Dawn
-Va voir si tu n'as pas des catastrophes à causer ailleurs Shimmer !
Cette phrase a tellement raisonné dans les couloirs de Canterlot High School que je l'entends encore. Il faut dire qu'une étiquette, cela ne s'enlève pas aussi facilement que l'on pourrait croire.
Le jugement des autres est implacable et je ne comprendrai jamais ce besoin que ressentent les gens de se croire supérieur aux autres.
Personnellement, je suis passée par tellement d'étiquettes différentes que je ne sais plus vraiment qui je suis aujourd’hui. Mais les autres sont là pour me le rappeler alors que je voudrai sans doute l'oublier.
J'ai été un monstre.
Ma vie n'est qu'une succession de mauvais choix. C'est évident. Je croyais avancer vers la gloire, et au final je n'ai vu que la déception au bout du tunnel. C'est comme si, malgré tout ce que je peux faire, la vie ne veut pas me voir heureuse.
Déjà et ce n'est jamais facile à dire, je ne suis pas d'ici. Je ne suis même pas humaine pour tout dire. Ce monde n'est pas le mien, ou plutôt n'est pas celui d'origine. Je viens d'Equestria, un monde parallèle à celui-ci, où tous les habitants sont les mêmes qu'ici, mais ne sont pas humain, ce sont des poneys. Il y en a trois sortes, les poneys terrestres, les pégases et les licornes. Je fais partie de cette troisième catégorie.
Rhaaaaa… À qui vais-je faire croire cela ? C'est tellement invraisemblable. Mais en même temps, je ne demande à personne de me croire.
Dans mon univers, Célestia n'est pas une principale, mais une princesse, et j'étais son élève personnelle il y a quelques années. De quoi me serai-je plains ? J'avais la princesse du royaume comme tutrice parce qu'elle me savait surdouée. Oui, mes aptitudes à la magie sont extraordinaires et j'ai sans doute lu plus de livres que quiconque dans n'importe quel monde.
Cette grandeur intellectuelle, je l'ignorais. Il faut dire que mon enfance ne me laissait pas vraiment m'exprimer comme je le voulais. Cette dernière n'a pas été des plus appréciable, il faut l'avouer.
Je suis la dernière descendante de ma famille et l'unique héritière de la fortune de mes parents. Enfin, leur fortune, c'est vite dit… On a toujours vécu dans une chambre de bonne, au sein de Canterlot. Ma mère avait comme seules responsabilités celle de s'occuper de moi et de nettoyer les magasins qui voulaient bien l'embaucher. Mon père, quand à lui, était un simple garde à la solde de la princesse.
Alors autant dire que j'étais loin de me savoir unique.
J'avais peu d'amis, enfin, plutôt aucun. Ce n'est pas que j'étais d'une humeur féroce à l'époque, mais juste que je n'avais jamais le temps de rester après l'école. Mes parents étaient clairs là-dessus, après les cours, je devais me rendre au centre-ville et essayer de vendre tout ce que ma mère pouvait trouver lors de ses nettoyages.
On aurait pu faire part de notre situation à Célestia, mais mon père avait cette fierté, dont j'ai malheureusement hérité, qui faisait qu'il refusait de demander de l'aide. Il ne voulait rendre de compte à personne. Je crois que c'était à cause de ses parents.
J'avais entendu cette histoire de la bouche de ma mère : on vivait dans les beaux quartiers dans la famille de mon père, mais un jour, le chômage a touché la famille et cette dernière a dû emprunter beaucoup de bits pour garder l'appartement. Si bien que quelques années après, lorsque ils retrouvèrent une situation à peu près stable, les dettes accumulées les ont vite fait déchanter.
Alors mon père s'était fait la promesse de ne jamais rien demander à personne, pour ne jamais rien devoir.
Tous ces problèmes ne nous empêchaient pas de nous aimer malgré tout. Même si ma mère est le genre de poney qui a du mal à exprimer ses sentiments en public. On dirait bien que j'ai de qui tenir.
Toujours étant qu'en tant qu'enfant de soldat, j'avais le droit d'être dans le château lorsque mon père s'y trouvait. J'aimais beaucoup cet endroit, c'était si lointain de notre quotidien. J'avais du mal à croire qu'un tel luxe se trouvait à seulement quelques minutes du taudis qui nous servait de maison.
Enfant, j'aimais bien arpenter les longs couloirs de chaque aile de ce palais ou perdre mon temps dans les jardins, avec les animaux. Je m'imaginais princesse se promenant dans ces lieux. Ça me changeait du marché. Je n'étais encore qu'une enfant, mais je me rendais compte de la grandeur de ce lieu qui m'entourait et de ma minuscule existence au milieu.
Le peu de fois où je voyais la princesse était pour moi un enchantement. Elle était si belle, si digne, si fière et en même temps si modeste. En un instant, elle était devenue mon idole, mais pas n'importe laquelle, celle que je voyais, que je croisais de temps à autre car je me trouvais dans son château.
Sa crinière était si majestueuse et sa corne brillait de mille feux… J'aurai tout donner pour être comme elle. La voir soulever le soleil le matin réveilla en moi une certaine curiosité envers la magie.
Ainsi, dès que j'avais un peu de temps libre, j'allais dans la bibliothèque et j'essayais dans un premier temps de faire léviter quelques livres. Une fois cette première épreuve franchis assez rapidement, ce fut au tour de les faire virevolter dans la pièce, puis de les téléporter d'un point A à un point B. Puis ce fut à mon tour de me téléporter. Dès lors, dans ma tête, je devenais une grande et puissante Sunset, qui ne marchait plus mais passait son temps à se déplacer sur un tapis contrôlé par ma magie, quand ce n'était pas simplement en me téléportant.
Ma magie ne semblait jamais vouloir s'épuiser. Alors que certains poneys de mon âge se fatiguaient à juste utiliser leur plume avec la leur, la mienne ne semblait jamais vouloir s'arrêter. Chaque nouvelle expérience se finissait par une réussite, je n'avais aucune limite : lévitation, téléportation, silence, détection d'être vivants, lumière, rayon incandescent… Mon panel de sort s'étoffait de jour en jour, ce qui faisait la fierté de ma maîtresse d'ailleurs.
Elle était tellement fière de mes aptitudes qu'elle en parlait partout, à tout le monde, me nommant « l'enfant prodige ».
Je n'aimais pas être le centre de l'attention. Si c'était drôle de rendre jaloux mes camarades, à partir du moment où tu deviens un objet de foire, tu cesses de faire l'intéressante. Mes parents ignoraient tout de mes prouesses, et pour ne pas brusquer mes camarades, je commençais dès lors à feindre la fatigue lorsque leurs forces les abandonnaient.
Un jour, je ne pus pas vraiment cacher mes talents. En effet, la maîtresse m'avait demandé de rester avec elle après les cours, ce que je fis sans me douter que c'est elle qui allait changer le cours de ma vie.
La princesse Célestia ne tarda pas à venir dans la salle de classe. Toujours aussi belle, aussi majestueuse, même dans au sein du vieille bâtisse comme cette école, elle rayonnait. Mon professeur l'avait fait venir pour qu'elle puisse être témoin de mes formidables prouesses. Pour le coup, avoir l'opportunité de montrer ce que je vaux devant mon idole était inespéré, alors je voulais saisir cette chance et tout donner.
Le principe était simple : je devais juste impressionner Célestia. En dehors des habituelles téléportations et lévitations que je fis pour débuter sur de bonnes bases, je fis aussi venir un oiseau en utilisant ma magie pour communiquer avec lui. Mon examinatrice haussa un sourcil pour ce dernier coup de génie de ma part. Mais un haussement de sourcil ne suffisait pas, il fallait que je l'éblouisse.
L'oiseau posé sur un des bureaux de la classe, j'emplissais ma corne de magie. Toutes mes forces y passèrent, c'était l'ultime moment. Lorsque le sort s'abattit sur l'animal, toute la pièce fut plonger dans un aura rougeoyante. Il fallut plusieurs secondes pour qu'on puisse enfin y voir quelque chose et constater de la réussite de mon sort : j'avais transformé un simple oiseau en un majestueux phénix. J'étais fière de moi.
Je l'offris à la princesse, comme gage de ma gratitude pour m'avoir permis de lui montrer les résultats de mes expériences. Philomena, car c'est comme ça que je décidais de l'appeler allait avoir une nouvelle vie dans le jardin à animaux du château. C'était un modeste présent, mais je tenais vraiment à lui faire, ne serait-ce que pour la symbolique.
Célestia était impressionnée de mes talents, à un tel point qu'elle me proposa d'intégrer sa prestigieuse école pour licorne surdouée. Mais s'il n'y avait que ça… Elle décida aussi de me prendre à part comme élève personnelle, afin de me faire rattraper mon retard d'une part, et d'autre part parce qu'elle sentait que j'étais encore capable de bien plus de puissance.
C'est ainsi que ma vie changea.
Je devenais la fierté de mes parents. Ils ont commencé à voir en moi un espoir pour redorer le blason de notre famille. Désormais, je logeais au château, ce qui leur fit aussi un grand bien économique. Mes parents n’espéraient plus qu'une chose de moi ; que je trouve très vite un jeune noble avec qui me marier.
Il faut dire qu'en tant qu'élève personnelle de Célestia, j'avais le droit si ce n'est pas le devoir, d'assister à tous les bals, galas et autres petites réceptions ennuyeuses peuplées de gens hautains sans intérêt. Bon aujourd'hui je les dénigre, mais il fallait me voir à ma première soirée de ce genre, je ne tenais plus en place tant tout cela était nouveau pour moi.
C'était un tout nouveau monde qui s'ouvrait à moi. Je devais l'apprivoiser et le comprendre. Tous le personnel du palais me connaissait, me saluait. Avant, je ne faisais qu'assister à tout cela, maintenant, j'en faisais partie. J'étais devenue noble. À ma manière mais une noble quand même.
La princesse Célestia prenait une heure par jour pour moi. Durant ce laps de temps, elle me conseillait des livres que je devais lire pour m'améliorer, me faisait essayer des sorts plus puissants encore que ceux que j'apprenais et était aussi une confidente. Je pouvais tout lui raconter, elle écoutait et réagissait en conséquence. Par ailleurs, je lui servais aussi de bouffée d'air frais d'une certaine manière, elle aimait bien se poser dans le jardin avec moi juste pour le plaisir de me parler. Elle me confiait presque tout : ses petits déboires divers et variés, sa nostalgie pour l'époque où elle et sa sœur étaient réunies, sa volonté de rendre tout le monde heureux… Moi, j'étais captivée par tant de dévouement pour le royaume et tant d'émotion dans sa voix, comme si autant de temps sur le trône ne l'avait pas rendu plus sûre d'elle.
Je n'arrive toujours pas à savoir ce qui a pu me décider à me rebeller un beau jour et à quitter Equestria. J'ai le vague souvenir d'une ambition démesurée dû à mon intellect et à la vanité que je me traînais qui serait la cause d'une dispute entre Célestia et moi, un truc dans ce genre.
Si ! Voilà ! Je demandais mon propre royaume. Oh mais qu'est-ce que je pouvais être stupide à ce moment précis. Mon propre royaume, qu'est-ce que c'est méprisant de croire que c'est à la portée de tout le monde.
Aujourd'hui je reconnais beaucoup plus facilement la sagesse de ma tutrice et surtout sa gentillesse envers moi car elle ne cherchait qu'à apaiser ma colère et non à me punir. Alors que, pour être franc, je le méritais.
Cela faisait déjà plusieurs jours que l'ambiance était tendue entre nous. C'était plus fort que moi, j'en avais marre de servir de confidente mais de ne pas avoir de rôle plus important alors que j'étais présent ici depuis plusieurs années. Désormais, je voulais plus, je désirais plus de responsabilité, de considération. Je ne voulais plus être traitée comme une gamine qui apprenait la magie.
D'ailleurs, cela faisait quelques semaines que je snobais l'école. J'en avais marre d'être entourée de poneys qui me prenaient de haut à cause de leurs origines alors que j'étais bien plus puissante qu'eux.
Dans une énième pulsion colérique, ma rébellion prit une nouvelle tournure. En effet, à la suite d'une énième dispute avec Célestia, je me suis décidée à partir d'ici car pour moi, c'était la mésentente de trop. Mais je ne voulais pas juste retourner chez mes parents, non. Il me fallait un nouveau départ, une nouvelle vie. J'ai alors fugué en passant par cet étrange miroir que Célestia conservait dans une aile abandonnée du château. Je n'ai pas bien sûr fait cela sur un coup de tête. Tous les livres que j'avais lue sur le sujet parlaient d'un autre univers, d'un autre monde de l'autre côté du miroir. Je quittais donc sans regret et sans hésiter le château, et donc ma vie actuelle, pour une nouvelle qui me tendait les bras et que j'espérais meilleure.
Il s'agit sans doute de la pire décision de ma vie et de la plus égoïste aussi. Partir sans penser une seule seconde à sa survie dans ce nouveau monde hostile, sans écouter la voix de raison ni penser à la peine que l'on laisse derrière soi, ne serait-ce que pour mes parents, est une faute lourde de conséquence. Mais à l'époque, je l'ignorais encore. Je ne savais pas vraiment ce que je faisais, j'étais bien trop sous l'influence de la colère pour me soucier de quelqu'un d'autre que moi.
Et puis, pour regretter, il faut aller au bout de ses projets.
Mon arrivée ne fut pas de tout repos. Je suis sortie du miroir dans un calme presque intimidant. Je devais, déjà, pour commencer, m'habituer à ce nouveau corps, totalement inconnu et vraiment étrange. S'habituer à marcher sur deux jambes et à attraper avec ces mains, ce n'était pas facile mais ma colère était trop grande pour me rendre compte de l'erreur que j'avais faite en venant ici.
Tout avait changé en moi, je n'avais plus de museau, plus de queue ou de grandes oreilles. Tout était maintenant petit. À l'exception de ces deux grandes jambes, tout semblait si fragile.
Au bout de mes pattes avant, enfin de mes mains, il y avait des minuscules branches que je pouvais bouger. Je sentais la même chose à mes pieds. Qu'importe ce que c'était, je l'ignorais mais je constatais par la même occasion que c'était pratique pour attraper des objets. Ils allaient bien m'aider dans ce monde où je n'avais plus de magie.
En parlant de magie, quelle ne fut pas ma surprise en constatant que je n'avais même plus de corne. « Constater » est un faible mot, j'étais horrifiée. Mon seul atout, la seule chose sur laquelle je comptais pour m'en sortir ici ne m'avais pas suivit à travers le portail. J'allais devoir apprendre à me débrouiller sans cette colossale puissance qui d'ordinaire vit en moi.
Autour de moi, la nuit, calme et reposante. Et moi, seule source de chaos des environs.
Je constatais assez rapidement que la fenêtre d'ouverture du portail venait de se refermer. Je savais qu'elle s'ouvrirait de manière brève, mais je ne m'étais pas rendu compte du temps que cela représentais réellement. J'étais sans doute trop occupée à me remettre de mes émotions pour le voir plus tôt.
Il était trop tard pour faire demi-tour et désormais, je devais attendre la prochaine fois. Et comme un premier coup du sort, la fermeture du portail fut en même temps que mon premier regret. En effet, la fraîcheur qui régnait ici, dans ce qui ressemblait à une place devant un grand bâtiment inconnu, me fit regretter de n'avoir rien pris pour me couvrir.
Cette première nuit dans ce monde hostile ne fut pas la plus agréable que j’eus. Le seul bon point fut cette bâche, que je pris sur un échafaudage pour l'enrouler autour de moi. Cela ne réchauffait pas énormément mais cela avait le mérite de protéger du vent. Quelle belle leçon d'humilité pour quelqu'un qui venait de fuir le luxe ; j'étais dans un état encore plus pitoyable que lorsque je vivais chez mes parents, la chaleur familiale en moins.
Les rues étaient toutes plus désertes les unes que les autres. Les rares restaurants ou bars ouverts proposaient des prix beaucoup trop élevés pour que j'y mange ne serait-ce qu'une miche de pain. Il faut dire que déjà, mes économies étaient maigres, mais je les espérais suffisantes dans un premier temps ; quelle ne fut pas ma surprise en voyant que la monnaie d'Equestria n'était pas la même qu'ici. Comme quoi, un monde parallèle ne l'est qu'en partie. J'avais donc une petite somme d'argent mais qui ne valait absolument rien. On ne pouvait pas mieux débuter une nouvelle vie.
Et encore j'étais chanceuse, il ne pleuvait pas.
Ma déambulation le long des trottoirs de la ville me rappelait que je n'avais aucun plan précis en tête, ce qui aurait pu me faire paniquer si la colère n'était pas aussi présente en moi.
Dans un premier temps, je devais en apprendre plus sur ce monde. Pour cela, je devais trouver une bibliothèque, il y en avait forcément une. Par la suite, il fallait que je vois si la magie équestrienne ne peut vraiment pas exister.
J'étais perdue dans mes pensées, dubitative à l'idée d'un tel plan alors qu'à l'heure actuelle, j'avais faim, froid et aucun endroit où dormir. La seule chose que je possédais était cette vieille bâche, qui au moins, maigre consolation, n'était pas trouée.
Cloîtrer dans une vieille ruelle sombre, je me lançais dans la survie du dernier espoir. Grâce à quelques braises récupérées dans un étrange appareil accompagnées de quelques bouts de bois, je mis le tout dans une poubelle que je vidais au préalable. Il ne me manquait plus que le feu en lui-même. Pour cela, je tentais de le faire par friction, c'est à dire par échauffement et frottement de deux éléments de bois.
Ce ne fut si facile que cela, mes outils n'étant pas les plus efficaces pour cela, mais malgré tout, je finis par réussir. Le feu se propagea rapidement dans tout le réservoir prévu à cet effet. Je rajoutais quelques emballages pour le maintenir et enfin, après tout ce temps, une intense chaleur envahit mon abri de fortune qui se rapprochait déjà un peu plus du paradis.
Malheureusement pour moi, mon ventre demeurait vide et je dû me contenter d'un jeûne involontaire pour cette première nuit. Finalement je m'endormis paisiblement, bercée par le crépitement des flammes.
Si la nuit est passée assez vite une fois au pays des songes, le matin me réveilla brusquement par un horrible bruit qui venait de ces étranges machines qui roulent sans chevaux. Les voitures, exactement.
Après avoir rapidement remis mes cheveux en place, je me relançais à la recherche de la bibliothèque en repartant de mon point de départ, c'est à dire, le portail. Je me rappelais de l'énorme bâtiment juste en face et je me demandais si celui-ci ne pouvait pas être ce que je cherchais.
Quelle surprise se fut de remarquer, non pas qu'il s'agissait d'une école, ça encore pourquoi pas, mais d'y voir une princesse Célestia de ce monde, qui semblait régner en ces lieux.
Puis je commençais à comprendre qui j'étais ici : j'avais l'âge d'intégrer l'établissement et un panneau à l'entrée m'indiquait la présence d'un centre de documentation. Exactement ce qu'il me fallait pour passer inaperçus.
Mon plan se profilait alors à l'horizon. Je devais rester prêt du portail au cas où il s'ouvrirait et ce lycée tombait à pic. Il fallait que je m'y inscrive afin d'en apprendre davantage sur ce monde, afin d'observer les gens qui m'entouraient mais surtout afin d'en savoir plus sur cette Célestia qui dirigeait.
Puis il y avait une cantine, et elle tombait plutôt bien à vrai dire.
Pour m'inscrire, je devais avoir assez de documents sur ma situation ici… Comment dire ? Bon, il ne me restait plus qu'à me créer une identité avec les moyens du bord.
Se faire des papiers dans un monde où on n'existait pas hier encore n'est pas une mince à faire. Je devais faire croire que j'avais perdu ma carte d'identité, même si j'ignorais ce que c'était à l'époque. J'eus surtout une chance dans mon malheur : Celle que mon nom figure déjà dans les registres, bon d'un côté, mon double devait forcément se trouver quelques part. Ce coup de pouce du ciel fut suivie de mon entrée à Canterlot High School.
Mes premières journées furent entièrement dévouées à apprivoiser ce monde, et donc, à la bibliothèque. Je n'allais pas en cours car je ne voulais pas me mêler aux autres élèves et parce que si j'avais arrêté d'y aller dans mon monde, ce n'était pas pour changer mes habitudes ici. Enfin… Pour faire bonne impression je me rendais tout de même aux tests, et ce que j'apprenais dans les livres suffisait à me garantir une note convenable. Les professeurs étaient un peu désespérés de ne jamais me voir en cours mais je leur mentais en disant que j'étais occupé sur quelque chose de très important et que je finirai par venir. En fait, c'était plus une vérité difficile à croire qu'un mensonge à proprement parlé. Je comptais vraiment me rendre en cours le plus vite possible afin d'éviter le renvoie, qui n'était pas mon but.
Heureusement, la princesse Célestia, qui était plutôt une principale, était aussi gentille que son homonyme alicorne, elle me faisait confiance et me laissait étudier tant que je tenais ma promesse de me rendre en cours bientôt.
Le midi, j'allais à la cantine me faire des réserves de nourriture puis je retournais dans mon coin à lire. Je ne voulais pas être en contact avec les autres élèves qui me dévisageaient depuis mon arrivée. Alors je préférais les ignorer en ne cherchant par à les connaître. Après tout, j'étais surdouée et je n'avais rien à faire ici.
La nourriture n'était pas excellente, pour tout dire, elle n'arrivait pas à égaler celle du château, celle à laquelle j'étais habituée. Mais au moins, elle nourrissait mon pauvre ventre vide depuis presque une journée entière.
Je parcourus quasiment la totalité des livres de sciences, d'histoire et de géographie. Tout était si différent d'Equestria et il fallait que je comprenne tout le plus vite possible.
La nuit, je dormais dans un coin qui semblait à l'abandon dans la bibliothèque. Ainsi, je ne sortais jamais de l'école et ne me risquais plus à l'extérieur. Cette petite vie n'avait rien d'extraordinaire mais elle me suffisait pendant les premières semaines qui suivirent mon arrivée. De toute façon, je comptais bien me mêler à la foule par la suite.
Un jour, j'entendis Célestia parler du concours annuel pour la fin de l'année. Bon, moi je n'en avais rien à faire, jusqu'à ce que je l'entende prononcer le nom de « Princesse du bal d'automne ». « Princesse ». « Princesse »... Il fallait que je le devienne coûte que coûte.
C'est à partir de ce moment que je suis devenue atroce. Je ne pouvais pas être populaire, pas après avoir snober tout le monde depuis mon arrivée. Tout le monde m'ignorait malgré mes vaines tentatives d'approche car oui, j'ai commencé par la méthode douce. Mais les résultats n'étant pas aussi probant que prévu, j'ai alors opté pour une solution plus violente et surtout plus radicale. Et puis… J'avais tant à donner, depuis le temps que je retenais ma colère ; il était temps de la laisser s'exprimer. Cela ne pouvait pas me faire de mal et en effet, j'appréciais plutôt.
J'ai donc réussi à me faire élire « Princesse du bal d'automne » trois fois de suite et ceux grâce aux menaces et aux agressions que je faisais subir aux autres élèves. Je vivais de mes rackets et tout Canterlot High me craignait. L'approche diplomatique ne pouvait être plus efficace qu'être une terreur.
Aujourd'hui, je le reconnaît aussi ; régner dans une école dirigée par Célestia était une manière de canaliser la colère que j'avais contre la vraie Célestia, en me croyant maître de quelque chose. Cette école était mon royaume et j'étais la plus cruelle des princesses.
Plus le temps passait, plus je devenais à l'aise avec cet univers, mes regrets s'estompèrent et laissèrent place à une haine féroce, plus encore qu'une simple pulsion colérique.
J'étais devenue un monstre.
Pas physiquement, mais au plus profond de mon être. Je n'aspirais plus qu'à une seule chose : le pouvoir. Le désir de vengeance disparaissant, j'étais heureuse de ce monde que je contrôlais en partie. Tant que je demeurais dans les enceintes du bâtiment, personne ne pouvait rien contre moi.
Par-dessus le marché, j'avais trouvé un endroit où dormir. Tout cela grâce à mon petit ami, Flash Sentry.
Pauvre garçon quand j'y repense. Cet homme tombe amoureux de la première inconnue venue, et mal lui en prit puisqu'il s'agissait de moi. Personnellement, je ne voyais qu'un moyen de plus d'être populaire, en sortant avec un des plus beaux garçons de l'école, et je profitais largement de lui. J'étais une terreur, mais toutes les filles me jalousaient. Et je peux les comprendre.
Je passais donc mes nuits en sa compagnie chez lui, loger à l’œil.
J'étais vraiment un personne abominable, pourtant même si je le méprisais comme si c'était mon pire ennemi, petit à petit il est à son tour devenu un canalisateur de ma colère, comme Célestia l'était autrefois. Avec lui à mes côtés, j'étais plus douce, moins violente, plus ouverte. Je m'ouvrais plus au monde quand il était là, je redevenais ce que j'ai toujours été au plus profond de moi : une personne sensible et délicate. Si cette partie de moi semblait disparaître peu à peu, elle refaisait surface quand on traînait ensemble.
Flash n'était pas un simple petit ami de lycée, il se comportait comme un vrai mari aimant avec moi. Il m'a fait visiter la ville, m'a emmené faire des belles promenades aux environs et m'a même invité au restaurant quelques fois. Et même si je n'avais pas envie de sortir, il arrivait toujours à me convaincre de laisser mes livres quelques heures pour lui.
Il m'a aussi montré comment on se détendais dans ce monde à travers quelques loisirs comme les soirées DVD, les compétitions sportives mais surtout, ce qu'est devenu très important par la suite : la guitare.
Il m'a appris tout ce qu'il savait faire avec, du son le plus folk aux accords les plus saturés pour une sonorité rock. Il savait jouer et j'avais soif d'apprendre. Et oui, les livres ne disent pas tout et c'est Flash qui me l'a enseigné.
Cet instrument, il m'a attiré dès l'instant où je l'ai vu dans la chambre de Flash. Il semblait à la fois raffiné mais capable d'une grande puissance : tout moi quoi. Apprendre à en jouer fut une expérience fort agréable. Sans doute la plus agréable que j'ai eue jusqu'à présent.
Joueur de guitare, sympathique, populaire, serviable… Je ne dirai pas que c'est l'homme parfait, juste qu'il est vraiment trop cliché. Et c'est le seule truc qui m'énervait chez lui, il était trop gentil et compatissant pour moi. Je n'avais pas besoin d'autant d'intention… Enfin je ne me considérais pas aussi importante. Ce qui est paradoxale vu que je demeurais reine du lycée, mais c'était pour le pouvoir, non pas pour me sentir important.
Pour me corriger, je dirai que je ne méritais pas sa compassion, c'est pour cela que j'ai fini par casser avec lui, pour qu'il trouve une personne qui saura l'apprécier à sa juste valeur. Encore une erreur de ma part vu le côté apaisant qu'il m'apportait. Il devait le savoir au fond car même après notre rupture, il a toujours été là pour moi.
Je trouvais refuge, sous ses conseils avisés, dans une vieille usine vide. Le confort était moindre, mais j'allais parfaitement bien m'y accommoder. Flash était le seul à me savoir là-dedans et il venait de temps à autre m'apporter du mobilier et diverses choses dont j'avais besoin.
Lorsqu'il m'a offert cette guitare, en me disant qu'ainsi, je pourrai continuer de pratiquer, au fond de moi une chose s'est brisée, car pour la première fois depuis longtemps, je me suis effondrée en larmes dans ces bras. C'était vraiment impudique de ma part mais j'avais besoin d'évacuer toutes mes peines les plus profondes et Flash était le seul à qui je pouvais permettre d'assister à cela.
On a souvent tendance à me croire sans-cœur, mais au fond, je suis comme tout le monde. Et comme tout le monde, il y a des moments où j'ai besoin de réconfort. C'est pour cela que je considère que le temps passé avec Flash n'est pas un gâchis pour moi, même s'il l'a sûrement été pour lui. Supporter chacun de mes caprices n'a pas dû être la meilleure activité de sa vie.
Après cette histoire, je me replongeais alors à mon premier amour : la lecture. Désormais seule dans cette usine, j'en profitais pour continuer d'en apprendre toujours plus sur ce monde et sur les liens qu'il avait avec le mien. En dehors de l'école, je n'avais pas besoin de sortir et j'étais bien dans ma silencieuse demeure. Je pouvais donc reprendre mes expériences, plus scientifique que magique cette fois-ci, même si les deux sont intiment lié j'en suis sûr.
C'est au détour d'une expérience que j'ai réalisé la grande puissance que pouvait avoir la magie équestrienne ici. Il me suffit de brancher mon esprit à une machine pour me rendre compte que je pouvais produire de l'énergie, et pas qu'un peu. Pour mener à bien mes tests, j'avais besoin de plus de puissance, il me fallait la couronne de l'Harmonie, car cette dernière renferme une immense puissance. Après tout, elle fait partie des éléments de l'Harmonie qui auparavant faisaient partie même de Célestia. Sa force est colossale.
Vous, vous savez très bien à qui elle appartient, moi je l'appris d'un coup aussi dur que le sol. Elle était détenue par une certaine Twilight Sparkle, élève dévouée de la princesse Célestia et princesse à son tour depuis peu.
J'ai explosé. Autant apprendre que Célestia avait une nouvelle élève passe encore, car elle devait être nettement moins bonne que moi, une sorte de choix par défaut, mais apprendre qu'elle était devenue princesse, j'ai explosé.
Il fallait que je retourne à Equestria, je le devais. Cette couronne me revenait de droit. Je la méritais plus que cette arriviste.
D'après mes calculs, le portail n'allait pas tarder à se rouvrir, c'était le moment parfait. En plus, depuis le temps, Célestia avait dû m'oublier. Donc elle ne se méfierait pas. Mon plan était en marche. Mon retour dans mon monde serait bref et intense.
La fenêtre d'ouverture durait quelques jours, ce qui était largement suffisant car je n'avais besoin que d'un nuit pour réaliser mon méfait. Trouver cette Twilight Sparkle ne me prendrait maximum que quelques heures. Lui soutirer la couronne et repartir ne serait qu'une formalité.
Sauf que parfois, tu as beau avoir toutes les chances de ton côté, quand ça veut pas, ça veut pas.
La nuit où je suis revenue à Equestria devait se passer parfaitement bien. Twilight était par le plus grands des hasards, au château pour affaire. Je n'allais donc pas perdre de temps à la chercher. Je devais juste me contenter de remplacer la fameuse couronne par une autre qui, le hasard est parfois bien fait, se trouvait être la couronne de la princesse du bal d'automne. Après, il me suffisait de repartir aussi vite que j'étais venue. Bon vous le savez aussi bien que moi, tout ne s'est pas passé comme prévu.
J'ai effectivement oublié un détail sur mon chemin, qui m'a juste fait trébucher alors que je m'apprêtais à retourner dans mon nouveau monde : le dragon de compagnie. Je me suis pris les sabots dans sa queue ce qui éveilla Twilight Sparkle, qui se mit à alerter tout le château. Ma course fut intense jusqu'au portail mais cela ne suffit pas ; elle me sauta dessus ce qui me fit perdre la couronne qui par chance traversa tout de même le miroir. Je profitais alors de sa stupéfaction pour sortir de son étreinte et repartir.
Le problème majeur fut que la couronne à mon retour chez les humains, était introuvable. Elle avait comme disparu. Sauf que le constat se faisait assez simplement : en plein jour, il y avait de grandes chances pour que quelqu'un l'ai trouvé avant que je revienne. Tout cela allait me retarder dans mes expériences et je devais savoir qui la possédait désormais.
Il me fallut que très peu de temps pour me rendre compte des tracs qui parlaient du refuge pour animaux du lycée. La responsable était évidente et vu son caractère, elle allait être facile à faire craquer. Sauf si bien sûr elle avait déjà donné la couronne à la principale pour qu'elle la range en attendant le prochain bal, ce qu'elle fit.
Alors, j'aurai pu attendre sagement. Enfin, c'est vrai que je gagnais le titre de princesse tous les ans maintenant, donc personne d'autre n'allait s'en emparer et elle était en sûreté chez Célestia. Mais Twilight Sparkle. Cette Twilight Sparkle qui a eu le culot de traverser le portail elle aussi afin de venir chercher l'objet de mes désirs. Et je n'avais rien à craindre, jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle allait concourir contre moi. Elle, n'était pas réceptive à mes menaces, elle pouvait réussir à monter toute l'école contre moi. Il me fallait alors agir vite pour m'assurer qu'elle devienne une fluette menace.
Utiliser mes deux larbins Snips et Snails, qui ont le mérite d'être parfaitement stupide et manipulable à volonté, se chargèrent de ce boulot. Et pour cela, il était fort. Il ne leur fallut que quelques heures pour prendre des photos de cette Twilight dans des positions incongrus et les faire publier sur Internet. Merveilleuse invention quand même.
Et c'est à partir de là que les choses se sont accélérées pour moi. Elle a réussi à réunir le club des cinq, enfin les filles qui n'ont strictement aucun point commun entre elles, qui étaient amies avant que je brise cette amitié. Puis, malgré une dernière tentative de sabotage de la part de mes larbins, parce que même moi j'ai trouvé cette idée stupide, toute l'école était désormais pour cette nouvelle élève qu'ils ne connaissaient que depuis la veille.
Je ne vais pas m'étaler sur le résultat de ce bal, vous le savez probablement déjà…
...Ou le moment où je suis réellement devenue un monstre…
J'ignore ce qui m'a pris. Twilight avait gagné, elle avait sa couronne et j'étais prête à admettre ma défaite. Mais à ce moment, toutes mes pulsions haineuses se sont éveillées, et, comme si je n'étais plus moi-même, j'ai sauté sur elle. Je voulais cette couronne. Je ne savais même plus pourquoi. Je la désirais juste.
Quand enfin je l’eus en main, mon premier réflexe fut de la mettre sur ma tête. Et là… Un monstre.
Ma colère s'est libérée, d'un coup, d'un seul. La magie équestrienne aidant sans doute à cette extériorisation. Je ne sentais plus mon cœur, ni mon esprit. Le temps de m'en rendre compte, il était trop tard, j'étais devenue une créature abominable, habitée par la haine et sans être consciente de ses erreurs. Ce que j'étais jusqu'à présent, mais désormais sous une autre forme.
Je ne comprenais pas la main tendue de Twilight, cette main tendue dans la sagesse de ses paroles. Elle disait qu'une autre voie était possible et que c'était l'amitié qui la permettait.
Malheureusement, même Flash n'aurait pu m'arrêter. Je n'étais qu'une infâme bête sanglante avec tout le pouvoir qu'elle a toujours voulue.
Seule Twilight pouvait m'arrêter. Seule Twilight m'a arrêté. Cette force qu'elle a décuplée, tout ça grâce au soutient de ses amis était extraordinaire. Et douloureux.
Une grande partie de moi s'est détruite lors de la déflagration. Cette partie qui était la plus sombre, qui consumait le peu d'espoir et le peu d'amour que j'avais, était entrain de mourir. Une nouvelle vie débutait pour moi. Il n'y avait plus de place pour un monstre.
Je n'étais plus qu'une personne dans le pardon, qui voulait se racheter de ses fautes. J'avais dérapé, j'en étais désolé.
Mais le problème qui se posait maintenant était le suivant : je marchais dans l'ombre de moi-même.
C'est en ça que je considère que les étiquettes sont dures à enlever.
Toute l'école me voyait désormais comme un monstre. Et en même temps, on ne pouvait pas leur donner tort.
Sauf que maintenant que j'avais perdu, j'étais devenue la risée de Canterlot High. On riait de moi car on me savait vulnérable.
J'étais passée de princesse à bouffonne.
Il ne suffisait que de quelques jours aux nouveaux élèves pour tout savoir sur moi et pour, qu'à leur tour, leur viennent une curiosité et un amusement que je qualifierai de morbide.
Aussi paradoxale que cela puisse paraître, les seules personnes qui continuaient à me parler étaient mes bourreaux. C'est impressionnant que, malgré tout ce que j'ai pu leur faire, elles étaient prêtes à me pardonner.
On ne peut pas non plus parler d'amies à ce moment là ; j'étais quand même en dehors de leur groupe de musique. Alors que je jouais de la guitare pourtant. Enfin, elles ne le savaient pas…
Et Flash dans tout cela ? Lui, il était devenu insupportable dès l'instant où il avait flashé sur Twilight. Et par insupportable, j’entends plus que d'habitude.
Afin de suivre le mouvement, lui aussi ne me parlait plus à l'école. Par contre, il continuait de venir me voir dans mon usine le soir. Même un peu plus souvent qu'avant. Il y a du bon en lui.
Auparavant, l'argent de mes rackets me faisait manger. Désormais je mendiais. C'est dire à quel point ma situation avait évolué en quelque temps. Je devais trouver un boulot malheureusement, il y avait toujours quelqu'un pour connaître mes faits passés en dehors de l'école. Autant dire que ma vie fut vraiment incertaine pendant pas mal de temps.
Et il paraît plus qu'évident que mon expérience sur la couronne d'Equestria dans ce monde fut annulé. Mais heureusement, je me consolais avec la magie que pouvait décuplé mes nouvelles « amies » lorsqu'elles jouaient de leur instrument respectif. L'arrivée de Twilight avait dû dérégler quelque chose dans le continuum espace-temps, et je me disais que tantôt, de nouveaux problèmes se ramènerait à Canterlot High School.
Un jour, elles sont arrivées, sans que je puisse m'y attendre malgré le fait que je les connaissais ; les Sirènes. La mythologie équestrienne m'était sortie de l'esprit depuis tout ce temps mais les faits étaient là ; elles étaient revenu en la personne d'Adagio, d'Aria et de Sonata. Quand bien même cette dernière n'avait rien d'une méchante. On aurait dit une méchante de dessin-animé, c'est dire.
Comme le disait les livres, leurs pouvoirs étaient grandiose. Elles pouvaient envoûter n'importe qui et les forcer à devenir leurs larbins. Et notre petit groupe était quand à lui immunisé car la magie Equestrienne qui résidait au plus profond de nous nous protégeait partiellement.
Voulant de l'aide, je pris finalement dans mon casier le seul objet que j'avais pris en quittant Equestria : un livre de communication directe avec la princesse Célestia. Encore une fois, je suis persuadée qu’inconsciemment, je me savais dans l'erreur.
La communication avec Célestia se fit finalement directement avec Twilight, ce qui m'arrangea pour tout avouer. Je n'étais pas très à l'aise face à l'idée de reparler à ma tutrice après toutes ces années. C'est étrange de se dire que je préférais m'adresser à celle qui m'avait vaincue.
Ce message se suivit de l'arrivée imminente de mon interlocutrice qui était de retour dans ce monde et bien plus populaire que moi. Elle le méritais plus que moi je suppose.
Avec elle de nouveau présente, je me sentais mise sur la touche, comme forcer de me taire parce que j'étais devenue un monstre et que la grande héroïne était revenue.
Twilight elle-même rejeta l'idée de me demander de l'aide. Cela devait lui paraître complètement absurde à elle aussi. Et pourtant, tout a changé comme une évidence quand c'est moi qui ai fait la leçon sur l’amitié pendant qu'elles s’entre-tuaient…
J'avais beaucoup appris à force de côtoyer celles qui s'autoproclamaient « meilleurs amies du monde ». Je savais reconnaître ce qu'on appelait la bonté, la générosité, l’honnête, la loyauté et le rire. Traîner avec elles était vraiment formateur et je me rendais compte à côté de quoi j'étais passée toutes ses années.
Toutes ses expériences m'ont permis de remarquer l'ambiance qui se dégradait au fur et à mesure que les Sirènes gagnaient du territoire à l'école. Twilight ne le remarquait pas, c'est alors moi qui devait montrer ce que j'avais appris depuis ma défaite.
J'ai finalement chanté avec elle une fois qu'elles étaient réconciliées, comme si elles comprenaient enfin que je pouvais être utile à leurs côtés. J'ai finalement libéré ma magie équestrienne, mais pas la même qu'à l'époque, la bonne, celle qui vient du cœur.
Nous étions devenues les sept spectaculaires, ce qui signifiait que notre pouvoir était encore plus puissant lorsque nous étions tous réunies. J'avais donc mon importance dans ce groupe, il m'avait fallut juste un peu de temps pour le comprendre, et même ce dur combat m'avait laissé pleine de doutes sur mon avenir au sein d'une bande aussi soudée, dans une école qui semblait ne jamais oublier mes faits passés.
J'avais grandis. À la suite de cette aventure, je devins plus sûre de moi. Je me savais capable de faire autre chose que des catastrophes et je l'avais démontrer devant tout le monde.
À partir de ce moment, je faisais partie des Rainbooms, notre groupe, en tant que guitariste, ce qui me ravit au plus haut point, tant j'avais envie de jouer devant des gens après autant d’entraînement chez moi.
Désormais, je devenais une élève modèle. J'utilisais mon intelligence pour mes contrôles, mon intellect pour mes expériences, ma sympathie pour mes amis et ma haine pour le passé. J'étais une nouvelle Sunset, une meilleure.
Même au niveau personnel, ça allait mieux. J'avais fini de réparer les dégâts que j'avais causée à l'école et ma nouvelle réputation me laissait des perspectives d'avenir prometteuses. En effet, je venais de trouver un emploi dans une boutique non-loin de l'école.
Je ne gagnais pas suffisamment pour changer de logement, mais au moins je ne mourrai plus de faim et je pouvais me permettre quelques achats pour mon confort ; une nouvelle garde-robe notamment , l'ancienne se trouant de plus en plus.
Ma vie semblait enfin prendre une nouvelle tournure. J'étais heureuse et je ne manquais pas de le faire savoir, que ce soit à mes amis, ou à Twilight.
Là, c'est un détail assez cocasse. J’entretenais et j'entretiens toujours d'ailleurs, une relation par correspondance avec elle grâce au livre de communication. Ce qui est très étrange car à l'époque où j'habitais encore Equestria, j'avais une relation similaire avec Célestia.
En parlant de ce temps, je commençais à faire le deuil de mon monde d'origine. Pour tout vous dire, je n'avait plus envie de rentrer chez moi. C'est dommage pour mes parents qui mériteraient d'avoir de mes nouvelles, mais j'avais, pour tout vous dire, peur de leur réaction si je débarquais comme une fleur. Qu'il me sache heureuse par le biais de Célestia ou de Twilight me suffisait largement.
J'ai repris confiance en moi, je me sentais boostée par la vie.
Je me connaissais mieux et je me comprenais mieux. Bon il m'arrivait encore parfois de m'emporter et de me mettre en colère facilement. Mais tout le monde autour de moi savait que ce sont des sauts d'humeur et que je le regrette l'instant d'après. On a chacun ses petits défauts.
Il m'arrivait parfois de me demander où se trouvait mon moi de ce monde et si j'étais aussi heureuse. J'avais à la fois peur de me savoir tyran et j'avais peur de me savoir ridicule.
Et mes questions sur les doubles devaient forcément m'amener, étrange coup du sort, à rencontrer le double de Twilight.
C'était lors des habituels jeux de l'amitié que nous disputions avec une autre école, et elle en faisait partie. Comme tout le monde, je l'ai confondu avec la notre. Sa nouvelle coiffure et ses nouvelles lunettes ne semblait pas nous faire douter.
Cette Twilight, aussi intelligente soit elle, ignorait tout d'Equestria et en était pourtant trop curieuse.
Au point d'avoir fabriquée un objet capable d'absorber cette magie.
Au final et poussée par les autres membres de son école, elle a fini par s'en servir contre nous, libérant toute cette puissance en elle, car il semblait que comme son homonyme poney, elle était capable d'une grande puissance magique. Ce qui m'interrogea encore plus sur les relations de ce monde avec le mien.
Elle était devenue un monstre.
Cette fois-ci, c'était à mon tour de faire ce que la princesse Twilight avait fait pour moi, de transmettre la magie de l'amitié ! À mon tour d’annuler la menace qui se trouvait face à nous. Ce que je fis avec l'aide de mes amies. Même sans la grande héroïne, j'allais démontrer que définitivement, j'avais changé. Je suis devenu à mon tour héroïne, et j'aimais beaucoup cette nouvelle sensation en moi. Ce n'était pas comme contre les Sirènes, cette fois-ci, j'avais le rôle central et on allait me remercier directement pour l'initiative qui était la mienne.
Ainsi, je sauvais Canterlot High.
Quand je disais que j'étais passée par énormément d'étiquettes. Je ne plaisantais pas. De jeune ponette haineuse, j'en suis devenue héroïne humaine au service de mes deux mondes, celui d'origine et celui où je réside actuellement.
Toute l'école m'adore désormais, il est loin le temps où on riait de moi. Maintenant tout ce qu'il reste est un vague écho de ces phrases, qu'on me disait, qui résonne dans les couloirs.
Aujourd'hui, en refaisant le bilan de ma vie, je comprend qui je suis. Je comprend qui j'étais destinée à être mais aussi ce qui fit que je ne le méritais plus.
Peut-être qu'un jour, je retournerai à Equestria. Désormais je me sens beaucoup plus prête qu'avant. Au fond de moi, j'ai envie de revoir ce monde, de retrouver ma corne de reparler à Célestia et de revoir mes parents.
Pour ces derniers, j'aimerai tout leur raconter dans les moindres détails, afin qu'ils comprennent à quel point je suis ressortie grandis de ces expériences.
Et puis aussi au fond, pour revoir Twilight dans d'autres circonstances qu'à chaque fois. On a beau s'écrire au travers du livre, rien ne vaudra jamais une discussion à Canterlot autour d'un bon thé. Je ferai de même avec Célestia.
Enfin, même si je sais que Princesse Célestia n'aime pas le thé.
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Mais je pense qu'il y a des fautes. Quand Sunset parle de son écart du groupe Rainbooms, il y a y un moment où elle cite "Mais elle ne le saivait pas", ce n'est pas plutôt "Elles ne savaient pas" car c'est des hu-manes 5 qu'elle parle ?
Aussi, quant les éléments on été cité, "bonté" a été remplacé par "timidité".