son sabot vers l’étoile verte, “Mewci Chwisiwhistle, je t’aime aussi !”
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